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 Mélancolique mélodie (Abel)

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Sam 01 Mar 2014, 15:06




J’étais toujours plongée dans une sorte de jeu avec Alia quand la voix d’Amarel me fit me redresser, comme si je me rappelais soudainement d’une présence anthropomorphe. Je jetais un oeil vers la nymphe et il me fallut quelques secondes pour comprendre ce qu’elle avait voulu dire par là. Je croisais le regard d’Abel, et avant que je n’aie pu réaliser ce qui allait se passer, il partit en courant en direction des cascades. Alors là, pas question de me laisser distancer comme une simple néophyte ! Je m’emmêlais les pattes quelques instants en essayant d’accélérer ma marche, puis je compris que cela ne donnerait rien, et sans prendre la peine de réfléchir, je clignais des paupières et je me mis à courir derrière le bélua. Même s’il avait pris une avance non négligeable, je l’apercevais toujours et puis, j’étais en forme, mue par je ne sais quelle énergie, et je rattrapais finalement mon retard.

Je n’étais pas très équilibrée, ni très à l’aise durant ma course, mais tant que je n’y réfléchissais pas, tout allait bien et je restais stable. La vitesse me grisait, je n’étais pas capable d’être aussi rapide sous ma forme naturelle, et cela me rappelait les vols que j’avais effectués sur les ailes de mon oiseau, il y a des lunes de cela. L’air sifflait légèrement à mes oreilles mais pourtant une impression de silence et de quiétude m’emplissait. Les muscles du corps félin que l’on m’avait prêté étaient plus résistants que je ne le pensais, et je ne me fatiguais pas en maintenant l’allure.

Enfin, il me sembla que nous approchions des cascades. J’avais bien compris que le jeu était une course et je me concentrais pour tenter d’accélérer. Je ne sais pas qui du bélua ou de moi arriva en premier, car dès que je pus apercevoir l’eau s’effondrer majestueusement, j’oubliais tout le reste et je ralentissais inconsciemment, avant de m’arrêter au bord de l’eau, à quelques mètres des chutes. Je me penchais au-dessus de l’onde pour m’apercevoir et je contemplais pour reflet transformé avec intérêt, puis je me reculais. Je sentais quelque chose changer et je devinais que j’allais reprendre ma véritable apparence. Je ne luttais pas plus et je fermais les yeux le temps que la transformation s’opère. J’ouvris les paupières et aperçus mes deux mains blanches familières, je contemplais à nouveau la surface de l’eau pour vérifier que tout était en place et me tournait vers Abel, un grand sourire sur le visage.

- Ton peuple est fantastique ! J’ignorais que cela fut possible, oh merci, merci de m’avoir permis de comprendre cela !

Je touchais du bout des doigts l’eau fraiche de la rivière et je laissais couler quelques gouttes le long de mon bras, sans savoir pourquoi. J’avais terriblement envie de suivre son cours, de glisser au-dessus de l’eau, volant telle une légère vapeur, une larme d’écume au-dessus du courant, avant de me laisser tomber en piqué le long des cascades et de me relever indemne au dernier moment. J’aurai presque pu le faire, si j’avais été sûre de mes pouvoirs, mais ce n’était pas le cas, et je ne souhaitais nullement mourir noyée dans un paysage aussi féérique.

- Ah ! Si j’étais un oiseau, je pourrais suivre l’eau jusqu’en bas. Un jour peut-être ! L’oiseau blanc de la cascade...

Je tournais sur moi-même, les bras levés vers le ciel dans un élan d’enthousiasme. Le chant des étoiles était toujours là, tout était beau, tout allait bien.

Pourtant… Une note étrange sembla s’insinuer dans la mélodie de la soirée, et bientôt je discernais une autre voix qui s’élevait dans l’air. Sa mélopée m’assombrissait le cœur, et sans que je sache dire pourquoi, j’eus bientôt presque les larmes aux yeux. Je me rapprochais du bélua pour lui demander s’il entendait lui aussi la douce mélancolie qui imprégnait l’air.

- Qu’est-ce que cela ? J’étais si joyeuse et voilà que je me sens perdue et nostalgique. Il a dû arriver quelque chose ici…

Je ne connaissais rien des légendes des cascades, et j’ignorais totalement la présence de fées en ces lieux. Je connaissais ces êtres purs et naturels, bien que je ne parvienne pas à me rappeler si j’en avais croisé un jour, leur existence me semblait naturelle et signe de la beauté du monde.

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Dim 02 Mar 2014, 23:48


Abel se sentait léger quand il revêtait sa forme animale. Il pouvait courir à une vitesse qu’il n’aurait jamais atteinte s’il avait dû s’élancer sur ses jambes, et son totem lui suggérait mentalement les meilleurs chemins à suivre, les meilleurs appuis à prendre et l’aidait parfois à corriger ses gestes quand ils étaient approximatifs. C’était un petit peu comme si deux êtres commandaient son corps, ce qui avait été assez déroutant les premières fois, mais s’était au final révélé très utile tant l’assistance de l’esprit animal pouvait faire la différence entre un bond agile et une chute maladroite. Le bélua appréciait beaucoup de courir à travers les bois, chaque arbre et chaque buisson venait apporter un petit peu plus de piment à son parcours, et c'est donc tout naturellement qu’il s’éloigna quelque peu des berges pour tenter de couper à travers la forêt, espérant que cela lui ferait gagner quelques secondes sur Malys qui le rattrapait à vue d’œil. Malheureusement, il n’était pas encore aussi agile qu’il l’aurait souhaité, et lorsqu’il arriva près des cascades cristallines, il se rendit compte que la rehla était déjà arrivée. Alia, qui avait suivi le bélua de près, s’éloigna quelque peu en arrivant, cherchant Amarel tout en explorant cet endroit qu’elle n’avait encore jamais vu.

Abel s’immobilisa près d’elle, la respiration haletante, et regarda Malys d’un air amusé. Le bélua n’avait pas souvent l’occasion de se mesurer de la sorte à d’autres personnes, les animaux qu’il côtoyait étant le plus souvent insensible à cette notion, et même s’il n’était pas parvenu à rattraper Malys, il était néanmoins heureux d’avoir partagé cet instant avec elle. Tâchant de reprendre son souffle, Abel se dirigea vers l’eau qui coulait devant lui vers la cascade avec un air pensif. Il jeta un œil à la rehla qui était en train de reprendre sa forme humaine et un sourire malicieux apparu sur ses lèvres. Sans réfléchir plus, il se jeta à l’œil et nagea quelques instants, tâchant de rester près de la berge pour ne pas se faire emporter par le courant, et se hissa sur un rocher situé près de Malys avant de s’ébrouer vigoureusement, projetant des gouttes d’eau tout autour de lui.

Abel repris alors lui aussi peu à peu sa forme humaine, se redressant progressivement pour voir disparaître son pelage noir. Son totem ne résista pas, ayant eu l’occasion de se défouler pendant la course, aussi la transformation fut-elle assez rapide. Le bélua était heureux de constater à quel point la rehla était enthousiaste. Cette expérience l’avait visiblement réjouie, et sa réaction lui faisait vraiment plaisir tant les autres espèces pouvaient se montrer parfois froids et insensibles.
Abel suivi des yeux l’eau qui chutait à plusieurs mètres en contrebas, préférant éviter de tenter de s’approcher trop, mais voler au-dessus du tumulte de l’eau devait effectivement être une expérience magique.

A présent qu’il était parvenu à reprendre son souffle, le bélua pu s’attarder quelques instants sur la beauté de ces lieux. Ils étaient proches des territoires des fées, et l’aura de ce peuple magique était palpable jusqu’à eux. Mais, alors que le peuple des fleurs était souvent assimilé à la bienveillance et la joie, ce n’était pas réellement ce qui semblait émaner de ces lieux. Au contraire, Abel commençait à ressentir une certaine tristesse, et Alia émis un long miaulement plaintif. Elle qui était très sensible aux émotions des autres devait ressentir cela avec encore plus de force que lui, et les paroles de Malys l’aidèrent à comprendre. Il n’avait d’abord pas prêté attention à la musique qui emplissait l’air tant elle était légère et discrète, mais à présent qu’elle le disait, il était vrai qu’il pouvait entendre une étrange mélodie qui alourdissait son cœur, comme si elle était annonciatrice d’un malheur. Le bélua s’approcha instinctivement de Malys et lui lança un regard qui se voulait rassurant, bien qu’il ne soit lui-même pas très à l’aise.

Quelque chose bougea dans les fourrés et Amarel apparu à la lisière des bois, faisait signe aux deux compagnons de la suivre. Son visage était marqué par la peur, elle semblait triste et très inquiète. Quelque chose de grave avait dû arriver.
« Venez vite, il y a un problème. Une des fées, je crois qu’elle est en danger. »
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Mer 05 Mar 2014, 20:04


C’était comme si toute la joie de ce monde déclinait et disparaissait, mais qu’il restait un dernier chant, une dernière voix pour se rappeler du mot rire et pleurer son oubli. Une tristesse insupportable s’emparait peu à peu de mon esprit, bien trop écrasante même pour m’arracher des larmes tant j’étais abasourdie, étouffée par le sentiment. Je réagissais peut-être trop, peut-être étais-je trop sensible aux pouvoirs des mélodies, car j’avais pris pour habitude de les laisser guider mes humeurs aveuglément, mais je me sentais particulièrement faible. Mes mains tremblaient et je les levais pour contempler leur mouvement. J’avais les oreilles momentanément closes à autre chose que la mélopée et je n’entendis même pas Amarel apparaître d’entre les branchages.

J’essayais de me concentrer sur autre chose et je levais les yeux vers le ciel, dans un signe de détresse discret. La vue des étoiles parvint à faire cesser le tremblement qui me faisait frissonner, et bientôt je fermais les paupières pour me réfugier vers ma seule lumière quand les ténèbres régnaient. Les astres chantaient toujours, doucement. Le son était lointain, comme en arrière fond. Le poids qui s’était établi sur mon cœur disparu peu à peu mais un horrible pressentiment le remplaçait. Quelque chose était arrivé, autre chose qu’une chanson mélancolique.

Mes yeux se posèrent sur la nymphe en s’ouvrant, et je me rappelais brusquement du monde qui m’entourait, comme dans un sursaut. Tous mes sens me revinrent d’un coup, le tumulte des cascades recouvrit les autres bruits, l’air me semblait beaucoup plus frais et je crus pendant quelques secondes être redevenue une panthère tant toutes ces perceptions me semblaient précises et détaillées et tant je voyais clair. Petit à petit, tout cela se calma. Mon instant de transe s’estompa et je redevins moi-même. Je respirais très lentement, comme quelqu’un en sommeil profond, et alors que je crus que j’allais finalement m’évanouir pour clore cette aventure, je me précipitais vers la forêt, enfin un air affolé imprimé sur le visage. Je m’arrêtais à la hauteur d’Amarel, la priant du regard de continuer son récit. Pourquoi diable tout cela me semblait si important ?

Au lieu de reprendre la parole, la dryade nous fit signe de la suivre. Elle avait dû sentir l’urgence de ma démarche et je lui en fus reconnaissante. Je me retournais vers Abel pour voir comment il réagissait à tout cela. Et s’il n’avait rien senti ? S’il me prenait comme tellement d’autres pour une folle aux humeurs volatiles ? Il n’avait pas l’air de penser comme ça, mais j’avais toujours cette inquiétude, cette peur que le monde social auquel je n’appartenais pas se retourne un jour contre moi, me pointe du doigt et me crie que je n’avais plus rien à faire ici. Alors je me faisais oublier et je vivais avec les étoiles et j’avais de moins en moins envie de retrouver les autres.

Instinctivement ou presque, je ralentis pour rester près du bélua, je n’aimais pas l’idée qu’il soit trop loin, comme si la distance physique signifiait qu’il se tenait éloigné de moi spirituellement et que je ne pourrais plus jamais rien comprendre aux mystères de Phoebe.

Amarel nous conduisit jusqu’à une petite clairière. Au fur et à mesure que nous avancions, la mélodie se faisait plus forte, mais plus le son devenait audible, mieux je me sentais, libérée par le caractère explicite de la plainte. Des petites lueurs brillaient çà et là autour de nous, comme des lucioles, et je me sentis intimidée par la beauté et la puissance magique qui émanait des lieux. Je ne connaissais pas de fées, je connaissais simplement leur existence et ce qu’elles étaient. J’avais toujours été fascinée par cette espèce qui naissait de fleurs et qui s’occupait de la nature et les rares témoignages que j’avais pu entendre m’avaient toujours ravie.

Au milieu des troncs alignés en cercle flottait une lumière fantomatique dégagée mystérieusement par certaines plantes, dont beaucoup que je ne connaissais pas. Des petites silhouettes étaient accroupies non loin, immobiles. Je me pétrifiais et fis un nouveau pas en direction d’Abel avant de cesser totalement de marcher. Je n’avais pas réellement peur, mais quelque chose de fantastique flottait dans l’air et m’impressionnait tellement que je ne savais plus rien faire, ni parler, ni avancer.
Je chuchotais.

- Alors voilà les fées… Pouvons-nous leur parler ?

Je pensais en mon for intérieur « ne vont-elles pas disparaître si nous le faisons ? ».
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Mer 12 Mar 2014, 18:00


Abel avait beau essayer de penser à autre chose, il avait peine à se détacher de ce chant si perturbant qui l’avait plongé dans un état qu’il n’appréciait guère. Il avait toujours été doué d’empathie et de compassion, mais ce qu’il ressentait en cet instant était bien trop fort pour ne provenir que de ses sentiments naturels et de son envie de venir en aide aux peuples qui respectaient la nature. Le bélua chercha des yeux quelque chose qui pourrait le rassurer, mais Amarel avait déjà tourné les talons et Alia semblait encore plus concernée que lui par ce qu’il se passait, bien qu’il ne sache pas encore vraiment ce dont il s’agissait. Heureusement, Malys était près de lui, bien qu’elle semblait elle aussi très affectée par ces chants. Alors qu’ils suivaient la dryade à travers les bois, Abel tourna vers la rehla un regard rassurant et posa une main sur son épaule pour tenter de lui procurer un petit peu de réconfort.
« C’est une étrange magie qui nous atteint. Ces chants… Je suis sûr que les fées ne veulent pas nous nuire, elles veulent juste notre aide. Cela cessera dès que nous leur auront parlé. »
Le bélua essayait autant de se persuader lui-même que de persuader Malys, mais il espérait que ces quelques paroles viendraient atténuer l’effet de la mélopée.

Amarel ne semblait pas affectée par les chants, ou elle l’était à bien moindre mesure. Le seul changement notoire dans son comportement la faisait frôler de plus près les arbres et les buissons qu’ils rencontraient. La nymphe se laissait parfois aller à les effleurer du bout des lianes qui couvraient son corps, comme si elle cherchait dans le contact avec la flore la joie et le bonheur qui manquait tant à ses compagnons en cet instant. Ses pas étaient assurés, comme si elle savait exactement où aller pour trouver les fées, et il ne leur fallu que quelques minutes pour atteindre une petite clairière où se tenaient çà et là quelques représentantes du peuple féérique. Les petites créatures semblaient immobiles, entourant de grandes fleurs qui dégageaient une lueur étrange. Abel n’avait jamais rien vu de tel, et c’était bien la première fois qu’il apercevait tant de fées réunies au même endroit. Elles semblaient préoccupées, et le bélua ne savait pas réellement s’ils devaient les approcher. La venue de 3 compagnons et d’une panthère risquerait fort de les effrayer, et ils n’en apprendraient alors jamais plus sur ce qui les poussait à faire résonner cette étrange musique dans les airs…

« Restez ici. Je vais leur proposer notre aide »
Amarel s’avança vers le groupe de fée d’un pas lent. La vue d’une dryade les inquièterait certainement moins, tant ce peuple était lié aux arbres comme elles étaient liées aux fleurs. Abel regarda la nymphe des forêts s’éloigner, parler quelques minutes avec les fées, puis leur fit signe d’approche en souriant.
Une petite fée vint à leur rencontre lorsqu’ils arrivèrent près des fleurs, et la mélopée cessa.
« C’est nous qui jouons cette musique qui vous a menée à nous. Sans cela, vous auriez certainement passé votre chemin, comme tous les autres… L’une des nôtres s’est éloignée dans la forêt, plus loin qu’aucune d’entre nous n’ose s’aventurer en temps normal. Nous avons tenté de l’appeler, mais elle ne répond pas à nos chants. Elle est bien loin de son jardin, nous craignons le pire… »
Le bélua jeta un œil à la dryade, puis à Malys. Les fées étaient des êtres bénéfiques et méritaient l’aide qu’ils pouvaient leur apporter. Amarel en était déjà convaincue, mais Abel ne voulait pas attirer la rehla contre son gré dans quelque aventure que ce soit, aussi s’approcha-t-il doucement d’elle en espérant qu’elle accepterait de les accompagner à la recherche de la fée perdue.
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Dim 16 Mar 2014, 21:35


Si le bélua ne parvenait à me réconforter, il y avait dans sa présence et dans sa propre émotion quelque chose qui me ravivait, me permettait de surmonter l’accablement qui m’envahissait. Lorsque nous fûmes dans la clairière, j’étais apathique, comme sortie d’un rêve étrange duquel je ne parvenais pas à m’extirper totalement et je suivais des yeux la nymphe.

Je craignais que quelque chose arrive, que toute cette scène ne vole en éclat, car elle avait la fragilité du songe et mes souvenirs flous me jouaient bien souvent des tours à ce sujet. Cependant, je fus rassurée de voir qu’Amarel ne provoquait aucune déchirure du réel et je suivais timidement Abel qu’elle invitait à avancer. La petite fée qui s’approcha de nous me toucha par la grâce de son être, elle avait la grâce d’un pétale de fleur balayé par le vent et je la regardais, à la fois émerveillée et attristée.

Je savais sans avoir à réfléchir ou à demander qu’Abel proposerait son aide. J’avais beau ne pas vraiment le connaître, cela me semblait tellement évident, tellement simple. Après tout si, peut-être que je le connaissais un peu, grâce aux étoiles. Sans un mot, je le regardais et j’acquiesçais de la tête, signifiant mon accord par ce geste silencieux. Je reposais ensuite mes yeux sur la fée et je lui souriais, essayant de faire passer le plus de joie et d’espoir que je le pouvais sur mon visage diaphane. Et enfin je prononçais, tout doucement :

- Je promets d’essayer de la retrouver.

Je ne concevais ni le bien ni le mal, certains le faisaient, ce n’était pas mon cas. Il m’était arrivé de mépriser la vie d’autrui, quoique très rarement, ou bien de maudire certains êtres sans vergogne et sans pudeur qui peuplait la terre. A l’inverse, je respectais la nature et ses lois, et je m’y pliais le plus souvent, même si la cruauté des bêtes me saisissait parfois.

Je me tournais vers Abel, je n’avais aucune idée de la manière dont nous pourrions chercher. J’avais peur qu’il propose que nous nous séparions pour être plus efficaces, aussi je chuchotais à son adresse.

- Il vaut mieux rester ensemble non ? Je n’ai pas du tout envie de chercher quelque chose seule en ce lieu…

J’avais ajouté cette deuxième phrase d’un ton si bas que je doutais qu’il m’ait entendu, mais peu importait. Après tout, les panthères étaient des chasseuses nées, trouver quelqu’un ne pouvait pas être si difficile, si ? Et puis il y avait les étoiles. Je ne pouvais démêler leur voix aisément, mais peut-être pourrais-je entendre quelque chose ? Je n’avais pas l’habitude d’écouter précisément leur langage, elles me berçaient, comme on écoute une chanson sans saisir les paroles avant de s’apercevoir de leur sens, aussi l’exercice était difficile, mais le jeu valait la chandelle. Je n’osais pas quitter la clairière ou même bouger, et je me tournais vers la dryade. J’aurai souhaité lui demander ce qu’elle savait de ces bois, de ce qui s’y trouvait et si elle avait une idée de ce qu’il avait pu arriver à cette fée.

Mon intuition ne me livrait aucune réponse, et le chant des fées restait imprimé dans mon esprit et bourdonnait toujours à mes oreilles. Je ne pouvais recourir à la voute céleste en un tel endroit. Oh si seulement j’avais pu voler ! Peut-être aurais-je pu m’élever suffisamment au-dessus des arbres pour ressentir un écho, ou une présence ? Non, je n’étais pas assez puissante pour cela. Certains le pouvaient d’après les histoires que j’avais entendues, mais je me sentais faible, comme une enfant, à côté des pouvoirs prodigieux que l’on pouvait croiser parfois.

Je continuais désespérément mes réflexions sur le sujet, car je ne voulais pas devenir un poids qui gênerait dans une partie de chasse trop facile sans cela. Abel, Alia et Amarel semblaient pouvoir se déplacer rapidement et je les ralentissais, alors avoir une idée m’apparaissait comme un devoir, une nécessité impérieuse à laquelle je devais me plier si je ne voulais pas voir disparaître le bélua. Et je ne le voulais pas. Les sentiments d’affection avaient été suffisamment rares dans ma vie pour que j’y sois habituée, et pour que je supporte l’idée de laisser filer une des rares personnes qui ne me donnait pas l’impression d’être un morceau de papier découpé et posé sur un monde plat et sans substance.
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Lun 24 Mar 2014, 20:45


Quel ne fut pas son soulagement quand les voix des fées cessèrent cette mélopée sinistre. Leurs chants étaient d’ordinaire magnifiques, mais celui-ci répandait la tristesse dans le cœur de ceux qui l’entendaient. Ce n’était pas là ce qu’on pouvait attendre du peuple des fleurs. Abel avait déjà rencontré plusieurs fées au cours de sa vie, et elles s’étaient toujours révélées être des créatures paisibles, bien que parfois quelque peu caractérielles. Mais jamais elles n’auraient souhaité faire volontairement du mal à qui que ce soit, à moins qu’il ne s’en soit d’abord pris à elles où à leurs jardins. Le silence qui retomba sur les bois avait quelque chose de reposant, comme si les choses étaient enfin rentrées dans l’ordre. Malheureusement, c’était loin d’être le cas… Si les fées avaient été obligées de faire retentir un tel signal d’alerte, ce n’était sans doute pas que l’une d’entre elle s’était simplement égarée au détour d’un chemin. Les fées n’avaient pas l’habitude de s’éloigner trop loin de leurs semblables, ni de ce qu’elles souhaitaient protéger… La plupart avaient conscience de la relative faiblesse de leur être face aux dangers qu’elles pouvaient rencontrer dans les bois, et elles préféraient d’ordinaire la sérénité à l’aventure. La fée perdue avait dû être attirée, forcée de quitter sa route, mais par qui ou quoi ? Abel n’avait aucune idée de quelle menace pouvait sévir en ces lieux, et Amarel devait bien reconnaître qu’elle non plus, même si elle était familière des environnements tel que celui dans lequel ils se trouvaient.

Le pistage d’un animal n’était pas une chose aisée, et le bélua avait eu beaucoup de mal à apprendre à se servir de l’odorat de sa forme animale, mais à force de ressentir les humeurs et les émotions de son totem, il avait appris peu à peu à se concentrer sur ce qu’il voyait. C’était comme si un nouveau sens s’était développé en lui, comme s’il pouvait voir les odeurs aussi clairement que les arbres et les buissons qui les entouraient. Malheureusement pour lui, les fées étaient des êtres minuscules, qui ne dégageaient pas la même empreinte qu’un démon ou un vampire. Leur odeur était discrète, bien trop pour pouvoir suivre une piste qui partirait d’ici, où leurs empreintes se mêlaient sans qu’Abel ne parvienne vraiment à différencier tel ou tel individu parmi le peuple des fleurs. Peut-être que sa forme animale serait plus efficace à traquer celle qu’ils cherchaient, mais le bélua ne souhaitait pas se transformer devant les fées, de peur de les effrayer.

Amarel continua de parler quelques instants avec les fées, qui semblaient logiquement ressentir une plus grande proximité avec une nymphe des forêts qu’avec un bélua ou une rehla. Une fois les informations qu’elle cherchait en sa possession, elle s’inclina légèrement en remerciant les fées et revint vers Malys et Abel.
« Suivez-moi, je sais où elle est allée. Ce n’est pas normal… Ces bois sont purs aussi loin que je peux ressentir l’essence des arbres. Mais il y a… comme une barrière quelque part. La sève ne coule plus, les feuilles sont figées. Quelque chose ne va pas. »
Un petit frisson parcourut l’échine du bélua qui avait du mal à cacher son appréhension. La forêt était son élément et il n’aurait pas dû en avoir peur, mais les énigmes de la nymphe avaient le don de lui faire imaginer le pire. La disparition de la fée avait-elle un rapport avec cette aura étrange que la dryade avait ressentie ?

« Tu pourrais nous guider vers cet endroit ? C’est peut-être ça qui a dérouté la fée. Et si elle n’est pas rentrée… »
Les lianes qui couvraient le corps d’Amarel se dénouèrent légèrement et se déployèrent devant elle, venant effleurer le corps de ses deux amis comme pour leur donner du courage.
« Je vais vous y emmener. »
La dryade attira les deux compagnons à sa suite, les entrainant dans la forêt d’un pas lent et régulier, les branches et les buissons s’écartant pour laisser passer le groupe.
Derrière eux, Alia furetait de ci de là, ravie de cette promenade improvisée, sans bien comprendre les enjeux de la situation.
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Lun 16 Juin 2014, 15:40


J’étais désemparée, sans notion du temps. Je suivais Amarel aux côtés du bélua, mais il me semblait que mille et une choses tournoyaient autour de nous, et que nous n’étions que les grotesques personnages d’un conte pour enfant. Peut-être que tout cela n’était qu’une légende qui se répétait, que les étoiles intarissables ne racontaient qu’une seule épopée encore et encore, dont les personnages n’étaient voués qu’à un éternel recommencement. Cela aurait pu expliquer l’étrange impression de familiarité qui s’emparait de mon esprit. La forêt, la dryade, et même Abel me semblaient remuer en moi des souvenirs diffus, pourtant, c’était impossible.
Je prenais garde à rester silencieuse, mon souffle même paraissait ouragan, et je craignais de briser la paix de ces lieux, paix morbide si l’on en jugeait par les propos de la nymphe. Bientôt, le calme se fit si pur que cela en devenait malsain. On n’entendait nul oiseau ululer pour l’astre de la nuit, nul froissement de feuille, seuls nos pas étouffés par la terre brute. Je me sentais mal à l’aise, et je ne pensais pas être la seule, les paroles d’Amarel avaient alertées tout le monde, et même Alia paraissait moins enjouée que précédemment. La forêt était comme désincarnée, dépossédée d’elle-même, un poids invisible pesait sur les branches courbées des arbres  et la nuit s’assombrissait. Je réprimais un frisson. Je n’aimais pas l’idée de ne plus voir les étoiles.

Soudain, je devins extrêmement alerte. Rien dans l’atmosphère n’avait apparemment changé, mais je sentais le rythme de mon cœur s’accélérer, et le silence s’appesantir autour de nous. Nous étions entrés dans une sorte de cocon, et un sentiment d’étouffement et d’enfermement me saisit. Je cessais d’avancer, et je restais pétrifiée au milieu du chemin que traçait la dryade. Rien ne bougeait.
Mes yeux devaient refléter l’horreur latente qui s’imposait à mon âme et je tentais d’alerter le bélua de tout ce qui se profilait autour de nous en le fixant de mes prunelles bleutées. J’aurai tellement souhaité qu’il puisse y lire mes fugaces impressions… Peut-être ressentait-il lui aussi le mal-être du lieu ? Je ne savais le dire, et l’ignorance aiguisait ma terreur.
La sérénité des fées se voyait entachée par l’Obscur. Il y avait ici une étincelle maligne, un feu follet maléfique qui se jouait de nous.

Je m’approchais d’Abel. Si je parlais, je prenais le risque d’être entendue par d’autres oreilles, mais si je ne le faisais pas, il me semblait que toute ma volonté s’évaporerait en quelques instants, me réduisant à une simple fillette effrayée par son ombre.

- Il y a quelque chose qui ne va pas du tout. C’est tout proche, c’est partout, ça sait, et ça nous regarde. Je ne sais pas ce que c’est, ni ce que ça veut, mais c’est mauvais, très mauvais.

J’avais chuchoté aussi bas que je le pouvais, mais le son de ma voix avait brisé le silence, et comme quelques gouttes de sang perlent d’une plaie, de légers bruits se faisaient désormais entendre, sans que l’on puisse en identifier la source.
Il n’était pas rare que ce genre d’émotion s’immisce dans mes pensées. Bien souvent, elles surgissaient sans crier gare, sans trouver d’explication rationnelle dans le contexte qui les avait vu naître, et puis elles s’effaçaient aussi promptement qu’elles étaient venues. Aussi avais-je l’habitude de m’alarmer pour rien, mais cette fois, je n’étais pas seule, et je ne voulais pas causer la perte d’autres que moi car je n’avais pas oser parler. C’était à se demander si je ne devenais pas folle, s’il n’y avait pas quelqu’un qui me forçait à subir des pensées et sentiments qui ne m’appartenaient pas, si je n’étais pas qu’une marionnette dans les mains d’un destin trop grand pour mon insignifiance. L’ermite m’avait appris à ne pas paniquer, à respirer et rester calme quand ces interrogations me venaient, mais la crise d’angoisse qu’elles déclenchaient n’était pas si simple à repousser, et je sentis que ma respiration devenait haletante, tandis que quelques visions inattendues venaient m’accabler.


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Mélancolique mélodie (Abel)

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