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 Alea Jacta Est. (Pv Romulus)

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Mar 15 Juil 2014, 14:47

Assise sur le trône qui était sien en ce manoir, Mitsuko fixait ses « invités » avec un intérêt croissant. Ils ne parlaient pas encore mais elle était certaine que cela n'allait pas tarder à venir, il le fallait. D'un geste désinvolte de la main, elle ordonna à ses serviteurs de reprendre leurs actes. Les fouets claquèrent sur le dos des êtres qu'elle avait soumis ici quelques instants, un individu de chaque peuple majoritaire de ces terres en réalité sauf, bien entendu, les génies et les ombres. Torturer physiquement les membres de ces deux races revenaient à perdre son temps. « Pitié ! Nous n'y sommes pour rien ! Vous avez bien vu ce qu'il s'est passé à la montagne ! ». « Silence ! ». Sa langue avait claqué à la manière du fouet qui cessa de s'abattre sur le fé après un autre signe de main. Mitsuko se leva, avançant doucement sur le sol de la salle de réception, faisant signe au peintre de l'inclure dans son ouvrage. Le tableau serait magnifique, une femme au milieu de serviteurs, dominant, en quelque sorte, chaque race. Une illusion bien entendu, mais personne ne demandait à l'art d'être véridique. Elle finit par soupirer, marchant dans une marre de sang qui s'était accumulée. « Étrangement, j'ai bien l'impression que vous avez tous raison. Oui... Il semble qu'aucune race ne soit responsable de ce fléau. Les bénéfiques sont trop purs, les maléfiques l'auraient revendiqué et les neutres... hum... ce ne serait pas logique en prenant en compte les différentes attaques qui ont frappé les différents peuples. Il semble donc que ce qu'il se passe ne puisse être l’œuvre que des Ætheri ou d'autres entités mystérieuse. Hum. ». Il n'y avait pas à chercher plus la cause de ce désastre. « Le sort en est donc jeté... ». Elle tourna les talons pour aller s'asseoir de nouveau sur son trône, sirotant ce qui semblait être du vin mais qui, en réalité, n'en était pas.

La Dame était loin d'être idiote. Elle aimait à faire croire aux individus qu'elle n'était qu'une catin alcoolique, mais il n'en était rien. Était-elle seulement une démone de la luxure ? Rien n'était moins sûr. Cela dit, elle devait avouer que la magie qui la liait à ce péché était des plus exquises et dangereuses pour ceux qui croisaient sa route. Mais elle possédait également des dons capables de distiller la colère dans le cœur des hommes. Rien comparé aux pouvoirs qui avaient été sien jadis. Mais qu'importe, elle retrouverait sa puissance d'antan. En attendant, elle devait de plates excuses à ces étrangers, tous plus ou moins élevés dans la hiérarchie. Elle s'assit, veillant à ne pas froisser sa robe sang ni à écraser le tissu avec ses talons assortis. « Hé bien, il semble que je me sois trompée. Personne ici n'est coupable. J'entends par là que vos races respectives ne sont pour rien dans ce chaos. Toutes mes excuses. Mais c'est dommage. J'aurai aimé me joindre à ceux qui auraient eu l'audace de créer un tel fléau. Seulement, si aucun Mortel n'est responsable, cela veut dire que nous ne pouvons pas faire grand chose. Des signes arriveront d'ici peu, comme toujours lorsque les terres du Yin et du Yang menacent de périr. Et puisque seuls les Ætheri savent ce que sera le grand final, autant ne pas perdre de temps à réfléchir. Amusons-nous ! Je vous convie donc tous à dîner, ce soir. En attendant, mes serviteurs vous soigneront et vous emmèneront à vos appartements où vous trouverez des tenus correctes. ». Convier à dîner pouvait signifier beaucoup de choses. Soit ils mangeraient avec elle, soit ce serait elle qui les mangerait. Mais ceci serait décidé bien plus tard.

« C'est tellement frustrant, n'est-ce pas Seth ? ». Le majordome borgne apparut à ses côtés. Il l'avait précédemment quitté pour se joindre à sa descendante, mais elle avait réussi à acquérir de nouveau sa fidélité. Il n'avait pas le choix. Le pacte qui les liait voulait que s'il lui désobéissait, elle avait droit de vie ou de mort sur sa personne. Certes, tuer une ombre était une chose improbable, mais l'enfermer à jamais magiquement était possible, et bien plus cruel. « Sans aucun doute, Madame. Néanmoins, si je puis me permettre, c'est aussi bien plus excitant. ». « Certes. ». Ne pas connaître la source du danger le rendait bien plus effrayant et instable, choses qu'aimait particulièrement la démone. Plus la partie était corsée, mieux elle se portait.
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Dim 20 Juil 2014, 23:55

Le monde se divises, entre autres, en deux catégories : ceux qui asservissent et ceux qui sont asservis. Les loups et les agneaux. Celui qui n'est loup, est agneau et celui qui n'est agneau est loup. Bien sûr, il arrive que certains maîtres se pensent esclaves avant de se découvrir dominant ce qui donne lieu à des rebellions. Mais si la rencontre entre un agneau et un loup donne un résultat certain, qu'arrive-t-il quand deux loups se rencontrent ? Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'un ne se soumet pas à l'autre. Sa position dominante est et ne sera pas remise en cause dans une telle situation. Non. On peut assister alors à d'étranges phénomènes. Des révélations incongrues, des scandales imprévus. Toutes les rencontres de ce genre aboutissent au bouleversement de la vie des deux loups, et c'est ce qui permet à ces êtres qui ne connaissent nul force véritablement supérieure d'avancer...


Une faille temporelle, c'était bien ma veine ! J'avais entendu parler de ce genre de phénomènes mais, preuve que mon esprit n'était pas encore assez ouvert pour accepter toutes les vérités du monde, je ne m'étais pas attendu à ce que cela soit véritablement possible ! C'était vraiment une situation perturbante. J'avais fait un rapide discours aux soldats, avais enterré les morts, séparant les vainqueurs des monstres cuirassés dont le décès avait marqué la fin de la guerre de l'Antre des Damnés et avais quitté le champ de bataille avec empressement pour me mettre à errer sans cohérence dans ces terres désolées. Puis je m'étais assis sur un rocher et avais attendu, histoire de remettre mes idées en place. Finalement, Yshäel m'avait retrouvé le premier, suivi peu de temps après par Slydr qui portait en son bec une lettre à mon attention, rédigée par deux sirènes qui réclamait que je les rejoigne au plus vite afin de les aider dans une entreprise qui devait, selon elles, se révéler cruciale dans l'avancée des recherches visant à expliquer les phénomènes qui frappaient nos terres.

Sauf que Slydr était revenu sans la lettre. J'avais l'impression d'avoir vécu un rêve. Comme si rien de ce qui était en fait le cours normal des choses ne s'était véritablement passé. Le Sirif était revenu en volant, avec exactement les mêmes mimiques, se posant sur mon épaule. Il avait même tendu la tête vers moi mais, comme si une erreur s'était glissée dans le tableau, la lettre qu'il devait pourtant être en train de me présenter n'était absolument pas là...

J'eus un mouvement brusque du bras, lié à une forme légère de frustration, et l'oiseau reprit son envol, n'appréciant pas le faible équilibre que lui proposait alors mon épaule. Je passai mes mains sur mon visage pour essayer d'en chasser les crispations qui résultaient de mon incompréhension. Finalement, je me levai. Il le fallait. Je devais marcher car cela m'aiderait à réfléchir.

J'étais piégé. Figé dans le temps sans moyen évident de retourner à la réalité. Bien sûr, je pouvais tenter de forcer les événements qui devaient marquer la suite de ma vie à se produire en faisant fuir Slydr et en me rasseyant, mais rien ne m'assurait que cela marcherait. Le pire des cas pouvait se révéler, celui-ci étant que le Sirif n'apprécie pas que je le maltraite de la sorte et qu'il s'en aille pour de bon...

Non, ce n'était pas la solution. Les failles temporelles étaient sans nul doute le résultat de la magie. Et la magie est l'instrument d'Ecem. Ainsi, même figé dans un espace qui n'existe pas vraiment, l'Aether de la Vérité veillait sur moi, au moins autant que sur les autres vérités de ce monde. Et il attendait de moi quelque chose. Je n'allais pas être libéré de ce traquenard tant que je n'aurais pas accompli cette part de mon destin que le temps ne me laissait pas réaliser. Je commençai même à me demander dans quelle mesure le reste du monde était intégré à cette faille... Mais c'était déjà un phénomène extraordinaire. Prétendre en percer les secrets simplement parce qu'on en était victime une fois relevait d'un orgueil que seul un fou furieux pouvait développer.

Et tandis que je marchais, mes pensées s'éparpillèrent. Je pensais à ceux que je connaissais à travers le monde et qui, comme moi, avaient probablement du affronter ce qui se révélait être le premier acte d'une machination complexe que seul les Dieux pouvaient encore comprendre. Mais une chose était certaine : l'humanité, moi y compris, allait se battre pour découvrir ce qu'il en était et Ecem lui-même serait fier de cette leçon de vie qu'il avait su ancrer dans la tête des êtres humanoïdes un minimum intelligents : la connaissance est le remède des plus grands maux. Mais puisque le temps était à l'arrêt, je n'avais rien à craindre. Le monde n'avancerait pas d'un pouce tandis que je marchais sans but dans l'Antre des Damnés.

Parmi mes connaissances - pouvais-je parler d'amis ? - il y avait bien entendu Lioons. À la fin de la guerre, je ne l'avais pas vu. S'était-il éclipsé rapidement ou avait-il passé du temps auprès des rescapés sans que je ne le croise ?

Il y avait Emivia Adana aussi, cette sorcière au talents incontestables et dont les chances d'ascendances étaient assurées. Avait-elle protégé Prison des assauts qui avaient du, tout comme il en avait été pour les ombres, naître de la méfiance du monde envers notre race maléfique mais non moins sage ? C'était probable mais j'avais entendu dire que l'Orishala en personne s'était déplacé pour régler ses compte avec nos dirigeants... Il était possible alors que celui qui empoisonnait sa vie, cet Ethan, l'ait écartée du lieu pour éviter d'avoir à se retrouver déchiré entre son propre Roi et celle qu'il aimait.

Il y avait aussi Mizu, ma jeune inconnue... Continuait-elle à s'attacher à son caveau et vivre sa petite vie naïve et libre de tout lien avec le monde extérieur et du mal qui touche perpétuellement le monde ? Ou bien avait-elle sentit le changement et quitté pour un temps son nuage pour s'intéresser aux vivants ?

Et tandis que je débattais seul avec moi-même du sort potentiel de ceux que je savais quelque part sur ces terres et que je souhaitais revoir, presque malgré moi, je vis soudain quelque chose se découper dans l'horizon déserte de l'Antre des Damnés... Un bâtiment. Un instant perturbé, je plissais les yeux avant d'avoir un mouvement de recul. Je savais ce qu'était cette bâtisse !

En fait, il n'existait qu'un seul bâtiment dans l'Antre des Damnés qui ne soit pas la Prison. Et je savais que je n'étais pas proche de Prison... Le Manoir Taiji. Celui qui est à lui tout seul le symbole de la famille la plus puissante des terres du Yin et du Yang, véritable domaine peut-être aussi grand que ce qui constituait la « capitale » des Sorciers, tant ils étaient importants. Et alors tout devint presque limpide.

Mon premier sentiment fut un instinct totalement bestial. Je sentais que je devais me rendre là-bas. C'était ainsi et je n'y pouvais rien... Mon deuxième ressentit fut de la curiosité. Une curiosité grandissante au fur et à mesure que je me rendais compte du nombre de question que mes faibles connaissances sur cette lignée faisaient planer en moi. Trop peu de choses véridiques circulaient sur eux et de manière trop imprécise. Il me fallait découvrir par moi-même ce que je voulais savoir. Dans ce monde vivait un gigantesque clan d'être incroyablement puissants et charismatiques et ma dernière expérience m'avait prouvé que je pouvais être amené à les côtoyer. Je devais découvrir qui ils étaient et comprendre ce qu'il représentaient pour moi. Quoi de mieux pour cela que d'aller interroger la toute première Taiji ? Mitsuko Aria Taiji, première du nom et mère de cette longue descendance qu'est sa famille.

Un troisième sentiment me traversa : un soulagement. Inapproprié, c'était pourtant ce qui naissait en moi alors que j'entrapercevais l'espoir de revoir Mitsuko IV. Non pas que j'eus quoi que ce soit à lui dire. C'était d'ailleurs bien le contraire. J'ignorais tout à fait ce que je comptais lui sortir si je tombais face à elle. Mais j'avais besoin de fermer définitivement la page avec les personnes qui avaient joué un rôle dans l'expérience traumatisante que je venais de traverser. J'avais besoin de savoir si ces gens devaient à présent sortir définitivement de ma vie, m'oublier et être oubliés, ou bien si au contraire il y avait des choses à découvrir d'eux, si Ecem avait eu une raison de les mettre en travers de mon chemin à cette étape bouleversante de mon existence...

Mais ma dernière sensation fut probablement la plus sensée : de la peur. J'avais peur de cette femme que j'allais rencontrer et qui était probablement la plus puissante, intelligente et dangereuse de ce monde... Hélas pour moi, la curiosité et une forme de rationalisme qui se voulait de m'expliquer que cette faille était lié à ce lieu annihilèrent ma peur. Je devais y aller, c'était une certitude, envers et contre tout.

Nullement gêné, je me penchais sur les deux sacoches qu'Yshäel portait avec lui afin d'en sortir mes chics habits que j'avais fais créer sur le continent du matin calme, et commençais à me changer. Délaissant mon long manteau de cuir sombre et ma chemise noire, je m'habillais d'une tunique en lin noire, ornée de broderies d'or et de blanc sur les manches. Puis je retirais mon pantalon noir pour enfiler un autre en tissu rouge bordeaux. Des fils de bleu et d'argent remontaient en torsade le long des jambes avec discrétion mais élégance. Puis je mis un autre manteau d'un cuir beaucoup plus clair, recoupé par endroit et doté de nombreuses coutures, toutes plus complexe les unes que les autres. En temps normal, j'aurais aussi habillé Yshäel, mais je ne voulais pas le présenter au manoir. Même en ces heures sombre où la magie diminuait avec une vitesse affolante, il valait mieux pour moi garder quelques tours dans mon sac.

Ainsi, je plantai le Thêor au milieu de l'Antre des Damnés ainsi que le Sirif, histoire de ne pas faire de jaloux... Puis je me dirigeai vers le Manoir. La tension montait en moi au fur et à mesure que je me rapprochais. Le domaine était impressionnant et je n'étais même plus sûr de survivre en arrivant devant la porte. Il le fallait pourtant... Et Ecem me donna visiblement la force de surmonter cette épreuve puisque je parvins à frapper à trois reprises à la porte de la bâtisse. J'étais terrorisé et sur-excité. Mais je me devais de garder mon calme. Je soufflai trois fois avec retenu et mon esprit se vida de toute émotion. Alors, la porte s'ouvrit.
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Lun 17 Nov 2014, 14:13

« Bonsoir. ». La voix de Seth avait résonné derrière l'embrasure de la porte à présent ouverte, l'Ombre fixant Romulus d'un œil terne et neutre. Un petit sourire courtois apparut sur ses lèvres bien qu'il n'en pensait rien. Il avait été majordome ici durant des siècles et des siècles, gardant seul le manoir en l'attente de sa digne propriétaire. Aujourd'hui il s'agissait de Mitsuko Aria Taiji mais qui pourrait prévoir ce qu'il se passerait demain ? Personne. Il resta un moment, là, à regarder l'étranger comme s'il attendait une quelconque justification à sa présence. Qui était-il ? Il n'en savait rien. Sans doute encore un pauvre fou attiré dans l'antre du mal par curiosité ou par candeur, par hasard peut-être. Mais quelle que soit la cause de cette folie, peut-être ne ressortirait-il jamais vivant d'ici. Après tout, la maîtresse de maison se plaisait à feinter d'ignorer ce qu'il se passait en ce moment même. Elle trompait son monde magnifiquement bien, presque à la perfection. Mais il la connaissait. Il savait qu'elle savait ce qu'il se passait. Oh oui, d'une façon ou d'une autre elle le savait et elle faisait tout pour se convaincre elle-même du contraire, comme si elle prenait un plaisir malsain à redécouvrir ce qu'elle connaissait déjà, comme si elle désirait entrer dans la peau d'un détective minutieux qui détiendrait, à la fin, le fin mot de toute l'histoire. Tous ces êtres torturés pour rien laissaient bien entendu Seth dans la plus parfaite des neutralités. Il avait assisté à pire et puis, quoi qu'il en soit, que pouvait-on attendre d'autre du peuple démoniaque ? Puisqu'il était coincé ici à présent, comme par le passé, il ne pouvait faire qu'observer en priant pour que son ami revienne d'entre les morts, que celle qui était à présent divine reprenne la place qui lui revenait de droit. Mais chaque chose en son temps, n'était-il pas ? Lui aussi connaissait bien des choses, lui aussi savait. Son existence était un puits sans fond. Aria l'avait poussé à devenir une Ombre jadis, elle avait déchu ses ailes immaculées, mais ce statut lui plaisait. Il était de ceux pouvant ressentir grâce aux artifices magiques, mais cette race lui donnait l'avantage d'être éternel et discret. Il savait bien des choses car quiconque pouvait communiquer avec les esprits possédait la connaissance que ceux-ci voulaient bien inculquer. Aussi, après avoir attendu quelques secondes, fixant son regard sur un esprit qui voyageait dans le manoir, sans doute celui d'une victime de la sulfureuse démone, il finit par murmurer : « Je vais vous conduire à Dame Taiji. Une fois devant elle, je vous prierai de dévoiler votre identité et le motif de votre venue. Ma maîtresse est très occupée. Ce soir, elle reçoit des invités de marque à sa table. ». Il attendit une seconde. « Peut-être vous y conviera-t-elle si ce que vous dîtes lui plaît. ». Et dire que ce qui plaisait aux Taiji était aléatoire n'était pas mentir. Tout dépendait du moment, de l'humeur de celle qui entendait les dires. Un jour vous étiez invités, l'autre décapités.

Seth fit un petit geste en direction de l'inconnu afin de le convier à entrer, prenant par la suite la tête de la marche jusqu'à la salle où se trouvait encore la dame, assise dans son fauteuil, près de la cheminée. Le sang n'avait pas été nettoyé, pas encore. A quoi bon ? N'était-ce pas magnifique en sa symbolique ? Toutes les races majoritaires réunies en un seul endroit, sans que guerre ou querelle ne se soit déclarée ? Un même sang, mélange de celui de chaque être qu'elle avait attrapé. Mitsuko leva les yeux vers les deux hommes, ne semblant en aucun cas prêter attention à un quelconque détail chez son invité. Elle porta sa coupe à ses lèvres, attendant qu'il parle. Son regard admira un instant les ombres qui dansaient sur les murs, fruits du feu qui brûlait doucement, puis se mit à fixer les prunelles du nouveau venu. Un petit sourire se dessina lentement, très lentement, sur ses traits. Elle aimait les surprises et se demandait probablement à quelle sauce elle allait déguster celle-ci.
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Mar 24 Fév 2015, 12:46

- Bonsoir.

Le majordome venait d'ouvrir la porte que déjà il m'adressait une politesse. Je n'en attendais pas moins de la part de celui qui avait été choisi par l'élégante Mitsuko Aria Taiji pour gouverner son manoir. Aussitôt, je me redressai et m'affairai à garder un certaine assurance. J'avais pénétré le territoire d'un dangereux prédateur. Le moindre signe de faiblesse, la moindre courbure dans mon corps révélant une angoisse quelconque pouvait me coûter la vie.

- Bonsoir. Je souhaiterai rencontrer la propriétaire des lieux. Est-elle disponible ?

Ma voix n'avait pas tremblé. Elle était restée d'un neutre parfais. C'était pour l'instant tout ce que je pouvais faire pour garder un certain contrôle de la situation. Je sentais l'endroit comme résonner autour de moi. Cela avait le don de provoquer un certain malaise. Tout ici dégageait un parfum de puissance est de possession. Dame Taiji aimait visiblement que ses visiteurs reconnaissent rapidement leur désavantage en ce territoire.

Je me surpris à espérer que le Majordome me renverrait en m'annonçant que Mitsuko Aria Taiji n'était pas présente en son domaine.

Mais il ne fallait pas que je laisse mes sensations gouverner. J'étais ici pour une raison et je ne devais surtout pas me laisser impressionner sans quoi je n'atteindrais pas mon but. Et je n'avais pas le droit à un franc échec. J'étais le disciple d'Ecem et de la Vérité. Une erreur m'aurait rendu indigne même de penser à l'Aether qui seulement avait accepté de porter son regard sur moi.

Le Majordome ne broncha pas. Il ne fit aucune complication et finalement annonça, un petit sourire aux lèvres qui ne présageait rien de bon :

- Je vais vous conduire à Dame Taiji.

Il me donna quelques indications concernant ma façon de me comporter face à sa maîtresse. Mais je n'ignorais pas toutes les règles qu'il fallait respecter. J'étais sur un territoire ennemi et je ne devais pas faiblir, mais cela ne devait pas m'empêcher de garder à l'esprit une autre valeur à ne pas négliger devant un puissant : le respect.

Traiter un ennemi plus puissant que soi avec déférence était essentiel. Cela permettait de brouiller les pistes. De se présenter plus intelligent qu'on ne l'était, de conserver son assurance et de cacher plus aisément les détails révélateurs et perturbateurs.

L'homme me fit entrer sans un mot. Il semblait pareil à un mort… Une ombre peut-être ? Était-il possible que la première Taiji ait été capable de retenir chez elle un de ces êtres pourtant immortels en guise de majordome ? Sauf qu'il n'était peut-être pas retenu contre son gré…

La salle dans laquelle je fus invité à entrer pour rencontrer la maîtresse des lieux était grande et froide. Pourtant, de chaleureux tableaux démontrant l'imagination dont pouvait faire preuve les adeptes de la luxure semblait vouloir réchauffer l'endroit. Mais à quoi bon essayer de masquer la vérité. Mitsuko Aria Taiji était-elle donc de ceux qui cherchaient sans cesse à mentir pour adoucir les plaies ?

Non. Et la preuve d'une telle assertion était ce sang répandu au sol. Dans un endroit ou domestiques s'afféraient pour le bien être d'une unique femme au caractère probablement tyrannique, qu'une telle souillure ait été laissée n'était pas un oubli. Il s'agissait plus d'une sorte de message qui prévenait les étrangers. Comme pour rappeler aux plus insouciant le danger qui rôde autour d'eux de façon permanente.

- Mes hommages, Madame. C'est un honneur pour moi de vous rencontrer.

Aussitôt que j'étais arrivé devant la femme qui semblait ne présenter aucun âge défini, j'avais posé un genoux à terre. Pour le moment, je tentais de garder une voix neutre. Mais il me fallait combler le silence et parler. Exposer un peu de ma personnalité. C'était dangereux mais, si je parvenais à entrer dans mon propre jeu, j'allais être en mesure de bien mieux me préserver de sa perspicacité et de sa clairvoyance en lui dissimulant un maximum d'informations à mon sujet.

Me relevant avec calme, je me permis de déposer doucement mon regard sur son visage. Je restai prudent. Au moindre froncement de sourcil, je m'apprêtai à changer radicalement d'attitude pour ne pas la laisser me déstabiliser ou simplement ne pas lui manquer de respect.

- Mitsuko Aria Taiji, première du nom. Vous êtes sans nul doute une des femme les plus impressionnante de notre monde, ma Dame. Vous ne devez pas être bien étonnée que je vous reconnaisse. Je serais surpris en revanche que vous reconnaissiez l'humble apôtre obscur que je suis. Laissez-moi donc me présenter : je suis Romulus Eternam. Là encore, j'imagine aisément que le nom de ma famille ne soit pas suffisamment important pour que vous l'ayez ne serait-ce qu'entendu. Ainsi, il semblerait qu'il n'y ait pas de raisons valables que vous vous intéressiez à ma personne. Néanmoins, je serais tenté de penser que la première des Taiji est celle qui est le plus attachée à sa famille, à la réputation de celle-ci et à l'ordre qui doit y régner. Ainsi aura-t-on pu constater cette fête que vous avez faite organiser pour une de vos très lointaine descendante au manoir même. Vous m'excuserez par ailleurs de n'y être pas venu… Je suis un Sorcier… Les histoires de mariage ne m'intéresse pas vraiment…

Je marquais une pause un instant. Il s'agissait de ne pas agacer la souveraine en ses terres. Un coup d'œil en sa direction et je concluais qu'au mieux je l'amusais…

- En revanche… Je serais curieux de découvrir ce que votre deuxième descendante la plus proche faisais à défendre le royaume de la mort… Pour autant que je sache, elle n'avait pas fait surface depuis un moment… Au point que nombreux étaient les ouvrages qui la disaient… Morte…

Avais-je attiré son attention, l'avais-je irrité. L'avenir allait me le dire. Mais j'étais certain d'une chose. Les informations, même minimes, que je venais de délivrer à la puissante Taiji, l'intéressait.

Restait à savoir si la dame Taiji jouerait le jeu ou bien si elle déciderait de me faire cracher le morceau de force avant de m'éliminer… Sans autre formes de procès…
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Mer 08 Avr 2015, 11:59

Mitsuko écoutait, simplement, sans qu'aucune émotion ne semble vouloir habiter son visage. L'homme qu'elle avait en face d'elle était assez intelligent pour savoir se tenir, pas comme ce stupide Empereur Noir qui s'était cru jadis tout permis dans sa demeure. Elle se rappelait de cet orgueilleux comme si c'était hier et, contrairement à toutes les attentes du roi des Sorciers, elle l'avait fait bien vite reconduire à la porte. La Dame n'avait nul maître, nul respect pour qui que ce fut. Les rois, les reines, ils n'étaient pour elle que des inférieurs. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Elle avait régné sur la moitié de ces Terres jadis, les souverains des races maléfiques lui obéissant à la baguette et au fouet. Certes, le monde avait changé mais quand elle voyait ce qu'il était devenu, elle préférait de très loin ne guère le parcourir outre mesure. Elle se devait de changer les choses, de lui rendre sa grandeur passée. Dire que cela prendrait du temps n'était que pure vérité mais qu'importe, ce temps, elle l'avait.

La Dame finit par se lever, sa robe glissant doucement sur le sol du manoir, le bruit du tissu se mêlant au crépitement du feu. Elle s'avança vers Romulus, s'arrêtant à quelques pas de lui avant de faire un geste de la main vers le sang qui gisait par terre. « Savez-vous de quoi il s'agit ? ». La question n'était que rhétorique car la seule réponse qu'il aurait pu faire était de dire qu'il s'agissait de sang. Or, ils le savaient tous deux. « C'est la preuve que le mal et le bien s'unissent dans l'adversité. ». Elle marqua une pause avant de murmurer. « Une abjecte union. ». Elle se remit à marcher, tournant autour du sorcier lentement. « Il y a toujours une part de bien dans le mal, et vice versa. Mais de là à s'unir... ceci est contre nature. Lorsque j'ai amené un représentant de chaque race ici, mis en présence les uns des autres, ils auraient dû chercher à s'éliminer. Mais non, ils sont restés à ma merci, s'unissant dans un espoir bête et vain qu'ils pourraient survivre en coopérant. Chacun bien sage, regardant parfois son voisin comme si un plan pouvait être trouvé. ». Elle ne répondait pas du tout à la question, du moins, ne semblait pas le faire. Le lien serait fourni un peu plus tard. « Ce monde court à sa perte et, parfois, il est encore heureux de constater quelques catastrophes de celle que nous vivons aujourd'hui pour que le glas de la guerre résonne encore. Seulement, si la cause de nos malheurs est extérieure à l'Homme, combien parierez-vous que ces derniers s'uniront pour combattre le mal, main dans la main ? Absurde. ». Elle sourit. « Personnellement, si j'avais encore la puissance qui était mienne jadis, je profiterai de la situation pour enfoncer profondément une épine dans le cœur du bien. Seulement... les préoccupations de cette époque sont uniquement raciales. Croyez-vous sincèrement que les Sorciers puissent vaincre à eux-seuls les Magiciens, ou vice versa ? Non. A forces égales, combat infructueux. ». C'était cela le problème. Chaque souverain faisait son repas dans son coin et ne partagez pas avec les autres. Alors que si quatre races maléfiques s'unissaient pour attaquer par surprise un peuple bénéfique, alors les choses seraient toute autre. Mais ceci était quasiment impossible. Les souverains n'aimaient pas partager le commandement et, toujours, à cause du fait qu'il n'y avait pas de puissance suprême pour les guider, les unions finissaient bien vite par faner. « Seuls les Ombres méritent qu'on les protège et, malheureusement, encore une fois, les souverains que la race a connu sont aussi compétents que sont bonnes les huîtres avariées. Votre époque me blesse considérablement par sa légèreté. Que pensent donc ces rois en croyant que confier, à quiconque le désire, le secret du cycle serait une chose bénéfique ? Pire, que pensent-ils lorsqu'ils décident d'ouvrir à quiconque le souhaite le Royaume des Abîmes ? Les portes ouvertes n'ont guère à l'être là où les Ætheri ont décidé qu'elles devraient être fermées. C'est une aberration grotesque, un manquement vulgaire à tous les devoirs de l'Esprit de la Mort. ». Elle attendit un moment, se plaçant de nouveau devant Romulus. « Je pense avoir répondu, en un sens, à votre question. Si ma descendante se trouvait là bas, peut-être était-ce simplement pour éviter un drame des plus odieux. Quant à la vie qui lui a, selon vos dires, été rendue, je ne saurai vous l'expliquer. J'ai moi-même de nouveau pu fouler le sol des vivants alors que j'étais morte des siècles et des siècles auparavant. Mais tout est une question de cycle, n'est-ce pas ? Si l'une de mes descendantes revient à la vie, il se pourrait que les autres subissent le même sort. Mais je pense savoir, d'après les dires de mes invités dont le sang est répandu au sol, qu'elle est loin d'être le premier esprit à revenir dans le monde matériel des vivants. ». Elle réfléchit un instant. « Et, croyez-moi, si la chose se répercute à tous les morts qu'ont un jour connu ces terres, nous allons au devant de graves problèmes démographiques. ». C'était un fait.

« Savez-vous que vous êtes le deuxième sorcier à avoir foulé le sol de ma demeure de son plein grès, à l'exception de Jun bien entendu ? L'Empereur qui lui a succédé, Valkan Kin Shakor m'a rendu une visite non attendue avant qu'il ne disparaisse de la circulation. ». Elle rit, comme si elle y était pour quelque chose. « Allons donc, Jun, Valkan, Orion jadis avant que je ne reprenne ma place entre ces murs, ne pensez-vous pas que cela fait beaucoup en coïncidences ? Tous Empereur Noir. Peut-être serez-vous le prochain ? ». Elle sourit.
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Mar 16 Juin 2015, 12:51

Elle n'avait pas encore prononcé un mot. Elle attendait, patiemment. Elle m'analysait, je le sentais. Pouvais-je me laisser aller à penser qu'elle appréciait mon comportement ? Pour l'instant, la tension restait stable. Imposante, mais stable. Je ne pressentais pas de danger imminent supérieur à celui d'être au beau milieu de ce Manoir. C'était positif, en quelques sortes.

Néanmoins, la situation bascula lorsqu'elle se leva pour venir s'approcher de moi. En cet instant, le monde venait de basculer. Je sentais la différence de potentiel qui influait sur le choc de nos deux personnalités.

Non…

Non. La tension n'avait pas bougé.

Non ! C'était moi. J'étais… Terrorisé !

Je m'étais attendu à beaucoup en venant ici, mais je n'aurais pas cru que cela aurait été aussi puissant. C'était vraiment très impressionnant. Et pourtant, ma volonté seule me retenait, me donnait le pouvoir de continuer. La volonté et la curiosité ! Moi, Disciple d'Ecem, Aether de la Vérité, je jouissais du droit de prendre part à une discutions des plus fascinantes avec une femme millénaire dont les observations et connaissances dépassaient de loin celle de tout autre être en ce monde. C'était… Grisant !

- Je vous remercie du compliment, ma Dame. Néanmoins, l'orgeuil est une erreur que nombre d'Empereurs Noirs ont faite par le passé. Un jour, moi aussi, je la reproduirait peut-être. En attendant, je m'en garde et tente de rester humble face à mon propre potentiel. Je me contenterai donc de dire que… Je ne vois aucun concurrent qui soit digne de réparer les erreurs de l'Empereur Lord… Ainsi prendrai la responsabilité d'une telle charge si l'occasion se présente un jour. En attendant, je sers l'intérêt des Sorcier… Jusqu'à avoir la puissance de me centrer sur le mien...

C'était honnête, comme réponse… Un peu trop peut-être.

La Taiji me tournait autour, comme un prédateur. Je connaissais cette tactique de chasse. Je l'avais moi-même employée, quelques mois auparavant. Pour le magicien qui fut ma précédente victime, une partie d'échec se révéla plus éloquente que l'affrontement qui s'ensuivit. Ainsi notre discutions était-elle probablement plus instructive pour la puissante reine rouge que si elle devait dès à présent me tuer. Et… Avant de prendre la vie d'un homme, il est toujours essentiel de savoir cela nous apporte. Toujours calculer l'intérêt d'un acte face à celui de ne pas l'exécuter…

La discutions prenait des allures de joute. D'un autre côté, je ne pouvais me permettre de couper Dame Taiji dans son discours et elle maîtrisait trop bien ses émotions pour le faire elle-même quand mon tour venait…

- L'Empereur Lord fait nombre d'erreur. Mais il reste en mesure de guider le peuple Sorciers… En cela, il ne doit pas mourir avant qu'un Empereur Noir digne de ce nom puisse prendre sa place.

Doucement, je reculais d'un pas. Je ne pouvais faire autrement. Ma proximité avec la dagereuse Taiji m'empêchait autrement de discourir convenablement. Conservant un calme apparent en un soupir de relaxation, je continuais.

- Le Bien… Le Mal… Deux notions si étroitement liées… Je ne pense pas pouvoir m'associer à l'une d'entre elles. Je ne suis ni un être de bien, ni un être mauvais. Je suis un Sorcier. La différence peut sembler difficile à concevoir et pourtant je suis certain que vous la comprenez mieux que personne.

Écartant le bras dans un geste de démonstration, j'enchaînai :

- Ma famille est la victime depuis des temps immémoriaux - mais qui doivent sembler dérisoires à vos yeux - d'une sorte de malédiction. Ainsi, il n'existe qu'un unique Eternam qui soit parvenu à conserver sa nature de naissance sans jamais basculer de l'autre côté de la magie qui semble unir les magiciens et les sorciers malgré eux. J'en suis venu à penser que les magiciens et les sorciers sont étroitement liés et que l'un ne peut vivre sans l'autre. Pour devenir sorcier, il faut deux étapes. Deux étapes par lesquelles je suis moi-même passé.

J'écartai une main pour représenter la première étape.

- Tout d'abord, il faut s'ouvrir à la magie. Les magiciens ou sorciers de naissance franchissent cette étape sans même le savoir. Mais il arrive à certaines créatures, comme les humains, de passer cette étape plusieurs années après leur naissance.

Écartant l'autre main, je poursuivis.

- Dans un second temps, celui qui s'est ouvert à la magie doit se tourner vers la facette noire de cette magie. S'il se tourne vers la facette blanche, il deviendra magicien.

Rabaissant les mains, je poursuivis.

- Bien sûr, je n'imagine pas vous apprendre quoi que ce soit, mais il est parfois important de mettre des mots sur ce qui semble évident et de le constater en détail pour avancer. Ainsi m'a-t-il été possible de conjecturer que tant que les sorciers existeront, les magiciens en feront autant. Car il est inconcevable qu'un être se soit tourné vers notre magie sans s'intéresser à la magie noire ni à la magie blanche éradiquée. Il est inconcevable que quelqu'un franchisse la première étape et ne puisse franchir la seconde parce qu'il n'y a plus de choix à faire. Les sorciers seront toujours susceptibles de donner des magiciens et les magiciens des sorciers.

La dame en rouge comprenait-elle où je voulais en venir ? Difficile à dire. Je doutais de lui apprendre quoi que ce soit et pourtant… L'alliance du bien et du mal dans l'adversité me semblait bien plus évidente qu'à la millénaire Taiji.

- Ainsi les sorciers ne cherchent-ils pas à affronter les magiciens mais à les contenir, à les asservir. Car un peuple qui n'est point libre est aussi invisible que s'il n'existait pas. Mes congénères et moi-même ne sommes pas en mesure de supprimer de la surface de nos terres une autre race. Nous ne sommes plus tournés vers de tels objectifs depuis des millénaires. Nous cherchons à asservir pour mieux contrôler. Le chaos, la destruction. Nous concevons le monde comme un immense terrain de jeu où règne la mort et la destruction mais que serait le jeu sans son plateau ? Face à des forces qui nous dépasse, une alliance est de mise. L'erreur de notre Empereur, si vous voulez mon avis, n'est pas d'accepter de s'allier aux races que nous exécrons les plus mais de ne pas être capable de jouer de la situation pour que chacun ne sorte pas égal de cet affrontement pour la survie de l'équilibre.

Mon regard se posa alors sur le sang entremêlé dont la dame en rouge parlait encore quelques instants auparavant. Ce sang mêlé se révélait à moi comme une force capable de maintenir le monde et en même temps si faible qu'en un déséquilibre elle risquait de faire s'écrouler la réalité, la faire glisser entre nos doigts sans que nul n'y puisse rien. Et, finalement, la clé de la réussite était… Le temps.

Je me perdis en contemplations lorsque mon esprit s'éveilla. Qu'étais-je en train de faire ? Je donnais… Des leçon à la grande Mitsuko Aria Taiji ? Comment pouvais-je me permettre une telle chose ?

De nouveau, je sentis comme un verrou dans mon esprit, une révélation évidente. Il ne s'agissait pas d'un enseignement arrogant dispensé par un sorcier à une femme au savoir incommensurable. Il s'agissait bien au contraire d'un élève qui confrontait ses idées et pensées à un maître.

Mais le maître en question allait-il accepter de continuer à converser avec un élève au potentiel intéressant ou se débarrasser d'un agaçant ignorant qui ne peut comprendre encore qu'il ne sait rien ?

La réponse me serait apportée bien vite. Si Mitsuko Aria Taiji désirait continuer, elle l'inviterait probablement à s'installer dans un endroit plus confortable. À moins qu'elle ne désire se jouer encore un peu du malaise de son invité…
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Sam 26 Sep 2015, 04:49

Aria était retournée s'asseoir sur son trône. Les jambes croisées, elle écoutait sans l'interrompre le Sorcier qui se trouvait devant elle, agrémentant son discours de petits « Hum hum » qui prouvaient qu'elle ne faisait point semblant de lui prêter une oreille attentive. Après un petit silence, elle finit par murmurer, de façon tout de même discernable : « Vous avez raison, c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai toujours cru qu'il serait plus profitable au mal d'éliminer purement et simplement les Sorciers. ». Elle sourit, fixant Romulus dans les yeux. « Après tout, n'est-ce pas ce que vous dîtes ? Que ni les Magiciens ni les Sorciers ne sont fiables pour leur camp respectif ? ». Elle trouvait la situation amusante. « Personnellement, je ne joue pas aux échecs en sachant que mon jeu pourrait être perturbé par des pièces maîtresses corrompues. Et la seule manière d'annihiler totalement les Magiciens serait de les tuer, eux, les Humains et les Sorciers. ». Elle attrapa l'une de ses mèches de cheveux, laissant courir ses doigts le long de cette dernière lentement. « Heureusement pour vous, si j'aime particulièrement torturer ceux que je désire tuer, je suis néanmoins très stricte sur l'heure du dîner. Vous pouvez donc en conclure que vous risquez malheureusement de ressortir d'ici vivant. ». Elle finit par rire. Il était impossible de savoir si elle plaisantait ou non. Néanmoins, la Démone trouvait cette conversation amusante. L'homme qu'elle avait en face d'elle lui semblait prometteur. Il parlait d'orgueil sans savoir qu'elle-même était très orgueilleuse. Mais c'était parce qu'elle s'était toujours sentie supérieure aux individus qui l'entouraient qu'elle l'était devenue jadis et qu'elle tendait à le redevenir. Ce n'était pas la vérité, mais c'était celle qu'elle conterait à quiconque souhaiterait l'écouter raconter son passé. La vérité était bien plus dure à accepter. Enfant, ses conseillers avaient cru pouvoir gouverner à sa place et ils auraient sans doute réussi si elle n'avait pas rencontré Lady Maria Syrkell. La Sorcière l'avait façonné, avait fait d'elle une femme de pouvoir et lui avait permis de croquer à pleines dents le Destin qui était le sien. Il fut un temps lointain où elle aussi avait été ignorante et manipulable. Cependant, aucune histoire ne contait une telle version. Elle rit doucement. « Ne vous méprenez pas, les Sorciers ont toujours eu dans mon cœur une place privilégiée, même si ce dernier est aussi aride que les terres du même nom. Mais en admettant que la possibilité d'aimer m'ait été offerte à la naissance, alors j'aurai sans aucun doute aimé votre peuple. ». Malheureusement, le seul être qu'elle avait été capable d'aimer véritablement était celui-là même qu'elle haïssait au plus haut point et qu'elle souhaitait détruire plus que tout. L'amour et la haine s'équivalaient pour la Démone. Il valait donc mieux l'indifférer ou n'éveiller qu'un intérêt très relatif dans ses prunelles, assez pour avoir la vie sauve. Pareillement, pour quiconque tenait à la vie, il valait mieux ne point essayer de jouer au plus malin ou de se placer en égal ou en supérieur de la Dame, surtout dans l'enceinte de son Manoir.

Elle finit par se lever. « Je suppose que dîner ici ne vous dérangera pas. Comme je l'ai dit, je suis très pointilleuse sur l'heure des repas. La viande ne doit pas être trop cuite sinon elle en devient infecte. ». Elle sourit. « Hum... ». Devait-elle lui avouer qu'il mangerait de la chair fraîche ? Cela pourrait le faire fuir... et s'il fuyait, elle serait obligée de le faire rattraper pour qu'il finisse à table, mais dans les plats cette fois. Elle rit à cette idée. Elle se demandait quel goût il pouvait bien avoir. Quand la question se posait, la Démone pensait toujours à la viande de la personne visée, de façon littérale mais également imagée. Il ne lui semblait néanmoins pas prêt pour partager sa couche. Ce genre d'hommes réfléchissaient trop. Cela dit, peut-être que s'il se déridait pendant le dîner, ils pourraient s'amuser un peu ensembles...  Elle n'avait pas encore pris sa décision finale. « Vous n'avez rien contre goûter de l'Ange j'espère ? » demanda-t-elle en arrivant dans la salle à manger. Là, au bout milieu de la table, trônait un énorme plat contenant un Ange entier, grillé à la perfection. Les serviteurs découpaient des morceaux de façon élégante. Cuite avec des pommes et un peu de sucre, la viande devait être divine, tendre à souhait. La Démone en ressentait déjà un plaisir malsain. Mitsuko s'assit, murmurant à son invité. « Ne pensez pas que je vous révélerai tous mes secrets ce soir mon cher. A présent, nous parlerons de banalités et si vraiment vous souhaitez me revoir pour en apprendre plus, alors il faudra me chasser jusqu'à ce que vous me retrouviez. ». Le jeu, voilà ce qui l'excitait. Le reste l'ennuyait terriblement. « Oh, et essayez d'avoir acquis un rang correct lorsque nos chemins se croiseront de nouveau. Sinon, c'est vous que je mangerai la prochaine fois. ». Elle lui fit un clin d’œil.
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Alea Jacta Est. (Pv Romulus)

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