Mon essence d'Ombre ne me permettait pas de ressentir la joie, ni l'amitié, ni aucune émotions positives et chaleureuse. Seulement des émotions négatives, c'est pour cela que je restais nuits et jours à me morfondre dans ma chambre aux allures très malsaines et ténébreuses. Je ne vivais plus, je ne pouvais plus supporter ce cauchemar permanent. J'aurai dû prendre des nouvelles d'Alyska quand elle s'est faite attaquée par un dragon et qu'elle a été gravement blessée, mais non. J'aurai dû soutenir l'élémentale de la foudre lorsque la Caste des Dragonniers sont venus lui demander d'arrêter son élevage, mais non. J'aurai dû être là quand Alyska s'est effondrée lorsqu'elle regarder tous les dragons, les œufs et les bébés tout juste nés partir avec les Dragonniers, y comprit ses propres compagnons colossaux, mais non. J'aurai dû être affectée par cette grave nouvelle parce que c'était moi qui avait créé Draguial et qui avait décidé d'en faire un lieu d'élevage de dragons, mais non. Peu m'importait les nouvelles modifications qu'avaient apportés les triplets, soit Alyska, Axel et Altaïr. Ils avaient changé le nom de Draguial, pour que le lieu face un véritable trait sur son passé et devienne Extalia, un lieu d'élevage de félins, de canidés et d'oiseaux. J'aurais dû me réjouir de voir mon ancien lieu, celui que j'avais légué à Alyska, changer et se modifier, mais non. Tout ce que je faisais, c'était me morfondre sur mon propre sort. Je ne supportais pas d'être une Ombre et d'avoir à supporter leur fardeau, fardeau qui était maintenant le mien. Surtout qu'en ce moment, j'avais envie un véritable corps. C'était peut être dû aux récentes tentions que l'on pouvait observer sur tous les continents des terres du yin et du yang. J'avais oublié la sensation que cela faisait d'avoir un véritable corps et non pas cette sorte d'apparence brumeuse.  

Mais, ce n'est pas cela qui me perturbait le plus ces derniers temps. Je ne savais pas pourquoi, mais mon instinct me dictait d'aller au monument religieux. J'avais besoin de voir quelqu'un là bas, mais impossible de me rappeler qui. Mais cela me coûte rien d'y aller au final. Je pourrais même en profiter pour prier Sympan, mais aussi Phoebe. J'ai toujours respecté la nature, même en temps qu'Ombre. Il fallait que j'aille au monument religieux. Je sortis pour une fois de ma chambre avant de traverser les couloirs. Je croisais Darius qui arriva vers moi. « Salut, ça fait longtemps que je ne t'avais pas vu ! Bah dites donc ! Tu as changée. » Je le regardais d'un air méprisant. « Ah ouais et comment ? » Il croisa ses bras. « Et bien tu n'as plus cette apparence brumeuse à en glacer le sang. » Je lui tournais le dos sans rien dire. « Hey, où tu vas comme ça ? » Je répliquais sèchement sans  pour autant me tourner. « Ca ne te regarde pas. » Je continuais de marcher, tendis que le déchu me suivait toujours. « Aller, laisse moi venir avec toi ! » Je fixais son regard. « Bon d'accord, viens. Je vais au monument religieux. » Il marcha un peu plus vite pour être juste à côté de moi. Nous sortîmes tous les deux d'Extalia sans croiser personne d'autres.

Après un long voyage, nous finîmes par arriver au fameux monument religieux. Une douce brise faisait valser timidement ma longue jupe noire. J'entendis même le vent siffler dans le plumage noir des ailes de Darius. « Dis moi Darius, supportes tu ta condition ? » Je sais, je n'étais pas très fine au niveau de mon langage. Mais je n'y pouvais rien, je n'arrivais plus vraiment à faire la distinction entre la bienséance et ce qui faisait mal. Son regard en disait long, il était assez triste, mais il me répondit quand même. « Je suis un déchu naturel, je sais que je me suis mal conduit envers les femmes. Mais j'aimerai oublié tout cela, j'aimerai pouvoir me racheter, me repentir. Peut être qu'un miracle arrivera et déclenchera le processus de l'Absolution qui me permettra d'avoir de belles ailes blanches pures. » La sérénité de ce lieu toucha mon âme d'Ombre et me fit ressentir la compassion. Je posais une main sur son épaule, même s'il était plus grand que moi. « Ne t'en fais pas, je sais qu'un jour tu y arriveras. » Je ne voulais pas qu'il reproduise l'erreur que j'ai fait autrefois. Je pensais bien agir en me suicidant comme l'avait suggéré Aaliah en disant que ce serait mieux vu par Markamensis, cette saleté de sorcier qui en voulait à Alyska, si je passais à l'acte. Mais malheureusement, mon essence changea totalement pour devenir celle d'une Ombre, condamnée à vivre une vie éternelle sous le signe du fardeau permanent.

Une silhouette m'intrigua, je m'avançais vers elle. C'est alors que de vieux souvenir refirent surface. Devant moi se trouvait mon amie d'enfance, Tilia. Elle avait de beaux cheveux noirs plutôt court, taillés en carré plongeant. Ses yeux dorés soulignait son appartenance à la race des béluas. Si je me souvenais bien, c'était une bélua de sang pur, totem de la panthère noire. « Tilia ! Je suis tellement heureuse de te voir ! Cela fait tellement longtemps que l'on ne sait pas vues ! » Totalement aveuglée par la joie de revoir mon amie d'enfance, vu que je ne contrôlais plus mes émotions depuis ce changement étrange que j'avais ressentit il n'y a pas longtemps. Darius posa une main sur mon épaule. « Euh, Lu … il faudrait peut être y aller … Elle n'a pas l'air très commode. » C'était totalement idiot ce qu'il venait de dire. « Mais non, elle est super adorable. » Je m'avançais vers elle pour lui prouver, mais je ne voyais pas ce regard sombre qu'elle me lançait. « Luane ... » me dit-elle d'un ton assez méprisant. C'est à ce moment là que je me rendis compte qu'elle était beaucoup moins sympathique qu'autrefois. Elle finit par se transformer en panthère noire, remuant la queue très nerveusement, grognant sur moi, lacérant le sol de ses griffes pointues. « Luane ! » Darius avait tenté de me prévenir, mais trop tard. La panthère Tilia sauta sur moi, commença à tenter de me griffer. Je me débattais comme je le pouvais, j'aurais pu utiliser mon apparence de brume sombre, mais tout ce qui m'importait pour l'instant, c'est de me sortir de là. « Darius ! » Je suppliais au déchu de m'aider. « Ahhhh ! » Je criais de douleur, la bélua qui était autrefois mon amie venait de me mordre l'avant bras droit. Darius finit par réussir à saisir la bête furieuse avant de l'envoyer valser. Je voyais le sang couler de cette morsure, elle n'était pas jolie. C'était bien la première fois depuis longtemps que je n'avais pas vu mon propre sang. Le déchu continuait de se battre avec la bélua, il prit un bâton qu'il trouva juste à côté de lui pour tenter d’assommer la panthère folle furieuse. Mais rien n'y faisait. Je me relevais, voulant aider Darius. « Attention ! Elle revient à la charge ! » Je regardais Darius qui se concentra et finit par matérialiser une épée dans ses mains. Son pouvoir de l'âme d'acier me surprendra toujours. Je pouvais aussi faire cela, mais en utilisant les pouvoirs des lunes, mais pour cela, il fallait qu'elles soient présentes dans la voûte céleste, ce qui n'était pas le cas. Il attendait que la Panthère soit suffisamment proche de lui pour qu'il puisse lui donner un coup d'épée. Mais à chaque fois, la bélua haineuse réussissait à esquiver ses attaques. « Tilia, je t'en pris ressaisis toi ! Tu n'es pas mauvaise, ne laisse pas les ténèbres t'envahir. Je sais que tu es quelqu'un de bien. » La panthère tourna sa tête d'un coup vers moi. Elle me grogna dessus avec une telle rage que j'en restais paralysée. La féline mit son élan pour me sauter dessus, c'est alors que Darius en profita pour brandir son épée et enfoncer la lame dans la poitrine de l'animal.

Du sang gicla partout, sur Darius, sur le sol et même sur moi. Je n'en revenais pas de ce qu'il venait de faire … Il venait de tuer mon amie d'enfance … Le déchu fit disparaître son épée avant de s'agenouiller devant moi. « Luane, je suis vraiment désolé … Il le fallait … Je ne voulait pas que tu meurs … » J'étais encore trop idiote pour comprendre que Darius tenait réellement à moi. Je ne pus que lui répondre. « Ne t'en fais pas … Tu as fait ce qu'il fallait … Ce n'était pas Tilia, du moins pas celle que j'ai connus. Cette Tilia était beaucoup trop ténébreuse … Je ne la reconnaissais plus … » Darius me fixait bizarrement. « Luane, tu en es sûre que ça va ? » Je tournais ma tête vers lui. « Euh, oui … je crois. Juste la morsure qui me fait mal. » Il me dirigea vers un endroit où m'asseoir. Il prit un bout de tissu qu'il venait de déchiré de son haut pour faire un semblant de bandage autour de mon bras droit. Il déchira un autre morceau pour essuyer mon front tout humide. « Tu es brûlante Luane. » Maintenant qu'il me le disait, je me sentais vraiment pas bien. J'avais chaud, dès fois froids. J'avais la plaie qui me lançait. Ma tête me faisait un mal de chien et elle tournait. « Rentrons à Extalia. » Je me levais beaucoup trop rapidement que je finis par m'évanouir. Darius m'avait rattrapée à temps, avant que je ne touche le sol. Il prit son envole pour m'amener au plus vite à Extalia, chez nous.

Une fois arrivée, Darius se posa devant Fort Vanitas en criant. « Ouvrez moi la porte ! Je suis Darius Taiji. Luane a besoin de soin de toute urgence ! » Les gardes finirent par le laisser passer, il s'empressa de traverser tout le village économique à vive allure, escorté par le garde de Panem, Fenrir. Ce dernier ouvrit la porte du château Ardyr pour que Darius puisse rejoindre plus rapidement l'unité de soin d'Extalia, par le pont reliant directement les deux bâtiments. Darius aurait préféré ne pas croiser Alyska. « Darius ! Que vous est-il arrivé ? » Le déchu continua de marcher sans s'arrêter. « Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Luane a besoin de soin de toute urgence ! » Il traversa le pont en compagnie d'Alyska inquiète. Les frères de cette dernière, ouvrirent les portes de Sarnys pour ne pas ralentir la progression de Darius. Elizabeth arriva et comprit tout de suite qu'on avait besoin de son aide. Elle fit signe à Darius de la suivre pour installer Luane dans une chambre de soins intensifs. Elizabeth fit sortir le déchu pour qu'elle puisse prodiguer les soins. Darius s'assit par terre, en face de la porte. Il se mit à verser quelques larmes. Il avait peur de perdre Luane parce qu'il l'aimait.






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