Rosée du Matin était d’humeur joyeuse et chantante, comme la majorité du temps. Il en fallait beaucoup pour altérer la joie de la petite fae ingénue et un brin trop naïve pour accéder à la compréhension de certains faits sombres qui sévissaient sur les Terres du Yin et du Yang. Elle voyait tout avec ses yeux pétillants de créatures féeriques et était persuadé qu’il n’y avait pas de vrais méchants, seulement des gens en manque d’agilité et à qui il faudrait apprendre les bonnes manières pour se déplacer. Il était inconcevable pour elle de volontairement s’attaquer aux insectes ou aux plantes. Le monde était juste rempli de maladroits. Après tout, ils avaient des pieds si larges qui n’y avait rien d’étonnant, comme pouvait-on avancer à travers la nature sans la blesser en ayant des corps imposants. La fée n’éprouvait pas ce problème en conservant sa frêle et petite carrure. Elle pouvait passer n’importe où et s’était même plutôt les insectes qui risquaient de la blesser en lui fonçant dessus par inadvertance avec leur solide carapace.

Chantant et voltigeant à travers le paysage pour réconforter insectes et plantes malmenés par des promeneurs maladroits, son regard fut soudainement attirer par de nombreux coquelicots. Ils étaient si rouges que la fée s’arrêta un instant, fascinée. Elle s’approcha d’eux, les effleurant du bout des doigts, ravie de leur couleur si intense. Il s’agissait là de plantes bien soignées, assurément ! Elle les interrogea sur l’origine de leur couleur si intense et toutes, tournèrent les pétales en direction du haut la colline. La fée les remercia aussitôt et virevoltant droit devant à la recherche de la source qui offrait une telle beauté aux fleurs. La colline semblait interminable, mais la motivation de la petite fée était imperturbable. Peut-être était-ce à cause de son intelligence peu développé qu’elle ne s’interrogea même pas sur ce qui l’entourait. Même le regard des statues ne sembla pas l’émouvoir. La seule chose qu’elle remarqua, ce fut leur taille gigantesque. Fruits des Bois, lui, fut un peu moins rassurer, mais il dû laisser sa méfiance de côté pour suivre son amie s’il ne voulait pas rester en arrière. En effet, la petite créature s’était déjà faufilée dans un sentier. Il la suivit quelque peu tremblotant, car il avait l’impression que s’il venait à se perdre, jamais il ne retrouverait le chemin de la sortie.

« Tremble pas comme ça, tu vas faire des cacas mous ! lui fit remarquer Rosée du Matin, éternellement insouciante. Oh ! Regarde… Le chemin est tout lumineux, c’est joli. Je me demande jusqu’où ça va »

Aussi, elle suivit les lumières du chemin, curieuse d’en connaître l’aboutissement. Et elle ne fut pas au bout de ses surprises en redécouvrant un ciel parsemé de soleil. Ils étaient trop nombreux pour elle les compter, mais Rosée en était certaines, jamais elle en avait vu autant. Elle regarda la bouche béate, fascinée par tant de beauté. La petite fae pointa du doigt les nuages aux formes animales afin de les montrer à Fruits des Bois. Elle adorait déjà cet endroit, même si elle ignorait où elle se trouvait exactement. Rosée regarda autour d’elle, s’extasiant devant chaque détail.

« Roooh c’est merveilleux par ici ! »

Il y avait même une fontaine que la petie fée s’empressa de traverser pour prendre une douche qui serait probablement des plus agréables au vu de l’endroit. Sauf qu’elle avait dû battre des ailes un peu trop rapidement, car elle se retrouva au centre d’une immense salle. Fruits des Bois qui craignait toujours d’être laissé en arrière, la suivit tout aussi rapidement et la bouscula.

« Faut te détendre Fruits des bois…  T’es tout tendu, faut pas, il n’y a pas raison. C’est que des portes, on prend laquelle ?
— Cruuuunch
— Bah peut-être que l’un de ses portes mène vers la sortie ?
— Crunch cruuunch !
— T’en est pas persuadé ? Si on n’essaye pas, on ne saura pas… Aller, viens, on va essayer celle-là pour voir où elle mène »

Le petit souriceau n’eut pas le temps de grincer des dents que la petite fée avait déjà filé droit sur une porte pour découvrir, intriguée, ce qui se cachait derrière. Sa surprise fut grande en voyant un objet ravisant exposé sur un présentoir. Elle accéléra les battements de ses ailes pour s’en rapprocher et s’empressa de grandir pour pouvoir l’essayer, malgré les grincements de dents réprobateurs de son ami qui la trouvait bien insouciante.

« Quoi ! C’est juste une couronne toute fleurie et que veux-tu qu’il m’arrive ? et pour prouver ses dires, elle posa l’objet sur sa tête, tapant dans ses mains et rigolant aux éclats.
— Cruuunch crunch cruuunch !
— Bien bien bien, on s’en va. De toute façon, il n’y a pas grand-chose ici !
— Crunch ? fit-il en levant les yeux vers le haut de sa tête
— Ben quoi ? Il était tout seul, c’est à personne, je peux le garder sur ma tête non ? Je suis sûre que mes fleurs vont me trouver très jolie avec ça ! »

Et la petite fée battit des ailes une nouvelle fois pour suivre son ami hors de la salle, voltigé vers de nouveaux horizons fleuris tandis qu’une silhouette apparaissait enfin : celle d’un animal à l’allure féline, qui stoppa net son déhanchement en voyant le présentoir vide.

« Où est l’arme du temple ? s’exclama Méli en reprenant une forme humaine.
— Une fée l’a emportée… lui répondit Harôun. Fallait venir plus vite
— Comment ça, une fée est partie avec ? répéta-t-elle déconcertée
— Envolé je dirais même, c’est rapide une petite fée ! commenta Asîlah qui venait de rejoindre les autres esprits. Et je pense même qu'il s'agissait de Rosée du Matin...
— Tu n’auras qu’à la rappeler pour la former ! suggéra la sage et réfléchie Fuzâil
— Et il faudra utiliser des mots simples pour lui expliquer, car elle risque d’avoir du mal à comprendre. compléta Hans. C’est même aussi beau qu’un combat d’être arrivé jusqu’ici avec tant d’insouciance et de naïveté dans la tête
— Oh misère… » murmura Méli.

Les esprits n'étaient pas sortis de l'auberge avec une telle fée, car ils se souvenaient de sa prestation lors de la coupe des nations. Cela les avait bien fait rire, mais Méli rigolait un peu moins en sachant désormais qu'elle devrait la revoir pour lui parler de l'arme et de ses propriétés. Heureusement, elle aimait bien la nature...

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l'arme du Temple: