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 [QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus]

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Mar 15 Juil 2014, 22:45


[Allée des Brumes - Abords du Labyrinthe]

Un cadavre d'animal à mes pieds, les mains dans ses entrailles, armée de mon couteau de cuisine, mon arme de prédilection, je m'attelais à soigneusement préparer la viande de cette créature qui me semblait être de la famille des cervidés. Il était plutôt rare en temps normal de trouver un cœur qui batte dans les environs, mais le labyrinthe regorgeait de monstres de toutes sortes, et j'avais impérativement besoin de cette nourriture pour mon nouveau petit protégé. Et oui, depuis deux jours, ma famille s'était agrandit. Cet œuf étrange que j'avais découvert sur les flancs du volcan, aux terres arides, et dont j'avais pris si grand soin depuis plusieurs semaines... Et bien ce fameux œuf avait enfin éclos. Mais alors que je m'attendais à y découvrir un dragon, ou tout du moins un reptile, ce fut un adorable bébé puma, pourvut de petites ailes, qui naquit sous mes yeux. Je n'avais jamais vu une telle créature... Sweety, mon dragon Peluche, fut tout autant que moi intrigué par ce nouveau venu, mais contrairement à ce que me laissait supposer sa jalousie légendaire, il ne le rejeta pas. Le dragonnet s'était immédiatement prit d'une sorte d'affection pour le petit animal, si bien qu'il m'avait été capable de les laisser seuls afin de partir à la chasse. En effet, l'on m'avait apprit que pour un félidé, il était primordiale que ses premières expériences avec la viande provienne d'une proie chassée par son parent. Hors, tout comme je le faisais avec Sweety, je me considérais comme la mère de mon petit Saïko et me devait donc de lui apporter de la viande fraiche, que je n'aurais pas créer à l'aide de ma magie.

Depuis les évènements de ces derniers mois, je n'avais plus aucun scrupule à donner la mort, à quelque créature vivante que ce soit. Je suis une Ombre, mon existence est régit par le trépas des vivants et leur renaissance. Tuer ne représentait plus à mes yeux un acte abominable et réprimandable, mais une simple étape nécessaire de la vie. Bien entendue, je n'allais pas me mettre du jour au lendemain à exterminer à bout de bras tous ceux qui passaient à portée de ma lame, je n'étais qu'une Grande Faucheuse et en aucun cas je n'avais le pouvoir de décider qui se devait de mourir et comment, ni même de guider les âmes des défunts... Cela était réservé à mes ainés... Mais j'aspirais à un jour, atteindre leur rang, tout comme j'aspirais à devenir une aussi bonne cuisinière que l'était Maître Kreug. Un jour, oui, je le deviendrais. Et pour parvenir à mes fins, j'avais toute l'éternité devant moi...

Mais pour le moment, j'étais accroupie près de ce cadavre qui était tombé sous mes illusions. Je découpais sa chaire et en retirais chaque organe, ou tout du moins ce qui me semblait l'être, puisque la créature, bien que pourvue de bois et de quatre pattes, était assez difficile à identifier. Couverte de sang, je présentais un bien curieux spectacle, dans ma robe rouge désormais plus sombre qu'à la normale. Et en y réfléchissant bien, je ne savais même pas si cette viande était mangeable, car je n'avais jamais entendue quiconque en cuisine s'étendre sur ses prouesses dans la réalisation d'un plat comprenant des produits locaux... La nature existait bel et bien dans ce labyrinthe, mais elle y était extrêmement dangereuse et mystérieuse, même pour les plus jeunes d'entre nous... Mais j'étais convaincue du bien fondé de mes actes, et n'étais pas prête à repartir d'ici tant que ma tache ne serait pas accomplie ! En espérant qu'aucun évènement inopportun ne vienne me perturber...

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Lun 21 Juil 2014, 20:37

Il est certaines vérités qu'on préférait ne pas connaître. Et pourtant, toute vérité est bonne à savoir. C'est dès lors que la vérité fait mal qu'on peut se demander dans quelle mesure la souffrance est un passage vers l'élévation.


J'étais de retour. Si aucun démon, je le savais, ne hantait véritablement mon esprit, les sentiments qui ne cessaient de me poignarder depuis que je faisais route vers l'Antre des Damnés étaient en tous points semblable à ces créatures de l'Enfer. Ils me flagellaient dès que je me redressais sur Yshäel, me poignardaient dès que je respirais l'air porté par le vent qui me semblait venir droit des ruines du champ de bataille, m'étouffaient dès qu'un souvenir de la guerre me revenait. Pourtant, j'étais intact. Fort de ce mois riche en émotions diverses, j'étais prêt. Il me fallait à présent affronter mon cauchemar, ce qui envahissait mes nuits incessamment, depuis que j'avais décidé de défendre le Royaume de la Mort face au peuple des Terres du Yin et du Yang désorienté.

Plus que cela, et je savais que cela prendrait du temps, que je ne pouvais nullement précipiter les choses, je devais retrouver ceux que j'avais côtoyé en ces heures sombres et comprendre quelle place ils allaient à présent occuper dans ma vie. Hasard ? Signe de l'Aether Ecem ? Ou simplement ordre des choses ? Il me fallait savoir. J'avais appris à mieux cerner Mitsuko Taiji quatrième du nom, sans l'avoir véritablement rencontrée encore. Mais il restait cette Dullahan mystérieuse au visage si familier, ce démon portant une seule aile et aux allures de martyr, cette femme au visage tendre qui semblait me vouloir du bien sans se douter, naïve, quel mal elle me proposait et cet autre femme qui était accompagnée d'un noir vautour...

Et, enfin, j'atteignis l'Antre des Damnés. Yshäel filait. Jamais je n'avais été effrayé par ce lieu pourtant lugubre. Des créatures y rodaient, mais j'avais toujours su les éviter. L'Antre est grande, il y a toujours un moyen de s'enfuir. Et le vent soufflait dans mes cheveux avec cette enivrante sensation qu'apportait la vitesse. Au-dessus de nous, Slydr volait avec une majesté qui me rendait fier. Il était mon Sirif. Non pas par possession mais par intérêts commun. Nous nous entendions comme des amis sauf qu'il était Oiseau et moi Homme...

Et, enfin, les restes du champ de bataille se déployèrent devant moi. Je le reconnaissais avant tout grâce au Labyrinthe de l'Allée des Brumes qui se situait à à peine quelques centaines de mètres de là. Il fallait croire que l'entrée inaccessible du monde des ombres se trouvait non loin de là... Pourtant, nul des combattants pour la protection du Royaume de la mort n'avait pu apercevoir cette entrée. Et c'était mieux ainsi. Enfin... Nul être excepté les ombres qui avaient combattu à nos côtés pour leur propre survie.

Yshäel freina des quatre pattes quand il me sentit me redresser sur son dos en appuyant de mon poids. Je descendis et passai ma main sur le haut de sa tête, caressant sa peau lisse jusqu'à sa première vertèbre qui sortait de l'intérieur de son corps pour venir décorer son dos, à l'instar de nombreux autres de ses os. Il leva la tête comme pour appuyer encore plus celle-ci sur ma main et je m'imaginai de nouveau qu'il appréciait, tout en constatant le doute qui s'installait en moi quant à cette idée orgueilleuse sortie tout droit de mon esprit humain.

Tandis que je commençai à faire quelques pas sur ces terres frappés durablement par d'innombrables pieds de combattants luttant pour leurs vies et, par extension, pour leurs convictions, l'Oiseau noir des Enfers vint prendre place sur mon épaule et referma tranquillement ses immenses ailes avant de recroqueviller sa tête dans ses épaules en position de repos.

J'avais enterré les quelques corps encore entiers et bien visibles de nos adversaires dans une immense fosse, mais il restait encore de nombreux corps à moitié enfouis sous les terres de l'Antre ou complètement déchiquetés. De même, il demeurait quelques unes des cuirasses ensorcelées qui avaient fait tant de ravages dans nos rangs avant que les défenseurs de la mort s'adaptent. Elles étaient encore investies de leurs magie et il était dangereux de les regarder. Alors je levai les yeux et constatait l'immensité de ces terres désolés, comme si elles me chuchotaient que le vie continuait au-delà de ce passage brutal, qu'il n'y avait pas de raison de rester prisonnier de ce moment inscrit dans le temps et l'histoire.

Je me mis à marcher sans but ni réflexion construite. J'errais parmi les cadavres. Soudain, je vis un mouvement brusque à mon côté. Yshäel venait de lever la tête avec une attention soudainement totalement concentré sur, semblait-il, son odorat. Il se mit à renifler le sol et je vis du coin de l'œil Slydr qui relevait la tête. Cette expression... Je la reconnaissais. C'était la curiosité. J'avais su la lire sur sa tête de volatile la première fois que nous nous étions rencontré et je prenais une plaisir non dissimulé à la revoir, même si cette fois elle était imparfaite. Imparfaite car calquée non pas sur un homme mais sur un animal : Yshäel. Et si Slydr affichait cette curiosité, c'était qu'elle était suffisamment forte pour l'intéresser. Par extension, ce qui éveillait l'intérêt du Sirif m'intéressait. Sans hésiter, je suivis le Thêor.

Celui-ci continua de renifler devant lui et je le suivais avec attention. Un instant, il tourna la tête vers moi avant de continuer. Visiblement, il s'amusait de me voir suivre ce qu'il faisait. Il faut dire qu'il était assez rare qu'il détache son attention en ma présence... Il fallait que ce soit vachement intéressant pour cela. Et il n'y avait qu'une sorte de chose qui l'intéressait plus que moi : son ventre ! Si le Thêor squelettique était en train de renifler dans tous les sens, c'était probablement parce qu'il avait sentit l'odeur d'un cadavre. Et il devait être appétissant, qui plus est, pour qu'il en sente l'odeur d'aussi loin, car il se dirigea droit sur l'Allée des Brumes. Quand nous arrivâmes à une des nombreuses entrées du labyrinthe de ronces, lui comme moi, et Slydr par extension, eûmes un mouvement de recul. Mais il semblait qu'il était confiant en ce qu'il faisait puisqu'il s'élança finalement quand même. Et en effet, il savait puisqu'il avait visiblement deviné que son déjeuner était proche d'ici.

L'instinct animal du reptile ne le trompa pas et, en quelques détours, nous arrivâmes devant une scène des plus surprenantes... Une femme, visiblement toute de rouge habillée, qui dépeçait un bête plus grosse qu'elle. Yshäel lança un sifflement perçant qui était la manifestation spontanée de sa contrariété. Il fallait dire que ce n'était pas un animal très combatif. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle les Thêors étaient des charognards. Ils auraient bien été incapable de tuer une créature eux-même. Et visiblement, ce qu'il s'était imaginé comme son déjeuner, était déjà prit. Il vint se réfugier derrière moi et me tourna le dos en battant de la queue dans les airs. Je pris plaisir à imaginer ce que cela voulait dire. Quelque chose comme : « C'est inintéressant car déjà prit, désolé... Bon ! On s'en va ? ». Mais moi, j'étais intéressé. Entre autre par le fait que cette étrange personne traînait ici. Bien sûr, elle n'était pas la seule ! Nombre de créatures traînaient dans le coin. Mais les êtres qu'il fallait éviter avaient la fâcheuse tendance, en ce lieu inhospitalier, à assumer un aspect repoussant ou au moins effrayant. Cette jeune femme n'était pas à sa place en ces terres... Enfin... Pas en temps que criminelle ou monstre, en tous cas...

Contre toutes les attentes d'Yshäel, je me mis à continuer d'avancer à travers les haies de ronce pour m'approcher. Slydr avait le cou tendu. Il essayait, à n'en pas douter, de capter les émotions de l'étrangère.

Je me devais de m'arrêter assez loin d'elle, si je ne voulais pas l'effrayer. Elle avait beau ne pas ressembler à une créature offensive, elle pouvait tout à fait posséder de quoi se défendre... Les femmes Taiji étaient les preuves vivantes d'une telle affirmation. Si je ne voulais pas lui faire peur et me prendre un sort imprévu en pleine face, il valait mieux ne pas la surprendre en étant dans son espace vital. Malgré cette réflexion, je m'aventurai à la limite du raisonnable et le Sirif sur mon épaule fut obligé de croasser en battant des ailes pour me signaler qu'il était temps de m'arrêter. Aussitôt, je m'immobilisais. Il était certain, à présent, qu'elle avait remarqué ma présence, suite au cri de l'Oiseau noir des Enfers.

- Bonjour ! lançais-je nonchalamment.

Soudain, je vis ce qui aurait du me sauter aux yeux bien avant : cette femme n'était pas n'importe quelle femme ! C'était la Dullahan que j'avais rencontré durant la guerre de l'Antre des Damnés ! Celle-là même à qui j'avais ordonné de tendre un piège efficace et qui avait réussi avec l'aide d'un magicien, retournant significativement la situation des deux armée.

Sauf qu'elle ne semblait pas me reconnaître... C'est à ce moment que je vis qu'en vérité il y avait quelque chose de troublant chez elle. Car malgré qu'elle sembla identique à la femme de mes souvenirs, elle n'avait pas la cicatrice sur le cou qui aurait dû témoigner de son état de Dullahan...

- Qui êtes-vous... lançai-je immédiatement, dans la continuité de ma pensée, sans remarquer un seul instant que je posais une telle question sans m'être moi-même présenté ce qui était un manque flagrant de galanterie...

Blabla inutile :

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Sam 26 Juil 2014, 08:39

Les mains toujours plongés dans la viande fraîche, je m'attelais désormais à l'emballer soigneusement dans du gros sel pour la conserver jusqu'à mon retour au Château. Je ne comptais pas devoir chasser toutes les semaines et piéger ces pauvres bêtes innocentes à chaque fois uniquement pour nourrir mon petit puma. En soupesant ma besace, il me sembla déjà avoir collecté deux kilos de chaire, mais ce n'était pas suffisant. Hors, il était assez difficile de savoir ce qui était véritablement mangeable dans le corps du cervidé que j'avais tué. L'abattre n'avait pas été une chose facile, et j'avais du faire appel à mes illusions et mon contrôle des émotions afin de l'immobiliser suffisamment pour pouvoir lui enfoncer mon couteau dans le cœur, pour lui donner le coup de grâce sans lui procurer une quelconque forme d'angoisse. Bien que donner la mort m'était devenue... facile, cela n'en restait pas moins un grand moment et entendre le dernier souffle d'une créature restait pour moi une source de tristesse infiniment grande. Une vie s'achevait... peut être pour qu'une nouvelle puisse commencer, mais elle se terminait tout de même, et ce n'était pas rien. Et depuis la guerre qui avait sévit, j'éprouvais une sorte d'admiration pour tous ceux qui se battaient pour leur survie, même parfois en sachant ce qui devrait les attende de l'autre côté. Encore que très rares étaient les personnes au courant du cycle que les Ombres avait pour tâche de préserver, celui de la réincarnation des âmes. Les livres, eux, ne nous décrivaient que comme de simples tueurs, ce que j'avais fini par comprendre que nous n'étions pas.

Des bruits de craquements de branches non loin de moi attirèrent mon attention, mais je fis mine de rester concentrer sur les entrailles du cervidé, ma magie tout du moins activés. Des bruits de pas s'élevèrent et semblaient se rapprocher. Je savais que je ne craignais rien ici, et que de toute façon, une personne qui me voudrait du mal ne s’approcherait pas ainsi de front. Il arrivait régulièrement que des personnes se perdent, que ce soit dans le labyrinthe ou dans l'Antre des Damnés, et j'étais toujours disposée à les guider. Je laissais donc l'étranger se rapprocher encore, lui et sa créature que je n'arrivais à identifier, mais qui se fondait parfaitement dans le paysage. Une question se fit alors tout naturellement dans mon esprit... la chose qui l'accompagnait faisait-elle partie de ce lieu ? Pourtant, j'avais toujours crus qu'il était impossible de dompter la faune des environs... Il me faudra penser à le lui demander un peu plus tard, quand il aura entamé la conversation.

Mais contre toute attente, ce fut un simple "bonjour" nonchalamment lancé qui parvint à mes oreilles. Je m'attendais à tout, sauf à ça, et le doute que cet homme puisse me connaître se fit. Je plantais mon couteau dans la cuisse du cadavre pour me remettre sur mes jambes et lui faire face, quand son ton changea radicalement pour me demander qui j'étais. La politesse ne semblait pas son fort, mais je ne devais me montrer trop exigeante vu l'état dans lequel je me trouvais. Sa question était étrange... il lui avait semblé me connaître, puis s'était ravisé. Et il n'y a qu'une personne sur terre que l'on pourrait confondre avec moi. Ma sœur. D'autant plus que durant les derniers mois, elle avait enfin retrouvé sa tête... pour la reperdre quelques temps plus tard, pour notre plus grand malheur à toute les deux. Je lui souris par politesse avant d'entamer la conversation, essuyant mes mains sanguinolentes dans un torchon que j'avais apporté à l'occasion. << - Vous devez probablement me confondre avec ma sœur, Melody ! Je suis son ainée d'un an, Milady. Enchantée. >>. Je lui tendis alors la main, redevenue à peu près sèche de tout liquide rouge, avant de poursuivre sur des banalités qui pourtant m'intriguais. << - Que venez-vous faire par ici ? Et si je puis me permettre, comment avez-vous connus ma petite Melo ? >>.

Puis j'aperçus du coin de l’œil son animal qui lorgnait ma proie morte. Je le soupçonnais alors d'être un charognard et n'allait tout de même pas le priver d'un bon repas ! Sans savoir si il me comprendrais, je l'invitais d'un geste de la main vers la carcasse, m'en éloignant de quelques pas afin de lui laisser le champ libre. << - Sers-toi ! J'ai fini. >>. Une personne normale aurait probablement eut peur de son apparence, mais moi qui connaissais les êtres vivant dans le labyrinthe, je pourrais même le trouver mignon en comparaison. Et puis il faut dire que j'aimais énormément les animaux, peu importe leur allure. Je me retournais vers mon interlocuteur pour plonger mes prunelles vertes dans les siennes, attendant une réponse. Et à ce moment, un étrange sentiment de déjà vu m'envahit, que je chassais pour le moment d'un revers de la main...

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Mer 30 Juil 2014, 00:27

Je ne m'étais pas trompé ! Enfin pas tout à fait. Cette femme n'était pas celle que j'avais rencontré à la guerre pour le Royaume des Abîmes mais elle lui ressemblait et ce n'était pas un hasard. J'avais donc rencontré sa sœur. Milady... Melody... Ces noms ne me disaient rien et pourtant... Ce visage, ces expressions, ces mimiques... Cette façon si délicate et en même temps expéditive de se frotter les mains sur son torchon... J'avais déjà vu tous cela quelque part mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur l'endroit, le moment, la personne ! Un moment fouillant dans ma mémoire, je me rendis vite compte que non seulement je ne trouvais pas, mais en plus ce temps que je marquais commençait à devenir et suspect et impoli !

Fort heureusement, cela avait été de courte durée et je doutais qu'elle l'ait véritablement remarqué. Constatant sa main tendu, je marquai un temps cette fois significatif... J'avais horreur de ce contact qui se voulait amical... Toutes les trahisons commençaient par une poignée de mains, preuve de l'hypocrisie de notre monde. Ecem devait en rire du haut de son Royaume doré emplit de la Vérité infinie...

Finalement, je me décidais à répondre à cette invitation, ne désirant pas froisser mon interlocutrice, même si j'étais certains que ce petit moment de vide avait fait passer son message. Serrant sa main avec délicatesse, comme si la mienne n'avait été qu'un coup de vent.

- Enchanté, lâchai-je avec un sourire légèrement amusé. Je suis Romulus Eternam.

J'avais été suffisamment perturbé à mon goût. Il était temps que je me décide à reprendre contrôle de la situation avant que ce malaise me soit trop désagréable. Et rien de mieux pour cela que de me lancer dans un jeu ! J'eus une pensée pour Lumi qui avait été victime d'un de ceux-là. J'étais joueur. Non pas pour le jeu lui-même, contrairement à certains qui se complaisaient totalement dans ce type de distractions, mais parce que mes jeux à moi offraient des situations inédites que je prenais généralement comme des expériences aux résultats plus qu'intéressants !

Elle fit un signe à Yshäel, lui indiquant qu'il pouvait se servir. Mais celui-ci leva la tête dédaigneusement avant de lâcher un sifflement étouffé caractéristique de sa race reptilienne que je traduisais volontiers pour un « non merci, je ne mange pas de ce pain là ! ». J'aurais bien ris, mais j'aurais alors du expliquer à mon interlocutrice et je n'étais pas certain d'y parvenir sans la vexer tant je comprenais ce que ressentait mon Thêor en ce moment. Il fallait dire que les cadavres ne manquaient pas en ces terres et encore moins aux côtés d'un nécromancien comme moi!

Il fit deux pas en arrière, afin de bien assurer sa réponse et, pour de ne pas laisser l'attention de la jeune Milady s'attarder sur cet événement, je commençai à répondre à ses questions.

- J'étais en train de ressasser de vieux souvenirs... J'ai rencontré votre sœur non loin de là, à l'heure de la Guerre du Royaume des Abîmes qui a eu lieu il y a maintenant quelques mois. Je ne vous cache pas que j'espérais la trouver en ces lieux, ignorant tout à fait comment la retrouver autrement... Les voies de la magie sont bel et bien impénétrables puisque c'est vous, sa sœur aînée, que je rencontre aujourd'hui.

Je jetai un rapide regard à Slydr. Il n'exprimait aucune émotions. Strictement aucune. J'avais donc affaire à la seule créature sans sentiment qui pouvait exister en ces lieux : une ombre... Inutile qu'elle sache que j'avais en ma possession une telle information pour le moment.

Mais le jeu devait à présent commencer.

- C'est endroit dangereux pour une jeune femme comme vous... Il est préférable de ne pas rester trop longtemps immobile dans ce genre de lieux dangereux. Venez, suivez-moi. Il nous faut bouger. m'exclamai-je en tendant le bras vers l'intérieur du Labyrinthe.

Nous étions proche de la sortie et je savais encore où elle était mais nul doute que en nous enfonçant de la sorte dans cet enchevêtrement de ronces aux cul-de-sac innombrables, j'allais me perdre. Heureusement, je savais compter sur l'endurance et l'intelligence d'Yshäel pour retrouver rapidement la sortie s'il en était nécessaire. Cela n'était pas si sûr dans le cas de Milady... Et c'était dans cette situation de stress constant que je voulais la placer pour qu'elle dévoile une part de sa personnalité qu'elle n'aurait jamais révélée autrement. Bien sûr, je ne m'attendais pas à ce qu'elle se mette à angoisser ! Le stress ici allait se traduire sans nul doute par une simple attention constante et divisée afin de faire dérouler le fil d’Ariane qui, dans sa tête, devait lui permettre de retrouver son chemin si elle en avait besoin, et en même temps de suivre la conversation qu'elle allait tenir avec moi...

Elle sembla vite de mon avis et je me demandai un instant si les ombres connaissaient l'Allée des Brumes avec précision, ce qui n'était pas improbable. Tant pis. Si c'était le cas, il faudrait faire avec...

- Vous m'avez dit vous appeler Milady... ?

Je laissai volontairement la phrase en suspens, sous-entendant explicitement que ma question concernait son nom de famille.

- Vous avez souvent l'habitude, comme ça, de chasser dans un endroit aussi hostile ? demandai-je encore.

- D'où venez-vous ? Accepteriez-vous de me conduire à votre sœur?

Ce visage... C'était vraiment perturbant...

- Vous alliez quelque part, par ailleurs ? Oh Aetheri tous puissant, nous nous sommes beaucoup trop enfoncé en ces lieux, fis-je mine de pester, dans une prestation d'acteur qui me semblait assez réaliste, restant en accord avec ma personnalité, par ailleurs, puisqu'il s'agissait d'avoir l'air simplement exaspéré par la situation. J'ai bien peur d'être incapable de vous aider à retrouver votre chemin ! Je serais bien incapable de retrouve ne serait-ce que le mien... Vous avez une idée?

Fishou ! :

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Mer 20 Aoû 2014, 20:47

De nouveau sur mes deux jambes face à cet étranger, je nettoyais précautionneusement les tâches de sang apparentes sur ma peau pâle. Je jetais un coup d’œil à la carcasse du cervidé en me demandant si je ne devrais pas lui offrir une sépulture descente avant de me raviser. Les charognards aux alentours allaient se faire un plaisir de venir ici faire place nette après mon départ. Mes yeux émeraudes se fixèrent alors dans celle de mon interlocuteur et je me figeais pour une étrange raison. Romulus Eternam... Ce nom ne m'était pas inconnue et pourtant, je ne parvenais à en découvrir l'origine. Pire encore, un certain malaise s'installa vicieusement en moi, comme pour me mettre en garde de chercher à en savoir d'avantages... Il me suffirait pourtant d'utiliser ma mortelle clairvoyance sur lui... Je tendis la main en avant une nouvelle fois après qu'il me l'ait serré par politesse, ayant encore besoin à mon niveau d'un contact physique avec la personne pour activer ce pouvoir... et fut encore plus surprise de constater que je tremblais. Ravisant rapidement mon geste en plaquant mon poing serré contre ma poitrine, je me mordis la langue en espérant que cet homme qui me mettait dans tous mes états n'en tiendrait pas rigueur. Bon sang... qui était-il ? Je l'écoutais d'une oreille distraite répondre à ma question quand à sa rencontre avec ma sœur. Melody m'avait brièvement parlé de ce combat mais ne s'était pas attardé sur ce qu'elle avait pu y faire et je ne me serais jamais permis de lui poser quelque questions. Ce qui m'étonnait en revanche est que ce Romulus ait désirer la revoir. Au vue de ses derniers changements de personnalités, je devais bien être la dernière personne sur terre à supporter sa compagnie, et j'y étais obligé de part ma promesse envers elle et notre lien de sang. Tout ceci était bien étrange et je pouvais aisément en déduire que cet homme là ne devait pas être le plus doux des anges... Mais alors que ma conscience aurait du me dire de le fuir à cet instant, ma curiosité envers cet être prit le dessus sur ma raison. Je voulais découvrir le pourquoi de ce désagréable sentiment que je ressentais en me remémorant son nom de famille...

C'est alors qu'il me fit une proposition qui aurait pu me faire sourire si je n'avais compris vers quel lieu ce dernier se dirigeait. Le Labyrinthe ? Était-il fou ? Ne connaissait-il pas les légendes de cet endroit et sa dangerosité pour un vivant ? Je me retins de justesse de le regarder avec de grands yeux ébahis et ne pu m'empêcher de lui rétorquer la vérité tout en lui emboitant le pas. « Sachez que les apparence sont parfois trompeuse et que je ne suis pas la plus fragile créature de ces lieux. » Je ne me devais pas de lui dévoiler ma nature d'Ombre, cela je ne le savais que trop bien. En revanche, il ne devait pas se mettre dans l'idée qu'il était mon chevalier servant ou tout autre forme de protecteur qu'il aurait pu adopter. Au moindre danger et à la moindre attaque des monstres qui peuplaient ces lieux, il serait le seul qui risquerait d'y perdre la vie... La mienne m'a quitté il y a deçà quelques années maintenant. Et par ma faute. Dans le meilleur des cas pourrais-je lui éviter de souffrir en faisant de lui l'un des nôtres... Ce que je ne souhaitais pas le moins du monde. Je le suivais, marchant à deux pas d'écart de son corps, ayant rendu le mien impalpable pour la commodité de l'endroit. « Madley. Milady Madley. Je vis sur le Continent du Matin Calme. » Lui donner quelques information ne pourrait compromettre ma véritable identité et brouillerait ainsi les pistes. Une Ombre ne peut "exister" dans nul autre endroit que le Royaume des Abîmes. Il semblait curieux de ma personne, ou bien se forçait-il à échanger avec ma personne selon ce que la coutume veut. Décidément, ce Romulus devait être un illuminé pour venir se promener dans l'Allée des Brumes puis déambuler au cœur du labyrinthe le plus mortel au monde uniquement dans le but d'échanger quelques mots avec la sœur d'une femme qu'il a rencontré... A moins que Melody n'ai eu un fort impacte sur lui, je décidais donc de le considérer comme un fou.

« J'ai un jeune animal ailé en ma possession qui en demande. En tant que parent, il est de mon devoir d'assurer à son bien tant qu'il n'est pas en mesure de le faire de son propre chef. » Évidemment qu'en temps normal, jamais je ne me serrais adonnée à une telle activité. Et décidément mon étrange compagnon de route posait beaucoup trop de questions à mon goût et ne me laissait à peine le temps de lui répondre. Un mensonge... Je me devais de lui mentir, bien que cela ne m'enchantait guère et éveillait en moi un sentiment de culpabilité que je côtoyais si souvent... « Actuellement je loge à Megido et si vous souhaitez revoir ma sœur, je vous demanderais dans un premier temps de m'en donner la raison. Comprenez qu'un homme désirant revoir une femme au point de se rendre dans ce lieu... ressemble à s'y méprendre à un amoureux transit. » A mieux y réfléchir, cette hypothèse que je venais de formuler sur le vif me semblait relativement réaliste... Alors notre cher Romulus devait fort apprécier la douleur pour s'éprendre de la Dullahan... Un fou. Oui, cet homme était fou. Et plus le temps passait, plus nous nous enfoncions à l'intérieur des hautes murailles de ronces. Par chance, je connaissais suffisamment les lieux pour en connaître la sortie, mais ce n'était pas le cas de l'illuminé... Je soupirais assez bruyamment pour lui signaler volontairement un sentiment d’agacement que je venais de me créer, propice à l'occasion. « Et bien... Malheureusement, je ne connais absolument pas cet endroit et vous faisait confiance pour ce qui était d'en ressortir. Après tout, c'était votre idée de vous y rendre. » L'observer tenter de retrouver son chemin était un bon moyen de le garder le plus longtemps possible auprès de moi jusqu'à ce que je puisse découvrir qui était-il vraiment.

En revanche, je craignais bien plus qu'il ne soit affecté par les effluves des fleurs qui parsemaient les murs de ronces et ne cède à la folie ou aux hallucinations. Je me trouverais alors dans l'obligation de le pousser à se donner la mort comme je du le faire autrefois. Ce serait vraiment regrettable... Je m'arrêtais alors quelques instants et déchirais, quoique difficilement, un pan de ma robe pour le lui tendre. « Par contre, je connais la réputation de ce lieu. Évitez de respirer la brume si vous ne voulez pas finir comme ces nombreux cadavres que nous avons croisés en chemin. » Je fis de même afin d'accentuer l'illusion que je suis ce que je ne suis pas. La nuit était déjà bien avancé et les créatures immondes qui régnaient en maître ici ne tarderaient pas à montrer leurs crocs... Subtilement, je lançais dans l'une des allées qui nous guiderait vers la sortie l'illusion de traces de pas dans le sol et les lui montrait. « Regardez, il semble que nous ne soyons pas les seuls humains ici. Suivons ces traces. » J'entendis alors distinctement le grognement d'une bête qui ne devait être qu'à quelques mètres de nous, caché par l'une des haies... Vite, il fallait faire vite et quitter cet endroit ! Je pressais vivement le pas, espérant que Romulus me suive...

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Mer 27 Aoû 2014, 22:27

Sa main...

Qu'est-ce qui n'allait pas ? Qu'est-ce qui clochait avec ces deux sœurs ? Elle avait avancé sa main, l'espace d'une fraction de seconde, avant de la retirer. Normalement je n'aurais pas du remarquer un détail aussi insignifiant... Je n'aurais pas pu ! Mais ce mouvement. Cette fluidité... Avec qui pouvais-je avoir été familier au point que des mouvements tel que celui-ci m'aient marqués et que je puisse les assimiler à ceux de Milady aujourd'hui ? Plus je cherchais, moins je trouvais...

Madley ? Me mentait-elle ? J'en avais l'impression. Pourquoi les noms Milady et Madley me donnaient l'impression de ne pas aller ensemble ?

Tandis qu'elle me répondait, j'enchaînai sur d'autres questions, profitant du temps ou elle répondait pour réfléchir sans avoir l'air absent et donc incorrect. J'étais perturbé, ne trouvais pas la solution, mais au moins, cela ne se voyait pas...

Ainsi, elle vivait sur le continent du Matin calme... C'était à la fois probable et en même temps incorrect. Pourquoi un habitant du continent du matin calme se serait aventuré dans un endroit aussi dangereux dans l'unique désir de chasser de la chair fraîche pour son animal de compagnie ? Non... Je savais qu'elle devait probablement résider à l'intérieur du Royaume des Abîmes. Mais elle se devait de me le cacher et c'était mieux qu'elle ne sache pas tout de suite que je n'ignorais pas sa nature d'ombre. Pas encore... < /d>
« En tant que parent ». Il valait mieux être sourds que d'entendre de pareilles inepties. Nul être ne peut être le parent d'un animal d'une autre espèces, celles intelligentes étant mises à part. Ne serait-ce que parce que quand on est étranger à un être, on apprend autant de celui-ci qu'il apprend de nous. Or l'enseignement dispensé par un parent n'est qu'à sens unique normalement. C'est ce qui fait son autorité. Si l'enfant se met à douter des connaissances de son parent, celui-ci ne peut plus lui apprendre correctement... J'avais entendu tant d'erreurs de la bouche des autres que je ne pouvais qu'acquiescer en silence, bien que n'approuvant pas ces paroles. Il n'était pas de mon ressort que d'apprendre la vérité à ceux qui n'étaient pas prêt à l'entendre et rares étaient ceux qui m'avaient convaincu de leur aptitude à une telle chose.

Elle m'annonça vivre à Mégido. Le mensonge devenait un peu gros. Peut-être qu'il y avait du vrai, dans ce qu'elle disait, mais il y avait sans nul doute du faux aussi. Histoire de semer le doute dans son esprit, je me permis de lancer d'un air vague :

- Mégido, hein ? Comme le monde est petit. Il m'arrive d'y passer pour rendre visite à un ami. Je lui parlerai de vous ! Qui sait, des fois qu'il vous croiserait dans les ruelles dangereuses de la capitale des Orishas...

Un amoureux transit ? M'avait-elle bien regardé ? J'avais tout sauf les airs d'un homme aux prises avec la maladie de l'amour... En revanche, elle avait posé une bonne question. Pour quelle obscure raison cherchais-je à ce point Melody Madley ? La curiosité était une grande qualité, selon moi. Mais nombre de personne pensaient qu'il s'agissait d'un détestable défaut... Je ne pouvais désespérément pas lui servir cette réponse. Une seconde, cependant, me vint en tête. Je tentai le coup. Peut-être serait-elle convaincu par cette version des faits !

- J'ai donné quelques ordres à votre sœur lors de la bataille. Il ne s'agissait pas de la diriger mais puisque notre armée était en déroute, j'avais tenté et réussis à nous unifier et nous organiser. En quelque sorte, ce que votre sœur a pu faire ou voir n'a été que le résultat de mon commandement. Je ne sais que trop bien à quel point la guerre peut-être une expérience traumatisante. Elle est peut-être en ce moment même perturbée par ce qui s'y est passé et ne s'en rend pas compte. J'aimerais la voir, histoire de discuter avec elle et éventuellement l'aider à reporter sur mon dos ses frustrations. Je me sens en quelque sorte dans l'obligation d'accompagner ceux qui ont accepté de m'obéir durant cet affrontement jusqu'au bout... On peut mourir d'une guerre autrement que par la lame acérée de l'ennemi... Et ce, même quand on est déjà mort une fois...

J'avais déclaré tout cela sur un ton calme et grave. Je me sentais des allures de professeur ou de médecin, expliquant des symptômes invisibles aux yeux de ceux qui n'ont pas les qualifications ou bien enseignant le sens des responsabilité à un enfant... Mais la jeune Milady n'était pas vraiment une enfant. Elle devait avoir... deux ans de moins que moi ? À peine.

J'avais joué le jeu à la perfection. Visiblement, je l'avais si bien joué qu'elle en était exaspérée. Elle n'avait pas imaginé un seul instant que je puisse lui mentir ; ou si elle l'avait fait, elle n'en montrait pas l'ombre d'un signe. Mais l'effet recherché ne fus pas concluant. Elle n'était pas en état de stress. Elle était simplement énervée. Ce n'était pas tout à fait ce que j'attendais...

- Évitez de respirer la brume si vous ne voulez pas finir comme ces nombreux cadavres que nous avons croisés en chemin.

- Oh ceux-là... répondis-je évasivement en appliquant le morceau de tissu sur mon visage.

En vérité, deux de ces cadavres nous suivaient dans l'ombre. Elle ne pouvait pas les voir puisqu'ils nous suivaient de loin. Moi, je n'avais pas besoin de le voir, je sentais mes deux sombres moi les manipulant. Deux. C'était mon maximum jusqu'alors. Je ne pouvais donner vie qu'à deux morts en même temps. Cela restait un avantage certain face à une créature seule. Face à plusieurs en revanche... Tout de suite, l'avantage diminuait.

Soudain, je vis Yshaël, à mes côtés, lever la tête avec inquiétude et Slydr se mit à s'agiter sur mon épaule. La seconde suivante, un grognement menaçant se fit entendre autour de nous sans que nous puissions le reconnaître. C'est ce moment que choisi Milady pour me présenter des empreintes de pas comme s'il s'agissait de notre salut.

Au même instant, je me rendis compte de ma bêtise. Comment une ombre pouvait-elle éprouver du stress ? C'était strictement impossible ! D'autant plus que la mort n'était plus une menace sérieuse à ses yeux. J'eus l'impression de prendre un coup sur la tête. Tout ce danger prit pour rien... Quel idiot je pouvais être, parfois !

- Ne suivez pas ces pas, m'exclamai-je à l'attention de le jeune femme Madley. Mon Theôr saura nous faire sortir de ce labyrinthe de manière plus sûre.

Au moment où je disais cela, je fis un signe de la main, comme pour leur dire de venir, avant de faire approcher mes sombres moi. Ainsi, elle comprendrait qu'il s'agissait de mes zombies et non de potentiels adversaires. Tant pis pour l'effet de surprise. De toute façon, elle ne m'avait pas l'air dangereuse - bien que j'eusse su qu'il s'agissait d'une erreur que de me baser sur les impressions seulement.

Mon activité avait soudain doublée. Mes deux marionnettes vinrent se poster près de moi, selon ma propre volonté. Écartant les bras, je lançai à voix basse : « Servantes ». L'instant suivant, un serviteur sortit de ma propre ombre, ainsi que son titre le laissait vous entendre pour qui savait précisément de quoi il s'agissait. Il avait revêtu des habits de vagabond pour l'occasion. Je n'y tenais pas particulièrement, mais j'appréciais que mes serviteurs de l'ombre soient à l'image de la situation. Sortir du contexte est d'une indiscrétion non désirable.

- Yshä ! On s'en va !

Le coup de tête et l'impulsion que je donnais à mon corps suffit à l'aider à comprendre le sens de ma phrase et il partit dans un petit trot, avançant à bonne distance de nous, histoire de prévenir le danger. Slydr partit de mon épaule dans le but de survoler le labyrinthe. Il était d'une intelligence sans égale et avait compris encore plus vite que le Thêor ce que je voulais. À eux deux, il ne nous faudrait pas plus de dix minutes pour retrouver notre chemin.

Déjà, le grognement s'éloignait. Nous avions probablement semé la créature. Rien n'assurait qu'elle ne revienne pas à la charge en nous traquant, mais il étai certain que mes deux animaux de compagnie travaillaient à prévenir à cette éventualité.

- Désolé pour ce contre-temps, dis-je simplement. Il était idiot de ma part de tenter de jouer avec les nerfs d'une Ombre...

On y était. J'avais brisé en l'espace de quelques minutes tous mes coups d'avance. Oh bien sûr, il me restait quelques tours dans mon sac, mais un grand nombre de mes secrets avaient été révélés en l'instant présent. Cependant, ce n'était pas non plus une erreur en soi. Car révéler autant de chose pouvait, et je l'espérais bien, la mettre en confiance et je tenais vraiment à parler avec Melody...


:(:2:):

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Dim 31 Aoû 2014, 08:37

Cet homme commençait véritablement à m’exaspérer, et je me demandais si le tuer ici et maintenant ne serait pas la solutions la plus facile… Mais certains grands sages nous racontent que souvent, la facilité n’est pas la meilleure voie à emprunter. Romulus avait refusé de suivre la direction que je lui offrais, et le voilà maintenant que ce dernier m’annonçait de but en blanc être au courant de ma nature d’Artiste de la Mort. Et ceci était fort fâcheux. Personne ne devait connaître notre nature, et la rumeur courrait dans tout le Royaume des Abimes que bientôt, plus personne ne se souviendrait de nous et qu’il nous faudra nous armer de ruse afin que notre existence reste secrète… Et voilà qu’un parfait inconnue, qui ne me le semblait pas tant, m’annonçait cette vérité comme si de rien n’était. Je m’arrêtais alors net, cessant de suivre cet être sortit de l’ombre, son volatile et son étrange créature à l’allure démoniaque. Il suffit. J’avais quelques petites questions à lui poser et quelques petites choses à mettre au clair. Cet individu avait bien trop de connaissance à mon goût, et la raison qu’il m’avait donné de son désir de retrouver ma sœur allait assez mal de paire avec sa nature de femme sans scrupule.

D’une voix forte, j’entamais les festivités, encore dos à lui. « Stop. Si je vous entends encore une seule fois parler de ma véritable nature, je serais dans l’obligation, au mieux de vous tuer, au pire de vous faire des nôtres. » Il ne me laissait pas d’autres choix et devait apprendre que la curiosité pouvait parfois nous conduire à des situations fort regrettables. Ile me fallait ensuite régler cette question de Melody, car il était absolument hors de question que je le conduise à elle, même dans le cas où j’aurais en ma possession sa localisation actuelle. « Je me suis bien gardée de réagir véritablement à vos élucubrations, mais sachez que l’image que vous semblez avoir de ma sœur est bien loin de la vérité. »

Pourtant, quelque chose m’avait interpellé dans ces paroles… Jamais au grand jamais la nouvelle Melody n’aurait accepté de recevoir un quelconque ordre, encore moins d’un représentant de la gente masculine qu’elle détestait tant... Oui, c’était une certitude. En revanche… celle qu’elle était avant l’aurait fait sans trop se poser de questions, uniquement dans le but ultime de sauver des vies. Je ne savais absolument pas ce qui était arrivé à ma petite sœur durant ces derniers mois de chaos, alors il était naturel que ce maigre espoir se crée en moi… « Attendez… par tout hasard, et puisque vous devez connaître son secret… avait-elle… ma question peut paraître étrange mais… avait-elle… sa tête ? » Ma tête se pencha sur le côté alors que mon doigt se posa sur ma lèvre inférieure. J’avais toujours pris cette mimique quand j’attendais une réponse qui m’intéressait fortement.

Mais déjà, les grognements de la créature se faisaient entendre à nouveau. Bien entendue qu’elle n’aurait pas abandonnée l’optique de se faire un bon repas aussi vite… Les occasions de dévorer de la chair fraiche étaient plutôt rares en ces lieux. En revanche, il me restait quelques mystères à élucider quand à ce Romulus, et il était hors de question qu’elle fasse de lui son diner. D’un doigt autoritaire, j’intimais l’ordre à ce fou de ne pas entamer sa réponse à mes questions. « Un instant je vous prie. » Puis je tournais les talons et alla à la rencontre du monstre qui nous, enfin, LE traquait. Cela me laissait également un peu de temps afin de réfléchir à la raison de cette étrange sensation que je ressens à ses côtés… Il m’agace, me chamboule, sais mes secrets… tout indique que je devrais le tuer. Et pourtant, même si je lui en avais fait la menace, cette petite chose en moi me criait la vérité. Je serais bien incapable de le blesser. Je marchais alors la tête basse, perdue dans mes pensées, lorsque je me rendis compte que je venais de traverser un corps… vertical… « KYYYYYYAAAAAAAHHHHH » Le cris de surprise était partit malgré moi, car je m’entrainais depuis un moment déjà à ré adopter des réactions des vivants, alors que je me retrouvais nez à nez avec des cadavres ambulants. C’était donc là le pourquoi Romulus avait réagit d’une étrange façon lorsque je lui avais parlé des morts… J’avais à faire à un nécromancien. Décidément, ce garçon était très intéressent…

Mais les Aetheri n’avait réellement pas envie de me laisser une seule seconde de répit, car le monstre affamé de viande fraîche n’était à présent plus qu’à quelques mètres de moi. Pendant un instant, l’idée de lui donner ces deux zombies me traversa l’esprit, mais je m’en gardais bien, trouvant que cela serait relativement déplacé d’offrir à diner les armes principales de Romulus… La bête devait être l’un des nombreux malheureux qui s’était retrouvé prisonnier de ce lieux et transformé par lui… Pourvu d’un de pattes de mygales géantes surmontées d’un torse, ses longs doigts se terminaient en griffes acérés, prêtes à déchiqueter un corps. Mais ce qui lui donnait d’avantage un air effrayant était sa bouche qui n’était pas sans me rappeler celles des lamproies et ses yeux entièrement remplis de noirs. Et il avait faim… M’ignorant totalement, il se rapprochait des deux délicieux cadavres derrière moi… et je devais agir, par principe. Activant ma magie, je m’imaginais une viande sanguinolente et bien rouge… un tas de viande… assez pour la nourrir, elle et ses sœurs… puis je laissais le flux s’échapper de mes mains et la nourriture apparaître au sol, à un mètre de moi. La pauvre affamée se jeta dessus tel un cadeau des dieux, et j’en profitais pour faire demi-tour, retrouver ce pauvre homme que j’avais laissé seul… en espérant qu’il n’ait fait aucune autre rencontre impromptue de son côté…

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Mar 02 Sep 2014, 22:50

Finalement, ce n'était pas si idiot que cela. Ombre ou pas, elle travaillait comme tous ceux et celles de sa race à masquer son identité et cela passait tout d'abord par une habitude à simuler des émotions, si bien qu'elles finissaient par avoir l'air naturelle. Le stress était monté et elle révélait une partie d'elle-même que je n'avais pas forcément prévu mais qui était intéressante, bien qu'un peu puérile...

Ma phrase, par ailleurs, visiblement, l'avait choquée. J'aurais voulu lui répondre qu'il avait été naïf de penser que j'avais défendu le Royaume des Abîmes en ignorant qui étaient ceux qui bénéficiaient de cela, mais je m'abstins. C'était mal venu et si j'avais appris une chose en côtoyant les gens les plus communs, c'était qu'il valait mieux offrir à l'autre ce qu'il voulait dans la mesure du possible et ne pas s'opposer à lui pour le plaisir. Elle désirait que je n'en parle plus, alors je n'en parlerais plus...

Elle m'avait menacé de mort, mais je ne me sentais pas plus en danger qu'à l'accoutumée... En fait, je doutais que les ombres aient plus de pouvoirs sur nous, êtres mortels, en dehors du moment fatidique. Bien sûr, elle pouvait me combattre et je ne pensais pas que cela lui soit interdit, mais, si mon heure n'était pas venue, alors elle n'aurait pas plus de pouvoir sur moi que n'importe qui... Ce qui ne la rendait pas moins dangereuse mais j'étais sur mes gardes, comme toujours.

Je passais donc outre cette affirmation creuse. Creuse car quiconque envisageait de tuer sa victime ne s'amusait pas à la prévenir. Moi-même n'avais jamais eut à annoncer à l'avance mes intentions malsaines à l'égard de mes victimes.

En revanche, l'envie de tuer me revenait... Je ne pouvais malheureusement pas m'adonner à une telle atrocité devant l'ombre. Elle était gardienne de la mort, certes, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'elle cautionnait ou appréciait ceux qui se permettaient de mettre fin à la vie d'un individu sans en avoir reçu le don des Aetheri. Il était inutile de la rendre encore plus méfiante à mon égard. En revanche, si je parvenais à trouver une victime qui méritait la mort, peut-être parviendrai-je à tuer sans effrayer la jeune ombre.

Elle m'annonça enfin que je connaissais mal sa sœur. Instinctivement, je passais une main sur mon front en soupirant d'exaspération. Mais je me gardais de lui répondre qu'il était évident que je ne connaissais pas sa sœur puisque c'était la raison pour laquelle je voulais la rencontrer...

Je cherchai à lui répondre quand je vis son visage changer d'attitude. Elle réfléchissait et visiblement la conclusion était pour elle troublante. La question qui en découla me donna matière à réfléchir.

Sa sœur était une Dullahan, je le savais. Mais lorsque je l'avais rencontré, elle avait effectivement toute sa tête - au sens propre comme au sens figuré, d'ailleurs... Si elle me demandait cela, c'est que ce n'était pas une habitude. Ainsi, Melody Madley était à l'accoutumée une Dullahan sans tête... J'avais entendu parlé de ce genre de phénomènes. Les morts, durant les derniers événements, avaient subis toutes sortes de métamorphoses liées à la disparition de la magie. Ainsi, les Dullahan devaient avoir retrouvé temporairement leurs tête. Est-ce qu'elle pouvait être différente sans sa tête ? Oui. Certainement.

Mais Milady Madley ne me laissa pas répondre. Elle voulait avant tout se charger du monstre qui nous - ou plutôt me menaçait... En fait...

Certains se seraient offusqué d'être laissés en plan de cette façon. Moi, je n'en étais pas plus gêné que cela. Au contraire. Quiconque me proposait un moment de solitude m'offrait un cadeau, en quelques sortes.

Je tournais la tête en arrière et vis Yshäel qui me jetait un regard déconcerté. Je me mis à imaginer ce qu'il cherchait à me dire.

- Oui... Elle est un peu étrange, je suis d'accord.

Yshäel me lança un gargouillement en secouant la tête. J'acquiesçai avec amusement avant de rétorquer :

- Et un peu naïve, je sais... Mais les gens qui sont capable d'accepter la vérité telle qu'elle est sont rares et je serais bien orgueilleux si je disais que c'était mon cas !

Yshäel me lança un regard soudain assez sérieux. Il jeta un coup d'œil en arrière avant de revenir à moi. Le message semblait si clair... Mais je n'avais pas confiance en mes propres capacités à comprendre les animaux. Ils étaient si différents des hommes... Si... Naturels... Malgré cela, je répondis quand même :

- Non... On reste. Elle m'intrigue, vois-tu ? Elle a quelque chose... Milady Madley... Je n'arrives pas encore à comprendre, mais il y a quelque chose que je dois découvrir et je ne peux pas m'empêcher de vouloir la réponse. Dis-moi. Tu en penses quoi ?

Yshäel sembla me lancer un regard étonné. Finalement, il me lança un sifflement en levant la tête.

- Je trouve aussi. Un peu jeune aussi. Mais c'est vrai, elle est assez intelligente.

Alors, il fit une roulade sur le côté, ratterrissant sur ses pattes, toujours face à moi. Je me mis à sourire - sûrement un faux, comme d'habitude...

- Oui. Aussi. Un peu excentrique. Elle semble avoir un mental un peu instable. À la fois avenant et en même temps méfiant... Tu crois que c'est de ma faute ?

Yshä, cette fois me lança un regard sérieux avant de souffler en baissant la tête. J'avais l'impression qu'il s'agissait d'un soupir d'exaspération. Il avait raison. Je devais me rattraper. J'avais semblé trop étrange... J'avais finalement été trop naturel. Mais il fallait que je garde en tête que cette ombre pouvait me mener à sa sœur... Si je voulais voir Melody Madley, il fallait que je sois plus... comme tous le monde... Avec Milady.

Soudain, j'entendis un cri. Me retournant, je constatai que la jeune femme venait de découvrir mes zombies. Ce qu'elle pouvait être naïve, vraiment... Je pensais les avoir révélés plus tôt que cela. Il fallait croire qu'elle n'y avait pas fait attention du tout.

La surprise passée, elle ne sembla pas effrayée plus que cela et prit le temps de faire usage d'un de ses pouvoirs pour offrir à l'immonde créature qui nous poursuivait un gros morceau de viande.

- Et compatissante, avec tout cela... lançai-je à l'attention d'Yshäel.

Je sentis Slydr qui approchait, battant calmement de ses grandes ailes. Il se posa sur mon épaule et les referma. Je lui avais demandé de trouver la sortie, mais il avait bien vu que j'avais arrêté de le suivre. Cela ne lui posait aucun problème. Il savait suivre le fil de mes émotions avec son don et donc comprendre le pourquoi de ce changement d'avis. Enfin, la jeune ombre revint vers moi.

Calmement, j'écartai le bras vers le côté du couloir de ce labyrinthe où était Yshäel. Je lui offris un sourire apaisant avant d'annoncer d'un ton posé et avenant :

- Dame Milady Madley, suivez-moi, je vous prie. Je vous révélerais ce que vous voulez savoir. Puissions-nous sortir de cet endroit malsain en même temps, si vous le voulez bien.

Nous reprîmes notre marche, tranquillement, vers la sortie de l'Allée des Brumes. Yshäel dirigeait mes pas. De temps à autre, il levait les yeux pour voir Slydr qui, de haut, lui confirmait la direction à prendre.

- Oui, annonçai-je de but en blanc. Votre sœur portait sa tête sur ses épaules lorsque je l'ai rencontrée. C'est d'ailleurs pour cela que je vous ai confondu avec elle, tout à l'heure.

Je pris le temps d'écouter ce qu'elle avait à me répondre. Puis, j'ajoutai :

- Je ne m'imagine rien, à propos de votre sœur, vous savez ? Je ne l'ai rencontré qu'un moment, en temps de crise. Je ne prétendrais nullement la connaître. Dans le temps que nous avons partagé ensemble, une telle chose est strictement impossible. Je n'ai fais que reporter sur elle une réaction que j'ai su constater sur d'autres. Mais je ne saurais assurer mes paroles sans l'avoir vu avant cela. Maintenant, si vous ne voulez pas me la présenter, je ne vous y forcerais pas. Cela n'aurait aucun sens.

Nous finîmes par arriver au bout du labyrinthe. Je vis Yshäel sortir et m'apprêtai à passer entre les buissons de ronces à mon tour. Je pris à peine un peu d'avance sur l'Ombre et soudain, alors que je venais de dépasser les odieuses plantes qui composaient l'Allée des brumes, quelque choses m'atterrit dessus. Impossible de soutenir un tel poids. Je m'étalai de tout mon long. C'était décidément pas mon jour, aujourd'hui.


Quand je relevai la tête, je constatai la masse qui était en train de se remettre debout rapidement. C'était un bélua. Forme humanoïde, il présentait pourtant la musculature, la fourrure et le visage d'un Khelatàr. Il portait même un short noir, qui semblait un peu serré pour lui...


La seconde suivante, je vis ce qui était responsable du vol plané qui avait fait atterrir ce gros bélua sur moi. C'était un animal comme on en trouvait facilement dans l'Antre des Damnés. Une créature qui semblait porter le crâne d'une autre sur la tête. Le corps d'un félidé, la musculature fine et imposante. Yshäel avait des pattes plus robustes, mais, du reste, il n'aurait pas fait le poids face à cet animal. Il y avait autre chose, cependant... Bien que musclé, cet animal ne semblait pas plus fort que le bélua. Il y avait quelque chose qui se cachait. Un pouvoir insoupçonné...


Je me relevai lentement tandis que le bélua, encore emplis d'adrénaline, se précipitait contre la créature. Me relevant prestement, je me précipitai vers Milady. Attirant son attention, je lui fis signe de me suivre et nous nous tînmes à bonne distance du combat.


- Restez avec moi. Annonçai-je à l'ombre.

Je me doutais qu'elle voulait plus d'explication. D'un signe de tête, je désignai l'étrange créature devant nous.

- Vous voyez ce félin ? Il y a quelque chose qui cloche avec lui. Il semblerait qu'il possède un pouvoir particulier. Autrement, il ne pourrait pas battre le bélua. Comme nombre de membres de sa race, ce-dernier fonce tête baissé, poussé par son instinct, sans faire attention à ce genre de « détails ». Laissons les se battre un moment, le temps de comprendre de quoi il en retourne. Nous aurons tous le loisir d'agir quand il en sera temps, mais pas maintenant.

J'espérais sincèrement que l'ombre allait suivre mon conseil. Pas seulement parce qu'elle risquait sa vie - ou sa mort... Je ne savais pas bien comment décrire son état encore atteignable malgré ce qu'elle avait tendance à croire - mais aussi parce que j'espérais bien pouvoir étudier cet animal avec attention. Je sentais clairement l'intérêt monter en moi...

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Mar 09 Sep 2014, 21:13

Un rêve. Oui, si ma raison ne me rappelait pas qu’il m’était impossible de rejoindre le monde des songes, j’aurais juré que je me trouvais au beau milieu d’un cauchemar loufoque tant la situation devenait grotesque. Voilà maintenant, après m’avoir invitée à me promener « gentiment » en sa compagnie au cœur de l’un des lieux les plus dangereux de cet univers, que Romulus me conviait poliment à le suivre afin de s’extraire de cet endroit qu’il, je cite, appelait « malsain ». En plus d’être fou, cet homme n’avait aucun scrupule à se montrer totalement dépourvue de bon sens et de logique… Pourquoi diable être venue sur le territoire de créatures toutes plus sombres et dangereuses les unes que les autres pour lui si ce n’était que dans le but de discuter un peu ? Sa folie me semblait voguer sur une vague d’idiotie mais je me gardais bien d’en faire la moindre remarque, me contentant de lever exagérément un sourcil vers le ciel avant de lui emboîter le pas. Oui, soit ce nécromancien était à la fois dénué d’un esprit sain doublé d’un manque cruel de neurones fonctionnels… soit… ce dernier m’avait conduit ici dans le seul but de me mettre face à de multiples situations et de m’analyser. Pour le moment, je décidais d’entrer dans son jeu et de le suivre le plus calmement du monde en direction de la sortie du Labyrinthe. « Bien volontiers, non pas que cet endroit et ses habitants puissent menacer ma « vie ». »

Il se décida alors à répondre à ma question posée un peu plus tôt, avant que je ne m’éclipse nourrir son poursuivant, et c’est non sans surprise que je reçus sa réponse. Melody avait donc bel et bien récupéré sa tête durant les derniers mois… et si je ne l’avais toujours pas revue depuis, cela signifiait au mieux qu’elle soit toujours en sa possession, au pire qu’elle s’était remit en quête de la recouvrer. Dans les deux cas, ma relation avec ma chère petite sœur risquait de fortement évoluer lors de nos retrouvailles, et cela n’était pas des plus enchanteur. De plus, cette indication de la part du sorcier me permettait de mieux comprendre l’attitude première qu’il avait eue en me donnant sa raison vaseuse de vouloir la retrouver. La Dullahan avait du retrouver son ancienne personnalité durant ce temps, celle de la petite fille amoureuse de son prochain et prête à tout pour défendre la veuf et l’orphelin. Une image de ma sœur bien loin de l’actuelle, à n’en point douter. Mais l’heure n’était pas encore à la réflexion, et je me devais de remercier cet illuminé qui venait de m’être utile comme il se doit. « Merci de cette information, elle m’est précieuse. Ma sœur est quelque peu… complexe à comprendre mais aussi à côtoyer… » Et j’ajoutais malgré moi, à mi-voix… « … surtout sans sa tête… et je me demande bien si elle l’a finalement définitivement récupérée… »

Mon guide d’infortune attendit patiemment ma réponse puis me sembla tenter de se justifier de son obsession à vouloir rencontrer Melody… Décidément, ce dernier ne me semblait point des plus habile dans sa façon de s’exprimer et finalement, je lui trouvais un petit air simplet et innocent, à simplement s’imaginer qu’un schéma qu’il a vu se reproduire sur plusieurs personnes était une généralité.  Je ne pus m’empêcher de me créer un sourire amusé alors que je lui répliquais par ma façon de voir les choses. « Chaque être vivant a sa propre façon de réagir aux aléas de la vie vous savez. Et vous semblez oubliez que vous parlez tout de même d’une jeune femme qui a vécue sans avoir de tête. Plus grand chose ne l’impressionne vous savez… » Et ce n’était que la pure vérité, bien que je me gardais de lui signaler que la vie de ma chère petite sœur était bien loin des contes de fées que nous contait notre nourrice lorsque nous étions enfants… Melody n’avait rien d’une princesse et l’homme qu’elle avait été contrainte d’épouser était plus proche de la vilaine sorcière que du prince charmant… Tant d’épreuves traversées sans que je ne sois à ses côtés, à ma place, là pour l’épauler et l’aider, comme le devrait une sœur… Je baissais le regard un instant, perdue dans mes sombres pensées… Tout son malheur n’était que fruit de mes erreurs… Et plus encore maintenant, je trouvais ma situation être une punition bien méritée…

Nous arrivâmes alors enfin à la sortie de ce Labyrinthe, et je jetais un dernier regard en arrière sur nos poursuivants qui au fil de notre balade, étaient désormais bien nombreux. Mais je savais pertinemment qu’ils ne passeraient pas la barrière de ronce, et après avoir murmuré un petit « désolée » malgré moi, compatissante à leur situation malheureuse, je traversais aussi les plantes agressives. Parfois, avoir un corps fantomatique avait du bon… Mais à peine eussè-je retourné mon regard à la recherche de Romulus que je le retrouvais étalé au sol, un étrange animal que je reconnue comme un bélua affalé sur lui. Mais dans quelle affaire c’était-il encore retrouvé celui-là ? Je commençais à croire qu’il serait bien plus sage de l’abandonner sur place, mais cela me ferait au mieux, un cadavre de plus sur les bas, au pire, une Ombre à laquelle j’aurais manqué de donner naissance. Je l’observais d’un regard impassible se relever mollement alors que l’homme bête se lançait dans un combat contre une étrange créature à la carrure de félidé et pourvu d’un ossement sur son visage. Romulus se précipita alors vers moi et m’invita prestement à m’éloigner de la scène d’une rare violence qui se déroulait sous nos yeux… Et le discours qu’il me tint ensuite fit un peu plus penché la balance vers l’un de mes avis sur cet étrange sorcier…

Oui, il fallait être bien fou pour désirer rester ici à les observer, même si je comprenais peut-être mieux que quiconque ce qui le poussait à agir ainsi. La curiosité, ce trait de caractère de famille que nous avions Melody et moi, et qui était souvent bien plus développée que chez d’autres individus. Je le laissais donc faire, en profitant mois aussi pour observer la scène. Il est vrai que quelque chose était intriguant chez ce félin… Il portait un crâne après tout… « Portait » Ce détail de ma réflexion attira mon attention et je décidais d’en faire profiter mon collègue. « Dites-moi, connaissez-vous beaucoup d’espèces animales qui se vêtissent ? Ce félin semble clairement porter un crâne… et ce comportement n’est absolument pas naturel. Nous avons affaire à une créature intelligente… Très intelligente… C’est fascinant. » Le bélua, quand à lui, semblait avoir de plus en plus de mal à tenir face à son adversaire, qui multipliait les attaques avec une certaine forme de grâce… et beaucoup de ruse… L’homme-félin allait perdre, et cette révélation réveilla en moi mon instinct de Grande Faucheuse. « Pardonnez-moi, mais je ne peux laisser passer une telle occasion… Veuillez fermer les yeux quelques instants je vous prie. Ce combat s’achèvera dans quelques secondes. »

Ceci dit, je m’approchais d’un pas serein vers le champ de bataille, et activait ma magie de toute sa puissance, me focalisant sur le bélua. Premièrement, lui donner un sentiment profond de désespoir, qui se matérialisa lorsque je le vis chercher un moyen de fuir. Il me fallait l’acculer dans ses derniers retranchements... J’activais ensuite une simple illusion, qui me fit multiplier le félin au crâne… seulement des yeux de l’homme bête… Et celui-ci commença à jeter des yeux affolés tout autour de lui, se sentant prit au piège, la mort prêt à le cueillir… J’intensifiait mes illusions sur lui tout en tâchant de calmer les instincts de l’autre félin, qui semblait quelque peu effrayé par l’aura sombre que je dégageais… J’avançais, d’un pas lent, vers ma proie, ce pauvre petit bélua… cette Ombre qui allait naître… Il tremblait, les yeux révulsés de terreur, alors que je le plongeais dans le noir… Puis je lui plaçais dans ma main mon couteau, cette arme qui m’avait ôté la vie… De plus en plus proche de son corps musclé, je me penchais à son oreille, et murmurais de simples mots… « Tu vas mourir. » Et cette simple phrase fut comme si je venais de lui provoquer la plus douloureuse des décharges. La peur de mourir était une arme magnifique ! Splendide ! Et je le regardais alors avec des yeux émerveillés s’enfoncer mon cadeau du destin en plein dans son cœur. Je stoppais alors net mes illusions, prise par une certaine forme de fatigue à chaque fois que j’usais trop de mon pouvoir.

Le bélua gisait là, au sol, se vidant de son sang… Attiré par l’odeur, les instincts du félin au crâne reprirent le dessus sur sa frayeur qui le tenait jusqu’ici à l’écart. Tout s’était passé sans un bruit, en une fraction de seconde… Je venais… d’enfanter… une nouvelle Ombre… Et je savais que bientôt, de douloureux remords s’empareraient de mon âme, mais pour l’instant, je parvenais à les garder à l’écart… Je retournais donc aussi simplement que j’étais partie, m’approchant de Romulus en me figeant un sourire qui se voulait amical sur le visage… Et j’espérais quelque part au fond de moi que ce fou eut la bonne idée d’obéir à mes recommandations et n’avait rien vue de ce qui venait de ce produire… Mais le problème avec les personnes ayant perdue leur bon sens, c’était qu’elles étaient totalement imprévisibles…

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Ven 12 Sep 2014, 00:07

 « Inutile de me remercier ! » pensai-je immédiatement.

Il ne s'agissait pas là d'une information intéressante pour moi. Je n'aurais eu aucune raison de la cacher... Cette femme pensait-elle que je manquais de logique ? Car il fallait être déficient dans ce domaine pour retenir ainsi la vérité sans raison.

J'étais presque indigné. La naïveté de Milady m'étonnait constamment. Ainsi, elle croyait ne pas craindre pour sa « vie » ? Avait-elle seulement idée de la puissance de la magie ? Avait-elle eu l'occasion de voir un Ridere exterminer une âme, la réduisant à l'état de néant plus que n'importe quelle mort n'aurait su le faire ? De par leur situation, les ombres étaient visiblement bien confiante... Pourtant, un adepte de la magie noir comme moi aurait su expliquer à quel point les pouvoirs du Dieu originel sont capables de faire bien pire que de tuer...

Je fus tenté un moment de lui expliquer les raisons pour lesquelles je doutais que sa sœur ait véritablement récupéré sa tête, écho à ce marmonnement qu'elle avait lancé et que j'avais su décrypter dans ma tête. Mais j'étais las de lui être agréable et je n'avais aucun intérêt à lui faire partager ma façon de penser... De toute façon, je commençais à croire que notre rencontre ne menait à rien. Il était hors de question que je passe plus de vingt-quatre heures en la compagnie d'une ombre aussi naïve et nerveuse uniquement dans le but de comprendre d'où me venait un sentiment infime et incompréhensible... Des choses plus sérieuses m'attendaient ailleurs...

Elle tenta de m'expliquer doucement, comme on pouvait le faire avec un enfant, les raisons qui la poussait à trouver mes conclusions un peu hâtives au sujet de sa sœur... J'en étais exaspéré. Mais je savais me contrôler et je gardai devant elle un masque impassible. Mais en pensées, je soupirais... Que croyait-elle ? Que j'étais un enfant de cœur ? Un ange bien déguisé ? Un magicien à peine convertit ? J'avais vu mes parents mourir ainsi que tout ceux qui avaient désiré m'apporter leur aide. La réalité, Ecem lui-même, avait voulu m'ouvrir les yeux, me montrant que le bonheur n'était qu'une chose éphémère et douloureuse et qu'il valait mieux vivre en soi qu'à travers les autres... Si sa sœur avait vécu des choses au moins similaires, j'étais la personne la plus à même de la comprendre. Autrement, elle était encore bien loin de la véritable souffrance qu'était celle que l'on ressentait quand on ouvrait les yeux sur le monde...

Je pensais beaucoup mais ne disais rien... Ma vie ne concernait personne d'autre que moi. C'est dans le silence que nous passâmes le labyrinthe. J'étais perturbé et je ne savais pas quoi lui répondre, au risque de devenir désagréable, ce qui n'était pas vraiment mon intention... La seconde suivante, j'étais pris dans ce combat de monstres entre le bélua et l'étrange créature au crâne.

Je pouvais comprendre que mon comportement semble étrange à Milady et son silence face à la situation ne m'étonna pas. Après tout, il lui était difficile de savoir comment réagir... Devait-elle s'indigner et me proposer d'aider le bélua, au risque que je l'envoie balader ? Devait-elle se taire et me laisser faire... ?

Mais mon attention était déjà focalisée sur mon sujet d'étude et ce que pouvait faire à présent Milady ne m'était plus d'aucun intérêt. Elle aurait probablement pu se déshabiller derrière moi et prendre une douche que je ne l'aurais pas remarqué...

L'animal se mouvait de façon si étrange. Il attaquait avec ses faibles antérieurs et se dressait sur ses pattes alors qu'elles ne semblaient pas du tout adaptée à cela. Ces positions semblaient à s'y méprendre à celle d'une autre famille d'animaux, dont les mouvements étaient caractéristiques... Mais je n'arrivais pas à trouver laquelle...

Soudain, Milady prit la parole. J'en fus presque surpris, tant j'avais commencé à oublier sa présence. Ce qu'elle dit me sembla d'abord d'une évidence totale, jusqu'au moment où je notais la finesse de ses propos. Ils étaient dans la continuité de ma réflexion et c'était la raison pour laquelle cela ne m'avait pas immédiatement marqué, mais pourtant, c'était bien elle qui l'avait dit à haute voix, et non moi. Ce raisonnement était juste, autant que si cela avait été moi qui l'avait énoncé.

Je me retournai pour la regarder et j'imaginai aisément le sentiment incongru qu'elle devait ressentir, tant mon regard exprimait ma surprise. J'étais éberlué. En l'espace de quelques mots, cette femme était passée d'un être sans intérêt à une ombre supérieurement intelligente. Et s'il y avait bien une chose que je reconnaissais, c'était l'intelligence. Deux en fait. L'intelligence et la curiosité...

- C'est fascinant...

Ce mot. Jamais je n'avais entendu quelqu'un le prononcer de la sorte, excepté moi-même... J'en étais complètement abasourdit !

Mais soudain, j'entendis un bruit lourd derrière moi et mon attention fut de nouveau aspirée par mon sujet d'étude. J'observai à présent ce crâne que portait la créature... Il ne m'était pas inconnu !

[QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus] Ttedours

Posture bipède, usage des pattes antérieures pour attaquer, force démesurée, et ce crâne... L'évidence était sous mes yeux. Il s'agissait là des restes d'un membre de la famille des Ursidés. J'aurais été incapable de dire lequel, mais la forme et la posture de l'animal ne mentaient pas. Était-il possible que... Le crâne ! Bien sûr ! J'avais lu cela dans un livre à Prison. Le corps d'un mort possède une mémoire énergétique. Support de l'énergie physique, psychique et magique, il est le garant de ces trois composantes d'un être vivant et lorsque l'âme d'un défunt quitte le corps, elle les perds, abandonnant dans le même temps son existence. J'avais lu les travaux de quelques éminents Nécromanciens. Tous s'accordaient pour dire qu'il était peut-être possible de faire resurgir les énergies d'un corps. Cet animal, naturellement, savait comment s'y prendre. Instinctivement, il usait de ces restes conservés dans les crânes. Il possédait la force physique d'un ours, lui permettant ainsi de se lever sur ses pattes arrières, de projeter le puissant bélua comme s'il ne s'était agit que d'un morceau de bois encombrant... Il possédait aussi les énergies psychiques de l'ours, habitué à attaquer avec ses pattes avant.

Soudain, Milady parla de nouveau. Je ne la regardais pas, attentif au combat, mais ses paroles me parvinrent.

Inconsciemment je ressassai ses dires tandis qu'elle s'était mise en mouvement.

« Laisser passer une telle occasion... Fermer les yeux... Ce combat s'achèvera.  »

Pour une raison qui m'échappait, je me figurait soudain ce qu'elle allait faire. Il s'agissait d'une ombre et elle allait remplir son devoir et prendre la vie d'un des deux combattants...

Et il ne s'agissait sûrement pas de la créature au crâne...

Je fus soudain foudroyé, comme inspiré, et j'imaginai déjà la suite des événements. Levant un bras, emplis d'un élan de stupeur désespéré, je m'exclamai instinctivement :

- MILI ! NON !

Mais elle était déjà trop loin, elle m'entendait probablement pas, ou à peine et même si elle m'avait entendu, elle devait m'avoir ignorée... Non seulement je ne pouvais pas m'approcher sans devoir affronter la créature, mais en plus, mes paroles résonnèrent dans mes propres oreilles un moment.

Et je réalisai ce que j'avais dis...

Une étrange sensation me parcourait le ventre. Pourquoi l'avais-je appelé comme ça ? Et pourquoi ce nom me faisait-il cet effet. Comme si ce n'était pas la première fois que je le prononçai, comme s'il avait déjà une signification, avant que je l'eus prononcé ici...

Yshäel lança un sifflement et je semblai retrouver mes esprits. En le regardant, je vis que c'était bel et bien à mon intention qu'il avait fait cela. Il s'inquiétait pour moi, visiblement... J'aurais été bien inspiré de faire pareil, mais ma curiosité me dévorait et je ne voulais plus qu'une chose : comprendre pourquoi tant de mystères et sentiments tournaient autour de Milady Madley !

Levant la tête vers elle, je vis alors la dernière scène d'un acte funèbre se dérouler devant mes yeux. Le bélua affichait un visage terrorisé. Bien plus qu'on n'aurait pu l'imaginer, considérant le colosse qu'il était... Soudain, un éclair sombre parcouru son regard et Milady lui tendit un couteau. Elle était juste à côté de lui mais il ne semblait pas la voir. Il se saisit de l'arme qui devait lui paraître sortit de nul part et se l'enfonça en pleine poitrine. L'instant suivant, il s'écroulait, face contre terre...

Elle revint vers moi et afficha un charmant sourire. Visiblement, la mort ne semblait pas l'affecter plus que moi. Cependant, je n'approuvai pas ce qu'elle venait de faire. Pas du tout. Mais dans un autre temps, je me posais une question et me sentit presque obligé de la formuler à haute voix.

La fixant, je lui annonçai d'un air grave et une pointe de déception filtra dans ma voix :

- Cette mort n'était pas nécessaire.

Mon visage se détendit et la suite de ma réflexion vint.

- Cependant, continuais-je avec moins de gravité et plus de pragmatisme, vous ne me semblez pas être une meurtrière sans scrupules... Pourquoi l'avoir tué ?

Avant même qu'elle ait le temps de répondre, je la dévisageai avec étonnement tandis que la réponse me venait d'elle-même.

- Les Ombres ne sont pas des mythes impossibles, n'est-ce pas ? Elles ne sont pas non plus immortelles... Cette apparence de fantôme... C'est parce que vous êtes déjà mortes ! Et la différence entre un mort et une ombre...

Je revis le colosse se planter la lame dans le cœur, en pensée...

- C'est que les ombres se sont suicidées !

Et tandis que je réalisais la chose, je me demandais si Lux in Tenebris était aussi un pouvoir en mesure de créer des ombres ? Non... Impossible. Il ne s'agissait pas d'un véritable suicide car les morts victimes de ce sort étaient influencés par une partie de leur inconscient qui ressurgissait artificiellement... Ce n'était pas un choix donc pas un suicide. Et elle ? Comment était-elle morte ?

Soudain, mon regard revint sur l'animal qui continuait à me fasciner. Et ce que je vis me fit me déconfire... Devant moi, je n'avais plus une créature avec un crâne d'Ursidé sur la tête... J'avais un monstre, moitié Khelatàr, moitié créature des ombres, le crâne du bélua vissé à la place de l'ancien.

- Non...

L'exclamation était sortie toute seule... Cette créature avait immédiatement commencé à dépecé le bélua et avait récupéré sa tête au plus vite. J'allais devoir affronter une abomination, une créature mi-bélua, mi-animal sauvage...


[QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus] Crnedesmilodon

Je me préparais, commençant à rassembler autour de moi mes deux cadavres qui étaient restés à l'intérieur du labyrinthe. Je fixais la créature et elle le sentait. Elle me regarda à son tour et ses pattes fléchirent.

« Ça commence... pensai-je. Il capte les énergie psychique du bélua, puisant dans son intelligence humaine. Sans cela, il aurait tenté de m'intimider, comme l'instinct des animaux le dicte. Mais là...  »

Il savait que le combat était inévitable.

Il s'élança.

Écartant les bras, je m'exclamai :

- Servantes !

Mon ombre s'élargit et le serviteur de l'ombre en surgit. Habillé en majordome, comme à l'accoutumé, il prit rapidement conscience de la situation et tout en changeant de vêtements, optant pour du cuir d'aventurier, il leva un bras et la puissance magique de sa prison fut libérée contre le semi-Khelatàr qui était très proche de moi. Il fut projeté ; soufflé comme une vulgaire feuille de parchemin par le vent ; il alla s'écraser au sol, quelques mètres plus loin.

- Assures-toi qu'il ne s'approche plus.

Mes zombies se mirent alors en mouvement. Approchant de l'animal. Celui-ci fit quelques bonds sur le côté avant de frapper le premier de mes deux sombres moi. Je n'étais pas idiot, loin de là. Je savais qu'ils ne faisaient pas le poids face à ce monstre. Mais je comptais sur le nombre. J'envoyai un premier zombie et lorsqu'il était projeté, j'occupai l'animal avec le second.

Cette créature était un véritable fléau pour moi. J'aurais aimé utiliser le corps du bélua. Mais sans sa tête, c'était impossible. Il fallait un niveau de maîtrise exceptionnel pour faire mouvoir un corps mort sans sa tête...

L'animal était agile, fort et rapide. Mes zombies avaient pour eux la force, mais elle restait plus faible que la sienne, et la résistance. Les blessures ne leur faisaient rien. Mais soudain, il usa de l'énergie magique du bélua et transforma sa patte en celle bien plus dangereuse d'un Khelatàr. Je ne parvins pas à esquiver et il arracha la jambe de mon zombie. Tentant le tout pour le tout, j'envoyai le cadavre, à présent estropié, se jeter contre la bête. Il la lacéra, lui déchirant les entrailles. Mais cela n'affectait nullement le mort qui attrapa le corps de l'animal avec ses mains. Je me mis à serrer avec toutes les forces que ma magie pouvait donner à ces marionnettes. Soudain, je sentis une côte craquer. L'animal poussa un rugissement effroyable, égal à celui d'un véritable Khelatàr. Dans un élan de rage, il mordit à pleine dents dans le cou de son assaillant et lui arracha la tête. Malheur ! Mon zombie s'écroula. Plus rien ne le retenait en « vie »... Mais de cette perte, je tenais peut-être l'ouverture que je cherchais.

Mon second mort-vivant s'approcha de l'animal qui, fort de sa nouvelle intelligence, se jeta sur sa tête dans l'espoir de se débarrasser de lui de la même manière. Trop confiant en ses nouvelles capacités, il en oublia l'élémentaire et mon sombre moi projeta son poing en plein dans sa tête. Il était encore suffisamment rattaché à son instinct animal pour que ce coup ait un impact important. Il parvint en effet à amortir le choc en tournant la tête dans le sens du contact. Retombant, il fut cependant bien sonné et j'en profitais pour l'attraper. Le serrant de tout mes forces à travers mon cadavre ambulant, je le vis se débattre. Sa force était suffisante pour se débarrasser de mon zombie, mais pas assez pour que ce soit instantané. Alors, ce-dernier, sur mon ordre, serra de toute ses forces sur la cache thoracique de l'animal. De nouveau, il hurla à la mort et s'apprêta à donner un grand coup de patte sur les bras de mon zombie pour le faire lâcher. Mais j'avais déjà remarqué à quel point son instinct de survie était fort. Il m'avait oublié, je le savais à présent.

Brandissant un bras en avant, je susurrait, plus pour moi-même :

- Lux in Tenebris

La fumée noire jaillit de ma main, fusant à une vitesse ahurissante vers ma victime. L'animal parvint à se libérer de mon esclave décérébré, mais il ne se rendit pas compte du danger que je représentai et ne vit pas venir ma magie. Lorsqu'elle le frappa, il fut propulsé sur plusieurs mètres, s'écroulant au sol dans un spasme. Il était mort.

J'avais un nouveau jouet...

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Mar 16 Sep 2014, 00:30

J’entendis derrière moi les pattes du félins au crâne avancer dans la boue jusqu’au cadavre du bélua, alors que ce dernier devait probablement déjà renaître de la mort en tant qu’Ombre. Mais tout comme à mes débuts, il lui sera impossible de reprendre forme « humain » avant que son esprit ne se soit stabilisé. Et alors que je continuais à avancer en direction de Romulus, le visage en désaccord avec la scène qui venait de se produire, je ne pus empêcher mes pensées de s’égarer quelques instants. Cet homme venait de se suicider, ressentant une profonde terreur à travers chaque fibre de son corps. Mais j’étais entièrement responsable de ce résultat que beaucoup jugeront tragique. J’étais celle qui l’avait maudit et condamné à une existence douloureuse, sans espoir d’un avenir meilleur, ou d’un quelconque avenir de toutes les façons. Pourquoi agir de la sorte ? Pourquoi avais-je décidé de le faire l’un des notre ? Pourquoi lui ? Il n’était qu’un pauvre guerrier qui n’avait fait que suivre son instinct et s’était attaqué à un prédateur, qui s’était malheureusement avéré plus fort que lui. De quel droit avais-je décidé de son sort ? Simplement car cela se trouvait être le rôle d’une Ombre Grande Faucheuse que de détruire l’avenir d’une âme ? Je réfléchissais, le regard sombre, les yeux fixant le sol de terre battue sous mes pieds fantomatiques… et malgré mes efforts, la véritable réponse que je souhaitais entendre ne me venait pas. Je n’avais agis que par un étrange instinct, pensant uniquement à ce moment là que cette créature humanoïde pouvait devenir une Ombre, et que je ne devais pas laisser passer une telle chance de faire naître une consœur. Étais-ce sa force qui avait fait pencher la balance de mes principes en sa défaveur ? Peut-être pensais-je simplement au fond de moi qu’une personne naturellement forte le serait bien plus que d’autres face à notre Malédiction… Et nous avions besoin de nouveaux membres afin de mener à bien notre mortelle mission… Alors peut-être que oui… choisir une personne puissante afin que celle-ci devienne une Ombre lui laissait une vague lueur d’espoir, celui de parvenir à retrouver une raison d’être, à accepter notre tâche, notre nature profonde… A réussir là où j’échouais encore, incapable de me relever de mon passé, incapable de saisir réellement toute l’importance de l’existence de notre peuple, incapable d’assumer pleinement mon rôle sans en en pâtir une fois de nouveau seule, livrée à mes démons… J’étais une Ombre pitoyable…

Mon apparence changea légèrement alors que mon esprit se perdait dans les méandres de mes sombres pensées. Je perdais de ma consistance, devenait un peu plus le fantôme, un peu moins l’humaine. Et alors que je fixais une ligne de sang qui se frayait un chemin à travers les dénivelés du sol, entre mes jambes, je me rendis compte que l’emprunte béante qu’avait laissé mon couteau dans ma poitrine était de nouveau visible… Mais je m’en fichais, il n’y avait que ce Romulus pour me voir… Quelque chose en moi était en train de se briser, irrémédiablement, et je me demandais alors dans un sursaut ce qui pouvait bien arriver à une Ombre au cœur malade… si ce dernier était envahit par des ténèbres encore plus grandes que celles qui le meurtrissaient déjà… Était-il possible de s’en relever ? Risquais-je de disparaître ? Une Ombre ne pouvait pas mourir, puisque nous n’étions que des fantômes, mais les derniers évènements m’avait prouvé que les plus faibles d’entre nous avaient… disparus… et n’était jamais revenus… Étais-ce ce qui m’attendait si je ne parvenais pas à découvrir mon équilibre de vie ? Après tout, se fondre dans les ténèbres, se laisser absorber par elle, ne plus avoir de conscience, de corps, n’être qu’ombre sans être une Ombre… Avenir tentant que j’entrevoyais pour la première fois depuis mon réveil dans la cuisine de mon ancienne demeure… Après tout, je n’avais plus de maris, plus de vie, plus rien… Et alors que mon corps s’effaçait, que je regardais l’image de mes mains sous mes yeux vibrer, devenant par moment fumée noirâtre avant de reprendre une apparence réelle, un simple nom me ramena à la dure réalité. Melody.

Comme si son existence m’avait fait l’effet d’un coup de fouet, je relevais les yeux, fixant l’immensité du ciel à travers les branches mortes des arbres de l’Allée des Brumes. Oui, j’avais une sœur, Melody. Ainsi qu’une promesse envers elle, une mission à accomplir. Probablement mon dernier acte sur cette Terre. Oui, je ne pouvais pas encore partir. Je retrouvais brutalement mon corps d’humaine et ma cicatrice disparut, alors que cette révélation s’encrait dans mon esprit, à nouveau forte. Je me devais en tant que sœur de lui rendre cette vie qui lui avait été volée, cet avenir décapité, ce que je n’ai pas pu protéger et que je me devais de sauvegarder. Réparer mes erreurs du passé, me racheter, peu importe le prix. J’avais l’éternité devant moi pour cela. Et même si je savais parfaitement que cela ne me permettrait au grand jamais d’accéder à un autre état que celui que j’avais actuellement, mon honneur et le salut de mon âme torturée était en jeu. Peut-être alors que je finirais d’ici là par accepter ce que je suis et que je trouverais ma place parmi les gardiennes… Je l’espérais secrètement sans en être totalement consciente… Il était encore trop tôt à cette époque pour que je saisisse toute l’étendue du potentiel qui était en moi… Je ne l’avais pas encore rencontré après tout, cette personne qui allait me faire découvrir l’étendue de mes pouvoirs, la beauté d’un art pour lequel j’étais naturellement douée, et qui allait à jamais changer mon existence. Oui, il me fallait en ce temps laisser les années s’écouler comme elles le devaient, ne pas précipiter les évènements, continuer à souffrir, endurer toutes ces douleurs… jusqu’à ce qu’elles se transforment en une infinie sagesse et en une force inépuisable. Mon destin était déjà en marche, sans que je le sache.

Pour le moment, je me retrouvais à nouveau face à ce sorcier simplet, et ce fut avec une certaine angoisse, pourtant quelque peu attendu, que je découvris que ce monsieur avait probablement observé toute ma mise en scène. Je serrais machinalement mon poing, m’attendant à une réaction similaire à celle qu’avait eu ce jeune élémental, que je n’avais plus jamais revue. Et ces mots résonnèrent en moi tel des pics de glace, figeant mon corps, un profond duel se déclenchant dans mon esprit malgré moi, malgré lui. Le Sorcier avait compris notre plus grand secret. Une Ombre naissait uniquement après un suicide. Je restais le regard interdit, plongeant mes prunelles vertes dans ses yeux, incapable de me détacher de son visage. Devais-je le tuer pour avoir eu la finesse d’esprit de comprendre tout cela simplement en m’observant donner la mort ? Et la balance de mon point de vue sur ce Romulus bascula à nouveau fortement vers la folie. Ne l’avais-je pas pourtant mit en garde ?! Si, bien sûre que si… Et un éclair traversa la masse compacte et sombre de mes pensées lorsque je compris ce qui l’avait poussé instinctivement à outrepasser mes menaces. La curiosité, encore et toujours. Cette soif inextinguible de comprendre le monde et ses mystères, de tout découvrir, tout apprendre, tout savoir. Et encore une fois, je me surpris d’autant plus à me faire la remarque que je n’avais jamais rencontré un tel trait d’esprit chez une autre personne que Melody ou ma propre personne. C’était… troublant… intriguant… et ne faisait que renforcer ce voile mystérieux qui tournait autour de Romulus, ainsi que la liste qui commençait à se faire longue de ces étranges sensations qu’éveillait en moi le simple fait de l’observer et d’entendre sa voix. Il n’était plus question de le pousser à se supprimer, encore moins que quiconque pose ses mains sur lui. Pas tant que je n’aurais levé ce voile.

J’allais lui répondre, m’exprimer sur ces propos, contenant mon irrémédiable envie de le supprimer ici et maintenant, tout en sachant que j’en étais incapable, lorsqu’il lâcha une exclamation négative, alors que ces yeux regardaient par dessus mon épaule, là où se trouvait alors le félin au crâne. Ce dernier avait encore soif de chair et de sang, cela se lisait dans son regard, qui s’illuminait légèrement dans la luminosité sombre du lieu. Je me retournais alors afin de juger de la distance qui le séparait de Romulus, et c’est avec une demi-surprise que je constatais que le crâne qui était désormais sur sa tête n’était plus celui du précédent animal, mais celui du bélua…  « Il tire donc son pouvoir des crânes de ses ennemis… De plus en plus intéressent… » J’observais ses muscles saillants, son museau se relever en humant l’air, goûtant à l’odeur du Sorcier. Il allait attaquer, j’en étais certaine maintenant. Et je n’étais certainement pas sa cible… Je reportais en une fraction mon attention sur Romulus, alors qu’un étrange sentiment d’angoisse m’envahit. Certes, je ne voulais pas qu’il meurt afin de pouvoir découvrir ses petits secrets mais… ce que je ressentais alors s’apparentait plus à… Non, je n’arrivais pas à mettre mon doigt dessus, c’était encore trop encré profondément dans mon esprit. Et un dilemme se posa une nouvelle fois à moi, bien que le résultat était déjà tout trouvé. Entouré de ses deux cadavres, le nécromancien se tenait prêt au combat. J’avais là une occasion en or de découvrir un peu plus profondément ses pouvoirs, sa façon d’agir, ses réflexes de survie… et je décidais donc de ne pas intervenir… Tant que sa vie ne sera pas réellement en danger, cela allait de soit. Il était mon objet de curiosité.

« Pardonnez moi, l’intérêt que représente pour moi une occasion de vous observer vous battre est trop grande. Je resterais donc en retrait. » C’était une forme d’excuse que je me présentais plutôt personnellement qu’au sombre utilisateur de magie, me doutant que sa folie n’avait que faire de mon aide et qu’il devait probablement déjà m’ignorer. Mais à nouveau, cette angoisse étrange de le voir être blessé me repris, et sans m’en rendre compte, pour la toute première fois de mon existence d’Ombre, ma magie s’était activée d’elle même, prête à frapper le félidé si ce dernier se montrait un peu trop… entreprenant. Et le combat commença. Un majordome apparut de son Ombre, et je tachais de noter dans un coin de mon esprit la question qui me brûlait les lèvres, quand à savoir son origine. Il était apparut juste à temps afin de le sauver d’un assaut de la bête, mais ce fut lorsque je me rendis compte de ma position qu’un choc me secoua véritablement. Je me trouvais là, mon corps tendu vers Romulus, une main en avant comme si instinctivement, j’avais voulue me jeter sur lui et le sauver. Une peur effroyable me tordait mon âme de douleur, alors que je tentais de calmer mon esprit affolé. Pourquoi cette réaction violente pour un étranger  à qui je trouvais un manque total de santé mental ?! Quelque chose n’allait décidément pas avec ce sorcier, et à ma curiosité envers lui se mêlait une forme d’angoisse… que je me devais d’expliquer rapidement sous peine d’en perdre à mon tour la raison. Ce simple mot résonnait dans ma tête comme le marteau du forgeron sur son enclume. « Pourquoi ? » Il me fallait des réponses, tandis que je tentais de recouvrer ma sérénité en me concentrant sur le combat.

Récolter des informations sur ce que je voyais, puis les analyser et les enregistrer. Comme lors d’une des leçons que nous prodiguait notre nourrice. Un zombie à la tête décapitée devient inutile. Alors cela doit signifier que la présence d’un cerveau reste indispensable aux nécromanciens pour animer les morts… Bien. Une fumée noire qui jaillit des mains de Romulus et se dirige sur la pauvre bête enserrée par le dernier zombie, qui hurlait à la mort. Le corps du félidé qui est envoyé au sol puis se retrouve secoué de spasmes… avant de se relever. Une nouvelle marionnette venait de naître, alors que je parvenais à taire ma profonde angoisse qui m’aurait donné l’impression que mon sang pulsait dans toute ma boîte crânienne… si je possédais un corps de chair et de sang… Et je ne sais pourquoi, mais mon âme meurtrit, alors que la bataille était finit, s’approcha de Romulus, mes bras tendus en avant et écartés. Je tremblais, chose qui ne m’était jamais arrivé auparavant. Mon contrôle des émotions était totalement déréglé, comme si ma mémoire de vivante en avait prit les pleins pouvoirs désormais. Et je marchais, irrémédiablement attiré par le sorcier, comme un aimant. Alors que je croisais mon reflet dans une flaque d’eau, je me rendis compte que mon regard était allumé d’une sorte d’étincelle qui me donnait un air terrorisée. Nom d’un Aetheri, je ne parvenais pas à comprendre ce qui avait pu me mettre dans cet état là ! Et je continuais ma lente avancée, ma voix comme éteinte, incapable de prononcer le moindre mot. De la peur, oui, c’était ce que je ressentais si fortement… Et pourtant, je ne craignais absolument rien… Alors que m’arrivait-il ? Je fermais les yeux un instant…

« Romulus… » Étais-ce bien ma voix qui venait de l’appeler d’une toute petite voix ? Surprise, j’ouvris à nouveau mes paupières, avant de me rendre compte de la position dans laquelle je me trouvais… Mes bras fantomatiques entouraient le corps du sorcier, alors que je me retrouvais à sentir son dos contre mon torse… Mes pouvoirs m’échappaient, nous enveloppant, créant une illusion parfaite, des émotions parfaites, venues d’une autre époque… L’instant aurait du me paralyser de honte, mais bien au contraire, ce fut une vague immense de soulagement qui m’envahit, et je me surpris à soupirer… Mais que voulais bien dire tout cela ?! « Pardon… » A peine avais-je prononcé ce simple mot que toute ma magie cessa d’opérer… Ce qui venait de se produire était… Incompréhensible… Impossible…  Impensable… Je ne devais pas rester plus longtemps près de cet être qui me perturbait bien trop à mon gout ! Ne prenant pas de gants, je repris un corps totalement immatériel et traversais le nécromancien sans me poser la moindre question. Je devais rentrer au château, chez moi, me poser, réfléchir à tout cela, m’éloigner… Oui, m’éloigner vite et mettre le plus de distance possible entre nos deux âmes ! Je me maudissais d’avoir pris autant de risque par simple curiosité, alors que dés l’instant où je l’avais aperçus, mon instinct m’avait avertit du danger. Je filais droit vers le Royaume des Abîmes, allant jusqu’à oublier même qu’il m’aurait été plus simple de simplement voyager à travers les ombres, beaucoup trop perturbée par la scène qui venait de se produire…

Il ne me fallut que peux de temps avant de traverser le brouillard qui cachait l’entrée de notre monde, avançant mécaniquement. Une seule pensée chassait toutes les autres à cet instant. Fuir. C’était peut être lâche, mais il me fallait fuir. Et ne plus le revoir ! Je pénétrais alors au cœur des ruelles tortueuses, bordés par d’étranges maisons à l’architecture si particulière de notre peuple. Aucune ne se ressemblait vraiment, même si elles formaient ensemble une parfaite harmonie chaotique. Mais je ne faisais là que me rappeler les réflexions que je m’étais faite la première fois que je m’étais rendue dans cette ville. Tout était bon pour ne pas penser à ce qui venait de m’arriver… Je bifurquais mécaniquement, oubliant de saluer les passants, dans une petite ruelle étroite, et entrais sans même prendre la peine d’ouvrir la porte dans ma maison. J’avais récupéré tout le mobilier de mon ancien manoir au Quartier Résidentiel, ne pouvant me résoudre à le laisser pourrir là où il se trouvait. Les Ombres n’avaient pas réellement besoin de toit, mais posséder un chez-sois était l’une des actions de notre Reine afin de nous rendre la vie un peu moins difficile sur nos terres. Je me jetais alors sur mon lit, de tout mon long, enfouissant mon regard dans mon oreiller de duvet de corbeau. Et mon corps continuait à trembler, sensation provoquée par mes pouvoirs encore trop instables… Un seul visage hantait mon esprit, un seul nom. Romulus.

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Sam 20 Sep 2014, 01:16

Relevé d'entre les morts. Comme j'aimais cette expression. Elle avait tellement de sens pour moi. Les morts étaient enfoncés six pieds sous terre et même s'ils erraient peut-être, bel et bien debout, vacant sans but dans un monde noir et terrifiant, ils restaient enfoncés dans une lassitude probable, afin de leur faire regretter constamment la vie morne et futile qu'ils n'ont su rendre efficace. Et parmi ceux-ci, certains reprenaient vie, se relevant, reprenant existence et matérialité mais dans l'unique but de me servir.

La créature s'était écroulée de tout son long, mon trait noir atteignant son cœur et provoquant un arrêt cardiaque foudroyant. Mais aussitôt les derniers soubresauts passés, cette dernière l'avait enveloppé et son corps s'était relevé tandis que j'abandonnai mon autre cadavre. Je voulais absolument me concentrer sur mon sujet d'étude.

Avec la joie d'un enfant à la vue d'un nouveau jouet, je me mis à capter les sensations de mon sombre moi. Et l'animal, portant toujours le crâne du Bélua, se baladait trottinant sans but en cercle, pour mon plus grand plaisir.

Je sortis un petit carnet et commençai à noter mes observations. Apparemment, l'animal avait une agilité naturelle assez impressionnante. Sa queue, totalement féline, ne comportait strictement aucun os. Du muscle, rien que du muscle. Je notais aussi les os des membres. Complètements chiridiens. Nous avions donc affaire à un mammifère pur. Intéressant...

Ma dernière expérience était des plus fascinantes. Je fis lever mon zombie qui était retombé lorsque j'avais décidé de me concentrer sur mon sujet d'étude et avec les mains de mon second sombre moi, je retirai le crâne de mon premier. Je constatai avec étonnement le phénomène. Pas de tête ! La créature possédait une sorte de brume noire qui semblait s'échapper de ses épaules, vapeur vaseuse dans un atmosphère sans le moindre courant d'air. Mais la masse noire semblait assez compact, comme si quelque chose retenait le tout à l'endroit où le crâne devait être.

Je commençai à réfléchir au nom. Puisque j'avais découvert l'animal, il était normal que je le baptise, au risque que quelqu'un l'ait déjà fait. Mais soudain, je sentis une pression sur mon torse. Je réalisai que j'avais oublié complètement Milady, tandis que je m'étais concentré sur le combat puis sur mon étude. Et les bras qui serraient à présent mon corps étaient indéniablement les siens...

J'étais un instant choqué par ce que cette folle furieuse semblait avoir entreprit. Si elle espérait me faire tomber amoureux, c'était pure folie. Je ne l'avais jamais été et j'espérais me préserver de ce mal encore longtemps. D'ailleurs, les meurtres tels que celui que je venais de perpétrer - bien qu'on ne puisse pas vraiment parler de « meurtre » dans le cas d'un animal - étaient en quelque sorte mes médecines face à cette folie plus dangereuse qu'un cancer.

Mais j'avais beau penser cela, je ressentais pourtant quelque chose. D'un autre côté, j'avais l'intime conviction qu'il ne s'agissait là en rien d'amour... Mais si ce n'était pas ça, quelle était cette sensation chaude qui remuait mon estomac ? C'en était agréable. Tant et si bien que le choc de l'anormalité de la chose me perturbait !

Petit à petit, la colère m'envahit. Je ne supportait pas ce léger brin de bonheur qui se proposait de m'investir alors que j'avais abandonné cet espoir depuis bien longtemps. Et la rage se mit à étouffer le reste.

Je restais cependant interdit devant la situation. Je gardai à l'esprit que tout ceci avait une raison que je voulais comprendre et qui commençait même à me faire un peu peur. Si la violence se proposait à moi, j'étais incapable d'en faire appel pour autant et je me contentait de déchaîner ma colère dans un sifflement entre mes dents.

- Lâche-moi. Maintenant.

Elle sembla être touchée par mon ton puisqu'elle recouvra aussitôt un comportement correct. Me lâchant, elle s'excusa. Mais l'ombre était encore plus perturbée par ce qui se passait que moi. Complètement perdue, elle eut la réaction la plus prévisible du monde : elle s'enfuit, me traversant au passage.

Mais j'étais encore capable de réagir efficacement. Je ne comptais pas la lâcher d'une semelle ! Je sentais que nous approchions de l'aboutissement du questionnement qui m'avait poussé à rester à ses côtés. Il n'était pas possible qu'il m'échappe maintenant !

Vite ! Je me précipitai vers Yshäel, qui nous avait observé avec curiosité, tentant, je m'en doutais, de décrypter le comportement humain. Sautant sur son dos, je m'écriai :

- Suis-là, Yshä ! Ne la perd pas une seconde !

Le Thêor ne se fit pas prier et se lança à la poursuite de la jeune femme. Bien plus rapide qu'elle, malgré qu'elle n'eut pas à se servir de jambes, il la collait de près, tout en gardant quelques distance pour ne pas qu'elle nous remarque et tente de nous distancier.

Petit à petit, l'Antre des Damnés se recouvrit d'une brume inexplicable. Malgré moi, je me dispersai et ne fit plus attention à Milady. Mais Yshäel veillait pour deux et il ne la lâchait pas.

Autour de nous, le monde semblait s'être perdu lui-même. J'ignorai s'il nous serait offert de ressortir de cet espace semblant séparé de la réalité si jamais nous nous égarions. C'était pour ça qu'il ne fallait pas perdre l'ombre de vue. Hélas, ma chance tourna et alors que je n'avais pas encore réussi à détourner mon attention de ce lieu étrange pour me recentrer sur Milady, Yshäel la perdit de vue. Mais à l'instant où cela arriva, la vapeur qui avait semblé constituer l'intégralité du monde autour de nous se dissipa toute seule.

Nous étions sortit.

Nous avions perdu la jeune femme juste à la sortie de ce labyrinthe brumeux. C'était une bonne chose. Et je savais exactement où nous étions...

Si j'avais été une ombre et que j'avais essayé de fuir une situation oppressante, j'aurais fais pareil qu'elle : je me serais précipité dans le seul endroit où nul être vivant ne pouvait pénétrer en temps normal : le Royaume des Abîmes.

Enfin ! Je l'admirai pour la première fois. Et Yshäel semblait s'y plaire. En fait, il semblait même totalement dans son élément. Et ce fut probablement l'avis des autres ombres qui ne le fixaient pas lui mais bien moi avec un regard qui mélangeait stupeur, frayeur et désapprobation. Ils semblaient dire : « Tu ne devrais pas être ici... Ta présence ne pourra apporter que souffrance à notre peuple mais nous n'avons pas le droit de te chasser... Que devons-nous faire ?  »

Je me fichais pourtant royalement de l'avis de ces êtres qui ne pouvaient pas me faire de mal tant que la condition que ma mort soit venue n'était pas remplie. Du moins, c'est ce que j'avais cru comprendre en observant Milady... Mais elle n'était plus là...

D'un côté, j'étais en colère. J'avais été si proche de comprendre ! Et c'était à ce moment que j'avais échoué. Alors que je touchais au but !

D'un autre côté, je ne pouvais me résoudre à quitter cet endroit alors que nul autre être vivant n'avait eu la chance de s'y rendre...

J'aperçus ce qui, bien que je savais être dans un monde tout à fait différent du mien, semblait ressembler à nos tavernes habituelles. Bon. Je pouvais toujours m'y installer histoire de faire le point.

Descendant du dos du Thêor, je lui fis un signe pour lui faire comprendre qu'il était libre. Mais avant qu'il ne parte, je sortis ma dague. Le caressant tranquillement, j'enfonçai le plus délicatement possible la seringue du bout de mon arme dans une de ses veines les moins sensibles, qu'avec le temps je savais reconnaître, et commençait à en pomper le sang. La quantité était ridicule, je le savais, comparée aux dizaines de litres qui le parcouraient constamment. Dès que j'eus fini, je pris le temps d'éponger le sang qui fuyait encore un peu de l'endroit où l'aiguille s'était enfoncée, puis me relevai. Il ne se fit pas répéter ma proposition deux fois et se mit en tête de capter les odeurs qu'il pouvait sentir, s'éloignant progressivement.

À l'intérieur de l'auberge, personne... Il fallait croire que les ombres n'aimaient pas vivre dans ce genre de lieu public...

Enfin... Si ! Il y avait l'aubergiste, tout de même. M'asseyant au comptoir, je n'hésitai pas à demander une bière. Pourtant, je n'aimais pas ce genre d'alcool, de manière générale. Alors pourquoi une bière ? C'était une bonne question. C'était la première idée qui me passait par la tête.

Le patron me jetait de curieux coup d'yeux... Comme s'il voulait s'assurer que je ne bouge pas. En avisant un peu l'auberge, je me rendais compte qu'il y avait pleins de détails louches. Pas de scène pour d'éventuels artistes, certaines tables avaient trop de chaises, certaines pas assez... Et elle semblait propres. Extrêmement propres. Comme si personne ne les avait jamais utilisés... Et puis d'ailleurs... Pourquoi donc y avait-il une auberge dans un endroit où les étrangers n'étaient pas censés exister ?...

La réponse à ma question me vint en même temps que je reçus un solide coup sur la tête. Un noir complet m'envahit alors que je réalisai le guet-apens qu'avait été cette stupide mise en scène. J'avais été si distrait par ce après quoi je courrais que mon intelligence n'avait su fonctionner efficacement...

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Jeu 02 Oct 2014, 14:58

« - Roh ! C’est bien ma veine ça ! Un fils Eternam ! Et de deux ! », chuchota l’homme invisible depuis le coin mal éclairé d’une rue. Dinguo cherchait depuis plusieurs semaines une bonne âme charitable qui serait capable de le sortir du mauvais pétrin dans lequel il s’était fourré. Sorcier de son vivant, le savant fou en avait gardé un profond goût pour la création de potions et les expériences magiques de toutes sortes, le plus souvent aux résultats particulièrement farfelus et bien loin de ce qui était attendue ! Et voilà qu’aujourd’hui, même par delà la mort, cet homme excentrique qui s’était un jour suicidé pour « l’expérience », se retrouvait totalement invisible aux yeux de tous. Ah ! Le pauvre homme avait bien essayé de rechercher de l’aide auprès des autres Ombres présentes ! Mais la plupart d’entre elles étaient bien trop occupés par leurs malheurs pour prêter attention à une voix railleuse comme la sienne. Alors le savant avait essayé de kidnapper de malencontreux vivants qui passaient par mégarde près du Royaume, mais ces derniers avaient bien souvent trop peur pour se concentrer sur son problème et leurs cris l’agaçaient à un point qu’il finissait toujours par les relâcher… Mais aujourd’hui, il avait la chance d’avoir une occasion de s’emparer de l’intelligence de l’un des fils d’une grande famille ! Dinguo connaissait plutôt bien les Eternam… et gardait un agréable souvenir de sa dernière rencontre avec l’une d’entre elle. En effet, de son vivant et dans son jeune âge, le beau et talentueux sorciers avait eut la chance de rencontrer une incroyable femme qui lui semblait un peu semblable à lui ! Une grande dame passionnée qui œuvrait chaque jour à sa tâche ! Mais, hélas pour lui ! Une telle femme était bien trop indomptable, et il lui arrive encore parfois de tendre la langue afin d’attraper quelconque insecte, en souvenir de cette merveilleuse expérience batracienne qu’elle lui a fait vivre… «  Oh ! Pressons ! Pressons ! Il ne faut pas qu’il s’échappe ! » Le fou se précipita alors à la suite de son sauveur, se disant qu’il aurait bien tout le temps de se rappeler de son passé une fois le fils capturé.

Ne se préoccupant pas des passants, il traversa rapidement quelques personnes et accessoirement la rue, afin de se rapprocher de Romulus. Afin de piéger d’éventuels visiteurs, qui se faisaient plutôt rares cela dit, Dingua avait jouer de ses relations afin d’ouvrir quelques tavernes qui ressemblaient bien plus à un décors de théâtre. Le pauvre n’avait plus toute sa tête et même de son vivant, il passait beaucoup plus de temps à Prison que dans un quelconque endroit côtoyé par les vivants. De toute façon, ces derniers ne l’avaient toujours intéressés que d’une seule manière. Tel des cobayes. Il se retenait de rire tout en s’imaginant des plans tous aussi étranges les uns que les autres afin de convaincre ce jeune inconscient de l’aider. Celui là, pas question de le laisser repartir ! Quitte à lui faire goûter l’une de ses potions dont il ignorait les effets nocifs !  – Évidemment, comme voulez-vous vérifier qu’un breuvage est mortel… quand vous êtes déjà mort… ? – « - Allez mon garçon ! On entre dans la jolie maison ! » Et ce fut chose faite. Dinguo ignora les animaux de ce dernier, attrapa une chaise qu’il avait placé sur la table pour être certain de la manier facilement et… *BIM* frappa de toutes ses maigres forces sur la tête du jeune homme, qui s’écroula au sol. Il ria et sautilla partout autour du corps inanimé. « J’ai réussi ! J’ai réussis ! Ah le coup de la chaise… Un grand classique ! ». L’Ombre qu’il avait engagé afin de jouer le rôle de barman le regardait avec un œil interrogateur, se demandant bien ce que le savant comptait faire de ce vivant qui n’avait pas sa place parmi eux. Mais il se retint de poser toute question, se disant que de toute façon, cela ne le concernait pas et qu’il n’avait fait cela que dans un seul et unique but. «  Et ! Le vieux ! T’as ton paiement ? » Dinguo se retourna et souffla comme énervé d’être interrompue devant cette démonstration de joie. Il jetta alors en direction du comptoir une petite fiole contenant un liquide rose qui brillait dans la pénombre. « L’Elixir d’Euphorie », une potion capable de bloquer la plus triste des Ombres dans un état de joie fictif durant des heures entières. L’on avait décrété cette boisson illégale et Dinguo était le seul à en avoir la recette. Mais grâce à ça, il était capable de s’offrir les services de n’importe qui au Royaume des Abimes.  « Tiens ! Et merci ! » Une fois son gain récupéré, le faux barman disparus à travers le murs, laissant le savant seul avec un corps à transporter.

« Bon bah… On va tirer tout ça hein ! »  Et il entreprit de trainer le corps de Romulus sur le sol, sortant du lieu et ignorant superbement les familiers du sorcier. Déplacé de la sorte, allongé au sol sur le dos et tenues par les jambes, ce dernier devait bien manger la poussière et les nombreuses pierres qui trainaient ça et là dans la rue… Mais ce n’était pas pour déplaire au vieil homme ! « Hum… Jolie musique sur son crâne ! Il a la tête bien pleine ! » De temps à autre, sur le chemin, Dinguo lui assénait un nouveau coup de pieds sur la chaise sur la tête, afin d’être certain qu’il ne se réveille pas. Mais il évitait de frapper au même endroit, histoire de ne pas le tuer par accident, ce qui serait bien dommage ! Ils arrièrent après dix bonnes minutes au pieds de marches qui descendaient dans le sol, après être passé sous les yeux de nombreux passant qui s’étaient arrêtés, intrigués par cet étrange manège. Mais bon, tout le monde connaissait le vieux fou et ne s’inquiétaient pas plus que cela de ses affaires. Notre homme poussa alors le corps inerte de Romulus-à-la-tête-bosselée au bas des marches, et donna un grand coup de pieds dans sa porte de bois afin de rouler ce dernier à l’intérieur. Une fois ceci-fait, et avec beaucoup de mal, il parvint toute fois à l’asseoir et l’attacher sur une chaise, avec des chaînes en métal Orishas, petit cadeau de l’un de ses « clients ».  « - Bon bah… Faut le réveiller maintenant ! » Il alla chercher un grand seau d’eau glacée et s’apprêtait à le lui verser sur la tête quand il se rappela d’un détail important. Les humains ont tendance à ne pas être très coopératifs quand on les a enlevé ! Alors il attrapa une décoction posée sur son plan de travaille, de couleur bleue, et enduisit les mains de son prisonnier. « Voilà ! Une crème faite avec de la poudre de cristal bleue devrait l’empêcher de se servir de ses pouvoirs ! A oui ! Et aussi son arme ! » Il récupéra la dague Eternam et la posa sur un coin d’une armoire, non sans caresser dans un premier temps le métal, en souvenir du jour si doux où il avait faillit avoir la gorge tranché par ce couteau, de la main de Madame… Puis il saisit à nouveau son sceau et balança toute l’eau glaciale au visage de Romulus, et le récipient avec ! Et dans tout ça, il en avait même oublié l’autre fille de la famille qu’il retenait déjà, attachée elle aussi à une chaise, juste derrière lui… Mais il faut dire que sans sa tête, la demoiselle lui était bien inutile !

[QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus] 6114267501572edwe38jpgcopie

Et pendant ce temps, dans un autre coin reculé du Royaume, une jeune Ombre perturbée reprenait peu à peu consistance et le contrôle de ses pensées…

[QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus] 6114267501572edwe38jpgcopie

Pathétique. Voilà la façon dont je me sentais actuellement. Allongée sur mon duvet, pleurant de fausses larmes et retenait de faux gémissement de terreur que mon incontrôlable pouvoir et ma mémoire me faisaient ressentir, je peinais plus que jamais à retrouver mon calme et ma capacité de réflexion… Plus je repensais à la scène, à tout ce que mon âme avait éprouvé, moins je comprenais ce que toute cette histoire signifiait… Et son prénom continuait à résonner dans ma tête, répété inlassablement, comme si il essayait de réveiller quelque chose en moi… Mais quoi… Je frappais vivement du poing et traversais tout le lit, ayant oublié de solidifier ma main auparavant. Je me haïssais pour ce geste totalement déplacé que mon corps avait osé me faire exécuter. Je me haïssais pour m’être enfuie comme une lâche, même si à cet instant mon esprit ne pensait qu’à m’éloigner de cet être qui me nuisait. Et pour finir, ce qui était peut-être le plus surprenant aussi, je me haïssais pour avoir abandonner Romulus. Mais contrairement aux deux précédentes, cette haine avait quelque chose en plus, quelque chose de très différent… et m’était étrangement familière… comme si je la ressentais… quotidiennement… en temps… normal… Je me redressais d’un seul coup, les yeux écarquillés. C’était exactement le même sentiment que j’avais à l’égare de Melody, ma sœur, lorsque je pensais au fait que je l’ai abandonnée au cœur des malheurs de sa vie, avec son ignoble mari. Cela faisait déjà plusieurs fois que je sentais quelque chose pour ce sorcier de semblable à ce que j’éprouvais pour ma sœur… Et tout cela épaississait d’avantages le brouillard qui me rendait la Vérité inaccessible. A moins que je ne sois pas en état de la recevoir pour le moment. Inquiets, je me rendis compte que Saïko et Sweety s’étaient allongés à mes côtés et me regardais de leurs petits yeux ronds et humides. Mon puma poussait de faibles miaulements de chatons et mon dragon quand à lui, émettait de petits cris stridents de détresse… C’était la toute première fois qu’ils devaient me voir dans un tel état, et ils s’en trouvaient extrêmement perturbés… Honte à moi de m’être montré à mes enfants sous un tel jour ! Je les caressais alors d’une main douce et qui se voulait rassurante, prenant bien le temps de leur murmurer quelques paroles réconfortantes. Ils vinrent tous deux se blottir contre mon corps qui ne donnait pourtant aucune chaleur, comme si ils sentaient plutôt celle de mon âme tourmentée... « - Là mes chéris… Maman vas… » Je me retins. Leur mentir n’était pas une option envisageable. Ils étaient après tous des animaux, dotés d’un sixième sens d’une extrême finesse, et capable de ressentir mon malheur alors qu’il était aussi grand… Je me contentais alors d’un simple : «  - Ça vas aller. », tout en continuant à leur prodiguer toute l’affection et l’attention qu’ils méritaient.

Peu à peu, aidé de leur présence qui me forçait à la tranquillité, je retrouvais un semblant de calme et me mit à réfléchir plus posément sur ce que j’allais faire à présent. Plusieurs choix s’offraient à moi, et il était extrêmement important pour mon avenir de faire le bon. Je pouvais : - soit retourner à la recherche de Romulus, me forçant à une confrontation directe jusqu’à ce que j’obtienne la lumière sur cette histoire ; - soit décidé de rester ici et de réfléchir plus longuement en rassemblant les morceaux de réponses que je devais forcément posséder ; - soit sortir me changer les idées et reprendre la suite de mes pensées plus calmement une prochaine fois. Et ce furent mes amis à quatre pattes qui décidèrent pour moi, alors que Saïko avait sauté avec une forme amusante de maladresse au bas de mon lit et grattait frénétiquement à ma porte. Il est vrai que cela faisait un moment que je lui parlais de lui offrir sa première balade à l’extérieur, mais que je n’en avais toujours pas eu le loisir ou tout simplement l’occasion, surtout avec les évènements de ces derniers mois ! Je me forçais au sourire et me relevais, sentais mon dragonnet sauter avec beaucoup plus d’agilité que le félin sur mes épaules, à sa place. Apparemment, il prenait son rôle de grand frère très à cœur et alors qu’en temps normal, celui-ci rechignait à sortir de la maison, il montrait aujourd’hui de lui même son désir de nous accompagner. Je me penchais alors vers le sol et attrapait le jeune puma que je calais au creux de mes bras, préférant le tenir ainsi pour le moment plutôt que de le laisser gambader à se guise dans un endroit normalement constitué pour les morts. Et nous sortîmes tous ensembles.

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Mer 15 Oct 2014, 12:34

Mal...

Je souffrais tout bonnement le martyr. Je n'avais même pas encore ouvert les yeux que déjà je sentais l'intégralité de mon corps hurler sa douleur. J'ignorai que l'on pouvait souffrir autant tout en étant encore en vie. J'avais l'impression qu'on avait frappé mon corps avec précision sur chaque parcelle, chaque centimètre carré, jusqu'à ce qu'il soit recouvert de bleus et d'hématomes. Comment diable était-ce possible ?

Froid...

Ce fut la seconde sensation qui me parvint à ce moment. Je sentais l'eau gelée couler le long de mes cheveux, se glisser jusque dans mon cou, continuer à ruisseler sur mon torse et venir même agresser mes cuisses, bien qu'à ce niveau, mon pantalon fut suffisant pour arrêter la plus grosse partie du liquide restant.

Je ne me sentais vraiment pas bien et je n'appréciai pas le traitement qu'on me faisait subir. En ce réveil difficile, la première chose intelligente que je parvins à former dans ma tête fut la reconstitution de mes derniers souvenirs. L'Auberge... Le Royaume des Morts... Le Guet-Apens... Le coup sur la tête...

Milady.

Si j'en avais eu la force, je me serais énervé d'être enfermé ici alors qu'un mystère important m'appelait ailleurs. Et cette colère aurait été d'autant plus vive que je n'oubliais pas que j'étais très probablement piégé par un ravisseur inconnu ce qui avait la fâcheuse tendance à me mettre en position de faiblesse face à la mort elle-même...

Mais tout ce que je parvins à faire fut d'émettre un grognement lourd. En ce seul grondement de mes cordes vocales, j'exprimai en même temps ma douleur, ma colère, étouffée en énervement par le reste de mes sensations et pensées, la fatigue qu'engendrai cette souffrance ainsi que le désir qu'on me retire ce qui me recouvrait la tête afin que je puisse y voir quelque chose.

Cette simple réaction fut plus efficace que je ne l'escomptais et je n'eus pas le temps de me préparer que déjà des mains se saisissaient du seau et me le retirait de la figure, laissant soudainement la lumière venir agresser mes yeux avec la force d'un burin manié avec brutalité. J'avais vraiment l'impression que quelqu'un tentait de me faire sortir les yeux de mes orbites à l'aide d'un pied-de-biche, tant l'intensité lumineuse était forte pour mes pupilles complètement dilatées.

Malgré tout, j'étais encore trop faible pour réagir avec vigueur et je poussai simplement un second grognement.

Un... Deux... Trois... Trente secondes. Il me fallut trente secondes pour qu'enfin mes yeux acceptent de s'habituer à la source de lumière qui était rivée sur mon visage.

Alors, il commencèrent à se balader vivement à travers la pièce, notant divers détails plus intéressants les uns que les autres.

Je vis tout d'abord l'objet qui avait recouvert ma tête, quelques instants auparavant. Le seau métallique se baladait seul dans les airs... Pourtant, j'étais certain d'avoir sentis des mains l'attraper et le retirer de ma tête... L'homme qui semblait maître des lieux et de l'instant présent était donc parfaitement invisible, il s'agissait là d'une évidence. La question était pourquoi ?

Puis, mes yeux vinrent se poser sur la lumière qui semblait faite pour offrir un éclairage hors du commun et capable d'être dirigé sur un endroit spécifique : ici, mon visage. C'était un véritable bijou de technologie. Visiblement, l'objet était fait d'un métal – peut-être du tungstène... - extrêmement résistant à la chaleur. En forme de demi-sphère, il était fermé par une lentille de verre qui faisait converger la lumière comme jamais je n'avais vu faire jusqu'alors. À l'intérieur de l'objet, du gaz était visiblement envoyé de manière permanente. Le feu déjà allumé brûlait avec une forte intensité en réponse à l'énorme quantité de carburant qui lui était fournie. En somme, un vrai bijou de technologie finement imaginé et qui avait pour conséquence de m'aveugler à moitié...

Mes yeux se détournèrent rapidement de cet appareil de torture pour la rétine et je mis un moment avant de parvenir à y voir clair de nouveau. Fixant derrière-moi, les tâches de couleur qui masquaient ma vue en réaction au temps trop long passé à fixer une source de lumière finirent par s'estomper et je la vis...

Après avoir passé autant de temps auprès de Milady, le doute n'était plus permit. Cette femme au corps fin et sur lequel il manquait un élément important à savoir la tête ne pouvait être personne d'autre que Melody. Melody Madley.

Comme d'habitude, mon cerveau se mit enfin en marche à une vitesse folle.

Je venais de me faire enlever et j'étais à présent retenu dans ce qui m'avait tout l'air d'être une cave aménagée. Mon ravisseur était visiblement un être invisible et il était parvenu à capturer Melody Madley avant moi...

Que pouvait-il bien nous vouloir. Si on y réfléchissait bien, il n'y avait pas tant de gens que ça qui parcouraient le Royaume des Morts, excepté les ombres. Si j'avais réussi à y pénétrer, c'était par pur hasard et le regard des habitants de ce lieu sur moi en disait long sur l'exception que je constituais. Quant à Melody, il n'était pas étonnant qu'elle eut su comment trouver sa propre sœur. Ainsi, nous étions probablement les seuls êtres à ce moment qui aient pénétré le Royaume des Ombres, ce qui me permettait d'en venir à la conclusion suivante : ce n'était pas nous en particulier que ce mystérieux ravisseur désirait, mais simplement des êtres des chair. Mais que nous voulait-il ?

S'il avait voulu nous tuer, ç'aurait déjà été fait.

Un tour de mes sensations me rappela le liquide froid qui commençait à sécher sur mon corps. Il m'avait réveillé. Il voulait donc m'avoir conscient. Bien sûr, cela posait beaucoup de questions. Mais je ne pris pas la peine de formuler celles auxquelles je savais déjà que je ne pouvais pas répondre.

« Bien, pensai-je, maintenant que les quelques conclusions potables qui s'imposaient d'elles-même ont été mise en évidences, il me faut voir la suite des événements. »

Je refusai de lui parler. Je ne le connaissais pas bien et le fait de ne pas le voir m'empêchait de me faire une idée du personnage. Si je parlais, je risquai de faire une erreur tandis que me taire et observer ne pouvait que me faire avancer.

Cependant, il fallait que je reste actif. Puisque je ne pouvais lui parler, j'allais tenter de m'exercer à le suivre des yeux malgré son invisibilité. On ne savait jamais, des fois que cela pouvait se révéler utile par la suite...

Il avait déposé le seau à un endroit quelconque sur le sol. J'entendais à présent ses pas résonner sur la pierre. À gauche ? Non... À droite. Non, je ne m'étais pas trompé, c'était bien à gauche et j'eus confirmations quand je vis un placard s'ouvrir. Il était visiblement devant un établit et j'en reconnaissais l'allure : nul Sorcier ne pouvait ignorer à quoi ressemblait le plan de travail d'un alchimiste.

Du placard, comme ensorcelée, un fiole sortie et vint se déposer dans un promontoire prévu à cet effet.

De nouveau, j'entendis les pas de mon ravisseur. Il s'approchait de moi, c'était une certitude. Et quand ses mouvement s'arrêtèrent, je devinai ce qu'il faisait : il me fixait dans les yeux.

- C'est embêtant, finis-je par m'exclamer avec un calme froid, je ne peux pas vous fixer dans les yeux...

- Je trouve aussi... répliqua une voix qui semblait sortie de nulle part et qui pourtant venait très clairement de devant moi et que je savais être celle de l'homme. Et même si je commence à m'y habituer, j'apprécierai que cela ne dure pas...

Un vieillard, à son timbre de voix. Mais ce qu'il m'avait répondu était intéressant. Cependant je n'eus pas le temps de l'interroger que déjà il ajoutait :

- Ne me regarde pas comme ça ! Si tu veux savoir, j'ai précisément douze ans de moins que la grand-mère du côté de la mère du père du tiens. Et si je suis sûr d'une chose quand je te regarde, c'est que les chiens ne font pas des chats !

Il laissa échapper un petit gloussement. Un instant, j'avais cherché à reprendre un visage neutre, devinant à ses paroles que j'avais inconsciemment prit un air surpris au son de sa voix. Mais les sous-entendus de sa phrase m'étonnèrent d'autant plus.

Il repartit dans l'autre sens avec une vigueur inhabituelle pour un homme aussi âgé et je parvins plutôt aisément à le suivre des yeux en me laissant guider par mes oreilles. Il s'approcha de son établit et commença à mélanger diverses fioles qui étaient posées sur un promontoire de bois. Les secouant énergiquement, il les versait presque à l'aveugle. Certains liquides ne m'étaient pas inconnus et j'ouvris des yeux encore plus ébahit qu'auparavant quand je le vis mélanger ensemble des produits hautement toxiques !

Soudain, la fiole finale se leva et se versa toute seule. Le liquide coula et disparut dans ce que je devinais être la bouche invisible de notre homme. J'étais médusé. Cet homme venait sans nul doute de suicider devant mes yeux. Mais à mon grand étonnement, pas plus d'une seconde plus tard, je l'entendis s'exclamer, bien vivant :

- Raté !

Il avait à présent une voix d'enfant de cinq ans... Cet homme faisait visiblement des potions de manière tout à fait aléatoire et sans la moindre logique ! Mon cerveau ne résistait pas et à la vue de son comportement et l'idée déjà préjugée que je me faisais de lui depuis sa voix, je pouvais me permettre ce dépassement imprudent. Alors, je m'exclamai avec une voix encore marqué par l'étonnement :

- Mais qui êtes-vous ? Pourquoi nous avoir enlevé ?

Soudain je l'entendis soupirer comme s'il se rappelait de vieux souvenir d'un passé rayonnant.

- De très bonnes questions pour un esprit vif ! Mon Aether que la famille Eternam est impressionnante ! Je sens que vous aller pouvoir m'aider !

Il fit un quart de tour – je le devinai au grincement de ses chaussures sur le sol – et, depuis son plan de travail, me fixa avec ce que je devinais à sa voix être de l'amusement :

- Que de mystères ! Il faut croire que tu n'as pas bien connu ton arrière arrière-grand mère ! Et il reste encore des choses que tu ne sais pas sur ta famille ! Je te sens curieux... Je te sais curieux, comme tout bon Eternam. Alors dis-moi, jeune Romulus, serais-tu prêt à m'aider pour obtenir ces informations sur tes origines que je détiens ?

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Jeu 16 Oct 2014, 17:50

Milady. Il fallait que je la retrouve. Mon obsession m’avait fait traverser bien des contrées, des villes et des villages, à la recherche de mon énigmatique grande sœur. Mais le chaos maintenant terminé, il était grand temps que je la rejoigne afin de m’assurer que celle-ci remplisse son devoir envers moi, et tienne sa promesse.  Hors, pour le moment, je n’avais aucune trace d’elle et cela m’agaçait énormément ! J’étais arrivée dans une forêt inquiétante, et ne me sentais absolument pas rassurée, mais ma volonté de la retrouver était plus forte que tout. Pourquoi m’être dirigée vers un tel endroit ? Et bien à cause des nombreuses zones de floue dans ma mémoire, qui me la rendait terriblement mystérieuse, ce qui était totalement contradictoire avec l’image de la petite sotte que j’avais d’elle en temps normal. Je ne sais plus quand est-ce que j’ai commencé à oublier… oublier je ne sais même pas quoi à vrai dire, mais oublier quelque chose que je savais être très important sur elle. Alors j’avais avancé dans cet endroit effrayant, la peur au ventre, évitant de me concentrer trop longtemps sur les paires d’yeux qui me fixaient, dans l’ombre, de toutes les couleurs… Et je me mis à répéter son prénom dans ma tête, comme une sorte d’incantation protectrice, bien que cela me donnait simplement assez de rage afin d’empêcher mes jambes de faire demi-tour à toute vitesse. Oh bon sang ! Si jamais je ne la trouvais pas dans un endroit aussi glauque, je n’avais plus aucune idée où la chercher ! C’est alors que je m’étais enfoncé au cœur d’un épais brouillard, qui m’empêchait même de simplement regarder mes pieds… Mais curieusement, ce manque de visibilité me rassurait. Si je n’étais pas capable de voir les créatures sauvages des environs, elles ne devaient pas non plus y arriver… Du moins essayais-je de m’en persuader… J’avais même gardé ma véritable forme, ressemblant en tout point à ma sœur, mais sans en avoir la tête, dans l’infime espoir que cela pourrait effrayer mes potentiels attaquants… Bien que je savais pertinemment que ceci était totalement stupide.

Et alors que je commençais à me croire totalement perdue, la chance du me sourire, car la brume s’estompa… pour laisser place à une bien curieuse cité… Les maisons me semblaient toutes tortueuses, difformes et différentes les unes des autres… Et pourtant, quelques détails se retrouvant dans chacune d’entre elle créaient une bien singulière harmonie… Une harmonie du chaos, si je pouvais qualifier cela de la sorte. Mais bien plus que l’architecture fascinante, ce sont ces habitants qui me perturbèrent… A l’instant même où j’étais entrée ici, ils s’étaient mit à se porter des messes basses tout en me fixant, et cela me donnait la désagréable impression de ne pas du tout être désirée en ce lieu que je voyais pour la première fois de ma vie… Et à vrai dire, je me rendis bien vite compte que je n’avais même jamais entendue parler d’un tel endroit, ce qui ajoutais encore au mystère de la chose. Mais que ces regards étaient lourds à supporter ! Je lançais au plus proche une expression menaçante, avant de me rappeler stupidement que je n’avais pas de tête… et me dit en toute logique que si ils me fixaient ainsi, suspicieusement, c’était uniquement à cause de mon membre manquant… Soit, il me suffisait tout bonnement de les ignorer et de poursuivre mon chemin. Mais je ne pu toute fois m’empêcher de les examiner plus attentivement, poussée par ma curiosité… Et il y avait un je-ne-sais-quoi chez tous ces habitants qui m’était étrangement familier, bien qu’il m’était impossible de le comprendre… Que je pouvais détester ce voile qui se trouvait dans mon esprit et m’empêchait de faire des connexions logiques entre mes connaissances et mes souvenirs ! Soit… il me fallait découvrir à quel peuple appartenait ce Royaume, et pour ça, il me fallait me rendre dans un lieu susceptible de comporter des personnes un peu moins inquiètes et un peu plus bavardes… et où je pourrais écrire, puisqu’il était hors de question que je change d’apparence.

C’est ainsi que je trouvais un peu plus loin une bâtisse qui me sembla être une sorte de taverne. Mais une fois à l’intérieur, tout était beaucoup trop… nette… et vide à mon grand regrets… Les gens d’ici ne devaient probablement pas savoir s’amuser, car c’était la toute première fois que je tombais sur une taverne totalement vide de toute présence, hormis le tavernier assis derrière son comptoir… «  HIIII ! Qui est là ?! » Quelque chose venait de m’attraper le bras, j’en étais certaine, et venait de me faire pousser un cris strident… qui ne fit absolument pas sourciller l’homme au comptoir puisque aucun son n'était vraiment sortit de mon être. Stupide Dullahan que j'étais. Et sans que je puisse y échapper ou même le prévoir, quelque chose vint frapper mon dos. La douleur était telle que je perdis connaissance… mais juste avant de fermer les yeux, j’entendis une voix d’homme âgé prononcer une parole que j’allais par la suite oublier… « Chic ! Une Eternam ! » Madley… je m’appel Melody Madley…

La première chose que je compris en me réveillant, était que je n’avais plus mon pendentif sur moi, car alors j’aurais immédiatement changé de visage afin de hurler tout ce que je pouvais de peur et de rage sur la personne qui venait de m’enlever. « Ah ! Elle est réveillée la petite dame ! Hum… Dommage que tu sois une Dullahan… j’aurais bien voulu discuter avec toi ! » Je me débattais, cherchant par la même occasion du regard celui qui venait de s’exprimer… en vain. Et pourtant, les fioles qui volaient devant mes yeux ne semblaient pas animer par une quelconque magie. Et la peur laissa place à la curiosité. A qui avais-je à faire… « Tiens ! On dirait que tu m’entends ! Je ne suis pas le seul à avoir quelque chose d’invisible alors… Hum… J’aimerais bien faire des tests sur toi, c’est la première fois que je vois une Dullahan sans sa tête ! Mais… abimer un Eternam… Ah non, ce serait bien trop dommage ! » Et il en remettais une couche… Cet alchimiste de seconde zone, invisible, devait aussi être fou, pour me confondre avec une autre à ce point ! Mais j’étais tout de même rassurée de comprendre qu’il n’allait rien me faire subir d’étrange… pour le moment du moins. « Bon bah… vas falloir que je reparte en chasse ! Je te laisse seule ma petite dame ! Il paraît qu’il y a deux autres Eternam pas loin du Royaume et je me ferais un plaisir de te les amener ! Ohoh ! Une réunion de famille ! Toute cette intelligence rien que pour ce pauvre Dinguo ! Comme j’ai hâte ! » Puis le bruit de la porte m’indiqua qu’il était enfin sortit, mais malheureusement, alors que j’aurais préféré profiter de cet instant pour observer ce qui m’entourait, la douleur dans mon dos était bien trop forte, et je finis par m’évanouir à nouveau.

Le réveil fut cette fois-ci beaucoup moins agréable que le précédent, puisqu’il fut provoqué par une gerbe d’eau glaciale qui m’arriva sur les jambes. Et la première chose que je remarquais était que je n’étais plus seule… et que je connaissais l’identité de la personne attachée sur la chaise… Romulus. Étais-ce lui le fameux « Eternam » dont parlait le vieux fou ? Apparemment. Mais je fis mine d’être toujours assoupie, écoutant ce que ce savant avait bien à dire… Invisible, oui, cela je l’avais bien deviné. Et il semblait coincé dans cet état puisqu’il avala une étrange mixture qui ne donna aucun résultat. Mais alors pourquoi faire appel à des jeunes comme nous ? Je n’avais aucune connaissance en potion à ce que je sache ! La suite de la discutions me parut bien floue, mais il y remit une couche en parlant des Eternam… Je ne comprenais rien, j’avais mal, et me fichais bien de saisir tout ce qu’il se passait autour de moi… C’est alors qu’après avoir demandé son aide à Romulus, Dinguo sembla se souvenir de quelque chose… « Oh mais attendez ! Il me manque encore quelqu’un pour terminer ma collection ! Ne bougez pas les enfants, je reviens ! Ah et on vas mettre ça, ce sera plus simple. » Il enfila une sorte de cape qui dessinait vaguement ses contours, et la porte se claqua de nouveau, me laissant seule avec le sorcier, incapable d’échanger avec lui…

[QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus] 6114267501572edwe38jpgcopie

Je marchais dans les rues de la citée, le visage abaissé, les yeux perdus dans mes pensées… Même ma balade en compagnie de mes familiers n’arrivait pas à me changer les idées… Romulus m’obsédais, et me mettait dans un état dépressif semblable à celui que j’avais ressentis en m’apprenant responsable de la mort de ma sœur… J’avais fuis, le laissant seul au beau milieu d’une terre hostile remplit de monstres assoiffés de sang et affamés de chair fraîche, lui qui était un être bien vivant avec un cœur qui respirait… Je me sentais minable et me détestais… Saïko, de plus en plus inquiet par mon état, venait de se poser devant mes jambes, bien que je me rendis compte que je l’avais traversé que quelques pas plus loin. Il étendit alors ces larges ailes lorsque je me retournais pour le fixer, et s’agenouilla, comme il le faisait à chaque fois que je désirais prendre mon envol sur son dos. Mécaniquement, je vins me placer juste derrière ses larges épaules, et Sweety se blottit instantanément dans le creux de mes bras. Mais le félin ne s’envola pas et se contenta de poursuivre ainsi sa balade, me berçant de sa démarche féline… Et bien que je ne pouvais pas dire que cela était agréable, je n’en fus pas moins quelque peu… revigorée et calmée. Mon esprit semblait plus alerte, et peu à peu, un détail de ce qui se passait autour de mon éveilla mon attention… Des murmures. Les Ombres semblaient bien agités, et ce n’était absolument pas normal.

Curieuse, je décidais de m’approcher de Peter que j’aperçus un peu plus loin, discutant avec une jeune demoiselle Grande Faucheuse.  L’ancien bélua-chien que j’avais moi-même transformé avait finit par accepter son sort et m’avait même remercié d’avoir sauvé sa sœur malgré tout. De ce fait, notre relation était plutôt courtoise. « Peter ? Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Vous semblez tous bien animés ! » Il me regarda et s’écarta instinctivement de mon puma, comme si les réflexes de son ancienne nature étaient toujours présents au fond de lui. Il avait un regard triste, de celui que l’on retrouvait chez toutes les jeunes ombres, mais me répondit volontiers. « C’est Dinguo, le vieux savant qui habite dans une cave pas très loin du Château… Il paraitrait qu’il a enlevé deux personnes aujourd’hui… Une fille sans tête et un homme encapuchonné. » Si j’avais encore un cœur qui bat dans ma poitrine, celui-ci se serait probablement arrêté sur le champ ! Melody et Romulus… Quelle infime chance, ou plutôt malchance, avais-je pour que ces deux personnes se fassent enlever dans le Royaume ? Et bien il fallait croire qu’un Aether joueur s’était chargé de la rendre possible. L’être qui m’était le plus important et celui qui m’était le plus énigmatique… tous deux chez l’Ombre la plus folle et la moins… « Ombre » de toutes… Que pouvait-il bien leur vouloir ?!  Un vent de panique s’empara de moi. Il me fallait absolument les retrouver avant que du mal ne leur soit fait ! D’autant plus que je me tenais pour entière responsable de ce qui venait de se produire… Romulus avait du tenter de me suivre, et Melody de me retrouver… Je me maudissais de ne pas avoir été assez prudente ! « Merci Peter ! A un de ces jours. »

Et je partis sans demander mon reste et sans attendre de réponse. Il me fallait me presser, explorer chaque recoin proche du Château afin de mettre la main sur l’entrée de sa cave. Je me penchais un peu vers Saïko afin de lui demander d’accélérer, et ce dernier partit en un galop souple, sur le sol en pavé de la ville… Et il ne nous fallut que quelques minutes avant de trouver… ou plutôt, une bonne dose de chance pour tomber directement sur Dinguo alors qu’un être recouvert d’une grande cape venait de remonter d’escaliers s’enfonçant dans la terre. Aussitôt, je mis pieds à terre et me postais devant lui, une sorte de colère artificielle montant en moi. « Relâche-les sombre fou ! » Mais à ma grande surprise, il n’y avait rien sous cette cape ! Bouche-bée, j’entendis un petit rire moqueur sortir de sous le capuchon, puis une voix de vieil homme s’exprimer. «  Allons bon ! On reconnait bien là le caractère de ton arrière arrière arrière… Oh je ne sais plus ! … Grand-mère ! Calme toi ma petite ! Je ne leur veux aucun mal ! Viens donc avec moi, j’étais justement partit à ta recherche ! » Et la cape repartit en direction des escaliers… Je ne savais tout bonnement pas quoi penser… et j’étais assez perdue… Comment pouvait-il connaître un membre de ma famille, dont je n’avais jamais entendue parler ? Ma curiosité était piquée à vif, et je le suivis dans son entre, sachant pertinemment que j’allais retrouver deux personnes de ma connaissance que j’aurais aimé revoir dans d’autres circonstances…

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[QUETE] Le labo de Dinguo ! [PV : Romulus]

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