Nastaé était enfin en train de fouler la terre ferme, dans ces chaussures confortables certes, mais inhabituelles pour lui, et avec ses pieds remplis d'ampoules et de rougeurs. N'ayant rien de mieux à faire que chouiner, il demanda à son ami s'il n'avait pas des bandages dans son sac, de manière à bander ses pieds pour éviter d'autres frottements désavantageux. Ils avaient marché pendant un moment -qui paraissait des heures pour Nastaé- et ce dernier s’essoufflait un peu. Nager pour lui n'était pas un problème, mais marcher... C'était vraiment différent. Et puis il fallait qu'il se concentre pour ne pas tomber à chacun de ses pas. Même s'il avait rencontré un bon ami, il ne pouvait pas toujours compter sur lui... Question de politesse.
En route, il pu donc goûter aux fruits de différents arbres fruitier, et déterminer ceux qu'il aimait le plus. Le plus marrant fut quand il croqua dans un citron vert. Morvan n'avait pas eu le temps de l'en empêcher, et la tête qui en ressorti était simplement hilarante. En revanche pour la victime c'était une très, très mauvaise expérience. Mais au moins, il avait les dents toutes blanches !
Une fois arrêter sur le bord du chemin qu'ils empruntaient, il noua ses cheveux de manière à être plus confortable, et finit par maudire encore et toujours ses chaussures. Des marchands itinérants leur passaient devant, sur la route principale, et l'ondin préféra se tenir bien à l'écart, ne voulant pas se faire écraser. Mais lorsqu'ils repartirent pour de bon, et que le jeune homme profita du nouveau confort que ses pieds ressentaient, ils marchèrent lentement en parlant.

Le pantalon qu'avait donné Morvan à Nastaé était certes bien couvrant, mais il y avait un problème de taille. Au niveau de la ceinture -inexistante- le pantalon tombait mollement sur ses hanches, et bien trop bas. L'ondin devait le remonter de temps en temps, de manière à ne pas qu'il se retrouve avec le chiffon au fond des chevilles. Mais inconsciemment ça ne le dérangeait pas. Il s'estimait heureux d'avoir un truc à se mettre. Seulement les passants qu'ils croisaient eux... ne le voyait pas cette manière. Son haut noir tombait un peu plus bas que son nombril et son pantalon, bien plus bas. Déjà un, ça le faisait ressembler à un type mal formé, puis deux, les courants d'air passant sur sa peau... Ne plaisantaient pas. Et il le fit remarquer :

-Je n'avais jamais... ressentit de vent avant et franchement... Ca donne froid !

Et en plus il parlait à moitié en chinois. Mais là, il s'en fichait. Croisant certaines femmes, il remarqua un détail. D'abord il ne dit rien et puis finit par lâcher :

-C'est quoi qu'elles ont là ?

Il montra ses propres oreilles. Il savait que c'était des bijoux, mais ne connaissait pas le nom, ni à quoi ça pouvait servir. Dieu ! Il avait encore tan de chose à apprendre...

Arrivé en ville, Nastaé ne pensa même plus à ses pieds. Les plantes curatives avaient fait effet sur ses blessures, et il sentait qu'elles commençaient à se ressouder. Morvan voyait qu'une ville se profilait à l'horizon et aidait surtout au jeune homme à ne pas se prendre des gens qui marchaient à contre sens, pendant que celui ci badait et se laissait aller. Mais quand Nastaé lui posa la question sur les bijoux et que Morvan lui répondit il dit :

-Si on en porte. Tout le monde en porte, lors de cérémonies. Mais ça n'a pas de nom, on appelle ça des bijoux. Comme ce qu'on met au cou et aux bras... Ceux sont des bijoux. Mais je suis heureux d'apprendre que ça porte en fait un nom ! J'aime élargir ma culture. Ici je vois qu'il y a une majorité de femme qui en porte c'est dommage. Parfois on en trouve sur des cadavres au fond de l'océan. Une fois avec Tora on a même vu des hommes avec ces bijoux dans le nez et des dessins sur les bras !

Boucle d'oreille, piercing, tatouage... Clairement les ondins ne connaissaient pas cela. C'était des technique ou trouvailles inconnues. Déjà que se trouer la peau était particulier, alors se dessiner sur le corps à l'encre indélébile... Pensez donc ! L'ondin passa enroula son bras à celui de son ami et pointa plusieurs éléments du doigt, demandant à chaque fois ce que ça pouvait être. Il était enjoué de la vie.
Une fois entrée en ville, le blond emmena au jeune homme un flots d'informations que celui ci trouva capital. C'était important de savoir tout cela et de pouvoir ainsi avoir toujours plus de connaissances. Bien que pour les humains, c'était le B-A BA de connaître ces choses là. Son ami le guida dans une boutique une peu vieillotte, où des étals de vêtements étaient savamment pliés et rangés. Ne sachant que faire, ne que dire, finalement ce fut Morvan qui prit l'initiative de choisir des millions de frusques pour lui. L'emmenant dans un coin du magasin, ils entrèrent dans une toute petite pièce.

-Pourquoi on se met dans une cage ?

"...parce que tu peux pas te mettre à poil devant tout le monde imbéciiiiillleeeee !!!!", voulait lui crier Tora. Mais elle se retint, restant bien contre la porte d'entrée, et sage. Mais son ami lui fit enfiler des t-shirt, puis des pulls, des chemises, des pantalons, des chaussures... Tout juste s'il n'avait pas essayé tout le magasin. Ca amusait beaucoup Nastaé et il voulait essayer encore et encore mais son ami lui demanda ce qu'il avait choisit au final. Restant perplexe il opta pour un t-shirt blanc simple, et un gilet de couleur anthracite. Le pantalon restait dans le même style que le précédent, large et noir, mais bien ajusté à la taille. Ainsi il arrivait à la bonne hauteur. Pour les chaussures il se contenta de l'avis de Morvan, plate, résistantes, noires, tout ce qu'il y avait de plus normal. Mais il du vite quitter tout cela et remettre ses anciens vêtements. Un peu déçu il ne comprit pas vraiment ce qu'il faisait et lorsqu'ils sortirent il dit :

-Dis donc c'est génial ici ! On prends ce qu'on veut et on part !

Mais le blond le fit taire et l'emmena à l'écart pour le faire se changer. Une fois dans sa nouvelle tenue l'ondin appréciait ce changement de style et remercia son ami. Mais ce dernier lui expliqua que ce qu'il venait de faire n'était pas bien et qu'il fallait éviter de le re faire. Sauf s'ils n'avaient plus de sous. L'ondin ne se rendait pas compte et l'écouta en acquiesçant. Au final ils partirent vers une auberge ou son ami lui promis un festin.

-Nous on mange du poisson et des algues. Des fois, lors d'une chasse annuelle ou bi-annuelle, nous chassons un grand prédateur du genre requin. Mais ça ne se fait que rarement car nous ne sommes pas des chasseurs, alors c'est difficile d'entreprendre une chasse pour nous.

Il était vrai que au final, on pouvait considérer les ondins végétariens.
En attendant, Nastaé avait hâte de découvrir encore et encore le monde avec son ami. Ils étaient proches et le jeune homme comptait le rester.
Mais il pensa à quelque chose :

-Tu n'as pas de famille à aller voir ? Peut être que je retiens....

Il prit une expression de gêne. Il n'avait pas penser à cela, et au fait de monopoliser son ami, mais en même temps il serait bien perdu si ce dernier devait partir maintenant. Il retournerait surement dans l'océan. Ou irait ailleurs. En tout cas même s'il prenait cas de cela, car ça l'inquiétait vraiment, il pria égoïstement -et il en était conscient- que Morvan reste avec lui pour autant.

Quand Morvan lui parla de sa famille, Nastaé voulu se pendre de suite. Il tendit une de ses mains, la mettant doucement sur la joue du blond.

-Excuse moi, tu n'es pas obligé de me raconter.

Malgré tout il continua. Nastaé essaya de lui donner un peu de chaleur humaine avec cette main sur cette joue. Mais il eu l'impression que ça ne fit rien. Lorsque le serveur arriva et regarda la scène, il arqua un sourcil puis demanda d'un ton platonique ce qu'ils prendraient. L'ondin aurait bien répondu mais il ne savait pas quoi dire. Reprenant lentement sa main, en regardant son ami, il entendit sa voix serrer prononcer la commande.
Une fois qu'il fut partit, Nastaé sourit :

-Je suis content si tu apprécie ma compagnie et si d'un côté... Je t'ai sauvé. J'espère que tu ne regrette pas. J'aimerai vraiment que tu ne regrette rien. Et puis on vivra de superbes choses ensemble ! comme ça aucune déception. Et je t’emmènerai chez moi !

Il se mit à rire en mettant sa main devant sa bouche, pour cacher ses lèvres. Il voulait le bonheur de son ami, sans hésiter et espérer y arriver. Pour cela, il fallait qu'ils voyagent et l'ondin n'y voyait aucun soucis. Et comme il disait il pouvait ainsi redécouvrir son propre monde au quel il y avait perdu goût. Nastaé ne savait connaissait pas les gestes polis, impolis, et quand ça tombait dans l'intime voire le charnel, alors pour lui, seule la chaleur humaine pouvait consoler les gens. Mais la chaleur corporelle, sans un quelconque acte, que de toute façon Nastaé ne connaissait pas, pouvait réchauffer les cœurs.
Ne disant rien ne faisant rien il écouta Morvan et puis prit lui aussi des initiative, mangeant tout ce qu'il lui proposait :

-C'est excellent !! De la salade ? Ça pousse sur des... Saladiers ? Et les asperges sur des aspergiers ? Vivement que j'en vois !

Et goutant la viande il eu du mal à l'avaler :

-C'est... riche...

Pour ne pas dire trop gras. Mais Tora elle se léchait les babines, elle voulait y goûter et l'odeur lui astiquait le museau.

-Comment tu... Fais ?

Il prit le couteau, la fourchette et... Allié ensemble, ce fut l'apocalypse. Il fit tomber l'un puis l'autre, puis finit par se tailler. Souriant, un peu gêné, Tora lui lécha la petite blessure, qui arrêta de saigner immédiatement.

-Merci ma belle...

Il la caressa et reprit son aventure, mais arrêta assez vite finalement.

-C'est trop dur, comment tu fais ? C'est... Moins dur avec les dents et les mains.

Nastaé essaya une dernière fois, et la viande finit par se couper. Donnant le bout de viande à Tora, elle se régala.

-Je pense que si elle était moins... Écœurante, je la mangerai volontiers !

Mais c'est que la viande cuite et massérée dans sa propre graisse, son propre jus, ça ne lui plaisait pas ! Monsieur avait-il des goûts plus... Raffinés ? Il semblerait bien que oui ! Ainsi il s’intéressa au poisson et à la verdure de l'assiette à Morvan.
Une fois le repas finit et une grande discutions lancée, ils se levèrent et partirent, reprenant la route. L'ondin se prenait bien plus souvent à rire, toujours accrocher au bras du blond. Ca lui faisait un grand bien, et il appréciait tout cela. A cette instant, il pensait que rien ne pouvait les séparer. Ils avait créé un lien puissant et c'était quelque chose de profond au niveau de ses sentiments. Une fraternité s'était établie.

Morvan le prit tout à coup par la main et commença à courir. Nastaé le suivit petit à petit en soufflant de manière à se ménager. Mais alors qu'ils s'arrêtèrent l'ondin eu peur de la bête qu'il vit. Se plaquant derrière Morvan assez discrètement, il préféra ne pas se faire pour un idiot. S'il faut c'était... Un animal sans défense mais lui ne le savait pas.
Une fois que l'affaire fut négocié, ils grimpèrent sur la charrette en bois et l'ondin trouva ce véhicule charmant. On peut se faire transporter facilement. Il tapa dans ses mains de joie et balança ses jambes dans le vide.

Une fois qu'ils partirent doucement, Nastaé détacha ses cheveux et le vent les souleva doucement. Mettant une mèche derrière son oreille, il entendit la question de Morvan. Appuyant son corps contre le sien, et sa tête sur son épaule, il dit :

-J'ai des parents formidables, et cinq frères horriblement jaloux. Je suis le plus jeune. Toute ma vie, mes parents m'ont choyés et donnés bien plus d'amour qu'ils en ont donné à mes frères. Bien que je les admirais alors qu'ils me maltraitaient, je ne le voyais pas... Mais à l'adolescence, ils ont vraiment commencé à devenir violents.

Il regarda l'horizon.

-Alors lors d'un concours de vitesse, l'un d'eux a finit par m’assommer, me laissant une sacrée commotion. J'ai vogué jusqu'aux Abysses. Malheureusement, le peuple d'en bas n'aime pas vraiment le peuple d'en haut, alors ils ont commencés à me griffer et me tuer, mais j'ai réussir à m'enfuir. In extremis. C'était très difficile pour moi, car l'image de mes grands frères se brisa... Définitivement. Il me reste mes parents mais c'est différent. C'est pour ça que je suis parti. J'ai encore la cicatrice.

Il dégagea ses cheveux de sa tempe et lui montra. Un liserait blanc et fin traversait la tempe du jeune homme. Caché grâce à ses cheveux, mais visible lorsqu'il relevait ceux-ci.

-Mais ne t'inquiète pas, j'ai... Tourné la page. Je préfère les oublier, c'est mieux pour moi.

Il le regarda et lui donna un petit coup d'épaule très léger.

-Et puis j'ai toi, alors je m'en fiche de retourner chez moi.

Il lança un sourire qui exprimait toute sa sincérité, et son amitié. Il espérait voir le monde, encore et encore... Toujours avec lui.

Dès qu'il entendit cette parole, Nastaé se figea puis dit :

-Non, non je me suis mal exprimé, excuse moi.

Il mit ses mains devant pour rassurer son ami en souriant :

-Mes parents, je leur ai dis au revoir, tu es fou ! Entre le moment où les adieux ont commencés et où je suis vraiment partit, j'ai eu l'impression qu'il s'était passé deux ans. C'était déchirant, mais je suis partis pour mieux revenir, et en les remerciant du fond du cœur.

Mais il fit une petite moue de déception.

-As tu vraiment cru que moi, j'allais ignorer les gens que j'aime et qui me le rendent bien ?

Puis il se mit à sourire à nouveau, enlevant une petite bête de la tignasse de Morvan :

-Je ne ferais jamais ça. Je ne le pourrais pas. C'est comme si... Là dans la nuit, je partais comme un voleur, sans rien te dire, te laissant seul... Ce serait horrible n'est ce pas ? Enfin c'est ce que je pense. Je ne fais pas aux gens ce que je n'aimerai pas que l'on me fasse. C'est un peu ma philosophie même si c'est assez compliqué de l'appliquer avec mon caractère.

Il sauta de la charrette lorsque le vieil homme leur dit que c'était le terminus. Ainsi, lui passant à côté, il le remercia chaleureusement et suivit Morvan qui s'approchait de la mer. Face à l'invitation de celui ci, Nastaé n'attendit pas une seconde de plus et couru vers lui. Un paysage magnifique se dessinait devant lui. La mer était quelque peu houleuse, mais elle était tellement attirante. Il fallut un sacré courage à l'ondin pour résister de s'y jeter dedans à corps perdu. Les reflets rougeâtre du soleil, se dispersaient jusqu'à eux et bien plus loin encore, innondant le paysage de son sang lumineux, dont le jeune homme apprécia la vu. Quelle était belle sa mer comme ça... Il en était rêveur presque.
Le sable était plus racailleux et plus gros que sur la plage où il avait atterrit quelques jours plus tôt pour la première fois, et il ne voulu pas se mettre pieds nus. pour rien au monde. Le véhicule s'était arrêté non loin de la côte, et le phare, immense et gigantesque, sur sa petite colline, fit tourner la tête à l'ondin.

*T'as vu ça ma belle...*

Tora leva les yeux et ne se sentit pas vraiment rassuré. Ensemble, comme deux glands, ils regardèrent le phare, comme si le monstre de construction allait commencer à bouger et se mouvoir, pour aller les écraser. Et puis reprenant ses esprit il dit :

-Au fond de l'eau il y a... Quelque chose de similaire.

Et tournant la tête vers son animal il dit :

-Tu te rappelles du bel homme en bronze ?

Quand il vint à côté de Morvan il lui dit qu'une statue de bronze, surement aussi haute que le phare, ou même moins, avaient atterrit dans les Abysses. Nastaé, dans son petit périmètre de sécurité, ne pouvait voir ainsi que le buste de cette statue. Mais cela l'impressionnait toujours de voir de tels monuments, qui étaient pour lui des richesses.
Peut être que son ami s'en fichait ? Il ne savait pas trop juger les réactions des gens, à travers leurs yeux.

Une fois qu'ils eurent fini de s'agiter, Morvan pointa du doigt une cavité rocheuse bien plus loin, abrité, et grande. C'était une grotte.

-Oui il y en a sous l'eau, mais on appelle ça des sous terrains. C'est pareil ?

Une fois la marche effectuée, ils y entrèrent et l'ondin pu constater que la roche était très claire et non profonde. Ainsi au fond, il y avait un bassin d'eau, et son ami lui expliqua où cela menait. Lorsque il évoqua la lumière, Nastaé comprit pourquoi la roche paraissait si claire et lumineuse, c'était dû à cette eau. Il trouva cela magnifique et s'y extasia dedans. Puis aux vues de sa transparence, il s'agenouilla près du bassin et plongea juste son regard au fond de l'eau. Il pouvait aisément distinguer des symboles et dessins, et il n'avait qu'une envie c'était de s'y jeter dedans. Tournant la tête, il vit que la soirée avait déjà commencée. Le vent laissait entendre un léger bruit, comme un petit souffle, mais ici, ils ne ressentaient rien. En revanche, le froid lui était présent et Nastaé avait toujours du mal à s'y habituer. Du coup l'idée des couvertures l'enchanta totalement.

-Si j'ai trop froid, je ferai comme la nuit dernière, tu as un corps très agréable !

Il s'en réjouissait mais Tora, si elle avait pu sans le blesser, lui aurait volontiers mis une gifle à cette parole qui pouvait connoter bien des choses. Mais il était tellement débile lui aussi...
Lorsqu'ils s'étaient réveillés, Nastaé était enroulé comme une pieuvre, autour du corps de son ami, dégageant bien plus de chaleur que le sien et substituant la mince couverture. Du coup il avait passé une petite nuit bien tranquille, contre son ami. Bien que il ne se mettait pas à la place du blond. Évidemment que non !
Mais cette fois ci c'était différent, il avait pris plusieurs couvertures et bien chaudes, alors l'ondin -normalement- n'aurait pas besoin de se coller à lui. Bien que malgré tout, il se fiche totalement. Il trouvait ça agréable, il ne voyait pas le mal qu'il faisait, ni l'intimité dans laquelle il pouvait les plonger, alors pourquoi s'en priver ?
Quel naïf...

Les symboles et dessins aux murs étaient totalement inconnus pour l'ondin et il se délectait de les voir et toucher. Pour lui, c'était quelque chose de différent et il sentait de l'histoire dans chacun de ses traits. Ainsi il admira plus qu'il ne toucha, ne voulant pas altérer cette cavité chargée d'histoires. Il aimait connaître quels peuples avaient habités dans tel ou tel lieux avant lui, et même jusqu'à la création du monde. Pour lui c'était important de savoir qui l'on était et d'où l'on venait. Le courant d'air le fit frissonner plus que de coutume mais il ne dit rien, se détournant. Sa naïveté pouvait, sur le continent, lui faire bien des ennemis, et bien des amis, mais jamais il n'aurait cru ou même espéré rencontrer quelqu'un comme Morvan. Quelqu'un de bien et de sincère, qui ne se servait pas de ses faiblesses pour le tuer ou le torturer. Il avait pu lui révéler directement sa nature, sans craindre quoi que ce soit de sa part, et sans se méfier, et il avait eu raison.

Au final, le blond le sortit de ses pensées en lui demandant s'il voulait nager. Nastaé ne se fit pas prier, et lui sourit de plus belle lorsqu'il se déshabilla, et qu'il le pressa. A son tour, l'ondin quitta rapidement ses vêtements, mais avant de plonger, il écouta en regardant le dessin dans le dos de son ami. Curieux de nature il se pencha sur lui et l'effleura de ses doigts.

-Ça... Te fait mal quand je touche... ?

Mais il ne pouvait pas s'arrêter, il trouvait ça vraiment joli et il fit glisser son index sur les contours du dessin encré dans la peau de son ami. Il souffla admiratif :

-Ça te va... tellement bien...

Secouant la tête, il reprit ses esprits, se demandant si là non plus il n'avait pas franchit une barrière. Ainsi, en s'enlevant la deuxième chaussure, il fut déstabilisé, et tomba directement dans le bassin. Ses cheveux ondulés se firent fluide et presque transparents prenant les reflets de l'eau, et ses jambes se transformèrent. La couleur de sa queue fit ressortir celle de ses yeux, qui était similaire. Ouvrant les yeux sur son ami, il entendit ses compliments. Souriant à cela, il le remercia, un peu troublé malgré tout, mais ne sachant pas pourquoi. Un noble ? Ca lui plaisait.
Ainsi il vit Morvan se transformer lui aussi et avoir le même corps que lui. Assez surpris mais souriant, ils commencèrent à partir pour explorer les fonds. Lorsqu'ils arrivèrent dans la mer, Nastaé fut envahi d'un bien être sans faille, se trouvant enfin chez lui, dans son élément. Il n'avait peur de rien, et se sentait le maître des eaux. L'ondin regarda Morvan et n'osa pas le toucher sous cette forme, ne sachant ce que ça allait faire. Malgré tout il lui dit :

-Viens suis moi, j'aimerai te montrer quelque chose...

Ainsi il s'enfonça un peu plus dans les fonds, jusqu'à arriver sur du sable. Là se trouvait des coquillages de toutes sortes. Entassés les uns sur les autres.

-Tu vois tout cela ? Au milieu il y a de la nacre. Comment la distinguer ?

Nastaé resta à côté de son ami et commença à chanter. La mélodie était douce et délicieuse. Pour quelqu'un qui n'y était pas habitué, c'était hypnotisant. Mais au fur et à mesure que les notes sortaient de sa bouche, et s'envolaient aux grès des courants, certains coquillages se mirent à briller. Il s'arrêta au bout de quelques secondes, et fit un tout sur lui même.

-Tout ce qui brille c'est de la nacre. Et encore ici je trouve qu'il n'y en a pas beaucoup...

S'approchant vers le banc de pierres, il en attrapa un qui brillait et il arrêta de suite d'émettre cette lueur qui le distinguait. Se mettant près de Morvan il lui dit :

-Nous on s'en sert comme décoration outils, et bijoux. C'est notre truc la nacre. Alors je connais pas les boucles d'oreilles, mais les barrettes si !

En riant, il laissa flotter le petit corail et, avec son pouvoir, agita l'eau pour le faire tourner sur lui même. Attrapant un autre coquillage neutre et robuste, il donna de petits coups précis, pendant que le cailloux tournait à toute vitesse sur lui même. Au bout d'une minute, il lâcha son outils et reprit le coquillage qui s'arrêtait peu à peu.

-Regarde.

Il avait sculpté une petite barrette légèrement ouvragée, et se la mit délicatement dans les cheveux.
En fait, le procédé qu'il avait utilisé était la sculpture, combiné avec la poterie. La pièce tournait sur elle même assez vite, et eux la sculptait.

-Elle, elle n'est pas très joli car je n'ai pas encore vraiment la technique pour y sculpter les détails, mais elle est utile et tiens très bien. Ainsi on fait nos harpons en nacre lors de la fameuse chasse donc je te parlais. Nous avons des armes, des outils, des bijoux, des accessoires, des objets... Nous ne faisons pas de distinction entre matière courante et noble. Pour nous elle est pratique, utile et on en trouve partout.

Souriant il eu peur s'ennuyer son ami. Bien qu'il l'écoutait, Nastaé se disait que s'il faut cette démonstration n'était que banalité pour lui, ou même pipi de chat, car sur le continent ils faisaient bien mieux. Mais l'ondin n'en savait rien de ce qu'ils se passaient ailleurs. Et il voulait faire profiter Morvan de son savoir, aussi maigre fut-il. Bien sur dans l'eau, l'ondin se déplaçait fluidement et avec grâce, contrairement à sur la terre. Au bout d'un moment de nage intense, les deux hommes rejoignirent la terre ferme. Lorsque la mer se retira avec son écume, en déposant Nastaé sur le sable, il chassa rapidement l'eau de sa nageoire pour avoir des jambes à la place et s'enfuir avant que l'eau ne revienne.
Ainsi, les cheveux mouillés, raides, il suivit et se mit au même niveau que son ami. C'était génial. Pour lui c'était très important de revenir aux sources de temps en temps. En tout cas pour le moment.
Une fois un peu plus sur le sable, le blond se réjouit de lui montrer quelque chose. L'ondin fit un bond en arrière lorsqu'il entendit le cri de son ami et les magnifiques ailes déchirer sa peau pour sortir. Elles étaient magnifiques. Et contre toute attente, il lui expliqua comment il les avait eu et si ça tentait Nastaé de voler.

Il tapa dans ses mains, montrant son immense joie, et comme son ami lui avait indiqué, se jeta un peu trop heureux dans ses bras. Se tournant il dit :

-Poulette, tu nous rejoins dans la grotte ?

De bonne composition, elle commença à marcher vers cette dernière, en ne boudant pas. L'ondin fut étonné qu'elle le prenne si bien mais s'en réjouit plus encore.
Une fois l'un contre l'autre, son ami finit de le placer et, produisant un vent de dingue, ils finirent par s'éloigner du sol. Évidemment. ÉVIDEMMENT, Nastaé paniqua. Une seconde. Le fait de voir la terre si basse lui donna un vertige, puis lorsqu'il regarda le ciel, tout alla mieux. Une fois que ses yeux se posèrent à nouveau sur le sol, ça allait mieux. Ils étaient haut, mais il s'en fichait. Se concentrant sur son ami, il sentit la chaleur de sa peau, sa douceur, les battements de son cœur, ses cheveux frôler son visage, l'odeur de leur corps légèrement iodés... Tout lui plaisait. Bien sur il ne pensa pas une seule seconde ce que cela aurait pu faire pour un étranger, d'en bas, en voyant deux hommes nus, dans les bras l'un de l'autre, voler au gré du vent. En même temps il n'y pensa pas, car il s'en fichait des autres.

Une fois dans la grotte, chacun d'eux remit leurs vêtements, et Morvan lui demanda son avis :

-C'était génial ! Je t'envie tellement ! Je veux la même potion !

Plus tard, Nastaé donnait un peu d'affection à sa tigresse pendant que l'élémental s'occupait du feu et de préparer un coin douillet pour y passer la soirée et la nuit.

-Oh mais oui c'est un gentils petit plancton ça !

Elle était sur le dos, les quatre fers en l'air, et rugissait légèrement. La connaissant par cœur, l'ondin savait que ça se traduisait par des rires et du bonheur. Lui, il l'enquiquinait en planta son visage dans sa fourrure et en soufflant vraiment fort. Il ne doutait pas que tout ça devait la chatouiller. Contrairement aux autres animaux ça la dérangeait pas.

-Hein que ça te fait marrer !

Il se jeta sur elle et elle entoura ses grosses pattes velues autour de lui, pendant qu'ils roulèrent sur quelques mètres. Une fois que Nastaé se fit lécher le visage, mordre le bras, éternua deux fois à cause des poils de la tigresse dans le nez, et qu'elle se calma en ronronnant, il vint s'asseoir près de son ami. Le regardant il pinça ses joues et dit :

-Ne regarde pas comme ça, si tu veux je fais la même chose si t'es jaloux !

Et puis il éclata de rire en le lâchant.

-Si tu veux t'amuser avec elle, elle se fera une joie de jouer. Elle ne te fera strictement rien, promis !

Espérant ne pas trop avoir mit le blues à son ami, il sentit Tora se rapprocher du feu. La poussant il lui demanda de ne pas trop s'y coller pour ne pas que ses poils prennent feu. Alors elle se coucha derrière Nastaé, qui finit par s'appuyer sur elle. Le repas fut revigorant, car l'ondin était un peu fatigué après cette journée riche en émotion. Il confirma que pour lui aussi ça avait été génial et qu'il était prêt à en vivre des milliers comme ça, surtout avec lui.
Mais une fois rassasié, Morvan lui indiqua une position à prendre. Curieux, il s'exécuta, enlevant son vêtement et se mettant sur le ventre. Son ami le rassura alors il se détendit, ne faisant rien. Au contact des mains de l'élémental, toujours plus chaud que lui en température, il se détendit complètement, et ferma même les yeux, appréciant chacun de ses gestes. Lorsque les lèvres de Morvan effleurèrent sa nuque nue, un frisson le parcouru.

Dis donc il ne se doutait pas une seule seconde que ça aurait été si agréable !

Nastaé adorait ce toucher si ferme et chaud, ce contact avec son dos, et se laissait doucement aller. Mais à un moment, le blond sourit et enleva son haut en disant que maintenant c'était à son tour. Lui rendant son sourire l'ondin lui dit :

-Je vais essayé, mais je ne sais pas si je vais le faire si bien que toi.

Alors se mettant dans ce qu'il estimait être la même position que lui, il commença à poser ses mains froides sur son dos. Il admirait ce tatouage. Pour lui c'était quelque chose de totalement inconnu. Les seules encres qu'il connaissait c'était celles des pieuvres et des sèches. Lorsqu'il était petit, avec ses amis, il s'amusait à s'en asperger. En plus ça part assez bien alors ils en profitaient, mais là, c'était différent. C'était indélébile. Ca allait le suivre toute sa vie, et l'ondin était perplexe face à cela. Mais sur un être comme lui, qui le portait si bien... Il n'y avait aucune raison de redouter de s'en faire un. Imitant Morvan, il embrassa doucement sa nuque de ses lèvres, une fois, deux fois... Puis sans crier gare, son ami bougea et l'ondin de retrouva sur le sol.
Le ton de sa voix était différent de d'habitude et Nastaé le regardait étonné. Que lui arrivait-il ? Lui avait-il fait mal ? Si c'était le cas, l'ondin voulu se pendre sur-le-champ. Mais cela fut tout autre chose.

Lorsque les douces lèvres de son ami se posa sur les siennes, il bascula dans un autre monde, découvrant des émotions. Instinctivement, comme pour ne jamais arrêter cet instant, il passa ses bras autour du coup de son ami, doucement, mais sans le retenir vraiment. Ce geste de tendresse en entrainant un autre, il se laissa embrasser et ce fut comme si la foudre l'avait frappé. Il avait l'impression que son cœur explosait, que ses veines enflaient, et que son corps tremblait. Mais rien de tout cela. Il appréciait ça, plus que la chasse annuelle, plus que la cuisine de sa mère, plus que... Plus que tout...
Bien qu'inconnu, les sentiments éprouvés étaient légèrement addictifs, et lorsque son ami se retira, désolé, se couchant à côté de lui, Nastaé ouvrit les yeux. C'était génial. C'était nouveau. C'était lui.
Trop loin ? Trop loin de quoi ?

Il voulait être proche, plus proche, toujours et encore. Se collant à lui, sans gêne, il fourra sa tête dans le creux de son cou et murmura :

-Je ne sais pas ce que cela représente pour vous tous, mais j'ai adoré... J'en veux encore...

Ne prévenant pas de sa réaction, il s'appuya sur son coude et ce fut lui qui bascula sur son corps, pour l'embrasser à nouveau, comme ils venaient de faire. C'était juste jouissif. Le contact qu'il avait avec lui, comme s'il sentait son lien avec Morvan, se durcir pour devenir bien plus solide qu'avant et plus fort. Il hasarda un peu plus timidement ses mains, sur la joue de son ami, dans ses cheveux, sur son cou, ses épaules, son torse... Il voulait toucher sa peau, encore et encore. L'ondin sentait son cœur battre sa cage thoracique, comme s'il voulait en sortir. Son index parcourait le corps ferme et chaud du blond, se perdant dans ses muscles. Le contact entre les hommes avait généralement tendance à être viril, masculin, presque brut. Mais là, avec un type doux à la base comme Nastaé, et Morvan qui n'avait pas l'air d'être un coléreux, c'était différent. Forcément, c'était plus intime, plus attentionné. Puis il remplaça son index par sa main, préférant sentir sa peau sous sa paume, que sous la pulpe de ses doigts.

Nastaé se décolla de lui puis, pour plus de confort pour lui, s'assit sur le ventre du jeune homme, en prenant garde à ne pas lui faire mal. Il rabattit ses cheveux sur un seul côté de sa nuque, et posa ses deux mains sur le torse de son ami. Il remarqua que ses yeux étaient bien plus bleus, qu'ils avaient amplifiés. Bien qu'il ne voulu pas le dévisager par politesse, il ne pouvait détourner les yeux. L'ondin était totalement captivé, comme si... Il n'y avait plus que lui, et eux, dans le monde entiers. Pour simple réponse à ces pensées là, il se mordit la lèvres inférieure.

L'invitation de Morvan ne laissa pas indifférent l'ondin et étrangement, il n'avait jamais ressentit autant le besoin d'apprendre, que cette nuit là. L'amour qui revenait, et restait entre eux, comme l'écume avec la mer, ne faisait qu'exalter deux fois plus les sentiments du jeune homme. Et les yeux bleus de son ami le faisait tomber dans la déraison, se laissant totalement submerger par le désir. Ainsi, la nuit s'acheva dans les bras l'un de l'autre.
Au petit matin, Nastaé se sentit bien, léger, et dans un cocon de chaleur totalement agréable. Il ne désirait en aucun cas ouvrir les yeux, bien au contraire. Mais lorsqu'il se remémora les évènements de la veille, et en déduisit contre qui il était, il ouvrit doucement les yeux. Ses paupières papillonnèrent sous l'effet du sommeil, et en levant doucement la tête, il vit le visage de Morvan. Rougissant jusqu'au oreille, il se demanda si c'était un rêve ou bien la réalité. Enfouissant sa tête, en gémissant légèrement, contre le corps de l'homme contre lui, il réalisa que leurs jambes étaient enlacées les unes aux autres, que ils étaient nus, contrairement aux autres nuits passées avec lui, et qu'ils étaient aussi très proche. Nastaé aimait tout cela, mais il avait du mal à croire que c'était arrivé. Mais son corps lui, n'avait rien oublié, bien au contraire. Les traces du plaisir était encore là, et il rougit de plus belle, finissant par passer un de ses bras par dessus le torse du jeune homme. Il ne pouvait même pas comparé avec l'affection qu'il éprouvait pour ses parents ou ses amis. C'était bien plus que cela.

En forme, il vit le blond sortir de sous la chaleur des couvertures pour affronter le soleil, et bientôt l'eau gelée du bassin au fond de la cavité. S'asseyant en premier temps, Nastaé entendit :

*Je suis partie cette nuit, vous étiez tellement... Répugnant.*

Arrêtant de se frotter les yeux, il se jeta sur l'animal en lui tirant les oreilles :

-Arrête de dire des trucs comme ça ! Tu verras toi quand tu te trouveras un beau mâle, je viendrais te dire ce que tu viens de me balancer !

Et puis cette dernière se mit à jouer avec lui, contre toute attente, alors qu'elle avait un peu énervé l'ondin. Cette petite bagarre de quelques secondes se finit en léchouille de la part de Tora, en guise d'excuses.

-Ça va pour cette fois, mais la prochaine fois...

Puis il se mit à rire pendant qu'elle ronronnait. Lui faisant un bisou sur le front, il se rapprocha de l'endroit ou stagnait Morvan, et écouta ses explications. Il trouvait que l'odeur qui se dégageait de tous ces ingrédients étaient très agréables.
Alors il imita son ami, et plongea lui aussi son corps dans l'eau. Comme prévu, sa nageoire apparut, et il leva les yeux au ciel. Regardant bien ce qu'il faisait, il fit pareil et trouva que ses cheveux sentaient bien meilleurs. Lorsqu'ils seraient secs, ils seraient bien plus doux, c'était certain.
Effectivement c'était simple et agréable alors pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? C'était dommage.
Morvan lui montra la procédure pour les dents et c'était juste horrible. Nastaé plissait le nez lorsqu'il croqua dans le citron, et failli recracher, mais se força en voyant que son ami supportait cela mieux que lui. Le tour de la menthe ne fut pas meilleure. C'était amer et en même temps... Pas hideux non plus. Mais lorsqu'il eu finit, il n'en fut que plus heureux. Ecopant d'un baiser qui électrisa son corps, et qui lui prouva qu'il était dans le monde réel du début à la fin, il écouta distraitement le blond lui poser une question. S'asseyant sur le bord du bassin, jouant de sa queue avec l'eau, il s'allongea finalement sur le sol frais.

-Le phare, c'est... Quelque chose que j'ai déjà vu de loin mais que je ne connais pas... Alors j'aimerai y aller.

Il était hésitant car il ne voulait pas décevoir son ami si lui voulait aller nager. S'appuyant sur ses coudes, il dit :

-Mais on peut aller nager avant si tu veux ! Chez moi, sous l'eau, il y a quelque chose de similaire à ce monument. C'est une statue géante, en bronze. Le socle de cette statue est dans les Abysses, mais la tête fait partie de notre monde. Rien que son œil fait ma taille.

Il se mit à rire doucement, mettant une main devant sa bouche.

-Quand j'étais petit, il me faisait peur, et nos parents nous racontaient, pour ne pas que l'on s'en aille trop loin, que si on s'approchait de trop près, elle allait bouger et nous manger. Ça nous filait la frousse. Mais quand je n'étais plus dupe, j'y suis allé avec Tora. En fait ce n'était que du bronze qui avait coulé. Alors du coup, ce phare m'intrigue. Et puis nous ne voyons que la lumière quand nous mettons la tête hors de l'eau.

C'était vrai que c'était quelque chose d'imposant et en même temps de mystérieux, qui donnait envie à l'ondin d'aller apaiser sa curiosité.
Mais il préféra attendre la réponse de son ami, et savoir s'il n'avait pas des conseils à donner, car pareils ils allaient rencontrer des... Gens hostiles, et il fallait être préparé à tout.
Jetant un coup d'œil à Morvan, il retira ses futures jambes de l'eau, pour reprendre forme humaine rapidement et alla s'asseoir contre lui.

Nastaé se réjouit que Morvan soit plutôt clément pour aller au phare. De joie il tapa légèrement dans ses mains, regardant son ami. Finissant de se préparer et s'habiller, il remarqua que son t shirt avait de tout petit trous vers le bas, comme s'il avait été grignoté par de petites bêtes. N'en prenant pas cas, il suivit le blond hors de la cavité rocheuse. Ne sachant pas vraiment pourquoi, mais suivant son impulsion, il enroula son bras autour du sien, et fit glisser sa main dans celle de l'élémental. Ne voyant aucun résistance de sa part, l'ondin rougit, se rappelant de cette nuit. Son cœur se mit à battre un peu plus vite, et il tenta de se calmer pour ne pas éveiller les soupçons chez son ami. Ce dernier lui indiqua à quoi servait ce genre de monument. Nastaé sourit, mettant sa main devant sa bouche, cachant son sourire espiègle.

-Moi non plus je ne sais pas comment ça fonctionne. Alors nous allons voir !

Arrivé au pied des rochers à escalader et traverser, pour atteindre la plateforme sur laquelle reposait le phare, le vent soufflait vraiment bien fort. Les cheveux de l'ondin dansait aux grès des courants d'airs, et il passa une mèche derrière son oreille. Levant la tête pour regarder le haut du géant, une rafale dénuda sa nuque. Jetant un regard à son ami, il vit qu'il le regardait. Détournant le regard, il baissa un peu la tête, en souriant et tenant ses cheveux pour ne pas qu'ils aillent dans ses yeux.
Au final, l'élémental lui indiqua qu'il allait rester derrière lui si jamais il subissait une chute. Nastaé trouva les rochers un peu glissant et fit ce qu'il pu pour ne pas tomber. Mais avec la maladresse qui le caractérisait, il glissa une, deux, trois fois, mais à chaque fois, son ami, bien plus stable que lui, était là. Et à chacun de ses contacts, le visage de l'ondin s'enflammait. Pourquoi ? Pourquoi cette excitation ?
Du coup, une fois arrivé au pied, ils cherchèrent rapidement l'entrée. Lorsque l'ondin vit les marches s'entortiller autour de la colonne centrale, il en fut pris d'un vertige.

-C'est... Si haut...

Morvan commença à monter doucement, et lui le suivit. Bien sur, pendant l'ascension, des pauses étaient demandées, du moins de son côté. A un moment, il rencontrèrent une fênetre, et Nastaé pu admirer la vue. Le phare était pris sous des nuages gris et bas qui n'allèrent pas tarder à décharger leurs pleurs sur le monde. Reprenant la course aux escaliers, l'ondin fut surpris du vent qui soufflait très fort au sommet. Se cramponnant à Morvan, il vit Tora rester sur la dernière marche de la tour. Le sommet se composait d'une énorme pièce, toute vitrée qui, par déduction de la part du jeune homme, devait servir à diffuser la lumière. Mais à l'intérieur, la lueur était éteinte. S'appuyant à la rembarde, il eu un léger vertige, comme quand ils s'envolèrent, en regardant en bas. Puis il sentit la chaleur de Morvan contre lui, contre son corps, et son cœur s'emballa. Essayant de se calmer, il fut électrocuter par son baiser. Voulant prendre son visage pour continuer, ses cheveux s'emmêlèrent et devinrent fou, plus que jamais, ce qui rendait difficile les actes intimes.
Mais une voix les interrompit :

-Bonjour...

L'ondin se retourna rapidement, cherchant la tigresse des yeux. Visiblement la petite vieille à la voix nasillarde, venait de sortir de la pièce vitrée, et non de l'escalier. Tora était donc toujours à l'abri. Ne sachant vraiment que dire, il essaya de dresser ses cheveux comme il put, puis les tint d'un côté de son cou.

-Vous êtes perdu ?

Hein ? Mais... Cette femme était-elle bête ? Poser une question après avoir traverser des rochers glissants, un escalier long comme un jour sans pain, et braver un vent d'enfer... C'était clairement une blague. L'ondin fronça les sourcils, et lança un regard à son ami. Au final il dit en souriant, montrant patte blanche :

-Non, du tout. Nous étions curieux. Vous êtes la propriétaire ?

Elle acquiesça, regardant suspicieusement les deux hommes. Devant ce manque d'éloquence, Nastaé fut désarçonné et ne sut quoi dire, se référant à Morvan.