Ambiance

Cette question semblait ridicule. Et il comprenait que ce petit garnement ne puisse pas totalement la comprendre. On aurait simplement dit Mancinia qui courrait dans tous les sens au détriment de la logique durant une attaque. C'était exactement ce qu'il s'était passé. Fort heureusement, elle avait appris à manier la lance comme une extension de sa personne, lui évitant ainsi des situations désagréables ... à défaut des périlleuses. Mais son but avait été de défendre son peuple. Et lui, avait-il quelque chose à défendre ? Il s'était probablement attendu à une réponse à la hauteur de son âge, mais ce ne fût pas le cas. Défendre ceux qui ne le pouvaient pas. Être si petit et ... avoir cette envie. Ça le dépassait un peu. Lui, à son âge, il voulait manier une arme pour se venger de ceux qui avaient fait du mal à sa soeur et casser la gueule de ceux qui l'emmerdait. Une vie voulue et assumée qui l'avait conduit à avoir quelques petits problèmes à l'une de ses mains. Même si maintenant, l'homme remettait un peu tout cela en question. Quelque chose qui le dépassait ... C'était pour la Justice. Par les Saintes Miches de Drejtësi.

— La Justice ... Ouais. C'est un bon truc. Encore que ... Qu'est-ce qui est Juste ou non ?

Ça devenait un peu trop philosophique, même pour lui, qui avait pourtant lancé cette question. Il aurait été Juste que les Humains puissent vivre normalement au lieu de se faire discriminer et méprisé par ... toutes ces races puantes de magie. Celles-là même qui souriait parfois pour les chasser plus vite, ou celles qui convenaient que leur disparition serait Juste pour préserver leur essence répugnante. En quoi c'était normal de manipuler les éléments, les objets, la Nature ? Les aberrations, c'était plutôt eux. Après un silence entre eux, le garnement disparu. Sans réellement lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. L'homme restait ainsi, planter dans la rue, malgré ses ... remerciements ? Oui, autant le prendre comme ça. Le suivant du regard avant de le perdre dans la foule qui devenait de plus en plus dense. Shapûr soupirait bruyamment en se grattant l'arrière du crâne. En voilà un qui allait causer des ennuis une fois adulte. Mais toute cette hargne servirait certainement la cause de leur peuple. Bordel.

— Faites des gosses ! marmonna-t-il à voix haute.
— C'est ton fils caché ?

La voix féminine au ton moqueur le fit réaliser qu'il était observé depuis un moment. Mancinia était tellement discrète qu'elle savait aisément se faire oublier lorsqu'on avait d'autres préoccupations. Shapûr se retournait vers elle. Elle savait très bien que ce n'était pas le cas. Ils étaient devenus proches assez rapidement et étrangement, il savait intérieurement qu'il ne devait rien tenter avec elle. C'était plus qu'une belle femme et tellement meilleure qu'une bonne guerrière. C'était son amie, tout simplement. Comment faisait-elle pour le supporter ? Il se mit à rire.

— A cinq minutes près, il t'aurait vu ... J'aurais pu m'en débarrasser !

Sa réflexion la fit doucement rire à son tour. Une femme savait obligatoirement s'occuper des enfants, hein ? Quel rustre.

— Non, mais vraiment. J'ai rencontré ce gamin ... Il est assez bizarre.
— Ah ouais ? Donne-moi ta définition de bizarre avant d'en dire plus.
— Il voulait manier mon arme pour la Justice.
— En quoi c'est bizarre ? On m'a donné une lance à l'âge de dix ans, mais je ne te ferais pas l'affront de te faire la morale sur les enfants Humains ayant vécu en dehors d'Utopia.
— Mais il vit à Utopia maintenant. Est-ce nécessaire pour les gosses d'apprendre à se battre ? En plus, il a mené une belle action ... Non, une action à la con pour aider une étrangère. Comme quoi les héros ne portent pas spécialement des armes. Même s'ils sont cons.

Mancinia le regardait en biais. Était-ce un moyen détourné de dire qu'il n'approuvait guère le Service Militaire ? Ils étaient en guerre pourtant. Les Démons avaient choisis de faire campagne un peu partout. Ils étaient une menace pour toutes les terres actuellement. Peut-être que cet enfant porterait plus vite les armes qu'il ne le pensait.

— En vérité, nous ne devrons jamais cesser de nous battre pour survivre, hein. Les connards de Démons, ces enculés de Sorciers ... Tous ceux-là, là, qui nous regardent de travers.

Shapûr regardait Mancinia, qui s'était appuyée sur sa lance. Il n'y avait pas fait attention, mais elle semblait sur le départ. Pas con. Elle était contre cette décision de se terrer ici, dans le désert, à attendre ... Peut-être pire que l'assaut qu'ils avaient subis.

— Il faudrait qu'on leur montre que nous ne sommes pas ce qu'ils pensent de nous.

Mancinia était d'accord. Peut-être que le moment venu, les Humains pourraient redevenir l'ancienne glorieuse nation qu'ils étaient. A moins que ce ne soit une utopie et que seul la Mort les attendait au bout du chemin ...

Post VIII | 820 mots - merci Dev pour le RP