Shapûr leva ses deux points au ciel en étendant ses bras. Un signe de victoire. Personnel, certes, mais une victoire tout de même : celle de convaincre cet idiot de médecin de le laisser quitter ce satané hôpital provisoire ! Cela faisait des semaines qu'il était cloué au fond d'un lit et l'homme commençait à trouver ce temps trop long, surtout qu'il contenait encore beaucoup de blessés de la dernière bataille. S'ils aimaient faire le geignards à la moindre coupure et les douillets, ce n'était pas son cas. Ayant été blessé par une arme démoniaque, l'Humain avait mis du temps à s'en remettre malgré sa robustesse. Quelqu'un d'autre serait sans doute mort sous les effets du poison que détenait l'arme de cette sale raclure ! Heureusement qu'il avait su compter sur Mancinia pour le traîner de force chez un guérisseur ayant l'oeil pour ce genre de choses, parce que lui aussi aurait rejoint la longue liste des disparus. Fichus être démoniaques ! Ils avaient tout en double en comptant les cornes et les queues, mais ce n'était pas le cas de l'intelligence ! Ça, même un gamin de dix ans parviendrait à les battre. Bon, okay, il exagérait un peu. Douze ans, avec une bonne formation comme la Caserne en délivrait. En plus qu'ils avaient décidés de rentrer en guerre, c'était bon pour se défouler un coup et prendre sa revanche ! Ha ha ha !

— Non, le Roi reste neutre dans le conflit.
— T'es sérieux ?!
— Ouais. Il a dit qu'on devait s'occuper de nous-mêmes avant d'aller aider les autres. Je ne suis pas totalement contre ce qu'il dit, mais faut admettre que ce n'est pas la décision du siècle...

L'homme était au comptoir de son bistrot favori. Son tenancier avait l'air content de le revoir en vie - c'est dire qu'il était un bon client. Il faut dire que ce n'est pas en convalescence qu'il pouvait se procurer de l'alcool en douce - Mancinia l'avait fait une fois pour célébrer la reconstruction, mais n'étant pas aussi consommatrice que lui, elle ne se rendait pas compte de ses véritables besoins.

— Il est con, en fait.
— Voyons, Shapûr ! essaya de le raisonne le vieil homme. Notre Roi fait de son mieux pour nous et nous n'avons pas une armée assez solide pour combattre les Démons. Non, la neutralité, c'est sans doute une bonne concession.
— Faut arrêter les débilités deux secondes, hein ! Les Démons s'en foutent qu'on soit neutre ou pas ! S'ils veulent nous massacrer, ils viendront encore. Et si les Anges tombent sous leurs mauvais coups, alors je me demande ce que fera ce bon Roi pour nous sortir de là ! Rien sans doute. Un vent, peut-être.

Shapûr bu le reste de son verre d'une traite et en recommanda un autre. Il n'allait pas se soûler à peine sortit de ses soins, mais il avait envie de boire. Il en avait besoin. Les conversations tournaient autour de ce conflit ravageur en dehors des murs, de nombreux groupes de Démons errants attendaient les voyageurs aux abords du Désert : Humains ou non, ils y passaient. Ce qui mettait à mal l'économie de la ville, qui tournait encore aux ralentit, ainsi que la sécurité. Les troupes disponibles étaient dispersées un peu partout pour assurés la sécurité des voyageurs et des points d'eaux. Et les Anges aidaient. Ils étaient bien trop bons à son goût. Si un de ses alliés lui avait fait le coup de la neutralité après qu'il eut volé son secours des dizaines de fois, le sauvant même de plusieurs morts certaines : il aurait revu sa considération. Mais eux, non. Était-ce de la compréhension ou de la stupidité ? Il ne saurait le dire. Au bout du cinquième verre, il s'arrêta de consommer. Qu'allait-il faire maintenant ? Boire encore un coup ou en tirer une ? Hum. Mancinia avait fait en sorte que son arme soit remise aux normes après tous les coups qu'elle avait pris, mais son arc avait été brisé durant le dernier assaut et il allait devoir en refaire un. Tant pis. Tant qu'il avait sa claymore pour continuer la lutte, Shapûr n'allait pas se plaindre.

Ouais. Il allait aller la chercher ! Si ces faces de rats attaquaient encore, au moins, sa vieille amie serait non loin ! Acquiesçant, il se redressa, paya avec le peu d'argent qu'il lui restait et se rendit à l'extérieur. A l'abri des murailles blanches, il faisait tellement plus frais. Un véritable délice. Les premiers rayons solaires dardaient les hauteurs de la Capitale et ne manquerait pas de la recouvrir au fur et à mesure de la journée. Parcourant les ruelles moins fréquentés pour aller plus vite, il dû se résoudre à passer par une artère principale pour se rendre chez les Forgeron. Alors qu'il progressait tant bien que mal, il entendit des cris eu milieu de la cohue ambiante. Croyant d'abord à un bambin qui pleurait sa mère, Shapûr se trouva bien vite devant le fait accompli : ce n'était pas le cas. Et c'était pour lui vu que personne ne semblait se soucier d'eux ! L'Humain observait ces deux gamins ensemble, paniqués. L'un était un garçon d'une dizaine d'années, maigrichon et aux cheveux indomptés malgré ses efforts pour les attachés. Et une fillette aux cheveux blonds qui ressemblait fort à une fontaine. Exaspéré de les avoir devant son chemin, Shapûr se contenta de phrase agacé ;

— Hey, les deux mioches, ce n'est pas bientôt fini ce boucan ? Y'a des gens qui bossent ici !

920 mots

La réplique que lui servit ce gamin laissa Shapûr muet une fraction de seconde. Son air peu dégourdi était bien trompeur au regard des passants, puisqu'il ne laissait pas entrevoir son mauvais caractère. Ne jamais se fier aux apparences, c'est ça ? Qu'est-ce qu'il réfléchissait il y a cinq minutes, sur la débrouillardise des gamins ? Il y avait de quoi rire de la réplique, mais elle n'était pas assez surprenante pour déstabiliser l'homme à l'humeur aussi changeante que le temps. De ce qu'il savait et voyait, on ne lui avait pas appris le respect à ce mioche ! C'était bien dommage, car maintenant, il avait bien envie de lui coller une bonne claque pour lui faire entrer avec force dans la caboche et de le faire pleurer pour une vraie raison. Et bien que son poing se détendait, il se retint à se laisser aller à la violence, de crainte de se faire botter le cul, en vrai. Pas par des badauds qui regardaient avec des yeux interloqués, mais par Mancinia. C'était une Sainte, cette bonne femme. Imprévisible et dans tous ces états. Une calamité si elle apprenait les déboires de l'Humaine avec des enfants. Pour bien faire, il croisa les bras et toisa ce morveux de haut. De toute manière, il savait qu'une autre réplique de travers lui vaudrait un coup de pied dans la face. Ça lui referait le portrait d'une manière relativement intéressante...

— Et tu l'aides en te mettant à crier à ton tour ? le nargua-t-il. C'est intéressant comme approche de chialer en appelant à l'aide.

Le gamin ne se démontait guère en présence des adultes. Ce ne devait pas être un étranger, il avait trop de caractère pour être un possesseur de magie quelconque. L'habitude d'être malmené et de se défendre contre plus fort que soit, Shapûr connaissait bien. Un mioche Humain. Ça suffisait pour qu'il l'écoute un peu et un sourire crispé apparu sur son visage, mais il n'attendit rien de plus que des explications. Qu'il obtenu à peine avant qu'il ne fasse la promesse à l'enfant de récupérer sa peluche disparue dans la vaste ville et lui tira la langue avant de prendre ses jambes à son cou, avant même que son interlocuteur ne redresse le bas pour l'arrêter.

— Hey ! s'insurgea-t-il dans l'instant.

Sa réaction n'arrêta pas pour autant ce chenapan qui prit la fuite dans la foule. Shapûr ne fit rien de plus pour le retenir et savait qu'il lui serait inutile de le courser, ayant mieux à faire dans l'immédiat. La pauvre gamine à ses côtés avait observé l'échange et se contentait de renifler bruyamment, n'osant plus pleurer de crainte de subir l'ire de l'Humain bourru et croyant dans les paroles du garçon qui lui avait fait une promesse.

— Par Phoebe, quel courant d'air !
— Tu aussi, tu crois en Phoebe, Monsieur ?

Le regard de l'enfant venait de se mettre à briller. Comme si elle était convaincue de s'être fait un nouvel ami. Sa peur envolée par ce lien commun.

— T'es une Bélua. T'es pas sensée vénérer Sympan ?
— Je sais pas..., admit-elle, honteuse.
— Bah, t'as ta vie pour le découvrir...

Bien que cette guerre divine fasse rage, les enfants ne pouvaient pas véritablement choisir leur camp. Et il n'avait pas envie de la prendre par le col pour la sortir d'Utopia, ce ne serait pas très...Juste. Shapûr mit sa main sur les cheveux bleus de la gamine. Tiens, ce n'était pas son genre de faire des choses comme ça. Bah, au point où il en était...

— Tu disais que t'avais perdue ta peluche ?
— Oui. Des méchants me l'ont prit.
— Ce devait être pour rire, les garnements aiment faire des blagues aux étrangers. Et puis, tu auras une autre peluche de la part de tes parents !
— Elle était spéciale cette peluche, c'est mon amie...

Elle allait se remettre à pleurer s'il continuait à dire que c'était sans importance, c'était sensibles ces mioches-là. Une peluche perdue, hein ? Comment retrouver quelque chose comme ça dans la Capitale ? Surtout sans savoir à quoi elle ressemblait...Ça lui rappelait que Mancinia lui avait racontée un truc similaire lorsqu'elle lui avait raconté s'être trouver un Ange Gardien. Il n'avait rien compris, pas plus que les garnements de la ville auquel elle avait botté les fesses ensuite. A son souvenir, ils avaient mis le bien de l'étrangère dans une tanière de...

— Wooh, m*rde ! Les Kéfirs !

Sa remarque à voix haute fit sursauter l'enfant qui dévisagea l'Humain avec des grands yeux similaires aux siens. Si c'était les mêmes - sans doute pas, mais sait-on jamais - et qu'il l'avait mise dans un terrier de Kéfirs à l'extérieur d'Utopia, ce mioche au fort caractère allait en baver. Il pouvait même se faire tuer. Sa conscience ne permettrait pas ça, surtout avec un compatriote.

— Okay, gamine ! Je vais chercher ta peluche, retourne près de ta mère, on s'occupe de tout !

Qui ça on ? Bon, il n'avait pas le temps de se soucier de la formulation. Shapûr se redressa, parcouru la rue et, parvenu au bout, regarda à droite à gauche.

— Bon. Il est partit où, ce petit con ?

860 mots

Il n'y avait rien de plus énervant que d'avoir dans les pieds des gamins braillards, alors pourquoi venait-il de se mettre dans cette galère ? Pourquoi avoir fait cette promesse de retrouver une peluche ridicule se trouvant les Aetheri savent où et de se lancer à la poursuite de l'autre, là. Est-ce son esprit qui le lui avait soufflé ou simplement du rien ? Après tout, ce n'était pas lui l'expert dans ce genre de situation ! De toute manière, qui que soit ce morveux, il devait être loin. Ce serait bien le moment de rebrousser chemin, personne ne lui en tiendrait rigueur si un imprudent se faisait dévorer par des Kéfirs, mais il en connaissait une qui ne lui pardonnerait pas : sa conscience. Pestant à nouveau contre lui-même, s'insultant tout bas devant quelques regards surprit de son comportement, Shapûr choisi de se remettre en chemin. Les connaissant pour tous leurs mauvais côtés, le gamin devait s'être perdu quelque part dans l'immensité de la Capitale, ce serait donc comme chercher une aiguille dans une meule de foin, mais il avait fait une promesse à quelqu'un d'autre et ne pouvait pas revenir sur ses paroles. Il détestait ça. En attendant, il était inutile de chercher au hasard, ce n'était pas réaliste. La Capitale était vaste, les enfants ne manquaient pas sur le marché, entre ceux accompagnant leurs parents pour affaires ou ceux résidents dans ces murs...

Shapûr choisi de poursuivre son but premier, à savoir, la récupération de sa fidèle amie. On ne savait jamais l'utilité que pouvait avoir ce bout de métal quasiment au bord de sa vie. Le chemin ne fut pas long et Macheb eu l'air aussi surprit que ravi de le voir tenir debout.

— Hey, Shapûr ! le salua le forgeron. Tu devrais être au lit, tu sais ?
— Pas le temps. Je viens récupérer cet...Attends, c'est quoi ça ?

Sa claymore était bien différente de ce à quoi il s'attendait. Une lame neuve, épurée et plus épaisse se tenait sur son manchon. Impossible de se tromper pourtant, il y avait les griffes fait de sa main à certains endroits.

— J'ai apporté quelques améliorations, comme on me l'avait demandé.
— Mec, j'ai pas les moyens. Et qui t'as demandé ça ?
— Mancinia. Elle m'a même payée d'avance en disant que ta convalescence serait longue.

Rah, bordel. Est-ce qu'il devait l'aimer ou lui botter le cul ? L'homme ne le savait pas. Il n'avait clairement pas les moyens de se payer cette merveille et encore moins pour rembourser son amie dont il voyait la réaction indignée d'ici quant à l'éventualité de lui rendre son argent. Pour l'instant, Shapûr ne pouvait rien faire d'autre que d'accepter sans tergiverser. Il avait un mystérieux garnement à retrouver.

— Eh bien, Joachim, tu es bien arrangé !
— C'est un gamin que je n'avais jamais vu. Il lui a mordu le bras jusqu'au sang, mais il l'a bien cherché. Tu t'es battu avec tes amis contre un garçon seul, ce n'est pas très loyal.

C'était une bénédiction.

— JEn parlant de ça, je recherche un gamin.
— C'est pas le tien quand même ?
— Encore heureux !

Ils éclatèrent d'un rire ironique avant qu'il ne se décide à fournir la description de l'intéresser, bien que maugréant en appuyant sa main sur sa blessure, Joachim admit à demi-mots que c'était lui.

— C'était où ? demanda-t-il à sa mère.
— Près des caravanes marchandes, à la sortie de la ville.

Shapûr ne se retint pas en lâchant un juron. Comme prévu, il devait être sorti d'Utopia. Joachim, néanmoins, précisa la potentielle direction où il devait se rendre.

— Il nous à sûrement entendu parler du trésor et il veut nous le voler !

La chaleur en dehors des murs était dévorante, il en était conscient et se défit de son surplus de vêtements qu'il prit soin de cacher en le confiant à son ami. S'il était imprudent, il le paierait très cher. Et il était un adulte. Un enfant pouvait très bien se tuer pour plusieurs raisons, allant de la déshydratation à être dévoré. Sans perdre un instant, l'homme prit la direction au pas de course. Mine de rien, il avait l'impression qu'ils étaient semblables. Woooh. Était-ce déjà les rayons mordants qui lui faisaient tourner la tête ? Il n'était pourtant encore pas sortit de l'enceinte, encore quelques pas. On ne le retint pas à la sortie de la ville et en explorant les alentours avec précaution, il constata qu'il avait l'embarra du choix. Mancinia lui avait déjà mentionné les nombreux terriers de Kéfirs aux alentours. Des cachettes de choix pour quiconque savait y entrer, des pièges mortels pour les autres. Ils avaient beau être des félins joueurs, ils étaient très agressifs quant à la protection de leurs enfants. A son humble avis, la bande de Joachim n'avait pas dû aller aussi loin que ça, tout au plus une ou deux grottes des environs. Au petit bonheur la chance, comme on dit. Une chance qui devait lui sourire vu que l'Humain distinguait bien rapidement un Kéfir de taille adulte le dévisageait, les crocs sortis en guise d'avertissement. Un coup et il risquait fort de le blesser assez gravement. Il fallait détourner son attention et vite.

— BRWAHA !

Hurler un bon coup pour le surprendre était la seule idée qui lui était passé par la tête. Ou plutôt, c'était son instinct qui le lui avait dit. Les oreilles du Kéfir se rabattaient vers l'arrière, choqué d'une telle intrusion. Et menaçante.

— Et ouais, mon mignon, tu vas reculer bien gentiment ou tu ne vas pas aimer la suite !

Post III | 927 mots

Il avait l'air bien malin, avec ce magnifique Kéfir grognant à quelques pas de lui. Le gamin serra les dents en retenant un tremblement... Si seulement la bête ne faisait pas deux fois son poids, il se serait sentit un peu plus courageux. Mais ce n'était pas le cas et ses envies d'héroïsme s'étaient brusquement envolées. Au hurlement qui résonna dans la caverne sans prévenir, Lullu poussa un cri et trébucha en voulant se retourner pour discerner la source de ce terrible bruit. En découvrant le nouveau venu, il hoqueta de surprise. Il ne savait pas s'il devait se réjouir de la venue du jeune guerrier, ou s'il devait s'effrayer de voir le Kéfir devenir encore plus agressif sous la menace. Sans trop réfléchir plus, il aperçut la peluche sur la droite, traînant dans la poussière. Il y rampa le plus rapidement possible, trop apeuré pour se retourner et regarder en quelle faveur le combat penchait. Une fois le morceau de coton rempli de plumes en mains, il le brandit fermement et courut comme un dératé vers la sortie de la grotte. "Je l'ai ! Je l'ai ! Sortons ! " cria-t-il, disparaissant aussitôt dans la lumière aveuglante de l'ouverture béante.

Dehors, il dut cligner des yeux et tituba, le soleil lui brûlant la rétine et la chaleur le prenant à la gorge. Comme il ne savait pas si son nouveau compagnon l'avait vraiment suivi, il s'efforça d'aller se réfugier derrière un rocher -en regardant farouchement derrière lui pour s'assurer qu'aucune autre bête sauvage ne risquait de lui tomber dessus. Puis il s'aplatit contre la pierre chaude et s'autorisa enfin à relâcher sa respiration affolée. Ouf ! Il n'avait jamais eu aussi peur, sauf quand Devaraj lui faisait boire des liquides étranges et assister à des sacrifices humains, mais il s'agissait là d'une aversion moins violente. Difficilement remis de son choc, il planta ses yeux sur l'entrée de la grotte pour guetter, s'inquiétant alors d'y avoir laissé l'homme tout seul. Il aurait pu ramasser une pierre et frapper le Kéfir ! Il était stupide d'avoir fuit ainsi ! Mais en se disant tout cela, il réalisait aussi à contre-cœur qu'il aurait pu gêner les mouvements du guerrier. Alors que ses fabulations commençaient à prendre une ampleur beaucoup trop grandes et qu'il était à deux doigts de vouloir rattraper la caravane pour rameuter des renforts, il vit enfin l'humain ressortir. Dans son soulagement, Lullu bondit sur le rocher qui le cachait, brandissant le fameux trésor avec une force renouvelée par la victoire apparente de son compagnon. Un rire brusque jaillit de ses lèvres, il sauta et couru vers l'homme pour lui tourner autour. "On a réussi ! Ehe ! Alors ? Tu l'as tué ? Comment ? Oh ! Je peux récupérer les crocs ?!" N'en démordant pas avant d'avoir eu son récit, Lullu ignora par ailleurs tous les reproches qu'ont pouvait lui faire. Il savait déjà qu'il n'avait pas agi de la façon la plus intelligente qui soit, mais il avait désormais la peluche dans sa main et cela remplaçait et effaçait tout le reste. "Tu sais si j'avais eu mon arc et mes flèches, ça ne serait jamais arrivé ! Je suis bon moi, à cinquante mètres je pouvais lui en décocher une ! Et pof ! Entre les deux yeux !" dit-il en mimant l'action avec nervosité, oubliant légèrement sa couardise de plus tôt et voulant montrer que lui aussi savait se battre comme les adultes.

Comme ils reprenaient la direction des portes d'Utopia, Lullu se rappela tout de même de la finalité de leur mission. "Enfin... Merci de m'avoir aidé ! C'est un peu bizarre venant de la part d'un adulte comme toi mais je ne me plains pas ! Promis !" Ce qu'il était bavard tout d'un coup ! Il ne savait pas si c'était le résultat du choc, ou simplement par fierté, ou encore par joie d'avoir trouvé un espèce de camarade. "Il faut que nous retrouvons la petite... J'espère qu'elle n'a pas trop bougé depuis tout à l'heure ! Je suis sûr qu'elle serait très contente !" Les yeux brillants et le sourire candide, il baissa ses yeux sur l'arme de l'humain. Elle était belle ! Il faut dire qu'il ne voyait que rarement des épées d'aussi près. Ce n'était pas l'arme de prédilection chez les chamans qu'il avait côtoyé et les épées d'entraînement à Basphel était rouillées et dénuées de tout ornement. "Dis ! Je peux l'essayer ? "

Mots : 760
Post 4

Quelle idée avait-il eut de surgir dans le dos d'une telle créature, de la surprendre et de lui faire face comme si de rien n'était ? Ce Kéfir restait un adversaire redoutable, mais Shapûr ne comptait pas laisser un gamin entre ses griffes. S'il parvenait à s'échapper durant ce combat, alors il aurait atteint son but. D'ordinaire, ce peuple proche de la cité était plutôt joueur que sanguinaire, mais se risquer vers l'un de leurs nids était décidément bien une bien mauvaise idée, mais la peur était une ennemie encore plus insidieuse et ce pauvre gamin ne faisait clairement pas le poids, sa propre intervention ayant fini avec sa détermination. Il le voyait bien. Seulement, trop occupé à se dévisager en tant qu'éventuels combattants, il ne vit pas que malgré sa peur apparente, un petit guerrier sommeillait dans le corps de ce gosse qui se faufilait pour récupérer cette fichue peluche. Ce dernier la brandit fièrement, essayant d'attirer son regard, avant de se mettre à courir. C'était une grave erreur que de faire ce genre d'actions inconsidérées. Une chance inouïe que l'animal soit ébranlé par ses intrusions, autant bruyantes que déroutantes à son incompréhension, mais il lui en fallu bien peu pour se ressaisir et de le prendre à nouveau pour cible en oubliant la présence de l'adulte qui allait bientôt les séparer. Shapûr compris bien rapidement ce que cela impliquait.

Le guerrier eu à peine le temps de dégainer son arme que le Kéfir lui sautait dessus, faisant désormais obstacle entre lui et sa cible, ce dernier devait l'éliminer avant de s'occuper de l'autre. Pas question de crever ici, ce serait décidément bien trop stupide. Surtout que l'autre imbécile ne pourrait absolument pas se défendre au milieu du sable. Heureusement que la lame était assez solide, il en devait une à Mancinia pour cette brillante idée. Son ancienne épée n'aurait jamais tenu entre les longues dents d'un tel adversaire. Shapûr avait manqué de tomber en arrière quand ce dernier avait atterri sur lui pour lui arracher la carotide, mais il avait tenu bon. Le problème était sa proximité. Il sentait son haleine nauséabonde sur son visage. Il devait absolument tenir sa position, attendre un mouvement qui lui serait profitable. C'est alors que l'homme une idée. Il saisit le pommeau de son arme et tira vers la droite, tranchant ainsi le haut de son palais, sans trop enfoncer, seulement pour l'effrayer malgré la blessure. Ce dernier recula, pleurant sous l'effet. Shapûr profitait de ce moment de confusion douloureux pour s'enfuir en courant et retrouver ce petit merdeux. Ce ne fût pas bien compliqué.

— Ptain, ayez des gosses ! râla-t-il ouvertement en reprenant sa respiration

C'est alors que le guerrier, essoufflé, l'entendit déblatérer des tas de mots en revenant vers lui. Shapûr était très content de le voir. Surtout avec l'envie de lui en coller une. Un coup de pied au cul qui le renverrait direct à Utopia. Son sourire devait vraiment être carnassier, mais il n'en avait cure.

— Espèce d'abruti ! cria-t-il sans ménagement. On ne se met pas à courir devant une créature pareille au risque de se faire charcuter ! Tu as de la chance que j'avais une arme pour nous défendre, où il n'aurait fait qu'une bouchée de nous !

Puis, il se reprit, lâchant un long soupir.

— Je ne l'ai pas tué. Ce ne sont pas des créatures dangereuses, tu as été la menace dans leur nid. Il ne faisait que protéger ses petits comme tout parent a le devoir de faire. Sa blessure cicatrisera. Je crois...Hey !

Mais peu importe ce qu'il disait, le gamin ne semblait pas l'écouter. Trop heureux de lui raconter ses exploits, qu'il n'aurait eu aucun mal à réaliser avec un arc. Ça le fit rigoler.

— Ah ouais ? Et un aussi bon archer ne sait pas se servir de ses yeux pour voir un Kéfir qui fait deux fois sa taille ?

Quelle ironie tout de même. Il finit par le remercier d'être venu à sa rescousse, s'étonnant presque de son intervention. Comment ça, un adulte comme lui ? D'où il venait, ce chenapan ?

— J'avais peur qu'on ne me tire les oreilles si tu te blessais...Ah, nan, j'en ai rien à foutre. Juste que je n'ai qu'une parole et accepter une requête est l'accepter. De toute façon, elle ne doit pas avoir trop bouger de sa caravane.

Son regard glissait vers son arme, demandant naturellement s'il pouvait l'avoir pour l'essayer.

— Non. Et je ne dis pas ça parce que je crains que tu ne te tranches la main, ce sera ton problème, mais parce qu'une amie me l'a offerte et que c'est un cadeau précieux, surtout pour un soldat en temps de guerre. Si t'es sage, je te ferais un bisou baveux, par contre.

Son expression valait tout l'or de la cité.

Post IV | 803 mots

"Je ! Ah ! C'est fourbe ! Je l'avais vu d'abord ! En premier avant toi ! Même que j'allais l'attaquer juste au moment où tu es arrivé ! Je suis pas lâche !!!" hurla-t-il d'une petite voix qui portait néanmoins loin. On n'avait pas insulté son courage mais il se sentit obligé de préciser et de mentir, blessé dans sa fierté. Si son père adoptif lui avait fait hériter d'une seule chose, c'était sa mauvaise foi légendaire. Ludwig rougit de honte. Non seulement cet adulte stupide lui faisait la leçon mais en plus il refusait de lui prêter son arme ! L'enfant était outrageusement jaloux de cet homme, qui semblait avoir tout ce dont il rêvait : la force, la richesse, une épée, une armure et même une amie ! "Ah oui ? Et qui est cette femme ? Qui est le forgeron ? J'aurai la même que toi, bientôt ! Tu ferras moins le malin !" Autant récupérer le nom de fabriquant, l'information pourra toujours être utile.

Ludwig avait déjà oublié sa peur précédente. Il était par contre surexcité par l'aventure et par la présence du soldat à ses côtés. "Je suis un terrible archer ! Terrible dans le sens très trèèèèès bon ! Je te provoquerais en duel ! Bientôt ! On ne t'a jamais appris à ne pas te moquer des plus petits ? Attention je dis petit en taille, pas en capacités ! Tu as été très mal élevé c'est moche. Et je ne veux pas de ton bisou dégueulasse !" Il recula précipitamment. Son visage rieur s'était terni avec l'apparition fugace mais visible d'un voile de peur subite. La peur qui prend aux tripes et qui vient du fond du cœur, qui se cache pour disparaître mais revient toujours brutalement. Ludwig ne faisait confiance à personne, ni aux autres enfants, ni aux adultes, peut-être encore moins aux adultes. Le mal que lui avait fait son père était trop grand, même si ce dernier s'était contenté de blessures et d'attaques psychologiques. N'étaient-elles pas celles qui faisaient le plus mal ? Elle ne guérissaient pas avec le temps et restaient invisibles. Pouvaient-elles seulement guérir, si en plus, il était tout à fait incapable d'en parler aux autres ? Le gamin croisa les bras, retrouvant volontairement son air de défiance, près à en découdre. C'était cela, sa véritable carapace, épaisse et solide.

"Je vais aller rendre la peluche... Tout seul !" précisa-t-il en agitant l'objet de leurs troubles avec sa main gauche. Il avait raison sur un point : la caravane n'avait pas bougé ou du moins elle se trouvait encore à Utopia pour quelques jours puisque la ville était son arrivée. La petite fille, elle, avait peut-être changé d'endroit pour pleurer. La retrouver demandera quelques efforts mais après avoir survécu à ce Kéfir, il sentait que rien ne pouvait plus s'opposer sur son chemin ou lui être impossible. "Tu t'appelles comment, au fait ? Ah, nan, j'en ai rien à foutre." Il se moquait de la tournure de phrase que le soldat avait utilisé un peu plus tôt pour le piquer dans son orgueil ou pour faire un trait de sarcasme. Oeil pour oeil, dent pour dent ! Par contre, il avait une vraie question. "Euh, ça veut dire quoi, foutre ? " Les adultes utilisaient souvent ce mot, enfin... parfois. Il savait que c'était un gros mot, mais il ne comprenait pas son origine. "Si tu me dis que c'est pour les grands seulement, je te saute dessus et je mords ! J'ai appris ça chez les Chamans et ça fait super mal !" C'est vrai qu'en y pensant, les enfants Chamans avaient des jeux assez différents des enfants Humains. Enfin, ils étaient plus... sauvages. Etant différent par sa race, son origine, son physique et surtout, son manque de Magie, Ludwig avait très vite dû apprendre à se défendre physiquement. Il était plutôt doué en fait, pour son âge. L'enfant reprenait lentement la route pour revenir vers la Porte d'Utopia la plus proche. Une faim subite le poussait à reprendre automatiquement le chemin vers lequel il pourra trouver de quoi voler des fruits et un pain pour se nourrir de cette stupide journée. Il se demandait si l'homme allait le suivre ou même, oser lui répondre correctement. Quoique... comme il l'avait dit, peut-être qu'il s'en foutait.

Mots : 740
Post 5
Pfiou, c'était pas facile de rejouer Ludwig gamin. xD Désolé si c'est un peu changeant par rapport au début du rp, j'ai essayé de faire de mon mieux. ;-;

Shapûr écoutait les remontrances du petit être qui gesticulait et protestait vivement contre ses propos, vantant ses mérites en archerie et le fait qu'il serait prêt pour des combats futurs. En vérité, il avait été tétanisé devant la créature, simplement parce qu'il n'avait pas appris à les gérer et n'avait pas réfléchis aux dangers potentiels peuplant le Désert. Sans doute que ce gamin venait de l'extérieur des murs, ce qui expliquerait sa méconnaissance de pas mal de choses. Le guerrier avait les mains reposant sur ses hanches en l'écoutant, un petit sourire narquois aux lèvres. Il était prêt à le défier en duel, sous entendant bien sûr que ce serait le cas lorsqu'il serait prêt. Dans très longtemps, donc. Ses réactions et sa propension à tout exagérer l'amusait un peu. Ce devait le renvoyer à sa propre image d'enfant turbulent, refusant l'autorité de ces sales engeances magiques et qui se débattait un peu dans le vide. Trop petit, sans la moindre force, obligé de regarder son aînée dépérir au fil des mois. Lui-même regrettait un peu de ne pas avoir eu toutes les armes nécessaires pour défendre sa soeur et son enfant, enterrés quelque part sur des terres étrangères. Son visage s'assombrit, on aurait pu le mettre sur le compte de l'ennui que lui procurait ce petit être. Ce n'était pas tout à fait faux.

— Par les miches de Drejtësi, ce que tu peux être chiant, répondit l'homme en soupirant. On est des centaines à avoir du talent au niveau du maniement des armes, ce n'est rien de très impressionnant dans un peuple guerrier. Les épéistes sont plus nombreux parce que c'est la base de toute armée, mais il y a aussi les lanciers, qui sont encore plus effrayants. Ils arrivent à viser un ennemi de loin et au vol, lorsqu'ils sont en difficulté, très pratique contre ces saloperies démoniaques. En tant qu'archer, ce seront eux tes plus précieux soutiens en cas de combat aérien. Mais vue ton éducation, qui est semblable à la mienne, pas sûr qu'ils aient très envie de te côtoyer avant que tu ne sois trèèèès fort.

La provocation marchait tellement bien avec lui que Shapûr voulait l'obliger à le prendre pour un défi, ce qui le balancerait directement dans les bras de l'enseignement militaire. Ce qui lui sauverait certainement la vie à l'avenir, car la Guerre des Dieux était loin d'être terminée. Le garnement s'était éloigné de lui à la mention d'un bisou, sans doute devrait-il apprendre la taquinerie, ou devait-il simplement lui dire que c'était une plaisanterie, mais c'était vraiment trop tentant que de le laisser dans le flou le plus complet. Résultat, le guerrier avait encore plus envie de se moquer de lui. Ce qui ne l'empêchait pas de conserver ses informations pour lui. Il ne divulguait pas aisément connaître quelques Matasif, il n'était pas certain que le gamin le laisse tranquille autrement. Peut-être courrait-il partout en exigeant de les rencontrer et il ne souhaitait pas leur infliger pareil spectacle, surtout à Mancinia. Elle serait sûrement tenter de le prendre sous son aile par simple amusement. Une lancière aussi émérite avait de quoi faire. Et lui, il serait capable de lui courir après et de suivre ses rudes enseignements en râlant. Shapûrl aurait beau trouver ça drôle, il ne souhaitait pas infliger ce supplice à son amie qui avait fort à faire avec ses fonctions actuelles au sein de la race. Il vit un regard étrange chez cet enfant, un regard qui ne mentait pas. Visiblement, malgré son jeune âge, lui aussi avait dû connaître pas mal d'horreur. La perte de ses parents, qui sait ? Il eut à peine le temps de reprendre la parole que ce dernier agitait la peluche en prétendant la rendre tout seul. Shapûr relâchait un soupir. Avant de lui demander son nom et de vulgairement lui dire qu'il s'en moquait, sans comprendre le sens de la phrase, avant de le menacer à nouveau.

— Ah ah ah ah ! s'esclaffa le guerrier. Tu es amusant, toi.

Ce dernier ne prit pas vraiment compte de sa réaction, s'étant remis en chemin. Il ne prenait évidemment pas le bon. C'est qu'il ne devait pas être habitué aux rues de la cité. Bon, est-ce qu'il le laissait faire ou bien... ? Non. Il n'avait rien de mieux à faire et puis, il honorait ses promesses. Que se passerait-il si une bande de gamins le voyait avec une peluche, à son âge ? Ils se moqueraient, cela tournerait en bagarre et elle serait peut-être perdue, à nouveau. Mieux valait éviter ce scénario. Shapûr le suivi et le rattraper en quelques grandes enjambées.

— Ça veut dire que je n'en ai rien à faire, répondit-il simplement. Pour moi, te blesser avec une arme t'apprends à la considérer autant comme une amie qu'un danger de tout instant. Entre d'autres mains, ton arme peut vite se retourner contre toi. C'est un peu comme te considérer comme un adulte, stupide gamin.

Shapûr passait une main sur son menton.

— Et puis, les Chamans, c'était quoi cette invention encore ? C'est le nom de ton clan ?

Post V | 848 mots

Saloperie de démon... Cet homme était très très loin de s'imaginer à quel point l'utilisation de cette expression plût à l'enfant, qui se mit à sourire comme si on venait de lui offrir mille cadeaux à la fois. Si Devaraj n'était pas dans le camps des Démons, il n'était pas dans celui des Humains non plus et refusait toujours catégoriquement d'aider le peuple d'origine de son fils adoptif. C'était la première fois que ce dernier rencontrait quelqu'un du même avis que lui, enfin ! "Je peux devenir très fort, très vite, tu n'as qu'à bien t'accrocher et attendre." Oui, il avait toujours réponse à tout, une qualité nécessaire pour avoir le dernier mot, même si cela ne faisait aucun sens dans la discussion.

"Tu mens." grogna l'enfant en se renfrognant à nouveau. Il avait quelque peu hérité du changement hâtif d'expressions faciales de son père adoptif. "Foutre, ça veut dire autre chose, même que j'ai entendu les soldats dire qu'une la femme de Roger aimait le foutre, même si je sais pas ce que ça veut dire. Roger, c'est celui qui veut bien m'apprendre à tirer à l'arc quand il travaille pas sur les remparts, mais lui non plus ne veut pas répondre à ma question, même que ça l'a énervé au début et qu'il est allé taper celui qui avait dit ça, hum ! C'est bien pour ça que je vous aime pas, les adultes ! Je deviendrai jamais comme vous." Le problème était qu'il avait une tendance exagérée à avoir des idées fixes, comme devait déjà s'en être rendu compte son compagnon de route. Pour couronner le tout, une fois la glace brisée, son flot de paroles pouvait parfois devenir démentiel lorsqu'il s'agissait de prouver qu'il avait raison. Heureusement, il ne devenait bavard que pour parler d'une obsession passagère et aussitôt que cette dernière s'en allait, il redevenait muet comme une carpe.

"Les Chamans, c'est comme les Démons, mais en plus différent." Très bonne explication ! Bon, il n'avait jamais vu de Démon de près, seulement de loin. Mais voir une caravane se faire décimer lui avait suffit à se faire une idée plutôt précise et à tracer des comparaisons avec les habitants de l'île Maudite. "Ils sont toujours tout nus, ils mangent leurs victimes, tuent des hérétiques en haut de pyramides et boivent leur sang, mais ils sont gentils avec moi." Finalement, il n'avait pas tellement envie d'en parler. Au début, il s'était senti fier de savoir quelque chose que Monsieur ignorait ! Mais au fur et à mesure qu'il décrivait des visions de son ancienne vie, son ton changeait pour ne finir que dans un murmure étrange accompagné d'un regard subitement fixe. Si on lui offrait le choix, voudrait-il retourner là-bas maintenant qu'il avait vu à quoi ressemblait son véritable peuple ? Bien sûr, il ne voulait absolument pas se séparer de son papa, mais d'un autre côté, il s'était incroyablement vite intégré à la culture de cette ville, alors qu'il ne comprenait toujours pas un traitre mot de ce qu'il se passait chez les Chamans. Ces derniers lui faisaient bien comprendre qu'il était un étranger. Finalement, il n'était bien qu'avec Devaraj, à Basphel et ici. Oui, c'était décidé. Il n'avait plus envie de voyager sur l'île Maudite et il était déjà persuadé d'en faire son prochain caprice ! S'il savait...

Par chance, ils étaient arrivés dans les ruelles d'Utopia de nouveau et l'enfant pût se concentrer sur le but initial de leur rencontre. Évidement, il était bien incapable de se rappeler exactement de l'endroit où il avait parlé à la petite. Ils avaient déjà dépassé deux ou trois coins, qui, pour lui, ressemblaient traits pour traits à ce dont sa mémoire voulait bien se souvenir. Peut-être avait-elle changé d'endroit ? C'était pourtant peu probable. Comment voulait-elle qu'on la retrouve pour lui redonner sa peluche, autrement ? "Et je peux être beaucoup plus adulte que je ne le devrais. Sinon, je serais mort depuis longtemps." Sur cette phrase prononcée d'un ton amer et coupant, il se dirigea vers la petite fille qu'il venait de repérer sur leur gauche, ignorant royalement la possible intervention de l'homme. "Tu vois, j'ai retrouvé ta peluche ! Ne pleure plus, d'accord. Et la prochaine fois qu'on t'embête, tu me le dis." Quoi de mieux qu'un câlin pour sceller cette retrouvaille ?


Mots : 780
Post 6

Presque instantanément au moment où Shapûr lui offrit une explication, l'enfant lui répondit qu'il connaissait son mensonge. D'abord surprit qu'il puisse le comprendre le sens de certains mots, du moins, à la manière d'un adulte, l'homme eu un rictus autant agacé que violent lorsqu'il comprit la raison véritable de cette connaissance. Mais qui racontait ce genre de choses à des gamins ? D'accord, l'Humain n'était pas un exemple de bienséance et de respect d'autrui, mais tout de même, il était logique de savoir tenir sa langue devant tous ces petits curieux, assoiffés de pouvoir tout comprendre et tout sortir de leur contexte, exactement comme maintenant. Ce n'était pas véritablement un mensonge, l'homme essayant de lui en offrir une en démontrant sa sympathie quant à son apprentissage, mais sans pour autant le choquer. Bien évidemment, quelques crétins s'en étaient chargés avant lui. Et mal. Lui aussi, il irait leur cogner sur la gueule un peu plus tard, à ces mecs des remparts. De temps en temps, se faire remonter les brettelles par un mec vénère avait de quoi calmer les ardeurs.

— Oh.

Comment se sortir de ce merdier ? Shapûr se mit à rire grassement. Pas le choix, il devait y aller.

— T'emballes pas. Je ne te mens pas, gamin, les expressions peuvent dire plusieurs choses. Soit t'es poli et l'expression prend le sens d'envoyer promener quelqu'un parce que tu te fiches de lui, soit tu es vulgaire et tu dis à la personne de se faire baiser, de manière très sale, ce n'est pas gentil, tu vois ? ...Si tu me demandes ce que sais, là, malheureusement, ouais, tu es encore un peu jeune pour l'expérimenté, mais ne t'inquiète pas, ça viendra tout seul quand tu seras à la puberté...

Et évidemment, le guerrier ne pu s'empêcher de sourire en coin.

— Il faudra te trouver une petite copine et vu ton caractère de cochon, c'est pas gagné !

Qu'est-ce qu'il était drôle de le faire tourner en bourrique. Lui qui n'aimait pas spécialement les marmots avait de quoi s'en amuser. Il allait sûrement lui faire la morale qu'il était un homme et qu'il n'aimait pas les filles, mais bon, ça changerait, tout le monde le savait. Lui-même avait eu cette...Ah, non. Lui, à son souvenir, sa première avait été directe. C'était des bons souvenirs tout de même.

— Mais bon, pour éviter que tu racontes des conneries devant les mauvaises personnes, je vais t'expliquer le problème avec tes potes. Le foutre, c'est ce qui a permis que tu sois là. Alors à mon avis, un monsieur a été en mettre dans la mauvaise personne et ça n'a pas faire plaisir à l'autre.

Son ton était sérieux, plus calme. Shapûr ne serait pas surprit de voir des parents en colère essayer de lui faire la peau dans quelques jours pour avoir prit ça à leur fils, mais après tout, fallait bien qu'il apprenne.

— Ce qui est sorti de ton papa pour aller dans ta maman et lui permettre de te mettre au monde. En général, on ne fait ça qu'avec les gens qu'on aime. Sinon, on ne les aime pas et c'est très mal.

Quelle logique implacable. Ceci dit, l'homme ne ferait en aucun cas l'apologie de l'adultère ou du fait que lui même courrait la gueuse assez souvent. Tant que les demoiselles n'étaient pas mariée et consentantes, Shapûr se moquait bien de ce que son foutre faisait. Juste, pas de gamins, mon dieu.

— Respecte le foutre, petit, c'est sacré chez les Humains. Tu ne devras t'en servir que pour faire des bébés. C'est pour dire qu'on en a assez besoin, c'est comme les guerriers, les hommes qui font beaucoup d'enfants sont bien vu !

Sa conversation n'avait aucun sens, mais c'était mieux que rien. Ce mini Humain comprendrait bien plus lorsqu'il serait un adulte accomplis. Ce dernier, par contre, se mis alors à raconter sur ces fameux Chamans. Des Démons, mais différents d'eux ? L'homme plissait les yeux en essayant de comprendre au fur et à mesure de son explications. Des personnes nues, cannibales et fanatiques ? Peu surprenant en cette période de Guerre des Dieux, seulement, il n'avait jamais entendu parler de ces barbares peu scrupuleux qui prenaient visiblement soin de quelques Humains.

— S'ils ont prit soin de toi, ça va alors. Ils sont bizarres et t'ont appris tout le contraire de ce que je viens de te dire, mais bon, on doit tous être con, d'une certaine manière...

On allait dire ça, oui. Bien que Shapûr ne croyait pas un traître mot de ce qu'il venait de raconter. Quoique, en cette période trouble et dégénérée, on ne pouvait être sûr de rien. Longtemps, ils déambulèrent à la recherche de la gamine. Il continuait à se donner un petit air mature qu'il n'avait clairement pas.

— T'es obstiné, hein ? Tu feras sûrement un bon soldat...

C'en était triste, d'une certaine manière. Les enfants devaient rester des enfants et agir comme tel, c'est à dire rendre une peluche à celui qui pleurait, échanger des remerciements et des câlins. C'était ça, l'innocence, mais les Humains n'avaient pas vraiment cette opportunité d'être heureux. Shapûr secouait la tête pour chasser les souvenirs de sa soeur. Il ne parvenait pas à le supporter. Quand ils eurent terminé, l'homme revint près de l'enfant en lui donnant une tape sur le dos.

— Et maintenant que notre première mission est terminée, tu veux en faire une autre ou on va boire un verre ? Tu veux peut-être retrouver tes parents plutôt que d'être avec un vieux croûton, mais je te le paie volontiers, camarade.

Post VI | 927 mots

Ludwig n'était pas certain d'avoir compris tous les tenants et aboutissants de la réponse finalement honnête que venait de lui adresser cet adulte décidément insupportable. Beaucoup trop d'informations très abstraites en trop peu de temps. Certes, il avait bien vu des Chamans nus faire des choses qu'il ne comprenait pas, mais il ne s'était jamais vraiment posé de questions à ce sujet. Sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, il avait rougit sous la remarque acide visant sa future petite-amie. Il n'aimait pas du tout, mais alors vraiment pas, ce qui était sous-entendu derrière. Quel culot ! S'il avait une bonne popularité à Basphel, il aurait pu lui démontrer que ce serait facile d'avoir pleins de copines. Bon, malheureusement, il n'était pas très populaire à l'école... Trop différent des autres et pourtant, la différence culturelle était une chose commune là-bas. Après avoir ignoré son camarade et produit une espèce de grognement avec sa bouche, Ludwig s'était donc avancé vers la petite fille.

L'enfant enlaça tendrement et maladroitement son homologue féminin, qui murmura un merci entre deux sanglots. L'Humain hésita entre lui donner son nom et son adresse, sous une impulsion de bienveillance qu'il trouva après coup très ridicule. Son adresse ?! Il allait bientôt repartir d'ici alors il valait mieux lui donner celle de son courrier à Basphel. Pourquoi faisait-il cela, au juste ? Son empathie pour les gens victimes d’injustices comme lui finira par le perdre. Comme il n'était pas doué pour consoler les autres et que le regard de Shapûr sur eux-deux commençait à le mettre mal à l'aise, il fit plus rapidement que prévu ses adieux, avant de reculer pour se remettre devant l'homme. Il réussissait en quelque sorte l'exploit de le toiser de haut alors qu'il faisait moins de la moitié de sa taille.  

"Parce-que toi tu crois que tu es agréable ? Ta femme doit te haïr ! Et puis c'est quoi cette histoire de foutre ? D'où c'est que ça sort ? Je n'en ai pas moi. " constata-t-il en fronçant les sourcils d'un air inquisiteur. Est-ce-que c'était important pour vivre chez les Humains ? Apparemment, oui. Et quel rapport avec les guerriers ? Fallait-il avoir beaucoup de foutre pour devenir guerrier ? Cela l'embêtait bien, lui qui voulait à tout prix devenir soldat et archer ! Il gonfla ses joues, à moitié défiant et perplexe. Voilà un nouveau problème auquel il lui faudra réfléchir...

"Je n'ai pas de parents, sinon, tu te doutes bien que je ne perdrais pas autant de temps à parler à un moche tout pourri comme toi !" Ce n'était pas tout à fait vrai puisqu'il y avait Devaraj, mais par esprit de contradiction, Ludwig passa sous silence cette partie pourtant importante de sa vie, juste pour le plaisir de faire son intéressant et de répondre à peu près l'inverse de ce qui était attendu d'un enfant de son âge. "Je suis indépendant de toute façon et je n'ai pas envie de boire une grenadine avec toi." Ses yeux se plissèrent sous l'effort de la réflexion qu'il s'apprêtait à partager avec Shapûr. "Sauf si.." Voyons-voir... "Sauf si tu me montres comment on fait pour se battre avec une épée comme la tienne !" scanda-t-il en pointant l'objet du doigt. Même que l'homme ne pourra jamais relever ce défi, car cela se voyait un peu qu'il avait envie de rentrer chez lui et de se débarrasser de cet enfant collant. Une sorte de sourire vainqueur voyait déjà le jour sur le visage sale de poussière de l'enfant, dont les yeux brillants faisaient des aller-retours entre le visage de l'homme et son arme. D'accord, il avait déjà des cours d'escrime à Basphel, mais c'était nul et on ne leur autorisait rien d'autre que des épées en bois. En plus les cancres arrêtaient pas de faire n'importe quoi pendant cette leçon-là, comme si c'était la récréation... Une autre moue se dessina sur sa face. Ce n'était pas à Basphel qu'il pourrait devenir un bon soldat Humain. En plus il n'avait pas de foutre ! "Fais attention, je suis très obstiné." répéta-t-il. Il n'avait aucune idée de ce que cela voulait dire, mais Shapûr avait désigné ceci comme une qualité de soldat, justement.


Mots : 756
Post 7

Ambiance

Shapûr avait cru un instant pouvoir s'attacher à ce gamin. C'est qu'il se revoyait un peu au même âge, entre les galères et la violence quotidienne. Un seul instant seulement. Parce qu'ensuite, ce n'était pas l'envie de lui attraper les cheveux et de l'envoyer par-dessus la muraille qui lui manquait. Bien que ce geste fût impossible et qu'il s'exposait alors à de lourdes sanctions, encore plus chiantes que de lui donner un coup de pied au cul. L'homme se contentait simplement de serrer les dents dans un sourire forcé.

— Non, mais toi ... Petit con.

Il relâchait bruyamment un soupir.

— Ça ne m'étonne pas que t'es rien dans le slip.

Et ne comptez pas sur lui pour lui expliquer que ça arrivait à la puberté. Il se démerderait. Il devait bien étudier quelque part, non ? Eh bien, ce garnement l'apprendrait en cours ou mettrait ses professeurs dans l'embarras devant toute sa classe, ce n'était pas son problème. Il failli presque lui dire de demander à ses parents, se retenant en croyant que voir une mère courroucé était la dernière chose que le guerrier avait envie de voir dans sa vie. Fort heureusement, il avait fermé sa grande gueuler, avant de comprendre que son petit interlocuteur n'en avait pas. Ou plutôt, il n'en avait plus, car ce dernier n'était pas venu au monde comme par magie.

— Ah.

Shapûr voyait cependant que ce dernier semblait relativement bien le vivre. Sans doute à cause de sa jeunesse, les choses bougeraient peut-être un peu plus tard, quand on se posait plus de questions lorsque venait le temps de réellement s'installer. Bon. C'était surtout dans la tête. En un sens, lui-même se souvenait assez peu des siens et cela ne lui posait pas trop de souci présentement. Il se souvenait surtout de sa soeur, de cette maman de substitution qui aurait fait une vraie mère remarquable. Mais les Aetheri avaient choisis d'être cruels. Ou peut-être ... Sympathiques ? Ces deux êtres n'avaient ainsi pas été séparés et réunis dans la Mort. Mais c'était toujours injuste et cruel pour les vivants. L'Humaine boudait allègrement les cérémonies funéraires depuis. Perdu dans ses pensées, écoutant d'une oreille distraite les babillages de ce garnement. Franchement, il lui aurait bien offert une bière pour le saoulé et le faire dormir comme un loir, mais c'était une forte tête qui semblait ne pas vouloir comprendre la bonne volonté des adultes. En même temps, il avait dû être plusieurs fois abusé. Il comprenait ce sentiment également. Le Magicien qui s'était occupé de lui l'avait convaincu que la magie était une ennemie ... Peu importait. C'était le passé. Il n'était jamais bon de se remémorer ce qui ne pourrait être défait, même si la rancoeur et la haine dominait son être depuis lors. Les enfants, c'était l'avenir.

— Ouais. Je vois que t'es un petit être têtu et tout baveux.

Évidemment qu'il le prenait pour un bébé. Il aurait pu être son petit frère et ils auraient eu une relation infernale. Quoique. S'il lui disait, il risquait très probablement de le tuer. Être gentil ne lui avait rien apporté de bon, les fortes têtes restaient toujours aussi dominer par leurs petits sentiments, n'est-ce pas ? Mais quelle était cette rengaine de vouloir se battre avec de vraies armes ? L'homme fronçait les sourcils. La mort était suffisamment présente au quotidien pour la provoquer soi-même, surtout à cet âge. En un sens ... Cela l'aiderait à affronter les difficultés de l'extérieur. Ce serait plus cohérent que de le laisser se faire bouffer par des Kéfir. Mais il n'avait pas besoin d'être un épéiste de talent pour réussir à sauver sa peau.

— Et pourquoi ? Tu veux apprendre à te défendre ? Tu n'es pas obligé de manier une épée pour ça. Tu peux autant faire de dégâts avec tes poings, tes jambes et un regard qui voit tout.

Shapûr savait aussi qu'on pouvait se blesser assez durement lorsqu'on cognait sur les mauvaises choses. Ou les mauvaises personnes. Dans tous les cas, c'était la base d'apprendre à se défendre ainsi. Cela permettait de faire des miracles si l'on se retrouvait désarmé au milieu d'un champ de bataille, permettant de renverser la donne. Les armes à allonge étaient tout autant efficace et l'archerie, quoique démunie, n'était pas en reste. Il n'aurait pas besoin de lui pour apprendre tout cela, de toute manière. Dans quelques années, cet enfant aurait son service militaire et il l'apprenait dans une Académie prévue à cet effet. Il en baverait suffisamment tôt.

— Parce que manier une épée ... C'est honorable. Encore faut-il savoir pourquoi on la brandit.

Lui, il la brandissait en général pour sauver sa vie. Ces derniers temps, il s'en servait pour défendre la cité, défendre les siens. Il n'avait pas le choix ou les Démons extermineraient le peu de ce qu'ils avaient laissés autrefois. Les motivations des uns et des autres étaient presque similaire. Au-delà de défendre les Humains. Comme s'ils ne vivaient que pour être un seul.

— Alors ? ... Pourquoi tu veux en manier une ?

Post VII | 840 mots

Yicali | Jungle - Heavy California

Le garçon ne perdit aucune seconde à se vexer au sujet de la remarque cruelle et injustifiée que lui fit Shapur. Il ne se considérait ni petit, ni baveux et ces deux adjectifs ajoutés aux autres déjà prononcés à son égard blessait son égo tout en aiguisant sa colère et son amertume. Finalement, cet homme ne valait pas mieux que les autres garçons plus âgés que lui, qui s'étaient moqués de lui au début de la journée, ou que certains étudiants de Basphel qui profitaient de sa faiblesse, ou que les petits Chamans qui le haïssaient pour sa différence. Ludwig ne répondit rien dans un premier temps, la mine renfrognée, le regard baissé vers ses chaussures poussiéreuses, puis admiratifs de l'animation des rues, qu'il n'était pas certain de revoir un jour lorsque son père reviendra le chercher. « Certains enfants n'ont pas tous ces gardes, ces maisons et ces murailles pour se protéger, figure-toi. » dit-il, en ayant alors perdu tout le dynamisme dont il faisait preuve quelques minutes plus tôt. Il aurait bien aimé lui raconter -pour le faire culpabiliser- qu'il avait vu ses parents mourir dévorés par des monstres marins sortis de nulle part et qu'il serait mort dans les décombres du village de pêcheurs si Devaraj qui était de passage n'était pas venu l'aider. Seulement, ce simple souvenir était soigneusement enfermé sous clé et il se refusait à en parler à quiconque, persuadé que cela ferait revivre dans sa tête ces terribles moments de sa vie. Non, il valait mieux mettre un voile noir dessus et se remplir la tête d'autre chose, comme par exemple, des visions de batailles militaires épiques, où il aurait un rôle important et utile.

Il regarda encore jalousement l'arme de l'Humain. Oui, il s'imaginait bien avec un uniforme, une grande épée et un arc, quand il sera suffisamment grand pour pouvoir porter les trois à la fois, quitte à accélérer le processus. Déjà, parce-que c'était classe. Là où il avait grandit il 'y avait pas de militaires ni de personnes sachant se battre, or entre combattre pour le bien en héro et aller pêcher du poisson, le choix était facile -bien que la pêche présenta son lot de danger mystérieux et héroïques que connaissaient tout marin. Maintenant qu'il devait réfléchir à ce qu'il voulait faire, comme on le lui enseignait à Basphel, il avait une grande préférence pour le combat. Il était certain que s'il apprenait à se défendre, il pourrait empêcher la catastrophe qui le hantait de se reproduire, et que s'il cédait à la paresse de faire quelque chose de plus facile de sa vie, alors tout se reproduirait encore et il perdrait tout ce qu'il aurait reconstruit. C'était littéralement sa hantise. Cet enfant avait tout un lot de projets bien précis alignés dans sa tête, le genre de chose qui n'aurait pas du s'y trouver avant la vingtaine. Pourquoi se battre, moralement ? « Pour une chose qui, visiblement, te passes au dessus de la tête. » l'insulta-t-il avant de conclure. « Pour la Justice. »  

Il avait prononcé ce mot d'un air étonnamment sûr et respectueux, le regard braqué vers les yeux bruns de l'adulte, qui a ce moment précis aurait pu répondre n'importe quoi sans risquer d'affecter le garçon. Il pouvait déjà définir avec précision l'injustice pour l'avoir vécu. L'idée qu'elle puisse avoir un contraire capable d'apaiser les souffrances provoquées le fascinait. Même si cette notion le dépassait, il savait déjà qu'avoir ramené la peluche perdue à la petite fille, et lui avoir épargné les moqueries, en faisait parti. « Merci de m'avoir aidé, Shapûr. » grommela-t-il, sentant qu'il était temps pour lui de se séparer de son compagnon. « Cela ne veut pas dire que je t'aime bien, tu es méchant et désagréable ! » Ça au moins c'était dit... Ludwig lui lança un dernier regard brillant de défi, les sourcils froncés et les lèvres pincées. Puis il tourna les talons et ne tarda pas à détaler à toute vitesse parmi les ruelles, pour que l'homme ne puisse ni le suivre, ni avoir une idée de sa destination. Lui-même, avait bien du mal à déterminer la direction qu'il pourrait prendre, maintenant...


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