« L'important ce n'est pas de croire, mais de comprendre quel a été le contexte qui a forgé cette croyance. La croyance en un peuple, la croyance en un roi, la croyance en un dieu. Ces jours de coupe des nations resteront marqués à jamais dans les esprits car, en cette période, des individus ont décidé de se battre pour ce en quoi ils croient, pas en mêlant la haine à la destruction mais en mélangeant la dignité à la compétition. Croyez, car ce sont vos croyances, vos espoirs, votre foie qui vous poussera à avancer. ».

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Dans le cœur d'Utopia, les habitants ne cessaient de gesticuler. Il n'y avait rien à préparer car le lieu avait été habillé par les divinités elles-mêmes, usant de leur magie pour le rendre inoubliable. Et, outre la décoration, un point important avait été modifié : l'effet anti-magique de la ville n'était plus que de l'histoire ancienne. A la place, et également pour rappeler ce qui s'était produit peu de temps avant sur les terres du Yin et du Yang, les aetheri avaient entendu faire une offrande aux Mortels. Une offrande de courte durée, certes, mais qui, selon eux, pourrait avoir bien des conséquences. L'on dit qu'un dieu ne donne jamais rien de bon ou de mauvais, que seule l'interprétation de ce don compte. Peut-être était-ce exact à cet instant précis ? Quoi qu'il en soit, point de faute de goût possible quant à l'environnement de la fête puisque celui-ci changeait selon l'individu qui pénétrait les lieux, se modifiant à la venue d'un nouvel invité pour donner un mixe entre les essences. Ainsi, une femme qui s'isolerait avec un homme dans un bâtiment verrait le décor de leurs sentiments, verrait le décor du mélange de leur essence. Amour, haine, l'un ou l'autre ne sont que plus magnifiques à représenter. Et, entre nous, si les habitants d'Utopia gesticulaient ici et là, ce n'était que pour essayer de repérer, dans la foule, les dieux. Car un dieu n'a pas de corps défini, il peut se mouvoir, changer, devenir objet, animal ou Homme, peut rester invisible. Alors oui, la question était, à ce moment là, de savoir où se cachaient les divinités.

Peu importe le décor perçu, il y avait pourtant quelque chose qui ne bougeait pas, quelque chose de spécial. En effet, cinq pylônes s'élevaient jusqu'au dôme protecteur de la cité, cinq pylônes sur lesquels étaient attachés des sphères magiques qui permettaient de contempler d'autres endroits du monde : ceux où aurait lieu la coupe des nations. Ainsi, de loin, chaque invité pourrait admirer les prouesses des champions et, les champions, une fois leurs merveilles accomplies, auraient la possibilité d'observer la concurrence un verre à la main. Mais, pour revenir à l'offrande des dieux, elle n'était pas banal car chaque invité changerait en entrant dans Utopia pour prendre l'apparence de ce qu'il serait dans le futur. Une possibilité, une possibilité qui ne serait sans doute pas la réalité, mais qui en était une parmi les autres, la plus probable. Outre cette apparence, ce serait également la puissance de ce « moi futur » que l'individu obtiendrait. Une vision du futur, brève, probable, pour tous, à l'exception de ceux qui seraient destinés à monter dans les plus hautes sphères du monde, dans la sphère de ceux qui étaient tout et rien à la fois, la sphère des Aetheri. Pour ceux-là, rien ne se produirait. Bien sûr, il y aurait sans doute des surprises tout au long de la soirée, mais, pour le moment, la découverte première serait bien assez surprenante.

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Faire la guerre aux Aetheri n'était sans doute pas aisé et, pourtant, c'était ce qu'elle avait décidé d'accomplir. Rester passive, à attendre que des individus croient en elle, à attendre que certains grands disparus refassent leur apparition n'était pas ce qu'elle désirait. Pourtant, elle était là, parmi les siens, marchant dans la ville qui était, en quelque sorte, sienne. Tenant Violette par la main, elle aurait pu lui raconter que cet endroit était de son fait. L'adulte qui avait été reine des humains, maintenant redevenue enfant, ne se doutait de rien. Mitsuko passa devant les statues, celles de ceux qui avaient contribué à ce chef d’œuvre et sourit en y voyant la tête de deux des membres de la famille Taiji. Marquer l'histoire, voilà ce qui avait toujours été le propre de sa lignée et, pourtant, lorsqu'elle se regardait aujourd'hui, elle ne souhaitait qu'une chose : redevenir la plus faible des créatures, la plus faible mais également la plus forte. Elle voulait redevenir humaine. Mais, avant, elle avait une vengeance à accomplir contre les dieux ou, plutôt, une certaine forme de justice. Violette avait décidé de représenter les humains et, même s'il lui semblait que l'enfant n'était pas prête, la jeune femme respectait ses choix. On ne devient grand qu'en ayant la force d'avancer. Elle avait elle-même longtemps été perdue, ne trouvant comme seule consolation à son état que la présence de son époux à ses côtés. Mais, à présent, elle avait un objectif, un objectif dangereux qui l'électrisait bien plus que cet état de toute puissance. Ces jeux allaient sans doute être amusants. Elle avait hésité à participer, à prendre partie pour une race mais, au final, peu lui importait. Elle ne voyait plus les individus comme classés en catégories mais comme faisant partie d'un même tout. Tout était contradictoire dans sa tête, paradoxale, tellement qu'elle avait décidé de rester neutre. Afin de montrer cette neutralité, elle avait revêtu le corps qui était le sien lorsqu'elle était esprit de la mort, un état qui lui avait convenu à bien des égards.

Déroulement:

« Tiens donc, un Jun en liberté qui s'invite sous les traits de son double dans une foule qui le découperait bien en morceau si elle savait... ». Je ne bougeais plus depuis que j'avais passé les frontières d'Utopia, attiré par un changement qui était totalement inexistant. J'avais fait quelques pas considérable dans la recherche de mon passé et, curieusement, dès que j'avais franchi le mur invisible qui aurait dû me priver de tous mes pouvoirs, la seule chose dont je fus privé fut cet horrible gamin qui me suivait tout le temps en me demandant des explications sur sa mort. Hormis cela, rien n'avait changé chez moi, j'étais toujours identique à ce que j'étais il y avait quelques secondes. Mes cheveux étaient bleus cela dit et j'avais pris une apparence un peu plus légère pour ressembler à Naram. Il avait disparu et cette disparition m'énervait. Cela dit, elle arrangeait également mes affaires dans un sens. Nous étions semblables, nos essences l'étaient également, notre prestance, notre puissance, autant dire que l'un absent, l'autre pouvait aisément le remplacer. Et, justement, puisque je ne pouvais apparaître sous ma réelle identité dans une foule si compacte, autant en profiter pour troquer mon identité contre celle du précédent Mârid. Génie à mon tour, même les étoiles n'auraient pu murmurer la vérité. Je m'étais donc avancé d'un pas léger parmi les invités, attirant l'attention de ceux qui savaient que Naram n'avait plus donné trace de vie. Seulement, personne n'osait me poser la moindre question, comme si j'étais inaccessible, bien trop haut pour qu'ils puissent s'y risquer. Je n'avais jamais vu mon double exercer en tant que Mârid et, pour tout dire, je ne l'avais pas croisé beaucoup mais me mettre dans sa peau m'en apprenait un peu plus sur lui. Je me sentais légèrement malicieux aussi, je devais l'avouer. Mais peu importait, mon plaisir avait été coupé par l'arrivée de William, l'esprit du temple qui semblait ne point pouvoir se passer de moi. Son désir malsain de venir me déranger en devenant inacceptable et il avait de la chance d'être passé au rang des immortels car, sinon, je l'aurai déjà probablement envoyé dans l'autre monde. Cependant, chose non énervante, il pourrait sans doute me renseigner sur mon absence de changement de puissance. Je finis donc par émettre un son entre le rire et le mécontentement, un son bref. « Je ne vois pas de quoi tu parles William. Je suis Naram et je m'étonne que tes capacités divines ne te donnent pas les moyens de savoir la vérité. ». Mon ton était sarcastique, tout comme l'avaient été ses murmures dans mon oreille. « Oui, certes, où avais-je la tête ? ». La situation semblait l'amuser. « Il est vrai que tu as toujours souhaité représenter les elfes à la coupe des nations. ». J'avais conscience que cela ne serait sans doute pas un choix qu'aurait fait mon véritable double. Seulement, justement, il était difficile de savoir le fond de sa pensée et quel plan pouvait se cacher derrière une action qui semblait dénoter des habitudes de l'homme.

Je souris en pensant à Naram. J'avais autant envie de le tuer que de le remercier pour l'occasion qu'il me donnait de pouvoir apparaître ainsi en société. Me battre pour les elfes, certes, ce n'était pas une chose que j'aurai accompli il y a peu mais, j'avais une dette envers une elfe en particulier. La dette n'était réelle que dans mon esprit mais je voulais le faire, gagner pour sa race. Svana n'aurait certainement pas approuvé un tel comportement mais, après tout, aujourd'hui, j'étais Naram. « Pourquoi ma puissance ne change-t-elle pas comme annoncé par les tiens ? ». William jubilait de ma question et, pour toute réponse, il se contenta de disparaître en souriant mystérieusement.

Spoiler:

Robe et diadème:

Résumé:

Entouré des gueux qui n'osaient m'adresser la parole pour des raisons d'indifférence ou de peur, je finis par fermer les yeux un instant, déjà las de cette foule de laquelle rien d'intéressant ne semblait émerger. Je savais que Ritournelle participait aux épreuves mais je doutais de la croiser ici. Surtout, je ne souhaitais pas lui adresser la parole ici. Ici, en public. Naram  n'aurait aucune raison de converser avec elle et sa disparition avait trop attisé la curiosité pour que je puisse me permettre de discuter avec l'elfe. Elle serait sans doute questionnée dès mon départ et la mettre dans une situation inconfortable ne me plaisait guère. Et, pourtant, alors que mes pensées voguaient lentement vers elle, je sentis quelque chose qui me fit immédiatement ouvrir les yeux. Cette chose, je l'aurai reconnu entre mille, cette aura qui appartenait à ma femme. Allait-elle entrer dans une rage sans pareille en me voyant ici, en parfaite santé, apte à la retrouver ? Je ne le pensais pas. Son éducation était trop bonne pour qu'elle se permette ce genre de fantaisie, pour qu'elle se permette également de mettre à nu mon déguisement. Si elle le faisait, c'était moi qui risquait d'entrer dans un état de colère certain. M'avait-elle déjà vu hors de moi ? Je finis par respirer lentement, du moins, faire semblant de respirer lentement. Les génies n'avaient guère besoin de cela, ce n'était que fioriture mais, tout comme les aetheri, il fallait bien paraître un tantinet normal. Du moins, je le pensais et puis, il n'y avait pas que cela. En effet, je n'étais pas encore habitué à ce statut, un statut que je détestais, et les souvenirs de ma vie de non éternel, de sorcier, marquaient mon comportement. Avant, je respirai et il me semblait vital de le faire, même dans ce nouvel état. Seulement, quand Svana passa à côté de moi, je retins ma respiration malgré moi, comme si j'attendais que quelque chose se produise. Quoi ? Je ne le savais pas mais peu importait, j'étais certain qu'elle ne serait pas dupe, notre mariage avait tissé un lien entre nous qui omettait qu'elle puisse voir en moi mon double. J'étais près à engager la conversation si elle le demandait car, après tout, même si je me préoccupais bien plus de mon état que de l'état du monde, je savais qu'elle était reine. Naram était certes un roi déchu mais sa présence à Drosera avait été remarqué jadis et cela n'étonnerait personne qu'il puisse échanger avec elle. Néanmoins, ma chère et tendre épouse préféra passer à mes côtés sans un regard. Bien, nous aurions le temps d'éclaircir la situation plus tard. Peut-être pas aujourd'hui puisque j'étais préoccupé par autre chose, mais il se pouvait que je décide de lui rendre visite un jour. Après tout, elle était aussi immortelle que je l'étais alors attendre un peu n'était guère dramatique. Étais-je un homme sans cœur et dénué de tendresse ? La question devrait hélas rester sans réponse car, à peine mes pensées sur cette dernière entamées qu'un autre événement me tira vers la réalité.

Vanille. Une femme qui paraissait être la douceur et la pureté incarnées. Cela dit, j'en connaissais une autre qui, comme elle, donnait encore et toujours cette impression sans que rien n'en soit. Je restai un instant sans qu'aucune expression vienne troubler mon visage, l'admirant, elle ainsi que les deux jeunes femmes qui l'accompagnaient. Je ne les avais jamais vu et, hormis la ressemblance que je pouvais noter avec la dame des abysses, il ne me semblait pas qu'elles aient une très grande importance. Peut-être me trompais-je mais si tel était le cas, ma charmante collaboratrice me le ferait savoir. Elle ne semblait pas être convaincue par mon identité et, à vrai dire, cela me réjouissait. Je savais qu'elle était aussi femme de confiance qu'une plante carnivore est sécurisante mais mon instinct me dictait de ne pas lui cacher la vérité. Sans réellement regarder les compagnes de Vanille, je dis d'une voix neutre : « Enchanté. » avant de m'approcher de cette dernière. Une fois à quelques centimètres d'elle, je me penchai pour atteindre son oreille. Je souris, lui murmurant doucement. « Pour connaître la vérité, il faut d'abord savoir ce qui est mensonge et, au risque de vous déplaire, je ne suis pas votre cher génie. Cependant, je suis un génie, la partie face de la pièce. A moins que je ne sois le côté pile ? Tout dépend des fonctions que vous nous donnez à lui et à moi, tout dépend ce qui motivera notre conversation. ». Je m'éloignai doucement, fixant mes yeux dans ceux de la Dame, l'admirant avant de lui dire d'un ton plus haut, comme si nous étions seulement de vieilles connaissances et que les politesses exigées par les usages étaient en train de se réaliser. Je la tutoyais pour la forme, tout comme elle l'avait fait à mon égard. « Je suis heureux de te revoir, quoi qu'il en soit, et peu importe tes pensées sur mon choix. ». Je baissais la voix. « J'ai hélas des raisons plutôt inavouables d'avoir choisi de représenter cette race. Mais qui sait, peut-être les partagerai-je avec toi plus tard ? ». Je souris, espérant que la raison en question n'apparaîtrait pas ici. Vanille était habile et si nous avions collaboré ensembles, je doutais qu'elle soit aussi impuissante que moi sur mes récentes activités. J'avais envie de tuer Ritournelle, je ne pouvais m'en cacher, mais j'en étais incapable. Si elle choisissait de m'aider à me débarrasser de la chose qui entravait le mal en moi, je pouvais être certain que l'elfe ne survivrait guère longtemps. Pourtant, si quelqu'un devait la tuer, ce serait moi, sans qu'elle ne souffre. « Peut-être pourrais-tu me donner des informations ? Après tout, les nouvelles du monde me sont plutôt étrangères, même si je préférerai avoir simplement des tiennes. ». Je regardai un instant les deux autres femmes. Qu'est ce que la sirène mijotait encore ? J'espérai que cela soit intéressant.

Spoiler: