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 | Sous le regard des Grands Marcheurs [Caleb - Event Juillet]

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Dim 10 Aoû 2014, 23:41

« Tu es pâle. Ton teint est blafard. Fais attention à toi, s'il te plaît. Je doute que ce soit une bonne idée que de partir ainsi à la recherche des rescapés en cette époque troublée. Je sais que tes intentions sont louables et que tu ressens le besoin de tendre la main aux autres toutefois … Ne laisse pas la fatigue t'emporter.» Inquiète, Céleste dévisageait le doux visage de sa fille. Elle était si belle. Certes, elle n'était pas tirée à quatre épingles comme d'ordinaire mais ces charmes naturels la rendaient exquise. Sa peau de lys prenait des nuances d'une blancheur nouvelle. Ses longs cheveux de jais étaient relevés en un chignon tenu par quelques broches, piques et pinces. Elle portait une élégante robe de voiles claires. Doucement, la jeune femme caressait son ventre rond. Une fois de plus, sa grossesse ne se passait pas au mieux. Fragile et lasse, elle tachait de concilier l'intensité de son existence en ces instants lugubres et la prudence qu'elle se devait d'observer pour son bien et celui de son enfant. « Ne te préoccupe pas de moi. Ça va aller. » La Vénus pencha la tête en arrière. La petite brise qui balayait les Terres d'Émeraude glissait sur ses joues blêmes et apaisait son âme tourmentée. « J'ai besoin de répondre à la lettre des Mages. Il y a tant d'hommes, de femmes et d'enfants perdus, qui ne demandent qu'un peu d'aide. De plus … » Elle soupira. « Il devient … primordial que je m'occupe l'esprit.» Céleste, impuissante face aux maux de sa tendre enfant, sentait des larmes traitresses aux frontières de ses yeux bleus. Elle s'approcha en quelques pas hésitants de Lily-Lune et glissa ses mains tremblantes sur son visage.

« Est-ce qu'il y a quelque chose que je puisse faire pour toi ? » - « Non. Je dois me faire aux conséquences de mon mariage. J'entends et je vois tous les secrets de Jun … » Elle ferma les yeux, vacillante. « Il est si vieux et cache en lui tellement d'énigmes. Je n'en peux plus de toutes ses pensées qui tournent et valsent, m'empêchent de dormir. À défaut de repos, je ne tiens pas à rester seule et enfermée. Tu n'es pas obligée de me suivre, maman. Je serai plus tranquille de te savoir à Maëlith.» L'intéressée secoua la tête, sèche et déterminée. « Tu ne pourras me résoudre à te laisser seule. » - « J'aimerai pourtant que tu sois auprès de Juri, Risa et Lorelei. Elles sont si fragiles, ces derniers temps. Dans leur vie et leur cœur, Caleb est leur père. Mon mariage avec un autre les a bouleversé.» - « Je préfère rester avec toi pour l'instant. Sébastian veille sur tes filles. » - « Je ne serai pas seule.» Elle haussa les sourcils. « Vraiment ? » Lily-Lune sourit. « Caleb doit me rejoindre. C'est ensemble que nous allons cherchés ceux qui en ont besoin.» - « Est-ce réellement une bonne idée? » La Reine baissa le regard, contemplant brièvement ses longs ongles peints. « Lui et moi avons encore bien des choses à mettre au clair ; sans compter que je ne peux l'écarter de ma vie bien que nos relations à venir soient très différentes de ce que j'envisageais autrefois. » - « J'espère que ton mari n'en sera pas embarrassé.» - « Je ne le crois pas. Il sait que je ne ferai rien qui entacherait son honneur. » Céleste hésita encore quelques instants avant de souffler : « Sois prudente.»

Lily-Lune scrutait de ses grands yeux noirs l'horizon clair. La silhouette de sa mère s'estompait au loin. La jeune femme soupira en glissant ses doigts dans les quelques mèches libres de sa coiffure. Paupières closes, les mains sur le ventre, elle respira lentement. C'était si dur à supporter. Jun avait vécu tant de choses et connaissait tant de mystères. Ces brides de vie des temps jadis, elle les ressentait au creux de son esprit assailli. Ces milliers de secrets pesaient sur son âme, comme un poids trop lourd à porter qu'elle devait néanmoins accepter. Demeurer seule la dérangeait car en voguant dans son esprit, elle songeait à ces sombres tortures qui lacéraient ses rêves. Alors, lorsqu'elle reçut une lettre des Mages du Lac de la Transparence qui invitait quiconque à porter secours aux fuyards et à les inciter à se rendre au Repère pour mener une vie plus douce, elle ne réfléchit guère. C'était une bonne chose pour les Terres du Yin et du Yang, ainsi qu'un soulagement pour sa conscience. « Hum. » Ses frêles mains tournaient doucement sur son ventre trop gros. Elle avait mal et son état la préoccupait. Éternellement mince, même les grossesses ne déformaient guère son corps, à ceci près que son ventre s'arrondissait. Quelques années auparavant, alors qu'elle était enceinte de Risa, elle n'avait pas eu une ligne si imposante. C'était comme s'il n'y avait pas qu'un seul bébé …

Une fois la pensée chassée, Lily-Lune prit quelques instants pour contempler les plaines des Orines qui s'étendaient à perte de vue. Le vent faisant danser les fleurs de toutes les couleurs et les herbes hautes. Les Terres d'Émeraude étaient vastes, un refuge pour les égarés. La Vénus se doutait que nombre de créatures devaient s'y abriter. Il n'y avait plus qu'à les trouver, seule ou en compagnie de Caleb, si ce dernier daignait pointer le bout de son nez.

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Dim 10 Aoû 2014, 23:42

« Caleb. Est-ce que je peux venir ? » Penchée auprès de moi, Blanche-Lune me contemplait de ses grands yeux sombres, l'air interrogateur. Dans un soupire, je me mis à songer à cette éventualité pour le moins embarrassante. « C'est toi qui ne cesse de me parler de cette femme en me confiant que je dois la rencontrer. Je deviens curieuse.» Assis sur un large fauteuil bleu nuit, je berçais doucement Mélodie qui sommeillait dans mes bras. « Je sais.» lui répondis-je tout bas. « Je crains que le moment soit encore mal choisi, ma belle. » Elle se redressa. « Dis moi en plus, alors. » Je secouais la tête, catégorique. « Je ne préfère pas. » Elle fronça les sourcils, agacée. « Je ne comprends pas.» - « Tout sera clair, bientôt. J'en suis désolée mais je ne tiens pas à t'en dire plus.» Je m'apprêtais à détruire la vie d'une douce jeune fille aux rêves éthérés et à remettre en cause les fondements de l'existence de celle que j'aimais. En marge d'un mal à venir, je ne tenais pas particulièrement à énoncer à haute voix cela. Lors de ma rencontre avec la dénommée Céleste, impoli et insolent que j'étais, j'avais fouillé dans son esprit à la recherche d'une trace de Blanche-Lune. Je m'étais vite rendu compte que pour l'Orine tout comme pour sa fille, la charmante Kaname n'existait pas. Celle-ci d'ailleurs me soutenait que son nom de famille était Symbelmynë. J'entrevoyais dans les Astres et les Étoiles ce qui s'était déroulé des années auparavant. Cela ne serait pas facile à accepter. « Quand aurais-je mes réponses ? » me demanda l'Orine, déçue. « Le plus vite possible. Navrée Lune mais la femme que j'aimerai que tu rencontres n'est pas au mieux de sa forme pour l'heure.» Je me faisais l'effet d'un voyeur. Malgré mes réticences, je ne pouvais m'empêcher de jeter un coup d'œil au fil de la vie de Lily-Lune. Ainsi, je savais qu'elle n'allait pas bien. « Mélodie va-t-elle venir avec toi ? » Je jetais un coup d'œil à ma fille assoupie. « Je ne sais pas. La laisser derrière moi me déchire le cœur à chaque fois mais je ne suis pas certain qu'il soit opportun de la présenter à Lily.» Blanche-Lune tendit les bras. « Alors pars et confie-là moi. » Durant de longues secondes, je demeurais immobile, à la bercer. Ce n'était pas une mauvaise idée dans le sens où bientôt, elle apprendrait que ma fille était sa nièce. « Je reviendrai vite.» - « Prends soin de toi.»

« Quand comptes-tu lui dire la vérité ? » Je soupirai. « Tout le monde n'est pas aussi prompt à détruire en quelques phrases lâchement déblatéré la vie de deux personnes.» L'Ondine haussa les épaules. « J'estime juste qu'elle doit savoir. Qu'elles doivent savoir.» - « Tout comme moi, à ceci près que j'essaie la manière douce plutôt que la cruauté gratuite.» Dans un rire un brin mesquin, la Sirène pencha la tête sur le côté. « Je suis cruelle, moi.» - « Tu n'apprécie ni Lily-Lune ni Blanche-Lune.» - « Ce n'est pas vrai.» - « La première a toujours été une rivale à écarter.» enchainais-je sans prendre garde à ne pas la bousculer. « Tu te méfie de la seconde car tu crains qu'elle m'évoque le fantôme de mon seul amour.» - « Tu n'es qu'un imbécile.» vociféra-t-elle. « Alors jure-moi que tu n'étais pas satisfaite de savoir qu'un autre avait pris ma place lors de mon mariage. Convaincs-moi que tu partageais ma peine. Affirmes que tu aimes Mélodie et que tu ne la méprises pas car elle représente un écart que je n'ai pas désiré avec toi. Promets moi que tu ne cherches pas sans cesse à obtenir autre chose de moi que ce que je veux bien t'offrir. Es-tu réellement mon Alice, ma vieille amie de toujours à qui je confie mes maux, ou bien une femme qui me ment et manipule mes sentiments dans l'espoir d'être à mes côtés ? Cela ne se produira jamais, Alice. Tu n'es pas quelqu'un pour moi et tu ne le seras jamais. J'ai toujours été clair sur notre relation. Libre à toi de comprendre aujourd'hui ce que je m'entête à te répéter depuis des décennies.» Sans crier gare, je pris la liberté de me téléporter, laissant derrière moi des ronces et des roses. Je me demandais vraiment, parfois, comment j'avais pu développer un tel pouvoir.

« Bonjour, Lily-Lune.» murmurais-je tout bas. « Tu es resplendissante.» Oui, elle l'était. Je savais qu'elle devait se trouver laide et grosse car les Orines avaient une certaine idée de la perfection. Malgré le bonheur de la grossesse, elles n'appréciaient guère de voir leur ventre gonfler. Pourtant, la Vénus avait une ligne à toute épreuve. Ses médecins devaient la sermonner comme durant la grossesse de Risa, la sommant de prendre un peu de poids. Elle était ainsi. « Navré d'avoir tardé, je devais régler quelques détails avant de te rejoindre. Comment te portes-tu ? » Je connaissais déjà la réponse mais j'avais besoin d'entendre sa voix. « Merci d'avoir pensé à moi pour t'aider dans cette tâche. Le courrier a encore du mal à parvenir dans ma Cité.» Comme si j'avais besoin de recevoir une lettre pour être au courant des nouvelles de ce monde. Pensif, je contemplais ma belle. Derrière le calme apparent dont je faisais preuve, je bouillonnais. Je ne supportais pas de voir ce qu'il lui avait fait.

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Dim 10 Aoû 2014, 23:42

Lily-Lune sourit. À peine tirée de ces lugubres rêveries, elle peinait à retrouver ses esprits. Tourmentée et vacillante, elle ne fit que contempler le Rehla tout juste arrivé. « Bonjour, Caleb.» répondit-elle de sa voix douce et basse. « Je suis heureuse de te revoir. Ce serait plutôt à moi de te demander comment tu te portes. Je suis ...» Elle s'interrompit pour s'approcher du jeune homme et glisser ses mains sur ses joues froides. Fière. Elle était fière de son amant d'autrefois. Seulement, elle ne parvenait pas à lui dire. « Tu es quelqu'un d'impressionnant, Caleb. Vraiment. J'entends beaucoup de rumeurs à ton sujet, rapportées par les Rehlas de passage dans la région. Le moins qu'on puisse dire est que tu as fais sensation auprès des tiens. Je ne doute pas un seul instant que tu es un grand Roi, et que tu le prouvera.» Elle laissa retomber ses bras le long de son corps. « J'espère que tu m'emmènera voir ta Cité. J'aimerai beaucoup la visiter, contempler de mes yeux tes réalisations.» Après une mince hésitation, l'Orine murmura : « Je pensais que tu aurais emmener ta fille avec toi, cette fois-ci. Qu'importe, nous avons à faire aujourd'hui. Les Terres d'Émeraude sont vastes et je devine que bon nombre de réfugiés ont trouvé abris dans les cavernes ou près des grands arbres des plaines. Ces gens ont besoin d'aide et je ne peux rien pour eux, si ce n'est les envoyer chez les Mages Blancs. Maëlith commence à manquer de place, avec toutes ses Orines égarées qui reviennent à la vie. Sans compter que je ne peux plus assurer la sécurité sur mes terres. Ma magie seul ne me permet pas de veiller sur tous.» Elle soupira. Sa puissance était démesurée. Seulement elle ne pouvait se permettre de trop la déployer. « Trêve de bavardages, rendons nous utiles à notre monde.» Puis elle lui tendit la main, comme si rien n'avait changé, comme s'ils étaient encore des enfants pour lesquels quelques gestes de tendresse étaient banals. « Nous allons devoir nous débrouiller seuls.» ajouta-t-elle avec une pointe d'anxiété dans la voix. « Dame Nature est muette depuis longtemps. Elle ne nous guidera pas. Je suppose que tu n'as pas besoin d'aide pour trouver tous ces gens mais … prend garde. Les Muses et moi-même avons recueilli des Rehlas aux portes de la mort. La Lune se détournait d'eux. N'abuse pas de tes forces.»

Doucement, Lily-Lune tendit un bras, la paume ouverte vers les cieux qui semblaient s'assombrir un peu plus chaque jour. « Une goutte.» souffla-t-elle. « On dirait qu'il va bientôt pleuvoir sur les Terres d'Émeraude. » Elle soupira en écartant du bout des doigts une mèche noir qui tombait devant ses grands yeux sombres. « Les écrits ne mentionnent pas la moindre averse sur ces contrées depuis des millénaires.» C'était une preuve de plus de l'absurdité de cette époque qui n'avait aucun sens, qui n'était que destruction. « Maman maman ! Regarde il y a des gens.» La Vénus posa son regard sur la silhouette maigre et fragile d'une enfant fatiguée qui filait dans un petit bois. On devinait qu'il y a quelques temps, elle avait été une véritable petite poupée choyée. Les fripes qu'elle portait étaient des vestiges d'une robe en satin et en tulle. Ses cheveux étaient de longues boucles blondes, sales et emmêlés. Sous la crasse de ses joues, elle était une petite ravissante. Une femme accourut en un instant pour la prendre dans ses bras, l'air effrayé, les yeux presque exorbités. À la fois curieuse et terrifiée, elle dévisagea les nouveaux arrivés, lorgnant la richesse de leur tenue, le luxe et la prestance qu'ils dégageaient et qui laissaient à penser qu'ils étaient loin d'être dans le besoin. « Que voulez-vous ? » aboya-t-elle en serrant sa fille contre elle. « Êtes-vous seules ? » s'enquit Lily-Lune d'une voix claire, dans un léger sourire apaisant. La femme ne répondit rien, comme envoutée par celle qu'elle voyait mais s'efforçant à la méfiance. « Qu'est-ce que ça peut vous faire ? » répondit la mère en baissant les yeux. « Ne nous rejetez pas, nous sommes là pour vous venir en aide.» - « Ah oui ? Qu'est-ce que vous pouvez faire ? Quel est votre solution miracle à cette situation ? Qu'avez-vous à nous dire, à nous tous ? » Ils arrivèrent par dizaine, pauvres et malheureux, malades et souffrants. Certains semblaient sur le point de mourir. Ils avaient ses yeux éteints de ceux qui ne croyaient plus en rien. « On est là, à essayer de survivre et à compter sur le peu de magie qu'il reste pour que les colosses des terres d'émeraude nous protège. Ce n'est pas une vie mais c'est la seule qu'on nous permet de vivre.»

Ils étaient en colère. Pouvait-on leur en tenir rigueur ? Bien évidemment, non. Lily-Lune, douce et compréhensive comme personne, souriait toujours. « Les grands marcheurs sont ma création.» murmura-t-elle, créant une vague de chuchotis. « Je suis la Vénus et je veux vous aider. » Elle jeta un coup d'œil tendre à son Rehla. Elle ignorait de quelle façon il voulait se présenter. Il secoua la tête, négativement. « Et voici un ami, Caleb.»

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Dim 10 Aoû 2014, 23:43

Ce fut moins compliqué que ce qu'il paraissait. Une fois les présentations faites, le petit groupe nous tendit les bras, comme larmoyants et implorants. Ces gens n'étaient pas méchants, loin de là. Dans la misère et la peur, livrés à eux-mêmes, ils avaient construit une petite communauté nomade pour tenter de survivre du mieux qu'ils puissent. Les charmes et la prestance de Lily-Lune ne tardèrent pas à les séduire. On ne pouvait lui résister. Les frontières tombées, ils étaient prêts à nous écouter. Dans un sourire, je contemplais ma Belle, entourée par des enfants qu'elle occupait en contant quelques histoires. « Alors ? » murmura une voix fébrile. Je tournais les yeux. Les hommes me scrutaient, insistants. Quelques femmes étaient présentes aussi. Je n'en pouvais plus d'entendre les suppliques résonner au creux de leur esprit. Ils attendaient des réponses, des solutions. Je me devais de leur fournir. « Les Magiciens ouvrent les portes du Lac de la Transparence à tous ceux qui le souhaitent. L'endroit est sûr, épargné par les attaques des Ridere. Si vous n'êtes pas hostiles aux Mages Blancs et que vous acceptez de travailler, votre vie n'en sera que plus douce.» - « Travailler ? » s'étonna un Bélua. « Le peuple travaille lui aussi, c'est une condition sine qua non pour gagner de quoi subsister. Les terres sont à labourer, des chantiers voient le jouer pour que de nouvelles maisons soient construites. Si vous ajoutez votre pierre à l'édifice, vous serez les bienvenues.» - « Le Lac de la Transparence … » souffla une jeune femme, pensive et inquiète. « Ce n'est pas à côté. Le voyage sera bien trop long et éprouvant, dangereux et menaçant. Des groupes armés et violents sèment la désolation et nous avons trop d'enfants, de personnes âgées et de souffrants pour ne permettre une telle virée.» - « Pensez-vous réellement que cela ne vaille pas le coup de tenter ? Votre sort ne sera pas plus enviable ici-même. Là-bas, vous aurez une chance de vous en sortir. La Vénus et moi même pouvons aider vos malades, vous fournir quelques matériaux. Néanmoins, après notre départ, tout reviendra comme avant. Au Lac de la Transparence, les Mages Blancs et leur magie vous soigneront pour plus longtemps et vous retrouverez une certaine stabilité.» Des regards s'échangèrent, perdus. « En remontant par la rivière éternité, vous avez toutes vos chances.» ajoutais-je. « Réfléchissez à cette proposition. Je vous laisse discuter entre vous.»

Dans un soupire, je m'assis sur un gros rocher qui bordait un point d'eau. « Pourquoi es-tu malheureux ? » La fillette aux boucles blondes me dévisageait, intriguée. « Je ne le suis pas.» - « Si. Tu as l'air tout triste.» En quelques petits pas, elle s'approcha de moi et s'accroupit près du rivage, dans les hautes herbes. « C'est parce que tu es amoureux de la belle dame ? » Cette petite réflexion innocente et enfantine m'arracha un sourire et un hoquet de rire. « Non. » - « Dis donc, qu'est-ce que tu mens mal ! » - « Je réfléchissais, c'est tout.» - « D'où est-ce que tu viens ? » - « De loin, mais je suis née dans les montagnes. Dhitys ne te manque pas trop ? » Elle parut surprise. « Comment est-ce que tu sais ça ? » - « Je sais beaucoup de choses.» - « Alors … dis moi comment je m'appelle ! » - « Elsa.» - « C'est quoi mon Totem ? » - « Le Panda. » - « C'est trop bien ! Qu'est-ce que tu es, toi ? » - « Hum. Rien de bien intéressant. » - « Qu'est-ce que c'est que ça ? Oh regarde, on dirait une luciole, une fée ! » Une petite boule d'énergie voletait doucement dans les airs. D'une étrange couleur ocre, Elsa ne tarda pas à me dévisager avec suspicion, puisqu'elle avait fait le rapprochement avec les nuances de mes yeux. « Ce n'est pas une fée.» soufflais-je en levant les mains. La boule vint voleter au dessus. « C'est une vilaine petite fugueuse qui n'écoute jamais ce qu'on lui dit.» - « Hein ? » - « Mélodie, reprends forme humaine.» Un nuage de poussières étoilées explosa comme une pluie de confettis, et ma fille, petite blonde aux yeux clairs, tomba dans mes bras dans un rire.

Je soupirai. Pourtant, je n'arrivais pas à effacer le tendre sourire qui ornait mes lèvres. Elsa se mit à rire. « Tu vois : là tu as l'air heureux.» - « Caleb ? » Un petit groupe me regardait, mal à l'aise. « Avez-vous pris une décision ? » - « Oui.» Je le savais déjà, depuis longtemps. Ceci dit, je ne préférais pas brusquer les âmes éreintées, bien moins prompts à la surprise que les enfants comme Elsa. « Nous partons au Lac. C'est la meilleure chose à faire. » - « Cette décision est sage.» - « Allez vous nous accompagner ? » - « Non. La Vénus et moi devons trouver d'autres personnes comme vous. Par contre, il y a de grandes chances pour que nous vous rejoignons plus tard.»

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Dim 10 Aoû 2014, 23:43

« Elle est adorable. » Mélodie riait. Du bout de ses petits doigts, elle caressait les longs cheveux de Lily-Lune qui la tenait dans ses bras, un léger sourire sur ses lèvres rouge comme le sang. « Je suppose que sa croissance est accélérée puisqu'elle n'appartient pas tout à fait à notre monde.» La Vénus savait quand elle était née. Malgré cela, au lieu d'avoir une enfant de neuf ou dix mois dans les bras, elle contemplait une adorable petite qui semblait avoir deux ans. « Laisse-moi deviner … » La jeune femme laissa la Luhminary retrouver la terre ferme, puis elle effleura les couettes maladroites aux pompons approximatifs. « C'est toi qui a tenté de la coiffer.» Elle sourit. Caleb n'avait jamais été doué dans ce domaine. Les rares fois où elle lui avait demandé de faire une malheureuse tresse à Risa, le résultat avait été surprenant pour ne pas dire avant-gardiste. En moins de temps qu'il n'aurait fallu pour le dire, la Reine arrangea la coiffure de la fillette.

Ils marchaient, silencieux et rêveurs. Au loin disparaissaient les barques fragiles et improvisées du petit groupe des bois qui s'en allait chez les Magiciens. Mélodie, joyeuse et insouciante, courait un peu plus loin devant son père. Elle tenait dans l'une de ses mains quelques fleurs des champs, et agrandissant le bouquet au fils de ses trouvailles hasardeuses et de ses goûts de petite fille. « Comment est-ce que cela se passe, avec sa mère ? Je veux dire, cela ne doit pas être facile, autant pour elle, pour toi, que pour Mélodie.» Avec un père terrestre et une mère céleste, la vie ne devait pas être des plus aisées. Une fois, Caleb avait tenté d'expliquer la situation à la jeune femme. L'histoire paraissait tout droit sorti d'un conte de fées tant la romance impossible aurait pu briser les cœurs les plus durs. Jusqu'au récit du Rehla, Lily-Lune ignorait même que les Astres du ciel avaient une forme humaine. Calme et sereine, réfléchie et attentive, nul ne pouvait se douter que la trahison pesait toujours sur le cœur de l'Orine. Cependant, elle comprenait. Elle n'avait pas toujours été facile. Depuis qu'elle était enceinte et mariée à un autre que lui, elle avait bien du mal à continuer à lui tenir rigueur de cet écart. Sans compter qu'elle ne pouvait décemment pas en vouloir à la jolie Mélodie. « En tout cas, elle est vraiment charmante.» - « Papa ! » Perchée dans les hauteurs d'une butte, la fillette pointait du doigt l'horizon, l'air grave. De la fumée noire commençait à s'élever. Elle ne présageait rien de bon.

L'air affligé et désolé, Caleb contemplait les vestiges de ce qui du être autrefois un joli village. Lily-Lune avait une main sur les yeux de Mélodie, qui n'avait pas à voir la moindre bride du spectacle morbide. « Tu le savais.» La Vénus, instruite et protectrice des Rehlas, connaissait les impératifs de cette race. Pour autant, elle n'avait pu apaiser son ton de reproches, cette accusation voilée qu'elle portait à son amour d'autrefois. Comment ne pas se sentir mal à l'aise lorsque l'odeur de bois calciné et de chair brûlée parvenaient au nez ? Des vies avaient été volées, des familles détruites, des récoltes pillées. Dans la peine et les maux, la famine et la peur, certains avaient choisi des méthodes peu recommandables. Les lèvres pincées et le regard sévère, Lily-Lune mit Mélodie dans les bras de son père avant de se diriger vers les ruines embrassées, dans l'espoir de trouver encore quelques âmes à sauver. Ce qu'elle vit lui marquerait sûrement à jamais l'esprit. Il n'existait pas de mots pour décrire l'horreur de la scène. Muette, elle observait en silence la dépouille en cendres d'une femme recroquevillée. C'était les pleurs discrets d'un bébé qui l'avait attiré. Il était sous le cadavre de poussière de sa mère, sous des draps et des draps pour le protéger. « Chut, ça va aller.» Sa gorge était pourtant serrée, le cœur au bord des lèvres. Le nouveau-né n'avait pas l'air d'avoir plus de quelques jours. Accroché à la vie, il s'était débattu pour sa survie. Il était le seul à avoir échappé au massacre. « Il faut le mener aux Magiciens. Je suis persuadée qu'une famille sera ravie de s'en occuper. C'est le mieux pour lui, à présent.» susurra-t-elle en berçant l'enfant. Maëlith n'était pas un cadre idéal de vie pour ceux qui ne naissaient pas Orine. Mieux valait lui donner une existence douce et plus adaptée à ce qu'il pourrait être à l'avenir. Lily-Lune soupira. « Je ne comptais pas prendre le temps de me rendre au Lac. Les Orines ont tellement besoin de moi.» Elle ne précisa pas qu'elle n'était pas spécialement en état pour entreprendre un long voyage.

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Dim 10 Aoû 2014, 23:43

« Je suis désolé.» Phrase tout juste murmurée du bout des lèvres, je ne cessais de la répéter. Paupières closes, Mélodie blottit contre moi, c'était bien la seule chose que je pouvais faire. M'excuser, inlassablement. Évidemment que je savais ce qui allait se passer. Je ne pouvais rien faire contre ce qui était décidé, simple marionnette entre les doigts habiles de Madame Destinée. Lily-Lune me reprochait à demi-mot ce désastre, à moins qu'elle m'en veuille de ne pas l'avoir mis en garde, pour éviter de contempler cette désolation. La vérité était que je ne pouvais rien faire. Nos chemins devaient croiser la route du village délabrée. La Vénus devait sauver l'enfant miraculé. « Papa ? » murmura Mélodie en se redressant légèrement. « Tout va bien.» répondis-je en l'incitant à rester à l'abri dans mes bras. Elle ne devait pas voir. « Lily, partons. Il n'y a plus rien à faire ici.» Je pris sa main libre alors qu'elle berçait le nourrisson d'un bras. « Les assassins ne sont pas loin. Ils ne sont pas nombreux ni spécialement dangereux pour nous. Si tu souhaites régler ce différend à ta manière … » Je la vis, du coup de l'œil, hocher sèchement la tête. « Que comptes-tu faire ? » Elle-même ne devait pas savoir. La seule chose évidente était qu'il fallait les arrêter, d'une manière ou d'une autre. Laissez des meurtriers courir sur les terres des Orines était une chose impensable. Au loin, j'apercevais les Grands Marcheurs des Terres d'Émeraude se lever, pour déambuler lentement à la lisière des bois, prêt à sévir contre les malfaiteurs qu'ils croiseraient. Pour trouver les bourreaux, suivre la piste était aisée. Cavaliers sur des montures chargées, les herbes et les fleurs étaient dévastées à leur passage. Le regard inquiet, je scrutais les grands yeux clairs de ma fille avant de contempler lé bébé qui dormait à présent. Les emmener plus loin serait irresponsable. Les laisser ne l'était pas moins. « Lelahel.» Je savais que la Dragonne n'était pas à des lieux. Elle ne pouvait s'empêcher de me suivre discrètement, dans l'éventualité où j'aurai besoin d'elle, comme c'était le cas en cet instant précis. Quelques instants s'écoulèrent avant que je puisse entendre le bruissement de ses ailes. Elle se posa délicatement auprès de moi, glissant sa gueule sous le bras de Lily-Lune qu'elle connaissait bien. Mélodie, heureuse de voir son amie ailée, courut dans ses pattes. Je pris le bébé des bras de Lily, pour expliquer à ma fille qu'elle devait être sage et rester auprès de Lelahel. Roulée en boule, celle-ci prit littéralement les deux enfants sous son aile.

Une dizaine d'hommes riaient à gorge déployée, triquant avant de boire sans vergogne la bière qu'ils venaient de voler et d'arracher aux maisons calcinés de ceux qu'ils avaient brulé. Malhonnêtes, cruels et heureux, ils comptaient leur butin, rassemblaient le grain et se remémoraient le bon instant de la bataille sanglante qu'ils gagneraient à coup sûr. Armés et violents, comment auraient-ils pu perdre contre de simples paysages malades ? « Comment souhaites-tu les arrêter ? » murmurais-je à la Vénus tandis que nous les observions, tapis dans l'ombre des bois. « Ne tente rien d'inconsidéré. Tu ne peux pas te le permettre.» Je soupirai en reportant mon attention sur les malfrats. « Est-ce que tu as de quoi enfermer ses hommes à Maëlith ? » Elle sourit. « Bien.» Dans ce cas, rien ne m'interdisait de leur faire payer d'une façon particulièrement vicieuse les horreurs qu'ils avaient fait subir à des innocents. Lent et fourbe, je libérai le Spleen, qui alla s'emparer d'eux pour leur faire oublier les joies et les douceurs de l'existence, qu'ils goûtent un instant au malheur qu'ils semaient. Au bout d'un très court moment, ils ressentirent les effets dévastateurs du pouvoir morbide des Rehlas. Tout espoir, la moindre once de bonheur les quitta. Ils laissèrent tomber leur bras, comme si plus rien n'avait d'importance. « Que se passe-t-il ? » lâcha le plus aguerri. « J'ai tellement faim. Rien n'a de saveur. Je veux de la viande. On a qu'à en manger un ! » souffla un autre en désignant d'un hochement de tête une caravane fermée et cadenassée. Depuis quand mon Spleen poussait-il au cannibalisme ? C'était nouveau. « A toi de jouer, Lily.» Mes pouvoirs étaient essentiellement psychiques, mentaux. Si j'avais affaibli leur esprit, je ne pouvais pas faire grand chose de plus sans les inciter à se donner la mort, ce qui n'était pas tout à fait le but.

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Dim 10 Aoû 2014, 23:44

Lily-Lune souriait. Au delà de la femme douce et délicate, reconnue de tous pour sa beauté et son prestige, il y avait la puissante ensorceleuse à la magie démesurée, capable d'ériger ou de détruire en un battement de cils. Nul ne pouvait douter de son caractère embrassée et de ses convictions. Face à d'horribles meurtriers, elle ne pouvait rester de marbre, surtout lorsqu'elle avait été contrainte de contempler leur œuvre lugubre et de tirer un enfant d'à peine un mois des bras de sa mère morte brûlée. Doucement, elle leva les bras, comme pour encercler les hommes dans des fils imaginaires qu'elle traçait du bout des doigts. Puis la nature se déchaina. Des ronces jaillirent de la terre dans un fracas infernal. Les longues et épaisses tiges s'abattirent sur les assassins, pour les enchaîner dans les épines aiguisées qui laceraient sans scrupule la peau et les vêtements. Impuissants après avoir succombé au Spleen, les immobiliser fut facile et la Vénus contempla avec une certaine satisfaction ses proies, pendues dans les airs par la flore en délire. D'un geste de la main, la jeune femme arracha les verrous de la caravane. Une fois les portes ouvertes, elle soupira. « Venez.» murmura-t-elle en tendant une main, un maigre sourire aux lèvres. Trois jeunes filles et quatre hommes aux muscles assez impressionnants s'entassaient dans un minuscule et insalubre espace. Les regards hésitants et inquiets étaient à s'en fendre le cœur. « N'ayez crainte, sortez.» Une fille se jeta presque dans ses bras. Il devait s'agir de quelques villageois, choisis sur on ne sait trop quel critère, épargnés pour une raison qu'il valait mieux ignorer. « Ne vous préoccupez pas d'eux, suivez-moi.» glissa-t-elle aux malheureux alors qu'ils regardaient, surpris, leur bourreaux se débattre avec des épines. « Est-ce que vous êtes passés à notre village ? » demanda d'une voix faible l'un deux. Les bras croisés, la mine basse, il ne semblait pas certain de vouloir entendre la réponse. « Oui.» consentit-elle après s'être mordue les lèvres, embarrassée, le souvenir hantant encore son esprit comme un cauchemar éternel. « Il n'y a aucun survivant, n'est-ce pas. Il n'y a plus rien.» Elle secoua doucement la tête. « Mais nous avons retrouvé un nourrisson que sa mère a du protéger jusqu'à la fin. Nous comptons le mener aux Magiciens.» - « Les Magiciens ? Pourquoi eux ? » - « Ils offrent refuge à ceux qui le demande. Vous aussi, vous pouvez rejoindre le Lac de la Transparence. Vous serez les bienvenues.» - « Je … » Mal à l'aise, l'homme se gratta la gorge. « Qu'est-ce qu'on ferra là-bas … » - « Vous construirez une nouvelle vie pour un nouveau départ. Il n'y a plus rien pour vous dans les terres d'émeraude. Je le regrette. Ne restez pas ainsi.» - « Oui … Je pense que c'est mieux. Mais … je pense qu'il faudrait qu'on aille … enterrer nos morts.» - « Ne pensez pas à cela. Ça sera fait.» - « Oui.» - « Vraiment ? » - « Vous avez ma parole.»

Lily-Lune soupira. Au loin, les trois jeunes filles esquissaient un geste de la main. L'une d'entre elles s'occupaient de l'enfant nouveau-né, qu'elle devait confier aux Mages pour la suite. « J'espère que tout se passera bien pour eux.» Elle tourna les talons. « Quant à vous.» dit-elle plus fort, d'une voix de Reine. « Votre comportement n'est pas tolérable. Le trouble de cette époque ne permet pas tous les écarts. Vous serez maintenu à Maëlith le temps que votre sort soit scellé.» Les ronces s'en retournèrent dans la terre aussi vite qu'elles étaient venues, laissant tomber la petite dizaine d'individus qui pestèrent. Ils esquissèrent un mouvement de rebellion, voulurent se relever et attaquer l'Orine et le Rehla. La Vénus sourit. Elle n'eut rien à faire si ce n'est invoquer sa magie pour manipuler le métal, qui ne manquait pas dans le campement improvisé des malfrats. Avant qu'ils puissent comprendre ce qu'ils leur arrivaient, ils étaient pieds et poings liés. « Je ne vous conseille pas de tenter quoique ce soit d'inconsidéré. Ma patience a des limites et celle-ci est déjà bien entamée par vos faits que j'ai pu contempler.» - « Pour qui tu te prends, sale garce.» - « Pour quelqu'un qui ne s'abaissera jamais à votre niveau.» - « Et qui nous jugeras ? La garce en chef de Maëlith ? » - « C'est moi, la garce en chef. À présent silence, je ne tiens pas à vous entendre une seconde de plus.» Le métal se tordit à nouveau pour faire un bâillon d'acier à ceux qui le méritaient.

Lily-Lune s'appuya contre un arbre, les mains délicatement posées sur son ventre. « Je sais très bien de quelle façon tu me regardes Caleb. Je vais bien. Je suis simplement … fatiguée.» Il était temps de rentrer. Sur la route, la Vénus ne put s'empêcher de faire quelques détours, pour dénicher quelques personnes qu'elle persuada de rejoindre le Lac de la Transparence.

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Dim 10 Aoû 2014, 23:44

« Non, c'est vrai que ce n'est pas toujours évident. » répondis-je à Lily-Lune qui m'avait de nouveau interrogé sur ma fille, qui dormait paisiblement dans mes bras alors que nous rentrions à Maëlith. « Elle n'appartient pas tout à fait à nos terres. Bien qu'encore enfant, je vois dans son esprit qu'elle ne pense pas tout à fait comme une habitante normale de ce monde. Elle est fille du ciel, son esprit n'est pas vraiment conne le nôtre. Elle assimile des notions très complexes avec une facilité déconcertante tandis que d'autres thèmes lui paraissent abstraits, incompréhensibles. Les conflits raciaux, la mort … Ces choses-là n'existent pas telles quelles, là-haut. Bien qu'elle ait le don de rester aussi bien ici que dans le plan céleste, elle ne voyage pas encore. Ça l'effraie, elle n'arrive pas à saisir pourquoi je ne peux pas l'accompagner. Rêve, quant à elle, a été sévèrement réprimandée de son comportement. Elle a déserté sa place durant des nuits et des nuits. Elle m'a laissé Mélodie peu de temps après sa naissance et ne l'a encore jamais revu. Je sais qu'elle veille sur elle, mais Mélodie a besoin d'une mère. Elle entend beaucoup parler de toi, lorsque Risa, Juri et Lorelei viennent me voir, par les filles qui te connaissent. Elle veut que tu sois sa mère, comme ses sœurs. La situation est souvent délicate. J'en parle souvent avec Rêve. Elle est beaucoup peinée mais ne peut rien faire pour l'heure. Lorsqu'elle parle à Mélodie le soir ou durant ses songe, la petite pense que ce n'est pas vrai et elle en veut à Rêve d'être absente, et t'as choisi toi.» Je lâchai un bref soupire. « Si elle pourrait comprendre mes explications sans problème, elle les rejette car elles ne lui conviennent pas. Souvent, elle me répète qu'elle n'a besoin que de moi, qu'elle ne veut pas d'une maman, qu'elle a suffisamment de sœurs, de filles à ses côtés, ou qu'elle te veut toi.» - « Papa ! » Juri entra en trombes dans le salon, heureuse d'y trouver son père et sa mère. Elle souriait, du moins, avant de voir Mélodie qui gigotait dans mes bras et que je m'évertuais à calmer pour qu'elle continue à dormir. « Désolée.» ajouta-t-elle plus bas, les joues rouges. Risa ne tarda pas à pointer le bout de son nez, Lorelei sur les talons. Sébastian me gratifia d'un regard d'acier avant de m'ignorer le reste de la soirée, que je passais au Manoir Araé.

« Merci pour tout Lily.» Anxieux, je contemplais ses grands noirs et pourtant si clairs. Le cœur battant, je lui murmurai : « Je reviendrai bientôt te voir. J'ai envie de te faire visiter ma Cité. Il y a aussi du monde que je dois te faire rencontrer.» Mes pensées s'envolèrent pour Blanche-Lune. D'un regard, la Vénus saurait, et son monde s'écroulerait. Les deux sœurs ne pouvaient pas se renier tant elles se ressemblaient. Pourtant, elles n'étaient pas de véritables jumelles, liées par l'âme. Elles étaient distinctes et c'était bien ça qui avait joué lors de leur naissance. « Ah oui ? » me souffla ma douce Orine, intriguée aussi bien par mes paroles que par mon expression peinée. « Tu en sauras plus en temps et en heure.» - « Est-ce que tout va bien ? Tu es pâle. Terne comme du sable. » - « Ne t'inquiète pas pour moi. Je réfléchis un peu trop.» - « Si quelque chose n'allait pas, tu me le dirais ? » La question me laissa interdit et je contemplais l'Orine. Un sourire finit par étirer mes lèvres blêmes. « Évidemment.» Je dus avoir l'air sincère, car elle me crut. Par tous les Aetheri, voilà que j'étais en menteur. J'ai toujours su que je n'étais pas quelqu'un de bien. Chaque jour, je m'étonnais de tomber encore plus bas. Mélodie blottit contre moi, je me téléportais au Continent Mystérieux. « Caleb ! » hurla presque Kaname, réveillant ma fille. « Elle est avec toi.» Le soulagement se lisait sur ses traits. « J'étais morte d'inquiétude. Alors comment est-ce que ça s'est passé ? » Sa voix mourut lorsqu'elle vit mon expression. « Est-ce que tout va bien ? » - « Je suis fatigué. » Mon ton laissait à penser que mon épuisement n'avait rien de physique. « Je vais sortir un peu. Est-ce que tu peux la remettre dans son berceau ? » - « Bien sûr.»

Allongé dans les herbes rouges de Lua Eyael, je scrutais les cieux. Ce n'était pas la fin. J'étais bien placé pour le savoir. Dans un soupire, je fermais les yeux. La suite promettait d'être … surprenante.

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