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 LesSirènes [Quête solo Nostradamus - Sylbille]

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Ven 04 Mar 2016, 19:50


Une lettre adressée à sa jumelle, déposée sur le rebord de la cheminée. Voici tout ce qu’avait laissé derrière elle Sybella, lorsqu’elle s’était enfuit, quand elle avait décidé de renier ses origines et de trahir sa famille. Un misérable cadeau laissé comme seule trace de son existence. Le seul réconfort que Sylbille pouvait en retirer était que ce bout de parchemin lui était destiné à elle seule, prouvant peut être ainsi que tous ces moments passés ensemble comptaient encore un peu pour la sorcière, qu’elle n’avait pas complètement réussi à les effacer de sa mémoire. Pourtant, ce bien maigre lot de consolation ne pardonnait en rien sa trahison. Pour la chasseuse, la fuyarde mettait simplement un point définitif à leur relation, elle brisait à jamais le lien qui les avait autrefois unies, entachant les souvenirs d’une enfance heureuse.

L’orisha avait donc reçu cette missive comme un affront. Une honte pour elle-même –ne méritait-elle pas au moins un au-revoir digne de ce nom, un adieu en face à face, ou au moins quelque chose de plus concret qu’un texte gribouillé sur un papier ?- mais pire, une provocation pour le grand clan des Gandr. Jamais elle ne pardonnerait la lâche, et lorsqu’on s’était rendu compte aux états-familiaux qu’une Sang-pur s’était faite déchue, l’héritière du Gène s’était portée volontaire pour s’assurer de son extermination. Oui, Sylbille ne laisserait jamais sa moitié entacher le nom de leur digne lignée. Elle en était tout bonnement incapable : Hestia s’était assurer d’inculquer des principes qui s’étaient gravés dans l’esprit de la jeune fille, trop fort pour que celle-ci puisse rester indifférente aux actions de sa sœur. Elle laverait les impuretés qu’avait laissées derrière elle la traitre à son sang.

Le temps qui s’était écoulé depuis n’avait en rien apaisé sa fureur, ou adoucit la rancune qu’elle avait nourrit pour la sorcière. Au contraire, l’orisha n’avait eu de cesse, depuis qu’elle avait trouvé le parchemin abandonné, de traquer la fuyarde. La tâche n’avait pas été aisée : Sybella ne lui avait pas facilité les choses, et elle avait su cacher ses traces. Les indices que l’on pouvait, par miracle, trouver, étaient rares et menaient tout droit à des impasses. C’est que la sorcière avait préparé son départ avec une grande attention, grand soin, et d’après ce qu’avait compris la brune, son double comptait les quitter depuis de nombreux mois déjà.

Pourtant, sa hargne et sa détermination avaient fini par payer : alors que tout espoir semblaient vain, que d’autres auraient abandonné –elle-même avait failli renoncer-, Sylbille s’accrocha et fini par tomber sur le seul indice que sa jumelle avait négligé. En réalité, ce n’était pas simplement un indice… C’était… Une immondice. Alors qu’elle arpentait, comme elle l’avait déjà tant fait, la maison vide de sa famille éclatée, l’Orisha se décida enfin à entrer dans la chambre de la Sulfr –ce qu’elle s’était refusé de faire depuis qu’elle était venue y chercher sa sœur pour des explications, s’imaginants que les mots qu’elle avait lu sur une lettre n’étaient qu’une vaste farce. Elle laissa trainer un doigt sur le bureau en bois sombre qui avait pris la poussière depuis les derniers mois. Rien n’avait bougé, on y voyait toujours une plume d’un vert émeraude éclatant soigneusement rangée dans son encrier, quelques livres et encyclopédies qui avaient toujours passionné la sorcière, et quelques instruments que seuls des scientifiques aguerris sauraient nommer.

La brune s’installa sur le fauteuil à dossier haut qu’avait hérité sa jumelle. Elle eut soudainement, sans qu’aucune raison logique n’éclaire son étonnement, les larmes aux yeux. Elle était soudainement… Mélancolique. Mais rien ne pouvait expliquer cet état d’esprit : on n’est pas triste des souvenirs d’un fantôme ! Elle tira un tiroir du bureau, et en sortit un livre raffiné. Le journal personnel de sa sœur. Sylbille ne fut pas vraiment étonnée de le trouver ici. Une personne normale aurait sans doute cherché des informations à l’intérieur de ces pages –un on moyen donc de faire perdre du temps- mais l’orisha savait sa sœur plus intelligente que cela : si elle avait pris autant de soin pour être introuvable, elle ne se serait pas trahit en « égarant » un journal intime susceptible de contenir des informations vitales. Pourtant, la jeune femme se laissa aller à sa lecture, apprivoisant de nouveau les lettres arrondies, les courbes souples de l’écriture soignée.

Et, alors qu’elle se replongeait dans les pensées de sa jumelle, quelque chose glissa du carnet et tomba sur ses genoux : une minuscule clé, à peine de la taille d’une phalange, dorée et aplatie. Elle n’eut pas besoin de réfléchir longtemps avant de comprendre ce qu’elle ouvrait. Un jour de pluie, alors qu’elles étaient enfant, Sylbille était venue fouiner dans la chambre de sa jumelle, était tombé sur un petit coffre –pas plus grand qu’une boite à bijoux. La serrure de la petite boite ne semblait pas épaisse, ses maigres muscles suffiraient à ouvrir le coffret… Quelle erreur ! Elle s’était éreintée à essayer de l’ouvrir, sans succès. Sybella, entrant dans ses appartements, l’avait surpris en train de violer son intimité, mais n’avait pas parue affolée, ni même énervée. « Si tu veux l’ouvrir, il te faudra la clé. Et ça, jamais tu ne l’aura. » Et pourtant, c’est bien ce petit objet qu’elle tenait entre ses doigts…

C’était un message. La sorcière n’aurait jamais laissé cette clé ici sans une bonne raison. Et l’aurait encore moins caché dans un vulgaire journal intime : Jamais sa moitié ne l’avait trouvé et pourtant, il lui semblait avoir fouillé tous les recoins possibles et imaginables de cette maison. Sans doute y avait-elle caché quelque chose d’important, une lettre, authentique cette fois-ci, où elle expliquerait les réelles raisons de son départ précipité… Peut être avait-elle reçu des menaces ? Peut être n’avait-elle eut d’autres choix ? Oui, c’était sans doute cela, on l’avait forcé à la quitter ! L’esprit fertile de la chasseuse se mit à imaginer de nombreuses excuses à l’impardonnable, elle s’en voudrait plus tard –au oui, elle s’en mordrait les doigts- d’avoir été aussi faible. Elle se mit donc à retourner la maison dans tous les sens à la recherche de la petite boite, verte et dorée.

Elle la trouva sous une planche du plancher, dans la bibliothèque principale. Accroupie à même le sol, elle déverrouilla l’objet. Il ne contenait que des lettres. D’innombrables morceaux de parchemins. Elle en chercha une avec son nom inscrit dessus, mais elle s’était trompée : ces lettres n’avaient pas été rédigée par la main souple et légère de l’apprentie sorcière… Elle en était la destinataire. Et toutes venaient du même expéditeur : Monsieur Nostradamus Dementiae. Le cœur de Sylbille manqua un battement. Elle avait devant les yeux une correspondance entre son père et sa sœur. Et à en croire les dates… Cela n’avait pas commencé il y a peu. Non, cela remontait à bien avant l’idée folle de fuir sa propre famille. Juste après que ce fou ait assassiné leur mère.

La nouvelle fut un nouveau choc pour l’orisha. Ainsi donc, la sorcière avait continué à parler à leur géniteur ? Elle ne l’avait pas simplement trahi en la laissant seule… Elle l’avait trahi ès le moment où elle avait pardonné  cet homme l’horreur qu’il avait commise. Dès qu’elle avait fait le choix de lui parler, de lui adresser toutes ces lettres. Dès lors qu’elle l’avait préféré à elle. C’était… inconcevable…

Soudain, elle comprit plus claire dans le jeu de la traitresse. Si elle avait laissé accès à cette découverte, ce n’était pas pour s’excuser ni même s’expliquer. Elle ne l’avait fait que dans le but de déstabiliser sa traqueuse. Et bien… Elle avait réussi son coup. Elle n’aurait pu imaginer un plan plus machiavélique, plus fonctionnel pour briser les maigres espoirs de sa jumelle. Mais si elle s’était imaginée pouvoir la briser suffisamment pour la décourager, la faire abandonner, elle s’était salement trompé. Au contraire, ces papiers ravivèrent les sentiments qui l’avaient poussé jusqu’ici à la chercher, la chasser. La haine qui brulait en elle venait de se raviver un peu plus.

Ce n’était pas exactement un indice en soit et Sylbille se doutait que ses recherches se solderaient, encore une fois, par une impasse. Un retour à la case départ. Pourtant, elle ne pouvait laisser passer cela, elle ne pouvait ne pas essayer. Aussi se décida-t-elle à aller dans cet endroit tout à fait repoussant pour faire quelque chose qu’elle n’aurait jamais cru possible : aller rendre une petite visite à son cher père. Voilà pourquoi, par une matinée brumeuse, une haute enfant de la noble lignée Gandr s’avança dans l’allée menant à l’asile.

Elle fut étonnamment bien accueillie –elle s’était toujours imagine que les personnes censées s’occuper des patients étaient aussi dérangées que ceux qu’elles surveillaient- et, bien que cela lui couta, parvint à se faire apprécier du personnel. Mais le temps comptait, chaque seconde qui s’écoulait était une seconde de plus qui la séparait de sa sœur. Aussi finit-elle par dévoiler ses véritables intentions et demanda à voir le sorcier. Sa surprise et sa déception montèrent d’un cran lorsqu’on lui annonça que quelqu’un était venu le récupérer, quelqu’un qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau. Mais que manigançait sa sœur, exactement, pour relâcher un individu aussi malsain, aussi fou ? Alors qu’elle se posait ces questions, son attention fut retenue par une silhouette, cachée dans un coin du hall. Il s’agissait d’une jeune femme qui la fixait avec une étrange intensité. Affichant un sourire aussi chaleureux qu'elle le put, elle s’approcha de l’infirmière.

« Vous êtes sa fille n’est ce pas ? » Elle ne lui avait même pas laissé le temps de se présenter… Sans doute avait-elle entendue ce qu’elle avait demandé, et en avait déduit ce qu’il fallait. « Oui, en effet. Et je suis étonnée de voir que mon cher père ne se trouve plus là où je l’imaginais… » Ces mots avaient un air de reproche, mais ce n’était rien face à ce que répondit la jeune femme : « Pourquoi n’êtes-vous jamais venu le voir ? Pourquoi l’avez-vous laissé moisir ici ? Tout ce qu’il voulait… C’était un peu d’amour. Il n’avait besoin que de cela ! Et vous… Vous lui avez brisé le cœur. Il ne parlait pas souvent de vous, mais je sais –il l’a laissé transparaitre devant moi- que vous lui manquiez. Tout ce qu’il souhaitait… C’était une chance de se faire pardonner. » Encore une pauvre idiote qui s’était imaginer percer le grand cœur de ce mystérieux sorcier… Encore une idiote qui finirait croquer si Nostradamus passait dans les parages. Mais ‘était son problème, après tout. Sylbille n’appréciait pas vraiment qu’on la sermonne elle, pour avoir refusé d’adresser la parole au monstre qui avait tué de sang froid sa mère. Son sourire était devenu plus crispé, pincé, lorsqu’elle s’adressa de nouveau à son interlocutrice : « Ce fut… compliqué. Mais je pense que je suis capable, désormais, de lui pardonner. Mais pour cela… Il faut que je le retrouve. » L’infirmière parut hésiter un instant mais céda : « J’ai entendue dire que cette jeune femme qui vous ressemble tant cherchait… à lui faire retrouver sa famille, sa véritable famille. »

La famille en question n’indiquait visiblement pas Sylbille ni même les Gandr. Pourtant, elle savait parfaitement à qui Sybella faisait allusion. Une partie de leur famille qu’elles n‘avaient jamais rencontré, enveloppée de mystère… Les Dementiae.

1878 mots
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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Ven 04 Mar 2016, 21:02


Et toi qui te plaignais de la saleté, de la puanteur, et de l’agitation qui régnaient dans les ruelles du continent du matin calme ! Ce n’était rien, en comparaison de ce que tu trouvais dans les rues dépravées de la ville aux pirates ! Rien ne t’avait préparé à un seuil si élevé de répugnance, et chaque pas que tu faisais à l’intérieur de la cité semblait refléter le dégout que tu lui portais. En réalité, tu forçais légèrement le portait, lorsque tu feignais des hauts le cœur en passant à côté d’une échoppe de poissons « frais » -quoi que, vu l’odeur nauséabondes qui s’en dégageait, tu n’étais pas loin de t’évanouir- ou lorsque tu réfléchissais tout haut –de telle sorte que tous les marins alentour puissent t’entendre- sur l’hygiène douteuse des matelots qui peuplaient cette cité peu accueillante. Tu en venais presque à regretter l’asile, ou même le continent-ville.

Tu avais longuement songé aux raisons qui poussaient Sybella à vous emmener dans ce lieu si peu charmant, elle qui aimait habituellement les choses plus raffinées. La réponse avait tardé mais tu avais fini par supposer qu’une chasse avait dû être mise sur sa tête. Et pas n’importe quelle chasse…En effet, l’illustre famille de ta défunte épouse –paix à son âme- était réputée pour ses pratiques quelque peu… Barbares. A chaque fois qu’un malchanceux se révélait dépourvu du « gène », ses frères et sœurs, ses propres parents, tous ceux qu’il avait pu, un jour, considérer comme un membre de sa très chère famille, se mettaient à le traquer sans relâche, jusqu’à ce que l’honneur des Gandr soit lavé… Pour les plus malins ou les plus chanceux, ils se voyaient simplement nommés « Sùlfr », ce qui semblait pour eux une insulte en soit…

Une chose que tu ne pourrais jamais comprendre. La famille était, chez les Dementia, quelque chose de sacré, on n’y touchait pas. Même si toi, tu devais admettre quelques écarts –notamment une liaison avec une femme, qui avait donné naissance à tes deux adorables filles. Mais toujours est-il que tu ne concevais pas que l’on puisse se retourner aussi facilement contre ceux qu’on avait prétendu aimer, chérir, vouloir protéger du danger… Sans parler du fait que cette chasse n’avait absolument aucun but ! Lorsqu’ils mettaient fin à la vie de l’un des leurs, ils laissaient la dépouille sans même envisager d’honorer leurs victimes. Car s’était bien le mot : leurs proies se transformaient en victime, dès l’instant où ils décidaient de l’abandonner, sans la dévorer, sans ronger la chair jusqu’aux os… Quelque chose de regrettable, vraiment, lorsque tu savais à quels points certains membres de cette famille avaient l’air succulent –il y avait notamment cet enfant bien dodu, un jeune garçon, le neveu d’Héstia, si la mémoire ne te faisait pas défaut…

L’hypothèse que ta fille soit ainsi traquée t’était insupportable. Si quelqu’un devait toucher à l’une de tes pupilles, l’un de tes tendres trésors, il payerait le prix de ta vengeance !  Aussi, lorsque tu avais fini par en arriver à cette conclusion, tu avais réclamé des explications à ta fille –tu ne pouvais l’aider si elle refusait de t’en parler, ses ennemis, redoutables, ne devaient pas être pris à la légère et tu ne pouvais rien planifier sans savoir à quoi t’attendre. Tu avais attendu devant la porte de sa chambre d’hôtel –cet établissement n’en portait que le nom, il possédait quelques misérables chambres louées à un prix exorbitant pour des services déplorables voire inexistants- puis, une fois qu’elle sortait pour venir te chercher, tu l’avais intercepté et l’avais forcé à retourner de là où elle venait. Tu l’avais assise sur le matelas de paille dure où elle avait passé la nuit, et avait ramené une chaise pour t’installer en face d’elle.

Le regard fixe, tu inspiras profondément, remplissant tes cages thoraciques de l’air poisseux de Sceptelinsot. « Sybella… Je sais qu’ils en ont après toi… Tu peux tout me dire, tu sais… » Ta fille te dévisagea un instant, l’air incrédule. Lisant dans tes yeux une détermination nouvelle et inattendue, elle se contenta de soupirer et de balayer les mains que tu avais serrées autour de ses frêles épaules. « Ce n’est rien, ils ne me trouveront pas avant un bout de temps. Je ne leur ai pas facilité la tâche. » « Je me doute bien, mon enfant, que tu auras pris toutes les précautions nécessaire avant de fuir avec moi… Oh ! Je comprends désormais ! Tu es venue à moi car la crainte que l’on puisse te nuire devenait trop forte… Oh mon enfant, n’ai plus peur de rien, Papa s’occupe de tout désormais, tu ne risques plus rien ! » Et avant qu’elle ne puisse réagir, tu enlaças tendrement ta progéniture. Celle-ci commença bien vite à se débattre, réalisant ce que tu étais en train de faire. « Lâche-moi ! » Elle se releva d’un bond, giflant ton visage au passage, puis s’évanouit dans le couloir de l’hôtel, fuyant tes bras protecteurs.

Tu restas penaud un instant, une main posée là où les griffes acérées de ta sorcière avaient laissé une rougeur cuisante. « Il n’y a bien que toi pour apprécier mes câlineries à leur juste valeur. N’est-ce pas, Aggripina ? » Une silhouette apparue dans l’entrebâillement de la porte. Vêtue d’une robe en soie noire, moulant à la perfection les courbes divines de la succube, elle passa une main vernie dans sa chevelure de blé. « Elle est un peu ingrate, admet-le… » Tu ris quelque peu. « Mes chéries sont parfaites. » Une moue boudeuse ombrage le visage de ta dulcinée. D’un pas lent, tu t’approches d’elle, attrape avec douceur sa petite main –minuscule, dans la tienne- et susurres « Mais personne n’est aussi parfaite que toi… » avant d’apposer un doux baiser sur la main. Puis tu abandonnes ton emprise pour traverser à ton tour le corridor, à la recherche de la brune.

Une fois à l’extérieur, une grimace monstrueuse déforma tes traits. L’air, saturé d’odeurs marines, de senteurs de poissons, de transpiration, parfois même de vomis… Comment pouvait-on se plaire dans cet endroit absolument repoussant ? Jamais tu ne trouveras réponses. Attrapant un pan de ta veste en lin vert, tu caches ton nez derrière le vêtement, dans le vain espoir de filtrer un peu l’air pour ton nez sensible, puis te mets en route à la recherche de ton enfant. Ces derniers temps, tu l’as surprise à se cacher dans une petite boutique d’apothicaires, où elle trouvait toutes sortes de choses incongrues qui la ravissaient pourtant. Ton instinct de père sans doute –ou de chasseur peut-être- te conduisit jusqu’à l’échoppe. Comme tu t’y attendais, ta fille s’y trouvait, mais avant même d’entrer, tu savais que quelque chose n’allait pas… La vitre avant avait été éclatée, les articles sur les présentoirs avaient été saccagés, et un panonceau « fermé » pendait à la porte en bois.

Tu n’y prêtas pas plus d’attention que s’il avait été invisible, et tourna la poignée pour rejoindre ta fille, qui dialoguait avec le commerçant, visiblement bouleversé. « Mon brave bonhomme, qu’est-il arrivé à votre jolie boutique ? » La situation se résuma en un mot : « Les sirènes, monsieur, les sirènes ! » Il semblait à la fois abattu et révolté, ce qui donnait un air dément aux longs sourcils bruns qui se rejoignaient pour former une ligne continue. « Les sirènes… » Trois femmes remarquables, tu devais l’avouer, sans doute la seule chose divertissante de ces lieux. Elles cambriolaient les échoppes comme celle-ci et laissaient dans la misère les pauvres commerçants. On racontait que leur beauté était si éblouissante que personne n’osait leur résister, de peur de s’attirer la foudre de ces si charmantes créatures. Voilà donc pourquoi on les avait surnommé les « Sirènes ». Après tout, quelle autre race pourrait posséder un tel charisme et sévir dans cette ville ? Tu te demandes quel goût pourrait avoir ces femmes-là. Plutôt tendres ou bien fermes ? Est-ce que le sel marin imprégnerait leur chaire ? Rien que pour cela, tu voudrais bien les capturer… Et cela te donna quelques idées.

« Le pire, ma bonne enfant, c’est qu’elles ne s’arrêteront pas là ! Elles veulent me ruiner, elles souhaitent ma mort ! Tenez, regardez ceci ! » Et il tendit à la douce sorcière un parchemin. Des mots à l’encre rouge sombre comme du sang menaçaient le propriétaire des lieux : « Ce soir, nous reviendrons. Assurez-vous d’ouvrir ce coffre-fort dans l’arrière-boutique, si vous ne voulez pas que votre famille en pâtisse. PS : Ne vous avisez pas d’avertir les autorités. » « Signé, les Sirènes. Mmh, je vois qu’elles ont accepté leur titre avec sympathie… » Tu laisses un commencement de rire faire vibrer ta gorge, mais il fut vite stoppé lorsque tu interceptas le regard glacial de ton enfant. Dans l’espoir de te rattraper, tu enchaines : « Ne vous en faites pas, ma petite Sybella et moi-même allons-nous charger de ces charlatanes ! » L’apothicaire fut aussi surpris que la sorcière, quoi que bien plus reconnaissant. « Oh merci ! Merci mille fois ! Je… Si… Si vous parvenez à me débarrasser de ces ennuis, je vous serai éternellement reconnaissant, et je vous offrirai une bourse bien garnie ! » Il vint même s’agenouiller pour baiser tes mains osseuses. La reconnaissance t’importait bien moins que la somme d’argent que l’on venait de te promettre mais tu te comportas humblement, comme toujours. Après tout, cet endroit semblait avoir une valeur toute particulière, bien que la raison t’échappe une fois de plus, pour la demoiselle.

Voilà pourquoi vous vous teniez, pendant une soirée particulièrement fraiche –il est bien connu que les criminels sévissent une fois la nuit tombée-, dans une échoppe à moitié en ruine. Quoiqu’en meilleurs état que lorsque tu étais arrivé. Sybella avait insisté pour venir en aide au commerçant, et avait fait un peu de ménage, débarrassant le sol des débris de verre, remettant à la place les rares objets non saccagés ou non volés… Elle y avait mis du cœur, et par conséquent, toi aussi. Tu étais allé chercher des croissants –qui, comme tout ici s’étaient révélés décevant, ils avaient un arrière-gout amer et une consistance caoutchouteuse- pour que personne ne meurt de faim ! Tu aurais mieux fait de coincer quelqu’un et de vous ramener une cuisse bien juteuse… Mais Sybella n’apprécierait pas que tu t’attires l’attention des gardes de la ville pirates –quoi que… y’avait-il au moins des autorités ?

Un courant d’air froid passa à travers la vitre qui n’avait pu être réparée en si peu de temps. Tu frissonnas et te retournas. Là, juste devant toi, se tenaient non pas trois mais Quatre silhouettes féminines. Étais-tu gâté au point d'avoir un supplément pour le dessert ? Tu t'en léchais déjà les babines. Tu ne les voyais pas clairement, leurs visages dissimulés sous de longues capuches, et la lumière lunaire venant les éclairer de dos. Une silhouette s’avança d’un pas. « Bonjour, Draguesh. Père, cela faisait si longtemps. » Si longtemps en effet que tu n’avais pas entendu cette voix.
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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Sam 26 Mar 2016, 12:08


Beaucoup de rumeurs circulaient à propos de cette fameuse famille de sorciers… D’étranges histoires, qui faisaient autant frémir qu’elles étaient risibles. Ce nom résonnait comme une sorte de légende urbaine, un vieux conte que l’on raconte aux petits sorciers le soir, avant d’aller au lit, pour s’assurer qu’ils restent bien sage : « Attention, ne fait pas de bêtise ou les Dementiae viendront te voler un bout de cuisse ! ». Un mythe, pour les plus érudits qui s’étaient penchés sur les vieilles familles de la race maléfique, et qui étaient parvenu à retracer quelque peu l’arbre généalogique du clan, avant d’abandonner devant la complexité de la tâche. Cet arbre-là était après tout trop noué sur lui-même pour qu’une personne seine d’esprit ne veuille mettre son nez dedans. On les abandonnait alors pour quelques décennies, avant qu’un curieux ne reprenne le flambeau, et ne continue à colporter ces rumeurs peu réalistes…

Si Sylbille n’avait pas elle-même été l’une des descendante de cette étrange lignée, elle n’aurait sans doute pas cru un mot de ces histoires, et n’aurait considéré les Dementiae que comme la légende, le vague souvenir que leur portait le monde. En réalité, elle n’avait jamais cru aux récits qu’elle avait entendu à leurs sujets –son père avait toujours eu un gout prononcé pour le mélo-dramatisme, il en faisait toujours un peu trop, lorsqu’il racontait des histoires… Pourtant, il avait toujours été très prudent concernant son passé et le lien qui l’unissait à ces gens obscures… A l’époque, cela n’avait pas alerté l’Orisha, trop tourné vers ses autres origines. Mais désormais, elle se rendait compte qu’elle-même ne savait pas grand-chose de ces personnes. Le seul indice que lui avait laissé le sorcier, résidait dans une vieille histoire, où il avait mentionné Sceptilenost, la ville pirate. Sylbille s’en souvenait puisque sa sœur avait passé des jours à insister pour visiter une tante qui, disait-on, possédait la plus grande collection de serpents venimeux.

La brune, après avoir récolté les informations qu’elle voulait à l’asile, s’était hâtée de prendre le premier navire en partance pour la cité réprouvée. Là-bas, elle avait passé une semaine à rechercher cette famille invisible, ces Dementiae dont personne dans la ville ne semblait jamais avoir entendu parler. Le doute commençait presque à s’insinuer en elle… L’esprit de son géniteur était-il dérangé au point qu’il se soit imaginé une vie fictive, qu’il ait créé de toute pièce un passé reposant sur des légendes dont il avait entendu parler lors d’un voyage ? Leur avait-il menti sur leurs origines depuis tout ce temps ? La Gandr se posait très sérieusement la question, puisque ses recherches intensives n’avaient strictement rien donné…

Le huitième jour après son arrivée sur la presque-île, alors qu’elle rentrait bredouille à l’auberge où elle créchait, elle aperçut, au détour d’une ruelle, une silhouette étrangement familière. Légèrement plus petite qu’elle, la jeune femme marchait à vive allure, avec la manie quelque peu suspecte de regarder par-dessus son épaule tous les quelques pas. Une longue chevelure d’un noir de jais, remonté en chignon et dévoilant un tatouage remontant sur la nuque, un visage ovale aux yeux verts transperçant… Un visage parfaitement similaire à celui de l’orisha, si l’on omettait son hétérochromie. Sylibille eut à peine le temps de l’apercevoir, qu’elle tourna dans la ruelle adjacente. Sybella ! Elle était là, à quelques pas d’elle ! Sans se préoccuper de sa discrétion, la brune se mit à courir vers la rue où avait disparu sa moitié. Alors qu’elle allait s’y engouffrer, une voix la stoppa net dans sa course, et cela fut si brusque qu’elle en tomba à la renverse, s’écrasant sur le sol. D’ici bas, elle avait un parfait angle de vue pour observer la sorcière converser avec l’homme qu’elle avait rejoint… Un cinquantenaire à la peau translucide, et à l’air étonnement fatigué. Nostradamus.

Sylbille, ignorant les regards interrogateurs des passants ou les commentaires moqueurs qu’on lui faisait –elle avait peur que tant d’agitation n’attire l’attention du duo mais ils étaient trop éloignés pour porter attention au grabuge qui avait lieu plus loin- ne se remit sur ses jambes que lorsque sa famille se remit en mouvement. Elle se mit à les suivre, à une distance raisonnable pour ne pas se faire remarquer, mais suffisamment près pour ne pas se laisser distancer. Elle ne savait pas ce qu’elle pourrait faire. Elle mourrait d’envie de sauter sur la sorcière, et de prendre ce qu’elle était venue chercher : sa revanche, sa confiance bafouée, la vie de sa sœur… Malheureusement, elle ne pouvait rien faire tant que Nostradamus était dans les parages. Et, comme elle le remarqua en passant les trois jours suivants à les espionner, le père prenait son rôle très à cœur, ces derniers temps, et ne lâchait jamais sa protégée assez longtemps pour que Sylbille s’en prenne à elle… Elle perdait patience. Elle ne savait si les deux autres étaient parvenus à trouver les Dementiae, et pour combien de temps encore ils allaient rester sur ces terres. Ne pouvant s’approcher d’eux, elle ne saurait où serait leur prochaine destination, et elle perdrait de nouveau leur piste… Et il en était absolument hors de question ! Les pensées de la chasseuse emplie de ces préoccupations tandis qu’elle rentrait à sa location, elle ne remarqua pas immédiatement ce qui se déroulait pourtant sous ses yeux. Trois femmes, encapuchonnées, s’introduisirent par effraction dans une boutique. Elle ne les remarqua que lorsque l’une d’entre elles la bouscula en s’enfuyant. Il ne lui fallut pas longtemps pour interpréter leur comportement criminel, et le relier aux rumeurs que l’on entendait depuis quelques temps dans la cité : chaque nuit, des femmes frappaient, et vandalisaient en plus de voler, des magasins. N’écoutant que son courage, Sybella se mit à les poursuivre.

Sans doute imaginez-vous que l’Orisha s’était élancé à leur poursuite pour les arrêter, les réprimander de leur méfaits. Sylbille elle-même pensait qu’elle les dénoncerait à la justice. Mais une fois qu’elle les eut retrouvées –en utilisant son gène-, au moment de l’affrontement que l’on aurait imaginé, la brune changea d’avis. Au lieu de dégainer son épée, elle décrocha sa bourse, et la jeta aux pieds des trois silhouettes qui s’étaient réfugié dans une impasse. Trois visages se levèrent alors vers elle. Sylbille, en les observant, eut dû mal à comprendre pourquoi on les surnommait « les sirènes », mais son don ne pouvait la tromper. La plus à droite des femmes était petite et ronde, de nombreux bourrelets dépassant de sa ceinture, dénotant avec la silhouette filiforme des êtres marins… Celle tout à gauche était au contraire grande et très fine, presque squelettique, et possédait sous ses sourcils bruns et broussailleux un long nez crochu, qui rappelait étrangement le bec des oiseaux, ainsi que des joues ravagées par une acné tardive. Quand à la femme du milieu… Sylbille ne sut pas si elle devait arrêter de la fixer de la sorte ou éviter de détourner le regard. La moitié de son visage possédait une peau flétrie, abimée et rouge vive, comme léchée par les flammes. On discernait un tatouage en forme de croix barrant son faciès, l’axe vertical reliant le centre de son front à son menton, et la barre horizontale passant juste sous ses yeux. En voyant cette marque noire, Sylbille ne put s’empêcher de penser à un sceau, ou une marque de bannissement… Cela lui fit froid dans le dos.  

Tous les regards étaient fixés sur elle, aussi la brune dû-t-elle se reprendre. Se raclant la gorge, elle annonça à voix haute ses attentions : « J’aurais besoin de vos talents de voleuse. Ceci n’est qu’une partie de votre salaire, si vous acceptez votre mission. » La taille de la bourse laissait présager de belles économies, mais ce n’était rien face à ce qu’avait encore la brune dans ses réserves. La brûlée, qui semblait être la cheffe, s’avança et fit léviter jusqu’à elle l’argent. Elle y jeta un coup d’œil et, l’air satisfaite, rangea la poche de cuir dans les plis de sa tunique noire. Sans qu’elle ne sache quand le changement avait eu lieu, Sylbille eut alors face à elle trois sublimes créatures. Tous les défauts avaient été remplacés pour laisser place à des silhouettes aguicheuses, des succubes prêtes à dévorer les marins. « Je t’écoute… Que doit-on faire ? »

Voilà comment Sylbille se retrouva, la nuit suivante, dans la boutique de l’apothicaire, en compagnie des trois Sirènes.

L’air stupéfait qu’afficha Nostradamus en se retournant face à l’Orisha lui fit ressentir deux émotions totalement contradictoires… Un dégout pur et simple de le voir se réjouir face à leur retrouvaille, elle-même ne partageant aucunement cette satisfaction, mais également, et elle aurait préféré se couper la langue plutôt que de l’admettre, un soupçon de cette nostalgie que l’on éprouve lorsque de bons moments de notre enfance remontent à notre mémoire… Des souvenirs heureux qu’elle avait partagé avec cet homme si singulier. Cet homme détestable. Sans trop s’attarder sur ses cernes et son air maladif, Sylibille reporta son attention sur sa jumelle, qui se tenait dans un coin de la boutique, tendue, prête à bondir dès le premier geste suspect. Sa réaction fit naitre un rictus sur le visage de la chasseuse. « Tu ne t’attendais pas à me trouver ici, soeurette ? » Elle tenta de mettre tout le venin dont elle était capable dans ce dernier mot, pour y faire passer toute sa rancœur, tout son dégout. « Je ne pensais pas te voir aussi tôt, voilà tout. Je pensais avoir mieux caché mes arrières. » Oh oui, elle les avait caché. Mais s’était sans compter cette infirmière bavarde. Ne souhaitant pas révéler ses sources, Sylbille garda sa bouche scellée, et se contenta de contourner ses complices.

Elle fit glisser son regard bicolor sur les lieux, et un nouveau sourire élargit ses lèvres fines. Elle avait bien fait d’engager ces trois femmes, elles avaient dépassé ses espérances… Tout avait été saccagé, comme elle l’avait exigé. Il ne restait plus rien de ce lieu auquel Sybella s’était attaché. Et l’orisha savait que de voir cet endroit saccagé de la sorte énerverait au plus haut point sa jumelle. Elle n’avait jamais pardonné à quelqu’un qui aurait osé toucher et dégrader ses affaires. Elle devait être dans un tel état de rage d’avoir découvert que cet affront venait d’elle… Sans doute en perdrait-elle son sang-froid. C’est bien ce qu’avait cherché la chasseuse. Si sa proie commençait à s’énerver, à se laisser aller à la colère, alors elle ne parviendrait plus à réfléchir clairement. Elle ferait des erreurs et… La brune obtiendrait alors ce qu’elle voulait. Mais il restait encore à se débarrasser de Nostradamus. Le sorcier ne laisserait pas sa fille attaquer tête baissée, malheureusement. Il ne la laisserait pas se mettre en danger. L’expérience qu’il possédait avait fait de lui quelqu’un de sage, moins impulsif que ses deux filles. Mais il serait déjà bien occupé avec les trois métamorphes.

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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Lun 04 Juil 2016, 12:04


Tu dois bien l'avouer... entendre la voix de Silbille avait créé un choc dans ton fort intérieur. On raconte que lorsque l'on s'éloigne de quelqu'un, c'est sa voix que l'on oublie en premier. On peut se souvenir de son visage, de son odeur, de toutes les petites choses qui font de cet individu une personne à part entière. Mais la voix s'évanouit vite de notre esprit. Et il est vrai que durant ces deux années que tu avais passé enfermé à l'asile, en plus de la petite décennie de vagabondage, avaient peu à peu effacé de ta mémoire le timbre de voix de ta douce orisha. Enfermé dans ta cellule, tu avais déjà essayé de te remémorer sa voix, sans résultat toutefois. Pourtant, tu n'avais pas eut besoin d'apercevoir le visage de la demoiselle pour la reconnaître. Dès que t'es oreilles avaient entendu ce sont, à la fois rauque et envoûtant, le visage de ta fille s'était imposé à toi, ramenant au passage une flopée d'émotions que tu n'eut pas le temps d'examiner. Mais ce devait sans doute être un savant mélange entre la joie, la culpabilité, la crainte, le soulagement... Et quelques autres sentiments brouillons que tu ne saurais nommer.

Il observa son enfant s'approcher de sa soeur, retirant son capuchon. Tu avais l'impression de regarder Sybella s'observer dans un miroir. Elles se ressemblaient comme deux goûttes d'eau. La même chevelure d'ébène, le même visage sévère... seuls les yeux hétérochromes de l'orisha permettaient autrefois de les distinguer. Désormais adultes, elles avaient pu se différencier grâce à leurs habitudes vestimentaires. Là où l'une adorait les robes et les vêtements somptueux, l'autre adoptait une apparence beaucoup plus... guerrière. Tu portas un regard emprunt d'amour sur tes deux joyaux, une attitude qui te correspondait peu mais que tu ne pouvais t'empêcher. "Une belle réunion de famille." se moqua une voix dans ton dos. Tu avais toujours soupçonné Aggripina d'être un peu jalouse de tes enfants. Ce comportement ne pouvait que valider tes doutes. Mais elle n'avait pas totalement tort. Il y avait sans doute meilleur endroit pour ce genre de retrouvailles.

Tu tapas dans tes mains, reportant l'attention sur toi. "Eh bien et bien ! Moi qui m'attendait à ne jamais revoir aucune d'entre vous... Voilà que vous réalisez mes rêves les plus fous !" Le regard glacé que te renvoya Silbille t'informa que satisfaire tes désirs était le dernier de ses soucis. Elle fit quelques pas en arrière, pour retrouver les vandales qui étaient jusque là restées en retrait, sans broncher. "Mesdemoiselles, ils sont à vous !" prononça la Gandr, tendant les bras dans la direction de sa famille, comme pour les offrir en offrande aux sirènes. Cette attitude te chiffonna quelque peu et tu te renfrogna, serrant les dents devant l'indifférence de ta fille à ton égard. "Voyons, tu viens à peine de nous retrouver... Tu voudrais déjà nous dire au revoir ?" Les yeux froids de la chasseuse se posèrent sur toi. "Je n'ai que faire de toi. Ce qui m'importe, c'est d'éliminer cette traître." Elle se retourna sans un regard sur vous. "Faites en ce que vous voulez, leur sort m'indiffère du moment qu'ils ne repartent pas d'ici vivants." Tu ne la quitta des yeux que lorsqu'elle fut trop loin pour toi.

Un tout nouveau spectacles se dressait désormais devant toi. Les trois silhouettes ne prirent pas  la peine de dévoiler leur visage. Elles commencèrent à vous encercler, rodant autour de vous voir tels des vautours, des prédateurs lorgnant sur leurs proies. Cette situation t'étais plutôt inhabituelle. Les rôles étaient inversés. Tu préférais largement ta situation de force, lorsque tu tenait le rôle du traqueur... Lorsque c'était toi qui inspirait la peur... Pourtant, tu ne t'en faisait pas tant que ça. Il ne s'agissait après tout que de femmes. Qu'elles soient une ou trois ne changeait rien à l'affaire. Leur nombre t'indiquait qu'elles avaient besoin d'être à plusieurs pour pouvoir être efficaces. Les forts font cavaliers seuls, ils n'ont nuls besoin de s'entourer d'une cour pour les aider, et tu étais du genre solitaire. Un sourire carnassier s'afficha sur ton visage : cette partie de chasse promettait d'être amusante. "Tues-les pour moi, mon brave chevalier" susurra la blonde à ton oreille.

Tu attrapas ton arme, qui reposait sur le comptoir, avant d'attraper la sorcière par l'épaule. "Reste derrière moi." ordonnas-tu. Tu ne voulais pas risquer de blesser ta fille  pendant le combat, et si tu voulais pouvoir te concentrer sur ce qu'il se passait, tu devais t'assurer qu'elle ne risquait rien. Il n'y avait aucun endroit de sûr mais si elle restait cachée dans ton ombre, l'attention des créatures marines serait toute entière portée sur toi... tu t'assurerait de suffisamment les occuper pour qu'elles laissent Sybella en paix. Cette idée ne plairait sans doute pas à la concernée, mais tu ne lui exposa pas tes plans et la tira de force derrière toi, devant son refus flagrant de t'écouter.

Tu dardas ta lance sur la silhouette du milieu. C'était elle qui bloquait la sortie. Envisager la fuite n'était pas une option très brave, et tu ne l'aurais sans doute pas envisagé si tu avais été en tête à tête avec les voleuses, mais justement... Ta vie n'était pas la seule mise en jeu. Et puis, les sorciers n'avaient jamais été réputés pour leurs aptitudes au combat. Toi même tu ne pouvais prétendre faire des prouesses dans cette discipline. La fuite ne semblait pas si inimaginable, finalement. C'était même un choix plutôt raisonné. Mieux valait être lâche mais en vie que brave l'ais six pieds sous terre, n'est ce pas ? Oh bien sûr les coeurs nobles prétendraient le contraire mais la vérité était que ces imbéciles n'avaient aucune ambition. Leur seul souhait était une mort grandiose, une mort pour une cause louable, ils n'esperaient qu'une seule chose : que leur dernier instant leur apporte un peu de gloire. Et peut être leur mort les propulsera au rang de héros... pendant un temps. Et puis, quel intérêt à être reconnu comme tel une fois que l'on n'est plus de ce monde ? Autant pouvoir récolter les fruits de cette gloire pendant que l'on est encore parmis les vivants !

Tu esquissas un nouveau sourire en voyant tes adversaires dégainer leurs armes. Celle qui te faisait face sortir de sous sa cape une sorte de long couteau recourbé, à l'air tranchant. Un couteau sacrificiel. Envisageait-elle de t'offrir au ventre de l'océan ? Celle sur ta droite avait coincé de longues aiguilles entre ses doigts fins. Tu étais prêt à mettre ta main à couper qu'elles avaient préalablement trempé dans un poison mortel ou une autre substance fort peu sympathique. Tu ne souhaitais ps vérifier cette hypothèse, tu devrais éviter de te faire griffer par ces jouets là. Enfin la dernière  laissa tomber une longue chaîne sur le sol, qui atterrit avec fracas. La chaîne de fer se terminait par une pointe. Séduisantes et guerrières. Ces femmes t'intriguaient de plus en plus et tu ne pus t'empêcher, une dois de plus, de te demander quel goût elles pourraient avoir sur ton palais.

D'un rapide coup d'oeil, tu remarquas qu'elles avaient bloqué toutes les sorties : les vitres cassées étaient barrés par les deux autres brigandes. Il y avait bien une petite fenêtre dans l'arrière boutique mais le temps que vous vous échappez par là, elles pourraient vous découper en charpie. Très bien, il ne restait plus qu'à .es affronté de face. "La meilleure défense est l'attaque." Sans les laisser méditer sur ces paroles, tu fonças sur l'une d'elle, enfonçant ton arme devant toi. Ton adversaire se déplaça d'un pas vif sur le côté, évitant l'attaque mortelle que tu lui assénait. Ta lame ne toucha que la cape que la sirène avait laissé tombé en bougeant.

Le bruit de métal t'informa que ses coéquipières étaient également passés à l'attaque. Sans réfléchir, tu sautas en  avant, puis ratterris en roulade disgracieuse. Là où tu te trouvais il y a quelques secondes à peine, un gros trous laissé par la chaîne creusait le sol. Avait-on ensorcelé l'arme pour qu'elle face plus de dégâts ? La dernière de tes adversaires lança ses aiguilles dans ta direction. T'aidant de ta lance, tu te propulsas en arrière. Tu tombas à la renverse lorsque tes pieds touchèrent à nouveau le sol. La rousse -celle au couteau, dont tu pouvais désormais voir le visage- enchaîna en te fonçant dessus, son arme brandit en l'air. Tu lui envoyas un vase à la figure pour l'arrêter. S'il ne l'arrêta pas totalement, le bibelot te donna tout juste le temps de rouler sur le côté et de te relever, prêt à attaquer.

Les choses continuèrent ainsi, les sirènes lançant l'assaut, toi esquivant leurs armes avant de répondre par un coup de lance. Mais bien vite les choses commencèrent à se gâter. Tu savais que le combat ne devrait pas s'éterniser, si tu voulais avoir une chance de t'en sortir vivant. Tu devais te dépêcher de les tuer. Mais les trois complices se révélèrent beaucoup plus coriace que tu ne l'avait pensé de prime abord. Elles te rendaient coup sur coup, et tu devais te contenter de sautiller, bondir, rouler pour éviter les assauts mortels. Elles avaient réussi à t'infliger quelques égratignure mais rien qui ne guérirait en plus de quelques jours. Mais elles finirent par t'avoir à l'usure. La fatigue commença à montrer des signes alarmant de faiblesse. Ton rythme cardiaque accéléra et ta respiration, haletante, fini par ne plus te suffire : un point de côté commença à te faire souffrir, te donnant l'impression de suffoquer lorsque tu essayais de reprendre ton souffle. Moins habiles, tu commençais à trébucher et des esquives étaient de moins en moins vives, tandis que leurs attaques te semblaient de plus en plus précises et mortelles. Finalement ta tête se mit à tourner et ce fut le coup de grâce.

Tu essayas de bloquer le coup qui allait venir avec ta lance mais tu ne fus pas assez rapides. La pointe de la chaîne frappa violemment ta tempe. Sonné, tu te laissas tomber à terre. La rousse posa un pied sur ta poitrine pour s'assurer que tu ne te redresses pas, et fit danser sa lame devant tes yeux. "Eh bien eh bien... tu nous as donné plus de fil à retordre que je ne l'aurais pensé... félicitation." Elle ricana avec ses camarades et, tandis que tu te mettais à te débattre pour essayer de te délivrer, elle te gifla. La douleur, vive, te surpris tellement que tu restas immobile, un instant. Personne n'avait jamais osé faire une telle chose. Elle regretterait amèrement ce geste. Mais, tandis que tu essayais déjà d'imaginer un plan pour ta vengeance, elle planta son couteau dans la paume de ta main.

Ton cri de souffrance raisonna dans la nuit froide.
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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Lun 04 Juil 2016, 13:51


Qu'est ce qui avait bien pu m'échapper ? J'avais pourtant tout fait pour rester introuvable. J'avais effacé chaque preuve, chaque indice qui aurait pu permettre de remonter jusqu'à moi. Les seules personnes ayant été mises au courant de mes projets... Eh bien, disons qu'elles n'étaient plus en état de témoigné, maintenant qu'elles étaient enfermées dans une boîte et enterré sous terre ou, encore mieux, réduites en cendres. Alors comment diable cette espèce d'idiot au cerveau ramolli avait-elle pu me retrouver ? Je m'étais pourtant assuré qu'elle ne puisse trouver que ce que je souhaitais qu'elle trouve. La simple lettre que je lui avait adressé -j'avais d'ailleurs pris un malin plaisir à imaginer le visage désespéré de ma moitié lors de la redaction- ainsi que la corespondance avec père. Je connaissais suffisamment Sylbille pour savoir qu'une telle nouvelle la bouleverserait. Mais j'avais visiblement surestimé l'effet de mon départ sur ma soeur. J'avais espéré moins d'ardeur. Je m'étais imaginé que cette nouvelle lui ferait baisser les bras. Je m'étais fourvoyé.

Et ce n'était pas la seule chose sur laquelle je m'étais trompée. Je n'avais pas prévu que ses recherches aillent aussi vite. J'aurais souhaité plus de temps pour faire mes propres recherches. Mais désormais, il était trop tard. Je ne pourrais plus mener mes enquêtes tranquillement et si, par miracle, je m'en sortais vivante après cet affrontement, je devrais des explications à mon père, explications qu'il ne manquerait pas de venir chercher. Je devrais alors lui révéler mon véritable objectif. La véritable raison pour laquelle j'avais commencé à lui parler et pourquoi j'avais consenti à le faire sortir de cet hôpital pour fou dans lequel il avait été enfermé. Et ces vérités le blesseraient. Peut-être au point de me tuer ? Qui sait, il avait bien tué de sang froid la femme qu'il prétendait aimer. Alors pourquoi pas sa fille. Il en avait une deuxième, après tout. Je n'étais pas irremplaçable.

Alors oui, lorsque je m'étais rendu compte que ma jumelle était parvenu à me retrouver dans cette cité, j'avais perdu mes moyens. J'avais été faible et je m'étais laissé devancer par cette simple orisha. Mais le pire, c'est que je n'avais pas été capable de me venger. Je devrais subir cet affront, sans pouvoir rien faire. Cette idée me rendait folle et tandis qu'elle me narguait, je n'avais qu'une seule envie : me jeter sur elle et lui asséner des coup. J'étais tout à coup de nouveau cette petite sorcière qui se chamaillait avec sa soeur, avec quelques centimètres en plus et, bien évidement,  en beaucoup plus dangereuse. Si je m'engagais dans un combat, elle n'en ressortirait pas indemne. Serrant ma besace contre moi, je m'apprêtais à bondir sur la chasseuse, prête à lui arracher les cheveux, lorsque Père détourna mon attention en frappant dans ses mains.

Il engagea le dialogue pour essayer d'améliorer la situation mais cette tentative fut vaine. Sylbille partit sans un regard pour nous. Puis le combat éclata. Si je refusait dans un premier temps de rester à l'abri, cachée derrière Père, cette idée me parut vite judicieuse. Les trois femmes se révélèrent vite plus forte que mon géniteur. Et sa présence me manqua subitement : je n'avais plus personne pour faire rempart entre le danger et moi. Personne pour me secourir. Alors, discrètement -ou en tout cas aussi discrètement que possible- je me hissais sur le comptoir, puis faisais passer mes jambes de l'autre côté. Une fois derrière, je m'accroupis pour rester hors de vue et cachée des sirènes. J'aurais sans doute voulu rester là, immobile, à ne plus rien faire, mais un instinct au fond de moi me murmura qu'il fallait que je fasse quelque chose.

Je n'avais jamais été douée au combat rapproché. Si père ne ferais pas long feu, il était certain que moi, je ne tiendrais pas deux secondes face à ces barbares. Elles ne feraient qu'une bouchée de moi et me donneraient en pâtée pour leurs poissons si je ne trouvais pas quelque chose pour me défendre. Et si on en croyais ce qu'avait dit ma soeur, je serais leur prochaine cible. J'inspirais profondément avant de commencer à chercher quelque chose dans ma besace. Le fracas des armes et du combat couvrait le bruit que je faisait en farfouillant dans mon sac. Je ne trouvait rien de bien utile. Une cordelette, quelques clous, des épingles, des brindilles et des pierres capables d'allumer un feu si on savait comment s'y prendre. Je n'avait pas l'embarras du choix.

Si je n'étais pas douée pour le combat, la création de pièges et it une toute autre histoire. C'était en fait un domaine où j'excelais, sans vouloir me vanter. Mes oeuvres fonctionnaient -presque- à tous les coups. Je commençais par déchirer un pan de ma robe -ma si jolie robe ! Elles me le payeraient ces vieilles morues !- puis j'attrapais un éclat de verre ui avait autrefois appartenu à la vitre, et que nous avions rassemblé dans ce coin de la salle. J'essayais de choisir le plus long et le plus pointu. Je me coupais bien évidement en plongeant ma main dans les éclats, vé qui m'arrache un petit cri plaintif que j'essayais de refouler. Les larmes me montèrent aux yeux mais je les essuyais rageusement. J'enveloppais ma nouvelle arme dans le tissu puis reportais mon attention sur ce que j'avais dégoter dans ma sacoche. J'attrapais la cordelette et me mettais au travail. Aussi rapidement que ma main coupée me le permettait, j'installais un piège devant moi. Si l'une d'entre elles posait le pied sur la boucle posée au sol, elle se retrouverait la tête en bas, son corps pendant dans les airs.

Alors que j'admirais mon travail achevé, un cri déchirant éclata dans mes oreilles. Je me relevait précipitemment, oubliant toute discrétion et tout espoir de me cacher. J'ecarquillais les yeux lorsque soudain je comprenais ce que je voyais : mon père étendu sur le sol, pleurant de douleur, une dague plantée dans la main droite. Cette scène qui m'horrifia à m'en glacer le sang sembla paraître au goût de nos tortionnaires, qui ne rirent que plus encore à ce spectacle. Puis elles se réunir autour du corps à moitié conscient de l'homme, joignant leurs mains, et commencèrent à psalmodier une sorte d'incantation.

La crainte que mon père ne puisse plus me protéger m'arracha un couinement qui tenait du gargouillement et du cri étouffé. L'une des femmes l'entendit et arrêta le champ. Elle lâcha les mains de ses camarades et se dirigea vers moi. Mon père tenta de l'en empêcher mais il n'eut pas assez de force. Elle se rapprocha lentement, prenant tout son temps pour savourer l'épouvante qui se peignait sur mon visage. Elle savait que j'étais coincée, à sa mercie. Mes jambes tremblaient tellement que les genoux s'entrechoquaient, puis finalement, mes membres devenus aussi résistant que du coton ne purent supporter mon poids. Je m'affalais à terre tandis que la mercenaire faisait un pas de plus vers moi.

Puis, sans que personne ne comprenne, elle se retrouva la tête en bas, hurlant et gesticulant pour essayer de retourner sur le sol. Je mis moi même quelques secondes à comprendre que mon piège avait attrapé une cible. Je me serais réjouie si la peur ne me tordait plus les entrailles. J'entendis une de ses camarades s'approcher vers moi. Je n'avais malheureusement pas de deuxième piège à ma disposition. Je rempais pitoyablement contre le mur, sanglotant, et fermais les yeux, espérant un miracle. Puis j'entendis un nouveau cri : Nostradamus. Mais cette fois, ce n'étais pas un cri de douleur : plutôt un cri de rage. J'ouvrais rapidement les yeux et le voyais se ruer sur la troisième sirène, qui trop étonnée pour réagir se laissa saisir par Père. Celui-ci, la main rougie par son sang, attrapa la gorge de sa prisonnière et se mit à courir devant lui. Il fonça sur le comptoir et, lorsque le corps enveloppé dans une cape percuta le meuble, un bruit répugnant d'os qui craque retentit dans la salle. Le corps inerte tomba à mes pieds.

La seule sorcière encore libre de ses mouvements commença à paniquer alors que Nostradamus se retournait vers elle, le regard assassin. En quelques enjambées, il était arrivé jusqu'à elle. Alors qu'elle pointait son couteau devant elle, le sorcier envoya balader l'arme d'un simple coup, puis fit tomber à terre son ennemie. Il se mit à califourchon sur elle puis frappa de toutes ses forces le visage de celle qui lui avait endommagé la main.

Celle qui était pendue comme un cochon commença à chercher quelque chose sous sa cape. Comprenant qu'elle cherchait une nouvelle arme, je me redressais et courait vers elle. J'enfonçais l'éclat de verre dans sa tête. Ses bras retombèrent.


Sybella a écrit:
L'anticaire nous avait payé les soins, en plus de la bourse bien remplie qu'il nous avait promis. Un magicien rien que pour nous... je vous laisse imaginé la tête que le médecin a fait lorsqu'il s'est rendu compte que ses clients étaient deux sorciers. Pourtant, il a fini par nous soigner. Mes blessures à moi n'étaient que superficielles et à part le traumatisme mental que je garderai sans doute de cet affrontement, je devrais m'en sortir. Mais c'est surtout pour Père que je m'inquiétais. A force d'avoir battu jusqu'à la mort cette vieille morue, sa plaie à la main c'est encore plus ouverte. Je ne sais pas où il a puisé cette force du diable mais ça ne lui a pas fait que du bien et si je ne l'avais pas arrêté, il aurait continué jusqu'à en mourir lui aussi... Tout le sang qu'il avait perdu l'avait affaibli et je craignais qu'il ne perde connaissance, mais il tenu bon pour m'aider avec les corps.

Et ces corps justement... je ne sais pas où elles tenaient leurs titre de sirène mais... croyez moi, une fois morte, elles tenaient plus du poisson pourri que des créatures enchanteresses dont on parle dans les contes. Père pensait à de la métamorphose, car après tout, l'apparence de la rousse changea une fois que père lui eut ôté la vie. Et il en allait de même pour les deux autres.

En tout cas tout s'était bien terminé. Enfin, pour nous en tout cas. Comme je m'étais doutais, le sorcier exigea des explications. Si je comptais d'abord prétexter une simple attaque des Gandr, il flaira le mensonge et je dû me résoudre à lui avouer mes véritables raisons de notre venue à Sceptelinsot. La recherche de la famille Dementiæ, ma recherche de pouvoir... étonnamment, ma déclaration ne sembla pas le déranger. Il se contenta de garder le silence alors que je lui dévoilais mes égoïstes projets.

Mais je suis toujours en vie. Alors peut être qu'il finira par m'aider à trouver les Dementiae. Ou peut être attendaient-il un meilleur moment pour m'exécuter.  En tout cas, je n'ai pas d'autre choix. Demain, nous partirons sur le continent naturel. Je déteste le navire
.

1936mots
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LesSirènes [Quête solo Nostradamus - Sylbille]

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