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 La Dame Argentée [Quête - PV Lokys]

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
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Latone
Dim 03 Aoû 2014, 18:46

Depuis Dhitys, depuis l'après-Dhitys, le moral de Léto était en berne. Tout le monde autour d'elle s'écroulait, s'embrasait à petit feu. Ce devait être un miracle qu'elle n'ait pas croisé de Ridere sur son chemin, alors ses oreilles captaient partout la détresse des innocents. Elle avait beau prier Antarès mentalement – elle n'était pas une fervente pratiquante il faut dire – ce n'est pour autant que la déesse accorderait sa grâce aux non-orishas. Elle voulait rentrer à Mégido, juste retourner à la maison, pour s'étaler sur le divan, regarder ses petits dragons flagorner, entendre la Mord'th lui raconter les dernières nouvelles. Mais la déception risquait de la frapper si elle retournait sur le continent dévasté : Mégido devait déjà être mis à feu et à sang, Thémis n'était peut-être pas encore rentré avec ses dragons, peut-être veillait-elle toujours sur sa famille, elle l'ignorait. Il lui était difficile de retenir ses larmes tant le moral était au plus bas. Elle voulait juste que tout s'arrête et redevienne comme avant : qu'elle puisse donner de ses nouvelles à ses parents, qu'elle s'entraîne dans la petite cour derrière sa demeure, qu'elle puisse se blottir dans une paire de bras en guise de réconfort ; en l'occurrence, ceux d'Aëran, mais n'importe lesquels lui conviendraient.

Le continent naturel demeurait un endroit aussi dangereux que n'importe où. Léto se faisait un devoir d'y rester, histoire de trouver un autre moyen de stopper les Ridere, un autre groupe motivé à ne pas baisser les bras. Dhitys était encore ancrée dans ses pensées, rongeant son être, lui susurrant qu'elle était faible, inutile. L'Orisha n'arrêta pas le moins du monde sa cadence pour autant. Il y avait peut-être une chance de trouver un abri au Sud : l'emplacement de Pabamiel restait gravé dans sa tête. Elle se souvint de cette cité, si chatoyante bien qu'elle n'accueillait pas très bien les étrangers. Sûrement ne cracherait-il pas sur une nouvelle paire de bras toutefois. De toute façon, elle avait besoin de se ressourcer avant de se rendre autre part ; l'Ouest, forcément, comme ça, lorsque la nécessité se manifestera, elle prendra un bateau en direction du continent dévasté.

L'Orisha ne fut par trop heureuse de constater que la cité restait, pour le moment, intacte, bien que l'agitation commune n'arrange pas les choses. Le contrôle s'était endurci, afin d'éviter qu'on fasse de Pabamiel un refuge pour n'importe qui. Pour son cas, elle la laissa passer sitôt qu'on apercevait son pendentif de Neriel, de confection pabamiellienne devrait-elle supposer, mais elle n'était pas assez maline pour s'en rendre compte. La blonde se contenta de remercier les gardes et de traîner des pieds.

Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas rendue à Pabamiel. Cette dernière demeurait ravissante pour les yeux. Ce serait un véritable blasphème si les Ridere atteignaient ces terres, autant pour la cité elle-même que pour ses habitants reclus. Surtout qu'elle-même ne pourrait rien y faire : toute sa magie ayant disparue, seule sa force lui sera d'un réelle recours, mais Dhitys lui avait confirmé que la force brute n'était rien qu'une piqûre de moustique pour les géants de glace, et encore… Enfin bref, Léto ne voulait évidemment pas les recroiser et ne souhaitait pas un sort aussi pire, sinon plus, que Dhitys pour Pabamiel. Les pabamielliens avaient beau avoir un avis tranché sur les étrangers, ils restaient des êtres conscients, tout comme elle. C'est fou comme les temps sombres rapprochent les hommes.

Bien qu'elle ait déjà visité, Léto n'était pas réputée pour son sens de l'orientation. Sitzrael, Tsuna, Tinra, tant de quartiers qu'elle avait arpenté, alors qu'il en restant tant d'autres à visiter. Elle préférait tout de même éviter de retourner dans le second : c'était à ce même endroit qu'elle était tombée sur un petit groupe de mafieux, bien que les évènements aient tout de même tourné en sa faveur. Comme on pouvait s'y attendre de la part d'une tête-en-l'air de sa trempe, ses pas l'avaient mené vers un endroit encore plus dangereux que Tsuna : Nobu. Même si elle ne sentait rien que par l'atmosphère que cela n'avait pas l'air commode par ici, Léto se convainquit que c'était uniquement dû à l'apocalypse se produisant à l'extérieur. Les petits malfrats ne s'approchèrent pas de ce jeune homme enchaîné pour le moment, mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'un prédateur beaucoup plus dangereux s'en prenne à sa personne, rien que pour son argent de poche, ou pire.

Emballée dans son insouciance, l'Orisha arpentait près des ruelles sombres sans se douter de la menace environnante. Faut dire qu'elle était tellement fatiguée de toutes ces épreuves qu'elle dormirait volontiers par terre, pour peu qu'elle n'ait pas à poser les yeux sur son propre cadavre lorsqu'on lui tranchera la gorge en douce.



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Lun 04 Aoû 2014, 08:19

Une bonne humeur persistance l’habitait depuis Dhitys, et le joyeux massacre du Rocher. Lokys cahotait promptement depuis les Fjörd vers le port de Pabamiel, d’où il comptait repartir pour le continent du matin calme. Il avait pu s’assurer du retour sauf de Fëdlin et pris ses fonctions auprès de la cavalerie, après la cérémonie d’intronisation des Brujah. Celle-ci avait été des plus sobres malheureusement, mais l’époque ne se prêtait pas aux frivolités…
Il aimait beaucoup la ville de la Phénix, où il avait eu l’occasion de séjourner. Dès son arrivée, il remarqua que la militarisation de la zone avait doublé. La cité était d’ordinaire déjà bien gardée mais par les temps présents, elle avait pris des airs de prison à ciel ouvert. Dans son accoutrement, et par le simple fait de sa nature, Lokys doutait qu’on l’accueille à bras ouverts… ça tombait mal pour ses projets.

Cependant non loin, il sentit qu’on l’observait. Deux billes noires encadrées d’un somptueux voile de cheveux ondulés flottaient près d’une colonne de marbre. La mystérieuse Pabamiellienne portait son long habit de soie transparente, comme à l’accoutumée. Ses longs cils mutins clignèrent en remarquant qu’il l’avait repérée, et sa main sortit de l’étoffe légère pour lui indiquer de la suivre. Déviant la direction qu’empruntait nonchalamment sa jument, qui suivait sans y songer le troupeau d’immigrés, le vampire s’écarta au petit trot de la cohorte pour rejoindre la jeune femme dont il avait oublié le nom. Ses bottes lourdes retrouvèrent le sol, vives, agiles, volant presque au-dessus des pavés tandis qu’il suivait le sillage parfumé qui l’invitait. La jeune fille l’attisa à travers toute la ville haute. Les résidences des riches habitants étaient toutes endormies ou presque, et la garde renforcée avait été sans mal contournée. Le vampire la poursuivait, joueur, jetant des regards alentours pour vérifier que personne ne les repérait, attendant le bon moment pour enfin l’attraper.
Avec une petite pensée pour Freya, le guerrier s’insurgea à la suite de la jeune femme dans une élégante bâtisse à la périphérie du quartier. Fidèle à elle-même, la fille lui parla en gestes et en regards et Lokys se retint de troubler le silence qu’elle voulait imposer. Il se contenta de retrouver ses bras, envieux et impatients. Il lui avait donc tant que ça manqué ? Le vampire l’honora alors d’un baiser avant de l’infuser de ce qu’elle désirait tant, perçant la fine chair de sa gorge de ses crocs tranchants. Ce tribut sembla lui convenir, et une fois rassasiée, elle le mena à une salle d’eau où il put profiter d’un bain et d’un peu de repos.

Lokys ne s’éternisa pas. Son hôtesse avait été si comblée par ses attentions qu’elle avait décidé de lui offrir en plus de son hospitalité des habits propres et moins austères, plus chatoyants et proches des coutumes environnantes. C’est donc sans mal qu’il put rejoindre le port et réserver une cale dans l’un des nombreux bâtiments qui prévoyaient de voguer en direction du Matin Calme le lendemain. Pour l’heure, il avait du temps à tuer. Nourri et à son aise, il s’installa comme un bienheureux sur la balustrade d’un haut bâtiment, absolument pas inquiété par le vide de plusieurs centaines de mètres qui s’ouvrait sous lui. La vue d’ici était imprenable sur la montagne et il sortit de sa besace un livre. L’ouvrage portait un nom tracé en ancien langage vampirique : Tactiques de guerre de la Comptesse sérénissime de Courrois… Un grand nom semblait-il dans l’histoire belliqueuse des vampires.
Le général nouvellement nommé en était déjà à la moitié. Il lut quelques heures avant de refermer la couverture de velours sur un passage qui lui donnerait matière à s’exercer, mais l’immobilité l’engourdissait trop, et avant d’en partir, il souhaitait une dernière fois parcourir les rues de la cité qu’il aimait tant. Relevant sur son élégante chevelure corbeau la capuche de son manteau, le grand vampire s’expatria du quartier doré pour descendre à Tsuna.

Son escapade avec l’élémentale lui revint en mémoire, et il repassa devant la meilleure enseigne du quartier, espérant y croiser Relhyra… mais la sirène semblait affairée et il n’entendit que brièvement les ébats tamisés qui s’échauffaient sous son toit. Sa promenade se déroula sous un augure calme, peu de personnes ayant assez de cran, ou trop de bon sens, pour oser l’approcher. Les prédateurs avaient généralement cet effet-là sur leurs potentielles proies, et nombreuses elles étaient ici bas, vulnérabilisées par la perte de leur moyen due à la drogue, à l’alcool, ou tout autre stupéfiant insidieux.
Soudain, des bruits de luttes l’interpelèrent. Plus curieux que désireux de se mêler d’une quelconque querelle, le vampire s’approcha de la scène pour constater qu’une femme, visiblement désespérée, se faisait jeter d’un établissement.
« Pas de droguées ici, ma jolie ! »

« S’il vous plaît… je ne demande même pas d’argent, juste de la Dame… je vous en prie, je ferai c-ce que v-vous voulez… »

Ce genre d’histoires était monnaie-courante dans le quartier. Méprisable… en venir au point de vendre son corps comme un bout de chair sans valeur pour obtenir sa dose… La pauvrée avait du finir bien bas, mais son sort ne l’intéressait pas, et Lokys se détourna tranquillement…. Pour tomber nez-à-nez avec une étrange rencontre…

« Orisha ? »

La question avait été formulée avant la pensée. Revoir celle avec qui il avait partagé la défense de la cité des Bélua… ici… lui donna une irréelle sensation. Tout ceci était-il bien arrivé ou bien n’était-ce que le fruit de son imagination… ?
La surprise laissa cependant rapidement place à une courtoise quiétude. Il aimait bien les Orisha, et celle-ci particulièrement du fait de ce qu’elle lui avait, bien malgré elle, offert. Aussi se découvrit-il pour à son tour lui dévoiler son identité.

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Latone
Jeu 07 Aoû 2014, 22:19

La simple mention du nom racial la fit pivoter vivement. Pabamiel n'accueillait que très peu d'orishas, si ce n'est pas du tout, Léto fut alors ravie qu'on daigne s'intéresser à elle. Ne se doutant point que ça pourrait être un piège ou autre, elle fixa la silhouette embrumée dans les ténèbres. Elle avait beau plisser des yeux, elle ne voyait pas son visage. Par contre, cette voix… Elle lui disait quelque chose, Léto était sûre maintenant d'avoir déjà rencontré cet homme. Et c'est justement lorsqu'il se dévoila qu'elle écarquilla d'abord les yeux avant d'étirer un sourire sincère. Le vampire, il était vivant ! Elle se remémorait tous leurs contacts en instant : il l'avait sauvée du Ridere, ils avaient ralenti ces géants ensemble, échanger de montures, et puis plus rien. Léto avait ensuite passé le plus clair de son temps avec l'ombre qu'elle avait elle-même aidé. Après s'être enfuie de Dhitys, elle s'était questionnée sur son état. C'est donc à la fois avec étonnement et joie qu'elle pouvait le revoir sain et sauf. Elle était ainsi la Léto, toujours à se soucier des autres. Ses chaînes cliquetèrent un peu lorsqu'elle s'approcha pour l'aborder.

    " Vous, euh… Vampire ! Vous êtes vivant ! elle ignorait son nom en effet, ils n'avaient pas pu se poser chez les Béluas. On ne s'est pas revu depuis Dhitys, je m'étais demandé où vous étiez passé lorsque nous escortions les civils hors de la cité. Enfin, je suis content que vous ayez échappé aux Ridere et au serpent. " un sacré enfer que cette bataille, rien qu'en parler lui fichait un peu la trouille.

Depuis la disparition de sa magie, il lui était difficile d'imiter la voix d'un homme. Elle s'était essentiellement basée sur son pouvoir du son afin d'en copier avec exactitude les intonations, cela passait davantage inaperçu de cette manière. Maintenant qu'elle en était privée, elle parvenait toujours à prendre une voix rauque, mais ce n'était qu'une imitation un peu brouillonne. Toute petite, elle s'était bien débrouillée pour se faire passer pour un garçon, sans même user de son don. L'Orisha en avait alors l'habitude, mais la plus fine des oreilles risquait de se rendre compte de la différence. Au pire, ce n'était pas bien grave si on la démasquait, mais elle tenait encore à son déguisement. Tant qu'elle ne sera pas convaincue d'être suffisamment forte, elle sera toujours Léto, le second fils de la famille Sùlfr.

En parlant de famille, et par extension de nom, ils avaient l'occasion de se présenter. Ce serait bien de pouvoir coller un nom sur la personne qui lui avait sauvé les miches. En guise de pipelette, Léto allait s'en donner à cœur joie, sauf qu'elle fut coupée dans son élan par un petit picotement sur sa nuque. Instinctivement, elle porta sa main là où ça la chatouillait. Elle ignorait tout bonnement que c'était l'emplacement même où ce vampire l'avait brièvement mordu. La blonde avait seulement remarqué que quelque chose la démangeait de ce côté-là : bien que ce soit infime, elle était extrêmement sensible à la moindre douleur. A l'heure actuelle, ce mystère était toujours en suspens, c'est juste que la présence du vampire éveillait de nouveau cette démangeaison.

Et puisque ce n'était pas suffisant pour l'empêcher d'offrir son nom, un bruit attira son attention pas loin. Léto remarqua la jeune femme, belle comme dans un conte, mais avec une mine épouvantable. Même si elle a perdu son empathie magique, celui mentale était toujours présent. Elle se lança alors à la rescousse de cette fille qui avait du mal à se relever et à marcher. Elle offrit son bras pour la soutenir et l'aida à s'assoir sur un banc – enfin, si on pouvait qualifier cette chose de banc. Nullement besoin de se le faire dire pour comprendre qu'elle n'allait vraiment pas bien. Léto ne s'y connaissait cependant pas en drogue pour capter directement le mal-être de la jeune fille.


    " Vous avez mal, mademoiselle ?
    - N-Non, il me faut… de la Dame… pitié… l'Orisha ne cacha pas son étonnement, qui lui-même devait cacher son idiotie.
    - De la Dame ? Je suis désolée mais je ne suis pas une dame, mais s'il vous en faut une, on peut peut-être… face à ce quiproquo, la droguée eut tôt fait de la stopper.
    - Non, la Dame Argentée ! C'est… C-C'est une drogue, de la poudre grise… Elle a été importée de l'extérieur et j'ai eu le malheur d'y goûter… Tout mon argent, envolé… Je n'ai pas d'autres choix que de me vendre à Rellyra, mais j-je n'en ai pas envie… lorsqu'on parlait de "se vendre à quelqu'un", son instinct d'orisha s'éveillait immédiatement.
    - Vous n'aurez pas à vous vendre. Comment vous appelez-vous ?
    - Milly… Léto déposa une main réconfortante sur son épaule.
    - Milly, je vous promets de retrouver votre argent. D'ici là, reposez-vous et attendez mon retour, d'accord ? " la concernée acquiesça par réflexe, sans pour autant en retrouver le sourire.

Léto se redressa pour laisser la jeune femme tranquille. Cela lui faisait mal au cœur de voir une pauvre fille souffrir de la sorte, sans parler du fait qu'elle devra se vendre si le temps le presse. A vrai dire, Tsuna grouillait de personnes dans une situation bien pire, mais que pouvait-elle y faire ? L'Orisha avait fait une promesse à une seule fille en détresse et ce serait pas mal qu'elle la tienne. Se grattant le cuir chevelu, elle commença à se retirer un peu.

Puis elle recroisa le regard du vampire. Je l'avais oublié ! Léto n'avait même pas fait gaffe à sa présence lorsqu'elle s'était entretenue avec Milly. Mais il tombait bien, ce sera plus facile à deux que toute seule, surtout que tout ce qui était drogue ce n'était pas son rayon. Et le quartier était trop chaud pour traîner seule davantage. L'Orisha étira un léger sourire gênée, il lui était tellement facile d'avoir la tête dans les nuages… Reste à voir s'il s'en moquait de sa maladresse et s'il se soucierait du sort de la magicienne droguée.


    " Pardon, elle était mal en point, je ne pouvais pas la laisser comme ça. Au fait, on ne s'est pas présenté : je m'appelle Léto Sùlfr. heureusement qu'elle venait juste d'y penser où elle aurait toujours l'étiquette "Vampire" en tête. Vous vous y connaissez en "Dame Argentée" ? Je voudrais l'aider, mais ce coin de Pabamiel m'est étranger… On pourrait faire équipe, comme à Dhitys ! Vous en pensez quoi ? " s'il s'était battu pour les Béluas alors qu'il n'était même pas l'un des leurs, c'est qu'il devait bien aider les gens dans le besoin, non ?



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Ven 08 Aoû 2014, 12:48

Le regard dans le lointain, Lokys observa la jeune femme s’affairer auprès de la droguée. Mue par une touchante naïveté, ses gestes et ses mots précautionneux tirèrent un sourire amusé au vampire qui, toujours silencieux, ne se permit pas d’interrompre la diatribe. L’Orisha avait bon cœur, c’était à n’en pas douter, et son attitude l’informa qu’elle ne devait pas être habituée à grouiller dans les bas-quartiers des villes, car il était fort à parier qu’il n’y aurait jamais survécu. Vaguement intrigué par les promesses qu’elle faisait à la dépravée, il se contenta d’assister à l’échange, patient dans sa prestance tranquille, comme un bruit de fond qui parvient à s’oublier, sans jamais disparaître de la conscience. Tandis qu’elle amenait la femme à s’asseoir, ses prunelles d’argent liquide vinrent à fondre sur sa jugulaire. Inconsciemment, sa langue frôla la lisière de ses lèvres en délectable souvenir d’une ponction volée. Las blessure bien sûr, avait été effacée, mais sans doute la surface interne de l’artère prendrait plus de temps à se résorber.

L’attitude complaisante de la jeune femme avait suffisamment appuyé la certitude qu’aucun souvenir du baiser ne s’était formé, aussi Lokys n’eut pas de mal à ne rien laisse paraître sur son élogieux visage quand la guerrière revint à lui. Encore cette voix… C’était bien la seule chose qui ne lui allait pas. Laissant l’Orisha terminer ce qu’elle avait à lui dire, il s’attarda à la détailler à présent que la situation s’y prêtait. Une imposante carrure rendait bien hommage à sa race, la blondeur de sa chevelure tirait sur le doré. Bien faite de ses traits, elle avait la surprenante beauté des androgynes mais son acharnement à accrocher ses sourcils en un froncement permanent la rendait quelque peu fermée. Le bombement de sa poitrine, l’écartement de ses épaules afin de se grandir ne gênait pas outre mesure le vampire, habitué à côtoyer les guerrières comme les guerriers, mais cette voix… Il en ressentait presque les cordes vocales crisser de gêne à chaque mot prononcé, la femme se forçait, il n’y avait pas à en douter. Et la confirmation lui fut apportée par le mensonge qu'elle décocha droit dans les yeux de celle qu'elle aidait...

Un soupir ponctua la demande saugrenue qui lui avait été faite… Une orisha et un vampire, alliés envers et contre tout afin d’aider une droguée pabamiellienne à se procurer sa dose… Le Brujah trouva proprement déplacé de comparer cette quête de bas étage à l’épopée qu’ils avaient menée afin de protéger le monde, mais n’en fit aucun commentaire.
Il croisa les bras, alternant son regard entre Léto et la camée, prenant le temps de réfléchir avant de se résigner à répondre
.

« Hmm… Après tout... Pourquoi pas. » La simplicité rhétorique de son ton le surprit lui-même, et il trouva nécessaire de se justifier. « Je n’ai rien de mieux à faire jusqu’à demain... » C’était également la deuxième fois qu’il entendait parler de cette fameuse et ravageuse poudre, mais il découvrait tout juste de quoi il s’agissait vraiment. « Vous pouvez m’appeler Lokys. » Hésitant un instant, le sourire du vampire s’étira un peu plus tandis qu’il terminait d’un ton plus mielleux… « Enchanté, Dame Léto… »

« Vous allez m’aider ? » La dénommée Milly était revenue, debout, droite comme un piquet. Blanche et suante, elle tremblait de tout son corps. Les cernes galvanisaient son visage, par ailleurs plutôt coquet. La moiteur de sa peau quand elle saisit la main du vampire le fit presque sursauter, mais elle se retira promptement pour offrir son sourire le plus vaillant à la compagne nouvellement érigée du vampire.
Celui-ci observa derechef la jeune femme, puis une question franchit ses lèvres avant qu’il n’ait pu mieux la penser.


« Pourquoi faites-vous ça ? »

L’orisha n’eut pas la marge de répondre que Milly s’était jetée sur lui, s’accrochant avec une ferveur non désirée à la cape qui entourait ses vêtements.

« Je vous en prie… dites oui, elle le fait pour… pour une pauvre femme en d-détresse… vous ne pouvez p-… »

Même aux portes de la folie, la jeune proie fut retrouvée par une trace de lucidité en sentant le regard menaçant du guerrier. Ses mains moites et tremblantes le lâchèrent, toujours en le regardant avec effroi, mais Lokys n’était absolument pas d’humeur à déployer plus d’énergie sur cette moisissure limitée, et réitéra en revenant vers Léto.


« Pourquoi vous cachez-vous ? Vous avez un problème avec la féminité ? »
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Mar 12 Aoû 2014, 20:07

Léto crut un instant que le vampire allait refuser, elle pensait qu'il serait plus prompt à tendre la main en fait. Du coup, en le voyant réfléchir ainsi, elle eut un doute. Ou peut-être qu'il réfléchissait sur tout autre chose, l'Orisha ne pouvait pas vraiment le deviner. Oh, il a aussi soupiré lorsqu'elle lui avait fait la demande également, ce qui ne rassura que peu la blonde qui se demandait ce qu'il y avait de mal dans tout ça… La pauvre petite naïve qu'elle était commençait tout juste à se faire à l'idée que le vampire ne daignera pas accepter une orisha en tant que collègue, quand soudain il finit par brièvement répondre positivement. Pour toute réponse, peu lui importait ses motivations, Léto lui offrit un joli sourire. Elle était bien contente de pouvoir travailler encore une fois avec ce vampire, du nom de Lokys apparemment. Peut-être même qu'elle était bien trop enthousiaste, étant donné qu'elle ne fit pas bien attention à la révélation qu'il venait de lui faire.

" Enchantée égalem— Attendez, quoi ?! " Les yeux grandement écarquillés, ses lèvres s'étaient décousues pour ne faire plus qu'apparaître une expression à mi-chemin entre l'étonnement et l'effroi.

La blonde commença soudainement à regretter son geste. Depuis combien de temps savait-il ? Et comment avait-il fait ? L'Orisha ne connaissait que très peu de chose sur les vampires, il lui était difficile de comprendre comment il était parvenu à découvrir le pot aux roses. Et cela l'embêtait beaucoup, les oreilles étaient indiscrètes par ici, qui sait qui sera le prochain badaud qui osera la toucher juste pour vérifier si elle était bien une femme… Mais pour le moment, Léto se demandait ce que Lokys pensait de cela, peut-être qu'il s'en fichait ou peut-être qu'il le prenait mal. Tant que la magie du monde demeurait inactive, il lui était difficile de sonder l'esprit des personnes, sans parler de son pouvoir sonique qui ne pouvait plus l'assister dans son camouflage… J'ai dû mal imiter la voix, c'est tellement dur, ça fait trop longtemps ! Depuis qu'elle avait découvert son don, Léto s'était bien évidemment plus ou moins assise dessus, ses cordes vocales ont dû perdre leur fameuse virilité. Et sa surprise aussi, elle aurait peut-être pu continuer à le berner si elle n'avait pas répliqué de la sorte, mais c'est trop tard maintenant…

Et puis, Milly s'en mêla pleinement, ce qui eut pour don d'agacer l'enchaînée. Pourquoi les gens mettaient autant d'importance sur l'identité sexuelle ? Elle était censée naître homme, elle est née femme. Elle était censée vivre comme un homme, elle a dû cacher son identité pour se faire. Elle était censée partir pour Mégido en tant qu'homme, la semaine suivante on savait déjà que c'était une femme. Léto se demandait vraiment pourquoi elle n'y arrivait pas, alors qu'elle avait toutes les cartes en main. Certaines personnes arrivaient à la cerner sans qu'elle puisse répliquer comme il faut, ce qui, par extension, lui fit comprendre sa faiblesse. Et quand elle se rendait compte de cette dernière caractéristique, l'Orisha avait tôt fait de perdre ses moyens.

Sans réellement quoi faire pour répondre, Léto fixa la droguée s'en prendre aux vêtements du vampire. Il voulait savoir pourquoi elle trompait son entourage et elle le comprenait parfaitement. La blonde se doutait tout de même que Lokys était plus fort qu'elle, sans doute n'y aurait-il vu que du feu si les années d'expérience étaient inversées. Mais bon, c'est trop tard maintenant. Elle se souvient toutefois qu'Aëran avait découvert son identité par accident, une pabamiellienne aussi l'avait deviné. Bref, le nombre de personnes qui savaient se comptait bien sur les doigts des mains, mais à chaque fois qu'on la découvrait, c'était comme la mettre à nue : c'est gênant. Se mordant les lèvres, accablée par les regards inquisiteurs des passants ayant entendu la conversation, Léto fut tentée de s'éloigner rapidement. Lokys faisait fausse route sur les raisons animant l'Orisha et elle l'embarquera volontiers pour s'expliquer, le tout avec sa véritable voix du coup.


" Non, ce n'est pas… Elle soupira, avec un semblant de grognement en arrière-plan. Parlez moins fort s'il vous plait ! Et venez, je vous expliquerai en chemin. Elle décocha un regard pour Milly, une dernière révérence verbale en guise d'au revoir. Ma dame… " Et elle saisit la manche du vampire pour l'entraîner avec elle ; elle n'était pas plus forte que lui, mais au moins il suivrait.

C'était Lokys qui affirmait connaître la ville, sauf que Léto voulait juste s'éloigner de ce coin de quartier. Si l'un des hommes commençait à mûrir l'idée de s'assurer de son identité… Elle ne voulait tout simplement pas que le cauchemar du Port recommence. La chaleur corporelle qu'on lui avait offerte depuis son départ lui permettait d'être beaucoup plus à l'aise avec les hommes, mais cet évènement continuait de la hanter, parfois même pendant son sommeil. Elle ne souhaitait ce genre d'harcèlement à personne, alors que ça devait être monnaie courante par ici. Il suffisait de voir Milly pour qu'elle le comprenne : elle était excessivement belle, même désirable aux yeux de Léto, mais une femme de son acabit n'arrivera pas à s'en sortir en restant cloîtrée à Nobu. L'Orisha avait fuie la misère en partant à l'aventure et elle s'en était plutôt bien sortie depuis, la vie lui souriait assez bien, excepté le cas des Ridere. Léto tenait alors à aider la droguée, en guise de complicité féminine.

A part ça, Léto devait encore s'occuper du cas Lokys. Lui expliquer ses raisons ne lui fera pas de mal, elle qui était si bavarde après tout ! C'est juste qu'elle espère qu'il ne lui en veuille pas. Le vampire l'avait aidée lors de Dhitys, c'était peut-être l'occasion de rembourser sa dette. Elle ne se doutait toujours pas du méfait qu'avait réalisé le vampire sur elle ce même jour, bien que le picotement sur sa nuque semble persister, sans aucune origine apparente à ses yeux. Mais bon, là n'était pas le problème pour le moment. Une fois qu'elle fut sûre d'être à l'abri des oreilles, ses yeux vairons se braquèrent de nouveau sur le vampire, tout en maintenant la marche, et ayant bien évidemment lâché son bras depuis un petit temps.


" Je n'ai rien contre la féminité. Si j'étais aussi féminine que Milly, je serais bien contente ! C'est juste une habitude qui date d'avant même ma naissance : mes parents voulaient un garçon pour aider au travail et je ne voulais alors pas les décevoir. Elle se gratta la chevelure dorée, masquant quelque peu son œil ; l'un ou l'autre, c'est selon. Et mon corps n'est pas vraiment féminin, ni masculin pour autant, du coup j'ai eu quelques ennuis. Depuis, je me cache, je veux juste qu'on voit en moi une orisha, ou un orisha en l'occurrence, pas juste une femme. Je veux être… plus fort. Elle avait hésité sur l'accord de cet adjectif, mais vu qu'elle passait le plus clair de son temps en tant qu'homme, c'était très bien choisi. De toute manière, c'était ainsi qu'elle souhaitait qu'on la perçoive, pas autrement. Vous ne m'en voulez pas au moins ? Elle espérait qu'il réagisse aussi bien que l'avait fait son amant, par exemple. Mais ce n'est quand même pas drôle : sans ma magie, difficile de modifier ma voix ! Vous avez fait comment pour le découvrir ? " Elle était bien curieuse de connaître l'erreur qu'elle avait commise pour se faire avoir, même si pour l'heure ils sont censés courser après l'argent de Milly…



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Mer 13 Aoû 2014, 07:43

Prédateur plus proche du règne animal que de la faune humaine, légiste rôdé des émotions, le vampire devinait tout ou presque de ce qui se déroulait dans les tréfonds de l’esprit torturé de l’androgyne. Il était satisfait d’avoir crevé l’abcès de ses tourments, colmaté déjà semblait-il,  devisant du meilleur moyen d’en extraire toute la matière putride qui donnait là bien des peines à la jeune femme. Son regard suivit la ligne du sien dans l’expression inquisitrice de quelques passants qui dévisageaient leur conversation, et il devina sans mal l’égocentrisme de l’orisha à les penser tourner contre elle, quand tout ce qu’il voyait était des hères hébétés de rencontrer des individus qui semblaient sains d’esprit dans ces bas-quartiers.
Sans daigner plus d’attention à la droguée, il se laissa entraîner plus loin. Sa ravisseuse jetait des regards alarmés autour d’eux, tout son corps s’était crispé sur lui-même lorsqu’il l’avait démasquée… Le vampire ne connaissait que trop bien, malheureusement, ce réflexe troublant de vouloir se protéger contre l’extérieur, contre le souvenir de ses agresseurs, comme si ceux-ci allaient tout d’un coup surgir de nulle part et terminer ou réitérer leur œuvre.
Ils marchèrent quelques minutes dans le silence avant que la guerrière ne le lâchât, et ils s’éloignèrent encore parmi les ruelles qui tortuaient en aval. Ici, les cartels de la drogue semblaient avoir installé un climat de factice sûreté, et rien dans les rues ne venait troubler la fausse tranquillité qui régnait, mais Lokys gardait l’œil ouvert, car il était à peu près certain que leur présence sur leur territoire ne tarderait pas à éveiller l’attention de ceux qui les contrôlaient. Restait à espérer qu’ils se montrassent coopératifs… s’ils voulaient rester en vie.

A mesure que l’orisha lui exprimait avec une touchante défiance les raisons de son travestisme, Lokys songeait à ce mystère qui pour lui restait entier.
Il relativisa cela dit en songeant à ses parents. Ces mécréants ne devaient pas avoir l’esprit très vif, même s’il se garda bien de le dire, de peur de blesser les sentiments de leur fille. Ainsi donc, dans leur monde corrompu, seuls les garçons pouvaient servir au travail ? Il imaginait la tête que tirerait sa génitrice à cette explication, elle qui avait bâti seule son empire aux côtés de ses sœurs. Un curieux phénomène qui ne trouverait sans doute jamais d’explication avait fait que la famille de Lokys s’était toujours composée d’une flagrante majorité de femmes. Des femmes douillettes, peu portées sur le travail manuel, il y en avait certes. Tout comme leurs antipodes, des femmes guerrières, des laboureuses, de terrifiantes magiciennes, des penseuses, des écrivaines, des cavalières, des mères, des tueuses… Le panel de vérités au féminin dans lequel il avait été élevé l’empêchait drastiquement de dénoter une quelconque cohérence dans le discours engoncé dans une fatalité bien réductrice que lui servait l’enchaînée.

A sa question, le vampire arqua un sourcil surpris, puis déroula ses lèvres pâles en un irrésistible sourire. Franc, confiant. Et répondit sans attendre.
« C’est comme me montrer du sang et me demander comment je sais qu’il est rouge, je n’ai simplement pas pu l’ignorer... » L’évidence de la chose lui était en effet apparue sans qu’il n’eût d’effort à y consacrer. Curieux, et tortionnaire de nature, l’envie l’effleura d’insister sur les détails des ennuis qu’elle avait bien pu subir, mais quelque chose le retint, et il ne fit que rire légèrement en détournant le regard. « Ca ne me regarde pas, mais il est de mon avis que vous accordez beaucoup trop d’importance au genre, pour quelqu’un désirant s’en affranchir. » D’un geste élégant et des plus efféminé, sa main gantée vint chercher sa longue chevelure noire pour l’installer le long de son épaule afin que les filins soyeux d’ébène jouxtent de leurs pointes l’attache de sa ceinture. Penchant légèrement la tête, ses yeux amandés retrouvèrent les prunelles vairons de la travestie. « La force n’est pas synonyme de masculinité, pas plus que la féminité en est l’antithèse… et ce n’est pas ce que vous avez entre les jambes qui vous définit, mais bel et bien ce que vous choisissez d’être… » La gaucherie de ses conseils le surprit lui-même… il était soudain bien bavard avec cette inconnue… Au demeurant, il n’avait cure de savoir si elle préférait porter de la dentelle ou une cote de maille sous ses apparats… Mais il aimait bien les orisha, et se sentait curieusement… proche, compatissant de cette femme-là. Peut-être l’épisode de Dhitys y jouait-il un peu, ou peut-être était-ce le souvenir de son sang délicieux…
Ses pas s’arrêtèrent soudain. Le silence pesant cognait dans le muscle de ses intuitions, et il sonda les environs, puis termina d’un ton plus ténu en replongeant son regard gris perle dans celui de la jeune femme.
« Je trouve juste regrettable que ce que vous recherchiez par-dessus tout soit précisément ce que vous essayiez de détruire en vous… »
La douceur dans son timbre dénotait une maturité à laquelle il s’adonnait rarement. Si elle le connaissait bien, Léto aurait sans doute pu s’en sentir privilégiée…

Un craquement brisa l’harmonie de leur regard soudain, et le nyctalope fixa la brique qui venait d’être déchaussée tomber en un grand fracas au sol.
« Tenez-vous prête, nous ne sommes pas seuls… » Parce qu’il faisait toujours les choses comme il le voulait, et parce qu’il le pouvait, il ne démordrait pas du féminin pour s’adresser à sa compagne d’un soir.
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Ven 15 Aoû 2014, 19:10

Léto était pas mal stressée maintenant qu'elle venait, encore une fois, de se dévoiler à quelqu'un. Elle prenait toujours cette mascarade comme un jeu amusant, où elle décomptait le nombre de jours qu'elle était parvenue à subir sans se faire découvrir. Pour Lokys, le savoir avait été si naturel pour lui que c'en était effrayant. Ceci pouvait la rassurer un peu sous un certain angle, cela voulait dire qu'elle ne s'était pas trompée dans son déguisement, seulement que le vampire ne pouvait que le découvrir en l'abordant. Tant pis. Un de plus, un de moins, ce n'était pas comme si le monde entier le savait, ni le fait que Lokys avait les mains baladeuses, du moins elle ne pouvait que l'espérer.

Le vampire se montrait, justement, assez compréhensif apparemment. Au lieu de manifester la moindre preuve qu'il était offusqué, il se contenta de sourire, peut-être fier de l'avoir percée à jour. Avec cette perspective, Léto ne pouvait pas lui en vouloir, il l'avait bien battue, le tout avec élégance. Sa justification, par contre, lui parut floue, sinon incompréhensible. L'Orisha n'a jamais, vraiment jamais, été douée pour comprendre les insinuations, les métaphores imagées et autres énigmes. La jeune fille resta donc perplexe devant les propos du vampire, ne voyant pas le rapport entre la couleur du sang et son identité sexuelle. Elle y réfléchit durant quelques instants, complètement déboussolée par cette réponse qui n'en était pas une selon elle. Vu que le silence la démangea à plus de raison, elle essaya de se lancer dans l'exercice de la chose.


" Mais tout le monde sait que le sang est rouge. Enfin, ça se voit… Puis elle repensa à un détail précis. Sauf peut-être pour les aveugles, je suppose ? " Cette galipette verbale eut tôt fait de lui surchauffer les nerfs.

Restant dans son coin, totalement perdue dans le flot chaotique de ses pensées, elle laissa le vampire s'exprimer de nouveau sur son travestissement. Là encore, n'étant pas très maligne, Léto n'arriva pas à cerner comme il faut ce qu'il voulait dire. Cela avait beau être plus clair que cette histoire de sang rouge, elle n'en comprit pas moins le point de vue de la créature nocturne. L'Orisha arrivait à comprendre quelques brides tout de même. Le passage sur l'importance de son genre, Léto ne pouvait que répliquer que c'était plutôt les autres qui accordaient trop d'importance ; sinon, le fameux pirate du Port ne l'aurait pas touchée de la sorte. Mais bon, faut voir si c'est ce que voulait vraiment dire Lokys. Quant à définir ce qu'elle voulait être, n'était-ce pas justement ce qu'elle tentait de faire en se travestissant ? Elle était bien libre, surtout en étant orisha, de se faire homme si cela lui chantait. Là encore, Léto n'était pas à l'aise pour exprimer correctement ses pensées, surtout en demeurant confuse de la sorte. Enfin, sa dernière affirmation lui parut bien claire ; si l'idée ne se montrait toujours pas convaincante, elle appréciait le fait que le vampire trouvait toute cette histoire regrettable. Au final, il semblait la comprendre un peu dans sa peine, c'est tout ce qu'elle parvint à pouvoir cerner. Pour le reste…

" Je suis désolée, je n'arrive pas à comprendre ce que vous essayez de me dire… " Toute cette philosophie sur les genres la dépassait, elle n'était pas encore bien mature pour s'en faire une idée concrète.

L'ambiance sinistre des bas-quartiers lui rappela rapidement la raison de sa venue ici. C'est vrai, Milly, la Dame argentée, l'argent ; tous les deux étaient censés retrouver les malfrats qui supervisaient le réseau de drogue afin régler toute cette histoire. Léto avait bien rendu service à Pabamiel autrefois en échange d'une sacrée belle soirée, elle pouvait bien faire la même chose pour un refuge provisoire cette fois. Puis bon, la drogue et l'extorsion sont des activités maléfiques, l'Orisha ne pouvait pas laisser la pauvre femme se vendre à quelqu'un pour subvenir à ses besoins, c'était totalement contraire aux principes de son peuple, même si Milly n'en faisait aucunement partie.

Le fracas de la brique sur le sol la fit sursauter, sans pour autant laisser échapper un cri symboliquement féminin heureusement. Léto allait toutefois devoir se faire à l'idée d'être une femme ce soir, tant que Lokys restait à ses côtés. Ses cordes vocales auront l'occasion de se reposer un peu, comme ça. Alors qu'il lui chuchotait qu'ils avaient de la compagnie, Léto se re-concentra sur son objectif primaire, cela lui servira d'occasion pour lui prouver sa force en même temps. Ses yeux vairons cherchèrent des ombres dans les ténèbres, jusqu'à ce que l'une d'elle daigne se montrer à la lueur. Le bonhomme rabougri qui se présenta à eux tenait, dans ses mains, un sachet en tissu. La blonde le lorgna sans faire gaffe à ses arrières, se demandant ce que cet individu ayant l'air non recommandable leur voulait.


" On veut de la Dame ? Il tendit le sachet, même s'il se tenait à une distance raisonnable.
- C'est vous qui vendez la drogue ? " Il acquiesça vivement en guise de réponse.

Léto se tut pour le moment. Ses oreilles, très affûtées et sensibles au moindre bruit, l'alertèrent que des pas très légers se manifestaient dans les ombres autour d'eux. On les entourait, une embuscade en bonne et due forme. Sûrement le petit homme servait d'appât, l'Orisha saurait les reconnaître entre mille, elle qui jouait souvent ce rôle en de nombreuses circonstances. Jetant un regard en direction de Lokys, elle se demanda s'il avait lui aussi capté la supercherie. Étant néanmoins la plus bavarde du duo, et de loin la moins discrète, elle ne tenta pas d'essayer de le prévenir et reporta son attention sur le dealer.

" Nous souhaitons un remboursement. L'hideux s'agita un peu, secouant de nouveau la tête, négativement cette fois.
- Pas de retour. Vous achetez ou vous partez. Rien d'autre. " Il jeta un très bref coup d'œil vers les ombres, il était visiblement inutile de lui demander de les emmener à leur cachette.

Impulsive comme elle était, l'Orisha ne se fit pas prier pour ouvrir les hostilités avant qu'on ne leur saute dessus. Ne pouvant pas repérer précisément les voyous dans les ténèbres sans sa vision d'aigle, elle se décida de balancer sa chaîne sur le petit homme. A peine eut-il lâché son sachet remplie de poudre grise qu'il perdit l'équilibre à cause du chaos formé par les maillons autour de lui. La blonde se précipita vers lui tout en l'enlaçant bien comme il faut dans sa chaîne, dégainant sa lame pour la placer sous sa gorge, histoire de le maintenir doublement en place. Celui-là sous contrôle, elle se tourna vers le vampire, sa prise toujours en main. Par endroits, les sons demeuraient perceptibles, qui sait s'ils avaient décidé de se replier ou d'en sortir pour les attaquer. Dans tous les cas, Léto maintint son otage en place pour conserver l'avantage.



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Dim 17 Aoû 2014, 12:16

Comme il s’y était attendu, les agents des cartels qui semblaient contrôler cette partie de la ville basse ne laissèrent pas longtemps leur territoire se faire impunément violer, et comme les loups d’une horde trop bien organisée, bientôt, les deux intrus furent cernés. Lokys observa chaque visage qui les entouraient, repérant les armés, les positions hiérarchiques qui se dévoilaient par des mouvements de tête, des déplacements, des prises de distance entre certains des êtres... La nuit l’aidait à y voir mieux que quiconque, et des mouvements parasites n’échappèrent pas à son regard, des objets qui s’échangent sous ses capes, des regards entendus, des paroles ténues qui venaient flotter jusqu’à son ouïe perçante. Muré dans l’immobilité du chasseur qui s’approprie les affres de la situation, il contempla, muet, le bref échange qui anima sa compagne et l’un des acariâtres dealers.

Intraitable après avoir fait sa proposition, le négociant décocha un sourire au vampire qui s’apprêta à se présenter à son tour, les négociations s’engageant en général toujours mieux après cela, mais la blonde ne lui en donna pas l’occasion. Assaillant le malheureux sans la merci que Lokys lui aurait crue, elle déclencha instantanément l’assaut des complices de l’homme qui finirent d’envahir la place avant que l’otage n’ait eu le temps de crier sa surprise. Arrivant derrière Léto, un archer braqua son arc, la pointe flirtant sourdement contre le dos de la jeune femme, prête à être décochée. Plusieurs autres armes de jet se pointèrent plus ou moins dans leur direction, curieusement peu enclines à menacer directement le prince de la nuit, malgré son immobilité obstinée.


« Vous cherchez les ennuis ? » L’une des badaudes les plus proches du trio sortit du lot qui les encerclait, sa voix traînant la question d’une confiance rassérénée par la présence en grand nombre des siens. « Fais pas l’idiote, Olfa, ils ont Sven.. »
La dénommée Olfa toisa un instant le vampire qui lui rendit la politesse avec une noble courtoisie. Celui-ci avait mis un point d’honneur à ne pas faire un mouvement, gardant ses mains le long de son corps et ses armes dans leur gaine. Son regard n’avait eu de cesse de recherche l’alpha, l’individu décisionnaire du cartel, et il n’aurait encore su se décider si une voix ne s’était pas élevée derrière lui... « Sven n’a pas d’importance... » « Tue-le si ça te chante... » Un couple apparut soudain, sortant d’un bâtiment proche qui était resté dans l’ombre jusqu’à présent. Une lumière s’échappait de l’une des fenêtres de la bâtisse, et Lokys y distingua des ombres affairées.

« Par la Grande Phoenix, nous avons des ennuis... Hin hin hin ! Bonsoir à vous, futurs macadams... »

« Bonsoir. » Enfin, un mouvement et un son animèrent le vampire. Inclinant légèrement la tête, Lokys répondit à l’accueil mielleux de son timbre caverneux. La masse humaine se fendit au passage des deux chefs qui s’avancèrent d’un pas lent jusqu’aux captifs, ne renforçant que plus l’impression de confiance qui émanait d’eux. « Oh, qu’avons-nous là... Je vous trouve bien calme pour quelqu’un qui vient de se faire prendre la main dans le sac... » Jetant un regard de côté à Léto, Lokys ne se défit pas de son insondable sourire avant de hausser les bras, d’un geste furtif, inoffensif, mais qui fit reculer tous ceux qui se trouvaient à moins d’un mètre de lui d’un pas. « Allons... Nous n’allons pas nous battre comme des rats pour une simple méprise, nous sommes des gens... civilisés. » Et il appuya bien sur ce dernier mot en fixant l’androgyne. « Si vous voulez bien nous laisser mettre quelques mots d’explications sur notre présence ici, je suis certain que nous trouverons un pilier d’intérêts à partager... Mon compagnon serait alors peut-être plus enclin à relâcher votre précieux ami... »

Un rire glacial agita le coffre vocal du chef qui reprit de sa litanie traînante : « Je vous ai dit que Sven n’était pas plus une carte de survie que votre... soi-disant intérêt... » « Ah oui ? Alors pourquoi sommes-nous encore en vie ? » « Je me le demande... » L’homme sortit alors un sachet de la même apparence et odeur que celui du dealer et l’agita sous le nez du vampire qui croisa les bras, le regard intrigué. « Vous connaissez ? La meilleure poudre de toute la ville... »

Le regard acier du potentiel client alterna longuement entre le visage du vendeur et le sachet. L’homme avait les dents longues, la cocasserie de la pensée le fit sourire intérieurement. Il répondit d’un ton faussement intéressé.
« Et... à combien se vendent ces merveilles ? » « Ah... ça, c’est pas donné, mais les effets sont garantis ! Bien sûr, aucun remboursement n’est possible, comme vous l’a très bien dit notre précieux ami... »

Lokys pouffa légèrement face à l’insistance de l’homme pour amenuiser l’importance à donner à ses complices, un habile détournement pour les inciter à se mettre à leur merci, et le vampire espérait que la jeune femme ne morde pas à l’hameçon et conserve sa prise jusqu’à la fin des négociations.

« Bien... quelle est votre commission ? » Le visage de l’homme prit soudain un sérieux inédit. « Je vous demande pardon ? » « Votre commission ! Je ne crois pas me tromper en affirmant que vous avez bien du mal à liquéfier vos épices, n’est-ce pas ? » Soudain décomposée, l’expression du vendeur confirma sans que plus de mot soit utile l’affirmation de l’hémophage, qu’un sourire entendu éclaira de plus bel. L’homme fut alors secouru par un complice. « Qu’est-ce qui vous fait dire ça, et pourquoi aurions-nous besoin de vous ? »

Le trouble était semé parmi la cohorte, et se déplaçant lentement à travers la masse qui s’écartait sur son passage, le général sembla soudain habiller l’espace d’une insoupçonnée prestance. « A Nobu ou ailleurs, la demande fait l’objet d’une sélection méticuleuse pour ce genre de produits. Hors, votre... précieux ami a inclus dans la confidence deux parfaits étrangers, qui plus est, non-Pabamiliens, sans même s’attarder aux formalités... Nous avons besoin d’argent, et vous, d’acheteurs... Est-il nécessaire que je poursuive ? »
Faisant le tour de Léto et de l’archer qui la tenait toujours en joue, son regard rencontra celui de ce dernier dont la pointe dévia très légèrement, tremblante... « Non ! »

Lokys s’arrêta sur ce simple mot. « Comme vous l’avez dit, nous ne vous connaissons pas. Qui me dit que vous allez pas aller tout balancer notre stock à la milice ? Et vous êtes pas en position de négocier, on est plus nombreux, on est dans notre quartier, notre ville ! »

Le teint herbeux du chef sembla retrouver des couleurs plus décentes et un brouhaha confiant agita soudain les membres de sa bande... Lokys sourit alors, dévoilant l’ivoire de ses saillantes canines, face à l’homme dont le visage reprit des tons verdâtres. Fléchissant sur ses jambes, le Brujah porta ses mains à ses armes, sentant que l’âme du combat prenait également sa compagne. « Un vam... vampire ? » « Vous avez choisi votre destin, mécréants... » Dégainant promptement, Ragnarozica inversa soudain sa trajectoire pour foncer droit dans la poitrine de l’otage, mais juste avant qu’elle ne trouve sa peau. « STOP ! » La pointe s’arrêta à un millimètre du dénommé Sven. « Vous avez raison. Les affaires vont mal en ce moment. S’il vous plaît, relâchez Sven... Il est notre meilleur mule, et un précieux ami... Je ne souhaite pas que tout cela finisse en bain de sang ! » « Patronne... » « Nul besoin est de le cacher. J’ai la sensation que ces personnes peuvent nous aider... Si vous parvenez à grossier les rangs de notre clientèle, vous récupérerez l’argent bien entendu, mais les profits seront considérables pour nous sur le long terme... » Rengainant sa lame d’obsidienne sans quitter l’homme qui le menaçait des yeux Lokys acquiesça. « Enfin quelqu’un de sensée.. » « Suivez-moi, je vais vous confier un premier stock... »
Bien que le ton de la jeune femme n’était pas convaincu, Lokys et Léto furent accompagnés à un bâtiment proche par quelques archers, et celle qui semblait partager la direction du cartel avec son compagnon.
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Dim 17 Aoû 2014, 20:33

Je suis certaine que j'ai fait une bêtise. Ce n'était pas dans son genre de menacer un illustre inconnu de la sorte. Léto avait tout simplement suivi son instinct, le danger rôdait beaucoup trop autour d'eux et cela ne lui plaisait vraiment pas. Ce n'est pas comme si elle l'avait tué non plus, elle ne le fera même jamais, tant qu'il se montrait docile. Elle-même devait aussi rester calme, remarquant qu'on la prenait pour cible. L'Orisha calma les battements de son cœur en se disant qu'elle conservait l'avantage. Ils n'allaient quand même pas prendre le risquer de tuer leur compagnon avec elle… n'est-ce pas ? La blonde était de moins en moins sûre de ses actes à force de fixer la pointe de la flèche la menaçant.

Étant dans une mauvaise passe, c'est Lokys qui se chargea de prendre la relève. Léto fut hypnotisée par son calme apparent, comme si tout cela était une routine pour lui, une simple formalité. Elle n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait conserver ce sourire confiant en pareille situation. Pour autant, l'Orisha sentit qu'elle devait le laisser faire, juste observer et rester à sa place. Car il est vrai que, sans l'otage, ils seraient en plus mauvaise posture qu'actuellement. Le vampire mena tout de même le bal, la blonde alternant entre désespoir et espoir de son côté. Le jeu des mots, voilà un échange qu'elle n'arriverait pas à supporter tant qu'elle restait couarde et peu sûre d'elle-même. Généralement, elle gagnait ce genre de jeu en criant bien fort dans l'oreille du partie opposée, mais bon… On ne pouvait pas être aussi diplomate que les Eshus, peut-être bien un jour.

D'ici-là, elle ne suivit pas bien ce qui se passait ici. Léto arriva à cerner que Lokys tentait de les mettre dans leur poche, sûrement pour mieux infiltrer leur base, mais la manière d'y arriver ne lui paraissait pas bien claire. Tout parti à vau-l'eau lorsque le vampire mentionna une "commission" qui embrouilla encore plus la pauvre jeune fille, et les autres aussi visiblement. Les esprits commençaient à s'échauffer, elle le sentait. Plaquant un peu plus la lame contre la gorge de sa victime, Léto darda chacun d'entre eux, épiant leurs moindres mouvements. L'un d'eux se figea en découvrant le véritable visage de Lokys, celui-ci en profitant pour intenter à la vie de leur otage. Léto eut peur sur le coup qu'il l'empale avec lui, mais le geste fut stoppé : ils avaient gagné les négociations. Tandis que toute la troupe se détendit un peu plus, l'Orisha relâcha le fameux Sven.


" Désolée d'avoir… " Elle n'eut même pas le temps d'éponger son embarras que le dealer grommela en s'éloignant.

Cernés de toute part, le duo n'avait d'autres choix que de suivre en silence le couple qui semblait mener le cartel. Léto fit en sorte de ne pas dire ou faire une bêtise, la présence des archers aidant à cela, bien que l'idée de côtoyer des dealers ne l'enchanta guère. Ce n'est pas qu'elle leur en voulait concrètement de vendre de la drogue, ils étaient bien libres de faire ce qu'il leur chante, mais la blonde ne pouvait laisser passer le fait que des clients prenaient des mesures drastiques pour de la simple poudre… En clair, Léto était indécise et elle fut bien de s'en garder tant qu'ils étaient sous le joug de ce gang.

Nobu était un quartier qui semblait se répéter à chaque interstice. Un véritable labyrinthe que les natifs devaient profiter pour manipuler les étrangers. Néanmoins, dans la situation présente, point de mascarade : on les fit traverser moult ruelles sombres et étrangement vides pour les faire atterrir près de l'entrée de ce qui semblait être une cave à vin, à l'abri des regards indiscrets évidemment. Puisque chacun se prêta à l'exercice d'y mettre les pieds, Léto comprit que ce devait être la fameuse cachette. J'espère que Lokys a retenu l'itinéraire. Moi j'ai rien suivi… Elle pourra s'assurer de cela plus tard. Pour le moment, elle était bien curieuse de couvrir leur planque et d'en analyser les moindres recoins.

Si l'entrée paraissait chétive, ce qu'elle renfermait lui coupa le souffle. Ces souterrains étaient immenses, une grande pièce avec un plafond largement haut, expliquant au passage pourquoi ils avaient empruntés tant d'escaliers en colimaçons pour descendre. La luminosité des torches lui firent discerner les tas de caisses amoncelées un peu partout, formant à eux seuls les couloirs de cette planque. Il lui sembla entendre un moment le clapotement symbolique de l'eau sur une barque, ils devaient donc n'être pas loin d'un cours d'eau où les cargaisons devaient être importées et exportées ; Léto n'eut pas encore la confirmation de ceci, n'ayant pas le temps de laisser le loisir à ses yeux vairons de tout observer tant qu'on les traînait de la sorte. Ce qui retint toutefois pleinement son attention fut les quelques "ouvriers" qu'elle repéra : supervisés par des hommes armés, ces esclaves se démenaient à travailler la production de Dame argentée. Léto repéra dans le lot un orisha qui, ses yeux vairons brillants dans l'obscurité, la fixa longuement avec interrogations, avant de se faire réprimander par l'un des dealers. La blonde détourna son regard, un orisha esclave lui soulevait assez le cœur comme ça.


" Voici le paquet. " Ils s'arrêtèrent devant l'une des caisses, ouvertes, renfermant un tas de sachets semblables à celui qu'on leur a présenté par deux fois tantôt.

La patronne s'empara d'un sac et leur offrit. L'Orisha se fit volontaire pour le transporter, constatant qu'il était bien lourd sous la main, qu'il devait contenir une quantité importante de ces sachets. L'ajustant à son épaule, elle écouta les chefs leur faire le briefing.

" Les instructions sont dans la poche avant : tous les noms et lieux y sont mentionnés. Quand vous aborderez les clients, restez professionnels : vous demandez le nom, l'argent, et seulement après vous délivrez le sachet. Compris ? Le silence d'accord persista, l'autre patron se mêla alors au groupe.
- Olfa vous accompagnera. La bougresse s'avança un peu. D'une part pour vous surveiller et d'autre part pour vous raccompagner une fois que vous aurez terminé les courses. Gare à vous si nous n'avons plus de nouvelles d'elle.
- Je ne vous raterai pas. Son carquois et ses flèches s'accordaient parfaitement avec cet état d'esprit.
- Ça ira ! C'est la première fois que je vais vendre de la drogue, mais ça ne m'a pas l'air très compliqué. Les patrons la lorgnèrent d'un air douteux, la femme du duo se tournant alors vers Lokys.
- Votre amie donne l'impression de s'être égarée au moins endroit… Puis Léto se fit de nouveau braquer par des prunelles. Faites attention à la marchandise, jeune fille. On vous payera seulement lorsque tous ces sachets seront remis en mains propres, intacts. L'Orisha ne put qu'acquiescer, sans doute appréciaient-ils ce geste de la part du peuple des anciens esclaves.
- J'ai bien les mains propres. " Finit-elle tout de même par céder, ils n'avaient pas demander à ce qu'elle n'exaspère personne.

Olfa les dirigea alors vers la sortie, l'œil vif. Léto trouva cette épine dans le pied assez gênante. Étant une archère, elle pourrait tout autant les épier de près que de loin, dans l'ombre. Léto se fit toutefois acte de silence, se disant que Lokys aurait sûrement un plan génial s'il comptait se rebeller au lieu de suivre à la lettre les instructions. Dans un cas comme dans l'autre, l'Orisha n'aurait d'autres choix que de le soutenir, pour Milly.



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Lun 18 Aoû 2014, 12:10

Le poser calme de ses bottes lourdes raisonnait en ces lieux déserts. L’escorte semblait s’accommoder au pas tranquille du vampire, c’en était à se demander qui menait qui. Le guerrier démontrait une attitude des plus martiales, ne laissant rien paraître du flot d’émotions qui l’habitait. Il ne se sentait pas tellement en danger, même si bien entouré. Les brigands étant sans doute bien plus doués pour intimider que mettre à exécution leurs fades menaces. Mais il souhaitait racler le moins de fumier possible derrière lui depuis ses nouvelles responsabilités, le clan ne pardonnerait pas facilement un scandale dans la délicate situation où la récente mutinerie l’avait conduit, et l’Impératrice l’avait avant tout assigné à son soutien à la tête de son armée, ce n’était pas pour qu’il lui cause plus de soucis par ses détours personnels… Et il y avait Léto. Sensible au moindre bris d’air de sa respiration, il la savait inquiète, pétrie d’incompréhension, mue par l’envie irrépressible d’être partout sauf ici, quand bien même c’est elle qui les avait menés dans cette houleuse situation. La seule chose dont elle avait besoin était de le voir inflexible, sûr de lui, fiable au point de lui transmettre sa confiance et que la panique ne la gagne pas, ou tout serait perdu.
Refusant le moindre regard aux êtres et au paysage qu’ils croisaient, leur itinéraire se modelait cependant sans faille dans son esprit alerte. Attentif aux odeurs, le flair du prédateur avala goulument une bouffée aqueuse lorsqu’ils longèrent les berges frappées des ressacs. Si leur commerce s’épanouissait au niveau de l’eau, cela ne pouvait signifier que deux choses.

L’abondance des stocks qu’ils furent amenés à découvrir confirma le premier de ses doutes. Humant l’âcre relent poudreux de la Dame d’Argent, le strige dévoila de nouveau son ineffable sourire sous l’ourlet blafard de ses lèvres : Pabamiel était la source. Il ne serait que plus facile d’y mettre un terme. L’immensité du mausolée souterrain ne surprit en rien le vampire. Les impies vivaient dans des galeries bien plus impressionnantes par leur taille et leur richesse et le sous-sol ne donnait qu’une vague impression d’immensité par son haut plafond. Mais une étouffante atmosphère se dégageait des colonnes de caisses pleines à craquer qui s’étiraient sur toute la hauteur de la salle. A cela s’ajoutait les effluves musqués des muscles qui s’ébattaient ici-bas. Des esclaves, à n’en pas douter, et parmi eux, des orishas donc Lokys ne doutait pas que Léto n’y resterait pas indifférente. Le sang-froid de la jeune femme l’abstint de la rappeler à l’ordre cependant, ils auraient tout le temps de les sauver au cours du plan qu’il fomentait. Trouver le moyen de l’informer n’était pas dans sa priorité, car elle se trouvait de toute façon trop perdue pour même ne songer qu’à le quitter d’une semelle, ou réfuter ses ordres, aussi, pas même un regard lui fut accordé lorsqu’ils furent sommés de s’arrêter.

D’un calme éprouvé, disparaissant presque dans la masse de hères malgré sa prestance, Lokys observa la femme charger sa compagne et les instruire de leur mission. Il contint sa consternation en devisant la taille et l’apparence du paquet… Ces vendeurs ne devaient pas être dans le monde des affaires depuis bien longtemps, mais il ne dit rien et pensait pouvoir s’en contenir au silence lorsque l’archère s’adressa à lui. Son sourire s’étira de plus bel, et tandis qu’il posait la main sur l’épaule libre de Léto, il répondit mielleusement.
« S’il vous fait cette impression, c’est qu’il a réussi son coup ! » Ne laissant pas deviner du sérieux ou non du compliment. Puis le trio sortit au grand air, la dénommée Olfa fermant la marche.

Lokys et Léto furent invités à marcher jusqu’aux abords de la ville. Une bonne demi-heure les perdit un peu plus dans les caniveaux de Nobu, un silence de mort berçait leur périple et le vampire se faisait un malin plaisir de l’imposer, lourdement, attendant le signal pour réagir.
Ce fut leur guide qui le lança, s’avançant jusqu’à eux pour leur faire signe d’arrêter.

« Bien, on va commencer par livrer nos premiers clients et… qu- Qu’est-ce que vous faites !!? » Son chuchotement se mut presque en un cri alors qu’elle constatait le désastre. Lokys avait soudain pris le sac de jute pour l’éventrer sans manière, sous le regard ébahi de l’archère. « Vous… vous vouliez tout faire foirer depuis le début ? On vous avez fait confiance, je vo-… » « Planquez ça où vous pouvez ! »
Lui tendant une poignée de sachet, son timbre autoritaire arrêta d’emblée le torrent de reproches. La jeune femme rengaina pour prendre la marchandise, suspicieuse. « Vous comptiez aller en ville avec ça en vue ? Autant se promener avec une pancarte ! C’est ça, l’élite de Nobu ? » Asséna le vampire tandis qu’il emplissait les endroits les plus improbables de ses vêtements de sachets. Il se tourna alors vers Léto. « Non, pas toi Mitabrev ! Tu feras le guet pendant que nous nous chargerons des échanges. » L’ordre se refusant à toute négociation cachait une autre intention du vampire dont il aurait été dangereux de faire part, ainsi écouté par leur guide. Quand il eut fini, il constata d’ailleurs que celle-ci n’avait absolument pas réagi.

« Vous voulez de l’aide ? » Et la danse commença… Lui offrant son regard le plus charmeur, le bicentenaire chaloupa jusqu’à la cheffe qui eut un mouvement de recul bien peu convaincu. Les lames de ses yeux ne quittèrent les siens que pour lui ouvrirent précautionneusement les boutons de sa veste, un à un, et la jeune femme laissa échapper une exclamation de surprise en s’apercevant qu’elle avait les mains vides. Quand lui avait-il pris les sachets ? Le vampire la calma d’un index vivement posé sur ses lèvres entrouvertes, lui interdisant toute clameur incontrôlée à l’avenir.
Le geste assuré, entreprenant, il habilla à son tour les caches que son apparat pouvait recéler, ne se privant pas d’écarts à peine effleurés sur son être sensible, mais qu’elle sembla… apprécier. Il se pencha subrepticement vers sa gorge, d’un imperceptible mouvement mais qui savait faire son effet lorsque l’on connaissait sa nature… Et la vivante n’y resta pas indifférente. Mais le vampire se retira, la couvrant à nouveau de sa diatribe grave et rassurance :
« Voilà… Nous serons plus discrets à présent. »
Puis il se tourna vers sa compagne, la gratifiant d’un clin d’œil à peine perceptible tandis que leur hôte recouvrait ses esprits.

Bon gré mal gré, tous les sachets avaient trouvé une place bien dissimulée sur eux tandis que cette fois, le vampire entraînait Olfa, d’une main posée sur ses reins, à les accompagner d’un même pas.

Les fondations étaient posées.

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Lun 18 Aoû 2014, 18:07

Retrouver l'air libre de ce quartier malfamé lui fit presque du bien. On s'étouffait limite là-dessous, avec toutes ces drogues et l'ambiance oppressante accablant les esclaves. Léto n'en franchit la sortie que plus déterminée à démanteler ce cartel de la drogue : qu'importe leur raison, elle se refusait de les laisser s'en tirer comme ça après avoir vu toutes ces horreurs. Ces criminels avaient fait la terrible erreur de faire visiter leur planque à une orisha, sûrement Antarès abattrait son courroux sur eux si elle savait. La blonde se prêta néanmoins au jeu, comme le lui sommait silencieusement Lokys. La discrétion n'étant pas son fort, elle devait se sentir chanceuse de l'avoir pour compagnon, sinon les évènements auraient été forts différents ; peut-être même que son cadavre empesterait l'un des caniveaux du quartier à l'heure actuelle.

Léto conserva tout de même des pensées positives, elle était confiante, autant en la réussite de cette mission qu'au vampire. Tout le long du chemin, elle l'observa, en arrière, chacun de ses gestes la fascina, semblant tout droit minutieusement choisis par l'homme à la crinière d'ébène. Ce n'était clairement pas n'importe qui qui venait de la démasquer sans grand mal. D'une certaine manière, elle se disait que tous les honneurs risquaient de lui être attribués si elle ne faisait rien de plus. Bon, sa petite prise d'otage leur avait bien servi, mais quand même : c'est Lokys qui dirigeait l'opération, en fin de compte. D'un autre côté, que pouvait-elle bien y faire ? Elle était une guerrière, pas une stratège. Ses points forts étant ses muscles et sa jolie bouille, difficile de passer inaperçu, surtout lorsqu'on est une piètre mensongère. En outre, on retrouvera la grande Orisha dans toute sa splendeur lorsqu'il y aura de l'action, pas avant, ou très peu.

Parce que pour le coup, Léto fut aussi horrifiée qu'Olfa lorsque Lokys sabota la marchandise. Elle se rendit alors vite compte qu'il s'en était juste pris au sac. Pour le reste, la blonde n'en comprit pas bien l'utilité : cacher davantage la drogue alors que, normalement, l'armée ne passait pas par ici… Enfin, l'Orisha n'allait pas s'opposer, quel intérêt ? Sûrement Lokys avait une idée derrière la tête et ce n'était absolument pas dans ses plans de saboter les siens. S'agenouillant pour tendre la main vers l'un des sachets, le blafard la mit à l'écart, à ce qu'elle comprenait. Mais je ne m'appelle pas Mitabrev… Il eut alors bien fait d'avoir été si catégorique, cela eut pour effet de lui clouer le bec et donc de ne pas poser cette question qui aurait foiré toute l'opération dès maintenant. Quitte à tout saccager, autant reporter le tout à plus tard. Léto s'éloigna donc un peu, la mine boudeuse. Ce n'était décidemment pas son jour. Sa moue s'estompa néanmoins rapidement quand il se mit à jouer le prédateur avec l'archère, cette dernière totalement à la merci du vampire. L'Orisha les regardait tous les deux, les yeux fixés et grands ouverts pour ne rien rater du spectacle, ses lèvres décousues en un petit cercle significatif. Pas besoin de préciser que cette manigance la captivait, découvrant alors qu'il était un vrai coureur de jupons celui-là. Ou en tout cas qu'il savait manipuler la gente féminine. Léto dut avouer que ce manège lui avait fait prendre quelques couleurs, cela avait toujours eu cet effet lorsqu'elle posait le regard sur un couple qui jouait dans leur petit monde. De la jalousie ou de l'envie, difficile à dire, cela trahissait juste son manque d'indifférence à l'égard de ces batifolages. Le tout se dissipa au moins au clin d'œil du vampire qui fit sourire, avec complicité, la jeune femme.

Le trio se mit alors en quête des divers clients éparpillés un peu partout en Nobu. Ils ne pouvaient guère aller loin de toute façon, les soldats de Pabamiel risquaient de leur tomber dessus sinon. Comme convenu, c'étaient Lokys et Olfa qui se chargeaient des transactions, tandis que Léto surveillait leurs arrières. Elle remarqua quelques nuisibles qui les lorgnaient de loin, mais il lui a suffit d'un seul regard et d'un geste assuré vers sa lame pour les faire déguerpir. Aucun imbécile ne fit l'erreur de s'en prendre à eux. Il y a peut-être juste une fois où un taré avait accouru vers eux en faisant des grands gestes ; Léto eut beau le prévenir des représailles, il se prit un lariat qui projeta sûrement son esprit jusqu'en Okaeli. Deux autres gusses vinrent alors lui porter secours pour les prévenir qu'il était juste ivre, Léto se morfondant en milles excuses tandis qu'ils traînaient le saoulard, ivre-mort mais plus mort qu'ivre. La blonde se promit de contrôler sa force la prochaine fois, c'était limite si elle ne l'avait pas tué là…

Ah, c'était un surnom ! Enfin elle comprit, bien plus tard, le nom que lui attribuait le vampire depuis le début de leurs courses. Il lui a quand même fallu quelques clients avant de finir par comprendre. Se sentant de nouveau bête, Léto resta silencieuse et un peu en retrait. Elle sentit soudainement l'envie pressante d'imiter Lokys à l'égard d'Olfa : l'Orisha se rapprochant alors du côté libre de l'archère pour, elle aussi, enlacer les hanches de la pauvre femme qui se faisait maintenant encerclée. Son bras croisait du coup celui de Lokys, mais tant pis, elle détestait qu'on ne la laisse pas se livrer à un contact tactile. Elle a toujours été du genre affectueuse, alors on ne pouvait pas lui en vouloir, sauf dans le cas d'Olfa qui exigeait une justification.


" Vous n'allez pas vous y mettre, vous non plus ! Elle eut beau se débattre, son étreinte s'en vit resserrer.
- Nous serons plus discrets. Dit-elle avec le même ton d'assurance employé par Lokys lorsqu'il en avait énoncé les mêmes mots tantôt.
- Comment ça ?
- Un couple suivi de près par une garde-du-corps, ça attire trop les ennuis. "
Le ton avait été si confiant qu'Olfa dut le prendre avec sérieux.

En réalité, l'idée ne lui était venue que lorsqu'elle se remémora un évènement semblable, à l'époque où elle habitait encore sur le continent du matin calme : au Port, un couple de nobliaux avait l'habitude de se promener près des quais, surveillé par un gros balourd, afin de profiter de la brise marine et de la beauté du soleil couchant. Accompagnée de son frère, Léto entendit quelques jours plus tard, de la part de quelques marins d'eau douce, qu'on s'en était pris à eux pour leur argent, malgré la présence du gardien ; son aîné lui avait expliqué que, justement, le garde-du-corps trahissait leur faiblesse, et que le mettre hors d'état de nuire était un moindre mal face au pactole à l'arrivé. La racaille de Nobu devait être sans doute identique à celle du Port, d'où sa prise d'initiative. Oh bien sûr, un trio enlacé de la sorte, ça attirait beaucoup plus les regards, mais au moins étaient-ils teintés de surprises, d'étonnements et d'hilarités. Pas de menace, car s'ils voulaient s'en prendre à eux, ce n'était pas un simple gardien qu'ils allaient devoir affronter, mais bien trois tourtereaux. Sans parler du fait que Léto ne retint pas le geste de lancer un regard de défi à Lokys, croyait-il être le seul à pouvoir profiter de la chaleur humaine ? On ne se câline jamais devant l'Orisha, ou garde à ses gros bras qui vous encercleront. Et Olfa s'en rendit bien vite compte qu'elle ne pouvait plus se sortir de ce pétrin.

Glissant sa main dans sa poche, Léto en préleva le parchemin contenant les instructions. Ses yeux vairons chutèrent jusqu'au bas de la feuille, comprenant que c'était leur dernière course. L'Orisha sentit le dénouement décisif arriver. Elle se demandait si son camarade allait profiter de l'occasion – le fait qu'Olfa soit totalement à la merci de leur étreinte – pour la mettre hors course. Elle prit néanmoins soin de ne pas échanger de regards inutiles, peut-être même que ce n'était pas encore l'heure. Toutefois, et pour créer une certaine diversion, Léto s'adressa au vampire, à l'affût du moindre de ses signes.


" Mjöln ? C'était le surnom qu'elle lui avait attribué plus tôt, en échange du sien ; cela voulait dire "beau" en orisha, mais sûrement n'y comprendrait-il rien. Il ne nous reste plus qu'une course à faire ! " Le timbre de sa voix trahissait un certain enthousiasme, ce à quoi l'archère n'y verrait qu'une envie irrépressible d'en finir, et tant mieux.



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Mer 20 Aoû 2014, 09:46

La rue résonnait du silence pesant de leur grotesque imbrication. L’initiative de Léto avait eu le mérite de faire sourire de plus bel le vampire qui, que ce constat fût pertinent ou non, s’amusait de tout cela. Confortablement installée sur le support voluptueux des reins de l’archère, sa main flatteuse s’était emparée de celle de sa compagne, l’emprisonnant contre le corps de leur pauvre geôlière qui se retrouvait gravement à leur merci. Les rôles étaient inversés.

« L-la dernière course, déjà ? » Questionna la jeune femme dont le teint aurait pu rivaliser avec les chatoyantes rougeurs de la pivoine. « B-bien, procédons al-… hé mais, où… où aller-vous ? » Mais Lokys ne prenait pas la direction attendue. « La cliente n’est pas… pas par l-… » « Je ne vais pas chez cette cliente ! » Déclara-t-il simplement.
Renonçant bien vite à leur échapper, l’archère devint soudain livide en voyant où il les emmenait.
« Attendez… par là, c’est… nous ne pouvons pas aller… » Ce qui ne fit que redoubler sa détermination à s’y diriger. Au bout de la rue, des lumières, des bruits de foules, des rires et des cliquetis d’arme. Le quartier marchand étendait les haut-vents de ses étales à perte de vue. Une foule de badauds tranquilles grouillaient partout où leur regard se posait, mais avant qu’ils ne franchissent les limites de Nobu, Lokys s’arrêta d’un coup et profitant de l’effet de surprise, se retourna en attrapant Léto par l’épaule afin que leur trio forme un cercle fermé, d’où leurs mots ne seraient qu’entendus d’eux…

« Bon, nous avons suivi vos méthodes jusqu’à présent, mais il est temps de procéder à ma façon, et d’essayer d’être enfin un peu fructueux. Je ne tolèrerai donc aucune négociation quant à mes directives. Est-ce bien clair ? » Silence… « Bien ! » D’approbation ou non, c’est ainsi qu’il le prit. « La première règle, c’est la décontraction. Personne n’ira nous arrêter tant que nous n’avons pas l’air suspect, et quelqu’un d’inquiet est suspect. » Son regard s’appuya un peu plus dans celui de l’archère, puis sa main vint le soutenir en cueillant tendrement sa joue. « Mais je serai là pour m’assurer que vous soyez tout… sauf anxieuse, jolie Olfa. » Susurra-t-il mielleusement, déclenchant déjà un affaissement de la tension qui semblait habiter la jeune femme. « Mitabrev ira démarcher les clients. Si la milice l’interpelle, ils ne trouveront rien quoi qu’il en soit. Une fois le client appâté, l’échange se fera en retrait avec l’un d’entre nous. » Cette fois c’est dans les prunelles vairons de Léto que se déversa le sérieux de ses propos.

« Si c’est clair pour tout le monde, en piste ! Offrez-moi vos plus beaux sourires… nous sommes de sortie ! »

Se disant, il se plaça entre les deux jeunes femmes, les prenant chacune par la taille et sans laisser de marge à l’hésitation, il sortit du quartier sombre pour rejoindre la lumière des étales.

Traverser l’essentiel du marché le visage triomphant, ses deux charmantes conquêtes aux bras, eut l’effet de camouflage escompté, bien que presque tous les regards furent en un instant vers eux tournés. Le pas posé cependant, il ne répondit à aucun, et lorsque la foule se fut lassée de les remarquer, il ralentit enfin pour murmurer quelques mots à l’oreille de Léto.
« A toi de jouer ma belle. Notre homme est en train d’acheter des pommes, cheveux grisonnants, un embonpoint entretenu, et des habits de riche facture. » La description ne pouvait s’y tromper… Relâchant l’orisha, il laissa ses doigts filer le long de sa hanche charnue jusqu’à ce qu’elle ne soit plus à portée, puis entraîna Olfa dans l’ombre d’une ruelle, d’où ils pouvaient voir l’échange se finaliser.

« Mais… c-c’est pas un peu dangereux ? Je veux dire ? Votre partenaire a l’habitude hein ? » « Vous doutez de moi ? » Questionna-t-il en détournant un instant sa concentration de Léto, plongeant de nouveau dans les verrières incertaines de l’archère, d’un regard qui aurait fait fondre le métal. « Hm… Vous avez peut-être raison… il aurait sûrement mieux valu que je me charge des négociations mais… il me fallait un prétexte pour me retrouver seul avec vous… » Son timbre sombra sur une lamente sensuelle tandis qu’il caressait du regard seulement les courbes du visage de la jeune femme. Déjà conquise avant même de le savoir.

Refusant l’invitation des lèvres avides qui se tendaient vers lui, il se réintéressa à sa compagne, afin de voir comment elle s’en sortait. L’échec ou la réussite de son démarchage lui importait en réalité peu. Si l’homme était intéressé et concluait l’achat, ils n’auraient que plus d’argent à remettre entre les mains de Milly. S’il refusait et causait du grabuge, ça n’impliquerait que Léto et il devrait passer au plan B, celui qui n’impliquait la présence de personne.

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Mer 20 Aoû 2014, 18:48

Le sourire se dessinant sur les lèvres du vampire la rassura. Les choses allaient sérieusement bougées alors. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Léto était trop optimiste pour s'en faire, sûrement le plan de Lokys sera dantesque et qu'elle se fera un plaisir d'y participer à corps et âme. Ils ne tardèrent pas justement : Lokys convainquant Olfa de les suivre jusqu'au quartier marchand de Pabamiel. Sitzrael, cet endroit n'avait pas changé depuis sa dernière visite ; et tant mieux ! Ce devait être le quartier qui l'avait le plus enchantée la première fois qu'elle posait les pieds dans la cité, après celui de Tinra peut-être, ce dernier étant spirituel, calme et beau, comme tout quartier religieux sans doute. En tout cas, ici, elle ne serait pas dépaysé, ce sera donc une excellente opportunité pour les dealers temporaires.

Le trio se mit en cercle – plus sous l'insistance du vampire qu'un accord universel – et donna les instructions aux deux donzelles du groupe. Il leur somma donc de se décontracter, afin de paraître le plus naturel possible. Depuis qu'elle eut l'occasion de glisser sa main sur les hanches d'Olfa, Léto était plus qu'à l'aise, moins pour l'archère ceci dit, elle comprenait donc parfaitement ce que Lokys recherchait. Ce qu'il ne tarda pas d'ailleurs à s'assurer en complimentant la jeune dealeuse. Bavarde par nature et ne pouvant s'empêcher de dire n'importe quoi, Léto s'amusa à en rajouter une couche doublée d'honnêteté naïve.


" C'est vrai que vous êtes jolie, Olfa. " La concernée s'en vit moins anxieuse que voulu, certes, mais elle ne pouvait supporter toutes ces attaques du duo.

"Mjöln" lui ordonna alors de faire l'aguicheuse pour s'attirer de nouveaux clients. Ceux-là seront forcément plus fortunés que les misérables de Nobu, Léto comprit pleinement l'opportunité à laquelle voulait s'accrocher le vampire. Son rôle lui allait parfaitement : si on ne comptait pas sur sa force, son charme pourrait s'avérer utile pour faire céder les plus renfermés. Ce sera néanmoins un charisme de tout autre calibre que celui du vampire ; si ce dernier jouait beaucoup sur la séduction, c'est la naïveté sans bornes de la mignonne Orisha qui faisait le tout. Lokys faisait alors bien de réclamer leur plus beau sourire, celui de la blonde se révélait parfois implacable.

Jouer l'une des conquêtes du vampire lui parut être une nouvelle défaite aux yeux de Léto, mais bon, ils n'étaient pas là pour s'amuser, c'était elle qui avait proposé cette couverture pour rappel. Elle illumina les regards pour les détourner, trop honteux ou juste très gênés par ce spectacle. La blonde écouta alors attentivement la description donnée par Lokys avant de lâcher prise. Le contact qu'il s'évertuait à conserver alors qu'elle s'éloignait ne manqua pas de l'amuser ; au moins, lui, il ne la forçait pas ! Léto voyait en Lokys le genre d'homme qu'elle préférait côtoyer, celui qui ne risquait pas de la forcer à satisfaire ses malins plaisirs avides de curiosité. C'est un tout autre regard que lui offrait le vampire sur la gente masculine, elle devra y réfléchir davantage quand elle en aura l'occasion…

Pour l'heure, elle repéra le fameux grassouillet qui allait leur remplir les poches. Léto ne sut comment le vampire pour être certain que celui-ci mordra à l'appât, mais elle se laissa diriger par l'obéissance. Abordant avec sérénité le bourgeois, elle fit preuve de sourires et de mots qui semblèrent transpercer de toute part le bonhomme. Faisant attention de ne pas laisser tomber de mots malencontreux dans les oreilles indiscrètes, elle parvint à le mener jusqu'à la ruelle où étaient planquées Lokys et Olfa. En arrivant, Léto vit la jeune femme tenter des approches plus que douteuses à l'attention du vampire, ce qui fit arquer un sourcil la blonde quand l'archère se vit découverte. Se taisant sur l'instant, elle les laissa vendre la poudre au monsieur avant de soulever la question lorsque leur client s'éloigna.


" Vous auriez pu me dire que vous alliez vous amuser pendant ce temps… Le rouge significatif envahit de nouveau les pommettes d'Olfa ; et n'ayant aucune réponse, elle n'hésita pas une seule seconde à meubler le silence. Ou alors, vous auriez pu m'inviter. C'est vrai quoi, pourquoi c'était à elle de faire tout le travail pendant qu'ils jouaient ? Mais Olfa n'y vit, évidemment, qu'un flirt de la part de la blondinette qui ne prit conscience de l'ampleur de ses mots qu'après coup.
- Ce n'est absolument pas ce qu— Rah, mais allez chercher un autre client au lieu de… " Sa phrase s'interrompit au moment où Léto lui offrit un joli sourire innocent, qui la fit détourner vivement.

Jetant un dernier regard complice au vampire, elle s'en retourna dans le bazar des étals. Cela lui était amusant de constater qu'elle ne savait pas si elle désirait être à la place d'Olfa ou de Lokys ; depuis qu'elle portait un intérêt semblable aux femmes qu'aux hommes, à force qu'elles le complimentent sur son charme "masculin". Ses récentes rencontres lui confirmaient qu'elle était devenue, apparemment, une touche-à-tout dans ce domaine, ce qui ne lui déplût pas vraiment. Pourquoi diantre se priver après tout ?

Mettant de côté ces jeux de séduction duquel elle n'était pas professionnelle, Léto revint rapidement vers le duo après s'être rendu compte qu'elle ignorait la prochaine cible à appâter. Lokys lui en désigna donc une nouvelle qu'elle eut tôt faite d'attirer dans leurs filets. Ce manège se répéta étrangement, sans qu'aucun n'ose décevoir les attentes de l'Orisha. Peut-être s'horrifiaient-ils d'imaginer une moue décevante se dessiner sur son visage. En tout cas, le marché de la Dame Argentée s'en vit grandir et ils se firent rapidement un paquet d'argent. L'avarice les dicta tout de même d'en faire plus, surtout Léto qui était vraiment amusée de jouer à ce jeu plus que dangereux.

Elle se décida donc d'en attirer un dernier pour la route. L'enchaînée eut, néanmoins, la mauvaise idée de ne pas s'abstenir. Si le client se révéla plutôt charmé au début, ce fut un intervenant extérieur qui fit tout foirer.


" Attendez une minute… Commença à se mêler le marchand avec lequel discutait originairement le client qu'elle tentait d'appâter. Mais je vous connais vous ! L'orisha, aux yeux rouge et ocre ! Vous n'étiez pas un homme ? Oh, oh…
- Je… ne vois pas de quoi vous parler…
- Si, je me souviens de vous ! Très courtois et tout, vous m'aviez acheté du poisson, tout en me contant que vous vous rendiez pour Mégido. En voyant la mine plus qu'inquiète de la blonde, il appela un collègue pour lui demander son avis ; le forgeron la dévisagea sans retenue, se massant la barbe au passage.
- Mouais. Il a une tête très reconnaissable, pour sûr. Il m'avait demandé d'affûter son épée, là. Il désigna l'arme pendant à la hanche de l'Orisha. Et les chaînes, ça c'est sûr que t'y passe pas inaperçu !
- Devines ? En fait, c'est une femme ! S'ensuivit une longue discussion où on se questionnait toujours sur son sexe, l'un assurant l'avoir entendu proférer d'une voix féminine, l'autre paraissant suspect car Léto n'osait plus dire un mot, malgré la demande. Ce brouhaha se répandit comme une traînée de poudres rapidement, trop même.
- Excusez-moi, mademoiselle ? L'Orisha se retourna, elle dut se retenir d'hurler à l'aide en voyant l'armure des soldats. Des témoins vous ont vu démarcher certaines personnes près de Nobu… Le gusse jeta un œil aux deux marchands derrière elle. Sans parler de cette histoire de… d'usurpation d'identité. Nous aimerons vous poser quelques questions, veuillez nous suivre s'il vous plait. "

Cernée de toute part, Léto ne sut aucunement comment réagir. Si ses collègues n'intervenaient pas pour l'aider, elle n'aurait d'autres choix que d'obtempérer pour éviter de griller leur couverture. En tout cas, dans l'histoire, elle retiendra qu'elle ne portera plus jamais ses chaînes à Pabamiel, ou qu'elle n'y mettra tout simplement plus les pieds.



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Jeu 21 Aoû 2014, 06:00

Les moutures d’une fierté sans borne se murèrent sur le visage d’albâtre du ténébreux tandis que son regard félin, luisant dans la pénombre, dévisageait la proie qui s’avançait. Le chasseur aurait pu avoir fait cela toute sa vie, déchiffrant les êtres d’un regard, d’un savant maniement de son flair. Chaque aspiration transmise dans les battements des cœurs vivants le confortait dans les directives à donner à sa chasseresse aux yeux dépareillés.
Olfa n’en revint pas de la coquette somme que la verve diligemment enduite du séducteur avait su leur rapporter en crémant ce premier client de tous les atouts que promettait leur… médicament. À la remarque que Léto fit quant à leur proximité, et sans doute pour démentir ce qu’elle ne voulait pas avouer, l’archère, se croyant suffisamment en confiance à présent, se dressa soudain face au duo, la mine plus déterminée que jamais.


« Ca suffit, vous vous méprenez ! Je n’ai pas l’intention de vous laisser vous en tirer avec tous les honneurs. Nous avons la d… le médicament sur nous, donc nous devons rester cachés, contrairement à vous, Mitar.. Mitra… Mita… Bref !
Maiiis… »
Et sa mièvrerie fusilla gentiment Lokys, son ton fondant d’une octave. « Rien ne nous oblige à être au même endroit, n’est-ce pas ? »

Le vampire eut un frisson à ce regard, horreur ou dégoût se départageant la tension qu’il s’efforçait de réfréner pour ne pas se trahir, mais la mine « innocente » tournée vers lui à présent n’avait rien à envier au masque de pureté qu’arborait Léto face aux clients, et qu’il n’avait pas manqué d’admirer, espérant qu’un jour, il parviendrait à l’obtenir pour lui… Laissant le sourire le plus doux qu’il lui était possible de donner s’installer sur son faciès surnaturel, le vampire revint châtier de sa main glacée la joue tendue de la demoiselle et déplora faussement la question. « Je regrette d’être d’une aussi peu appréciable compagnie. Mais puisqu’il en est ainsi, que diriez-vous de faire un jeu ? »

« Un jeu ? » Ses commissures s’étirèrent un rien à ce questionnement suspicieux. « Un jeu ! » Confirma-t-il. « Ou plutôt, un concours… Départageons cette première somme en deux. Vous irez de votre côté, et nous du nôtre. Le groupe qui aura amassé le plus aura gagné. »

« Mais… je suis seule moi ! »
« Oui… mais vous avez l’expérience des années de votre côté… Nous ne sommes dealers que depuis quelques heures à peine… »
Se gaussant du compliment, la jeune femme finit par accepter et sortit de la ruelle afin de se mettre en quête du pigeon, confiante dans cet endroit risqué après avoir vu à l’œuvre la nonchalance du vampire. Il avait raison, si elle ne se montrait pas suspecte, personne ne s’intéresserait à elle.

S’en suivit alors une rengaine lancinante. Les clients se pressaient sous les charmes inextricables de l’orisha, puis ployaient de contentement sous les paroles aguicheuses du vampire, dont les gestes répétés le déchargèrent d’une bonne partie des preuves de ses méfaits. Aucun remord ne venait l’éprendre cependant, il ne comptait pas laisser un grain de poudre gangréner les bas fonds de la ville, aussi s’assurait-il de ne vendre qu’une portion qui serait vite consommée, impropre à la revente, surtout au prix déjà très fort où il les cédait.
Le dernier badaud repartit, furtifs comme un pachyderme ventripotent dans une boutique de porcelaine, et soudain, le regard du strige s’assombrit. Avançant jusqu’à la limite où l’ombre s’inclinait face à la lumière, il constata les fils dans lesquels se faisaient lentement empêtrer sa compagne. Agir, il le fallait… Il portait encore quelques sachets sur lui, et aller à la rencontre directe des gardes étaient en ces conditions parfaitement exclu. Même s’il se déchargeait avant, révéler une quelconque forme de lien avec la suspecte entraînerait automatiquement la milice à vouloir l’emmener aussi. Ses prunelles défrichèrent la foule jusqu’à apercevoir l’archère qui s’en sortait mieux, à présent que l’attroupement attirait de plus en plus de regard. Non… La solution qui perturberait le moins ses plans exigeait que Léto fût libérée de toute suspicion…

Aussi, il se décida. Sa haute silhouette noire apparut sous les feux de la rampe. D’un pas lent, calculé, il défila agilement à travers la masse pabamilienne, sans que jamais son corps ne percute autrui que des arabesques volatiles de sa longue cape couleur nuit. L’argent de ses iris fixant la jeune fille s’éteignit soudain, prenant l’éloquente teinte du rubis sous le regard, incrédule, imprécis, surpris de certains passants, mais aucun ne réagit, ni n’en aurait eu le temps. Sous le regard gêné de l’astre sélénique, l’ivoire famélique de ses crocs luisit, d’un sourire tigré, annonciateur de désastre. Trop concentrée sur l’une de celle qu’elle devait surveiller, Olfa ne vit qu’au dernier moment le danger arriver.
« Qu’est-ce que v-… » La voix lui fut soudain arrachée tandis qu’une ritournelle de hurlements retentissait tout autour. Le vampire avait fondit sur elle, comme affamé. Aucune hésitation n’avait retenu son étreinte de presque soulever les fines bottes de la femelle des pavés. Ses crocs proéminents profondément plantés dans la gorge fébrile appelaient par une succion rugissante le fluide sanctifié à son palais.
« Un monstre… Il y a un monstre dans la ville » « Un vampiiiiire HAAAAAAAAAAAAAAH… » « Fuyez, FUYEZ ! » « Saisissez-le, TOUS AUX ARMES ! »
Le cliquetis rappela enfin sa conscience à l’éveil. Le corps meurtri tomba le long de ses bras qui ne firent qu’adoucir la chute, son regard n’avait plus rien de souriant quand il fixa un point derrière, loin derrière les gardes qui se précipitaient, de moins en moins confiants. Un regard pétri de sérieux qu’il ficha dans deux prunelles vairons, l’espace d’un instant, une fraction de seconde, immédiatement suivie de son élancement.

Lokys se jeta dans la direction opposée de ses poursuivants, qui avaient complètement délaissé sa compagne, à son plus grand ravissement. La course-poursuite se fit houleuse, déchargeant une vague d’adrénaline en plusieurs stances en lui alors que les gardes s’avéraient de redoutables chasseurs, aussi fluides que l’eau et vifs que le vent. Réduit à l’état de proie, le Brujah ne comptait pas les mener à la planque, bien qu’il fût à Nobu en un rien de temps. Non, le plan se déroulerait selon ses ambitions.
Soudain un écart. Une droite siffla dans l’air, rencontrant la joue d’un casque nacré d’orange qui fut projeté contre un mur proche, puis le vampire s’engouffra dans l’issue ouverte. Le clapotis fluvial… il y était presque. Dans un dernier sursaut, un grognement gronda. Le guerrier sentit le sang couler le long de sa jambe tandis qu’une pointe d’acier contondante sortait de sa cuisse puissante. Mais le geste était déjà amorcé, et peut-être un peu moins élégamment qu’il ne l’aurait souhaité, son imposante carcasse creva soudain la surface de l’eau pour s’y engouffrer, et ne plus reparaître aux yeux des poursuivants.


« Où est-il… Vous le voyez ? » « Attends ! » « Mais, il faut le poursuivre !! » « Plonge là-dedans, gamin, et il va te déchiqueter. » « C’est trop risqué, éloignez-vous de la berge, il pourrait vous attraper. »

Inquiets de ne pouvoir y voir, les gardes reculèrent.


Deux miliciens étaient restés en arrière afin de s’intéresser à la victime. « Alors… ? » « Un pouls, j’ai un pouls ! Il ne l’a pas tuée. » Soulagement général dans l’assemblée. Olfa fut relevée sous quelques applaudissements. « La milice a sauvé une nouvelle vie ce soir ! » « Ce monstre ne perd rien pour attendre. » « A bas les étrangers, les vampires causent la mort partout où ils vont, on en veut pas à Pabamiel ! » Les discriminations fusèrent sous l’approbation silencieuse du milicien qui se chargeait tout de même de disperser la foule. Sa collègue quant à elle, portait l’archère dans ses bras quand soudain, son regard fut attiré par une lueur blanchâtre... « Qu’est-ce que c’est que ça ? Hé, Dynas… » L’homme interpelé revint près de sa binôme. « Ouvre un peu sa veste, qu’est-ce que c’est qu’elle a là ? » « Ce n’est pas… »

Olfa souleva difficilement une paupière. Parmi le brouhaha qui régnait autour d’elle, elle distinguait mal ce qui lui arrivait… Le vampire l’avait attaquée… pourquoi… elle avait mal, mais plus que sa gorge, c’est son cœur qui criait. Et puis, son regard brumeux tomba sur quatre yeux ronds et furieux qui la fixaient… « Madame, vous avez des explications à nous donner. » Nan… fuir… nan… « Parlez ! » « L-laissez-moi… » Satané vampire… Incapable de songer autrement, elle ne put que constater la terrible réalité : la précision du légiste aux crocs aiguisés l’avait laissée à la merci de la justice, trop faible pour pouvoir bouger, mais en totale capacité de s’exprimer… Et les gardes de Pabamiel étaient réputés pour savoir se montrer… persuasifs.
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Jeu 21 Aoû 2014, 19:45

Léto eut l'impression de revivre la même scène qu'au Port, lorsqu'on affirma enfin à haute voix que c'était une femme : ils la dévisagèrent tous, curieux de la scène ou juste de passage, les chuchotements s'amplifièrent, les commérages se multiplièrent. Mais le pire dans tout ça, c'était surtout l'avidité non cachée des hommes qui se reflétèrent sur leur visage alors qu'ils la dénudèrent des yeux, de même pour les femmes qui ne masquaient pas leur dégoût face à cette abomination de fille qui attirait tant l'attention. L'Orisha eut envie de leur hurler dessus, de leur demander en criant ce que ça changeait, ce que ça importait tant qu'elle souhaite être un homme et se cacher ? Ses yeux vairons les dardèrent un à un, ses sourcils se muant en un arc tandis que son envie de faire mal bouillit en elle. Un peu plus et sa chaîne allait danser dans les airs pour étouffer quelques badauds.

La présence des gardes la refroidirent néanmoins rapidement. Et devant l'ampleur du phénomène qu'elle venait de créer malgré elle, Léto ne se vit pas d'autres choix que d'obéir à la milice. Dans leur situation, Lokys et Olfa ne pouvaient sûrement rien pour elle. Et pourtant, un effrayant vacarme se créa plus loin, on hurlait presque à l'agonie devant le spectacle qu'offrait l'intrus. Ses iris impairs repèrent l'imposante silhouette du vampire, qui laissait tomber le corps inanimé de l'archère. Lokys ? Cela ne pouvait être que lui ; même à cette distance, et sans sa vision d'aigle, elle le voyait naturellement qu'il était entré en scène. Il ne lui fallut qu'à croiser son regard pour comprendre qu'ils passaient au plan B, dont elle ignorait tout.

Sans se faire attendre, Léto profita de la distraction provoquée par son collègue pour s'extirper rapidement des griffes de la milice et des regards de la populace, qui l'avaient oubliée à l'instant même où le mot "vampire" a été prononcé à voix haute. Elle partit donc loin d'ici, à tâtons, faisant gaffe que ses chaînes ne la trahissent pas cette fois.

Elle ne fut jamais aussi heureuse que de retrouver la sinistre ambiance du quartier de Nobu. Selon ce qu'on disait, l'armée ne passait jamais par ici. L'Orisha se convainquit donc que c'était le bon endroit pour se faire oublier quelques temps. Mais ce n'était certes pas suffisant : elle alla se fourrer dans une allée sombre et sortit son pendentif de Neriel, l'implorant de fonctionner pour une fois. Allez, marche… Allez… Son apparence ne s'en vit pas changer pour autant, cet objet était magique après tout, et la magie, eh ben, il n'y en avait plus en ce moment. Baissant les bras l'espace de quelques secondes, elle se rabattit sur son matériel de peinture qui traînait dans ses sacoches ; elle en extirpa certains colorants pour se faire de nouveaux dessins sur la face. Quelques traits bleus-nuit se dessinèrent alors sur son visage, elle renforça aussi le noir sous ses paupières. Ces couleurs sombres la feront passé inaperçu dans les ténèbres du quartier, et cela lui fera toujours un nouveau visage à exhiber innocemment. Par souci de précaution, la blonde rabattit tout de même son capuchon sur son visage, camouflant quelque peu ses mèches dorées et ses yeux vairons. Cela devait faire l'affaire pour le moment.

Le problème maintenant, c'était de retrouver Lokys. Retourner à Sitzrael était plus qu'une mauvaise idée, mais il faut dire qu'ils n'avaient pas fixé de rendez-vous dans ce cas d'urgence. La planque. Pensa-t-elle instinctivement, sans doute allait-il y retourner, pour verser de l'argent aux dealers ou juste pour se cacher, la petite naïve n'en savait fichtrement rien. Sauf, aussi, qu'elle ignorait totalement l'emplacement de la fameuse trappe qu'ils avaient empruntée. L'Orisha vagabonda ainsi hasardement dans le quartier durant un long moment, sur le qui-vive au moindre son trahissant la présence d'hommes armés. C'est justement alors qu'une patrouille lui passa sous le nez, évoquant un cartel de drogue et une cachette. Ils ont trouvé leur planque ? Léto en resta dubitatif, se demandant comment ils avaient pu… Peut-être Olfa, qui s'était effondrée sous le baiser vampirique, ou Lokys, qu'ils avaient peut-être attrapé. C'était un scénario effroyable qui s'offrait à elle en l'instant-même. L'enchaînée ne vit néanmoins pas d'autres occasions de s'y repérer en suivant discrètement les miliciens. Leur passage avait l'avantage d'éloigner les natifs, qui n'avaient tout bonnement pas l'habitude de voir des casqués par ici.

Le chemin qu'ils empruntèrent lui remémora leur dernier passage, c'était effectivement ici que les dealers les avaient escortés. Léto commença à s'inquiéter au sujet du vampire ; sans parler de sa santé, c'était lui qui avait l'argent qui devrait servir à aider Milly. Ce fut un peu pragmatique comme pensée, la blonde s'en dégoûta elle-même. Enfin, l'heure n'était pas aux interrogations : elle attendit que la patrouille prenne un peu d'avance avant de pénétrer elle-même dans la planque.

A peine eut-elle posée les pieds là-dessous qu'elle entendit des échanges combattifs, des entrechoquements d'acier et que des cris d'agonie persistèrent. Apparemment, le cartel avait refusé de se rendre dans l'immédiat. Dans la cohue, elle repéra les esclaves qui essayaient de se dérober au massacre. Léto s'approcha d'eux lentement et les rassurèrent qu'elle ne leur voulait aucun mal.


" Sortez, par là. Vite. " Murmura-t-elle en leur tapotant le dos, au moins elle aura sauvé cela.

Ceci fit, son attention se reporta sur la situation actuelle, se cachant derrière les caisses pour observer sans se faire happer dans la bataille. C'était un bras-de-fer bien serré qui s'offrit entre la milice et le cartel. Elle-même hésitait à prendre part au combat. Son attention se porta tout particulièrement à la recherche de Lokys, se déplaçant tant bien que mal dans les ténèbres, l'arme à la main au cas où. Elle se dirigea là où le clapotement d'eau se faisait entendre ; le fleuve lui servira d'échappatoire au cas où ça tourne mal.

" Lokys ? Chuchota-t-elle assez fort pour qu'on l'entende dans les ombres et assez faible pour ne pas trahir sa présence auprès des combattants. Lokys ? "

Ils feraient mieux de se retrouver vite, car ce ne serait qu'une question de temps avant que le feu – provoqué par un dément ayant la mauvaise idée de brûler les sachets de drogue – fasse effondrer le plafond sur eux en rongeant les fondations qui le soutenaient.



By Jil ♪
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La Dame Argentée [Quête - PV Lokys]

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