Loëdy la malheureuse [Quête - Solo]

Ven 20 Juin 2014, 22:02

C'était évident que ça avait été une mauvaise idée, mais Léto ne s'était pas douté que cela aurait pris de telles proportions ! Depuis qu'elle a décroché son boulot de graffeuse, elle vit beaucoup mieux sa vie, elle sent enfin qu'elle se prend réellement en main, qu'elle est devenue indépendante et tout le reste. Fini de couper des rondins de bois pour un fichu patron qui n'en a rien à cirer de ses larbins, place au mélange harmonieux de l'art et du travail !

Au début, cela allait très bien. Elle faisait passer des messages publics au nom des Eshus et autres têtes de l'Eorishaze. On remarqua rapidement son investissement, ce qui attira alors les particuliers à l'embaucher pour leur propre compte. A son grand soulagement, ils ne lui demandaient pas de faire passer des messages trop choquants – si c'était le cas, c'était amplement justifié – sinon elle aurait eu de gros ennuis. Et c'est justement là la raison de sa visite à l'Eorishaze. Depuis peu, deux clients l'avaient quémandée pour faire passer de sublimes annonces bourrées de sous-entendus dont elle était trop idiote pour s'en apercevoir. En réalité, ces deux politiciens se querellaient par son intermédiaire, celle-ci ne voyant pas qu'elle attisait le feu entre eux au fur et à mesure. Ainsi, Léto fut convoquée pour en discuter, témoigner de son innocence et surtout de son ignorance. L'Eshu en charge de l'affaire la gracia rapidement, peut-être conscient de la naïveté réputée de l'Orisha.

Quoiqu'il en soit, la blonde n'eut pas de peine à éponger, pas de cellule à faire chauffer dans les cachots, pas d'amende à payer, rien de rien. Le reste de l'histoire, c'était à la justice de s'en mêler avec les deux accusés. Léto se promit en tout cas de ne plus recommencer et de se renseigner, au minimum, sur ses clients. Elle n'avait pas trop le choix que de se plier à l'Eorishaze, après tout c'étaient eux qui s'occupaient de la majorité de son salaire.

" Nous sommes encore désolés de vous avoir fait venir. Vous ne devez pas avoir l'habitude de… ce genre de choses. "

c'était Kaithleen qui lui avait dit ceci alors qu'elle la raccompagnait vers la sortie.

La guide du musée, c'était cette humaine qui l'avait accueillie pour la première fois ici, elle qui l'avait guidée jusqu'au bureau où elle était convoquée. Kaithleen avait, en quelque sorte, assister à l'ensemble du bordel et comprenait ce que venait de subir la pauvre Orisha.

" Oui.

confirma la jeune femme se faisant passer incessamment pour un homme.

Je ferai attention à ne pas trop me mêler de politique la prochaine fois.

Kaithleen ricana un peu.

- Ne vous en faites pas, c'est rare que des Orishas comme vous se voient mêler de la sorte. L'Eshu vous a entièrement pardonné, vous n'avez plus rien à craindre.

Léto se contenta de sourire.

C'est la première fois que je vous vois ici. Première visite ?
- Non, j'étais déjà passée, mais je n'ai jamais vraiment visité.
- Si vous ne l'avez pas déjà fait, vous devriez jeter un œil à la bibliothèque ou la cour intérieure. Croyez-moi, il n'y a pas d'endroits plus apaisants en Mégido. Et le musée bien sûr ! "

L'Eorishaze lui avait d'une certaine manière sut lui taper dans l'œil dès son entrée dans la ville. On voyait ce bâtiment pratiquement à chaque coin de rue, au loin, aussi resplendissant que le soleil. Il ne lui était pas difficile de comprendre que c'était l'Orishala lui-même qui y résidait, ce devait être quelqu'un de vraiment impressionnant pour posséder une telle demeure. Hélas, Léto ne s'était pas déplacée jusqu'ici pour rencontrer le souverain des Orishas, uniquement contre son gré. Bon, il faut dire qu'elle l'avait bien cherché, imprudente comme elle était, heureusement qu'on ne lui en tenait pas rigueur ! Ce ne devait néanmoins pas être le même discours pour les deux fautifs.

Le crépuscule s'était déjà installé alors qu'elle était encore en train de s'expliquer avec l'Eshu. L'air était frais, ce fut une bonne opportunité pour elle de respirer un bon coup avec tout ce stress qu'on venait de lui provoquer. Kaithleen était limite sa libératrice quand elle avait ouvert les portes, Léto lui serrait volontiers la main avec enthousiasme, mais ce serait un peu excessif.

" N'hésitez pas à revenir. Vous serez toujours le bienvenu ici.

lui dit-elle en la laissant franchir les portes.

- Merci, je repasserai un jour ! "

Quand les portes se refermèrent, Léto se promit d'y rejeter un coup d'œil plus attentif. Quitte à se perdre dans des promesses, elle fit également le serment de rester prudente dans son travail. Elle se promit de ne plus jamais s'emmêler dans les rouages de la politique, de ne plus fouiner dans les affaires des hauts-placés ou d'être nuisible aux maîtres de l'Eorishaze…

Et puis il y eut un cri.

808 mots ~

By Jil ♪

Dim 22 Juin 2014, 17:24

Pourquoi on ne me laisse pas tenir mes promesses ? C'était une question qui la tracassait tandis qu'elle se rendait vers la source de ce cri. Ce n'était pas un hurlement de surprise, pas plus celui d'une agonie. A son avis, cela ressemblait plus à un cri d'effroi rempli de tristesse. Quelle peine pourrait causer autant de boucan dans l'Eorishaze même ? Et surtout, qui était-elle cette âme en peine ? Léto était beaucoup trop curieuse et inquiète pour s'en aller et ne pas se mêler de cette affaire. Peut-être bien que quelqu'un d'autre s'en occupera à cette place, mais elle se sentit quand même obligée d'y jeter un coup d'œil.

Le bruit provenait de l'ouest du palais apparemment, l'Orisha était si sensible sur les sons qu'elle ne pouvait pas se tromper ; du moins, pas tout le temps. Elle s'y hâta, se perdit un peu, le silence environnant ne la rassurant pas, et commença à se dire que ça avait peut-être été son imagination qui lui jouait des tours. Elle finit par hausser les épaules puis à se retirer. Le cri revint à la charge, plus terrifiant que jamais. Elle pivota sur elle-même et découvrit alors une porte dérobée se dirigeant vers les souterrains. C'était là, elle en était convaincue. Après un petit moment d'hésitation, Léto dirigea sa main vers la poignée : c'était ouvert. Et pas de gardes. Elle se décida donc enfin d'y pénétrer.

Je suis quasiment certaine que je n'ai pas le droit d'être ici. Mais cela ne rendait l'aventure que plus excitante, n'est-ce pas ? Cet endroit était en tout cas assez sombre – pour un sous-sol, ce devait être légitime – éclairé que peu par des torches, par-ci par-là. L'Orisha était tout de même étonnée qu'il n'y ait pas l'ombre d'un garde. C'était peut-être abandonné, peut-être que ces couloirs n'avaient que peu d'importance. Mais dans ce cas, pourquoi le cri ? Léto ne fut pas très bien rassurée de s'y aventurer ainsi toute seule, mais bon, elle n'était pas entrée pour rien.

Elle suivit le seul chemin qui se profila à elle, effleurant les murs. Les sous-sols de l'Eorishaze contrastaient drôlement avec la beauté des étages supérieurs. L'utilité d'un tel endroit lui était remise en question. C'est quand ses doigts touchèrent du fer usé qu'elle se rendit compte que plusieurs cellules étaient alignées, les unes à la suite des autres. Ce sont des cachots. Une évidence élémentaire. Léto ne s'était jamais demandée où se trouvait la prison à Mégido et c'est ainsi qu'elle le découvrait. Ce devait être normal que ce soit dans les tréfonds mêmes du palais, ainsi les capturés seraient étroitement surveillés, jour et nuit. Très bien, logique, tout ça. Mais pourquoi il n'y avait pas de gardes ? Elle constata tout de même que la plupart des cellules étaient vides, mais ce n'était pas raison de plonger le palais dans une telle insécurité. Au moins, tous les prisonniers qu'elle croisa restaient dociles, au fond de leur petit coin. La majorité la regardait d'un air bizarre, sûrement étaient-ils surpris de voir un être libre porté des chaînes, mais surtout pas mal d'entre eux semblaient… apeurés, en tout cas trop effrayés pour ne pas lui adresser la parole. Elle préféra ne s'attarder sur aucun d'eux, elle était consciente qu'ils ne devaient pas être à l'origine du cri. C'était féminin, ce dernier, et aucune femme ne semblait emprisonnée.

Elle finit par atterrir dans un cul-de-sac. Ce n'était pas la fin de l'exploration malheureusement, elle avait raté plusieurs portes. Mais laquelle prendre, sachant qu'elle finira certainement par se perdre… L'idée de faire demi-tour la hanta. Prévenir quelqu'un d'autre connaissant mieux les lieux lui irait mieux. Oui, c'était la meilleure solution. Puis elle allait encore faire une bêtise si ça continuait. Elle tourna donc les talons, beaucoup trop rapidement, puisqu'une femme à l'apparence éthérée était apparue et s'était mis à hurler, le même cri qui l'avait attiré ici ! Léto rata un battement de cœur et trébucha par terre, se réceptionnant sur les fesses. Son regard s'attarda sur le fantôme qui cessa de hurler avant de se remettre à pleurer et à franchir le mur voisin, comme ça, la laissant en plan. Les prisonnières se mirent à se plaindre du boucan qu'elle causait. Au moins elle venait de trouver la coupable… Je viens d'avoir la trouille de ma vie !

730 mots ~

By Jil ♪

Dim 22 Juin 2014, 22:29

Léto sortit fissa des cachots. Les prisonniers commencèrent à créer un boucan monstre et ne s'arrêtèrent aucunement. Elle avait eu beau se remettre de son "agression" et d'essayer de calmer les détenus, ils ne cessaient de se plaindre de ce fantôme venant les hanter à chaque fois. C'était donc devenu un problème récurrent et ce depuis bien longtemps. L'Orisha n'en voulut pas moins sortir rapidement d'ici, on finirait par l'accuser d'avoir mis le feu aux poudres et ça elle n'en voulait vraiment pas, ou en tout cas plus.

Quand elle parvint à franchir la sortie, un duo de gardes ainsi que ce qui semblait être un maître de l'Eorishaze lui firent face. Elle ravala sa salive. Ils vont croire que c'est moi qui ai provoqué tout ce vacarme. Et dire qu'on vient juste de m'excuser de ma bourde de ces derniers jours, cette fois ils n'auront aucune pitié. Maman avait raison quand elle disait que c'est la curiosité qui mènera à ma perte. Je suis désolée, ma maman chérie, vraiment désolée. Si j'arrive à m'en sortir, je reviendrai couper du bois.

" Oh, vous allez bien ? Tant mieux alors.

il se tourna vers les gardes.

Vous deux, allez calmer les détenus. La nuit va bientôt tomber, mieux vaut qu'ils se taisent avant la fin du dîner. "

ils obéirent sans rechigner.

Léto avait donc affaire avec quelqu'un d'important. Et mine de rien, elle s'en était sorti sans grand mal finalement ! Néanmoins, l'allure de l'homme ne lui inspira pas trop confiance. C'était visiblement un humain, assez blanc quand même, mais s'il était de l'Eorishaze, ce ne devait pas être bien méchant. En tout cas, elle ne pouvait que l'espérer. L'Orisha fut tout de même surprise que l'homme lui tende la main, pour l'aider à escalader les quelques marches qui lui restaient à gravir. Elle ne refusa pas cette assistance, étirant un léger sourire nerveux.

" Vous êtes Léto, n'est-ce pas ?

elle hocha de la tête tout en marchant vers lui, à croire qu'on parlait d'elle au palais.

Que faisiez-vous dans les cachots ?

- J'ai entendu un cri alors… Je suis allé voir et…

le ton hésitant fit comprendre à l'homme ce qu'il s'était passé en dessous.

- Je vois, vous avez vu le fantôme. Venez, je vais vous offrir un rafraîchissement. "

Ce n'était pas plus mal finalement. L'Orisha suivit donc le mystérieux bonhomme dont elle ne savait rien. A vrai dire, elle l'avait dû le croiser une ou deux fois dans le palais lors de ses deux visites, mais sans plus. Ce qui était sûr, c'est qu'il n'était pas Orisha. La diversité ethnique au sein de l'Eorishaze n'avait cessé de la surprendre. Elle espérait que le cauchemar du continent du matin calme ne se reproduise pas ici. Sinon, où devrait-elle aller ?

Elle atterrit dans une magnifique pièce, son bureau certainement. Il lui offrit du café, il ne devait pas connaître la définition du mot "rafraîchissement" ; la blonde non plus en fait.. Léto n'en était pas très fan, le goût amer la rebutait, mais autant ne pas refuser la galanterie d'un gentleman. Tandis qu'elle masquait son dégoût de boire, l'homme s'assied devant elle, passant ses mains dans ses longs cheveux blonds, cette affaire devait le mettre dans l'embarras.

" Je m'appelle Jupiter, l'intendant. Et cet esprit que vous avez vu se nomme Loëdy.

Léto ne cacha pas son étonnement que cette entité avait actuellement un nom.

Seuls ceux d'Eorishaze n'ignorent pas son existence. C'était la femme d'un détenu et celui-ci l'a tué par accident. Depuis, elle erre dans les cachots.

l'Orisha but une petite gorgée.

- Personne n'a essayé de lui parler ou de la faire sortir ?
- Elle ne parle pas, elle ne fait que pleurer. Il est ainsi impossible de communiquer avec elle. Et si on ne l'a jamais chassé d'ici, c'est parce qu'on n'en vit pas l'utilité.

il se pencha un peu en avant.

Voyez-vous, Loëdy ne s'était jamais montrée aussi bruyante auparavant. Personne ne s'était plaint de sa présence jusqu'à aujourd'hui. On ne peut pas tout bonnement la faire fuir, il va falloir l'apaiser, trouver la source de son mal.

il sourit, elle releva un sourcil.

Je vous propose un travail, au cas où vous n'auriez pas compris.
- Oh. Pourquoi moi ?
- Vous étiez dans les cachots au moment des faits. J'imagine que vous vouliez aider. Mais peut-être que les fantômes vous effraient trop ?

elle haussa des épaules.

- Elle m'a juste surpris. Elle n'avait pas l'air si méchante que cela…
- Elle n'est pas hostile, si c'est ce qui vous fait peur. Ne vous acharnez pas sur elle non plus, ce n'est qu'une âme en peine. Je vais dire aux autres de vous laisser un accès supplémentaire, évitez de trop fouiner pour rien non plus. Je vous fais confiance parce que Kaithleen m'a parlé de vous… Ne trahissez pas cette confiance.

elle hocha de la tête, finissant son café.

Vous avez toute la nuit, mais faite vite, il y en a qui dort ici. Et si cela ne marche pas, nous engagerons quelqu'un d'autre. Vous serez récompensé, bien entendu.
- Je ferai de mon mieux. "

assura-t-elle sur un sourire tout en se levant.

872 mots ~

By Jil ♪

Lun 23 Juin 2014, 12:12

Brise-Tympans quitta le bureau, fermant la porte derrière elle. La voilà parti pour une chasse au fantôme, ou du moins elle devait l'apaiser pour que le silence retombe sur l'Eorishaze. Dire qu'elle était partie pour rentrer chez elle suite à une journée bien stressante… Si elle n'avait pas fait demi-tour à ce moment-là, elle serait en train de se régaler à l'heure qu'il est. Tandis que les propriétaires du palais dînaient ensemble, elle se devait de traquer un fantôme. Sûrement la pire journée de sa vie, après la semaine passée dans la cale d'un bateau en compagnie des bouteilles de vin. Erk, il ne fallait surtout pas repenser à ça. Vite, les cachots avant que le goût de la vinasse irrite ses papilles de nouveau.

Maintenant que l'emplacement ne lui était pas inconnu, il lui fut facile de retrouver son chemin vers la prison. Cette fois-ci, l'intérieur était mieux éclairé, les gardes étaient présents et les prisonniers avaient fini par se calmer, sauf quelques agitateurs qui faisaient sûrement exprès de mettre de la pagaille, histoire d'animer ce lieu lugubre et apparemment hanté. Elle plaignait un peu les prisonniers quand même, ce ne devait pas être facile de purger leur peine avec un esprit hurlant à tout va. L'un des gardes l'approcha quand il la vit entrer, la faisant ainsi sortir de ses pensées pleines de compassion.

" Sire, vous êtes revenu pour l'esprit ?
- Oui, l'intendant Jupiter m'a chargée de l'apaiser.

la casserole ambulante ricana.

- L'intendant a recruté quelqu'un qui fuit à la vue d'un fantôme ? Tss, faite ce que vous voulez, ce n'est pas mon problème.
- Hé, ça m'a juste déroutée, c'est tout.

bouda-t-elle alors que le garde ignora la justification.

Vous savez où elle est en ce moment ?
- Elle traîne généralement vers les cellules de la partie droite, tout au fond.

elle commença donc par s'éloigner avant qu'il ne revienne à la charge.

Au fait…

elle se retourna.

Désolés de ne pas être venu plus tôt : on était accouru prévenir quelqu'un de ce problème.
- Oh… ce n'est rien. Merci.
- Non, ne me remerciez pas : si je vous dis ça, c'est parce que l'autre m'aurait forcé la main sinon. "

dit-il en désignant son collègue plus loin, qui rigola entre ses dents.

Elle trouva tout ce cirque assez amusant, mais bon, ce n'était plus l'heure à la plaisanterie. C'est vrai qu'une prison sans gardes pour la surveiller lui avait parut étrange, mais ce n'était pas eux qui risquaient de pouvoir apaiser l'esprit, avec toutes leurs armes et armure. L'Orisha comptait donc sur son joli visage pour accomplir cette tâche.

Elle emprunta une autre voie que la dernière fois, faisant vivement connaissance avec de nouvelles têtes de détenus. Quelques uns la charriaient à son passage, se demandant ce qu'une "femmelette" serait bien capable de faire. Elle ne dédaigna pas l'idée qu'elle échouerait lamentablement – après tout, elle n'était ni magicienne, ni sorcière, ou encore une experte en esprit – mais le fantôme devait forcément demeurer une personne qui avait une personnalité, des goûts, des désirs, quelque chose qui la motivait dans son existence. Alors, même si Loëdy ne pouvait pas parler, il y avait forcément un moyen de trouver un compromis avec elle, Léto en était sûre. Puis, qui ne tente rien n'a rien.

L'Orisha rencontra enfin de nouveau l'esprit. Elle semblait déjà plus calme que tout à l'heure mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne retourne dans son délire. La blonde resta donc prudente, s'approchant sans brutalité. Cela fut également l'occasion pour elle de mieux l'observer : elle était plutôt jolie tant qu'elle restait calme, l'homme qui avait été son compagnon devait encore s'en mordre les doigts dans l'autre monde ; Loëdy aussi remarque. Quand Léto fut assez proche à son goût, l'esprit restait immobile, pleurant en silence. A elle de jouer maintenant.

" Hum. Bonsoir, Loëdy.

elle ne la regardait pas, peut-être même qu'elle écoutait pas.

Je m'appelle Léto et… Tu m'as fais peur tout à l'heure.

elle rigola nerveusement, aucune réaction de l'autre côté.

Bon, en fait, si je suis revenue c'est parce que les autres, ceux du palais, ils sont un peu… dérangés par tout le bruit que tu fais. On m'a dit que tu ne faisais pas autant de boucan avant alors je me suis dis que je pourrais peut-être t'aider ? Tu ne parles pas, il parait, mais ce n'est pas grave, il y a plein de moyens de communiquer ! Comme par exemple l'écriture. Tu pourrais écrire par terre. Enfin il faut une craie, mais je peux t'en trouver une ! Sinon par la pensée, mais je ne suis pas télépathe personnellement, donc je ne sais pas si ça fonctionnera… Ou bien des signes ? Avec les mains, même si je ne sais pas trop les déchiffrer, je finirais par comprendre. "

La conversation à unique sens lui parut vraiment terne à force. Loëdy ne faisait que se cramponner aux barreaux d'une cellule, sans jamais regarder à l'intérieur. Léto songea à baisser les bras finalement, mais elle se demanda quand même pourquoi cette cellule en particulier ? L'Orisha, curieuse comme elle est, se risqua de jeter un coup d'œil. Il y a quelqu'un là-dedans !

875 mots ~

By Jil ♪

Lun 23 Juin 2014, 15:12

Il faisait froid là-dessous. J'avais l'habitude d'avoir froid, de ne pas avoir un toit rien qu'à moi, de ne pas profiter d'un peu de chaleur. Mais cette prison, cette cellule, ce froid qui y régnait n'était pas habituel. Il dégageait une inquiétante atmosphère qui ne me donnait aucune envie de rester.

Pour être franche, je serai parti volontiers plus tôt. Depuis que j'ai appris que cet esprit régnait sur les lieux, je n'avais qu'une envie : m'en aller. Ce n'était pas comme si j'étais vraiment emprisonnée ici, personne ne savait que j'étais là, je m'étais juste dit qu'une prison serait l'endroit idéal pour se cacher quelques temps. Surtout qu'aucune des cellules autour n'avaient l'air occupées. J'ai vite compris que ce devait être à cause de cet esprit. Pauvre femme. Pourquoi pleures-tu autant ? Est-ce que les autres détenus t'ont fait du mal ? Ou serait-ce pour leur peine que tu verses des larmes ? Je l'ignorais totalement. Elle ne parlait pas, je n'avais donc pas à gâcher ma salive. Mais je devais avouer qu'à force elle me tapait sur le système. Comment pouvait-on supporter un tel vacarme ? Personne n'a eu l'idée de s'en débarrasser ? Peut-être même que ce n'était que justice pour les Orishas, de laisser un fantôme hanter les condamnés. Cette pensée me fit cracher par terre. Je détestais ce monde. Depuis qu'on a assassiné mes sœurs, mes camarades, je ne vois plus l'intérêt de mon existence. Mère, où êtes-vous ? A quoi sert une Mord'th lâchée seule dans la nature ? Par reflexe, je caressais ma nuque, comme pour vérifier si mon Œil tatoué était toujours là, m'assurer que j'étais bien toujours une Mord'th même depuis notre extinction quasi-totale…

Je pense que je devrais sortir maintenant. On va finir par me découvrir. Ils se feront une telle joie s'ils découvraient ce que j'étais vraiment… Hors de question de leur laisser ce plaisir. Peut-être devrais-je retourner dans les Ruines. Les Ombres sont moins envahissantes que les Orishas, tant qu'on n'était pas mort, ha ! Je devrais arrêter de me faire des blagues toute seule ou je vais finir aussi déprimée que cette pauvre femme égarée.

C'est alors que je retins soudainement mon souffle. Un homme venait de s'introduire ici. Bon sang, il était juste devant moi, il va me voir ! Ouf, ce fut l'esprit qui l'attirait plutôt. Vivement qu'il s'en aille… Par tous les dieux, mais pourquoi parle-t-il autant ce blondinet ?! Tu ne vois pas qu'elle n'en a rien à faire de toi ? Allez, ouste ! Tu ne peux rien pour elle, tu n'as pas l'air malin non plus. Au moins il a du charme, il ressemble un peu à une fille. Et ces chaînes… Pourquoi les porte-t-il comme ça ? Ce n'était pas encombrant ? Un Orisha libre qui portait des chaînes, j'aurai vraiment tout vu. A moins qu'il soit encore l'esclave d'un maître. Pff, ces Orishas, ils prônent la Liberté mais laisse l'un de leur semblable enchaîné de la sorte. Si nous, les Mord'th, nous étions toujours là, ils… Trop tard, il m'a vu.

… Aucune réaction. C'est quoi ces yeux écarquillés de la sorte ?! … Ah zut, la cellule ! J'ai oublié de la fermer ! Voilà, ça y est, je suis définitivement foutue…

" Vous… Qui êtes-vous ?

Tu ne veux pas non plus mon adresse ? Bah, tu y es.

- Thémis.

Mon nom ne signifiait plus rien, de toute façon.

- Euh… Vous n'êtes pas une prisonnière, n'est-ce pas ?

La cellule est grande ouverte devant tes yeux, idiot.

- Pas encore.

Il est temps de le remballer celui-là.

Bon, écoutez, j'ai tout entendu de votre petit monologue avec cette chère Loëdy ici présente et je suis extrêmement touchée que vous vous souciez de sa peine. Et vous savez quoi ? Je n'ai rien à voir là-dedans. Et visiblement vous non plus. Vous n'êtes pas un garde après tout, hein ? Avec toutes ces chaînes, il vaudrait mieux qu'on change de place, parce que vous faites tâche à l'extérieur. Alors, messire Léto, je vous propose ceci : vous allez m'oublier, vous ne m'avez pas vu, vous n'avez pas su vous occuper de Loëdy et donc vous allez sortir. A votre retour, si vous l'osez, je ne serais plus là. Je ne vais pas vous demander de distraire les gardes pour moi, je ne pense pas que vous possédez une telle galanterie, de toute manière je me débrouillerai. Donc, vu que vous ne savez pas pourquoi cette femme pleure et hurle autant, et puisqu'elle ne vous le dira jamais, vous perdez votre temps.

Il se mit à se gratter les cheveux, comme pour se moquer de moi, quel ingrat.

- En fait, je sais pourquoi elle pleure… "

Nolite Mentiri. Il ne ment pas.

796 mots ~

By Jil ♪

Lun 23 Juin 2014, 17:46

Léto était stupéfaite de cette découverte : qui aurait l'idée de se cacher dans une prison ? C'était inconcevable. A sa manière de parler, cette dénommée Thémis devait avoir des ennuis. Elle était agressive, froide, directe, et pourtant si rayonnante. Ses longs cheveux blancs et ses yeux bleus-verts lui donnaient un air noble. Si elle avait un corps ravissant, son allure n'en était pas moins dégradante : elle était toute sale, certains de ses vêtements étaient même déchirés. L'Orisha ne serait pas surprise d'apprendre qu'elle mourrait de faim ou de soif. Elle avait pitié d'elle, c'est vrai, mais ce n'était pas le moment de faire preuve de compassion.

La blonde lui raconta toute l'histoire concernant Loëdy, que c'était une jeune femme ayant été tuée par son mari auparavant, détenu dans ces cachots, et qu'elle était à présent retenu ici en tant qu'âme peinée. L'Orisha ne mâcha néanmoins pas les détails, expliquant également qu'elle s'était montrée plus bruyante qu'avant et que cela devenait un véritable problème ; autant pour les détenus que pour les politiciens. Thémis fronça des sourcils, plongée dans ses pensées, emboîtant toutes ces informations entre elles pour comprendre la situation. Étant une Mord'th capable de discerner le vrai du faux, elle se rendit vite compte que Léto s'était montrée sincère et donc lui accorda le bénéfice du doute.

" Je comprends. Il faut essayer de la calmer alors…

elle finit par secouer la tête.

Non, nous devons la calmer. Ces prisonniers n'ont jamais demandé à être traité de la sorte. Être cloîtré entre quatre murs étroits, c'est déjà assez étouffant, mais si en plus un fantôme venait les hanter…
- Vous avez beaucoup d'empathie pour les captifs.

ce commentaire ne la rebuta pas vraiment, à vrai dire elle souhaitait maintenant lui avouer ses origines avant que cela ne dégénère.

- Je suis une Mord'th, la justice me tient à cœur.

à sa réaction, Thémis comprit directement que Léto ne comprenait pas ce mot.

- Une Mord'th ?
- Cela n'a pas d'importance, mais évitez de le crier sur tous les toits. Si ça vous préoccupe tant que cela, allez bouquiner.

elle jeta un regard à l'esprit.

Mais d'abord, il va falloir enquêter. On ne tirera rien d'elle. Je vous suggère de vous renseigner au palais, d'en apprendre plus sur son histoire. Notamment sur son défunt mari. Qui sait, vous trouverez peut-être un indice.
- D'accord. Et vous ?
- Je vais rester ici, pour la surveiller.

elle plaça son index sur sa propre bouche.

Et pas un mot. "

L'enchaînée promit son silence puis s'en alla. En passant devant les gardes, elle leur avoua ne pas encore avoir réussi, mais qu'elle avait une piste. Ils ne s'en montrèrent pas plus enthousiastes, elle évita alors de leur demander des informations sur le mari de Loëdy ; et puis si ça se trouve, ils n'en avaient aucune idée.

Il faisait bien sombre sur Mégido, la nuit s'étant abattue depuis un petit moment déjà. Ce qui voulait dire que son timing était serré. Quelques lumières persistèrent à l'intérieur du palais, tout n'était donc pas encore perdu. Mais à cette heure-ci, ils devaient tous en train de manger grassement et elle se voyait mal les déranger en plein milieu du repas juste pour ressasser des vieilles histoires morbides. Ainsi donc, ses options étaient faibles, mais une lui parut plus judicieuse que les autres : la bibliothèque. Elle avait un accès quasi-complet, ce devait être donc à sa portée. Puis elle était curieuse au sujet des Mord'th, celle-ci l'ayant suggérer de bouquiner sur le sujet si ça l'intéressait tant. Et qu'est-ce qui au monde n'intéresserait pas Léto franchement ? C'était d'une pierre deux coups.

Léto pénétra donc dans l'Eorishaze de nouveau, les quelques gardes la laissèrent en paix, Jupiter avait donc bien réalisé sa part du marché. Elle traça son chemin jusqu'à la fameuse bibliothèque qui, à sa surprise, était encore ouverte et éclairée. En jetant un coup d'œil furtif, elle y vit bien quelqu'un, un Orisha en train de lire. C'était une aubaine, elle risquait de se faire une frayeur si on la surprenait toute seule là-dedans, malgré le fait qu'elle y était autorisée. L'homme Orisha la vit arriver et se leva pour l'accueillir, souriant.

" Un lecteur nocturne à ce que je vois. Bienvenue.
- Merci bien.

elle lui sourit à son tour.

- Je m'appelle Lorenzo, c'est moi le bibliothécaire. Vous avez de la chance, j'ai décidé de manger plus tôt pour laisser la bibliothèque ouverte un peu plus longtemps ce soir. Surtout que Jupiter a affirmé qu'un enquêteur risquait de passer par ici…
- Je crois que je suis l'enquêteur en question.

elle ne retint pas un rire bref.

- Ah ! Vous êtes donc là pour Loëdy ?
- Oui, j'aimerai en savoir plus sur son mari qui était prisonnier dans les cachots.
- Hmm, je dois avoir quelques archives sur les détenus enregistrés. Laissez-moi voir.

dit-il en partant, mais elle le retint dans son élan.

- Et aussi… Savez-vous quoique ce soit sur les Mord'th ?

l'interrogation fut curieuse aux yeux de Lorenzo.

- Les Mord'th ? Si je me souviens bien, c'étaient des femmes qu'on considérait comme les Juges du monde. Elles s'occupaient de la majorité des affaires judiciaires. Elles étaient très puissantes autrefois.
- Elles ne le sont plus ?

avoir vu Thémis lui confirmait un peu cela.

- Elles ont été exterminées durant les Grandes Batailles. Il doit en rester quelques unes peut-être, mais on n'en a plus jamais réentendu parler.

toutes ces informations bouleversa pas mal l'Orisha.

Je vais aussi vous trouver des ouvrages sur les Mord'th si vous voulez. "

elle accepta la proposition, le bibliothécaire s'élançant donc enfin à la recherche des quelques livres.

Il était l'heure d'épuiser un peu ses grands yeux de blondinette.

964 mots ~

By Jil ♪

Mar 24 Juin 2014, 22:25

Normalement, Léto aurait dû exclusivement se concentrer sur les archives des cachots que lui avaient prêtés Lorenzo, mais sa curiosité maladive ne cessait de la faire dérailler de ses objectifs initiaux. Depuis que le bibliothécaire lui avait brièvement raconté l'histoire des Mord'th, elle s'était rapidement jeté sur les ouvrages traitant de ces femmes disparues. Ce qu'on leur a fait était horrible de ce point de vue. Pourquoi les gens se révoltaient à tout va ? Certes, elles étaient très puissantes, mais de là à toutes les exterminer, il n'y avait qu'un pas à franchir. La plupart des auteurs s'accordaient à dire que quelques unes avaient survécu, Thémis en était une preuve vivante en tout cas. Ils mentionnaient aussi une "Mère" qui est la cheffe de toute cette troupe. Elle aussi devait se trouver quelque part, à moins que ce soit Thémis justement… Non, son intuition féminine lui soufflait qu'elle l'aurait précisé sinon, peut-être. Enfin, elle la voyait mal être une personne si importante, vu ce qu'elle est devenue.

Ce n'était pas le moment de juger cette pauvre Mord'th, son sort pouvait encore attendre un peu ; bien que Léto voudrait bien l'aider, l'histoire de sa race lui brisait le cœur. Loëdy étant une priorité, elle s'égara sur les registres que lui avaient confiés Lorenzo. C'était beaucoup moins romancé que la légende des Mord'th en tout cas, elle devait recouper plusieurs informations entre elles pour comprendre. Le mari de l'esprit avait donc été incarcéré pour meurtres et il avait tué sa femme en prison lorsqu'il crut que c'était un garde. Triste et morbide histoire… En tout cas, il a rendu son dernier souffle en cellule, ayant été emprisonné à vie depuis cet incident avec sa femme et le fait qu'il soit reconnu coupable des meurtres dont il était accusé. Depuis ce jour, Loëdy hante les cachots. L'Orisha avait plusieurs détails sous les yeux, mais rien ne lui parut notable pour l'enquête… sauf un, quelque chose la fit douter. Et pour cela, elle devait retourner dans les cachots pour vérifier. Ne pouvant emporter les documents hors de la bibliothèque – interdiction par Lorenzo – elle retenu l'information dans sa tête et se précipita vers la prison.

Le fin mot de cette affaire était à portée de main, si elle avait vu juste. Léto entra donc une nouvelle fois dans les sous-sols, traça les gardes, les détenus qui se plaignaient toujours de ses allers-retours, dire que sans elle ils seront encore en train de chialer dans leur coin… Elle vint de nouveau à la rencontre de Loëdy, qui ne sembla ne pas avoir bougé de là, de même pour Thémis qui était toujours cloîtrée dans la cellule. Léto leva les yeux au-dessus des barreaux, cherchant quelque chose. Ce comportement alerta la Mord'th, l'espoir se reflétant dans ses yeux.

" Vous avez trouvé quelque chose ? "

demanda-t-elle en se levant, un peu faible de son escapade infinie.

L'Orisha l'ignora un peu, son regard s'attardant sur cette cellule que Thémis occupait… Elle y trouvât enfin le numéro qui lui était attribué et, par chance, il concorda avec ce que disaient les archives. Le mystère était donc enfin résolu, du moins elle l'espérait. La blonde sourit à la Mord'th, cette dernière réceptive à toute bonne nouvelle.

" Cette cellule, c'était celle de son mari.

la Mord'th cligna des yeux, ne comprenant peut-être pas trop ce que ça voulait dire.

- Et donc ?
- Et donc… Je crois qu'elle veut que vous sortez. C'est peut-être un lieu qu'elle protège en souvenir de lui. "

L'idée n'était pas bête en fait, Thémis s'en rendit vite compte. Elle regarda Loëdy, toujours aussi pleurnicheuse et prête à exploser de nouveau à tout instant. La Mord'th se décida enfin de poser les pieds en dehors de la cellule et les deux jeunes femmes fixèrent l'esprit. Cela prit un peu de temps avant que cette dernière réagisse : elle se remit droite, observant la cellule de nouveau vide et étira un sourire, sans pour autant que ses larmes cessèrent de couler. Après quoi, elle regarda vivement les deux protagonistes avant de partir, le sourire toujours aux lèvres, s'évaporant dans un pan de mur.

Le silence s'était installé doucement. Pas un cri ne se fit entendre, aucune agonie ne se fit ressentir, rien du tout. Loëdy sembla être parti en paix, libérée d'un poids. Thémis fut stupéfaite de la victoire de l'Orisha.

" On dirait… que ça a marché.

Léto soupira, certainement fatiguée d'avoir gâcher sa soirée.

- J'espère que oui… "

le temps saura répondre à cette question.

756 mots ~

By Jil ♪

Mer 25 Juin 2014, 00:20

Léto décida de fermer la cellule, il ne fallait plus que ce genre d'incident se reproduise alors autant prendre des précautions supplémentaires. Elle ne manquera pas de le signaler aux gardes. Elle se tourna ensuite vers Thémis : maintenant qu'elle n'avait plus cette cellule pour habitat, elle allait devoir trouver un autre endroit. L'Orisha était consciente de la situation de la Mord'th, même si cette dernière ne l'avait pas encore confiée. La fille aux cheveux pâles regardait même la cellule avec mélancolie, certainement préoccupée par sa prochaine destination. Mais le plus important maintenant, c'était de sortir d'ici.

" On a plus qu'à en informer quelqu'un. À moins que vous voulez rester ici ?

d'autres cellules étaient disponibles après tout, mais la Mord'th se contenta de soupirer, exaspérée.

- Non, autant que je sorte d'ici, j'ai déjà causé trop de dommages.
- Mais les gardes…
- S'ils veulent m'arrêter, soit, je n'ai nulle part où aller de toute façon. "

Léto baissa les yeux, ce serait dommage de la laisser tomber de la sorte. Certes, c'était en partie de sa faute, mais elle ne savait pas et ne pensait qu'à son propre bien. Les Orishas étaient peut-être les siens dans le besoin, elle n'allait pas accuser une innocente, surtout un membre d'une race quasiment détruite.

" J'ai appris ce qui est arrivé aux vôtres.

la concernée baissa les yeux, se sentant un peu pitoyable.

Je ne dirai à personne que vous êtes une Mord'th, vous n'aurez pas à vous en faire. Vous n'êtes pas si différente de nous, je trouve.
- Toutes les Mord'th ont un tatouage d'œil ouvert sur la nuque, s'ils le voient…

Léto tendit son écharpe.

- Alors cachez-le. Et si ça se trouve, ils ne savent même pas ce qu'est une Mord'th, comme moi avant. "

L'idée fut pertinente à ses yeux, même si Thémis ne comprenait vraiment pas pourquoi cet homme se donnait tant de mal à l'aider, elle, alors qu'elle avait été la cause de son tracas. Mais bon, elle n'était pas stupide au point de refuser la main qu'on lui tendait. Elle enfila donc l'écharpe autour de son cou. Pour le reste, Léto avait raison, elle avait toujours su se fondre dans la masse, lorsque cela lui était possible. Elles marchèrent donc jusqu'aux gardes qui, évidemment, notèrent la présence de la compagne de Léto.

" Holà, qui c'est cette fille ? Pas l'une de nos détenues au moins ?

Thémis se prépara à se laisser arrêtée, mais Léto ne fut pas du même avis.

- C'est une amie, elle m'accompagnait pour l'enquête.
- Mais vous n'étiez pas avec elle en entrant !
- Bah si, vous ne vous en souvenez pas ? "

La Mord'th écarquilla des yeux, ne comprenant pas pourquoi l'Orisha mentait tout d'un coup ! Le duo de gardes s'en montra encore plus confus, mais décida de les laisser finalement, mettant cela sur le compte de la fatigue ; ou alors ils étaient justement trop crevés pour s'en soucier. De toute façon, cette femme ne leur disait rien, ils s'en seraient souvenus s'ils gardaient une beauté pareille. Léto ne manqua également pas de leur informer de verrouiller la cellule du défunt.

Une fois dehors, l'air libre fut une énorme libération pour la Mord'th. Mais elle était néanmoins assez fâchée que Léto prenne sa défense, ce n'était pas juste selon elle, bien que le geste était honorable. Thémis savait néanmoins où sa place se trouvait : elle allait en informer l'Orisha, mais elles furent interrompus par l'arrivée d'un homme. C'était Jupiter, sûrement venu prendre des nouvelles, ce qui voulait dire que le dîner s'était terminé. Il nota la présence de l'autre femme mais ne s'en soucia apparemment pas plus que ça.

" Alors, comment va Loëdy ?

l'Orisha étira un sourire.

- Elle ne vous embêtera plus, normalement.

l'intendant s'en montra visiblement ravi.

- Parfait, nous le saurons bien assez tôt. Mais si vous avez vraiment réussi, tant mieux, nous allons pouvoir dormir sereinement. Revenez demain, nous aurons de quoi vous récompenser. "

Léto s'inclina respectueusement et les deux filles s'éloignèrent de l'Eorishaze. La Mord'th ne s'en montra toutefois toujours pas satisfaite et elle ne mâcha pas ses mots pour se faire comprendre.

" Pourquoi avoir menti ? C'était stupide de votre part.

Léto s'arrêta, pas vraiment touchée par les propos.

- Je voulais juste vous aider, vous ne méritez pas ça…
- Qui êtes-vous pour savoir ce que je mérite ? Si on me découvre, j'aurai encore plus d'ennuis à cause de vous !

elle retira l'écharpe et la lui jeta au visage.

Reprenez ça, maintenant je m'en vais.

elle s'éloigna d'un pas rapide.

- Où allez-vous ?
- Je ne sais pas !

s'écria la Mord'th, ce qui accentua la pitié qu'éprouvait Léto pour elle.

- Je peux vous héberger !

la proposition, cocasse, fit arrêter nette la blanche.

- Comment ça ?

Léto se rapprocha d'elle pour mieux lui faire face.

- J'ai une maison ici, à Mégido. Elle est assez grande, je peux vous loger aussi longtemps que vous voulez.
- Je n'ai pas d'argent.
- Vous n'aurez pas à me payer !

ceci fit éclater de rire la Mord'th.

- Attendez, vous êtes sérieux là ? "

Sa clairvoyance lui fit comprendre que Léto était sincère, ce qui la troubla davantage. Il ne semblait également pas du genre à vouloir profiter d'elle, donc c'était peut-être possible… Thémis resta silencieuse un peu longuement, ne sachant pas trop si c'était une bonne idée.

" … Un lit bien chaud et un bon repas ne me feront peut-être pas de mal. Je ne savais pas que j'avais autant de succès chez la gente masculine.

ironisa-t-elle sur un sourire provocateur. Si seulement vous saviez…

J'accepte pour l'instant, à la condition que vous ne tentez rien sur moi !
- Je ne vous ferai aucun mal, je le promets.

elle ne mentait pas, une bonne chose pour Thémis.

- Très bien, je resterai quelques temps. Si je m'y plais, je pourrais même me mettre définitivement à votre service, mais seulement si, par exemple… vous m'emmenez à des fêtes grandioses ? Ce serait magnifique, j'adore les fêtes. "

Tout cela n'était que pure plaisanterie, mais Léto, étant du genre à tout prendre aux pieds de la lettre, risquait bien d'assouvir les désirs de la Mord'th, qui effectivement n'a pas dû avoir l'occasion d'assister à ce genre de rassemblements.

Quoiqu'il en soit, elle aida Thémis à s'installer, la fit apprécier sa cuisine assez immonde, et, le lendemain, alla chercher son dû auprès de l'Eorishaze. Elle en ressortit en portant le pendentif en orishalque qu'on venait de lui offrir, fierté même des Orishas.

1110 mots ~

By Jil ♪

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