Pendant quinze longs jours, l'orisha n'eu absolument aucune nouvelle de son amie. Il finit par abandonner, se disant que de toute façon il ne pouvait même pas la rejoindre. Son teint était anormalement blafard, pour un orisha, et il était plutôt maussade.
Lorsque Elise était venue chercher sa protégée, en manquant de tuer Cocoon, il s'était trouvé bien seul. Quand il s'était réveillé au pied de l'escalier, sa tête lui faisait extrêmement mal, et sa convalescence prit des jours entiers. Mais une fois sur pieds la solitude l'emporta et il resta chez lui à broyait du noir, se répétant la scène du départ de son amie, se disant qu'il aurait pu agir comme ça, lui envoyer ça, ou faire ça... Mais non. Tout était passé, révolue, et personne ne pouvait rien y faire. Le jeune homme avait bien essayé d'appeler son amie par télépathie, mais au bout il n'y avait rien. D'habitude, il avait toujours un retour, une espèce de petite chaleur, mais là, tout était vide, sans fin, et sa voix ne fit que résonner en échos dans sa tête, sans but. Un peu comme lui. L'Autre essaya de ne pas le faire tomber dans la déprime, mais c'était bien dur. Les soirs qui suivirent, il ne voulait plus se coucher dans son lit, lui rappelant son amie qui était retenu prisonnière chez sa "tutrice", et avait élu domicile sur le divan, devant le feu, lisant des livres toute la journée. Dernièrement il s'était remis à bouquiner de vieilles histoires, en langue ancienne. Maintenant, plus personne ne la parlait dans son peuple, mais elle était toujours enseignée dans les écoles. D'un côté, ces vieilles reliques qu'il avait traîné avec lui pendant tout ce temps, et à chaque déménagement, lui rappelait des petits bouts de son passé. Comme si chaque page renfermait un peu de sa mémoire, et de sa vie. Rien n'était plus nostalgique, que ressasser le passé.
Il finit par s'endormir.

Un peu plus tard dans la nuit il entendit une cacophonie sans nom. Quelqu'un tapait à sa fenêtre pendant qu'un autre grattait à sa porte, se réveillant en sursaut et choppant son épée, il vit Yuna derrière le verre. Il alla l'ouvrir en lui demandant ce qu'elle fichait là, la voix encore endormie, mais celle ci vola frénétiquement jusqu'à la porte. Posant son arme il l'ouvrit, et découvrit Nydelia, sur le dos d'une dragonne, inconsciente et ensanglantée. Il prit une couverture qui était à portée, et l'enroula dedans la prenant dans ses bras. Sans plus de mots, il laissa entrer les animaux, et referma prestement portes et fenêtre. Tous montèrent dans la chambre pendant que Cocoon soignait correctement l'épaule de l'ange. Elle avait perdue beaucoup de sang, mais l'hémorragie avait finie par se stopper. Il prit un baume réparateur, transparent, lui appliquant sur sa plaie après l'avoir nettoyé pour ne pas qu'elle s'infecte. Enroulant fermement le tout dans des bandages, il s'assura que ça ne fit pas un garrot. Tout cela dura un moment et il finit par aller à la salle d'eau, se laver les mains. Le sang d'ange l'avait quelque peu affecté, mais il avait pris soin de se cacher la bouche et le nez d'un tissu blanc, humidifié, pour limiter les effets. Une fois tout fini, il s'assit près d'elle, alors qu'elle dormait encore, et rassura les bêtes. A son tour, il se mit au lit, se collant à elle pour qu'elle se réchauffe rapidement. Le sang perdu avait rendu son corps froid et c'en était assez alarmant pour l'orisha. Il savait que contre lui, elle se réchaufferait vite, comme chaque être qui se collait à lui. Bien qu'il dormait, il fit attention à chaque mouvement qu'elle pouvait faire, et se réveilla donc à chaque fois qu'elle bougea. Cela lui permettait d'être alerte, lorsqu'elle se réveillera pour de bon.

L'orisha était désemparé en voyant la détresse de Nydelia. Il ne su que faire lorsqu'elle se réveilla et parla. Il prit en compte tout ce qu'elle disait, et comprit enfin l'histoire qui s'était passée. Finalement, elle ne devait sa fuite qu'à elle même.
Elle s'excusa, et puis commença à pleurer. Il la prit contre lui, tentant de la rassurer :

-Ça va aller, ne t'inquiète pas. Nous allons partir de manière à ce qu'elle ne nous trouve pas pour le moment. Il faut te mettre en sécurité, car quelque chose comme ça ne doit pas se reproduire.

Il se demanda, après tout ce qu'elle avait fait, comment avait-elle seulement fait pour rester un ange. Il ne pensait pas qu'après ces horreurs, elle garderait son statut. Malgré tout il se dépêcha de se préparer et d'emballer quelques affaires, pensant prendre des vivres sur la route. Pour le moment, il n'y avait aucun signe de la Elise. Profitant de ce moment de répit, il aida Nydelia à se mettre sur pieds et lui donna à manger, pour qu'elle reprenne des forces. Finissant par armer son épée dans son dos, il dit :

-On va quand même passer en ville pour t'acheter des vêtements, car ta robe commence à être sacrément usée.

"...et sacrément transparente." pensa-t-il. Portant tout dans sa besace, qui était bien gonflée, il ferma à double tour son laboratoire, et ils sortirent. L'ange arrivait à mieux marcher qu'au début, grâce à la maigre convalescence, et au repas. Le soleil venait à peine de se lever, et l'orisha se dirigea vers les étals du marché pour prendre beaucoup de fruits et autre, de manière à tenir un temps plus ou moins indéterminé. Son amie elle, alla acheter des vêtements plus adéquats.
Lorsqu'ils prirent la route, ils marchèrent un moment, se reposant en fonction de l'ange et de ce qu'elle pouvait marcher. Cocoon ne savait pas trop où aller se réfugier, et où Elise ne les trouverait pas. Bien sur il avait des idées telles que la forêt des murmures, la tour inconnu... Mais seraient-ils suffisamment à l'abri ? Il demanda à l'ange où elle voulait aller. Elle lui apprit qu'elle avait des affaires à récupérer, mais l'orisha la contra :

-Elle a mit un bouclier pour empêcher les gens d'entrer... Ce serait un risque de se jeter dans la gueule du lion.

Le jeune homme pensa à tout ce petit monde qui les suivait. Après tout, ils pouvaient servir de diversion, pendant que Nydelia récupérait ses affaires non ?

-Je pense que nous ne sommes pas vraiment préparer à la vaincre en plus...

Il jeta un regard vers son amie. Effectivement il avait parler de la possibilité de la tuer et il redoutait la réaction de Nydelia. Malheureusement ce n'était pas la Elise qu'elle avait connu, et si rien ni personne n'arrivait à déjouer l'envoûtement, ou le charme qui la tenait prisonnière de cette colère, alors ils n'auraient pas vraiment d'autre choix. Malgré tout il n'en parla plus, préférant ne pas blesser son amie un peu plus. Ils avaient marché dans une plaine pendant toute la journée, et le soir venu, Cocoon monta un petit bivouac rudimentaire, leur permettant de dormir à l'abri et au sec si jamais il pleuvait.
Alors qu'ils étaient allongés à l’intérieur, l'orisha dit :

-Est ce qu'il y aurait un moyen pour déjouer le fait qu'elle peut nous trouver n'importe où ?

Il réfléchit et puis... Euréka.

-Lorsque j'étais plus jeune, j'ai été récupéré par un sorcier très puissant. Je suis partie de chez lui il y a maintenant quelques années. Peut être que si nous y allions, il pourrait nous aider.

C'était une bonne idée à première vue. Il l'avait aidé, et Cocoon n'était pas aller le voir depuis un moment. La petite visite de courtoisie tournerait vite à la demande de service, mais il jura que ce n'était rien qu'il ne puisse faire. L'orisha se rappela de la route à prendre et surtout, de l'endroit. C'était assez désertique, l'air était sec, mais le sol n'était pas fait de sable et de dunes. C'était de la terre parsemée de ci de là par des carrés d'herbes vertes, ou fanées, et de gros cailloux jonchaient le sol. Rien ne permettait de dire quel était cet endroit, mais il se rappela que son mage habitait là. Dans une petite tour rocailleuse et en ruine, à ne jamais sortir de la journée, et à la vue de tout le monde. On aurait pu croire qu'il avait été fou de se montrer comme cela dans cet endroit plat et lointain, mais pas du tout. Car là où il était, il savait que personne ne le verrait, trop omnubilé par la tour inconnue, qui se dresserait devant les voyageurs, bien avant qu'ils n'atteignent celle de l'homme. Fermant ses yeux il profita de ce silence pour se connecter à son amie, près de lui.

*Il habite dans le secteur de la tour inconnue. Sa maison est assez visible, il ne faut juste pas se laisser surprendre par le grand monument qui essayera toujours de nous attirer à l'intérieur pour se jouer de nous. Il faudra faire attention, et ne pas perdre de vue sa tour à lui.*

C'était important de ne pas se laisser faire par la fameuse tour inconnue, qui se matérialisera sous différente forme, et ré apparaitra toujours un peu plus devant eux et toujours un peu plus alléchante. Il finit par s'endormir en même temps que l'ange, et se réveiller aussi en même temps.

Nydelia lui expliqua que le bouclier magique devait être brisé, du fait qu'il n'y avait plus personne à retenir enfermé, au contraire. Il fallait tout faire même pour que Nydelia rentre chez elle, alors elle n'allait pas maintenir cette barrière...
Ainsi elle avait aussi mit Yuna au placard... Cette femme n'était certainement pas celle que son amie lui décrivait, et il ne manqua pas de lui dire :

-Effectivement, elle est loin de l'image de la tutrice aimante et droite, que tu me décrivais tout le temps. Je ne savais même pas que les anges pouvaient tourner leur veste, sans en subir directement les conséquences.

Il se rappela ainsi de l'ange déchu dans la pyramide, asservissant le maitre des lieux. Elise allait-elle devenir comme ça ? Il n'espérait pas pour Nydelia. Malheureusement, quand il se tu lorsqu'il lui parla de la tuer, il se douta de ce qu'elle pensait. Eviter les rencontres, éviter les conflits. Mais si la femme cherchait constamment Nydelia, et qu'il fallait que Cocoon soit alerte et protecteur, il le serait. Comme il la tuerait s'il en avait l'occasion. Après tout, elle aussi voulait sa mort. Lorsqu'ils se couchèrent son amie lui fit par de son angoisse. Il se tourna vers elle, sur le flan, disant :

-Je sais, et il m'a éduqué de la sorte. Si je lui fait croire que je n'ai pas changé, et que toi tu m'attends, il n'y aurait aucune raison qu'il ne m'aide pas. Nous nous haïssons, alors il n'y a aucune raison qu'il ne veuille pas m'accueillir.

Il soupira. Voyant le visage perplexe de son amie il dit :

-Il m'a recueilli quand j'étais jeune, et m'a élevé dans le mal le plus total. J'étais en quelque sorte sa marque de fabrique. Il est ce genre de maitre qui te piétine, en te disant que ça forge l'expérience et le caractère. Il me disait tout le temps que si je mourrai au cours d'un entraînement, c'était que de toute manière je ne valais rien. Même si c'était très dur et très éprouvant, j'ai envie de dire heureusement qu'il était là, sinon je serai mort, dévoré par une créature. Il m'a apprit mes qualités, et mes faiblesses, et a maitriser tout ça. Lorsque je suis partis de chez lui, j'étais le pire homme qui n'ai jamais existé.

Faisant un geste de la main, il enchaîna :

-Mais tout cela est révolue. En revanche, si j'agis de la même manière que lorsque je suis parti, il m'aidera.

Ce qu'il ne lui dit pas, c'est que ce sera surement au prix de sa vie, ou d'une partie. Mais si ça pouvait la libérer de l'emprise de cette harpie, il s'en fichait.

Le lendemain, ils prirent la route pour le port, et le continent naturel. De là, ils avaient énormément de marche à faire et à traverser maintes contrées. Cocoon fit attention les jours qui suivirent, que l'ange se remette bien de sa blessure. C'était long mais ça allait de mieux en mieux, et ils purent enfin enlever le bandage définitivement. Son épaule devait encore être douloureuse, mais maintenant elle pouvait lever le bras. Sur la route, ils traversèrent plusieurs petits bourgs où ils achetèrent des provisions et remplir leurs gourdes d'eau. Mais la route s'annonçait encore rude. Ils prirent les grandes routes, ne voulant pas tomber malencontreusement sur des bêtes sauvages. En revanche, le soir venu, les bandits étaient de sortit. C'était de pauvres humains dépouillés, qui essayaient de gagner leur croute en pillant les voyageurs, mais cette fois ci, ils ne gagneraient absolument rien. Les annihilants rapidement, le petit groupe se remit en route.

Comme l'avait redouté l'orisha, ils devaient aussi traverser le désert. La chaleur leur brûlait la peau et les poumons à chaque inspiration, au fur et à mesure qu'ils approchaient de cette mer de sable. Cocoon préféra acheter des vêtements plus appropriés, à un village à proximité, et beaucoup d'eau. Ainsi, il entoura tout son corps de voiles blancs comme à son habitude, à chaque fois qu'il s'aventurer dans cet enfer, et ne laissa ainsi que ses yeux apparaitre. Il eu peur que si son amie ne fasse pareil, elle allait avoir la peau brûlée par l'astre divin, qui dardait le sable. Une fois prêt, ils suivirent un groupe de nomades, habitué à ce genre de voyage, et essaya de ne suivre aussi le rythme imposé. Cocoon prenait souvent cas de Nydelia, savoir si elle suivait, et si sa blessure allait bien. Il fallait faire attention de ne pas s'épuiser, mais en même temps il fallait avancer. Une fois le soir venu, ils montèrent vite le camp avant que la nuit glaciale arrive. Les bivouacs étaient en fait de grandes tentes, ou tout le monde pouvait tenir debout. Sauf Cocoon. Il y avait eu deux tentes de monté pour tout le groupe, et l'orisha suggéra à Nydelia de dormir avec lui. Non pas qu'il était possessif ou quoi, mais les autres membres du groupes étaient des hommes, aux yeux plutôt baladeurs, ce qui n'était pas pour rassurer le bronzé. Les lits étaient de simples couche rudimentaires, sur des tapis de sol épais, avec un genre de couette au dessus d'eux. Ne faisant pas les difficiles, ils dormirent donc avec les autres. La nuit fut glaciale, et l'ange grelottait par moment. L'orisha, quasiment en dehors de la couette, se glissa à nouveau dessous contre son amie. Sa chaleur communiqua dans l'épais tissu et resta concentrée autour d'eux. Il s'en voulu, si Nydelia devait passer ce genre de nuit, à être frigorifiée.
Ils mirent trois jours à traversé le désert. Du coup il eu le temps et la patience de récupérer de la poudre de feu, qu'un nomade collectionneur, comme lui, lui avait montré. Il en fit le plein, car il savait que sa potion demandait beaucoup d'ingrédients différents et en pas mal d'exemplaires.
Se séparant du groupe de nomade, qu'ils remercièrent beaucoup, ils prirent le chemin de la tour. Cocoon dit :

-La première fois que j'ai traversé le désert, j'ai failli mourir. J'y suis allé sans eau, sans nourriture, avec des vêtements commun... Je ne sais pas comment j'ai fais pour survivre...

A mieux y penser, c'était clair qu'il était un miraculé.

Les deux jeunes gens émirent des hypothèses sur ce qui pouvait induire Elise à avoir une telle réaction. Après tout, un charme pouvait bien être applicable, pourquoi pas, mais la question de ses ailes restait en suspend pendant un moment. Puis Nydelia l'élucida, en disant que si ça avait été d'elle, ses ailes auraient directement virées de couleur. Malgré tout, l'ange qui passa voir son amie intrigua Cocoon. Ils n'avaient plus de contact avec elle depuis là-haut, ce qui pouvait faire penser à une perte de titre, ou même de statut, à ce stade là.

Lorsqu'ils arrivèrent dans la région de la tour, Cocoon ne s'avança pas trop. En approchant petit à petit de la bâtisse, il sentit quelque chose d'étrange. Un champs magnétique entourait, sur un large périmètre, la tour de pierres. Évidemment, ils ne purent pénétrer à l'intérieur mais, en plus, l'orisha su se jeter sur l'ange pour vite la décaler, car une boule de feu, telle une météorite, venait de créer un cratère, pile à l'endroit où ils étaient quelques secondes avant. Se relevant, il fit quelques pas en arrière.

-Bon... Attends moi à bonne distance, mais je pense que c'est mal partit...

S'époussetant les vêtements, il repartit à la charge. La sécurité de la météorite ne se déclencha pas cette fois ci, mais le champs était bien là lui. L'orisha toucha de ses mains gantées la barrière légèrement opaque, et s'aperçut qu'il était électrifié, car de petits éclairs bleus apparurent à l'endroit où le tissu se posa. Le jeune homme n'en reçu pas les effets, mais il eu tout de même le réflexe de retirer sa main.

-Il y a quelque chose qui cloche. La sécurité a toujours était nulle pour moi.

Il se dit alors qu'il avait bien trop changé. Mais non, ça ne pouvait se limiter à cela car, même si le système de défense avait enclenché le projectile, le champs aussi aurait réagit, ou fait... quelque chose mais absolument rien ne se produisit. Ni lorsqu'il se retrouva seul, ou avec l'ange. Le fait de noircir son cœur n'aurait strictement servis à rien sur ce coup là, et n'aurait pas fait changer quoi que ce soit. Alors il se mit à réfléchir. Le sorcier savait qu'ils étaient là, du moins que lui était là, avec un étranger et il les refusait tous les deux, avec plus ou moins de violence. Avait-il changé totalement depuis que son élève était partit ? Peut être que le sorcier lui même n'était pas chez lui ? Non... Il y avait...

-Il ne nous veut pas. Je pense qu'il sait que je suis revenue, et la raison. Ou peut être pas, en tout cas il doit nous manquer un élément. Je ne vois pas pourquoi il me fermerait la porte. A moi.

Non pas qu'il se sentait privilégié, mais il le connaissait, aussi maléfique qu'il soit. Et de là, alors que le jeune homme s'éloignait, ils reçurent un signal. Un don du ciel. Enfin plutôt de la tour. La voix du sorcier résonna dans toute la contrée. Ses mots furent fermes, brefs et tranchants.

-Je vois que le petit chiot est rentré à la maison... Je connais parfaitement tes intentions, et ta venue ici, mais je ne peux pas t'aider. En même temps tu es tellement prévisible shalöss.

L'orisha resta calme, bien qu'il voulu le tuer, pile à ce moment là. Lui, ce type, il savait parfaitement comment faire ressortir tout ce qu'il lui avait enseigné, de profondément machiavélique. Mais le sorcier poursuivit :

-Trouve des informations. J'ai besoin de connaître le passé des gens moi avant de pouvoir les faire rôtir sur mon grill. Alors reviens quand tu auras tout pour une fois, petite créature. Ah et bien sur, ce n'est pas gratuit, et tu sais pertinemment ce dont j'ai besoin...

Et dans un dédain sans failli, il partit. La voix arrêta de se faire entendre, et disparut.
Cocoon avait rouvert des blessures, qui à cet instant, étaient à vifs. Il avait du mal, à se contenir, et ses bras tremblèrent légèrement de rage. Cet homme faisait ressortir toute sa rage, sa furie, et son dégoût pour lui. Il l'avait détesté, toute sa vie, et rien que d'entendre sa voix, ça l'avait mit dans un état second. Se détournant de l'ange il prononça un "non !" d'un ton ferme, lorsqu'elle tenta de s'approcher. Non pas qu'il allait lui faire du mal, mais il ne voulait pas qu'elle le voit comme ça. Sous aucun prétexte il ne voulait montrer une facette démoniaque, et surtout pas de lui, à un ange, qui plus est son amie. S'accroupissant près du sol, il essaya de se contenir et de se concentrer pour ne pas sortir ses poings, son épée, traverser ce champs mortel, pour aller zigouiller l'autre démon. Alors il se calma. Pendant dix minutes. Ce fut exceptionnellement long. Mais au bout de ce moment il se releva, inspira un bon coup et se tourna vers son amie. Son visage affichait l'expression de toujours, qu'elle connaissait bien. Tout était redevenue normal. Alors il s'approcha d'elle en disant :

-Bon, ça va mieux. Excuse moi. D'après lui, il faudrait trouver quelqu'un qui puisse nous renseigner sur son passé.

Levant les yeux vers son amie, il la rassura immédiatement :

-Il ne la tuera pas, ne t'inquiète pas. Si je lui rapporte ce qu'il veut, il me donnera ce que JE veux... Donc le sort inverse de l'envoûtement.

Évidemment, il redouta simplement de lui dire ce que le sorcier voulait. Le problème était qu'il ne pouvait pas le cacher.

-Écoute... Je sais que tu vois ça comme de la cruauté, mais je me chargerai de lui rapporter les yeux d'animaux qu'il demande. Tu n'auras pas à assister à ça, ni a voir le résultat, mais il fallait juste que tu le sache au cas où tu tomberais malencontreusement sur le bocal. Nous allons devoir aller dans la forêt, ou du moins dans un coin très dense en verdure. En revanche, pour le passé d'Elise, je suis légèrement moins confiant. Tu as une idée ?

L'enchaînement de conversation était calculé, mais le doute était bien évident. Cocoon n'avait pas d'idée sur comment trouver quelqu'un d'assez proche de la femme, pour leur révéler ce genre d'informations. Malheureusement ils n'avaient pas le choix, s'ils voulaient rompre le charme. Décidant d'avancer, l'orisha contourna le champs magnétique, pour aller dans une direction presque opposée.
Le silence était quelque peu pesant mais il le rompit en disant :

-Désolé pour tout à l'heure, mais je ne préférais pas que tu me vois. Je connais parfaitement mon visage dans ce genre de situation et je voulais te préserver. Le mot que tu avais entendu, c'était la langue ancienne de mon peuple. Ca voulait dire esclave. C'est le surnom qu'il me donne.

Cocoon activa immédiatement son self contrôle, avec l'aide de son pouvoir, pour vraiment rester zen lorsqu'il parlait. Du coup, sa voix resta absolument neutre et posée, tout au long du discours.

-Il va falloir que je me maitrise lorsque je me retrouverai dans sa tour... Bon aller, en route.

Il prit soin de boire quelques gorgées d'eau avant de se remettre en route.

Arrivé en lisière de forêt tout le monde fit une pause. Ils montèrent un petit bivouac qui les protègerait de la pluie si jamais il y en avait. Cocoon savait bien que d'une région à l'autre, le climat pouvait être changeur et totalement différent en plus de ça. Le bois où ils allaient entrer, pour surement le traverser et trouver des réponses, était feuillu et peu dense. On pouvait facilement voir le ciel et il n'y avait pas cette ambiance lourde, remplit de parfum de fleur, qui donnait un sacré mal de crâne, bien au contraire. Lorsqu'ils furent allongé, l'orisha se soucia de Nydelia mais cette dernière le rassura. Et puis le silence revint. L'ange le brisa en demandant, sur un ton blagueur, de faire attention aux bêtes auxquelles il s'attaquerait. Il lui répondit simplement :

-Il y a des catégories d'animaux bien spéciaux, alors ne t'inquiète pas, les loups n'en font pas partit. Et puis j'ai vu à quoi ressemblait son petit amoureux, donc en tout les cas, si j'étais tombé dessus, je ne l'aurais pas touché. Comme je ne l'aurais pas touché elle.

Il préférait renoncer à l'aide que lui apporterait son maitre, s'il lui avait ordonné de toucher Nydelia, ou Ielenia. Puis elle enchaîna sur ce qu'elle pensait être mieux. L'orisha lui répondit :

-Si tu penses que c'est la meilleure solution, d'accord. Mais si je sens qu'elle arrive, de n'importe qu'elle façon, je t'attrape et on lève le camp. Elle est bien trop enragée pour se maitriser, et elle nous tuera à coup sur, sans pitié.

Il réfléchit à son tour et se dit que de toute façon ils n'avaient pas d'autre solution. En revanche, il prit en compte l'état de Nydelia et lui dit :

-Ecoute, on va passer par un autre chemin. On contournera le désert, certes on prendra plus de temps à arriver sur les terres d'émeraudes, mais comme cela on ralentira notre allure, pour te permettre de te reposer bien plus souvent. Si jamais on tombe sur elle, tu auras un peu plus de consistance. Depuis le début, le rythme a été très soutenu et dans le désert, c'était compliqué, alors je préfèrerais que tu te ménage, quitte à ce que ça nous prenne plus de temps.

Cocoon ne savait pas forcément s'ils étaient limité, mais il préférait savoir Nydelia se remettre petit à petit que la presser et qu'elle tombe raide en cours de route. Alors s'ils devaient monter le bivouac trois fois par jour, ils le feraient.
De toute façon, si Elise avait du les retrouver, elle l'aurait fait depuis longtemps donc rien ne servait de presser autant le pas. Et puis en entendant les paroles de l'ange, quelques jours plus tôt, ils avaient perdu tout contact avec elle alors ce ne serait pas étonnant que le contact entre elle et Nydelia ait aussi été rompu.
Ne disant rien de plus il regarda les étoiles, pensant à Oëna, qui devait être là-haut, dans les cieux, peut être pourrait-elle les dépanner... Ou peut être pas. Et en même temps elle avait beaucoup à faire depuis qu'elle était Séraphin, alors il ne voulait pas qu'elle s'inquiète pour lui. Comme si elle l'avait deviné, son amie lui posa la question fatidique, qui revenait constamment. Un fin et mince sourire se dessina sur ses lèvres, mais disparut bien vite lorsqu'il répondit :

-Ne t'inquiète pas pour celle qui partage ma vie. Elle n'est pas là, tu l'as bien vu. Je te l'ai déjà dis que de toute façon je venais avec toi, jusqu'au bout, donc enlève-toi ce soucis de la tête.

Après tout, c'était réel.
Ainsi ils s'endormirent, reprenant petit à petit des forces.

Le lendemain, tous se préparèrent. Nydelia alla se rafraîchir pendant que l'orisha s'habillait et se préparait. Il préférait laisser de l'intimité à la jeune femme, repensant en soupirant à la fois où c'était Oëna dans la rivière, à moitié nue et dont il était follement amoureux. Il se rendait de plus en plus compte que sans elle c'était difficile et il trouvait le temps long. Son corps et son cœur lui manquait, cette enveloppe d'amour qu'elle lui conférait était en train de partir. Il savait que quand elle reviendrait, tout serait à nouveau comme avant, et ce cocon d'amour reviendrait, mais malheureusement, cela allait être pour dans quelque temps. Mais en même temps il ne consentait à aucun moment de se séparer d'elle, et sa demande d'union lui trottait dans la tête. Alors quand Nydelia revint il essaya de faire bonne figure, mais ses tourments étaient visibles. Se disant que ce n'était qu'une passade, il alla à son tour se passer un coup d'eau fraîche puis ils se mirent en route. L'orisha faisait attention à son amie, de manière à savoir si elle allait bien, si elle voulait faire une pause ou quoi que ce soit d'autre.

Une fois aux terres d'émeraudes, son amie lui expliqua qu'il y avait un chemin qu'Elise empruntait constamment, et les deux animaux allaient faire les gaies de manière à les prévenir, le temps que Cocoon puisse anticiper.
Alors ils appliquèrent ce plan astucieux et se remirent en route. Au bout d'un moment donc leur route se sépara et l'orisha resta constamment sur ses gardes, prévenant les gestes de chacun. Il analysa et sonda plusieurs fois la zone, élargissant au maximum son champs de manière à savoir où était les deux loups, ainsi que des intrus potentiels. Ici, ils étaient hors-la-loi, alors ils devaient être très prudents. Une fois dans la maison, Cocoon attendit à la porte, pendant un moment, puis son amie l'appela à l'étage. Alors il y fila, soucieux, mais elle lui expliqua juste ses trouvailles.
Mais le jeune homme se figea, lorsque dans son sonar entra deux personnes, dont une bien connue. A peine avait-il eu le temps de les remarquer, que Ielenia prévint sa maitresse, qui embarqua son ami avec elle de manière paniquée. Lorsqu'ils passèrent le pas de la porte, ils eurent à peine le temps de voir plus loin la "bête" avec un homme mais ils prirent à nouveau leurs jambes à leur cou.
Ils ne s'arrêtèrent que lorsque l'orisha confirma qu'ils ne craignaient plus rien. Voyant la tête, bien qu'essoufflée, totalement surprise et presque blessé, il la prit dans ses bras en essayant de la rassurer avec ses gestes. Elle était bouleversée, alors peut être était-ce le stress ? Ou bien la course folle ?

-Je sais ce que tu penses. J'espère aussi qu'elle soit vraiment envoûtée. Par cet homme ou non.

Malgré tout il n'était pas dans sa tête, alors il ne pouvait pas réellement savoir ce qu'elle pensait vraiment. Mais plus ils avançaient, plus il avait peur que Nydelia se voile la face. Malgré tout il était la pour la soutenir et non pour l'enfoncer, alors il essaya de la soutenir comme il pouvait que ce soit par ses étreintes amicales ou par ses petites paroles.

Au bout de quelques heures de marche, l'ange arrêta la troupe et s'assit sur un gros rocher. L'orisha vint s'asseoir prêt d'elle, de manière à la retenir si elle se sentait mal. Mais elle avait l'air d'aller bien. Il en profita pour boire un peu, car même si le climat était assez doux, il savait qu'il fallait qu'il s'hydrate. Son amie sortit la lettre qu'elle avait prise dans les affaires de l'hystérique et la lu pour la énième fois. Et alors que le jeune homme avait l'esprit ailleurs, elle l'interrompit en émettant une de ses réflexions.
Visiblement, ayant été entraîné par quelqu'un de minable, l'orisha était censé tout savoir sur les minables, or ce n'était pas vraiment le cas. Laissant échapper un soupir, et regardant toujours au loin, dans le vague, il lança :

-Les sorciers sont des êtres dont on ne peut prévoir les réactions, à moins de les connaitre personnellement. L'autre jour tu m'as dit que les anges et les mages étaient comme chiens et chats, quand bien même je ne vois pas pourquoi un sorcier s'accoquinerait avec elle, ou la manipulerait. Ils sont quand même direct. S'il avait voulu l'éliminer, il n'y serait pas aller par quatre chemins tu sais. Ça ne tient juste pas la route si on continue dans la voix de l'envoûtement.

Il fit une pause puis finit en se levant :

-Après tu as peut être raison et peut être que lui n'est pas un sorcier sanguinaire, enfin du moins maléfique au point de tuer, et qu'il l'a juste... Charmé. Mais ne nourrit pas trop d'espoirs.

Mettant les mains dans ses poches pour en sortir sa boussole, il se remit en route, Nydelia sur ses traces.
Il savait que ce n'était pas ce qu'elle aurait voulu entendre mais n'était-ce pas ça les amis ? Dire plusieurs hypothèses, même les moins agréables ? Ce n'était pas de leur faute, et s'ils allaient dans la mauvaise direction, autant savoir vers où se tourner par la suite, plutôt que de s'entêter bêtement. Cocoon était direct, franc, sans tact. Et bien que là il ait fait des -petits- efforts, sa phrase avait le sens qu'il voulait lui donner, sans fioritures. Malheureusement, si l'ange qui l'accompagnait voulait quelqu'un de plus tactique, et qui prenait bien plus des gants, alors effectivement l'orisha n'était pas l'homme idéal. Mais il trouvait juste ça important de se rendre compte du côté le plus négatif de la chose, de manière à ne pas être surprit ou déçu, comme lorsque l'on ne s'y attendait pas. Et en même temps il ne disait pas cela pour la blesser ou lui faire du mal, seulement lui faire assimiler petit à petit, l'idée qu'il puisse en être autrement pour Élise. Restant silencieux, il reprit donc la route, faisant attention à l'épuisement de son amie.

Plus tard, ils trouvèrent un coin où passer la nuit, à l’abri des intempéries et, espérons, d’Élise. En plein milieu de la nuit, quelque chose le réveilla. Bien qu'il resta sur ses gardes, d'habitude Nydelia ne le réveillait pas, mais là c'était différent. Elle pleurait, et Cocoon ne pouvait pas rester insensible à la souffrance de son amie. En essayant de retenir un bâillement, il s'assit et la prit contre lui. Bien qu'elle soit plus froide que lui, comme beaucoup d'autres créatures dans ce monde, il trouvait qu'elle l'étais anormalement. S'appuyant contre le talus de terre, contre lequel ils avaient monté le bivouac, il s'enroula de la couverture, de manière à ce que la chaleur qu'il dégageait puisse être capté par l'ange. Passait-elle toutes ses nuits gelée comme ça ? L'orisha s'en voulait de ne pas l'avoir remarqué avant. Lorsqu'il dormait profondément, il ne devait pas toujours remarquer que son amie pleurait à chaudes larmes. Mais il la comprenait. Tout s'effondrait autour d'elle, depuis le début. Sa mort en tan qu'humaine, puis, lorsqu'elle ressuscita, elle ne pouvait même plus retrouver l'amour de sa vie, elle devait rester chez sa tutrice, qui l'avait prise sous son aile comme sa propre fille, en lui inculquant tout ce qu'elle sait aujourd'hui. Et voilà que cette dernière se transforme en démon, qu'elle la blesse physiquement et mentalement, et qu'elle la poursuit pour la tuer. Sans parler de l'incident entre elle et Cocoon dans la cabane de la forêt aux milles clochettes. Mais son cœur était resté pur, et il l'admirait pour cela. Le sien serait devenu noir et froid depuis longtemps face à pareille situation.
Alors il comprenait pourquoi cette nuit là, elle pleurait. Il ne savait pas si elle était réveillée ou non, consciente ou non, mais il préféra finir la nuit comme ça.

Dès que l'ange bougea, l'orisha se réveilla aussitôt et la laissa se lever, pendant qu'il rangeait tout. Elle lui annonça alors qu'elle devait se rendre dans un lieu divin. Il la regarda et lui dit :

-Tan qu'il ne faut pas voler, je pense pouvoir t'accompagner partout.

Mais d'après la description que lui en avait fait son amie, ça avait l'air d'être réservé. Peu importe, il l'attendrait pendant qu'elle chercherait l'information. Il avait conscience de qui il était et acceptait le fait d'être rejeté. Plutôt de bonne composition le Cocoon à première vue...
Ils se mirent en route, faisant attention à ce que tout le monde gardait le rythme, et faisant des pauses régulières. Si là-bas ils trouveraient des réponses à leurs questions et leurs attentes, alors ce serait vraiment parfait...