Cette chose qu'il y a entre nous [Quête feat. Léto]

Dim 25 Oct 2015, 11:40

La clochette tinta dans l'air avec délicatesse, réveillant brusquement Syveth. Les sens en alerte, il jeta un œil à sa compagne qui dormait d'un sommeil paisible. Sa poitrine se soulevait à intervalles réguliers et rien ne paraissait en mesure de la troubler. Un fin sourire étira les lèvres du brun. Après un combat d'une intensité redoutable et des jours d'insomnie, elle parvenait enfin à se reposer. Ce qui l'inquiétait davantage, en revanche, c'était le carillon qui l'avait arraché à ses rêves. Par mesure de précaution, il avait posé un ingénieux système d'alarme qui ne laissait passer aucun ennemi sans prévenir. Or, il avait beau scruter les ténèbres environnants, rien ne semblait avoir changé. Il doutait que les démons reviennent après la raclée qu'ils avaient essuyé à deux reprises. S'ils tentaient quoi que ce soit, il serait de toute manière là pour leur réserver un accueil digne de ce nom.

Alors qu'il plongeait à nouveau dans la somnolence, il entendit le murmure d'une autre clochette. Aucun doute ne subsistait plus dans son esprit : quelque chose se tapissait dans les ténèbres, quelque chose qu'il se devait de démasquer. Les environs étaient loin d'être sûrs ces derniers temps et il en avait parfaitement confiance. Être un gardien demandait une vigilance de tous les instants. Son manque de prudence lui avait autrefois coûté cher, terriblement cher. Un prix trop élevé pour qu'il prenne le risque qu'une telle catastrophe se produise encore. Les souvenirs commençaient à l'envahir avec une précision saillante. Un tremblement agita sa lèvre inférieure. S'il osait fermer les yeux, il se perdrait dans son passé. Il voyait presque le fantôme de sa sœur à ses côtés, tirant sur son bras pour lui donner une information qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de lui offrir. En un geste affectueux, il tendit la main pour caresser son visage aux traits enfantins. Ses doigts ne rencontrèrent que le vide.

Agacé d'être la victime d'une illusion, il ne réalisa pas que la Tour venait d'apparaître à quelques pas de lui. Ce fut _ une fois de plus _ le son cristallin des clochettes qui lui permit d'échapper à ses tourments en un brusque sursaut. Portant la paume à son front pour se ressaisir, il s'aperçut alors de l'apparition de l'étrange monument. « Que se passe-t-il encore ? » Méfiant, il s'approcha d'un pas vif, prêt à dégainer son épée au moindre signe de danger. La surface du bâtiment était anormalement lisse. Aucune fenêtre ne perçait la tour, et elle semblait s'étendre jusqu'aux nuages. Il avait beau lever les yeux, impossible d'en distinguer la limite. Etait-ce le fruit d'une nouvelle rêverie ? Jetant un coup d'oeil en arrière, il constata que Callidora dormait toujours. Rien ne paraissait en mesure de la réveiller, elle qui d'habitude avait le sommeil si léger. Un fin sourire étira ses lèvres. Quiconque tenterait d'entrer dans le périmètre de sécurité qu'il avait établi aurait la joyeuse surprise de se retrouver avec une flèche dans la gorge. Maître dans l'art des pièges, il pouvait s'occuper tranquillement d'explorer la Tour. Laissant son instinct le guider, il posa la main sur la pierre d'un vert délicat.

Aussitôt, il se retrouva à l'intérieur d'une pièce entièrement vide. Où que se porte son regard, il ne voyait que des murs qui semblaient s'étendre à l'infini. Une fine couche de poussière recouvrait le sol. Sa fidèle épée prit place entre ses mains. Quel sortilège lui jouait-on ? Son coeur se mit à battre furieusement alors qu'il sentait une magie ancestrale emplir l'endroit. Enfermé ici, comment pouvait-il défendre Callidora ? Un sentiment d'urgence lui broya les entrailles. Par n'importe quel moyen, il fallait qu'il trouve la sortie. Peut-être qu'en posant sa main sur l'un des murs comme il l'avait fait, il se retrouverait à l'air libre. Ses doigts frôlaient la pierre glacée lorsqu'un éclair déchira son champ de vision. Battant des cils quelques instants, il eut la surprise de voir un Elfe qui rayonnait de puissance debout devant lui. Puisqu'il adorait le peuple de la Forêt, il adressa une légère révérence à l'inconnu. « Relève-toi, guerrier. » La voix résonnait avec des accents de noblesse. Nul doute que celui qui se trouvait en face du Tiregan appartenait à une lignée prestigieuse.

Il obtempéra sans discuter, lui qui détestait obéir aux ordres en temps normal. À dire vrai, la somptueuse créature qui se tenait là avait quelque chose d'irrésistible. C'était la flamme qui attirait inexorablement le papillon, l'homme qui n'avait nul besoin d'hausser le ton pour être obéi. Un splendide diadème incrusté de merveilles dansait devant les sombres iris du protecteur, entouré d'un halo de magnificence tel qu'il n'en avait jamais vu auparavant. « Protège ma couronne de ceux qui veulent la prendre, ou mon peuple est perdu. » Sonné par cette déclaration, Syveth acquiesça d'un signe de tête, sans même se demander ce qu'il gagnait en échange. Quel qu'en soit le prix, il défendrait farouchement le bien de l'Elfe. « Entendu. Personne ne la dérobera. » Gardien d'une femme, il devenait pour quelques heures gardien d'une couronne.

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Dim 08 Nov 2015, 15:37

Son estomac, ou plutôt ce qui était censé constitué le point central de son système digestif, gargouilla inlassablement, tandis que ses pensées étaient focalisées sur la récompense promise. De la chair… Anita surprit sa propre salive dégouliner sous la forme d'un léger filet le long de son menton, sa manche quelque peu déchirée alla nettoyer celui-ci avant qu'on ne remarque sa transe. Elle aurait dû mourir cette fois-là, elle aurait dû mettre fin à ses jours avant que la morsure du zombie ne la métamorphose à son tour… A moins que cela ait été trop tard de toute manière, elle l'ignorait. Ce qui était sûr, c'est que la petite magicienne était devenue l'un de ces morts-vivants et qu'aucun remède ne pourrait la sauver. Rester auprès de Léto lors de sa transformation était une option qu'elle n'avait tout simplement pas pu prendre : prendre le risque de laisser Léto la gérer, c'était prendre le risque d'exposer ses enfants à un zombie incontrôlable. Anita se souvenait malheureusement des premiers jours de sa zombification, elle était semblable à une bête qui flairait la chair fraîche à des kilomètres et qui s'y précipitaient sans aucune notion de la prudence. Son unique moment de lucidité fut la fois où elle prit ses jambes à son cou lors de sa rencontre avec un ours brun ; depuis, sa conscience s'était stabilisée et elle avait repris le contrôle sur son corps décharné.

Devenir un zombie, c'était se libérer des besoins les plus primaires des vivants ; tous sauf un : la faim. Et évidemment, cette faim-là était spécifique : seule la chair morte lui était comestible, plus consistante et délicieuse que celle cuite ou arrachée à un être encore vivant. Son mode de vie était radicalement différent que lorsqu'elle était encore magicienne, il était devenu pénible et éprouvant… autant physiquement que psychologiquement. Anita s'était malgré elle convertie à la chasse pour se nourrir et maintenir le contrôle, de même pour la solitude afin de ne pas attaquer le premier passant venu. Elle rôdait à travers le rocher au clair de lune, au plus profond de la nature pour n'être que la prédatrice des animaux. Au début, cela fonctionnait plutôt bien, hormis le poids psychologique qui s'accroissait en son esprit, mais les soucis arrivèrent bien vite : la chair animale ne suffisait plus, elle commençait à devenir fade en bouche et une idée de plus en plus invasive la dévorait… Manger de la chair humaine, au sens général du terme évidemment. Les quelques étincelles de son intelligence défaillante le savaient, un zombie était irrémédiablement attirée par les autres personnes, jusqu'à qu'il n'ait plus que cette envie en tête jusqu'à son accomplissement ou la mort. Néanmoins, manger une autre personne… c'était horrible pour la jeune mage, il était encore trop tôt pour qu'elle s'y mette. Au final, avait-elle vraiment le choix ? Trouver une solution était urgent ; et, comme par hasard, un démon en profita pour l'aborder alors qu'elle ne s'était même pas risquée à l'invocation – c'était une possibilité qu'elle n'avait même pas envisagée tellement c'était improbable. Le discours du géant cornu était flou, Anita ne parvenait qu'à peine à voir son visage. Mais l'idée principale était retenue depuis son départ.

" Apportez-la moi et je vous promets de vous fournir cette marchandise spéciale. "

Des cadavres, c'était forcément à la portée d'un démon, elle n'en doutait point. Malheureusement, la jeune fille n'avait pas réussi à négocier un détail capital : si un jour elle devait manger un mort, il valait mieux qu'elle se rabatte sur une personne ayant été maléfique au cours de son existence. Hors de question de souiller le cadavre d'une bonne personne, d'un enfant et encore moins d'une connaissance amicale. Mais ces mots sages ne franchirent pas ses lèvres bleutées, le démon avait sans nul doute profité de son état de semi-conscience pour construire l'échange à sa manière. Mais bon, la récompense était alléchante, elle n'arriverait pas à lutter contre bien longtemps : elle allait entrer à l'intérieur de cette fameuse tour qu'il avait désigné et s'emparer de cette couronne aux propriétés assujettissantes.

En traînant des pieds, son corps mou, Anita effleura la surface de l'édifice avec sa main ; le sens du toucher lui faisait défaut, mais ses connaissances en magie lui firent capter le mysticisme dont était imprégné la tour. Elle pencha la tête en arrière, ses yeux vitreux tentèrent de localiser le sommet en vain. Ce devait être réellement la légendaire tour inconnu, dotée d'une conscience propre et qui se déplace partout sur les terres du Yin et du Yang. Si elle était demeurée magicienne, elle serait excitée comme une puce face à cette découverte, mais le zombie n'exprimait pas de tels états, seule la faim comptait, seule la finalité l'animait. Cette simple pensée, malheureusement vraie, lui minait de nouveau le moral et titillait sa faim. Un cercle vicieux et sans fin, du niveau d'une bête…

L'obscurité fut sa seule compagne à l'intérieur de la tour, Anita tenait à peine debout et son regard cristallin dériva plusieurs fois pour trouver un point d'intérêt. Selon toute vraisemblance, l'artefact se trouvait sûrement aux étages supérieurs, il fallait qu'elle monte, qu'elle trouve des escaliers ou des plateformes. Plusieurs râles lui échappèrent soudainement, le zombie voulait juste parler, peut-être attirer l'attention ou s'assurer que personne ne la guettait dans ces ténèbres où son rôle de prédatrice était remis en cause.

" Couronne… Ah… " Réussit-elle à prononcer, avant de ne pouvoir que s'en remettre aux râles typiques d'une morte-vivante. S'orienter dans le noir était son point faible, elle avait besoin d'une réponse, d'un bruit, d'une lumière, n'importe quelle source qui attirerait soudainement un zombie en détresse.

941 mots ~

By Jil ♪

Lun 23 Nov 2015, 22:36

La disparition de l'Elfe engendra un profond silence. Seul un étrange clapotis résonnait en fond, comme le lointain murmure de l'eau. Aucune rivière ne s'allongeait dans les environs, et de toute manière il se trouvait à l'intérieur d'une gigantesque tour. Se jouait-on de lui ? La main sur la poignée de son épée, Syveth s'avança dans l'obscurité, le coeur battant. Les sens en alerte, il se meuvait avec l'agilité d'un chat. La prudence était de mise. Chacun de ses pas lui paraissait terriblement lourd malgré le souci de discrétion qu'il y mettait. Bien qu'il en ignorât la raison, s'éloigner de la précieuse couronne lui demandait un effort considérable. De quelle magie était-il la proie ? Cette question le tourmentait, lui qui détestait être la cible d'un quelconque sortilège. Pour qu'un Elfe d'aussi haut rang que l'était l'apparition ait vu en lui des compétences de protecteur, il fallait que le Tiregan prouve ses capacités présumées. Le droit à l'erreur n'existait pas. Défendre l'objet de toutes les convoitises représentait désormais son unique volonté. Même protéger Callidora lui semblait un objectif dénué de sens. Et cette idée perfide le dérangeait profondément. Quelque chose clochait.

Un râle teinté de désespoir et d'envie le tira dans ses pensées. Sans se précipiter, il revint sur ses pas, prêt à affronter ce qui pouvait émettre un tel son. La faible lueur émise par la couronne sacrée lui permettait de distinguer son adversaire, ou tout au plus d'en avoir une vision globale. Les doigts crispés sur le manche de son arme, il décida cependant de ne pas passer immédiatement à l'attaque. Ces secondes perdues pouvaient lui coûter cher si celui-ci s'avérait d'une grande puissance, mais le nouveau venu l'intriguait. Ou plutôt la nouvelle. La misérable créature qui se tenait dans l'embrasure de la porte, probablement attirée par le rayon lumineux ne semblait guère plus que l'ombre d'une menace. En temps normal, son sang n'aurait fait qu'un tour dans ses veines, et il se serait rué à toute vitesse vers l'abomination qui approchait. Mais sans qu'il sache pour quelle raison, elle faisait jouer la corde sensible qui survivait en lui depuis toujours. Ignorant tout de l'origine des zombies, cela faisait longtemps qu'il avait créé sa propre vision sur le sujet. Ce n'étaient que d'anciens hommes trahis par la mort qui erraient à la recherche de ce qui leur avait été cruellement arraché. Dans une certaine mesure, il comprenait le désir insatiable de chair humaine qui les dévorait.

D'un geste vif, le guerrier vint s'interposer entre la morte-vivante et la couronne. Nul doute qu'elle venait pour l'artefact. Syveth sentait une étrange chaleur irradier son dos alors qu'il se tenait face à ce qui avait été une jeune femme aux cheveux d'un violet profond. La pensée qu'elle avait dû être belle lui traversa l'esprit. Ce n'était pas le moment pour ce genre de considérations. « Que voulez-vous ? » Sa voix n'avait rien de menaçant même s'il posait sa question d'un ton froid. Le ton d'un homme rompu au combat et qui ne s'étonnait plus de rien. Inconsciemment, il savait qu'il faisait preuve d'une grande imprudence en se jetant ainsi à la portée de son adversaire, mais il ne parvenait pas à la voir autrement que comme une petite chose fragile qu'il fallait défendre. Erreur qui risquait de lui être fatale si la zombie n'avait aucun contrôle sur elle-même. Par mesure de sécurité, il plaça son épée entre eux. Autant qu'elle sache qu'il était tout à fait capable de se défendre si jamais elle comptait lui sauter dessus. D'un signe de tête, il désigna ce qui se trouvait derrière lui. « Vous venez pour la couronne, n'est-ce pas ? » À peine prononça-t-il ses mots qu'il sentit qu'il avait trouvé le futur voleur dont lui avait parlé l'Elfe. Pour quel autre motif quelqu'un de sensé viendrait-il se perdre ici ? Mais s'il y réfléchissait, les zombies n'avaient rien d'êtres sensés et il y avait tout autant de chances pour qu'elle soit venue ici attirée par son corps d'homme comme un papillon par une flamme. Oui, il y avait une certaine beauté dans la condition des morts-vivants, une beauté terrible, sordide, et qui échappait à bon nombre de gens. Ou alors cette Tour le rendait complètement fou.

Préoccupé par la créature qui le fixait d'un regard débordant de vide, il n'entendit pas l'effroyable grondement qui semblait s'élever des profondeurs de la Tour. Par réflexe, il se jeta sur la zombie juste avant qu'une immense vague ne s'abatte sur eux. Sans qu'il ait le temps de réagir, elle les emporta dans sa fureur. Ils dévalèrent ce qui était probablement un escalier. Une marche le cogna au milieu du dos, le faisant retenir un juron. L'eau paraissait ne jamais vouloir arrêter sa course folle, les emmenant au gré de ses envies. Plusieurs salles défilèrent sous leurs yeux aveuglés par le sel et l'obscurité. De l'eau salée. Avec difficulté, Syveth parvint à attraper une pierre à la surface rugueuse, tenant fermement de son autre main sa future adversaire. Quel que soit le danger qu'elle représentait, elle ne méritait pas de mourir noyée. Aussi resserra-t-il sa prise, priant tous les Aetheri qu'il connaissait pour qu'elle résiste à la tentation de la morsure. Quelques instants plus tard, le torrent s'évanouit dans la nature, laissant place aux ténèbres les plus complets. L'instinct de survie reprit le dessus, et le Tiregan fit un bond en arrière pour se mettre en sécurité. Son arme avait disparu, emportée par les flots. Ne restait plus qu'à espérer que la zombie saurait se maîtriser.

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Ven 11 Déc 2015, 23:57

Anita ignorait si c'était la magie ambiante ou son simple instinct qui l'avait poussé jusqu'à son objectif, ou du moins l'objet de convoitise du démon l'ayant manipulé. L'éloquence du cornu était peut-être même maîtresse de ses mouvements, des vacillements sporadiques de son corps décharné. La mage râla telle une bête, une étincelle de conscience lui faisait partiellement comprendre son état de marionnette. Mais c'était tout. Seule, et faible, elle ne pourra jamais reprendre le contrôle sur sa nature de mort-vivante, elle ne pouvait qu'espérer que sa faim rassasiée lui permette de redevenir au moins en partie la magicienne d'autrefois. Ses pupilles cristallines, vides de tout éclat, fixèrent avidement la couronne cernée par un halo lumineux. La fumerolle s'échappant de cette protection artificielle indiquait à la jeune fille qu'elle devait dégager une certaine chaleur, mais les sensations thermiques lui étaient malheureusement ôtées. Cette caractéristique accentuait la valeur de cet artefact à ses yeux, un détail qui l'aurait convaincu d'en aucun cas souiller cette magnificence, encore moins pour satisfaire les désirs pervers d'un être maléfique. Néanmoins, la faim revenait à la charge, encore et toujours, imperturbable et implacable.

Le son fluide d'une lame tirée lui fit instantanément pivoter la tête, alors qu'elle n'avait entrepris qu'un maigre pas hasardeux depuis son entrée dans la pièce. Son esprit s'affola à la vue de la chair vivante. Non ! Fuyez ! Ne m'obligez pas à faire ça ! Seule son âme irradiait de cette détresse, de cette supplication. Qu'importe qu'il soit un scélérat ou un justicier, elle ne voulait pas se livrer au cannibalisme sur un être vivant, elle ne souhaitait pas attaquer quelqu'un contre sa propre volonté. Ne me laissez pas devenir un monstre ! Si seulement la faim ne lui coupait pas la voix, même le contrôle totale de ses faits et gestes. La zombie animée par l'instinct se contentait de regarder avec avidité le jeune guerrier. Anita pouvait d'ores et déjà le remercier de ne pas l'avoir occire à vue – sûrement serait-elle morte dans le processus – toutefois, crier victoire trop vite risquait de lui être fatal. Seul son instinct bestial sera maître de son destin.

Fort heureusement, la mort-vivante ne manquait pas de jugeote, aussi ne tenta aucun mouvement trop brusque à l'encontre de l'épéiste lorsque celui-ci fit rempart avec son arme. Cela n'empêcha pas la créature de se dandiner sur place, cherchant en vain une lacune dans la garde du guerrier. Mais elle n'était pas au faite des techniques de combat, et encore moins parfaitement capable d'établir une stratégie dans cet état-là. Malgré tout, tandis que son corps bavait presque littéralement sur son potentiel festin, son esprit était complètement accaparé par un détail de poids : comment le jeune homme pouvait être au courant qu'elle était venue pour la couronne ? D'ailleurs, que représentait-elle pour lui ? En était-il une sorte de gardien ou le propriétaire ? Qu'importait son identité, il devait être quelqu'un de relativement intéressant pour se trouver en un lieu aussi mystique. Comme Anita rêvait de pouvoir lui parler et pas de le menacer d'un air à la fois malsain et gourmand…

En une fraction de seconde, ses incroyables réflexes inexistants ne purent rien faire face à l'avalanche aquatique qui leur tomba dessus. La magicienne ne s'était même pas attendue à ce que l'épéiste lui saute dessus pour la… protéger, vraisemblablement ? Le goût de la chair lui fut complètement coupé avec l'invasion saline qui s'opéra dans ses entrailles. L'eau de toute part la rendit confuse, sa carcasse s'apparentait à un vulgaire chiffon que le jeune homme tentait de retenir et de ne pas déchirer. Un peu plus dans cette bousculade et son propre bras aurait très bien pu l'abandonner à une noyade éternelle, dont elle n'aurait même pas pu s'extirper grâce au soutien de l'Æther Ezechyel. Au final, cela se termina bien vite, ses jambes peinaient à soutenir son corps alourdi par l'expérience. Le sel continuait d'inhiber son désir macabre, une bonne chose pour le jeune homme, mais cela ne tirait pas l'affaire au clair : son envie de s'emparer de la couronne demeurait forte et sa retenue n'était que temporaire.

" Rah… Sa tête se releva pour planter ses yeux sur son sauveur, son dos ne parvenait pas à briser la courbure d'une bête. Je… De l'eau salée coulait de sa bouche à chacune de ses tentatives de prononcer quoique ce soit, puis de toute façon elle n'arrivait pas à aller plus loin que : Couronne… " Elle regarda les mains du guerrier ; il était désarmé. Non, non, non.

Elle fit demi-tour, elle devait éloigner le monstre qu'elle était du jeune homme le plus vite possible, avant que la faim reprenne le dessus sur le sel rassasiant. Anita ne doutait pas que l'épéiste était plus forte qu'elle physiquement, qu'il pourrait la maîtriser sans grand mal si jamais elle devenait violente. Cependant, de par sa petite taille et sa volonté vorace, elle était plus rapide, ainsi elle se rua en dehors de la pièce comme un prédateur fondant sur sa proie. Elle dégringola les escaliers, à la recherche de l'objet de convoitise, celui qui le libérera de son vice pour un temps non négligeable ; à supposer que le démon tienne parole… c'est d'ailleurs à cause de cette incertitude qu'elle prit soin de ne pas impliquer le guerrier là-dedans, autant que possible.

A l'unique étage qui lui fut offert comme issue, Anita fut confrontée à un ennemi bien pire que tous : elle-même. Devant la zombie se dressait une multitude de pièges, notamment des langues de flamme qui dansaient sur son chemin, provoquant les plus hardis à les franchir pour atteindre leur objectif, qui sait. La magicienne n'était pas dupe : elle ne se serait pas livrée à une telle épreuve aussi stupidement. Mais la mort-vivante, elle, continuait de convoiter bêtement et à tituber dangereusement en direction de la trajectoire du feu. La jeune fille se voyait avancer tel le papillon attiré par la bougie, un destin radieux mais incertain l'attendait ; elle avait peur, son esprit s'affolait et semblait prendre le pas sur ses "mots", mais pas sur son corps qui continuait de marcher jusqu'aux bras de la mort.

" Grr, grr, grr… " Rappeler à l'ordre son propre cadavre était inutile. Peut-être était-ce finalement le bon moment pour finir en cendres, un état où elle ne sera nullement dangereuse pour qui que ce soit, à commencer par ce valeureux gardien de la tour inconnue.

1070 mots ~

By Jil ♪

Dim 10 Jan 2016, 19:05

Malgré l'allure patibulaire de la zombie, celle-ci faisait manifester des efforts pour se contrôler, et, preuve que son intelligence tentait encore de prendre le dessus sur son côté inhumain, elle essayait de communiquer avec lui. Le Tiregan n'avait pas rêvé l'étincelle de désespoir qui luisait dans son regard terne. La créature n'aspirait visiblement plus à la vie, et le sauvetage qu'il venait de réaliser lui paraissait probablement une injustice. Cependant, sa tentative de communication échoua et elle ne parvint qu'à prononcer le mot couronne. Au moins savait-il désormais pour quelle raison elle se trouvait en ces lieux. Voilà donc l'adversaire que l'Elfe lui avait promis ! Si la situation ne s'avérait pas aussi dramatique, il aurait sans doute éclaté de rire à la vue d'une telle scène. L'ironie avait parfois un goût amer. Pour ne pas effrayer la jeune femme, il s'approcha légèrement, veillant à garder une distance respectable entre eux puisqu'il était désarmé. « Je suis désolé, mais je ne peux pas te la laisser. Je suis chargé de la protéger, et je ne te laisserais pas repartir avec. » Pour toute réponse, la petite zombie tourna les talons précipitamment et s'éloigna avec une rapidité déconcertante.

Le brun prit quelques instants pour s'interroger sur le comportement à adopter. La puissance qui se dégageait de la couronne ne laissait pas de doute en ce qui concernait ses propriétés magiques. Peut-être la petite imaginait-elle que l'objet sacré la délivrerait de la malédiction qui pesait sur elle. Syveth entendait la créature dévaler les escaliers avec une rapidité surprenante. D'un geste étonnamment vif, il se redressa et se lança à la suite de la zombie. L'Elfe avait simplement précisé que la couronne ne devait pas quitter la Tour, et en aucun cas il n'avait dit qu'on ne pouvait pas l'utiliser. Le Tiregan doutait que ce soit ce que le propriétaire attendait de lui, mais s'il pouvait soulager la souffrance d'une habitante de ces terres, il le ferait sans tergiverser pendant des heures. En descendant les marches, il n'abaissait cependant pas sa méfiance. L'impression que les étages de la Tour se modifiaient à mesure qu'il progressait le hantait. Le bâtiment ne s'opposerait pas à ce qu'il retrouve la jeune femme, il en était certain. Mais puisque les intentions de Syveth avaient légèrement changé, le laisserait-elle retourner jusqu'à son trésor ? Cela dit, la possibilité d'en découdre avec les stratagèmes de la Tour ne faisait que le galvaniser davantage. Un frisson d'adrénaline courut sur sa peau au moment où il arrivait à ce qui semblait être l'unique étage accessible.

Il la voyait s'avancer au milieu des flammes avec une inconscience certaine. Les réflexes de survie étaient-ils à ce point annihilés chez elle qu'elle ne savait plus qu'elle risquait sa vie ? Un son qui ressemblait à s'y méprendre à un grognement s'échappa des lèvres de la zombie. Toute intelligence avait-elle quitté le cadavre ? Le Tiregan ne pouvait se résoudre à y croire. D'une manière ou d'une autre, il sentait que des bribes de conscience luttaient encore. « Attention ! » Sans s'en apercevoir, il avait crié pour prévenir la créature d'une flamme un peu trop téméraire qui s'apprêtait à lécher sa peau avec avidité, et s'était élancé à son tour dans le piège de feu. Qu'importait les risques qu'il prenait, il se prenait toujours pour le preux chevalier prêt à voler au secours de la princesse, qui en l'occurrence était loin d'en être une. Évitant les langues enflammées avec agilité, il arriva quasiment à la hauteur de sa cible qui paraissait en mauvaise posture. Sans comprendre, celle-ci observait son bras visiblement blessé, continuant à avancer en titubant. La chair rougie ne trompait pas. S'assurant qu'elle ne serait pas surprise de sa présence et le mordrait par inadvertance, il invoqua son pouvoir principal pour sortir d'un royaume invisible un impressionnant bouclier de fer qu'il plaça devant la petite pour l'empêcher de se brûler. « Sois prudente. Le danger est partout » À dire vrai, Syveth ne pensait pas un seul instant que l'élément le plus dangereux de la salle n'était pas la caresse des flammes.

S'habituant à la cadence de ses pas hésitants, le Tiregan accompagna celle qui se frayait un chemin parmi les flammes. Sans le moindre doute, ils devaient former un tableau des plus atypiques : un homme à la carrure guerrière qui protégeait une zombie de la morsure du feu à l'aide d'un bouclier de fer. Sa main puissante commençait à sentir la chaleur qui irradiait leur protection. D'ici quelques instants, il lui serait impossible de tenir cette dernière, et alors ils seraient perdus. Cela dit, la chance semblait à nouveau de son côté, à moins que ce ne fût une intervention de l'Elfe qui ne tenait pas à ce que son gardien finisse carbonisé. La surface du bouclier refroidit brusquement, prête à affronter à nouveau l'ardeur des flammes. Cependant, ils se trouvaient quasiment arrivés au bout de la pièce, et une grande porte se dressait devant eux. D'un coup de pied rageur, le brun l'ouvrit violemment et précipita la créature à sa suite. Hors de question de la laisser se faire dévorer par le feu s'il restait une once d'intelligence en elle, ce dont il ne doutait pas. La salle dans laquelle ils venaient d'arriver paraissait vide. Sans se presser, il referma la porte et examina l'endroit un instant. Là encore, le mobilier ne semblait pas au rendez-vous. Rien en ces lieux n'indiquait qu'un quelconque individu y soit venu récemment. Pourtant, mieux valait se méfier des apparences.

Le Tiregan s'éloigna brusquement de la zombie. Sans le vouloir, il devait représenter un festin de choix aux yeux de la demoiselle à demi vivante. D'un pas tranquille, il finit par s'approcher de l'unique fenêtre qui éclairait l'endroit. « N'est-ce pas un spectacle merveilleux ? » De somptueux rayons de lune filtraient à travers le verre soigneusement décoré, laissant entrevoir une forêt qui s'étendait à perte de vue. Il n'en fallait pas davantage au brun pour le rendre heureux. En revanche, la présence de la zombie ne lui offrait pas la sérénité nécessaire à sa contemplation. Poussant un léger soupir, il vint prendre place sur le sol vieilli, soulevant un nuage de poussière. Presque frénétiquement, il se mit à fouiller dans les poches de son manteau sans prêter attention à ce que faisait l'inconnue. Un papier atterrit finalement entre ses mains, accompagné d'une plume tout à fait maniable. D'un geste brusque, il les envoya à travers la salle, aux pieds de la zombie. « Mon nom est Syveth. Est-ce que tu peux écrire quelque chose ? » La tentative ne s'avérerait peut-être pas des plus concluantes, mais il préférait envisager toutes les possibilités avant de se résoudre à accepter la condition de la jeune fille. Ce soir et pour une durée indéterminée, il laissait la prudence au placard.

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Sam 06 Fév 2016, 16:01

Une langue de flammes lui lécha le bras droit, elle rongea le peu de tissu fragile qui restait sur le membre supérieur. Son corps ne réagit point, il continua à avancer bêtement au plus profond de l'enfer, mais son esprit hurla de douleur. C'était moins agréable que finir zombifier, Anita s'était toujours imaginée mourir en vieille dame, sur son fauteuil au fond d'un chalet non loin du Lac de la transparence… Et la voilà à braver des dangers inouïs, dans un état pire que la vieillesse. C'était un spectacle pitoyable, on aurait dû la laisser en finir, mais le gardien ne semblait pas être en accord avec sa résignation. La mort-vivante était tiraillée entre le maudire ou s'abandonner à l'incompréhension : pourquoi tenait-il tant à la sauver ? Avait-il capté une once d'humanité en elle, était-il empathique à ce point ? Si seulement la barrière de la parole et de la gestuelle n'existait pas entre eux ; elle aurait tant voulu lui dire ou lui faire comprendre n'importe quoi…

Le jeune homme faisait preuve à la fois d'un grand courage et d'une adresse qui l'émerveillèrent. Le moindre de ses gestes étaient parfaitement calqués sur son propre comportement de zombie. Tandis qu'elle avançait inlassablement, il la protégeait avec un bouclier qu'il semblait avoir sorti de nulle part, peut-être l'avait-il ramassé dans un coin de la pièce auquel elle n'avait pas fait attention. Quoiqu'il en soit, c'était parfait pour passer, mais il se donnait vraiment beaucoup de mal pour celle qui souhaitait lui piquer sa couronne… C'était étrange, bienvenue, mais étrange. Anita devait reprendre le contrôle sur son corps le plus rapidement possible, pour aviser de la suite. Pour l'heure, elle ne put que se focaliser sur sa marche funèbre et constater un détail de taille : le refroidissement soudain du bouclier de fer. La vapeur qui s'accumula autour d'eux la laissa perplexe : cet homme avait d'étranges pouvoirs, des dons magiques qu'elle se serait fait un plaisir à étudier si son côté magicienne reprenait le dessus, avant que l'inévitable n'arrive. Je ne veux pas manger…

La zombie grogna en décrescendo quand ils se retrouvèrent seuls dans une pièce relativement vide. La porte se referma derrière, elle chassa les derniers assauts de flammes. Ce danger, comme l'avait qualifié l'épéiste tantôt, était écarté mais un nouveau finira forcément par se montrer. Peut-être en sa propre personne ; après tout, le sel qui inhibait son sens du goût n'était pas infini. Anita devait trouver une solution, rester à l'écart du preux chevalier qui était bien serein pour quelqu'un en présence d'une zombie. La petite n'osa pas se rapprocher de l'unique fenêtre, la promesse de liberté qu'elle lui offrirait n'était qu'un rêve trop doux. L'illusion ne devait pas être nourrie : c'était cet homme qui devait sortir de cette tour vivant, pas elle. Plus le temps passait en sa compagnie, plus la mage se refusait de le sacrifier au nom de sa faim ; ça n'avait pas été son intention primaire et l'idée commençait à devenir de plus en plus pénible, irritante pour son corps affamé et son esprit en détresse.

" B-Bon… " Souffla-t-elle à l'inconnu ; avec son état, cela pouvait être interprété pour une envie de goûter sa chair tendre, mais Anita pensait surtout à le remercier pour son courage et sa bonté.

Même avec la plus grande des volontés, il lui fut impossible d'aligner les mots, ni même d'en prononcer certains. Pourtant, elle était dans un état stable là, il fallait en profiter avant qu'elle redescende dans la folie. Fort heureusement, le dénommé Syveth prit l'initiative et lui proposa une excellente idée. L'écriture était forcément la meilleure alternative à la communication, cependant elle doutait quant à sa capacité à écrire dans son état. Elle s'accroupit toutefois sur le morceau de parchemin et la plume, un maigre filet d'espoir se tendit en elle. Il fallait bien essayer, il n'y avait pas de bonne raison de perdre du temps. D'un geste maladroit, Anita se saisit de la plume et galéra à bien la placer entre ses doigts. Le plus dur par la suite fut de maintenir le support et de porter la pointe encrée sur celui-ci. Autrefois, son écriture était belle et fluide, elle avait la main leste et une touche personnelle dans la forme des traits, comme tout bon magicien il fallait s'en dire. Aujourd'hui, ce n'était qu'un gribouillis digne d'un petit enfant qui envahissait la feuille, elle dut même écrire plus gros pour se faciliter la tâche. Les mots "Anita" et "magicienne" étaient alignés sur la première ligne, quoique le second mot débordait un peu vers le bas pour mieux rentrer. Elle écrivait vraiment lentement, une seule erreur et elle risquait de briser la plume ou déchirer le parchemin. Tant pis pour les tâches par-ci par-là, la situation était urgente. Elle releva quelques secondes son regard cristallin sur le jeune homme ; une aura de bienfaisance semblait l'envelopper, à moins que ce soit juste la lumière de l'extérieur qui accentuait sa silhouette. La petite retourna à son écriture bordélique pour noter les mots "faim", "vite" et "aide" à la suite. L'effort exténua son fort intérieur, elle se convainquit que c'était suffisant pour lui faire comprendre sa situation, même si elle aurait voulu être plus explicite avec lui, notamment sur le fait que sa nourriture devra être composée de chair humaine…

Avec grand mal, la zombie se tint de nouveau sur ses deux jambes fragiles. Ses mains resserrèrent leur étreinte sur le papier et la plume, il ne fallait surtout pas les lâcher. Elle darda d'un air honteux Syveth, sa bouche demeurait entrouverte dans un souffle continu. Elle tituba jusqu'à lui, le plus doucement possible pour ne pas l'alarmer, elle s'immobilisa enfin juste à côté de lui. Même si elle se tenait droite, il demeurait plus grand qu'elle, même assit. Il avait la carrure d'un protecteur et cette impression lui donna envie de lui faire confiance. Anita tendit les bras et déposa délicatement les objets sur les genoux du guerrier. C'était la première fois qu'elle le voyait d'aussi près sans qu'ils ne soient collés au danger. Ses yeux emplis de souffrance s'attardèrent sur son visage, plus particulièrement sur sa pilosité faciale ; elle avait peur de ravoir faim si elle se concentrait sur les traits de la peau. Elle continua d'haleter doucement, elle sembla plus calme que tout à l'heure, son petit corps tremblotait moins, moins propice au dandinement caractéristique des siens. Son regard descendit sur le manteau rouge de l'épéiste, une teinte carmine qui la fit, par réflexe, accrochée ses doigts fins dessus. Ce n'était aucunement par but offensif, Anita avait puisé dans une infime perle de lucidité pour que sa main saisisse le manteau du guerrier et ne le lâche plus ; ainsi, elle allait pouvoir aller à son rythme et prouvait qu'elle pouvait – pour l'instant – avoir un contact sans qu'elle ne veuille le mordre. A nouveau, la magicienne le fixa du regard, à ce gardien présumé de cet édifice mystique, elle lui offrait le choix : l'accompagner dans cette tour pour trouver une solution ou l'aider à sortir de la tour pour s'écarter à jamais du danger.

1188 mots ~

By Jil ♪

Ven 15 Avr 2016, 17:12

Songeur, Syveth se concentrait sur les rayons de la lune pour éviter de penser au sort de la pauvre créature. « Une enfant, si jeune... » Comment le malheur pouvait-il s'acharner sur un être aussi fragile ? Et que lui arrivait-il lorsque sa conscience s'éteindrait ? L'avenir qui se dessinait pour l'inconnue était bien sombre, et il doutait qu'elle survive encore bien longtemps. Le spectacle de la fillette qui s'acharnait à tenir la plume entre ses doigts pour tracer quelques lettres imprécises était difficile à supporter. À chaque fois qu'il posait son regard sur elle, une envie de verser toutes les larmes de son corps le prenait. Si jeune, et pourtant déjà maudite. Cela lui crevait le coeur, et il aurait voulu s'échapper pour ne plus jamais la revoir, non par manque d'humanité, mais parce qu'elle représentait une réalité qu'il ne pouvait souffrir. Finalement, elle s'approcha de lui en titubant, visiblement exténuée par l'effort qu'elle venait de faire. Le brun saisit le papier qu'elle tenait dans les mains et l'observa un instant pour décrypter sa tentative d'écriture. Parfaitement immobile, à côté de lui, elle semblait attendre quelque chose et s'accrochait à son manteau. « Je suis enchanté de te rencontrer, Anita. » Cependant, il ne lui tendit pas la main comme le voulait l'usage, préférant se méfier d'une telle proximité. Une décision. Il devait prendre une décision.

La détresse de la petite le touchait, et même si la voir ainsi le déchirait, il ne pouvait décemment pas l'abandonner en ces lieux. Trouver une solution pour apaiser ses tourments, ne serait-ce que quelques instants, voilà ce qu'il devait faire. « Je ne suis pas sûr de pouvoir te trouver à manger, et je n'ai pas très envie de servir de repas. » Le Tiregan ignorait ce qu'il pouvait faire pour aider Anita. En revanche, il ne comptait pas rester ici les bras croisés en attendant que ses pulsions reprennent le dessus. Explorer les lieux lui semblait une alternative raisonnable : en se tenant à bonne distance de l'ancienne Magicienne, il pouvait s'assurer qu'elle ne l'attaque pas et chercher un remède à son malheur. Avec un sourire d'encouragement, il s'arracha à sa contemplation sans se brusquer pour ne pas l'effrayer. Le temps de la réflexion était terminé. Passer par la pièce d'où ils étaient venus lui semblait totalement exclu, surtout qu'il commençait à fatiguer après avoir sauvé la petite à plusieurs reprises. Son endurance avait des limites, et il ne tarderait pas à les atteindre, il en avait la certitude. Sans se précipiter, il fit le tour de la salle dans laquelle ils se trouvaient à la recherche d'une ouverture quelconque. Sauter par la fenêtre ne s'envisageait pas : aucun d'entre eux ne survivrait à la chute, et la Tour n'accepterait probablement pas leur retour. « Cet endroit devrait bien contenir quelque chose en mesure de t'aider, non ? » Grommelant dans sa barbe, il fixait Anita d'un air désemparé. Ne pas parvenir à la sauver serait un échec insoutenable. Soudain, il tituba comme si le sol se dérobait sous ses pieds.

Les dalles bougeaient. C'était une sensation étrange, déconcertante et à peine perceptible, mais il lui semblait que la pierre ondulait d'une étrange manière. Jetant un œil vers la petite, il constata que celle-ci était tombée. « Anita ! » Inquiet pour elle, il s'apprêtait à la rejoindre lorsqu'une alarme résonna à ses oreilles. Un sifflement suraigu qui lui vrillait les tympans, l'empêchant de s'approcher de la zombie pour l'aider si elle en avait besoin. Les mains sur les oreilles, il mit un genou à terre, rendu totalement impuissant par le son surhumain. Jamais il n'avait rien entendu d'aussi fort de toute sa vie. Lorsque la sirène cessa enfin, il sentit du sang entre ses doigts. Horrifié, il en oublia complètement où il se trouvait, et il lui fallut quelques instants avant de reprendre ses esprits. Se relevant tant bien que mal, il se mit en marche vers la petite fille avant de s'arrêter brusquement. La couronne dont il était le gardien se trouvait au centre de la pièce, flottant dans les airs avec élégance. Fasciné, il s'approcha d'elle sans oser la toucher. Comme si quelqu'un venait de le frapper, ses méninges s'activèrent sans prévenir pour lui offrir la solution. « Tu devrais la mettre. Après tout, elle est magique, et si tu la portes, peut-être que tu iras mieux. » C'était d'une naïveté à peine croyable, mais le Tiregan était convaincu que cela marcherait. Attrapant le morceau de métal entre ses mains encore tremblantes du choc qui n'opposa pas la moindre résistance, il avança jusqu'à la fillette. « Tu es prête ? » Un hochement de tête plus tard, il déposa le fabuleux objet sur sa tête. Dès que la couronne entra en contact avec les cheveux de la fragile créature, Syveth sentit quelque chose le tirer brusquement en arrière pour le faire tomber. Le brun eut tout juste le temps de voir Anita s'effondrer avant d'être expulsé hors de la Tour. Une vulgaire réplique qui les avait pris au piège, et voilà qu'elle se retrouvait seule. À bout de forces, il resta allongé au sol, levant les yeux vers la silhouette imposante du bâtiment. Qu'allait-il lui arriver, à présent ?

867

Lun 18 Avr 2016, 16:12

Le gardien était, en fin de compte, résolu à aider celle qui comptait le voler il y a quelques instants. Anita était fascinée par cet homme, il était aussi mystique que cette tour ; point étonnant pour un être qui résidait en cette légendaire bâtisse. Elle aurait pu se sentir tellement chanceux, si seulement les circonstances s'y prêtaient ! En tout cas, Syveth se montra aussi concerné par son état que prudent, il faisait bien de garder ses distances, au cas où ses instincts primitifs reviennent subitement à la charge. La magicienne se sentait pourtant assez calme, elle contrôlait les gestes qu'elle souhaitait esquisser, sans aucune forme de violence apparente. Il fallait que ça dure, au moins jusqu'à qu'elle soit sorti de cette tour.

Soudain, alors que le brave guerrier se démenait pour trouver une solution, le sol trembla sous leurs pieds. En tant que zombie, son sens de l'équilibre était quasiment inexistant, elle chuta alors très peu de temps après le début des secousses. Elle entendit Syveth l'appeler mais elle ne parvenait ni à se relever, ni à se tourner en sa direction. Un bruit strident résonna dans la pièce, sans l'affecter – son corps était mort après tout – mais ce qui accapara le plus son attention était l'apparition progressive d'un objet juste au-dessus d'elle. Anita était hypnotisée, totalement immobile, le dos à plat sur le sol. C'était de la magie, elle la ressentait vibrer à travers tout son être décharné, et une puissante de surcroît. La zombie commença à se demander si c'était une bonne idée de rester si inactive, après tout c'était elle l'experte en magie ; si c'était une nouvelle épreuve, c'était à son tour de protéger Syveth.

Elle mit le temps qu'il fallu mais elle parvint à se replacer sur ses jambes, aussitôt que le cri sonore s'estompa. Son regard pâle s'attarda sur le guerrier au manteau rouge, qui fixait la fameuse apparition. Anita ne manqua pas d'écarquiller les yeux. La couronne ! Elle était donc ici ? Mais pourquoi était-elle apparue d'une manière aussi tapageuse ? La magicienne n'osa esquisser le moindre mouvement, elle ignorait encore si c'était un bon présage ou non. Peut-être bien que la tour la jugeait enfin, elle, idiote de voleuse engagée par un être démoniaque. Elle était si faible dans cet état, à la frontière de la vie et de la mort, c'était impardonnable, même pour une fille aussi pure de son vivant. Et pourtant, l'illustre gardien de cet artefact fit une offre qui la prit de cours. Elle pivota la tête d'un coup vers l'épéiste : était-ce une bonne chose ? N'était-il pas censé protéger cette couronne ? Anita avait tout de même trahit ses intentions quant à cet objet tantôt… Elle baissa le regard, cet homme était trop bon avec elle, il était beaucoup trop honorable pour la créature qu'elle était devenue. Puisse Suris me guider… Elle hocha de la tête, elle n'allait pas partir comme une voleuse. Si c'était sa décision, alors soit, ils en assumeront ensemble les conséquences. A peine le métal frôla sa chevelure qu'elle vit tout partir à vau-l'eau.

" Syveth ! " S'époumona-t-elle dans une ultime détresse, avant de sortir ses dernières forces la quitter.

Il faisait toujours aussi froid. Cette pièce était d'autant plus sombre, les ombres n'ont jamais été aussi palpables pour elle. Anita parvenait à toucher sans toujours rien ressentir. Elle se releva, son champ de vision n'était étendu que par une infime lumière qui semblait couvrir son corps. Étant donné son état, elle en concluait aisément qu'elle était toujours une zombie, et cette atmosphère lui faisait tout autant penser à l'intérieur de la tour. Qu'avait-il bien pu se passer ?

" Ce n'était qu'une réplique, la véritable couronne n'est pas ici. Telle une proie sur ses gardes, elle pivota en direction de la voix ; c'était un vieil elfe, qui dégageait une aura encore plus mystique que celle de…
- Syveth… Où est Syveth ? Par réflexe, Anita porta sa main à son cou. Elle était redevenue capable de parler normalement ?
- Il est sain et sauf, hors de la tour. Peut-être vous reverrez-vous un jour. L'être éternel, qui lévitait à quelques centimètres au-dessus du sol, tendit la main en direction de la zombie, craintive à l'idée d'un sort offensif. Vos desseins à l'intérieur de la tour ne sont pas les vôtres. Vous n'êtes pas morte, par extension vous n'êtes pas une marionnette : continuez de tracer votre propre destinée, quoiqu'il arrive. " Aussitôt terminé, elle se retrouva téléportée à des centaines de lieux d'ici.

~~~

La nuit était tombée, la lune était grande et bien ronde dans les cieux. La prédatrice malgré elle fixa l'astre lunaire, elle priait ses Ætheri d'apporter bonne fortune à ses compagnons d'antan, de même au gardien qui avait veillé sur elle durant ce périple. Grâce à lui, Anita avait retrouvé un semblant d'humanité. Lorsqu'elle déjoignit les mains, elle repensa à tout ce qui pourrait bien lui arriver, et surtout à tout ce qu'elle pourrait bien accomplir, maintenant qu'elle se sentait "libre".

839 mots ~

By Jil ♪

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