Basphel. C’était étrange de revenir dans cette enceinte chargée de souvenir. La jeune femme prit une grande inspiration et déposant son sac dans un des nombreux couloirs de la prestigieuse école. Elle poussa la porte de ce qui serait sa chambre pour les jours qu’elle passerait ici, en tant que professeur à mi-temps. Il était vrai que la demoiselle avait sauté sur l’occasion dès qu’elle avait entendu parler de recrutement à Basphel. Par chance, un poste de Maître d’Armes était encore disponible, et c’était la discipline rêvée pour l’Elémentale. Elle commencerait ses cours dès le lendemain, mais avant ça un des Maîtres d'Armes de la belle école lui avait demandé s'il pouvait lui confier un élève en difficulté, un jeune garçon pour qui le maniement des lames était étranger. Et évidemment, la jeune femme avait accepté. Après tout, elle était là pour ça et cela ne la gênait pas de commencer à travailler plus tôt que prévu. Elle rencontrerait ainsi cet élève en difficulté, en espérant qu'il ait simplement un petit peu de retard et qu'il ne soit pas juste contre l'utilisation des armes, ce qui s'annoncerait plus compliqué à combattre, c'était certain. Peu importe, Takias savait qu'elle serait confronté à toutes sortes de personnages, certains préférant l'utilisation de leur magie ou de leurs méninges à la force que pouvait leur offrir une épée. La jeune femme accompagnée de Kolio déposa dans la vaste chambre ses affaires: elle devait être dans l'arène d'ici une quinzaine de minutes. Des épées, des boucliers, des bâtons d'entrainement, l'Elémentale fit glisser dans un large sac tout son matériel avant de se changer. Elle enfila une chemise clair surmonté d'un pourpoint de cuir. Ses bas de toile noire ferait l'affaire pour ce premier cours, de même que ses vieilles cuissardes. Elle noua à sa taille son ceinturon avec son épée et rangea à leurs places ses autres armes. A sa droite, un reflet attira son attention et ses yeux se posèrent sur le miroir. Elle s'observa un instant: personne n'aurait pu reconnaître l'ancienne Reine des Elémentals ainsi vêtue. Un léger sourire s'installa sur son visage d'une pâleur cadavérique et elle noua sa chevelure en une longue et épaisse tresse.

"J'y vais, à tout à l'heure Kolio!"

Elle poussa le battant et salua les quelques élèves ou professeurs qu'elle croisa. Elle espérait secrètement que cet élève en difficulté appartiendrait au Charbon, elle savait que c'était stupide et complètement gamin, mais elle préférerait forcément les élèves de ce département. Elle se reconnaîtrait certainement mieux dans ces quelques petites têtes brûlées plutôt que dans des élèves de l'Obsidienne ou même de la Craie. Mais elle avait grandi depuis, elle savait qu'il fallait de tout pour faire un monde, et que le département n'était pas le seul critère. Les paysages se succédaient autour d'elles, chaque recoin était chargé de souvenirs, c'était à la fois douloureux et plaisant, la nostalgie sans nul doute. L'arène n'était plus très loin et Takias pressa le pas, même si elle était en avance. Elle avait besoin de quelques minutes seules dans ce bâtiment ouvert pour revivre l'espace de quelques instants tous les combats qu'elle avait mené ici. Elle en avait gagné beaucoup, évidemment mais pas tous. Certains avaient même été particulièrement sanglants et haineux, mais qu'elle aie gagné ou perdu, ils lui avaient tous apporté quelque chose, augmenté son expérience et construit l'être qu'elle était aujourd'hui. Le maître d'armes prit une nouvelle inspiration et laissa tomber le sac d'entraînement sur un des bancs de pierre autour de la piste de combat. Elle s'agenouilla et laissa glisser ses doigts sur le sol sableux. Un léger sourire flotta sur ses lèvres: cette poussière était celle qu'elle avait mangé et elle comptait bien reprendre fièrement le flambeau des professeurs de maniement des armes qu'elle avait connu ici et qui l'avaient entraîné. L'élève ne tarderait plus à arriver maintenant. Assise sur le banc, à côté du sac, Takias l'attendait, songeuse.

Combattre, c'est croire. C'est croire que les réflexes, l'intelligence et l'éducation que l'on possède surpasseront celles de l'adversaire. Vaincre, c'est prouver. C'est prouver que le style de combat que l'on applique est meilleur que celui de l'adversaire, c'est prouver que l'école de combat qu'est la nôtre a vaincu celle de l'adversaire. C'est démontrer que notre professeur était meilleur professeur que celui de l'adversaire car il a su enseigner meilleures méthodes à un meilleur élève.

- ATTAQUEZ !

Il détenait l'espoir. Effrayé, se sachant perdu, il leva sa lame avec une certitude plus que douteuse mais néanmoins porteuse de l'espoir d'arrêter le coup. Il la vit... La lame de son adversaire venant frapper sa défense si risible...

Un coup.

Un seul.

Et le voilà à terre, la main parcouru d'une douleur lancinante. Son arme lui avait été arrachée de force sous l'assaut. Il était effondré par terre.

Fermant les yeux, Samuel soupira... Il n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à porter un coup, à se défendre, à tenir son arme correctement... Il n'arrivait à rien et Madame Zoel, il le savait, devait le regarder avec un désespoir à peine caché...

- Tssss ! lâcha son camarade avec une sorte d'agacement qui faisait monter la colère dans l'esprit de l'enfant de sorcier... Tu es mauvais Samuel... Je ne peux même pas m'entraîner contre toi...

Et il le savait. Il souffla et l'irritation née du commentaire désobligeant s'en vint aussi vite. De toute façon, il avait raison et si la professeur n'avait pas demandé à ce qu'il le prenne comme partenaire de combat, il aurait de lui-même choisit quelqu'un d'autre. C'est normal... Qui voudrait de Samuel comme adversaire... C'était si ridicule...

- Allez ! C'est bon pour aujourd'hui. Rangez vos armes dans les coffres et passez tous me voir avant de partir.

Samuel s'exécutait, mollement... Quel ridicule élève il faisait... Fallait-il qu'il abandonne ?

- Samuel... soupira Madame Zoel, une bonne femme au corps solide mais au regard tendre. Reste là un instant.

Bien sûr qu'elle voulait lui parler... L'inverse aurait été étonnant. Cela faisait trois semaines qu'il suivait le cours, deux heures par semaines, et aucune progression n'était visible... Même Lily, qui le suivait à un niveau déjà supérieur, s'en sortait mieux. Lui qui s'était longtemps pensé bien plus méritant qu'elle, doutait de lui-même, à présent...

- Dis-moi, Samuel, pourquoi veux-tu à ce point suivre ce cours ?

L'enfant n'aimait guère parlementer, mais puisqu'il le fallait, il avait bien du apprendre à s'exprimer simplement et efficacement, du mieux qu'il le pouvait.

- Ce sont les volontés de mon père, je ne veux pas lui faire honte...

La professeur comprenait que trop bien ce genre d'explications... Combien étaient les enfants qui atterrissaient ici pour satisfaire l'orgueil des bonnes familles dont ils étaient issus ? "Bonne famille". Un nom qui exprimait le milieu supposé excellent pour le développement de l'enfant, mais qui était en vérité loin d'être le plus tendre avec celui-ci tant il était stricte et exigeant !

- Je vois... Bon. Écoute-moi, Samuel. Une ancienne élève aux talents indéniable en maniement des armes est revenue il y a peu. J'ai pris la liberté de lui demander des cours particuliers pour toi...

Samuel ouvrit malgré lui de grands yeux étonnés. Comment un enseignant respectable avait-il pu prendre pareille décision sans lui demander ? N'était-ce pas une honte que d'être ainsi obligé de renforcer les cours pour un étudiant à Basphel ? On se moquerait de lui pour des années... !

- Samuel ! s'exclama avec autorité la professeur devant l'air outré que l'enfant présentait.

Aussitôt, il admit en lui-même que son attitude était déplacée et baissa les yeux, désolé de son incapacité à se contrôler...

- Je sais que c'est difficile comme solution, mais tu as pris du retard. Je ne veux pas te mettre dans une position encore plus compliqué en confrontant ton échec à ton père, mais je ne peux te garder dans ma classe si tu continues ainsi. Tu dois t'améliorer !

Samuel, honteux mais reconnaissant que Madame Zoel avait raison, acquiesça en silence...

- Bien. Elle s'appelle Takias Mirsaalak. Tes cours avec elle commenceront demain en début d'après-midi, trois rayons passés. Ne traîne pas et sois correcte avec elle. Ne me fais pas honte, Samuel, ou je peux t'assurer que nous ne verrons plus jamais et ce ne sera pas une bonne nouvelle pour toi, entendu ?

De nouveau, calmement, Samuel hocha la tête doucement pour signifier qu'il avait compris et qu'il acceptait la situation.

- Allez, va.

Samuel n'avait pas d'amis... Samuel n'avait pas de camarade de classe qui l'appréciaient... Samuel avait tout au plus quelques partenaires de chambre qui n'étaient pas plus amicaux avec lui que les autres élèves de Basphel.

Aussi quand l'enfant rangea rapidement ses affaires avant de partir à son nouveau cours, personne ne fit le moindre commentaire. Il était le vilain petit canard, personne n'était intéressé par un élève tel que lui...

Parcourant les couloirs, il ne vit personne à qui dire bonjour, personne qui attirait vraiment son attention. Il portait sur lui la tenue de sport réglementaire et personne ne s'en souciait vraiment...

Enfin, il finit par arriver devant la salle d'entraînement où il devait rejoindre son enseignant. Il eut un instant d'hésitation avant de se dire qu'il valait mieux qu'il entre...
Il poussa doucement le battant coulissant de la salle qui ressemblait à un dojo en légèrement plus adapté pour un plus grand nombre de sports de combat.

Il n'était pas en retard. Il avait bien entendu Madame Zoel et savait que cela aurait pu être désobligeant que de ne pas être ponctuel. Pourtant quand il entra, il constata qu'il était visiblement en retard par rapport à l'enseignante qui était déjà installée...

Il se mordit machinalement la lèvre inférieure... Il ne voulait pas être en retard, il ne voulait pas paraître malpoli !

Tout en refermant la porte, n'osant pas regarder la professeur en face, il lança d'une voix timide :

- Je vous prie de m'excuser pour mon retard...

Un instant, il se perdit dans la contemplation de la salle d'entraînement. Un sol de sable pour amortir les chutes, des bancs de pierre pour les spectateurs, divers râteliers équipés d'armes en tous genre et quelques coffres contenant le nécessaire pour les débutants dont, il le savait, des bâtons de bois travaillés pour donner la sensation de tenir une épée dans les mains.

Puis, calmement, Samuel approcha, ne sachant pas vraiment ou se mettre mais conservant avec un certain respect une distance de quelques mètres entre lui et le professeur.

- Je m'appelle Samuel Eternam. On m'a dit de venir pour prendre des cours particuliers...

Il n'osait pas demander s'il ne se trompait pas de personne et si la femme en face de lui était bien le Maître d'Armes... Il se sentait carrément ridicule...
Pourtant, il se pourrait bien que cet enseignement change à jamais sa vision du combat à l'arme blanche...

Takias faisait machinalement tournoyer le Royal dans sa main en attendant que son élève arrive. Il fallait dire qu'elle était plutôt en avance pour une fois et avait hâte de voir à qui elle aurait affaire. Le professeur lui avait indiqué que le jeune garçon était faible dans le maniement des armes et avait du mal à évoluer, raison pour laquelle elle le laissait aux bons soins de Takias. Celle-ci savait donc que ce premier cours ne serait pas un flamboyant combat mais plutôt une initiation aux armes. Elle ne connaissait pas les méthodes du professeur à temps complet de Basphel, mais était confiante: elle aimait assez ce qu'elle faisait pour faire partager un peu sa passion à d'autres. Car il s'agissait évidemment d'une passion, c'était beaucoup plus intense que de taper un mannequin avec une vieille épée rouillée! La petite dague rouge à la garde féline se ficha dans le sol au moment où la porte s'ouvrit. Les yeux rouges de la grande Elémentale se fixèrent sur le nouvel arrivé. Elle avait fait réservé la salle pendant une heure et demi, donc il ne pouvait s'agir que de son élève. La demoiselle se leva avec un sourire avenant sur le visage. Sourire avenant qui se figea avant même qu'elle ne puisse mettre le doigt sur ce qui clochait. Le garçon était brun et semblait timide, il ne posa pas ses yeux directement sur Takias même s'il s'adressa à elle pour s'excuser de son retard. Le Maître d'Armes failli le rassurer en disant que c'était elle qui était en avance mais elle plissa les yeux pour mieux observer l'élève. Il n'avait pas son béret, étant en tenue de sport. Elle ne put donc repérer le département auquel il appartenait, mais ce premier contact la laissait sceptique. C'est lorsqu'il ouvrit la bouche une deuxième fois, qu'elle comprit pourquoi. Le dénommé Samuel Eternam ne semblait pas très sûr de lui.

"Zoel ne m'avait pas dit que tu étais un Sorcier."

Elle s'était fait la remarque pour elle-même sans se rendre compte qu'elle venait de prononcer ces mots haut et fort. Il y eut un silence un peu trop long et beaucoup trop pesant avant que Takias ne se reprenne. Elle avait accepté de prendre ce poste en sachant qu'elle pouvait être amenée à enseigner à des mages, noirs ou blancs, il ne servait à rien de regretter maintenant. Surtout que cet enfant n'y était pour rien, il n'avait rien à voir avec la guerre et les pratiques de certaines Sorciers, Takias ne pouvait pas lui en vouloir. Pourtant, et ce malgré elle, la jeune femme sentait sa bonne humeur partir en fumée et se referma sur elle-même. Pour tout dire, elle avait espéré un jeune Elémental ou Bélua du Charbon quelques peu maladroit... Mais elle savait déjà avant que c'était peu probable, les élèves du Charbon étaient souvent les plus combatifs et les plus virulents, ils n'avaient pas trop de mal à apprendre à manier une épée. Un soupir s'échappa des lèvres de la jeune femme, laquelle cala son pied entre le sol et la garde de son arme; d'un coup sec de la cheville, la dague s'envola dans les airs et Takias la rattrapa pour la ranger dans sa cuissarde. Elle se tourna enfin vers le garçon et tenta de ne pas parler trop sèchement.

"Bien. Samuel, à ce que l'on m'a dit, tu as du mal avec les armes. Qu'est-ce que madame Zoel t'as appris - ou tout du moins essayé- à manier jusque là?"

Il fallait faire abstraction de sa race, s'obliger à l'oublier. Il n'y était pour rien, on ne choisit pas la race dans laquelle on naît. Takias observa de nouveau le garçon avec un regard aussi neutre que possible: un jeune enfant brun aux yeux verts, une musculature plutôt fine mais pas inexistante, proche de celles que Takias avait pu remarquer chez les acrobates ou les voleurs professionnels. Il devait être en première ou deuxième année. Il fallait trouver une arme qui lui corresponde et la forgeronne fit tout de suite une croix sur les haches ou les masses d'armes, cela ne lui conviendrait surtout pas, de même qu'une épée à deux mains. Il fallait bien sûr qu'elle le voie bouger et qu'elle observer sa façon de se comporter en combat, mais il avait le physique idéal pour les épées courtes ou pour les batârdes, voire même pour une rapière. Ces remarques étaient faites par habitude et réfléchir à tout ça permettait à l'Elémentale de ne pas trop réfléchir à la race du jeune élève qu'elle devait former. Elle attendit donc la réponse du jeune homme tout en allant fouiller dans les armes de bois mises à disposition. Puisqu'apparemment Samuel semblait un peu timide pour plonger ses yeux verts dans le regard de Takias, celle-ci n'eut aucun scrupule à lui tourner le dos durant quelques instants pour trouver des outils adéquats à leur premier entrainement.

Les paroles de la grande dame résonnèrent dans les oreilles de Samuel avec un air de mépris. En vérité, il n'aurait su dire si c'en était vraiment, mais il devait bien avouer que la phrase, lancée ainsi sans transition, lui laissait une étrange sensation...

"T'as un problème avec les sorciers ?"

Samuel pensa la question très fort mais il n'aurait jamais eu le courage de la prononcer vraiment, bien qu'il ne se rendait pas compte de l'incorrection de tels propos, puisqu'il lui fallait déjà affronter sa timidité pour répondre aux questions directement posées par l'imposante femme qui s'était proposée pour l'aider.

En vérité, après l'étrange remarque de la Maître d'Armes, il y eut un long silence un peu gênant durant lequel Samuel chercha vainement où se mettre... Il n'allait tout de même pas s'asseoir mais à rester debout, là, comme ça, il avait l'impression d'être un parfait idiot...

L'enfant ne vit même pas le soupir qui s'échappa doucement des lèvres de la femme. Mais en revanche il la vit faire une rapide démonstration de son agilité. Elle venait de faire s'élever l'arme qu'elle avait amenée du sol ou elle s'était fichée d'un simple coup de pied avant de l'attraper d'une seule main comme si la dague avait volée d'elle même vers sa maîtresse.

En voyant cela, Samuel ne put s'empêcher de penser qu'il ne pourrait jamais atteindre un tel degré de maîtrise des armes. En combat, cela devait être bien pratique de détenir un tel contrôle de ses tranchants outils. Lorsqu'on pouvait être aussi habile des pieds que des mains dans la manipulation de dangereuses lames, la laisser tomber n'était plus un problème et la projeter d'un point à un autre d'une façon imprévue devait être un sacré avantage face à un adversaire.

L'enfant avait du mal à comprendre... Pourquoi son maître, Romulus, voulait faire de lui un guerrier alors qu'il lui répétait à longueur de journées que l'esprit avait bien plus d'importance que le corps ? Il était bien évident que nul intellect n'intervenait dans le maniement des armes. Du moins était-ce ce qu'il croyait, à tort. Et plus le jeune garçon se focalisait sur cette idée pour y décharger la colère que lui inspirait son incapacité, plus il se renfermait, se bloquant de lui-même dans l'art du combat à l'arme blanche...

Ainsi, plongé dans ses pensées, Samuel avait-il légèrement baissé la tête, le regard se perdant au sol. Ce n'est que lorsque la Maître d'Armes lui posa une question sur ses propres connaissances qu'il revint au moment présent et releva les yeux pour les poser sur les vêtements de Takias dont il n'osait toujours pas regarder les yeux.

Mais avant qu'il n'ait le temps de répondre, un frottement se fit entendre. Tournant la tête par réflexe, l'enfant vit que la porte d'entrée était en train de coulisser. Une tête blonde, d'un jeune homme de vingt centimètres de plus que Samuel, qui devait être un élève plus âgé, passa l'encadrement et jeta un regard surpris à l'enfant et la Maître d'Arme. Rapidement, il bafouilla ce que l'on comprit comme étant un "désolé, je me suis trompé de salle..." et disparut pour refermer soigneusement la porte coulissante.

Après cette interruption imprévue, Samuel eut besoin d'un instant pour se re-concentrer sur la question et la réponse qu'il allait donner, refaisant le cheminement dans sa tête. Dame Mirsaalak lui avait demandé ce que Madame Zoel lui avait enseigné... Qu'avaient-ils fait... Ah oui... Et puis il faudra qu'il apporte telle précision, peut-être...

- Heu... Madame Zoel nous a appris à tenir une arme correctement, puis elle a voulu commencer à travailler les mouvements les plus simple. Nous n'avons pas encore travaillé l'estoc mais nous avons commencé avec la taille. Elle a commencé par nous présenter le coup en lui-même et comment l'exécuter et après...

Le discours de l'enfant, en accord avec ses pensées et souvenirs, devenait de plus en plus vague au fur à mesure qu'il avançait sur des détails du cours de madame Zoel qu'il n'avait même pas compris.

- Elle nous a montré des choses en lien avec ce coup comme les meilleures parades... Et comment entretenir une épée... Et...

L'enfant, complètement perdu dans sa phrase, retint un soupir de justesse pour finalement achever d'un simple.

- Enfin voilà...

Il y eut une courte pause avant qu'il ne reprenne :

- Mais je n'arrive déjà pas à tenir mon arme correctement. Mes camarades attaquent des fois de n'importe où, n'importe comment, ça ne les empêche pas de rendre d'un coup mon arme super lourde. Je la lâche tout le temps, sans le vouloir, juste parce que je ne peux plus la tenir... Je ne peux même pas suivre le cours parce que je m'entraîne depuis le début à arriver à tenir mon épée comme il le faut...