Emivia lui fit juste un signe affirmatif de la tête, lui indiquant qu’elle allait prendre place dans la suite. Le minou sur ses talons, elle grimpa les marches calmement, l’air pensif. « Ce serait tout de même dommage de gâcher ce je-ne-sais-quoi… ». Son esprit semblait tourmenté par le jeune homme fort séduisant. Elle le sentait différent de ceux qu’elle avait pu rencontrer mais avait du mal à se résoudre de rester auprès de lui s’il n’était intéressé que par son corps. « Comment pourrait-il savoir ce que je vaux en si peu de temps ?… ». Elle finit par atteindre le dernier étage et longea le couloir à la recherche du numéro 415. Elle s’arrêta devant la porte puis se tourna pour faire face à son petit félin. Celui-ci se frotta contre ses jambes en ronronnant. Elle s’accroupit pour lui offrir quelques gratouilles.
- Soit sage mon minou… Tu peux aller te balader si le cœur t’en dit…

La petite bête miaula puis avança et se dandina dans le couloir, bien content de pouvoir aiguiser une nouvelle fois sa curiosité et son art pour la chasse. La demoiselle se redressa, ouvrit la porte et pénétra dans le petit hall. Elle accrocha sa cape sur le porte manteau mural, referma le verrou puis avança à l’intérieur. Une grande pièce, agencée avec beaucoup de goût, s’offrit à ses yeux brillants d’admiration. Un lit immense, appuyé contre le mur de gauche, qui pouvait aisément accueillir trois personnes. « Alors là, pour du luxueux… Wow c’est magnifique… ». Elle détacha la ceinture de son katana et posa l’arme délicatement sur la petite table à droite. De jolis rideaux encore fermés ornaient la fenêtre, qu’elle n’ouvrit pas. Elle retira ensuite sa dague double lame de son dos et la déposa à côté de son sabre.

Quelqu’un tapa à la porte. Ce devait être Ethan. Elle accourut afin d’ouvrir et le laissait entrer, toute souriante. Elle fit ensuite demi tour et alla s’assoir sur le lit afin d’attendre qu’il fasse la visite de cette somptueuse chambre. Elle frissonna au contact de ses doigts sur ses cuisses, le suivant du regard. Lorsqu’il ouvrit les rideaux, elle se pencha légèrement en arrière et posa ses mains sur le lit derrière elle, croisant ses jambes.

- Tentons la chance... la beauté de tes traits font de toi une perle dont le visage restera magnifique et trompeur sur son âge. Mais tu as quelques chose de spécial alors je dirais 26 ans.

Ses joues s’empourprèrent légèrement et son sourire se fit plus timide. « C’est mignon… Un romantique ou un vil dragueur ?... » Elle se mit à rire doucement.

- Et bien, tu dois être un sacré chanceux… Tu as visé juste… Je dirai que toi, en revanche, tu en as 24.

A présent, c’était pour elle une certitude. Elle attendrait qu’il confirme mais ne voyait pas comment il pourrait en être autrement, au vue de sa première proposition. Le voyant détourner le regard comme s’il cherchait quelque chose, la jeune femme en profita pour se redresser puis se lever. Elle s’approcha lentement de lui, bien décidée à gouter à nouveau ses lèvres qu’elle avait trouvées fort agréables.

- Ton chaton ne t'avait pas suivi ?

Elle posa ses mains délicatement sur son torse pour les remonta jusqu’à ses épaules, déviant ensuite vers son cou tout en s’approchant lentement de lui.

- Si… Mais il préfère se balader et partir en chasse lorsque je suis occupée… Il est… très jaloux et très… protecteur…

« Possessif et hargneux seraient des termes plus appropriés… » Elle lui sourit puis pencha légèrement la tête afin d’aller frôler les lèvres du jeune homme un court instant. Le baiser se fit tout d’abord délicat puis plus tendre pour virer à une danse de leurs langues très sensuelles. Elle glissa une main jusqu’à la nuque d’Ethan tout en douceur tandis que l’autre parcourait à nouveau le torse puis le ventre, le flanc et finir sur les reins à la limite des fesses. Elle soupira autant de bien être que d’envie. « Il me fait un effet… étrange… celui là… ». Il l’attirait, fait indéniable, mais quelque chose lui disait de se retenir un peu, de prendre le temps de la découverte. Ce qu’elle ne faisait jamais d’habitude, évidemment. Elle savoura encore un peu puis recula lentement en souriant.
Ce fut d’une voix douce et amicale qu’elle reprit la conversation.

- De quoi exactement voudrais tu que nous parlions concernant mon futur… voyage? Je vais être franche… « doucement quand même… ». J’apprécie ta proposition de me servir de guide sur le continent dévasté mais… je… murmure en baissant la tête. j’espère ne pas te froisser en disant cela… je ne sais pas trop si je peux… si je peux vraiment te faire confiance. Je ne suis pas une femme comme les autres, je suis… « Aie… Réfléchit bien à ce que tu vas dire… » spéciale… « Ouai, ça, ça devrait passer… ».

On toqua à la porte. Son visage changea et marqua la surprise puis elle haussa un sourcil.
- Tu as invité quelqu’un ?
Le jeune homme lui indiqua un non de la tête. « C’est peut être Amélia… » Une petite voix féminine familière à ses oreilles se fit entendre dans le couloir.
- Service d’étages, ouvrez…
« Service d’étage? Oh oui ! Le petit verre de bienvenue, j’avais oublié… »
- J’arrive.
La demoiselle sourit à son compagnon puis se dirigea vers la porte qu’elle ouvrit doucement. Son visage se décomposa.
- Thérésa ? Qu’est ce que tu fais ici ?...
- Emi… Je suis désolée…
Un homme, très moche, apparut à côté d’elle, sourire maléfique aux lèvres. « C’est qui ce gus ?... ». Thérésa était une amie de la demoiselle. Elle était d’une gentillesse inégalable, d’une beauté sans pareille et intelligente à souhait. Seul hic, elle était une simple humaine et à vrai dire un peu chétive. Elles s’étaient rencontrées un soir aux abords du parc. Emivia avait fait fuir un voleur de bas étage qui s’en prenait à elle. Depuis, de temps à autre, elles buvaient un coup ensemble.

- Qu’est ce qui se passe Thérésa? Est-ce que ça va ?
-J'ai peur...
- Recule s*lope !
- Quoi ?!
Il prit la blondinette à la gorge, la menaçant d’une dague.
- Recule, je t’ai dit ! Ou je la saigne comme une dinde !
- Non non ! Ne lui faites pas de mal ! C’est bon, je recule !
Emivia recula dans la chambre, ne quittant pas des yeux son agresseur. La colère commençait à la gagner et elle faisait tout pour la refouler. L’intrus fit claquer la porte de son pied.
- Laissez la partir maintenant, je ferais ce que vous voulez…

Il desserra son étreinte, la fit tourner afin qu’elle lui fasse face puis enfonça sa dague dans son thorax, atteignant un poumon. La jeune blonde suffoqua et son corps s’affala sur le sol, poussé de côté par l’ennemi au regard impitoyable. Emivia poussa un cri d’horreur, oubliant totalement toute autre présence autour.
- Tu as le bonjour de Messire Garper… Petite P*tain!
Elle serra les dents de colère. Dans un premier temps, elle ne se souvenait pas de ce nom et dans un second, elle s’en foutait royalement. Son aura noire fit son apparition, rendant ses cheveux d’un noir intense ainsi que ses yeux. Elle tendit sa main vers la table et attira son katana à elle qu’elle dégaina avec rapidité. Elle ne put cependant pas lire en lui sa plus grande peur, l'homme devait être insensible à la magie.
- Ta magie noire ne t’aidera pas, sorcière…

Estimer son âge avait été un succès à la seconde tentative et il en était soulagé, il pouvait parfois être dangereux de jouer sur ce terrain avec une femme. Elle lui répondit sans attendre le nombre d'année qu'elle lui donnait, réponse facile à donner lorsque l'on considère ses précédents propos. Elle avait donc bien lu entre les lignes. Il acquiesça d'un hochement de tête avant de lui sourire et de s'approcher tout en posant les mains sur son torse puis unir leurs lèvres pour un délicieux moment. Ses mains quittèrent son appui pour se poser sur sa hanche et sa nuque tout en douceur alors que ce contact se prolongeait un peu plus. Frissons tout le long de son échine, sensation qu'il n'avait jamais ressenti jusqu'à présent. Son doux parfum lui parvenait, léger goût sucré de ses lèvres sur les siennes, réprimant un gémissement lorsque le contact se rompit.

- De quoi exactement voudrais tu que nous parlions concernant mon futur… voyage? Je vais être franche… J’apprécie ta proposition de me servir de guide sur le continent dévasté mais… je… j’espère ne pas te froisser en disant cela… je ne sais pas trop si je peux… si je peux vraiment te faire confiance. Je ne suis pas une femme comme les autres, je suis…spéciale…

Il n'eut pas le temps de répondre qu'un visiteur annonça son arrivé, niant toute invitation quelconque. Il l'a regarda s'éloigner à l'annonce du service d'étage, baissant les yeux sur son déhanché dont l'absence de cape permettait de savourer. Ses pensées se perdirent un instant, retournant les derniers propos d'Emivia dans sa tête. « Ok... la confiance c'est pas instantané, faut la bâtir et spéciale ? Assurément... mais pourquoi elle dis ça.» Ethan porta son attention sur ce qui se passait à la porte, entendant d'abord la voix d'une femme puis d'un homme, ressentant un vif danger soudainement.

En l'espace d'un instant, la porte s'ouvrit sous un bruit sourd d'impact, une blonde était au sol avec une blessure au thorax, Emivia hurlant d'horreur. L'individu s'avançait, menaçant, sa dague ensanglantée à la main, il le reconnut ! Celui dont il avait croisé le regard avant de monter à la chambre.

- Tu as le bonjour de Messire Garper… Petite P*tain!
- Ta magie noire ne t’aidera pas, sorcière…

« Garper ? P*tain ? Sorcière ? » Trop d'information et pas de temps pour réfléchir, l'homme était menaçant et une aura noire entouré la brunette. Rien d'inspirant mais Ethan secoua la tête pour se concentrer sur l'intrus, ce dernier ne semblant pas faire attention à sa présence, l'avait-il seulement remarqué ? L'Orisha attrapa la dague à sa ceinture pour la lancer vers l'indésirable et toucher sa cible juste au-dessous de la clavicule gauche qui tenait la lame. Cri de douleur et bruit de métal sur le sol, l'homme était désarmé pour l'instant.

Fouet en main et se rapprochant à porté de fouet, l'adrénaline coulant dans ses veines, fixant de ses yeux vairons cette menace. Celui-ci portant la main droite à la dague planté dans son épaule, autant pour la retirer que s'en servir mais un claquement résonna dans la chambre et un nouveau hurlement aussi. Ayant atteint la main droite pour le convaincre de ne pas retirer l'arme. Un regard vers Emivia, cette noirceur l'inquiétait, la demoiselle en position de combat avec son katana en main. Le combat était en leur faveur pour le moment, à moins que quelconque magie ne soit ajouté à l'équation.

Les cris auraient sûrement alerter quelqu'un bien que la chambre se trouvait au quatrième étage. À moins que cette brute est payer pour le silence... Mieux valait régler le tout soi-même et aviser ensuite. Ethan s'avança à pas lent, sa présence n'était plus un secret, le regard de l'inconnu balayant le duo en alternance. D'une voix forte il interrogea l'indésirable.

- Qui est tu ? Que veux-tu ?

Il hésitait à lui sauter dessus et lui trancher la gorge sans plus attendre ou voir si il obtiendrait réponse à ses questions. Une vie était déjà gravement en danger, la blonde suffocant de plus en plus et chaque minute comptait pour essayer de la sauver. Ethan fonça, passant tout près d'Emivia pour plaquer vivement l'homme contre la porte, une main sur son torse et l'autre sur la poignée de sa dague qui vint se planter dans le bois. La main sur le torse devint poing et prit un peu de recul avant de remonter vivement vers la mâchoire de l'empalé, lui faisant perdre connaissance. Permettant à Ethan de se reculer et essayer de comprendre.

Dans le couloir, un homme était venue ramasser la blessée, la menant au rez-de-chaussé selon ce qu'il avait pu entendre, au moins une chose était en voie d'aller mieux...

La demoiselle bouillonnait et allait lui sauter dessus quand elle fut stoppée par une dague qui atteignit sa cible en pleine épaule. Un peu surprise, elle tourna son regard brièvement vers Ethan sans croiser son regard. « Et merd*… Je suis royalement grillée… ». Là, la panique l’envahit. Elle ne savait plus trop quoi faire ni quoi penser. Son amie était salement amochée. L’ennemi, certes faible, avait mentionné une personne dont elle ne se souvenait pas. Et le jeune homme, dont elle ne connaissait que peu de choses et avait qui elle partageait sa chambre, venait d’être mêlé à cette histoire totalement biscornue. Tout allait de travers. Un claquement de fouet la sortit de sa réflexion.

- Qui est tu ? Que veux-tu ?

« Excellentes questions… ». Aucune réponse de la personne, à leurs grands regrets. Elle laissa ensuite Ethan foncer sur l’individu et se recula même légèrement avant de secouer la tête. S’attaquer ainsi à la blondinette, seule personne qu’elle affectionnait à ce moment précis, la déboussolait totalement. Elle ferma les yeux un moment et essaya de remettre toutes ses idées en place, respirant profondément pour se calmer. « Aller, chaque chose en son temps… D’abord lui… Après j’avise… ». Son aura se résorba, redonnant à la jeune femme son apparence normale. Elle rengaina son sabre, littéralement absorbée par les paroles de cet homme « Garper…  Ma magie… Personne n’est au courant ici… Per… Steven ?! Non, c’est impossible… ».  Elle releva le regard et vit l’intrus complètement assommé. Elle fit volte face et se dirigea dans la salle de bain en courant telle une furie, reposant son katana sur la petite table, prit un gobelet qu’elle remplit d’eau froide et revint tout aussi rapidement. Elle posa une main douce sur le bras d’Ethan sans le regarder.

- Excuse-moi… Tu permets ?

Elle l’attira légèrement en arrière afin d’avoir champs libre puis jeta le liquide au visage de l’homme. Celui-ci ouvrit les yeux lentement, totalement déboussolé. Elle ne le laissa pas ouvrir la bouche.
- Est-ce un dénommé Steven qui t’envoie ?
L’individu resta mué, plongeant un regard assassin sur la brunette, les dents serrées. Celle-ci posa sa main sur la dague.
- Répond !
Nouveau silence. Elle bougea lentement l’arme plantée dans son épaule, faisant hurler de douleur sa victime.
- Je repose ma question une dernière fois… Est-ce Steven qui t’a payé pour ça ?
- Attendez… Je… Nous… pourrions peut être… nous arranger…
- Parle et j’aviserai !
- Laissez-moi la vie sauve et je vous dirai tout ce que vous voulez…
- Crache le morceau !
- Effectivement… Il se nomme bien Steven… Messire Steven Garper… Il…
Sa main se crispa sur la dague et la fit bouger, arrachant un nouveau cri à l’homme. La colère la gagnait à nouveau. Les traits de son visage se durcissaient ainsi que l’intonation de sa voix.
- Il ?!
- Il m’a… engagé pour vous retrouver et vous faire payer…
- Me faire payer ?! Vous a-t-il donné une raison ?
- Non, et je n’en ai cure… Il afficha un petit sourire narquois.
- Etes vous un…
- Un assassin, c’est exact…

L’incompréhension vint se mélanger à sa haine. « Payer un assassin de bas étage… Juste parce que je l’ai laissé en plan le lendemain ? C’est un cauchemar… C’est pas possible… ». Elle lâcha prise et recula doucement, prête à le laisser partir. L’individu ferma les yeux et ôta la dague de son épaule en grimaçant de douleur. Emivia, quand à elle, posa son regard sur Ethan qui semblait fort soucieux, et pour cause. Elle baissa ensuite les yeux vers le sol en gardant le silence, trop gênée pour ne se serait ce que croiser ou maintenir son regard. Elle ne savait vraiment pas quoi lui dire. Il devait déjà la juger, comme le ferait n’importe quel homme.
- Tu pensais vraiment que je laisserai tomber ce contrat si juteux ?... Pauvre idiote…
L’assassin jeta la dague à direction de la demoiselle qui la dévia de justesse du revers de sa main et alla finalement se planter dans le mur de droite. L’homme ouvrit rapidement la porte et sortit en courant dans le couloir. La brunette fit de même. Elle ne courrait pas après lui non mais se dirigeait vers son amie, une boule au ventre.

Ayant prit du recul, tant pour mieux suivre la situation qu'à la demande d'Emivia, il regardait la scène avec attention. Cette petite discussion entre la brunette et l'intrus lui permettant sûrement de mieux comprendre ce qui se passe. Les mots clés lui restaient en tête : Steven Garper, contrat, faire payer, assassin... La sorcière y allait avec conviction, argument convaincant que les mouvements de la lame qu'Ethan avait planté dans l'épaule du meurtrier.

Il eut un moment de distraction et c'est le son de la dague planté dans le mur qui le fit revenir à l'instant présent plutôt que jongler avec ces éventuelles questions qu'il aurait pour elle. L'assassin profita de la chance qui lui avait été laissé pour quitter au pas de course dans les escalier, suivi de près par Emivia. Il verrouilla la porte de l'intérieur, ramassant sa dague pour la porter de nouveau à sa ceinture au côté de son fouet. Sortant par la fenêtre pour s'accrocher à la moindre aspérité du mur pour descendre jusqu'au sol grâce à son agilité. L'orisha avait ainsi atteint la ruelle derrière le bâtiment et fonça au pas de course vers la ruelle situé sur le côté de l'établissement. Petit passage qu'il avait remarqué à son arrivé, il freina subitement lorsqu'il entendit des pas, se trouvant une cachette en vitesse tout en s'assurant une bonne vue.

Devant lui l'assassin qui arrivait en courant, l'intuition avec été parfaite. Il s'arrêta pour reprendre son souffle en se penchant vers l'avant et les mains sur ses genoux. Ethan se déplaça sans bruit, prenant son fouet entre ses mains et d'un geste vif le passa autour du cou de l'agresseur. Le forçant à plier les genoux par un coup de pied derrière la rotule droite, appliquant ensuite une pression de son genou entre ses omoplates alors qu'il tirait sur le cuir du fouet, se rapprochant juste assez pour qu'il puisse entendre alors qu'il se débattait pour attraper la lanière de cuir.

- Elle t'a laissé partir mais pas moi, tu l'as dit toi-même que tu ne laissera pas tomber ce contrat.
- Arrête.. laisse moi expliquer !
- Je t'écoute.
- J'ai été engagé pour la tuer, tu ne devais pas être là. On m'a offert une fortune pour sa tête sur un plateau.
- Mais encore ?
- Je n'ai pas dit mon dernier mot et j'aurais mon dû.
- Non.

Son dernier mot avait un ton catégorique et sans retour. La prise se resserrait de plus en plus, la respiration devenait saccadé et personne n'assistait à la scène. Savoir qu'un individu les chasseraient jusqu'à avoir accompli sa besogne pour toucher le magot, il n'en était pas question. Être épié, suivi, écouté... non il n'en voulait pas de cette vie comparable à l'esclavage mais sans les chaînes. Torture de l'esprit, provocant des faiblesses puis aisément et une simple inattention pourrait coûter la vie à Emivia et à lui puisqu'il était au courant de tout. Le sang se mit à couler dans le cou de la brute qui essayait à deux mains d'arrêter hémorragie mais sans succès, le manque d'air n'aida pas à l'efficacité de ses gestes. Un mouvement brusque, un léger craquement, le corps se retrouvant en peu de temps dans un coin discret, les petites créatures voraces rôdant dans les environs du port en recherche de pitance trouverait un bon repas tout frais.

Ethan était maintenant libéré de cet individu, peut-être d'autre viendrait à sa place mais qu'importe, chacun subirait le même sort. Le jeune homme s'empressa de faire le tour du bâtiment et retourner à l'intérieur dans l'espoir d'y trouver la brunette et la blonde. Il franchit la porte en courant, Thérésa était sur le sol avec une couverture et un coussin, semblant dormir. Un homme penché sur elle vérifiait son pouls d'une main, l'autre sur la plaie qui ne saignait plus. Surpris il demanda ce qui c'était passé dans ce maigre dix minutes entre le départ de la blonde dans les bras du mec et le moment présent.

- Je suis guérisseur, une chance pour elle sans quoi elle aurait succombé. Ma magie a pu la sauver au prix d'un bon effort mais c'est un succès.
- Merci.

L'orisha ne savait que répondre, voyant Emivia qui tenait la main de cette femme qu'elle semble bien connaître. Des larmes coulant le long de ses joues attira son attention et il s'avança vers elle pour glisser les doigts dans ses cheveux afin de lui offrir un peu de réconfort. Le temps n'était pas à la discussion, il poserait ses questions au moment de retourner à la chambre pour mieux comprendre ce qui se passe. Déjà il avait fait le lien entre "spéciale" et "sorcière", certes ce n'était pas un truc que l'on cri sur tout les toits et qui peut effrayer de nombreuses personnes. « Elle me l'aurait sûrement dit plus tard, le temps de me connaître et de voir si elle pouvait avoir confiance en moi. Après tout je ne dis pas forcément que je suis un ancien esclave...»  Bien que les gens font parfois rapidement le lien entre les yeux vairons et sa race.

- Emivia... elle va s'en sortir, il ne faut que du repos pour elle.

Ethan rejoignit Amélia qui était derrière son comptoir à surveiller la scène, discutant un moment puis sorti quelques pièces afin de louer la chambre 414 qui était disponible. Voisine de la leur, il serait aisé de prendre soins de Thérésa au besoin. Lentement Ethan, le soigneur et l'autre jeune homme l'ont soulevée, suivi par Emivia qui ne lâchait pas sa main. La petite blonde fut installé sur le lit, bien au chaud et un air surpris s'afficha sur le visage de la brunette lorsqu'elle vit son compagnon de chambre pousser un loquet discret avant de quitter la pièce. Moins d'une minute plus tard, une porte dérobée s'ouvrait au même endroit, laissant passer l'orisha. Elle pourrait ainsi veiller sur elle tout en profitant de leur lit et leur chambre.

- Amélia m'a loué cette chambre pour cette raison et m'a expliqué comment l'ouvrir des deux côtés quand j'ai demandé à pouvoir prendre soin d'elle ici. J'espère que ça te conviens.

Rejoignant le lit de la blessée pour s'y asseoir aux côté d'Emivia, caressant son dos lentement pour la détendre de tout ce stress. Il n'avait encore rien dit sur l'assassin mais ce n'était pas le plus important pour l'instant. Voulant surtout qu'elle sache que même si elle est ce qu'elle est, il ne partait pas en courant.

La demoiselle atteignit le rez-de-chaussée, laissant fuir l’assassin pour rejoindre Thérésa. Elle était bien plus importante à ses yeux que ce malfrat dont elle s’occuperait une autre fois. Un homme prenait soin de celle-ci, les mains posées sur son corps, entouré d’une lueur blanche. Elle murmura, les larmes aux yeux, la voix tremblante.
- Va-t-elle s’en sortir ?
- Oui, je pense… J’ai presque fini…
Elle garda alors le silence, prenant simplement la main de la blondinette dans la sienne. Les doigts de celle-ci étaient gelés. Elle ferma ses paupières quelques minutes. « Tout est ma faute… Il paiera… Oh oui, il paiera cet affront! ». Elle était soudain prise de colère en plus de sa grande tristesse. Sa décision était prise et serait sans appel. Elle se vengerait de cet homme. Il connaitrait très bientôt sa fureur. On ne touchait pas impunément aux personnes qu’elle chérissait. Elle se l’était promis à l’adolescence.

La demoiselle remarqua alors l’entrée du jeune homme par la porte extérieure mais sa préoccupation principale était sa meilleure amie. Le sauveur vérifiait le pouls de sa copine à ce moment précis. Il terminait à peine le soin. Ethan demanda des explications, questions qu’Emivia n’avait même pas posé. Elle écouta attentivement ses réponses, pleurant à présent à chaudes larmes. Prenant totalement conscience que sans cet homme, son amie n’aurait pas survécu à cause d’elle. Elle sentit des doigts doux dans ses cheveux, réconfort apprécié en cet instant plutôt funeste. Elle releva le regard sans dire mot. Elle n’en avait pas le courage. Comment expliquer à ce jeune homme, devant tous ces gens, cette situation plus qu’embarrassante? Elle ne répondit que d’un simple hochement de tête positif lorsqu’il énonça le besoin de repos de Thérésa. Elle suivit le corps inanimé de la blondinette, n’arrivant à se résoudre de lâcher sa main. Une fois dans la chambre à côté de la leurs, un bruit de loquet attira son attention. Le beau brun ouvrit une porte donnant sur la 415. Elle en fut extrêmement surprise, autant par le fait de voir une porte dérobée que les dispositions prises par le jeune homme. « Pour un humain, il m’épate de plus en plus… ».

- Amélia m'a loué cette chambre pour cette raison et m'a expliqué comment l'ouvrir des deux côtés quand j'ai demandé à pouvoir prendre soin d'elle ici. J'espère que ça te conviens.
- Cela me convient parfaitement… Merci…

Elle baissa la tête puis regarda à nouveau Thérésa. Elle soupira au contact des doigts du jeune homme dans son dos.
- Je te promets que cela n’arrivera plus Thérésa… Je m’occuperai de cet idiot!
Elle se leva subitement et plongea un regard des plus sérieux sur le visage d’Ethan.
- Je crois que je te dois une explication… Viens suis moi… Laissons là se reposer au calme…
Elle se dirigea dans leur chambre, respirant profondément et essayant de peser ses mots dans sa tête, chose qu’elle ne savait pas vraiment faire. Elle resta dos à lui, tête baissée, regard sur le sol. Elle n’arrivait pas à se faire à l’idée de devoir se confronter à son regard. Elle finit par briser le silence subitement.
- Comme tu as pu le remarquer, tout ceci est entièrement ma faute… Je tiens d’abord en m’en excuser… J’ai fait une erreur de… de jugement… Et je crois que je vais en payer le prix fort…
Elle serra les poings ainsi que les dents. La rage traversait ses veines et son aura noire refit son apparition, rendant ses cheveux d'un noir corbeau, avant qu’elle ne continue son explication, relâchant une partie de sa fureur dans ses mots.
- Ste… Steven est un… Un de mes ex… Si je peux l’appeler comme cela… Le fou désirait me garder pour lui après une simple nuit! Comme s’il pouvait décider de mon futur et faire de moi sa propriété! Il est visiblement extrêmement dangereux de par sa richesse et s’est joué de moi à l’aide d’une potion de vérité afin de me faire avouer mon secret le plus… le plus précieux… Il mérite le pire châtiment pour ce qu’il vient de faire!
Elle laissa un nouveau silence, fermant les yeux une seconde avant de les rouvrir, se tourner vers lui et enfin fixer son regard, une pointe de crainte et de tristesse dans ses pupilles noires.
- Je suis un monstre... Je comprendrai si tu décidais de ne pas rester… Juste une question… Comment se fait il que tu venais de l’extérieur tout à l’heure?...

Sachant la demoiselle en sécurité et hors de danger, Emivia avait amené Ethan dans leur chambre, indiquant qu'elle avait des explications à lui donner. Personnellement il ne croyait obligatoire de le faire dans l'instant présent, laissant le temps au stress des événements de retomber. Bien sûr il n'allait pas contredire la belle brunette car la curiosité de l'orisha était bien présent de savoir le pourquoi de cette agression.

Peu à peu, la belle l'informa de cet ex riche et possessif qu'elle avait fréquenté le temps d'une nuit, une folie de soir qui ne tournait pas comme souhaité. L'aura noire qui l'entourait l'intriguait, mais ne demandait pas, la laissant poursuivre ses explications. Apprenant ainsi que l'homme avait joué de ruse voir de tricherie pour lui soutirer des informations. Cet noirceur s'estompait au fil des mots, comme si il s'agissait de sa colère qui tournoyait autour d'elle, s'éclipsant dans ses paroles mais au fond d'elle la rage semblait puissante. Elle termina ses paroles la tête basse, comme si elle venait de perdre la compagnie d'Ethan par cette mésaventure. Il soutenu son regard, y percevant sa tristesse alors que le sien brillait de compassion et de liberté.

- Je suis un monstre... Je comprendrai si tu décidais de ne pas rester… Juste une question… Comment se fait il que tu venais de l’extérieur tout à l’heure?...

S'approchant un peu plus alors qu'elle se retournai, Ethan vint poser les mains sur ses hanches pour l'enlacer tout en conservant son regard dans le sien. En venant jusqu'à poser son front contre le sien, la serrant contre lui en fermant les yeux pour lui murmurer.

- Tu n'es pas un monstre, tu es une femme magnifique. Cet assassin l'a dit, il ne lâcherai pas le morceau, il t'aurait pourchasser encore et encore jusqu'à ta mort, ou la sienne. J'ai une forte impression que nos chemins resteront sur la même voie pour un bon moment et je ne voulait pas perdre ma liberté d'action. Je veux dire devoir craindre quelconque embuscade ou être sur le qui-vive de façon continuelle.

Il prit un grand respire, son souffle se mêlait au sien, une envie folle de savourer ses lèvres. Tellement heureux de la savoir en vie dans ses bras alors que ça pourrait être elle allongée dans le lit d'à côté après avoir frôlé la mort. Il vint frôler ses lèvres d'un doux baiser, lui signifiant sa présence plutôt que son départ face à la situation.

- J'ai trop longtemps porté des chaînes pour me sentir opprimé de nouveau, si je suis revenu par la porte principale c'est que je suis sorti par cette fenêtre derrière toi pour atteindre la ruelle. Intuition que ton agresseur allait si enfuir, évitant les rues achalandés... Il a avouer qu'il te pourchasserait sans cesse, j'ai mis fin à la chasse.

Il avait les yeux clos, son front contre le sien, ne sachant si il devait prendre du recul ou rester là, son passé revenant le hanter l'espace d'un moment, l'ayant poussé à agir pour le bien d'Emivia.

Emivia frissonna lorsqu’il posa les mains sur ses hanches et par réflexe, plaça les siennes sur le haut de son torse puis lâcha un petit soupir lorsque le front du jeune homme toucha le sien. Elle l’écouta attentivement. Les explications d’Ethan firent accélérer son cœur et la surprirent, engendrant un questionnement intérieurement «Nos chemins sur la même voix ?... Et comment a-t-il pu descendre quatre étages par la fenêtre?... Porté des chaines ? …  Mis fin à la chasse ? ». Trop d’informations se bousculaient dans sa tête et vinrent la déstabiliser un peu plus. Les yeux grands ouverts et fixant les siens clos, elle finit par reculer un peu sa tête, son visage exprimant un certain sérieux. Ce fut avec sa spontanéité et toute sa franchise qu’elle brisa le silence.
- Qu’est ce que tu es?...
Il était clair pour elle qu’un simple humain se serait déjà enfuit, surtout après l’annonce du mot "sorcière". Il ne pouvait non plus être sorcier comme elle, au vue de la mine qu’il avait tirée en l’apprenant. Il ne portait aucune ailes donc ne devait être ni ange, ni déchu. Elle n’avait observé aucune saute d’humeur, réprouvé éliminé. Il restait l’option vampire même s’il ne dégageait aucune aura maléfique. De toutes les races qu’elle s’était énumérée dans son esprit, elle ne trouvait rien qui puisse coller aux informations données.

Elle rompit, un peu à contre cœur, le contact. Elle se sentait relativement bien dans ses bras, ne pouvant d’ailleurs se l’expliquer clairement. Peut être avait il raison sur le point de leurs chemins? Peut être avait elle trouvé cette perle rare que beaucoup de femmes recherchaient? Pour cela, elle devrait ouvrir son cœur et n’était pas encore tout à fait prête à le faire. Son regard parcourut le corps du jeune homme une nouvelle fois. Il était sacrément craquant tout de même. Pourquoi ne pas en profiter un peu ?
Lorsqu’il eut donné une réponse à la demoiselle, elle fit un petit sourire, ne sachant réellement ce que cela voulait dire. A cet instant, elle s’en fichait un peu à vrai dire. Elle avait subitement envie de détente. Était-ce la présence de celui-ci qui avait calmé la jeune femme ? Elle ne pourrait l’affirmer. La rage l’avait plus ou moins quitté et ses yeux brillaient à nouveau. Elle se sentait toutefois un peu affaiblie mais irrésistiblement attirée par ce beau brun. « A croire qu’il m’envoute… ». Elle se rapprocha de lui, l’enlaça au cou et vint frôler ses lèvres des siennes. S’en suivit un long baiser langoureux, mélange de sensualité et de douceur pour une danse sublime de leurs langues. « Toujours aussi délicieux… ». De chaleureux frissons parcouraient son dos et ses bras commençaient à desserrer lentement leur étreinte. Ses doigts glissèrent sur sa nuque puis sur ses épaules délicatement. Le baiser prit fin et la demoiselle frôla la mâchoire d’Ethan de sa bouche jusqu’à son lobe puis se ravisa et descendit à son cou y déposer un léger bisou avant d’appuyer sa tête contre lui en soupirant.

Visiblement Emivia jonglait entre désir pour ce beau jeune homme et inquiétude pour son amie. Sa vie lui importait peu actuellement. Elle avait du mal à supporter sa lourde responsabilité dans l’évènement qui venait de se produire. L’homme responsable de tout cela vivait quelque part sur le continent dévasté. Il s’agissait d’un sorcier assez exécrable et noble de surcroit. Il possédait tout ce qu’il voulait, esclaves à tout faire, grande maison, laboratoire personnel et assassins à présent. Il n’était pas très puissant, plutôt séduisant mais manquait cruellement d’intelligence comparé à son immense arrogance. Elle ferma les yeux puis murmura.
- Mon voyage en continent dévasté n’est à présent plus un souhait… Mais une nécessité… Le… responsable de cette attaque… vit là bas.
Il était clair que son départ ne se ferait pas attendre bien longtemps. La destination restait donc la même, seul un petit détour imprévu venait de s'y rajouter.

Il ne pouvait nier le bien-être que sa présence lui procurait, ce sentiment d'attachement qui semblait se développer peu à peu par la force des choses. Elle semblait jongler avec toute cette information qu'il venait de donner, son absence de tact mais surtout ses propos pas tout à fait clair pour quiconque ne connait pas tout de lui. La question auquel il redoutait de répondre sortit des lèvres d'Emivia... « Les jeux sont fait, rien ne va plus...» Il ouvrit les yeux pour la regarder mais au lieu de répondre, il savoura ce baiser qu'elle lui offrit, ce délice merveilleux que cette danse sensuelle et en redemande toujours plus.

La laissant continuer ses explications, la finalité d'un voyage sur le continent dévasté prenait toute son importance après les événements d'aujourd'hui. Il avait attendu qu'elle termine avant de donner suite à cette question qu'il détestait, ne comprenant à peine pourquoi ses yeux n'avaient pas déjà trahi sa nature. «N'étais-je qu'un simple humain à ses yeux ? Cette race qui ne peut oser se balader ainsi sans risquer d'être pris au dépourvu et menacer juste parce qu'il passe dans la rue ? ». Prenant son courage en main, il éclaircit la situation.

- Je suis un Orisha... oui cette race qui fut et est encore esclave dans certaine région, traité comme du bétail jusqu'à leur mort à moins de ...

Il prit un grand respire, nul ne savait ce qu'il avait fait ce jour là sauf Faely, ce matin où il avait pris sa vie en main et mis fin à celle de son maître. Son regard se fit vide, cette amertume d'avoir débuter son existence depuis seulement quelques années. Tout ce temps perdu à obéir, servir et espérer mourir jeune.

- ...à moins de réussir à en être libérer.

Cherchant à changer le sujet, il pointa la fenêtre par laquelle il avait descendu pour s'occuper de l'assassin.

- C'est par là que je suis sorti après avoir verrouillé la porte de la chambre de l'intérieur pour atteindre la ruelle. Le mur du bâtiment présentait de bonne prise pour descendre et je suis très agile... J'ai donc pourchassé ton agresseur afin de ne plus le revoir, plus jamais il n'essayera de te faire du mal ou même à quiconque en fait...

Ethan s'approcha pour déposer un baiser sur son front, ne sachant quelle réaction Emivia aurait en sachant qu'il n'était qu'un esclave libéré qui n'hésite à tuer pour sa sécurité à elle... La requête de partir semblait pour le plus bref délai, ramasser quelques trucs et trouver un bateau se ferait sans mal. Permettant même un départ dès le lendemain si la marée est clémente.

- J'aimerai t'accompagner dans ton périple, tu n'as qu'à dire oui ou non, selon ta volonté. Je méprise cet individu pour avoir voulu t'arracher à moi alors que nous débutions à nous détendre par cette journée qui se devait d'être bien plus intéressante et ... paisible.

Il vola un baiser à la belle sorcière. ne pouvant se lasser de ce petit goût sucré. Ethan se dirigea à la fenêtre pour y appuyer les mains et regarder à l'extérieur. Le soleil quittait peu à peu son zénith, le temps avait passé trop vite et il avait l'impression que l'avenir serait mouvementé, comme une petite voix dans esprit qui pointait le mode alarme allait être rigueur.. Au fond de lui il espérait qu'elle le rejoigne pour l'enlacer, comme si une certaine nécessité de ses bras s'installait.

- Demain matin nous pourrions partir vers le continent dévasté, un repos nous fera du bien d'ici là et nous aurons la certitude que ton amie se porte bien. Ça te va ?

Pays de problème, de colère et d'amertume qu'il ne voulait pourtant pas revoir de sitôt. Le destin avait eu raison de lui et son refus. Le temps était venu d'affronter ses craintes.

Elle eut comme un sentiment de culpabilité lorsqu’il lui avoua être un orisha. Cela semblait être très difficile pour lui et elle ne put s’empêchait de s’en vouloir d’avoir posé cette simple interrogation. Une question pourtant essentielle pour la demoiselle, elle qui ne connaissait rien à cette race et l’avait pensé humain jusqu’à ses dernières prouesses. Chose qu’elle allait éviter de lui dire, du moins pour l’instant. Ils auraient tout le temps d’en rire, plus tard, s’ils ne se perdaient pas de vue entre temps. Les dires du jeune homme la refroidirent un peu plus encore. « Orisha, esclave, traité comme du bétail… J’aurai peut être mieux fait de me taire, moi… ». Il changea d’ailleurs de sujet dans la foulée et il vallait mieux, pour eux deux apparemment. Elle suivit l’indication de son doigt pointé vers l’une des fenêtres, gardant le silence, puis ferma ses paupières le temps d’une douceur sur son front. Le baiser fit d’ailleurs apparaitre un petit sourire sur les lèvres de la demoiselle. Son regard marquait cependant une grande réflexion. Emivia ressemblait les informations, les tournait dans tous les sens et les décortiquait, écoutant aussi attentivement sa requête. Elle savoura ensuite à nouveau ses lèvres puis le suivit des yeux jusqu’à la fenêtre, en suçotant puis mordillant sa lèvre inférieure.

N’ouvrant toujours pas la bouche, elle s’approcha de lui d’un pas très léger, glissa ses mains sur les flancs d’Ethan puis les remonta jusqu’au torse de celle-ci, se collant contre lui et appuyant sa tête contre l’une des épaules du jeune homme.  Elle soupira doucement avant d’oser prendre la parole, voix douce et emprunt de regrets.
- Je suis vraiment navrée Ethan, d’avoir du te poser la question… Et d'avoir visiblement mis les deux pieds dans le plat en réveillant des souvenirs désagréables... Je… Tu es le tout premier orisha que je rencontre et le tout premier à posséder ces yeux magnifiques… Est-ce que… Est-ce des particularités de ta race? Je veux dire… Ton agilité et tes jolies pupilles?
Elle prit alors une grande respiration afin de se donner du courage et déposa un baiser à son cou avant de lui murmurer au creux de l’oreille.
- Sache que je serais vraiment ravie si… Si tu te joignais à mon voyage et que… J’apprécie tout ce que tu as fait pour moi aujourd’hui… Mais je me dois de t’avouer que… Je suis une personne très franche et je n’aime pas passer par quatre chemins… Cela peut parfois déplaire…
Elle fit une courte pause avant d’ajouter.
- Il va sans dire que tu me plais énormément… Cependant, je… Tous ces évènements m’ont fait un peu peur… Je n’ai jamais eu de réelles attaches avec un homme, hormis amicale et cela fait longtemps que je voyage seule… En bref… Je n’ai pas envie que tu te méprennes ni de te décevoir.

Elle soupira, comme si d’avoir dit cela venait de la soulager d’un fardeau, se laissa un nouveau petit répit puis se mit à rire doucement, subitement, repensant à l’instant de leur rencontre.
- Et dire que c’est ta gourmandise l’origine de notre rencontre… Des bouchées vraiment délicieuses qui plus est…
Elle soupira de bien être et resserrant son étreinte, profitant de la chaleur envoutante que dégageait son corps ainsi que cette merveilleuse douceur qui l’enveloppait à chaque fois. Elle ne savait pas vraiment quels effets auraient les mots qu’elle venait de prononcer. Quoi qu’il en soit, elle aimait bien sa présence et souhaitait qu’elle se prolonge encore. Elle ne se projetait pas dans l’avenir… Du moins pour l’instant…

Peu à peu elle répondait à ces dires et exprimait son ressenti face à tout ce qui c'était passé depuis à peine les douze dernières heures, temps écoulé entre cet instant présent et cette petite gourmandise qui fut le début de cette histoire. Il appréciait sa présence, sa proximité, cette chaleur que son corps contre le sien créait. Écoutant chacun des mots qu'elle disait, baume sur son âme d'ancien esclave que de se sentir afin apprécié pour qui il est. Chacun des baisers qu'elle lui offrait lui redonnait confiance et le goût de se battre pour cette liberté qu'il avait acquise. Se battre pour un bonheur, un mieux-être, pour elle et avec elle.

- Il aurait fallu que je te le dise à un moment ou un autre, tout comme ton côté spécial. Pour nos yeux, oui c'est distinctif des orishas, un excellent moyen de nous reconnaître à l'exception de ceux qui sont albinos et donc les deux yeux de la même couleur. Quant à l'agilité, cela fait partie des... modifications... qui ont été faite.

Emivia acceptait et souhaitait sa présence pour ce voyage qu'elle préparait, le prenant pour guide et compagnon d'aventure. Il irait se battre avec elle pour la libérer de ce fou qui en veut à sa vie, déjà un assassin de mort, tout ceux qui s'y risqueront subiront le même sort. Il se retourna entre ses bras, la serrant contre lui d'une forte étreinte, lui murmurant paisiblement.

- Nous sommes deux voyageurs solitaires qui apprendront à être quatre plutôt que deux, après tout il ne faudrait pas oublier ton mignon petit Poupi et je t'aurais bien présenté Faely mais c'est une Sinn's. Je ne sais si elle se montrera à toi, ceux comme elle n'ont pas tendance à se dévoiler à autre que la personne qu'ils ont choisi d'aider.

Conservant un bras autour d'elle, il se servit de l'autre pour bien fermer et verrouiller la fenêtre puis pas à pas se rendre à reculons jusqu'au lit et s'y asseoir. La brunette debout devant lui, ayant encore les mains sur ses hanches et le regard dans le sien.

- Tu me plais beaucoup également Emivia, mais comme tu le dit ne pressons rien, le temps et le destin décidera de ce qu'il adviendra. Pour le moment je t'invite à dormir près de moi afin de se remettre de cette journée de fou. La mer nous attends demain.

Son regard était plongé dans le sien, admirant ses yeux gris, attendant cette nouvelle acceptation de ce pourquoi il avait loué cette chambre. S'y reposer la nuit venue après diverses discussion qui furent interrompu par les moments que nous connaissons. Il retira sans gêne son haut pour être confortable et s'allongea sur le flanc face à elle, suivant ses mouvements. Se doutant bien qu'elle irait voir comment se porte Thérèsa avant de fermer la porte mitoyenne et rejoindre la chaleur de leur lit douillet. Ne perdant pas le moindre mouvement de la brunette.

La petite explication qu’il lui donna concernant les Orishas n’était vraiment pas de trop. Elle venait d’apprendre l’existence d’une nouvelle race en ce monde et serait en mesure de l’identifier à présent. Elle fit un petit sourire lorsqu’il lui avoua la présence d’une Sinn’s à ses côtés, fantôme dont sa mère adoptive lui avait déjà parlé par le passé. Celle-ci disait toujours qu’il fallait croire pour voir et ne rien laisser au hasard. Une pensée lui traversa alors l’esprit. Son chat avait bronché au marché, le jour de leur rencontre mais n’avait plus refait cela ensuite, pas même lorsqu’il s’était approché d’elle dans la taverne. Etait-elle présente à ce moment là?  Elle comptait bien le savoir.

Elle fit un franc sourire lorsqu’Ethan ferma la fenêtre et les dirigea vers le lit. Elle posa doucement ses mains sur ses épaules et massa légèrement en l’écoutant attentivement. « Je lui plais… Ne pressons rien ?... Dormir ?... Voilà un homme bien étrange… Mais je dois dire que c’est vraiment agréable de ne pas se faire sauter dessus dans de telles circonstances… ».
- J’ai bien besoin de repos en effet… J’ai l’impression de ne pas avoir dormi depuis des semaines… Mais avant j’aimerai savoir une chose… Ta Sinn’s… Enfin Faely… Était-elle proche de toi au marché ? Est-elle toujours… là ?
Elle se pencha et lui vola un petit baiser puis se détacha lentement direction la chambre de Thérésa, écoutant les réponses données d’une oreille attentive. Elle ne perdit rien du spectacle qu’il lui offrit cependant. « Mmmh… Joli… Je le croquerai bien… ». Elle sortit quelques minutes de son champ de vision, allant déposer un baiser sur le front de son amie avant de revenir dans leur chambre et fermer la porte.

Elle prit un court instant de réflexion. Comment agir dans une telle circonstance, loin d’être anodine pour la sorcière ? Devait elle dormir toute habillée, faire comme d’habitude ou comme elle le faisait avec les autres hommes ? « On va éviter la dernière peut être… ». Elle prit sa décision, la joignant à un sourire en direction du jeune homme. Elle fila dans la salle d’eau et se changea pour une petite tenue de nuit. Lorsqu’elle ressortit, elle portait une petite nuisette de satin bleu claire au raz des fesses. Le décolleté de celle-ci ainsi que le contour du haut des cuisses était fait de dentelles noires.
- Je suis prête pour… dormir…
Elle s’approcha alors du lit, le regard brillant d’amusement et un petit sourire timide à présent encré sur ses lèvres. Quelles réactions aurait-il de la voir ainsi vêtue ?

Elle posa un genou sur le matelas puis le second, avança légèrement et s’assit sur ses pieds à quelques centimètres de lui. Ses yeux n’avaient pas lâché le visage de l’orisha. Elle se pencha sur lui afin de l’embrasser tendrement, glissant une main chaude sur son torse dénudé. Sentir la peau du jeune homme sous ses doigts la fit frissonner et elle ne put s’empêcher de parcourir sa chair, mémorisant ses formes délicieusement tentantes. Elle n’arriva pas non plus à retenir son baiser, caressant les lèvres du jeune homme du bout de sa langue. Elle soupira doucement de cette proximité qui lui donnait envie de bien plus. Le bout de ses doigts dessina le contour de son pantalon. Subitement, elle retira sa main et recula un peu sa tête avant de sourire.
- Je suis désolée… Je… Je n’aurai pas du faire ça…
Elle s’allongeant d’abord sur le flanc alors à côté de lui, le regard vaquant entre les yeux du jeune homme puis tout autour. Elle était un peu confuse et ne savait pas vraiment comment se comporter avec lui. Elle finit alors par se mettre sur le dos et fixa le plafond en souriant, plaçant ses mains sous sa tête.

Il avait conservé son regard dans le sien alors qu'elle répondait à ce besoin de repos, y ajoutant sa touche de curiosité qui le faisait sourire. Se surprenant à effleurer sa joue du bout des doigts.

- Oui au marché elle était près de moi lorsque je t'ai accroché mais ensuite elle est allée se balader, elle est très curieuse de nature et profite de ne pas être vu pour découvrir les lieux où elle m'accompagne. Donc non elle n'est pas ici présentement.

Au fond de lui il aurait souhaité que ce baiser soit plus long, prenant de plus en plus goût à ses lèvres délicieuses. La suivant du regard autant qu'il put tandis qu'elle allait vérifier l'état de son amie. Bien allongée sur le flanc, il ne manqua rien de son arrivée, se retenant de laisser paraître sur son visage qu'il l'a dévorait des yeux. Cette nuisette, la couleur qu'il préfère, cette fine dentelle qui attirait le regard sur ses courbes avantageuses.

- Je suis prête pour… dormir…

Ethan afficha un sourire, le regard dans le sien, glissant une main sur sa nuque lorsqu'elle lui offrit ses lèvres avec tendresse, prolongeant ce délice, le bout de sa langue jouant avec la sienne. Emivia lui procurait des frissons, ses doigts sur sa peau le faisait frémir, avivait ses sens et le désir de bien plus que du sommeil. Il soupira, de déception, lorsqu'elle se recula pour se placer sur le flanc puis sur le dos, le regard fixe après c'être excusée de son geste.

L'orisha se redressa lentement, posant une main sur son ventre pour tracer de petits cercles sur le fin tissu qui couvrait son corps. Ses lèvres vinrent de nouveau se joindre aux siennes avec sensualité, reprenant cette danse qu'il avait accepté mais qui avait été rompue trop vite. Ses doigts rejoignant son flanc pour la serrer contre lui, souriant entre leurs lèvres alors qu'elle l'enlace peu à peu, savourant la chaleur de son corps contre le sien. Il murmura au creux de son oreille.

- Si on dormait plus tard...

Elle hocha la tête dans l'affirmative, les frissons de son corps trahissant ce désir qu'elle retenait depuis un petit moment déjà, tout comme lui. Dans une harmonie de mouvement, ils se retrouvèrent sous la grosse couette bien chaude dans cet échange de baiser et de caresse.  Sensualité, passion, désir étaient au rendez-vous pour ce début de nuit, accentuant sans mal la chaleur de la pièce alors qu'une fine nuisette bleuté se retrouva au pied du lit avec les dessous de monsieur. La danse montant d'un cran pour entamer une balade vertigineuse vers les nuages et la voute céleste, ce berceau de béatitude qui flotte sur un océan de magie pour les transporter vers l'apothéose...

La nuit fut courte en sommeil pour le corps mais tout à fait merveilleuse pour l'esprit, alors que le soleil se mit à briller par la fenêtre afin d'inonder la pièce de sa lumière. Dévoilant un homme et une femme dans les bras l'un de l'autre, elle blottit au creux de ses bras puissant, douce protégé le temps de cette nuit que tout deux ne souhaitait pas être la dernière. Un petit chaton tout mignon fit son apparition au coin du lit et avançant tel un petit félin en chasse pour attaquer une mèche de cheveux de sa maîtresse. Elle se réveilla ainsi par le petit jeu de l'animal puis tourna lentement la tête pour embrasser l'orisha jusqu`à ce qu'il ouvre les yeux.

- Bon matin beau brun.
- Bon matin belle princesse.

Poupi était jaloux et réclamait ses caresses, se frottant dans le cou d'Emivia pour être le plus important des deux hommes. Tout deux se mirent à rire doucement tout en se levant peu à peu, se redressant dans le lit. Il admira son corps nu, se levant pour enfiler boxer et pantalon avant de lui faire signe qu'il revenait et ce au grand plaisir du chaton qui pu monopoliser la belle sorcière. Accompagnant celle-ci une fois qu'elle eut remis sa nuisette pour se rendre dans la pièce d'à côté et prendre des nouvelles de Thérésa. Celle-ci était resplendissante et n'avait qu'un peu de fatigue suite à cette dure épreuve. Cette dernière promettant de faire plus attention et d'aller prendre du repos chez elle pour quelques jours.

Emivia revint à sa chambre, posant son sac sur le lit pour en sortit les vêtements qu'elle porterait pour la journée, le bruit de la porte se fit entendre derrière. L'orisha déposa un plateau de viennoiserie et café sur la petite table pour deux avant de la rejoindre et de glisser ses mains chaude sous sa nuisette pour caresser de ses reins à ses flancs pour atteindre son ventre. La serrant ainsi contre lui pour un doux baiser sur sa nuque.

- C'est l'heure de reprendre des forces avant d'entreprendre le voyage pour le continent dévasté.

Elle retint un gémissement sous cette caresse, mais le frisson ne pouvait lui avoir échappé, elle se retourna pour voler un baiser à son partenaire avant de prendre place à table avec lui. Repas simple et délicieux, l'oeuvre des talents culinaires de la tenancière absolument divin. Ils discutaient, il donnait son avis sur les navires présent de le port, se souvenant de un en particulier sur lequel il souhaitait faire le voyage avec elle. Terminant par un dessert chaud et riche, saupoudré d'étincelles.

Ils descendirent à la réception pour saluer Amélia, Ethan réglant l'addition, autant pour leur suite que la chambre voisine le temps que Théresa quitte et prenne un bon repas. Menant alors Emivia jusqu'au port, repérant le navire dont il avait parlé avec elle un peu plus tôt et se dirigea sur la passerelle menant au pont pour y discuter avec le second du capitaine. Négociant deux places à bon prix sur ce bateau de voyageur qui partait pour le continent dévasté... la route aurait au moins l'avantage d'être confortable, beaucoup plus que sur un navire marchand.

- Viens ... c'est parti pour l'aventure.

Elle le suivi pas à pas, le chaton sur son épaule, sentant la présence de Faely un peu en retrait pour ne pas faire peur au minet, le laissant l'apprivoiser doucement. Le navire fit monter l'encre et appareilla vers la mer à bonne allure, profitant du vent de dos pour s'élancer vivement sur les flots. Tout deux accoudés au bastingage, il vint croiser ses doigts des siens sans mot dire... savourant le moment...