Le chaman regagna vite une ruelle sombre pour se cacher  et reprendre son souffle, relâchant sa concentration ses deux esprits redevinrent visibles. Alors que Krayn arborait un sourire satisfait, Arella semblait très contrariée et ne manqua pas de le faire savoir.

-Comment avez-vous pu ? Comment avez-vous osez tuer ses hommes ?

L’esprit belliqueux ricana, visiblement amusé de la réaction de l’esprit angélique.

-Je n’ai tué personne, que racontes-tu là ?

Puis comprenant ce qu’il s’était passé il se tourna vers Krayn le pointant d’un doigt accusateur.

-Toi ! C’est toi qui as fait ça !

L’esprit ne répondit pas mais arborait toujours le même air satisfait et méprisant. Le chaman était à la fois effrayé et en colère. S’il ne se souvenait même pas de ce qu’il avait fait, c’était que l’esprit avait pris le contrôle total. Mais comment ? Il avait la certitude de savoir le maîtriser de mieux en mieux, il devait donc forcément y avoir une explication. Et il finit par mettre le doigt dessus tandis qu’Arella comprenait peu à peu ce qui avait du ce passer. L’utilisation de la magie noire avait du créer une faille en lui. L’utilisation de cette force maléfique avait permis à la conscience de Krayn de prendre le pas sur la sienne. Il pensait qu’il ferait mieux de ne plus l’utiliser, pourtant, il ne voulait pas céder du terrain face à l’esprit. Ne plus utiliser la magie noire serait comme lui concéder une victoire, il ne pouvait se le permettre.

-Nous verrons ça plus tard. Ce qui est fait est fait, allons rendre ce bijou à son propriétaire et quitter cette ville qui m’aura assez causé d’ennuis comme ça.

C’est alors qu’ils se remettaient en route que l’esprit du vieillard se manifesta. Il avait visiblement suivit le chaman.

-Je ne sais plus trop à qui je dois ma vengeance mais c’est le corps qui agit alors je suppose que je doive adresser mes remerciements au chaman.

-Plutôt que des remerciements, vous pourriez me conduire à la bijouterie, histoire que je ne me perde pas en chemin ?

-Bien entendu !

Le groupe marcha en silence, chacun se remettant de ses émotions. Seul le vieux parlait, ou plutôt radotait mais aucun ne l’écoutait. Ils atteignirent la boutique  alors que les premières lueurs de l’aube commençaient à éclairer la ville. Le chaman ouvrit la porte qu’il s’étonna de ne pas trouver fermée et entra. Il se racla bruyamment la gorge et le tenant du magasin sortit de la pièce du fond tout comme la première fois.

-Hum oui, que puis-je pour vous ?

Le chaman posa le diadème sur le comptoir puis laissa sa main ouverte à côté.

-Je viens chercher la récompense que vous m’avez promise. Et tant qu’on y est, vous conseiller de fermer votre porte la nuit, juste pour ne pas trop facilité la vie aux éventuels cambrioleurs…

L’homme ne releva pas la remarque se contentant de lui donner la récompense avec un air honteux.

-Et merci encore.

-Hum.

Et le chaman ressortit de la boutique, oubliant toute envie de trouver une chambre ou de quoi se restaurer. L'esprit qu'il avait vengé n'était plus là mais il ne s'attarda pas longtemps que la question. Il comptait bien sortir le plus vite possible de la ville et chasserait pour se nourrir. De toute façon, il n’était plus d’humeur à supporter la civilisation, la vie sauvage lui conviendrait mieux pendant quelques jours.