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      L’Ombre regard la jeune Lison se tourner vers elle pour lui annoncer un fait qu’elle aurait préféré ne pas entendre. Sa technique de téléportation ne fonctionnait pas… C’était la deuxième fois qu’elle lui fît le coup et à chaque fois, lorsque cela s’avérait nécessaire. Aaliah soupira devant cette malchance et ne plus s'empêcher de le lui faire remarquer.

      « C’est fou, lâcha-t-elle énervée, à chaque fois que nous avons besoin de votre pouvoir, il ne marche pas ! »

      Ce n’était pas gentil, mais Lison devait certainement avoir l’habitude et puis, c’était surtout l’énervement qui faisait parler l’Ombre. Elle avait envie de quitter cette maudite tout, et sans la téléportation de l’Orisha, cela allait prendre bien plus de temps ! A croire qu’elles ne sortiraient jamais de là, mais l’Aaliah ne voulait pas donner raison au fantôme d’Alice qui l’avait tant énervé quelques instant auparavant. Le jeune magicien Sunny, lui, proposa une solution simple : celle de prendre les escaliers pour descendre. L’Ombre avait néanmoins un doute. La facilité, ce n’était pas un mot connu par la tour… Aaliah regarda l’Orisha descendre quelques marches avant de finalement lancer un terrible : ne descendez pas. L’Ombre soupira en hocha la tête de droite à gauche. Elles ne pouvaient ni se téléporter, ni descendre les escaliers. Une chose était donc certaine, il leur faudrait du temps pour atteindre la sortie… Et Aaliah n’appréciait vraiment pas cette idée. Ni même la remarque futile du Lison qui déclarait que la tour ne souhaitait pas les faire sortir par les escaliers…

      « Bien sûr que la tour ne veux pas, dit-elle en levant les yeux au ciel, si elle le voulait, elle nous aurait mis devant la porte de sortie, pas en haut ! » rajouta-t-elle plus pour elle-même que pour le groupe

      S’énerver ne résoudrait pas le problème, mais cela aidait l’Ombre à tenir le coup. Elle était impulsive et impatience. Elle commençait à en avoir assez d’être enfermée dans cette tour. Elle avait peut-être l’éternité devant elle, mais ce n’était pas une raison pour gaspiller son temps comme le Petit Poucet semait des cailloux… L’Ombre tentait déjà de penser à un éventuel plan de secours lorsque la voix du jeune garçon brisa le silence. Il demanda de sa voix enfantine si la tour ne les aimait pas et si c’était pour cette raison qu’elle les gardait prisonniers… Aaliah aurait bien répondu par l’affirmative, mais la maman du jeune garçon fut la plus rapide. Elle le rassura bien vite, lui assurant que la tour devait les aimer, puisqu’elle s’était dévoilée à eux. *Oh ! Pitié tuez-moi…* pensa l’ombre qui, si elle n’était déjà pas morte, se suiciderait une seconde fois devant tant de mièvrerie et de stupidité. Bien sûr que la tour les aimait bien et qu’elle voulait les garder… Lison aurait-elle donc déjà oublié les gardiens qui avaient failli les tuer ? Et les salles remplies de sable et de pièges ? La seule chose sensée sortie finalement de la bouche du garçon qui déclara que la tour voulait peut-être seulement conserver les dagues.

      L’Ombre soupira et fit quelque pas, comme pour éviter des contaminer par la mièvrerie qui régnait entre la mère et l’enfant. Soudain, elle aperçut les fleurs qui poussaient entre les pierres. Des roses blanches et violettes… L’Ombre fronça les sourcils, sachant que ces fleurs étaient une réaction face au discours du magicien et de l’orisha.

      « Des fleurs ? s’étonna-t-elle en se retournant vers Lison, vous ne pouviez pas demander autre chose à la tour ? Je ne sais pas moi, une porte pour sortir peut-être… »

      C’était ahurissant, la tour semblait avoir le pouvoir de réagir… Mais seulement au propos du jeune garçon. Car l’Ombre n’avait guère reçu de fleur de la part de la tour, mais en même temps, elle n’en demandait pas. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était de quitter ce lieu et avec la dague ! Elle n’avait pas affronté tous ses pièges et supporter sa compagne d’aventure pour laisser l’objet tant convoité derrière elle. Il n’en était pas question…

      « En plus, maintenant, on se croirait dans un cimetière avec toutes ses fleurs ! Il ne manque plus qu’une épitaphe, râla-t-elle avant d’observer un pan de mur se couvrir d’une épitaphe au nom de l’Ombre, et en plus la tour à de l’humour… »

      L’Ombre regarda son épitaphe sans la moindre émotion, car elle savait qu’elle ne laisserait pas la tour lui prendre la vie qui lui restait et elle n'appréciait guère l'humour de cette vieille bâtisse en ruine. Elle croisa les bras, énervée… Pourquoi la tour n’était jamais sympathique avec elle ? Sans même regarder ses compagnons d’aventure, elle leur adressa la parole sur un ton légèrement acide :

      « Puisque que la tour vous aime bien… Pourquoi ne lui demandez-vous pas de nous indiquer la sortie ? »

      C’était vrai finalement… Lison n’avait-elle pas dit à son fils que la tour les aimait ? C’était le moment de confirmer ses propos!

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      L'Ombre sursauta presque sous la surprise lorsque la voix de l'Orisha vint lui agresser les oreilles. Lison la trouvait pessimiste... Aaliah arqua un sourcil, nerveuse. Etre pessimiste, n'était-ce pas là le nature même d'une Ombre? L'Orisha repris bien vite la parole expliquant que personne ne garderait chez lui une personne que l'on n'aimait pas... Argument que l'Ombre trouva peu convainquant. Le monde était rempli de gens à l'esprit tordu et dans le tas, il y avait sûrement moyen de trouver une personne qui faisait ça... Si, ça devait se trouver. L'Ombre croisa les bras, respirant bruyamment pour montrer son mécontentement. Puisqu'il fallait qu'elle cesse qu'inquiéter les autres pour rien, alors autant qu'elle se taise... Aaliah trouvait rarement les mots pour rassurer. De toute façon, l'Orisha n'attendait guère de réponse de sa part puisqu'elle se tournait déjà vers son jeune fils pour le rassurer.

      « Agnagnagnagna», murmura-t-elle entre les dents pour éviter d'avoir à entendre tant de mièvrerie.

      L'Ombre resta debout, les bras croisés, évitant de croiser le tableau pitoyable qui se jouait à quelque part d'elle. Un mère qui rassure son enfant alors qu'ils étaient enfermé dans une tour sans grande possibilité de sortie... Ce n'était pas tant ce spectacle qui la gênait, mais plutôt le souvenir qui l’envahissait et qui ne la rendait guère plus joyeuse. Il fut une époque où elle avait également une mère pour la rassurer... Mais depuis le jour funeste où elle avait décidé de s'ôter la vie par désespoir, plus rien n'était pareil... Solitaire et glacial, il n'y avait plus tellement de gens pour s'inquiéter de ses crainte. Elle aussi préférerait être dehors plutôt que dans cette tour... Sa colère et sa froideur était ses principales armes pour ne rien laisser paraître de la douleur qui pouvait grandir dans son coeur. Alors qu'elle restait dans sa bulle, tranquille sans rien demander à personne, elle sentit soudainement deux petits bras l'encercler et la serrer très fort. Surprise, elle écarta ses bras pour regarder qui la tenait ainsi et découvrir la chevelure blonde du petit garçon. Celui-ci déclara qui l'aimait bien et alla même jusqu'à dire que Lison l'aimait aussi. D'ailleurs, il lui demanda bien vite de confirmer... Ce que la jeune femme fit. Légèrement et discrètement, mais cela avait plutôt l'air sincère. Ce qui n'arrangeait pas les affaires de l'Ombre qui avait une grande préférence pour la solitude. Avoir des amis, c'était la meilleure manière, du moins pour elle, de souffrir une nouvelle fois! Toutefois, elle ne pouvait le nier. L'innocence du jeune garçon était charmante et désarma l'Ombre qui hésita entre le reposer violemment ou le remercier chaleureusement. Elle opta finalement pour un remercie simple, et quelque peu glacial, mais c'était tout ce qu'elle pouvait donner pour le moment.

      « Merci, dit-elle en déposant une main dans ses cheveux.

      C'était tout ce dont l'Ombre était capable, et elle trouvait que c'était déjà beaucoup. D'ailleurs, elle retira bien vite sa main de la chevelure du garçonnet pour croiser à nouveau les bras. Sunny fit de même, lâchant son étreinte afin de se tourner vers l'un des murs de la tour. L'Ombre le regard intrigué, arquant un sourcil interrogateur. Il demanda alors simple à la tour où était la sortie... C'était beau l’innocence des enfants... Cependant, cela semblait plutôt efficace. Des flèches apparurent sur les murs pointant dans une direction.... différente pour chacune. L'Ombre fut déçu; décidément, cette tout n'en faisait vraiment qu'à sa tête! Ce fut alors que l'Orisha se demanda si cela signifiait que la sortie était partout ou alors, qu'il n'y en avait tout simplement pas... L'Ombre regarda les flèches et leur direction, réfléchissant un instant à la signification de tout cela.

      « Toute sortie est une entrée quelque part ailleurs... lâcha-t-elle alors en repensant à une ancienne phrase prononcée un jour par un vieillard de son village natal, Les flèches montrent toutes les portes que la tour possède. Si nous entrons dans une pièce, nous sortons d'ici! Chaque porte devient donc une sortie pour nous... Il aurait fallut être plus précis! Dire que nous souhaitons sortir d'ici, de cette tour, voire que nous souhaitions retourner dans le désert...»

      L'Ombre se retourna vers l'Orisha pour voir si elle suivait son raisonnement. C'était la seul explication qu'elle voyait pour l'apparition d'autant de flèches qui pointaient dans autant de direction différente. Convaincue que la tour ne l'appréciait pas vraiment, l'Ombre se retourna vers le jeune garçon qui semblait parvenir à discuter avec la bâtisse de pierre et de sable.

      « Demande lui de nous indiquer la sortie vers le désert... lui-demanda-t-elle alors sur un ton moins froid que habitude. Nous verrons bien si cela fonctionne ou non. » rajouta-t-elle en hochant les épaules

      Après tout, au point où ils en étaient tous les trois, ils n'avaient plus grand chose à perdre à part du temps et de la patience...

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      L'Ombre regarda l'Orisha qui semblait pensive, ou plutôt qui semblait moins optimiste qu'auparavant. Le temps ne devait pas l'aider à conserver une attitude positive. Et le mauvais caractère de l'Ombre ne devait pas l'aider non plus. Aaliah avait bien souvent râler et n'était guère des plus optimistes. Cependant, elle n'avait aucune envie de rester ici pour l'éternité et la fatigue ne l'atteignait pas autant que la jeune femme. L'Ombre était déjà morte, la faim et la fatigue n'étaient pas prioritaires. Aaliah arqua un sourcil en écoutant le soupir de la jeune femme qui lui répondit un simple peut-être bien pour toute réponse à son idée de reformuler la question. Elle était probablement à court d'idée et l'Ombre préféra ne rien dire. Pourtant, elle aura pu s'énerver car quelque instant plus tôt la jeune Orisha l'houspillait en la traitant de pessimiste... Peut-être que l'Ombre y était pour quelque chose... après, la compagnie d'une Ombre n'était guère plaisante. C'était peut-être pour cette raison qu'elle restât silencieuse. Aaliah se sentait un peu responsable de la fatigue passagère de sa compagne d'infortune. Elle se tourna vers le jeune magicien qui contrairement à sa mère, semblait détenir encore de l'énergie. Il était prêt à reformuler sa question afin que la tour le comprît mieux. Il interpella donc l'un des murs et réitéra sa demande.

      Une nouvelle fois, la tour réagit à la voix d'une jeune Sunny, probablement ravi de pouvoir montrer la magie qui sommeillait en elle. L'Ombre resta sur ses gardes, se demandant si la tour allait répondre correctement à la demande ou si elle jouerait encore à celle qui ne comprend pas. Étrangement, Aaliah trouva que la deuxième hypothèse semblait être la meilleure... La tour devint transparent, des murs au sol, donnant le tournis devant tant de vide à portée de main. Quel mauvais tour leur jouait-elle? Voilà que le bâtiment leur donnait simplement une vue improbable sur l'étendue du désert... Elle répondait donc à leur question, mais à sa manière! Le désert était partout, tout autour d'eux, bien évidemment. Ils n'avaient jamais quitté le désert, ils étaient tout simplement rentrer dans un bâtiment qui se trouvait dans le désert... Aaliah passa une main sur son visage, subitement fatiguer par la tour qui les prenaient finalement bien trop au mot.

      « Bien sur que nous sommes dans le désert! La tour nous montre qu'elle se trouve bien dans le désert et par conséquent nous aussi! Voilà sa manière de répondre à notre question!», répondit-elle à l'orisha, énervée, mais plus à cause de la tour que par sa question.

     Le petit magicien sembla déçu de cette réponse et s'attrista de n'être pas parvenu à prononcer la bonne question. D'ailleurs, sa mère ne tarda guère à s'approcher de lui pour le réconforter. L'Ombre soupira discrètement, déçu aussi, mais elle ne souhaitait pas le montrer aux autres. Elle se contenta de s'insinuer brièvement dans les émotions du jeune Sunny en sa qualité d'Ombre pour le réconforter à son tour. Elle réveilla juste quelques souvenirs chaleureux en lui afin de l'aider à garder espoir car l'Ombre aimait bien de voir le sourire du magicien plutôt que sa triste. Aaliah lâcha bien vite les émotions du magicien afin qu'il ne se doutât pas de son intervention et posa son regard vers l'autre côté. Vers l'indice que la tour leur avait offert devant la voix plaintive du petit garçon. Une flèche, une simple flèche qui pointait vers la porte où ils étaient entrée... L'unique porte de sortie probablement... Une porte inaccessible, puisque l'escalier ne pouvait être emprunté sans risque de chuter dans le vide. Cependant, si la tour réagissait à leur demande, peut-être qu'en quémandant un nouvel escalier, ce dernier apparaîtrait. Sauf que l'Ombre avait de sérieux doute. Que pourrait bien leur proposer la tour face à une telle demande? Il n'y avait cependant qu'un seul moyen de le découvrir... Poser la question!

      « Chère tour, c'est très gentil de nous indiquer la sortie, mais..., commença-t-elle poliment au prix de nombreux efforts pour ne pas l'insulter, nous serions ravis d'avoir un escalier plus résistant à nos pas. Serait-ce possible de nous changer l'escalier?»

      L'Ombre avait essayer de rester courtoise et pria pour que la tour répondît à sa demande, sachant que cette dernière le l'appréciait pas de trop au vu des précédents événements. Cependant, Aaliah eut l'agréable surprise de voir l'escalier disparaitre pour laisser place à un autre, tout neuf et à première vu, bien plus résistant. L'Ombre y posa un pied, puis un deuxième... Les marches ne s’effritèrent pas sous ses pas. C'était le bon côté de la demande, car Aaliah ne tarda guère à déchanté... La désagréable surprise qui s'offrait enfin à elle, c'était que le nouvel escalier n'était pas terminé! Il s'arrêta à mi-chemin! Aaliah serra les points de colère et se retourna vers le mur de la tour.

      « Parce qu'en plus je devais te préciser que le nouvel escalier devait mener à la sortie! hurla-t-elle sur le mur, Cela me paraissait pourtant logique! Espèce de...»

      Cependant, l'Ombre retient ses derniers mots. Une insulte grossière allait sortir de sa bouche à l'encontre de la tour, mais elle se rappela à temps qu'il y avait des oreilles d'enfant dans le coin. Elle se contenta d'un coup de pied dans le mur pour exprimer sa rage et sa frustration.

      « Elle m'énerve cette tour», lança-t-elle entre deux coups de poings dans la pierre transparente.

      Avec un peu de chance, elle parviendrait à briser ce mur translucide, où quelqu'un la calmerait ou alors la tour allait peut-être réagir une nouvelle fois. Mais pour le moment, Aaliah s'en fichait. Elle en avait assez des tours de passe-passe de la tour capricieuse qui faisait volontairement semblant de ne pas comprendre correctement leurs demandes.