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 Réaménagement et renouveau [PV Elisha]

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Sam 09 Fév 2013, 15:55

Aujourd'hui, il ne savait pourquoi, il avait décidé de déroger à ses habitudes. Et Leaic en semblait tout content. Enfin, il ne sautait pas partout, gambadant à droite et à gauche en aboiement et jappant, non. C'était même tout le contraire. Mais Raeden l'avait aperçu du coin de l'oeil battre de la queue. Ce qui, pour quiconque connaissait l'animal, relevait d'un exploit. Ce qui avait donné une telle réaction au canidé, c'était tout simplement que le fantôme avait commencé sa journée non pas par regarder le levé de soleil depuis la fenêtre de la chambre de sa fille mais depuis le seuil de la porte. Et là, ce n'était que la première étape d'une longue série. Car après cela, il s'était assis sur les marches, pendant plus de deux heures, à ne rien faire, simplement regarder la neige voletait et tomber doucement sur le sol, déjà bien blanc.

Si blanc et si épais que l'Ombre avait eu l’irrésistible envie de s'y coucher et de faire le papillon, comme si souvent il l'avait fait avec ses enfants. Il entendait encore leur éclats de rire, et revoyait immanquablement les batailles de boules de neiges qui suivaient généralement, leur prenant tout l'après midi. Des fois, même Chess prenait part aux affrontements, dans le camp de personne, sauf le sien, s'amusant juste à renverser l'un ou l'autre. Après cela, ils rentraient tous à l'intérieur de la belle demeure, frigorifiés. Là les attendait Mme Liddell, avec des serviettes et des vêtements chauds. Et puis surtout, de bons chocolats chauds, avec quelques pâtisseries. Ils s'installaient tous dans le salon pour déguster et se réchauffer, avant de passer le reste de la soirée à bavarder et à jouer ensemble, la plupart du temps.

A présent, Raeden se trouvait derrière la maison, à l'extérieur. Sous cette forme, il ne ressentait pas vraiment le froid, même s'il aurait préférait. Il regardait la façade de la bâtisse qui pourrissait un peu plus de jour en jour. Ce qui était inadmissible. Il avait déjà perdu sa famille, il ne supporterait pas de perdre en plus de cela ce lieu, même s'il était à présent tâché par le sang et la douleur. Il concrétisait à la fois le bonheur et le malheur qu'avait vécu le fantôme et il ne pouvait pas le laisser tomber dans l'oublie.

Il cherchait donc un moyen de la réparer. Il devrait sûrement commencer par le toit : de plus en plus de fuite y faisaient jours et abîmaient l'intérieur. Il aurait besoin d'outil, de matériaux et de temps, mais ça, il semblait avoir l'éternité devant lui. Non, le principal problème ne résidait pas là, n'était pas matériel. C'était lui tout simplement, sa consistance quelque peu impalpable. Il lui arrivait de pouvoir reprendre sa véritable forme, son véritable corps et ainsi de travailler, mais ce n'était jamais pour très longtemps et en général il y avait un sacré intervalle avant qu'il ne puisse recommencer. Mais plus il y réfléchissait, moins d'autres solutions ne lui apparaissaient viables. A un moment, il avait bien pensé utiliser Leaic, mais il était certain que le cabot n'en ferait qu'à sa tête, comme d'habitude.

Se décidant enfin à passer à l'acte, Raeden se concentra pour revêtir son apparence d'avant, ce corps dont il était si fier. Et pas que lui d'ailleurs. Il grimpa sur le toit et commença à évaluer les dégâts du temps climatique mais aussi celui de la durée, marmonnant dans son bouc :


Ca va pas être de la tarte!
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Sam 09 Fév 2013, 20:29

Je regardais autour de moi, sans trop savoir où je me trouvais. Je me situais nécessairement à un endroit plus ou moins élevé de la montagne, c'était sûr, il suffisait de regarder le paysage... Mais où exactement ? Je n'avais absolument aucun moyen de répondre à cette question. Je devais tout de même être sacrément haut, au vu du froid polaire qu'il faisait. Et comme une idiote, j'avais laissé toutes mes affaires en bas, sous la surveillance de Charlie. m*rde, je devais vraiment être super haut, je ne l'entendais même plus, celui-là. Il n'y avait aucune chance pour qu'il aie simplement cessé de parler, c'était pas son genre. Je ne sais pas à partir de quelle distance la télépathie cesse de fonctionner... En tout cas, ça faisait longtemps que sa voix horripilante n'avait pas résonné dans ma tête. J'avais de la chance, dans mon malheur.

Mais qu'est-ce qui avait bien put me passer par la tête lorsque j'avais décidé de m'entraîner à la téléportation au pied de cette foutue montagne ? En un sens, ça se tenait, remarquez. Puisque, quand il s'agit d'user de ce pouvoir sur une distance de plus de dix mètres, je ne contrôle pas l'endroit où j'atterris, je me suis dit que je n'aurais pas de mal à retrouver mon chemin si je ne réapparaissais pas à l'endroit désiré ... Je pensais faire trente mètres, quoi. Je ne pigeais pas bien ce qui avait pu déconner pour que j'arrive aussi loin de mon point de départ. Il allait peut-être me falloir des heures pour retrouver Charlie, ce qui ne serait pas simple : ma téléportation accidentelle m'avait coûté tellement d'énergie que je tenais à peine debout. Et, vous en conviendrez, c'est pas le top, pour descendre une pente aussi abrupte.

J'avais une envie de dormir phénoménale, ce qui n'est bien entendu pas conseillé lorsqu'il fait mois quinze et que tout est couvert de neige. Il fallait que je bouge... Je me mis donc mollement en route en pestant contre moi même et l'idée stupide que j'avais eue. Je savais fort bien que, si je tentais de descendre directement, j'avais toutes les chances de trébucher et de finir ma descente sous la forme d'une énorme boule de neige qui viendrait s'écraser contre un des arbres qui parsemaient la montagne. D'autant plus que les éternuements violents que le froid provoquait chez moi ne m'aidaient pas à conserver mon équilibre. Je choisis donc de marcher en biais, presque parallèle au sommet de la montagne, en espérant que ça me permettrait de ne pas me casser la gueule.

Je marchais durant de longues minutes, qui semblaient des heures tant mon avancée était pénible. Le paysage était toujours le même,et j'avais plus l'impression de faire sur sur-place qu'autre chose. Seuls les traces de mes pas, derrière moi, me prouvaient que j'avais bel et bien progressé... Je finis par apercevoir, au loin, ce qui semblait être une imposante baraque, à moitié délabrée. Soulagée, je me retins cependant de me précipiter vers cet abri potentiel. Déjà, parce que je me serais immanquablement étalée dans neige si j'avais essayé de courir, et puis parce que même si elle n'avait pas l'air dans un super état, la maison était peut-être habitée. Et il vaut mieux, en général, éviter de déranger les gens qui vivent dans des lieux isolés... Parce qu'ils choisissent justement ces lieux pour être à l'écart, et que donc ils ont pas envie qu'on vienne les y faire chier.

Lorsque je m'approchais, je m'aperçus que le bâtiment n'était effectivement pas abandonné, puisqu'il y avait quelqu'un sur le toit. Certes, ce type n'était peut-être qu'un fou parcourant la montagne à la recherche de maisons à escalader, mais, si l'on écartait cette hypothèse somme toute assez improbable, il y avait de grandes chances que la maison lui appartienne. Je déteste demander l'hospitalité, ou même quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs. J'aime pas être dépendante de la bonne volonté des autres. Mais, cette fois, je n'avais pas trop le choix. Et je n'allais pas trop lui laisser le choix, à lui non plus. J'avançais encore un peu, jusqu'à me retrouver au pied de la maison, j'agitais les bras pour qu'il remarque ma présence, puis je me mis à beugler :

- HÉ ! Excusez-moi, je suis un peu perdue, ça vous embêterait de me laisser entrer cinq minutes ? Franchement, ça serait sympa, je vais crever, sinon, il fait hyper froid ! J'suis un peu jeune pour mourir, je trouve ; vous me laissez entrer ?



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Sam 09 Fév 2013, 21:46

Ca n'allait pas être de la tarte, ah, ça non. Même si rien que le fait de penser à un gâteau fit saliver Raeden. Cela faisait si longtemps qu'il n'en avait pas mangé. Enfin, tout au plus un an. Et pourtant, ça paraissait une éternité. Un peu comme tout d'ailleurs, dans ce coin paumé. Il se posait franchement la question sur quelle mouche les avait piqués, lui et sa femme, quand ils avaient décidé de s'installer ici. Bon d'accord, quand on était heureux, les lieux avaient un charme indéniables et étaient idéals pour élever sa petite famille dans la tranquillité, la joie et la bonne humeur. Mais lorsqu'on avait perdu tout cela et qu'il ne nous restait plus que le désespoir, cet endroit ne vous aider en rien, avec sa neige en permanence, ce vent sinistre qui pouvait parfois souffler dans les arbres la nuit, le hurlement des loups, le craquement du bois...

Sous sa forme actuelle, le fantôme avait des cheveux mi-longs, qui n'arrêtaient pas de lui tomber sans cesse devant les yeux alors qu'il inspecter le toit. Ce dernier était d'ailleurs un vrai gruyère. Des trous partout ! On se demandait d'ailleurs comment il pouvait encore tenir sur la baraque. C'était un miracle s'il ne s'était pas encore effondré. Il était vrai que d'en bas, et de l'intérieur, on ne voyait rien de grave. Mais heureusement que l'Immortel avait décidé de rebrousser les manches, car sinon, il se serait réveillé un jour avec la charpente sur le bout du nez. Pas qu'il dorme d'ailleurs, mais au moins, vous comprenez là où l'on veut en venir !

Repoussant une énième fois une mèche qui lui tombait en travers du front, il s'apprêta à faire un pas en avant lorsqu'il fut surpris par la voix d'une jeune fille, l'apostropha. Il ne l'avait pas entendu arrivé et dans son étonnement, faillit mettre le pied sur une fissure de la toiture qui n'aurait pas manqué de lâcher sous son poids. Il se rattrapa comme il put, pestant intérieurement contre Leaic qui rechignait visiblement à faire son rôle de chien aujourd'hui et donc à prévenir l'arrivée de visiteur.

Raeden se pencha par dessus le bord du faîtage et observa la personne qui s'était adressée à lui. C'est une jeune fille...à vue d'oeil, il dirait la douzaine. Que faisait-elle donc perdue ici au milieu de nul part, par ce temps polaire, sans même des vêtements adéquates ? L'Ombre regarda aux alentours, cherchant les traces d'un accompagnateur, mais rien, juste le chemin tracé dans la neige par les jambes de l'enfant.

Oui, elle était un peu jeune pour mourir. Tout comme Alice et Elryk. Et pourtant, ses deux enfants étaient passés de vivants à trépas sans prévenir, par cette nuit horrible. Personne ne les avait aidé, aucun soutien pour les retenir en ce monde. La pensée que cette jeune enfant sous ses yeux pouvait elle aussi passer de l'autre côté d'ici peu, s'il ne l'aider pas, horripila Raeden. Il ne pouvait pas faire ça. Elle était si jeune ! C'aurait été une abomination !

Il descendit donc de son perchoir et passant la main dans ses cheveux pour chasser la neige qui s'y était accumulée, il s'approcha de la nouvelle venue.


Suis moi...j'vais essayer d'te trouver une couverture ou un vêtement chaud.

Il s'arrêta deux secondes à ses côtés, l'observant, avant de reprendre son avancée et de rentrer dans la maison. Il l'avait tutoyée naturellement. C'était une enfant, en jeune âge, ça lui était venu comme ça, naturellement. Comme si la gamine avait d'un seul coup plus ou moins fait fondre la glace qui l'entourait, lui et son cœur.

Sur le pas de la porte, il lui dit :


Attend moi dans le salon, je reviens.

Il monta à l'étage pour fouiller les placards et trouver un habit ou une couette pas encore bouffés et troués par les mites, ou par la moisissure. Ses sales bestioles étaient opportunistes à souhait. Elles profitaient du moindre relâchement, quelque soit la température extérieure. Il en était de même pour tous ses champignons qui se développaient à une vitesse effarante. Il faudrait qu'il remédie à cela, aussi.

Raeden redescendit enfin. Il avait réussit à dénicher un grand pull à col roulé, qui lui avait appartenu, avant, quand il pouvait encore en mettre. Il le tend à la fille, sans rien dire. Il ne pouvait malheureusement rien lui proposer à manger ou à boire, toutes les denrées encore présentes étant périmées depuis longtemps. Par contre, ce qu'il pouvait faire, c'était peut être allumer un feu. En espérant que la cheminée ne soit pas bouchée, sinon, ils n'étaient pas dans le pétrin.


Cela t'iras, où il te faudra plus de chaleur ? Et puis d'ailleurs, comment ça se fait que tu sois toute seule en plein milieu de la montagne ? C'est pas vraiment un endroit pour se balader!
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Dim 10 Fév 2013, 02:57

A mon grand soulagement, l'homme ne refusa pas de me laisser entrer chez lui, au contraire. J'aimais bien sa façon d'être, de descendre de son toit et de m'accueillir chez lui sans s'embarrasser de politesses,sans même prendre le temps de se présenter. Je ne saurais pas dire pourquoi ce genre d'attitude me plaisait ; mais c'était sans doute parce qu'elle se rapprochait un petit peu de la mienne. On est narcissique ou on ne l'est pas... Enfin, en tous les cas, je ne ressentais pas pour cet homme l'exaspération qui s'emparait de moi presque à chaque fois que j'avais affaire à un être humain. J'avais presque envie de me montrer gentille, mais j'avais peur de plus trop savoir comment faire, et d'avoir l'air plus ridicule qu'autre chose.

Je le suivis donc dans la maison, sans répondre. J'avais l'impression que, même si je l'avais voulu, mes lèvres auraient refusé de s'ouvrir. J'en avais moins conscience lorsque j'étais en mouvement, mais lorsque je me retrouvais dans son salon, immobile, je me rendis compte que j'étais réellement frigorifiée. En attendant mon hôte, parti chercher je ne sais quoi - je ne l'avais pas trop écouté - je me laissais tomber sur une chaise, puis tentais, entre deux éternuements, de calmer les tremblement de mes jambes gelées. Il faisait presque aussi froid dedans que dehors... L'homme finit par revenir, et me tendis un pull épais, que je me dépêchais d'enfiler. Il m'arrivait aux genoux, mais bon, ce n'était pas vraiment un problème.

Je le regardais ensuite s'activer pour allumer un feu, tout en me demandant ce que j'allais bien pouvoir répondre à sa question, puisque vraisemblablement, il me prenait pour une gamine. Enfin, disons que s'il m'avait considérée comme une adulte responsable,il ne m'aurait probablement pas fait remarquer que la montagne n'est pas un endroit pour se balader... Enfin bon, je ne pouvais pas tellement lui en vouloir ; c'est vrai que je ne fais pas mon âge. Je ne savais pas trop si je devais ou non lui avouer sa méprise... Il était possible que seul mon prétendu jeune âge ne l'aie poussé à m'accueillir, et je n'avais pas trop envie de retourner me les cailler dehors. Mais je n'avais pas trop envie de mentir non plus.

- ça va aller, merci, j'ai assez chaud avec le pull. J'me suis retrouvée là un peu par hasard, en fait. Je voulais m'entraîner à la téléportation... J'étais en bas de la montagne, et j'ai atterri pas loin d'ici, je comprends même pas comment. Je me déplace pas à plus d'une trentaine de mètres, normalement... Enfin bon, je le pige pas trop, ce pouvoir. Mais en fait, que je sois toute seule, c'est pas vraiment un exploit, j'ai dix-huit ans... Je sais que ça se voit pas trop.


Je me tus et me mis à examiner mon interlocuteur, sans aucun souci de politesse. Je suis pas polie, c'est comme ça. Et puis, lui ne s'était gêné pour m'observer, tout à l'heure. Je ne m'intéresse pas trop à ce genre de choses, mais je crois bien qu'il était très beau. Je dis "je crois", parce que je suis pas tellement au courant des critères de beauté en vigueur, et que je m'en fous un peu. En revanche, je voyais très bien que quelque chose devait clocher, chez ce gars-là. En même temps, vous me direz, un homme qui vit au fin fond de la montagne, coincé dans une maison à moitié en ruines, à toutes les chances de ne pas être net... Sauf que non. Il n'avait pas l'air taré, pas vraiment dangereux, non plus. Il avait juste l'air mélancolique, et un peu distant aussi, sans doute, comme s'il appartenait à moitié à un autre monde. Quant à moi, je ne savais pas trop quoi lui dire. Il faut dire que ma téléportation m'avait tout bonnement épuisée, et que mon esprit, embrumé par le sommeil, ne fonctionnait pas au maximum de ses capacités. Bon,en général, je ne prenais pas de gants... Et je ne voyais pas de raison valable de changer cette habitude. Quoi que puisse cacher ce type, le fait que je sois polie ou non n'y changerait rien.

- Je peux te demander ce que tu fais là ? Je veux dire, j'vois bien que tu fais pas sécher du jambon, hein... Mais pourquoi tu vis tout seul ici ? Tu te fais pas chier ? Enfin, te sens pas obligé de répondre, hein. Je sais que ça me regarde pas trop, déjà que je m'incruste un peu chez toi... Enfin, c'est sympa de m'accueillir, en tout cas. Merci beaucoup.

Je crois que ça faisait un bon moment que je n'avais pas sincèrement remercié quelqu'un. Décidément, je l'aimais bien, celui-là... Et ça n'avait absolument rien à voir avec le physique, d'accord ? Simplement, je n'entendais pas, au fond de moi, cette espèce de petite voix qui me donnait en temps normal envie de repousser tous ceux que je rencontrais, avant même d'avoir pris le temps de les connaître. J'aurais pas pu dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose, mais lui, j'avais pas vraiment envie de l'envoyer chier...
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Dim 10 Fév 2013, 22:06

Savoir qu'une enfant se promenait seule dans le coin, par ce temps, mettait Raeden en rogne, intérieurement. Il fallait être totalement maso pour laisser une telle chose se faire. Bon, il fallait reconnaître qu'avant, à une autre époque pas si lointaine, il avait laissé la même liberté à sa fille, bien des fois. Mais voilà, il y avait eu une fois de trop, et l'homme ne pouvait s'empêcher de penser que c'était de sa faute, parce qu'il n'avait pas assez bien fait son travail de père, protéger sa fille. Et cela passait aussi pas sortir avec elle...ou lui interdire de de mettre les pieds dehors passé une certaine heure. Evidemment, ça aurait provoqué une crise...mais au moins, celle-ci n'aurait pas eu comme résultat le malheur et la mort d'êtres chères.

Il était donc accroupis devant la cheminée, penché en avant pour essayer devoir le conduit de cette dernière si c'était dégagé, lorsque son hôte lui adressa la parole. Finalement, il avait pas besoin de se casser la tête pour allumer un feu. Enfin, pas maintenant en tout cas. De toute façon, il ne ressentait pas le froid la plupart du temps, c'est-à-dire quand il était sous sa forme éthérée. Et puis, là, même s'il avait prit l'apparence de son corps d'avant son suicide, et qu'il ressentait donc les températures peu agréables, il préférait ne rien changer et au contraire, se nourrir de celles-ci, comme si elle le raccrochaient un peu plus à la « vie », et l'éloignaient de la folie.

Raeden, toujours au sol, pivota donc sur ses jambes pour la regarder pendant qu'elle parlait. Une téléportation qui avait foiré. C'était embêtant ça. Heureusement pour elle que dans son malheur, elle soit arrivée non loin d'ici, parce que sinon, elle aurait fini en statue de glace, sans aucune certitude qu'on la retrouve un jour. C'était pas vraiment un grand chemin de randonnée dans le coin. C'était même plutôt totalement le contraire. Quand les gens pouvaient éviter de passer par là, ils ne se faisaient pas prier. Et d'après ce qu'elle disait, il n'y aurait eu personne pour venir la chercher...

Dix-huit ans ? Ah oué quand même. Elle avait raison, elle ne les faisait pas du tout. Le fantôme lui aurait donné à peine la quinzaine, plutôt même vers la douzaine. Il haussa un sourcil, seul trace visible de sa surprise sur son visage et dans son corps. Elle avait deux ans de plus que sa fille, qu'Alice. Deux années qui ne pourraient jamais être comblées. Raeden en voulait au destin, à l'être supérieur, de l'avoir trahi ainsi. Lui qui avait toujours été un ange gardien exemplaire, se donnant à fond dans sa tâche, sans restriction, avec cœur, voilà comment il avait été remercié. Pourquoi avait-Il laissé faire cela à l'un des siens ? Il n'était pas au courant de tout, d'accord, mais il était sensé veiller sur ceux qui le servait...et l'Ombre lui reprochait de ne pas l'avoir fait.

La jeune fille...ou plutôt la jeune femme, l'observait à son tour, sans aucune politesse d'ailleurs. Il ne pouvait le lui reprochait, il avait la même chose tout à l'heure. Au moins, elle ne se cachait pas derrière des simagrées et des politesses qui au final, étaient simplement des masques pour les faux-culs, aux yeux de l'homme, en tout cas. L'égarée pourrait donc observer que contrairement à ce qu'aurait pu laisser penser l'état de la maison, il était plutôt bien habillé. Il portait un complet noir, avec de hautes bottes, elles aussi sombres, montant jusqu'au genoux. Une cravate rouge, ainsi qu'une cape de la même couleur écarlate parachevaient le tout. Pourtant, quelque chose dénotait quand même. Il s'agissait d'une déchirure, d'une coupure nette et précise dans le costume, sur le poitrail. Au niveau du cœur plus exactement. Comme si un couteau était venu le perforer.

Le franc parlé de la gamine...jeune femme – décidément, il n'arriverait pas à s'y faire – lui plaisait. Il n'avait jamais les enrobages et les mondanités. Et puis surtout, sa façon de faire ne faisait que lui rappelait encore une fois Alice. Elle aussi n'avait pas sa langue dans sa poche. Et cette dernière pouvait être plus acérée qu'un couteau des fois. Mais au moins, avec ça, elle ne s'était jamais laissée marcher sur les pieds, même pas par son grand frère. Ca lui avait forgé le caractère et elle avait toujours dit ce qu'elle pensait et demandait ce qui l'étonnait ou la tracassait.

Le regard de Raeden balaya lentement la pièce, les fauteuils à moitié rongé, les vieux cadres, avant de suivre le couloir et d'ensuite regarder le plafond, comme si venait d'empreinter physiquement l'escalier et qu'il se retrouvait à présent à l'étage. Il fixa ensuite quelques secondes Leaic, essayant de savoir ce que pensait l'animal. Bien sur, comme d'habitude, celui-ci se contenta de lui renvoyer un regard impassible et flegmatique...ce qui avait généralement le don de mettre en rogne l'Ombre.


Je ne laisserai pas mourir quelqu'un sur ma propriété..c'est une question de fierté...pas besoin de me remercier donc.

Intérieurement, il fit la grimace. Comme sa phrase était si contraire à ce qui s'était passé à peine un an plus tôt !

Il avait envie de lui répondre quelque chose. Mais en même temps, il n'avait aucunement l'intention de parler du drame qu'il avait vécu. Il décida donc de faire un compromis...un genre de mensonge par omission.


Ici est chez moi. Je ne peux pas le laisser....quand bien même je le voudrais.
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Mer 13 Fév 2013, 16:48

Je n’osai pas insister. Ce type m’accueillait chez lui, me sauvant ainsi presque la vie, je n’allais pas en plus essayer de lui tirer les vers du nez – cette expression est parfaitement dégueulasse, j’en conviens. Il ne m’avait pas menti, ceci dit… Il n’avait simplement pas répondu, pas vraiment en tout cas. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, cela dit. A sa place, je n’aurais pas non plus raconté ma vie au premier venu…

J’étais curieuse, cependant. L’air de rien, je me mis donc à réfléchir à ce qui pouvait bien pousser un homme à ne pas vouloir quitter sa demeure, aussi solitaire et sinistre soit-elle. En général, c’était surtout du aux souvenirs, à la mélancolie d’un passé perdu… Même si dit comme ça, ça peut sembler un peu bébête, je ne voyais pas tellement ce qui aurait pu le forcer à rester là, à part cette espèce de lien affectif que les personnes qui ont tout perdu créent avec ce qui leur rappelle leur bonheur passé. Ne me demandez pas d’où je sors ça, je n’en sis rien, à vrai dire. Mais, à contempler cet homme, et l’air nostalgique qu’il semblait continuellement arborer, cela me paraissait assez logique.

Je restai silencieuse, sans trop savoir ce que j’allais pouvoir dire. Je n’ai jamais été très douée pour faire la conversation. En général, personne n’a trop envie de discuter avec moi, remarquez, étant donné que je suis désagréable avec à peu près tout le monde. Et je n’aime pas tellement ça non plus, d’ailleurs ; principalement parce que je n’ai absolument rien à dire aux autres. Mais là… C’était différent. Je n’avais aucune raison de me montrer désagréable avec ce gars ; en plus de m’avoir accueilli chez lui, il m’était plutôt sympathique. Le problème, c’est que finalement, je suis un peu trop habituée à me comporter comme une gamine détestable. Sans mon masque de peste, je me trouvais plutôt démunie.

Au beau milieu du silence gênant, une voix tonitruante se fit soudain entendre. "BON SANG, T’ES PASSÉE OÚ ? TU M'ENTENDS ?" Je sursautais tellement violemment que je faillis tomber de ma chaise, et je me mis à chercher autour de moi la cause du vacarme. Il me fallut quelques secondes pour réaliser que la voix que je venais d’entendre n’avait absolument pas été perçue par mon interlocuteur, qui devait me prendre pour une folle furieuse. Charlie m'avait retrouvée, apparemment. Je me levais d’un bond et me précipitais dehors, sans même prendre le temps d’expliquer quoi que ce soit à mon hôte. Il fallait absolument que j'indique à l'animal que j'étais là, avant qu'il ne reparte. Ouais, j'y tiens, mine de rien, à cette foutue bestiole.

Je m'arrêtais sur le pas de la porte, et cherchais mon compagnon des yeux. Forcément, une licorne blanche sur la neige, c'est pas facile à repérer. Au bout d'un petit moment, j'aperçus une forme blanche, à quelques dizaines de mètres en contrebas, qui avançait dans ma direction. Je lui fis signe de me rejoindre, et il se mit à trottiner dans ma direction, en levant haut les jambes pour ne pas se gameler dans la neige. Ah, il avait quand même pas mal la classe, quand on le voyait comme ça, le bestiau... Dès qu'il arriva à ma hauteur, il se mit à m'observer d'un air dégoûté, et avant que j'aie pu dire quoi que ce soit, il me lança une de ses petites phrases qui me coupaient tant l'envie de lui adresser la parole.

*Il est hideux, ton pull. Tu le sors d'où ?*

Je soupirais profondément, puis lui proposai aimablement de fermer sa gueule s'il ne souhaitait pas s'en ramasser une sur le coin du museau.

- Attend-moi là, je reviens. Je t'expliquerais après.
Ajoutai-je, histoire de couper court à toute discussion.

Sans écouter l'animal qui m'enjoignait de ne pas le "laisser tout seul ici, alors qu'il avait déjà escaladé toute la montagne pour me retrouver", je partis expliquer la situation à mon hôte, qui, après m'avoir entendue parler toute seule au milieu de la montagne, devait vraiment se demander quel genre de spécimen il avait accueilli chez lui.

- Euh... En fait, je crois pas que je vous l'ai dit, mais quand je me suis téléportée, j'ai laissé ma licorne en bas, il vient de me rejoindre. ça vous ennuie si je le laisse entrer ? Je lui nettoierai les sabots, si vous voulez, pour qu'il foute pas de la neige partout. Ah oui, il est télépathe, aussi, mais il parle pas aux étrangers, normalement, alors il devrait pas vous faire chier... Il s'appelle Charlie.


Bon... Restait plus qu'à espérer qu'il accepte d'accueillir l'animal, ou je n'aurais plus qu'à repartir : il était absolument improbable que la capricieuse licorne accepte de rester dehors toute seule tandis que nous discuterions tranquillement à l'intérieur. Je crois qu'il est assez frileux, en plus. Bref, il n'y avait aucune chance qu'il nous foute la paix si l'homme n'acceptait pas de le laisser rentrer. Et je ne me sentais vraiment pas le courage, ni même l'envie de repartir si vite...
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Jeu 14 Fév 2013, 20:22

La jeune femme devant lui voulait en savoir plus. Ca se lisait sur son visage, dans les moindres gestes de son corps. C'était si facile de l'interpréter. En tout cas, ce sentiment là. Combien de fois il l'avait vu sur les traits de sa fille quand elle mourrait d'envie de lui poser des questions, encore et encore, chaque réponse apportant une ribambelles de nouvelles interrogations. Elle n'était jamais vraiment rassasiée, ce qui faisait toujours marrer Raeden. Une part de l'innocence des enfants, qu'elle n'avait pas perdu en grandissant. C'était si rare !

L'égarée assise en face de lu,i lui faisait du bien. Il ne l'avouerait pas mais pourtant, il le ressentait à l'intérieur de lui. Alors que pendant presque un an, il n'avait fait que penser à sa famille en se concentrant sur les événements de leur mort, la responsabilité qu'il avait dedans ou non, voilà que maintenant, depuis les quelques minutes qu'elle était là, il se surprenait à tenter de se rattacher surtout aux moments joyeux, aux petits riens qui font tout, qui rendent une vie si intéressante à vivre et la comble de bonheur.

Le silence s'était installé entre eux. Et aucune des deux ne semblaient visiblement enclin à le rompre. Peut être pas pour les même raisons au final. Pour Raeden, il ne ressentait tout simplement pas le besoin de s'exprimer. Ses mois en solitaire l'avaient renfermés sur lui, comme une huître. Et puis surtout, il n'avait jamais été vraiment très bavard. En général, il était plutôt doué pour écouter, prêter une oreille attentive, donner quelques conseils et recommandations par-ci par-là, sans trop s'étendre, pour pouvoir laisser à chacun sa liberté de choisir. Le mutisme des deux personnes se prolongeait et l'Ombre voyait bien que la jeune femme ne savait pas comment remédier à cela. Il allait tenter de relancer une conversation lorsqu'elle réagit bizarrement.

Elle sursauta, alors que rien n'avait changé, qu'aucune bestiole n'était venu l'attaquer et qu'aucun bruit n'avait retentit. Elle regardait à droit et à gauche comme si elle cherchait quelque chose ou venait de voir un fantôme. Ce qui d'un certain côté n'était pas faux puisqu'il y en avait un d'assis juste en face d'elle. Avant même que l'Immortel ne puisse lui demander ce qui se passait, elle se leva en trompe et sortit de la pièce. L'homme échangea un regard avec le chien, comme i celui ci pouvait savoir ce qui se passait. Mais comme d'habitude, cela n'apporta pas grand chose à l'humain.

Pendant quelques secondes, ni l'un ni l'autre ne bougèrent, se demandant certainement si cela valait de coup de savoir ce qui avait fait réagir la jeune femme comme ça. Au premier abord, Raeden ne l'aurait pas jugé être folle mais peut être qu'il s'était trompé, aller savoir. Comme s'ils n'étaient habités que par une seule et même entité, l'animal et l'homme se levèrent d'un même mouvement pour se diriger vers l'entrée et voir ce qu'il se passait. Après tout, peut être que la téléportrice avait besoin d'aide.

Visiblement non. Elle parlait avec une licorne...Enfin, c'était une discussion à un seul sens...l'animal ne répondant pas. Pas à haute voix en tout cas, ou alors le fantôme était devenu sourd sans même s'en rendre compte. Il se tenait droit, quelques pas derrière la jeune femme, attendant qu'elle reporte son attention sur lui et lui fasse part de la situation. C'était la moindre des choses.

Ce qui vint enfin. Elle semblait même un peu gênée de la situation. Ainsi donc, elle connaissait l'animal qui venait d'arriver. Et que s'il n'avait rien entendu de leur conversation, c'était tout simplement parce que la licorne, masculine, était télépathe. Mais Raeden n'avait pas de soucis à se faire aux dires de l'égarée, puisque son cheval cornu n'était pas enclin à parler aux inconnus.

Un très fin sourire sur les lèvres, à peine perceptible, il regarda son hôte, laissant doucement s'égrainer les secondes avant d'enfin lui répondre.


Si Charlie n'a pas peur d'attiser la faim de Leaic...je n'y vois pas d'inconveniant...Je ne t'ai pas dit ? Je crois que ça fait deux jours qu'il n'a pas mangé.

Oh oh, l'Ombre se mettait à faire de l'humour. Et puis, en plus, visiblement, le chien le suivait puisque celui-ci retroussa haut les babines, sans un bruit, juste pour bien montrer ses crocs, comme pour faire un grand sourire au canasson.

Évidemment, il n'y avait rien de méchant dans tout cela...c'était juste un jeu...peut être pas très marrant pour son hôte et son compagnon, mais bon, on ne pouvait pas non plus trop en demander.
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Sam 16 Fév 2013, 04:10

La remarque de l'homme me fit sourire. Il était évident, pour moi, qu'il n'était pas sérieux. Non pas que cela soit vraiment perceptible sur son visage ou dans son attitude, c'était plutôt son cabot qui le trahissait. Depuis que j'étais là, il avait manifesté une profonde indifférence à tout ce qui se passait autour de lui, et je savais bien que ce n'était pas là l'attitude d'un chien affamé. Et puis, si vraiment il avait été féroce, il se serait jeté sur Charlie avant même que celui-ci ne soit parvenu jusqu'à moi. En temps normal, je me serais sans doute vexée qu'on tente ainsi de nous intimider, mais, cette fois, je décidais de jouer le jeu. Je n'attendais qu'une chose... Et, bien sûr, ça ne loupa pas.

Charlie, qui, comme je m'en étais douté, n'avait absolument pas saisi la boutade, venait d'apercevoir le chien, qui, babines retroussées, le fixait d'un air plus ou moins menaçant. Paniqué, l'équidé recula de quelques pas, mort de trouille à l'idée d'être dévoré par le canidé pourtant pas si menaçant. Mais, entravé par la neige, il s'emmêla les pattes et s'écrasa lamentablement au sol, les quatre fers en l'air. Cette fois, j'avais franchement envie de me marrer. Mais, si je ne voulais pas qu'il se vexe et reparte - soit dit en passant, avec toutes les affaires que je lui avais laissées - il valait mieux pas que je me montre trop désobligeante avec lui. Tandis qu'il se relevait, je m'approchais donc de lui, et lui murmurai à l'oreille qu'il s'agissait d'une blague, et qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.

Enfin, une blague... Rien ne me le confirmait. Il était évident que ce clébard n'était absolument pas dangereux, du moins pour l'instant, mais cela ne voulait pas forcément dire que son maître avait dit ça pour rigoler... Il avait pas franchement l'air mort de rire, en fait. Après tout, il était tout à fait possible qu'il cherche à nous faire dégager ; et, pour ma part, je ne m'y serais pas prise autrement. Prétexter un danger pour suggérer à l'autre de partir... C'était malin. Maintenant que j'y réfléchissais, je m'étais un petit peu imposée chez lui, toute contente que j'étais d'être tombée sur quelqu'un qui ne me tapait pas trop sur les nerfs. Je ne m'étais pas vraiment demandé ce qu'il en pensait, lui, mais, avec le recul, il n'avait peut-être pas envie que je m'éternise. Rester seul, avec l'espèce de secret un peu trop lourd qu'il semblait trimballer avec lui... ça me faisait de la peine. Mon truc, c'est aider les gens,un peu... Quand je peux rien faire, ça me fout en rogne. Mais il était évident que ce n'était pas en m'invitant chez lui et en le forçant à se confier à moi que j'arrangerais les choses. D'autant plus que c'est typiquement le genre de choses que je déteste faire. Les gens font ce qu'ils veulent ; s'il souhaitait que nous partions, nous le ferions.

- Écoutez, si on vous dérange, on peut s'en aller. Je comprendrais très bien qu'une gamine qui débarque chez vous avec son poney, ça soit pas vraiment ce dont vous rêviez, surtout si vous avez envie qu'on vous foute la paix. J'ai un petit peu l'impression de m'imposer, et ça me gêne un peu, parce que ça me ferait sacrément chier, à votre place. C'est juste que... ça m'emmerde, en fait, de vous laisser tout seul ici. C'est pas mes oignons, je sais, mais ça doit pas être si facile que ça de vivre tout seul ici... D'autant plus qu'elle tombe un peu en ruines, votre baraque, non ? Si vous voulez, je peux peut-être vous aider à réparer deux ou trois trucs, ça me permettra de payer la dette que j'ai envers vous. Après, si vous voulez juste qu'on se barre et qu'on vous laisse tranquille, vous forcez pas et dite-le franchement, ça sera plus simple.

*Quelle dette ? Il te prête un pull hideux, et vas exécuter ses quatre volontés ? Moi, je te préviens, je travaille pas. Et si il veut qu'on reste, il faudra qu'il me laisse rentrer, et que le chien reste dehors.*


Sans prêter attention aux revendication syndicales de ma licorne, j'adressais une sorte de sourire à mon interlocuteur, lui dévoilant ainsi mes dents, qui ne devaient pas être tout à fait blanches. Je ne comprenais pas moi-même ce qui me poussait à agir ainsi. Je veux dire, c'est pas que je souris jamais ; seulement, ça me vient pas tout seul, en général, il faut que je me force un peu... Le plus étrange, c'est que si j'avais croisé ce type dans la rue, je n'aurais sans doute même pas remarqué sa présence, et il n'aurait été pour moi qu'un abruti anonyme... Mais le fait qu'il vive ici, seul, m'intriguait et me préoccupait. Je n'aime vraiment pas que les gens soient tristes, en fait ; et, même si je sais très bien que c'est impossible, je suis pas débile non plus, j'aimerais bien pouvoir rendre tout le monde heureux. Je le cache bien, mais au fond, qu'est-ce que je peux être niaise... Une vraie magicienne, quoi.
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Dim 17 Fév 2013, 17:53

Bon. Le sourire de la jeune femme mettait fin à un soudain doute qui avait envahie Raeden. Et si elle prenait mal sa réplique ? Qu'elle s'imaginait vraiment qu'il était capable de faire ça. Elle aurait très bien pu prendre ses jambes à son cou...ou plutôt, sauter sur le dos de la licorne et filer à toute vitesse, le plus loin possible de cette partie de montagne, pour en jamais y revenir, même par erreur en s'entraînant à la téléportation.

Il savait d'ailleurs même pas pourquoi il avait dit cela. C'était presque sorti tout seul, indépendamment de sa volonté. La présence de cette gamine....non, cette jeune femme, le changeait plus que cela ne devrait l'être. Et pourtant, ça ne faisait pas long feu qu'elle était là...une demi-heure à tout casser. C'était effarant de constater combien les attitudes étaient un peu volage en fin de compte. A moins que ça ne soit simplement parce que la téléporteuse ne rappelle sans cesse sa fille à Raeden. Elles avaient des points communs, des traits de caractère et des façons de se comporter presque identique. Bien sur, ce n'était pas les mêmes...et ça ne le serait jamais. Mais voilà, la présence de l'égarée rappelait sans conteste, celle disparue depuis peu et pourtant si longtemps en même temps.

Par contre, pour la licorne, c'était une toute autre affaire. Sous celle-ci n'aimait pas l'humour, ou alors, elle n'avait pas comprit la blague – pas drôle ? – de l'hôte qui avait accueilli sa maîtresse pour qu'elle se réchauffe. C'était fort possible, car à bien y regarder, rien ne garantissait vraiment que l'Ombre plaisantait. Il n'avait pas bougé, rit ni même souris, aucune étincelle de malice n'avait pétillé dans ses yeux, et encore maintenant, il restait fidèle à lui même, dégageant cette impression de froideur et de solitude, même lorsqu'il se trouvait aux côtés de quelqu'un.

Par contre, Leaic semblait bien s'amuser lui. Lorsque Charlie tomba à la renverse, paniqué, le chien bailla ostensiblement, à s'en décrocher la mâchoire, comme si toute l'agitation inutile de la licorne l'ennuyait. En même temps, il gardait son regard rivé dessus, pour bien lui faire voir qu'il l'avait à l'oeil et qu'il était à son goût, même si toutes les facéties du cornu était bien trop poussées...limite comme s'il jouait la comédie...ce qui d'un autre côté, pouvait bien faire marrer. S'approchant de l'animal en même temps qu'Elisha, sans un bruit, ses coussinets totalement silencieux sur la neige, le chien passa derrière Charlie, et tout en méfiant quand même d'un possible coup de sabot qui pouvait partir à tout instant, promena sa langue sur son pelage, de son jarret à son genoux, lentement, comme s'il prenait la mesure de la saveur du cheval à corne.

Et après cela, il retourna tranquillement s'installer à côté de Raeden, qui n'avait pas bougé d'un poil, se contentant d'observer tranquillement la scène et la jeune femme. D'ailleurs, cette dernière revenait vers eux et se mettait à parler. Peut être qu'elle allait rabrouer l'homme et le chien pour le mauvais tour qu'ils faisaient à son compagnon...aller savoir. Mais non, elle semblait plutôt penser que ce petit manège n'avait qu'un seul but : les faire partir. Ca aurait pu en effet être le but....mais ce n'était pas du tout le cas. Pour tout dire, cela n'était même pas venu à l'esprit de l'Immortel. Bon, ok, en général, il était mieux seul, mais il savait quand même se montrer poli et accueillir des gens chez lui si ces derniers en avaient besoin...comme ça avait été le cas pour le jeune femme.

Purée...elle avait pitié de lui !!! Ca l'embetait de repartir et de le laisser seul, avec juste pour compagnon un chien ! S'il y avait bien une chose à laquelle Raeden ne s'était pas attendu, c'était bien ça. Et ca ne lui faisait pas forcement plaisir. Il n'avait besoin de l'apitoiement de personne le concernant. Il avait déjà assez à faire de son propre dégoût alors si en plus il devait supporter la compassion de gens simplement parce que ses conditions de vie les horrifiaient, il n'atteindrait jamais le bout de tout ça ! Ca se voyait d'ailleurs sur le visage du fantôme, qui s'assombrissait au fur et à mesure que la jeune femme parlait, jusqu'à ce qu'elle mentionne le fait de l'aider à restaurer un peu la maison.

Heureusement pour elle, elle eut la bonne idée de faire passer cela quand une redevance de la dette qu'elle lui devait...dette qu'elle jugeait avoir contracté toute seule d'ailleurs. Parce que du point de vue de l'Ombre, c'était juste un service qu'il avait rempli, ne pouvant pas refuser l'entrée à des personnes en détresses.

L'envie lui avait prit de la « chasser » dès l'instant où il avait cru percevoir chez elle de la pitié. Mais d'un autre côté, il sentait bien qu'elle avait envie de rester encore ici, peut être pour sa compagnie, même si elle était pas très agréable d'après Raeden. Et, même lui, même si ne le reconnaîtrait pas à haute voix, aurait bien souhaité prolonger sa rencontre avec la jeune femme. Il fit donc mentalement un compromis avant de dire.


Si cela avait été par pitié, tu aurais pu repartir aussi sec avec ta licorne...mais vu que c'est pour payer ta dette...je n'y vois pas d'inconvénient. Il y a plein de travail qui attend.

Et il lui tourna le dos et retourna dans le salon, l'invitant par ce geste à le suivre si elle souhaitait toujours rester.
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Lun 18 Fév 2013, 17:51

La réaction de mon interlocuteur m'arracha un ricanement. Je ne me foutais pas de sa gueule,bien au contraire ; je le comprenais plutôt qu'autre chose... A sa place, j'aurais réagi exactement de la même manière que lui. Je déteste les gens qui viennent vers moi avec leur condescendance et leurs bons sentiments, et c'est bien mon genre de les envoyer chier dès qu'ils m'approchent, comme il venait plus ou moins de le faire pour moi. Ça m'apprendrait à m'occuper de mon cul... Qu'est-ce qui m'avait pris de me comporter comme ça ? Je ne pouvais même pas lui donner tort, je m'étais comportée comme ces espèces de dindes qui espèrent guérir le monde entier d'un claquement de leurs jolis doigts... Cette téléportation avait vraiment dû me retourner le cerveau. Mon attitude était si différente de celle que j'adoptais en général avec le commun des mortels que l'on était en droit de se demander si j'étais bien la même personne. D'autant plus qu'au fond, sa situation ne m'inspirait aucunement la pitié : si j'avais pu vivre toute seule, avec seulement un chien - ou même sans, en fait – dans un endroit peu fréquenté, je crois pas vraiment que ça m'aurait dérangé plus que ça. C'était pas la situation de l'homme qui me poussait à le plaindre, mais plutôt le fait qu'elle n'aie absolument pas l'air de lui convenir. Il avait l'air triste, ce type, ou mélancolique si vous voulez... Je rêvais pas. Mais bon, il avait raison, j'avais pas de pitié à avoir par rapport à son histoire que je ne connaissais pas. Sa réaction ne me semblait même pas excessive : à sa place, je me serais peut-être bien foutue dehors depuis longtemps. En tout cas, il était peut-être temps de mettre les choses au point, et de lui expliquer que je n'étais pas aussi cruche que j'en avais l'air, histoire qu'on travaille dans une pas trop mauvaise ambiance.

- Excusez-moi, si je vous ai paru condescendante, c'était pas mon but. Je vous comprends, remarquez. Moi aussi, ça me gonfle, les gens qui jugent sans connaître. Ceux qui essaient de vous comprendre ou de vous aider coûte que coûte, alors qu'ils savent rien et que vous leur avez rien demandé, surtout. Si vous voulez tout savoir, j'ai pas l'intention de percer votre secret. Simplement, ça se voit que vous en avez un... Mais moi, je prétends pas vous aider à vous en défaire, ou le rendre moins lourd à porter. C'est pas mon genre, et je regrette de vous avoir fait croire que c'était le cas. Moi, tout ce que je vous offre, c'est de vous aider à réparer votre baraque pourrie, parce que vous aviez l'air d'en chier un peu, tout seul. J'espère que je me fais bien comprendre : je vous prends pas en pitié, je vous méprise pas, ni rien. J'ai juste envie de vous aider, parce que je suis une gentille fille au fond et que j'aime pas devoir quelque chose à quelqu'un. Et parce que je vous aime bien, aussi, je dois l'avouer. En tout cas, suffisamment pour avoir envie de vous aider à réparer votre toiture au lieu de passer une nouvelle journée à rien faire. Et pour préférer plus ou moins votre compagnie à la solitude. Désolée pour le monologue, hein, mais ça me ferait chier de passer pour quelqu'un que je suis pas.

Je lui emboîtais ensuite le pas pour pénétrer de nouveau dans sa maison, suivie de près par Charlie, qui ne lâchait pas le chien des yeux. J'avais beau lui avoir expliqué qu'il ne s'agissait que d'une plaisanterie, la peur n'avait pas quitté le stupide animal. Il louchait tellement sur le clebs qu'il ne regardait pas du tout où il mettait les sabots ; il me marcha donc plusieurs fois sur les pieds, sans s'excuser ni même prêter attention à moi. Je ne comprenais pas du tout ce qui pouvait l'effrayer autant : si cet animal l'avait réellement attaqué, il n'aurait eu aucun mal à le réduire en bouillie avec ses sabots... Mais bon, cette licorne est tellement stupide qu'il ne vaut sans doute mieux pas chercher à comprendre quoi que ce soit.

Sans un mot, j'observais la toiture à moitié détruite. Il allait en falloir, du courage, pour restaurer tout ça... J'espérais au moins n'avoir pas fait définitivement mauvaise impression à mon hôte : ça n'allait pas particulièrement me plaire de bosser avec quelqu'un qui ne pouvait pas me blairer ; et, maintenant que j'avais proposé, je me voyais mal me barrer en douce. Je me voyais mal monter immédiatement sur le toit, cependant : j'avais énormément faim, et il fallait que je mange quelque chose si je ne voulais pas m'écraser par terre. Je n'avais aucune envie de quémander de nouveau quoi que ce soit à l'homme, ni le besoin d'ailleurs, puisque j'avais moi-même à manger. Je pris du pain et du fromage, dans le sac que Charlie avait exceptionnellement accepté de porter, et, m'asseyant sur une chaise à moitié défoncée, je m'adressais à mon hôte, la bouche pleine.

- Vous en voulez ? Moi, je pourrais pas monter là-haut le ventre vide, désolée. Servez-vous, si vous voulez quoi que ce soit... Il doit y avoir un peu de rhum dans mon sac, aussi. Vous vous appelez comment, au fait ? Moi, c'est Elisha.

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Mer 20 Fév 2013, 16:16

Elle se mettait maintenant à déblatérer. Elle ne l'avait pas habitué à cela. Enfin, c'était un peu présomptueux de la part de Raeden de penser cela intérieurement, car après tout, il ne la connaissait pas, il ne pouvait pas dire comment elle réagissait en temps normal. Pourtant, pendant les quelques minutes qu'ils avaient passé ensemble dans le salon, lorsque le silence s'était installé entre eux, il l'avait senti quand même assez à l'aise sans parler. Peut être qu'il s'était fait une fausse idée. Il pensait être assez observateur et cerner assez rapidement les gens, mais au final, rien ne lui garantissait que cela soit vraiment le cas. Personne ne le lui avait jamais vraiment confirmé et il se faisait peut être des idées depuis le début.

La gamine tentait de rattraper l'erreur qu'elle avait fait un peu plus tôt. Enfin, c'était comme cela que l'Immortel interprétait ses paroles. Elle avait compris que l'Ombre n'aimait pas la pitié, que ça soit la donner à quelqu'un, ou la recevoir. Elle semblait être dans le même état de pensée, à la façon dont elle décrivait les personnes qui agissaient ainsi. Tout cela laissait transparaître qu'elle ne voulait vraiment pas être vue et prise pour une telle personne. Ca avait l'air de l'horripiler de même l'imaginer.

Plusieurs fois Raeden avait ouvert la bouche comme pour l'interrompre. Mais à chaque fois, il n'en avait rien fait, secouant la tête et la laissant continuer jusqu'à la fin. Il ne servait à rien de lancer une critique ou une remarque quand on n'avait pas la totalité de la pensée. En plus, elle avouait bien l'aimer. Elle devait franchement se sentir seule pour apprécier sa compagnie. Il était loin d'être gentil, serviable et aimable...enfin, d'être quelqu'un avec qui on se sent bien. Avant, dans son autre vie, c'était le cas. Tout le temps jovial, un sourire charmeur aux lèvres, le rire et l'humour à fleur de peau.

La jeune femme le suivait. Et son canasson aussi apparemment puisque l'Ombre entendait le claquement de ses sabots sur les lattes de bois du plancher. C'était bien la première fois qu'un cheval, encore plus cornu, rentrait dans sa maison. Si on lui avait dit cela un an plus tôt, il aurait franchement éclaté de rire. Aujourd'hui, il lui semblait que c'était presque naturel, dans le cours des choses. Il n'arrivait pas à s'en étonner plus que cela. Il prenait cela comme le Destin, même si celui-ci n'était pas toujours compréhensible et acceptable.

Elle mangeait. Heureusement qu'elle venait de piocher dans ses propres réserves parce que sinon Raeden se serait retrouvé tout con. Il n'avait en effet rien à lui proposer, aucune denrée encore mangeable ne se trouvant dans la bâtisse. Tout avait déjà moisi ou avait encore été grignoté et souillé par les moindres souris et autres profiteurs. Lui n'avait pas besoin de manger. C'était l'un des avantages de sa condition. Oh bien sur, quand il reprenait sa forme humaine, il pouvait lui arriver de ressentir le tiraillement de la faim, mais voilà, c'était rare et puis ça ne changeait pas grand chose...juste lui rappelait les sensations qu'il perdait. Quand à Leaic, il allait chasser lui même son repas.

Lorsqu'elle lui proposa de prendre quelque chose, il la regarda longuement, fixement. Il s'était montré totalement impoli avec elle quelques minutes plus tôt et maintenant elle lui offrait l'opportunité de partager son repas. Savait-elle seulement ce que signifiait son acte ? Ca revenait à signer un traité d'alliance, d'une certaine façon, bien moins pompeuse et formelle que le papier évidemment. Devait-il le lui faire remarquer ? Si elle le savait, cela pouvait être mal pris de le souligner....mais si c'était l'inverser ? Peut être qu'elle retirerait sa proposition, même si l'Ombre en doutait.

Enfin, il s'approcha de Charlie, qui portait le cabas. Il espérait que le petit tour avec Leaic n'avait pas fait qu'il reporterait aussi sa peur sur Raeden. Mais visiblement non, puisque c'était à peine s'il fit attention à l'homme, le regard rivé sur le chien tranquillement couché devant la cheminée froide. Elle avait même du rhum !! Du rhum !! Bon, ok, il aurait préféré un bon cognac, mais quand même. Il sortit donc un morceau de pain, du fromage et après quelques secondes de recherche, trouva la fiole contenant le liquide.

Il s'installa à son tour sur l'un des vieux fauteuils, qui était si agréable avant. Il tourna un instant la nourriture, enfin le pain, dans sa main, avant de commencer lentement à manger. Il prenait tout son temps pour mâcher, savourant chaque bouchée. Il n'aurait jamais penser que manger était si bon , si jouissif. C'était à tel point qu'il en avait oublié Elisha, qui venait de lui donner son nom, et attendait en retour le sien. Il avait fermé les yeux sous le coup des sensations que lui avait envoyé son palais.

Raeden les rouvrit et regarda la jeune femme, légèrement gêné de s'être ainsi laissé aller devant elle.


Hum...Raeden... Dis moi, quelles sont tes compétences ? Ce que tu sais faire?

Il voulait par là savoir quel travail il pouvait lui donner à faire. Il n'allait en effet pas l'envoyer sur le toit, si elle avait le vertige ou un truc du genre. Il n'avait aucune intention de la tuer. Il prit une gorgée de rhum et poussa un grognement appréciateur, malgré lui. Il était bien loin d'être un soiffard, mais il fallait reconnaître que c'était exquis sur le bout de la langue.
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Jeu 21 Fév 2013, 18:51

Trop occupée à me goinfrer - il faut l'avouer, je ne mange pas très proprement - je me désintéressais un peu de mon interlocuteur. Je remarquais cependant qu'il avait l'air d'apprécier particulièrement la nourriture et l'alcool qu'il avait pioché dans mon sac. Mais, au fond, ce n'était pas très étonnant. En étant coincé ici, il devait bouffer plus de conserves qu'autre chose, et j'imagine qu'il devait être plutôt content de pouvoir manger quelque chose de frais. Quant à moi, j'étais plutôt contente qu'il aie accepté de m'accompagner dans ma mastication : je trouve ça plutôt gênant de manger devant quelqu'un. Là, au moins, il ne s'intéressait pas à moi, ou du moins - je l'espérais - pas assez pour s'apercevoir que je foutais des miettes partout par terre.

Lorsqu’il eut fini de manger, Raeden – appelons-le ainsi, puisque c’est son nom – me demanda ce que je savais faire, probablement pour ne pas se retrouver avec une maison encore plus pourrie qu’auparavant après mon passage. Effectivement, la question n’était pas idiote… Et la réponse plutôt simple : rien du tout. En bonne magicienne, j’avais passé ma vie à m’entraîner à la magie et à lire des bouquins, ce qui, évidemment, n’était pas d’une grande aide lorsqu’il s’agissait d’accomplir un quelconque travail manuel. C’était sans doute le genre de choses auxquelles j’aurais dû réfléchir avant de proposer mon aide, mais il était un peu tard pour s’enfuir en courant, maintenant. Bon, je lui avais dit que je pouvais lui filer un coup de main, pas que j’avais fait des études de maçonnerie…. Et puis, vu mon gabarit, il ne devait pas s’attendre non plus à ce que je fasse des miracles.

-J e vais pas vous mentir, hein, ça servirait à rien… Je sais pas faire grand-chose, en fait. Je suis une gosse de riches, j’ai jamais trop eu à travailler de mes mains, alors je sais pas vraiment si je vous servirais à quoi que ce soit, en fait. Mais bon, puisque je sais rien faire, vous pouvez me faire faire n’importe quoi, ça a pas d’importance.


Je cherchais au fond de ma mémoire une éventuelle compétence manuelle que j’aurais pu oublier, mais, décidément, il n’y avait rien du tout. Puisque je n’avais jamais eu l’intention de travailler, je n’avais pas eu tellement de raisons de m’entraîner. La seule chose qui m’avait semblé utile pour ma vie future, c’était la magie. J’étais bien emmerdée, maintenant… Quoi que, après tout, certains de mes pouvoirs seraient peut-être utiles, si j'arrivais à m'en servir correctement.

- Ah, oui, si, au fait… Si vous avez des trucs cassés que vous aimeriez réparer, je peux peut-être le faire. Enfin, si ils sont pas trop gros, et plutôt simples de constitution. Ouais, c’est un peu limité, je sais, ça me pompe de l’énergie, en plus… Le mieux, en fait, ça serait peut-être que je bosse sur le toit : je devrais pas avoir trop de mal à réparer les tuiles, et je peux monter et descendre sans risquer de me casser la gueule, avec la téléportation. Ouais, voilà. Après, je vous promets pas que ça sera super classe, vous aurez peut-être quelques tuiles tordues, mais bon.


Tandis que je réfléchissais à voix haute, j’observais Charlie, qui avait lâché le chien du regard et me fixait à présent d’un air moqueur. Il avait déjà pu observer le résultat de mes transmutations, lui… Il risquait d’y avoir plus d’une tuile tordue, en réalité. La dernière fois que j’avais utilisé la transmutation pour réparer quelque chose, j’avais littéralement fait exploser la montre que je tentais de reconstruire. Cette fois-ci, c’était plus simple, bien sûr, puisque le mécanisme d’une monstre est bien plus complexe que celui d’une tuile… Parce qu’une tuile, ça n’a pas vraiment de « mécanisme », en fait, c’est juste un bout de caillou, quoi. Il suffisait que je m’applique un peu, quoi qu’en pense ma licorne imbécile. Je me détournais donc de l’équidé moqueur, et j’attendis la réponse de mon hôte, qui, je l’espérais, ne me mettrait pas au chômage avant même que j’aie commencé à bosser.

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Dim 24 Fév 2013, 00:25

Encore une fois, la jeune femme jouait franc jeu avec Raeden. C'était une bonne chose, sinon, ça aurait posé problème pour travailler ensemble. En effet, l'Ombre avait horreur des faux-jetons, faux-culs et autres lèches-bottes. Ceux qui agissaient dans le dos des autres, qui critiquaient par derrière et faisaient des courbettes et des ronds de jambe devant pouvaient aller se faire voir. La franchise, il n'y avait que cela de vrai pour l'Immortel !

Elle se disait gosse de riche, et pourtant, elle voyageait simple. Elle reconnaissait ne pas savoir se servir de ses dix doigts et pourtant, elle maintenait sa proposition d'aide, même si c'était un travail de larbin qu'elle avait à effectuer. Raeden la regardait sans vraiment la voir, réfléchissant à aux tâches qu'il pouvait donc lui donner. Il continuait à manger lentement, bien décider à ne perdre aucune miette de son repas, pas comme Elisha. Mais au moins, cela fit le bonheur de quelqu'un puisque Leaic se leva flegmatiquement avant de rejoindre la jeune femme et d'entreprendre son nettoyage, raflant tous les morceaux qu'il pouvait trouver.

Elisha était toujours en train de réfléchir à ce qu'elle pouvait apporter comme aide visiblement. L'Ombre avait résolu de lui donner un travail simple, faire le tri entre les tuiles réutilisables et les autres. Pas besoin d'avoir fait d'étude supérieur pour cela, ni même de savoir manipuler quelconque outil. Juste ne pas être maladroit pour ne pas faire tomber celles qui étaient encore potables.

Une idée venait de lui traverser la tête visiblement, puisqu'elle rouvrait la bouche pour parler. Utiliser la magie. C'était ce qu'elle lui proposait. Pourquoi pas, si elle s'en sentait capable. Un peu comme si les pensées de la jeune femme avaient suivi celles de l'Immortel, elle proposait de s'occuper des tuiles et de réparer celles qui en avait besoin. Et pour cela, elle voulait utiliser la transmutation, et surtout la téléportation, du toit au sol.

Raeden haussa un sourcil en avalant sa dernière bouchée.


La téléportation ? Tu n'as pas peur de te retrouver de l'autre côté du pic..après ce qui s'est passé plus tôt?

Il reprit une rasade de rhum, referma la gourde et se leva pour aller la ranger dans les sacoches de la jeune femme.

Quelques tuiles de tordus pour un toit qui n'a plus de fuite..c'est un compromis acceptable. Pour éviter de t'épuiser plus que nécessaire...j'peux te les descendre avec un seau et une corde. Ainsi, tu pourras en faire plus.

Il disait cela, mais en fait, c'était surtout parce qu'il ne voulait pas voir arriver le risque qu'elle disparaisse d'un coup, à cause d'une téléportation ratée. Bien sur, il ne l'avouerait jamais, encore moins devant elle.

Il se tourna vers elle.


Si tu es prête, nous pouvons nous mettre au travail.

Et sans vraiment attendre de réponse de sa part, il entreprit de rejoindre l'extérieur et l'échelle qui était toujours adossée à la façade.
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Dim 24 Fév 2013, 02:19

Décidément, il dégustait le bout de pain qu'il avait pioché dans mon sac comme s'il s'était agit du mets le plus raffiné qu'il aie jamais eu l'occasion d'avaler. Moi, j'avais déjà fini d'engloutir mon repas, et je laissais à présent le chien de Raeden me débarrasser des miettes que j'avais laissées un peu partout, non sans un certain dégoût. Déjà que je n'aime pas tellement les chiens... Celui-ci était en train de me couvrir littéralement de bave. Mais, immobile, j'avais de nouveau un peu froid, et la présence du canidé près de moi me réchauffait un peu. Et puis, ce chien était trop tranquille pour qu'on aie envie de lui faire du mal, ou même de le déranger.

Au bout d'un petit moment, mon hôte me fit remarquer que la téléportation n'était peut-être pas appropriée, vu les prouesses que je venais d'accomplir. Très bien, je passais pour une grosse débile, maintenant... J'aurais bien voulu lui expliqué que je ne foirais pas mes téléportations ainsi d'ordinaire, et que j'avais simplement vu un peu trop grand ; c'est vrai, normalement, dans un rayon de dix à vingt mètres, je me débrouille très bien. J'avais simplement voulu aller un peu trop loin, cette fois-ci. Mais son toit n'était pas si haut... Je pouvais facilement y arriver, je le savais. Cependant, il n'avait pas tort : mes capacités magiques ne sont pas extraordinaires, loin de là, et si je devais combiner téléportation et transmutation, je risquais de crever de fatigue. Il était donc plus sage pour moi de ne pas me comporter comme une gamine cherchant à prouver sa puissance par tous les moyens, et d'accepter ce qu'on me proposait.

- ça me va... J'espère juste que je ferais pas exploser vos tuiles, ça serait chiant. Mais je ferais de mon mieux, j'vous le promet. Bon, allons-y.

Je me levai, trébuchai sur le chien qui s'était couché à mes pieds et manquais de m'étaler par terre. Je parvins à me rattraper de justesse à la crinière de Charlie qui poussa un bruyant hennissement de mécontentement, et, furieuse, je lâchais un chapelet de jurons tous plus grossiers les uns que les autres. Je lançais un regard haineux au chien, puis, sans un mot - je m'étais déjà assez foutu la honte, pas la peine d'en rajouter - je suivis Raeden dehors. Je m'en voulais un peu de le laisser crapahuter sur cette échelle alors que j'aurais pu me retrouver sur le toit en une demie-seconde, mais bon. Si j'arrivais à pas détruire les trucs qu'il me donnait à réparer, ça serait déjà bien. Autant ne pas essayer d'en faire trop, ou je risquais de n'arriver à rien du tout, finalement.

Le truc, c'est que si je voulais lui éviter de monter cette échelle, c'était pas tant pour lui éviter de se fatiguer que parce que j'avais peur qu'il se casse la gueule. Si l'échelle était dans le même état que la maison... Et franchement, j'avais pas super envie qu'il se brise les os à mes pieds, moi. Mais, puisque je me voyais mal l'en empêcher, je ne fis rien pour, et je m'arrêtais sagement en bas de l'échelle, en attendant qu'il me descende les tuiles. J'avais un peu envie de lui dire de faire gaffe à ne pas tomber, mais je savais que ça aurait été stupide : il partait en haut d'un toit, pas d'un volcan. Et puis, ça lui montrerait sans doute un peu trop l'affection que je commençais à avoir pour lui, et ce n'était vraiment pas ce que je voulais.

- Bon, je vous attends là, du coup. Évitez de me tomber dessus, ça serait sympa... Et de me laisser tomber les tuiles sur la tête, si possible.


J'espérais tout de même qu'il n'en attendait pas trop de moi. S'il me demandait de refaire sa toiture, je risquais d'avoir un souci... Ma téléportation ratée m'avait déjà un peu crevée, et je savais très bien que, si je me retrouvais avec quatre-vingt seaux de tuiles pétées, je ne parviendrais pas à les réparer toutes, loin de là. Et la dernière chose dont j'avais envie, c'était de me rendre de nouveau ridicule.
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Dim 24 Fév 2013, 17:47

Un grand fatras se fit entendre derrière Raeden tandis qu'il était presque déjà à la porte d'entrée. Il se retourna à moitié pour voir ce qui se passait. Visiblement, tout partait de Leaic qui, chose peu courante, traînait dans les pattes des gens. Elisha avait trébuché dessus en se relevant, le piétinant un peu par la même occasion et s'était rattrapée à sa licorne de justesse pour ne pas se retrouver totalement étendue par terre. Evidemment, les deux animaux avaient tous les deux poussé jappement et autre hennissement...peut être pas pour les mêmes raisons cependant. Par contre, la tripotée de juron lâchés par la jeune femme étaient plus que surprenant. Ils firent hausser un sourcil à l'Immortel et même s'étirer ses lèvres en une ombre de sourire.

Ils étaient sacrément osés tous ces mots, et puis surtout, ce n'était pas courant de les entendre dans la bouche d'une jeune femme. Pas que cela soit inconvenant – quoique ça restait encore à prouver – mais certains étaient vraiment très cru, et sans assaisonnement en plus. L'entendre proférer de telles grossièreté pouvait encore passer mais le regard haineux qu'elle lança à Leaic fit froncer les sourcils de l'Ombre. Ok, l'animal se trouvait au mauvais endroit et n'aurait pas du y être, mais ce n'était pas une raison pour lui en vouloir autant. Cette fois-ci, Raeden laissa passer. Elle était contrariée, elle s'était un peu trop laissée aller. Ce n'était qu'un regard, pas très avenant certain, mais rien de plus. Par contre, si elle avait tenté de frapper l'animal, les choses auraient pu dégénérer et la journée se terminée moins bien qu'elle ne l'avait commencé.

Il sortit avant qu'elle ne le rejoigne, et était déjà en train de grimper à l'échelle. Il jeta un coup d'oeil en bas, mais pas de Leaic en vu. Visiblement, le chien avait compris qu'il ne valait mieux pas traîner trop prêt de la jeune femme. Mais Raeden était sur qu'il n'était pas loin. C'était toujours le cas, toujours à porter de voix, d'un endroit où il pouvait rapidement venir en aide à son maître. L'ombre posait le pied sur le toit lorsque la voix d'Elisha retentit.

Elle lui demandait d'être prudent. Non pas vraiment pour lui, mais surtout pour qu'elle ne se prenne rien ni personne sur la tête. Ce qui était d'un certain côté compréhensible. Après tout, elle lui avait proposé gentiment son aide, ce n'était pas non plus pour qu'elle se retrouve amochée voir pire. L'homme se contenta de lui faire un signe de tête pour montrer qu'il avait bien compris. Puis se disant qu'elle ne pouvait peut être pas le voir, il lâcha un simple


Compris!

De son nouveau point de vue, il jeta un coup d'oeil autour de lui et aperçut enfin son chien. Celui-ci se trouvait à la lisière de la forêt jouxtant presque la bâtisse. Il était assis entre les arbres et se contenait juste d'observer. Leurs regards se croisèrent et ils restèrent tous les deux quelques secondes immobiles, puis Raeden se secoua et commença à se mettre à la tâche. Rapidement, il empila plusieurs tuiles cassées ou abîmée dans un seau. Lorsque le seau fut plein, il attacha une corde à la anse et se rapprocha du bord.

Attention en bas...le seau arrive!

Et il commença lentement à faire descendre le seau, un peu de corde après l'autre, les jambes bien campées et les épaules redressées.
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Réaménagement et renouveau [PV Elisha]

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