Depuis qu'il s'était réveillé, et qu'il avait lié son énergie pour faire l'essence, il avait préféré resté coucher, de manière à ne pas s'épuiser plus. La faim et la soif lui parure plus que constante et il devait absolument les satisfaire. Malheureusement ses mouvements étaient limités. Rien ne lui permettait de bouger, pendant que son corps se battait. Alors il ne fit rien, restant éveillé, se disant que ça allait aller mieux rapidement. Et puis une équipe de médecin arriva, prenant en charge chaque patient. Oui, patient c'était un bon mot. Le docteur s'occupant de Cocoon lui fit plusieurs piqûre, et l'aida à manger et à boire. Enfin ! Il se sentit quelque peu ragaillardit après cela. Bien sur, son apparence laissait toujours à désirer mais l'équipe médicale faisait tout pour satisfaire tout le monde. Bien que l'orisha avait déjà ses cellules en fonctionnement, cette aide était vraiment la bienvenue. Ils se laissa faire pendant un moment à coup de soin et de médicaments. Et puis il finit par aller mieux. Ignorant totalement la sorcière, il passa à côté sur lit où se trouvait la jeune femme qui était partie chercher la fleur. Pourquoi était-elle en poussière ? Mais il fit vite le lien. Elle avait parlé de sacrifice lors du premier entretien, alors ça ne l'étonnait pas que ce soit elle qui se soit sacrifié. Cocoon finit par prendre une fiole du remède, décidant de rentrer chez lui. Lorsqu'il finit de faire ses affaires, et de passer la porte, il se rendit compte que ses pouvoirs lui revenait petit à petit, que sa magie qui l'avait quitté, emplissait à nouveau son corps. Enfin, il se sentait bel et bien vivant.
Traversant la grande forêt d'où ils étaient tous venue, il se dit que là, il n'y avait plus de portail, ni quoi que ce soit d'autre. Alors prenant son mal en patience, il finit par arriver à la lisière, de l'autre côté. L'atmosphère sombre, et le climat qui entourait ce bois était des plus effrayant. Il ne pensait pas qu'elle fut si grande non plus. Mais quand il se retourna, pour la voir dans son ensemble, la délimitation était flagrante. Les arbres sombres, presque noir, ternes, sans couleur, les feuilles mortes par terre, tout cela, s'arrêtait net. Une belle frontière bien droite était tracée. Le soleil était capté par la vaste prairie juxtaposant la forêt, et cette dernière avait juste l'air d'être recouverte d'un voila sombre et ténébreux, qui ne laissait pas entrer un seul raie de lumière.
Cocoon en eut la chair de poule. Un endroit si majestueux à côté d'un autre si sordide... Quelle étrangeté. Mais il ne s'en occupa plus et continua à pied pendant un moment, jusqu'à rattraper une grande route de passage. Là il pu monter à l'arrière d'un cheval, allant en ville. L'homme aux rennes du cheval, était assez curieux. C'était un humain, sans fioriture, et Cocoon apprécia sa compagnie. Il était franc, sans détour, et avait l'air juste. Mais l'orisha savait que cette race pouvait être tout le contraire de ce qu'elle montrait.
Un détail le fit cependant accrocher, il ne rencontra aucun morts vivants... Comment cela se faisait-il ? Pourtant c'était quelque chose qui avait envahi les terres, et tous les passants étaient bel et bien vivant !
N'en prenant pas vraiment compte, il se fit déposé à l'entrée de la ville, et retourna tranquillement chez lui. Sur le chemin, il s'était rendu compte que énormément de bâtiments avaient été détruits, saccagés, ravagés. Le centre de la ville aussi allait-elle l'être ?

Les rêves ne s'étaient pas invités à la fête, les morts n'avaient pas non plus trouvé leur siège, tous erraient et Magnolia subissait la douleur, doucereuse et alléchante, celle qui prouve votre existence. Chacun avait accompli sa tâche, qu'elle soit utile ou vaine, son dessein restait inchangé, la vie parcourait son corps déchu. Rassurée elle essaya un peu plus de se mouvoir, folie.
Ses ailes n'exécutaient aucun battement, elle aurait pu s'étouffer avec sa propre langue, seul son esprit s'éveillait au mieux. Alors elle attendit cette fameuse équipe médicale.

Une fée subit la vieillesse ? Magnolia en doutait, seules ses ailes scintillantes pouvaient surement faire transparaître son âge. Bientôt l'équipe médicale l'entoura de fleurs éblouissantes, elle aurait aimé les contempler, mais elle ne s'en laissait pas le temps, elle se servait de leur énergie et les tuait ainsi pour dire, comme un homme s'abreuve et se nourrit, elle se régénérait par la nature. Son corps se reposait mais son esprit cherchait "lui" le contacter, le retrouver. La colère grondait en elle. Elle se laissait une journée, ni plus, ni moins. Les médecins avaient pris des allures de concierge, contant les derniers faits, la Reine des Fées avait retrouvé les abîmes, Magnolia fut satisfaite mais n'en dit rien. Elle apprit aussi que la Roi des Sorciers avait perdu sa partie d'échecs et d'autres nouvelles avec plus ou moins d'importance.

Magnolia commença à battre des ailes à l'aube, elle se voyait forcée de garder cette apparence de fée pour pouvoir utiliser d'autres dons. Elle orienta son corps d'aveugle vers les voix médicales, les interpella avec hargne, peut-être s'attendaient-ils à un merci.

« - Ou se trouve l'antidote ? »

Mais ils comprirent vite que le travail de cette jeune fée n'était pas terminé. Le problème suivant se présenta quand elle se dirigea vers les fioles. Elle n'était pas adaptée à sa taille. Elle se sentit anéantie et rencontra le néant. De nouveau prit en charge, elle ne s'éveilla que le surlendemain, avec une meilleure forme... Enfin... Disons qu'elle avait pu prendre une apparence humaine... Une petite enfant, sûrement l'apparence habituelle de Magnolia avec 10 ans de moins, et ses ailes de fée apparentes. Quand elle posa pieds à terre, elle sentit une vive douleur l'envahir, elle serra les poings.

« - Ce n'est rien ! Rien face à ce qu'il subit ! »

Elle se leva, décidée, son corps criait à l'agonie mais elle ne s'arrêterait pas ! Pas avant qu'il est repris son apparence, pas avant que l'artiste est retrouvé sa toile, pas avant que le rêve soit de nouveau accessible ! L'antidote en main, elle s'assit au sol, la dernière étape commençait, la plus ardue de toute, celle qu'elle n'imaginait pas "possible" mais l'espoir qu'il lui avait apporté était plus puissant la force de son esprit.

Neth, où es-tu, je vais entendre tes pensées, aussi noires soient-elles.

Magnolia ferma son esprit au mouvement, au monde autour d'elle, à tous ses médecins qui lui demandaient si elle allait bien, sa concentration était pesante et lourde, la colère qui était en elle voulait s'exprimer, ses dons voulaient déborder, mais non, elle contrôla au mieux ses pouvoirs et là, comme une étoile noire dans un ciel bleu, comme une anomalie ; ses pensées meurtrières se dessinèrent sous ses yeux, lointaines mais présentes. Ses yeux d'aveugles avaient trouvé le chemin. Elle s'envola à sa rencontre.

Son cœur s'affolait, mais il ne céderait pas maintenant,
si elle devait mourir, alors ça sera de ses mains,
de ses griffes, dans son cauchemar.