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 Dame argentée et Perles de pluie - Pv Vanille.

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Mer 30 Avr 2014, 05:07

Une idée de Mérédith, encore une fois. Parce que les Protecteurs du bonheur étaient pas mal présents dans les différents quartiers défavorisés du continent du matin calme pour défendre la veuve et l'innocent ; mais évidemment, c'était une autre affaire pour les villes plus lointaines... Devoir aller risquer sa peau dans des quartiers mal famés, c'était déjà pas particulièrement sympa, alors si il fallait en plus se taper deux semaines de voyage, bonjour la galère. Bien sûr, il y avait toujours quelques membres éparpillés sur les différents continents, – sans compter ceux qui se baladaient, parce qu'on passait pas tous notre vie au Sanctuaire non plus – mais on ne pouvait quoi qu'il en soit pas être partout. Et en l’occurrence, selon la patronne, aucun d'entre nous ne s'était encore rendu à Pabamiel. En même temps, la découverte de la ville était assez récente selon ce que j'avais compris – en fait, j'étais même pas au courant de son existence jusqu'à ce que Mérédith décide de me prendre la tête – et il y avait bien assez à faire ailleurs pour qu'on ne se précipite pas tous là-bas. Mais, résultat, on ne savait pas grand-chose de ce qui pouvait s'y passer, des conditions de vie, ce genre de trucs. Et puisqu'il fallait bien que ça tombe sur la tronche de quelqu'un, c'est moi qui avait été chargée d'aller m'enquérir de tout ça. Allez savoir ce qui, de mon charisme fou ou de la possibilité que j'avais de me téléporter sans faire trop de dégâts, avait convaincu notre chef que j'étais la bonne personne pour une mission du genre – oui, moi aussi je penche pour la première option.

Toujours est-il que j'avais, pour une fois, accepté sans trop rechigner. Il faut dire qu'à ce moment-là, toute 'mission' susceptible de m'éloigner du Sanctuaire – et en particulier de l'un de ses résidents – me semblait bonne à prendre. Non, je ne m'étais fâchée avec personne, pour une fois. Et je n'avais cassé de dents à personne non plus, ou en tout cas pas volontairement. Mais figurez-vous que quand on se réveille à poil dans le même lit qu'un type qu'on ne s'attendait pas tellement à trouver là, ben on a parfois tendance à se sentir légèrement gêné en sa présence les jours qui suivent. J'avais merdé bien comme il faut, pour le coup ; et le moins qu'on puisse dire, c'est que j'assumais pas trop. Le pire était sans doute que je ne savais concrètement pas ce qu'il y avait à assumer, étant donné que j'avais tout oublié de la fin de cette foutue nuit... Mais dans le doute, j'évitais Noé, tout en sachant que j'aurais du mal à fuir éternellement un mec qui était à la fois mon voisin et mon pote. J'évitais le reste du monde aussi, d'ailleurs, ou du moins toute personne susceptible d'avoir envie de me faire la causette. Déjà que j'étais pas particulièrement sociable, j'en devenais carrément misanthrope... Mais bon, je faisais mon boulot, je soignais les blessés et j'engueulais les gosses qui courraient dans les couloirs – ça défoule, y a pas à dire – et personne venait me gonfler. Quoi qu'il en soit, on pouvait dire que la proposition – ou l'ordre, ça dépend comment on voit les choses – de Mérédith m'arrangeait en définitive plus qu'autre chose. Mais je m'étais bien gardée de lui dire ; il aurait plus manqué qu'elle pense que je lui étais reconnaissante.

Je m'étais donc renseignée vite fait sur l'emplacement de la ville, histoire de pas me retrouver paumée je ne sais où, et puis je m'étais barrée avant que Mérédith n'ait l'idée de me demander d'embarquer quelqu'un avec moi. Ça aurait certainement été plus prudent, hein, je dis pas – c'est pas mon mètre cinquante qui risque de dissuader qui que ce soit de m'attaquer – mais au final je préférais devoir mettre des coups de boule à ceux qui se sentaient l'envie de faire du mal à la pauvre enfant innocente que j'étais qu'être forcée de supporter la présence d'un de mes collègues. Pas que je les déteste tous au plus profond de mon cœur, hein... Disons juste que j'entretiens une relation relativement froide, voire conflictuelle, avec la majorité d'entre eux. Mais c'est pas ma faute s'ils ne maîtrisent pas suffisamment le second degré pour admettre que quand je propose à un amputé de lui couper l'autre bras pour équilibrer – il m'avait cherché, aussi – c'est juste parce que j'ai un humour un peu différent du leur et pas parce que je suis un monstre infâme. Mais je m'égare... Quoi qu'il en soit, j'étais partie toute seule, sans prévenir ni Charlie, ni Noé, ni personne d'autre – je vais pas vous faire une liste exhaustive des gens que j'ai pas prévenus, ça prendrait quatorze ans. Je crois que j'avais vraiment besoin de me changer les idées, à ce moment-là ; et pour ça, fallait que mon entourage me foute la paix.

Bref, tout ça pour dire – au cas où vous seriez vraiment très très cons et que vous auriez toujours pas compris – que je m'étais rendue à Pabamiel ce jour-là, en mode 'visite touristique de tous les endroits sympa où on risque de se faire trancher la gorge'. Rien à redire sur la téléportation pour une fois, je m'étais retrouvée dans la bonne ville, sur mes deux pieds, dans ce qui semblait cependant être un quartier plutôt aisé – avec des jolies maisons et des gens bien habillés, m'voyez. Alors bon, vu que j'étais pas là pour admirer les parterres de fleurs – d'autant plus que y en avait pas – j'avais interpellé la première personne venue et lui avais demandé de m'indiquer l'endroit le plus craignos de la cité. Oui oui, avec autant de tact que ça. Forcément, le type que j'avais arrêté m'avait regardé avec des yeux ronds comme des billes et l'air de se demander ce qui avait pu se passer pendant mon enfance pour que j'aie rien de mieux à foutre qu'aller observer des clodos qui crevaient de faim dans la boue, mais il m'avait quand même indiqué le quartier que je cherchais. Nobu, que ça s'appelait ; et vu la tronche que tirait le mec rien qu'en prononçant le nom, ça devait pas être joli à voir.

J'en eus la confirmation lorsque, après avoir passé environ une heure à tourner en rond comme une âme en peine, j'avais fini par trouver le foutu quartier. Bordel, je peux vous dire que même les endroits les plus pourris du continent du matin calme c'était de la rigolade, à côté. Là, je l'ai senti tout de suite, l'espèce de vieux relent de misère humaine qui m'est arrivé en plein dans la face – je me serais mangé un arbre que ça m'aurait limite moins perturbée. C'est l'inconvénient du pouvoir d'empathie, aussi : quand on s'y attend pas, ça fait aussi mal qu'un coup de pied dans le bide. C'était pas la première fois que ça m'arrivait et je faisais avec, habituellement, mais j'avais comme l'impression qu'il y avait un truc qui allait pas ce coup-ci. Je veux dire, en plus de l'environnement méga-hostile et de mon pouvoir qui faisait des siennes. Comme si j'avais été émotionnellement moins résistante, ou une con*erie du genre, sans raison particulière. Ça arrive, remarquez ; et puis ça faisait deux ou trois jours que j'étais pas super en forme, ça aidait sans doute pas. Donc bon, j'avais pris sur moi – pas trop le choix, en même temps, j'avais personne à qui me plaindre – et j'avais commencé à explorer un peu les alentours. Et plus j'observais, plus c'était déprimant... Entre les gens à l'air à moitié morts de faim qui gisaient par terre, les baraques tellement pourries qu'on se demandait comment elles tenaient encore debout et les types bizarres qui semblaient chercher à déterminer si ça valait le coup de me buter ou non, je vous jure que j'avais pas envie d'emménager.

J'avais continué à marcher un peu, jusqu'à ce que je m'aperçoive que quelqu'un me suivait, pas super discrètement. J'avais un peu flippé, forcément ; mais se barrer en courant dans un endroit pareil aurait sans doute été plus dangereux qu'autre chose. Et un peu ridicule, aussi, étant donné que je ne savais pas à qui j'avais affaire. Donc, je m'étais arrêtée et j'avais attendu qu'on me rejoigne, pour finalement m'apercevoir que le 'on' en question n'était pas un type chelou tout nu sous son manteau, mais une jeune fille plutôt très jolie et à l'air pas particulièrement dangereuse. Je crois que j'aurais préféré la première option, cela dit, parce que les demoiselles aux grands yeux de biche et à l'air niais, c'est pas tellement mon truc. Mais bon, celle-là chougnait comme une gosse, alors j'avais pas trouvé le courage de lui dire de dégager.

- Vous êtes pas d'ici, pas vrai ? Avait-elle hoqueté lorsqu'elle fut suffisamment proche de moi. J'ai besoin d'argent, absolument, même un peu... Je vous en supplie, je ferais ce que vous voulez, je...

Je la coupai d'un geste et reculai de quelque pas pour m'adosser au mur d'une maison délabrée, soudainement prise de vertiges. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Je fermai les yeux quelques secondes, tentant de reprendre mes esprits et de me concentrer sur les paroles de la jeune femme, que je n'avais écoutée qu'à moitié. Je me doutais que si je voulais rester vivante dans un quartier pareil, mieux valait ne pas trop montrer de signe de faiblesse ; j'avais pas besoin de ça pour être une proie facile... Je me forçai à rouvrir les yeux, légèrement nauséeuse. Je devais pas avoir particulièrement fière allure, à voir l'air mi-inquiet, mi-dépité de mon interlocutrice, mais j'y pouvais pas grand-chose. J'avais eu le même genre de symptômes les jours précédents – en moins marqués cela dit – et sans doute que j'aurais eu l'idée de consulter un des médecins du Sanctuaire avant de venir ici si j'avais été un minimum maline. Mais c'était un peu tard maintenant, alors il allait bien falloir faire avec. Toujours adossée au mur, je tentai de reprendre contenance, avec un succès relatif.

- Désolée, euh... T'as dit quoi ? J'ai un peu perdu l'fil.


Ça, c'était une mission qui commençait bien... Merci, Mérédith.


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Mer 30 Avr 2014, 18:31


Loin des maux et des peines des quartiers malfamés de Pabamiel, au cœur de Jalahaiah et de son majestueux Palais aux pierres claires, deux femmes discutaient tranquillement. « Je la veux.» souffla tout bas la brune en laissant son regard sévère glisser sur le grand échiquier qui la séparait de son amie. D'un geste, elle déplaça l'un de ses pions noirs. « Je sais, Rellyra. Cependant, puis-je te rappeler que tu gères tes affaires sans mes interventions ? Tu es assez persuasive pour embrigader cette enfant dans l'une de tes maisons.» - « Elle m'a échappé, il y a peu. C'est de ta faute, Elena.» L'intéressée sourit. Du bout de ses longs doigts pâles, elle écarta quelques mèches de sa chevelure rouge comme le sang. « Ta vie serait bien morne si tu obtenais tout d'un claquement de doigt.» - « Tu te plais à me compliquer l'existence.» Elles rirent tout bas. L'amitié qui liait les deux jeunes femmes était complexe à comprendre pour les esprits simples et normaux. Elles entretenaient une relation qui était loin d'être saines, cherchant sans cesse à pourrir la vie de l'autre. C'était une tâche dans laquelle excellait Elena, qui dissimulait derrière ses excuses des projets plus sombres où Rellyra était un obstacle. La Phénix, après une seconde de réflexion, déplaça sa tour blanche. « Je ne m'inquiète pas pour cette Milly. Elle finira par tomber dans mes filets, que je lui force la main ou non. Mes oiseaux la surveillent. Elle s'est plongée dans cette nouvelle drogue qui circule à Nobu depuis quelques semaines, dévorant le reste de ses risibles économies. Elle n'a plus rien. J'attends avec impatience qu'elle frappe à ma porte pour se vendre.» Elle rit. Elena contempla la Matrone de ses grands yeux clairs. Doucement, elle hocha la tête. « La Dame Argentée. Il parait qu'elle fait des ravages en bas.» - « Retiens bien, Elena. Je gagne toujours.» La dirigeante de Pabamiel croisa lentement ses longues jambes. Un brin cynique, elle murmura après un dernier coup d'œil sur le plateau. « Echec en trois coups.» Déconcertée, Rellyra regarda mieux. Les lèvres pincées, elle coucha son roi en se relevant. « A bientôt, Dame Marellye. Nous avons toutes deux du travail.» Elle enfila une grande cape pour ne pas qu'on la reconnaisse et partit regagner ses quartiers.

Une étrange rumeur, comme une épidémie, se mit à courir à Nobu et se rependait aussi vite que les nouvelles substances à essayer. Excentrique fabulation ou non, certains racontaient avoir vu le Phénix. Beaucoup pensait cela impossible. L'Impératrice de Pabamiel ne pouvait pas être dans le quartier le plus malfamé de sa Cité. Nobu n'abritait que des brigands et des pauvres gens. La grande Armée de Pabamiel ne venait jamais. Alors que le Phénix se déplace en personne dans les bas quartier paraissait improbable. Pourtant, elle était bel et bien là. Ses longs cheveux rouges dissimulaient un côté de son visage. Elle était vêtue d'une robe blanche bordée de pourpre, légère et ouverte, selon la mode des hauts quartiers. À chacun de ses pas se dévoilaient un peu plus ses jambes fuselés. Calme et sereine, elle avançait dans les rues sans crainte. Personne n'était assez fou pour s'en prendre à l'Impératrice. Pas sans raison.

« Est-ce que tout va bien ? Vous avez besoin de quelque chose ?» Penchée près de son interlocutrice vacillante, Milly, troublée, se voyait tirailler entre son besoin naturel d'aider et ses envies de planer qui la pousserait à dépouiller ce qui pourrait être un futur cadavre. « Je ne sais pas quoi faire.» articula la Magicienne, dépitée. Si elle tâchait de s'instruire en volant des livres, ses connaissances demeuraient maigres, d'autant plus en matière médicale. Situation renversée, celle qui demandait de l'aide s'employait à assister la personne qu'elle espérait devenir sa sauveuse. « Vous êtes toute pâle.» Démontrer autant de faiblesses dans les parages étaient dangereux. Les scélérats du coin aimaient dépouiller les étrangers qu'ils n'appréciaient guère. À Nobu, on tuait pour des broutilles, une jolie broche, des vêtements épais et chauds. Dans la valse des tourments tout était bon pour améliorer sa condition. Surtout depuis qu'une délicieuse drogue avait fait son apparition dans la région. Des ombres vicieuses et fourbes s'approchaient lentement. Milly, le regard rivé sur l'étrangère, hésita quelques instants. Elle avait sa main poser sur son épaule, pour la soutenir. Il n'y avait qu'un geste à faire pour lui faire ses poches. « Tiens donc.» grailla une grosse voix éraillée. Deux hommes surgirent du détour d'une  allée étroite. Ils avaient les yeux rivés sur les deux jeunes femmes. « Allez il faut partir.» souffla Milly qui sentait son sang se glacer. Elle tira le bras de l'autre pour tenter de l'entraîner ailleurs.

« Je dérange ? » Les hommes se figèrent en voyant la nouvelle arrivée, qui portait assez sur elle pour se payer de quoi délirer pour l'année. Ils hésitèrent, sans savoir réellement à qui ils avaient à faire, ne voyant que les opportunités. La jeune femme leva simplement une main. Les débris des environs se soulèrent et fondirent sur les assaillants.
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Mer 14 Mai 2014, 20:15

Visiblement, le temps qu'il m'avait fallu pour reprendre mes esprits m'avait semblé bien moins long qu'il ne l'avait été en réalité. Encore légèrement dans les vapes, il me fallut quelques secondes de plus pour noter la présence pourtant pas particulièrement discrète des deux types qui provoquaient la terreur manifeste de la jeune femme – pas étonnant, vu leurs tronches. Il aurait fallu que je réagisse, que je fasse en sorte que ces types déguerpissent d'une façon ou d'une autre. J'en étais capable. Je n'aurais sans doute même pas eu à me poser la question, en temps normal ; quand on cherche à m'intimider, les coups partent généralement tous seuls. Il m'arrive de le regretter ensuite, d'ailleurs, étant donné que ça a tendance à m'apporter plus d'emmerdes qu'autre choses... Mais tout de même, deux pauvres types comme ça, ça devait pas être difficile à faire fuir. Avec un peu de chance, un coup de boule chacun et ils étaient par terre – mais, étonnamment, je n'avais présentement aucune envie de tenter le coup.  J'aurais voulu pouvoir les faire dégager sans avoir à me fatiguer ni magiquement, ni physiquement, un peu genre par la seule force de mon esprit. Sauf que ça ne marche pas comme ça. Avec un soupir, je finis néanmoins par me redresser, sans pour autant prêter attention à la demoiselle qui me suppliait presque de la suivre. Partir maintenant n'aurait été que donner une preuve supplémentaire de notre faiblesse, et nous n'avions pas besoin de ça. Surtout que les types en face n'avaient pas l'air d'être du genre à lâcher l'affaire si facilement. Si je prenais la peine d'y réfléchir dix secondes, il devait bien y avoir un moyen de les dissuader de s'approcher sans utiliser plus d'énergie que nécessaire...

Mais finalement, la question ne se posa pas. Avant que je ne prenne conscience de ce qui était en train de passer, une femme s'était pointée, avait articulé quelques mots sans importance, et envoyé d'un geste de la main les débris qui jonchaient le sol sur ceux qui nous faisaient face. Je n'eus pas le temps de réagir. Ou pas la présence d'esprit, j'en sais rien. Toujours est-il qu'avant que j'esquisse un geste, un vieux bout de métal rouillé avait transpercé le ventre d'un des mecs, tandis qu'une espèce de truc en tôle ouvrait la gorge du second. Violent, quoi. Je vous laisse imaginer le truc. Pour ma part, je m'étais figée, légèrement tremblante encore, les yeux fixés sur les deux cadavres qui gisaient maintenant à quelques pas de nous. À ce stade, je ne pouvais plus rien faire pour eux... Et ça me foutait les boules, mais genre sévèrement. Sales types ou non, ils avaient été des put*i* d'êtres vivants, pas des animaux dont on se débarrasse lorsqu'on s'aperçoit qu'ils sont mal dressés – même si personnellement, je ne tue pas les animaux non plus. Il paraît, selon certains, que la tolérance et le pardon doivent avoir leurs limites, et ces deux-là n'étaient certainement pas animés d'intentions bienveillantes ; mais peu importait à mes yeux. J'ai des principes, mine de rien – et quand bien même ils ne vous conviendraient pas, je crois pouvoir affirmer que je n'en ai strictement rien à foutre. Les poings légèrement serrés, je fixai la femme qui nous avait 'sauvées', sans même tenter de lui montrer le moindre respect.

- Mais vous... Tu... Ça va pas bien, bordel, il est où ton foutu problème ? Tu crois pas qu'ils se débrouillent assez bien pour crever tous seuls ici, les gens ?


Oui, pour la première fois depuis longtemps, j'avais hésité à vouvoyer celle qui me faisait face. Il faut dire qu'elle imposait un certain respect, tout de même... Mais c'est comme ça, je vouvoie pas les gens. Un principe, encore une fois. Pas du même genre, mais quand même. J'avais l'intention de continuer à gueuler encore un peu, d'ailleurs, mais le regard effaré de celle qui m'avait abordée un peu plus tôt m'arrêta. Visiblement, notre 'sauveuse' n'était pas vraiment le genre de personne à qui l'on pouvait se permettre de parler ainsi... Remarquez, au vu de son entrée fracassante, j'aurais pu deviner toute seule qu'il valait mieux ne pas lui chercher de noises.

- Elle nous a sauvées, chuchota la demoiselle, presque outrée maintenant. Ils vous auraient tuée. Les gens n'ont pas de scrupules, ici.

Elle baissa les yeux, mordillant sa lèvre inférieure en une espèce de petite mimique gênée. Elle était vraiment jolie. Vous voyez, ce genre de fille à la beauté innocente qui obtient à peu près n'importe quoi des hommes d'un seul battement de ses longs cils recourbés ? Eh ben, c'était elle. Nul doute que si elle avait été dame, ou un truc du genre, elle aurait eu des tas de types friqués pour lui apporter des fleurs, des colliers, des perles de pluies ou je ne sais quelles autres conneries. Sauf qu'elle, elle vivait dans la boue, et que les hommes ici devaient plus être du genre à coincer les filles qui leur plaisaient derrière un mur pour leur faire leur affaire qu'à leur offrir des cadeaux pour entrer dans leurs bonnes grâces. Relevant finalement la tête, elle se tourna vers la nouvelle venue et s'inclina légèrement, la peau parfaite de ses pommettes légèrement rosie par l'embarras.

- Merci... Ma dame. Excusez-la,
ajouta-t-elle doucement en me désignant, l'émotion sans doute...

Je retins un soupir et ne répliquai pas. Pas que la puissance que laissait présumer le titre de 'dame' m'ait intimidée, – il m'en faut plus pour arrêter de me comporter comme une rustre arriérée – mais par simple pitié pour celle qui venait de s'excuser en mon nom. Mettre les gens mal à l'aise, c'est plutôt quelque chose qui m'amuse en temps normal, mais là... J'avais pas envie. Déjà, parce que qu'elle me faisait un peu de peine, et puis surtout parce qu'engager une dispute, un débat ou je ne sais quoi d'autre ne me tentait que très moyennement. J'aurais voulu pouvoir me tirer de là au plus vite, quitter cet endroit oppressant, cette femme aux habits luxueux qui m'était déjà antipathique alors que je n'avais pas échangé deux mots avec elle, et retourner me vautrer dans mon lit, au Sanctuaire. Et la décision n'appartenait qu'à moi : si je le voulais, je pouvais me téléporter illico au Sanctuaire, dire à Mérédith que c'était la m*rde là-bas et qu'il fallait y envoyer des volontaires de préférence musclés. Mais, quand bien même j'en avais envie, je ne pouvais m'y résoudre. Parce qu'il y avait cette fille au regard un peu triste, qui avant que je ne m'effondre lamentablement contre un mur était tout de même venue me demander de l'aide. Et donc, conformément à mes principes – à la con, oui, je sais – je ne pouvais pas me barrer comme ça. Non assistance à personne en danger, ça vous dit quelque chose ? Non ? Eh ben on s'en fout, parce que c'était mon problème de toute façon, pas le vôtre. Et j'avais pas pour habitude de laisser les gens barboter dans la mélasse si j'avais un quelconque moyen de les aider.

- Bon, soupirai-je donc à l'intention de la demoiselle, tu m'disais quelque chose avant tout c'merdier, nan ? Si j'peux faire quelque chose pour toi, j'ferais mon possible... Enfin, dans les limites du raisonnable, hein, parce qui si tu m'demandes de t'vendre un rein ça s'ra non.

Je parvins à décrisper suffisamment mes mâchoires pour adresser une esquisse de sourire à mon interlocutrice. Pour le moment, c'était bien tout ce que je pouvais lui offrir...


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Mer 11 Juin 2014, 19:51


Impertinente, la Magicienne avait laissé explosé sa verbe acide et maladroite. Loin de se préoccuper de son insolence, elle ne semblait penser qu'à protester, en désaccord profond avec les méthodes employées. Quelle adorable enfant. Cette innocence et cette vivacité étaient belles à voir. Un léger sourire amusé étira doucement les lèvres pâles de la Sirène. « Ces hommes étaient des condamnés, traqués depuis plusieurs jours déjà pour les meurtres et les viols d'enfants et de jeunes gens. Ils avaient rendez-vous avec la potence depuis quelques temps déjà et les lois de la Cité de Pabamiel accordent le droit d'exécuter sommairement et à vue les évadés dont la fuite avait empêché l'exécution, repoussée depuis deux lunes. Il remplissaient ces conditions.» murmura-t-elle tout bas de sa voix douce et chaude. Mains jointes, l'angélique jeune femme fit quelques pas sur le côté. « Je suppose que vous êtes une idéaliste qui ne se préoccupe pas de la légalité ? Pourtant, vous devriez vous y faire. Pabamiel a ses lois au même titre que les peuples. Elles ne sont pas injustes même si la peine de mort, que nos textes prévoient, est courante ces derniers temps. Depuis la réouverture des frontières à vrai dire, à croire que les airs étrangers ne sont que peu bénéfiques à ma nation.» Elle se pencha très légèrement, scrutant délicatement la douce Milly, troublée et gênée. « Comment vas-tu ? » - « Bien … Merci à vous, encore.» - « Tu as une mine affreuse. » Elle rit sans joie, désolée, tout en passant ses doigts tremblants dans ces cheveux sombres. « Je sais mais ça va.» - « Tu es une piètre menteuse. Je suppose que, comme tant d'autres, tu as succombé aux délices de cette nouvelle substance. A moins que tu sois restée à tes bons vieux démons ? » Honteuse, la demoiselle baissa la tête. « Je … Je suis navrée Phénix.» bredouilla-t-elle, songeant certainement qu'il s'agissait de sa faute. « Elena.» la reprit doucement la femme aux cheveux rouges, qui reprenait souvent la Magicienne qui n'osait jamais l'appeler par son prénom. « Navrée Elena.» répéta-t-elle. Les yeux rouges, elle battait frénétiquement des cils pour empêcher les larmes de couler. Elle ne put cependant les retenir bien longtemps et, la tête entre les mains, elle se mit à pleurer.

L'Impératrice soupira en contemplant la jeune fille. Cette dernière ajouta d'ailleurs entre quelques sanglots : « Je … Je m'en veux. Vous essayez tellement de m'aider mais je ne m'en sors pas. Je sais que vous essayez de sortir Nobu de sa torpeur. Seulement rien ne marche. Certains ici s'emploient à maintenir le quartier dans sa misère. Et moi … et moi … » - « Vide tes poches. » Elle releva la tête, surprise. « Quoi ? » - « Vide tes poches.» Elena parlait calmement, douce. Elle souriait légèrement même. Tremblante, Milly finit par obtempérer. Des petits sachets de papier blancs tombèrent, laissant au passage s'échapper une poudre grisatre. « Voyez ma chère … » dit l'Impératrice en ramassant l'un des paquets. Elle s'adressait à la jeune et impudente étrangère. « Ceci est la Dame Argentée. Ce sont les gens comme vous qui l'ont amené ici. Si Nobu était déjà dans de sales draps, depuis son arrivée, personne n'arrive plus à rien.» Milly tourna la tête vers Elisha. « Je … n'ai plus rien. Si mes finances ne se sont jamais bien portées aujourd'hui … » Elle emmêlait ses doigts, la tête basse. « Je vais devoir me vendre à Rellyra … » Sa voix n'était plus qu'un murmure. « Une maquerelle.» précisa Elena. « Merci ma Dame. Sincèrement. Je pense qu'à présent, vous ne pouvez plus rien pour moi. Je ne tiens pas à vous causer encore du soucis. Vous avez été très prévenante envers moi et je … Je n'ai pas été à la hauteur de vos attention.» Elle haussa vaguement les épaules. « Je ne vous retiens pas. Vous devez avoir tant de choses à faire au lieu de vous préoccuper de moi.» Elle jeta un bref coup d'œil au petit brin de femme caractérielle qui se tenait un peu plus loin. « Je suis désolée.» Comme un lapin apeuré, elle se mit à détaler, fuyant au loin.

« Milly ! » Elle était déjà loin. Elena soupira, avant de poser ses yeux vers sur l'étrangère, qu'elle avisa quelques instants. « Hum. Est-ce que vous êtes inexorablement réfractaire à ma présence ? Ou la pensée de démanteler un trafic de drogues bien rôdé est-elle un bien supérieur qui surplombe vos aprioris ? Qu'importe ce que vous pensez, je tiens à aider les gens d'ici. La plupart ne sont que des âmes égarées, comme Milly, qui n'ont pas eu de chance.» Elle avait l'air si sincère, avec sa mine d'ange et son sourire délicat.

Dame argentée et Perles de pluie - Pv Vanille. Vanill10


« Aaaaaaaaaaah ! » Tombée de nulle part, une jeune fille atterrit à quelques pas de la Magicienne, manquant presque de la renverser. Elena haussa les sourcils, surprise. C'était une demoiselle qui ne devait pas avoir vingt ans. Malgré tout, elle était belle et charmante. Fine, pas très grand, elle avait de longs cheveux céruléens et bouclés et de grands yeux rouges. « Ouille ouille ouille … » souffla-t-elle en se redressant, les mains sur la tête. Elle avait les joues griffées et des bleus un peu partout. « Je … suis … où ? » Elle avait l'air un peu troublée et sonnée.  « Ma tête … » se plaignit-elle tout bas. L'impératrice de Pabamiel observait cette fille en silence. Calme et sereine, flegmatique au possible, nul n'aurait pu se douter de ce qu'elle pensait. La Sirène ne parvenait pas à croire ce qu'elle voyait. Elle connaissait bien cette petite aux cheveux bleus. Elle la connaissait très bien, même, puisqu'elles ne formaient qu'un. Étonnée, la Phénix contemplait son lointain passé.  

« De la Dame Argentée !» cria un homme qui passait par là. Les yeux exorbités, il scrutait avec insistance le sol, prêt à la lécher et prêt à tuer les femmes sur sa route.



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