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 La lune est à son Zénith. [Mitsuko]

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Mitsu
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◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Sam 29 Oct 2011, 01:17


Les mains du faux Jun de Mitsuko étaient de nouveau sur sa taille, reprenant leur place dans une caresse délicieuse. Pourtant peut-être que les deux individus, qui se trouvaient à présent debout au milieu de roses fanées, savaient qu'ils se trouvaient dans une impasse, une impasse empoisonnée mais dont le poison n'était que pur délice, un délice qui pourrait se traduire par de bien cruelles tortures ensuite. La jeune femme ne répondrait pas au discours du génie, comme si elle souhaitait n'en faire qu'un mirage, une illusion, comme si ces mots n'avaient jamais existé. Pourtant, ils savaient tous les deux ce qu'il en était, ce qu'il en était réellement. Mais, qu'en était-il?

La vampire regardait Naram comme elle n'avait que très rarement regarder quelqu'un, ses yeux plongés dans ceux du jeune homme surement bien plus que centenaire. Pourtant, son apparence ne le laissait aucunement percevoir, seuls ses yeux trahissaient un passé qu'elle même n'avait connu. Et même si le voile qui dissimulait les souvenirs de génie semblait ne point vouloir se lever, un jour viendra où tout lui serait révélé...peut-être. Mais ce passé caché réveillerait surement bien des déchirures, des failles, des souffrances. Et ce passé, quelque part, était une histoire commune qui ne pouvait que les lier plus qu'ils ne l'étaient déjà.

Les mains fraiches de Mitsuko montèrent doucement vers le visage de Naram, se collant doucement sur ce dernier avant que la jeune femme ne parle dans la nuit d'une voix faible qui menaçait de se briser à tout
instant dans une murmure inaudible :

« Vous avez raison. »

Elle fit une courte pause puis continua : « Je ne peux rien vous offrir puisque je ne suis capable d'aucun sentiment de la sorte. L'amour, l'amitié, tous ces sentiments me sont étrangers ou ne naissent que par ma volonté seule. Je constitue ce que je ressens, je manipule mon âme, mon cœur pour que le résultat soit celui escompté. Mais je ne ressens que le néant et je ne peux ressentir ne serait-ce qu'une once d'amour pour vous. »

Les paroles de la jeune femme étaient douces et pourtant, quelque part, elles sonnaient d'une manière bien cruelle, comme si elles annihilaient complètement ce qui avait été prononcé auparavant. Et au fur et à mesure qu'elle s'exprimait, ses yeux toujours plantés dans ceux de celui qui n'était quelques heures auparavant qu'un parfait inconnu, son expression devenait neutre, ses yeux vides de la moindre émotion.

« Je peux être ce que je souhaite mon cher. Une jeune femme apeurée par l'amour ou une cruelle dominatrice tuant avec un sang froid ou une cruauté admirable. Mais qui suis-je dans ces multiples visages? »

Et le décor changea à ce moment là, les deux individus se retrouvant tout à coup au sommet du rocher au clair de lune, surplombant le continent naturel. Là, la jeune femme échappa à l'emprise de Naram, s'approchant du bord, un bord dangereux pour la plupart des êtres mais qui, au final, ne l'était certes pas pour eux. Ici, un petit vent vint faire onduler les cheveux de Mitsuko qui regardait le paysage nocturne qui s'étendait devant eux, la lune éclairant l'horizon. On pouvait distinguer les formes de la flore, les mouvements de la faune et pourtant, tout était calme, vraiment calme, comme si ce décor ténébreux appelait à la mélancolie et à la solitude. Pourtant, ce soir, ils étaient deux. Et la voix de la jeune femme résonna de nouveau :

« Pourtant, ici, n'est-il pas aisé d'éprouver des sensations? Un spectacle aussi magnifique ne mérite-t-il pas d'être admiré? »

Puis, elle se tourna vers Naram de nouveau, comme si quoi qu'elle fasse, elle devait toujours revenir près de lui. Elle le regardait avec un regard triste, comme si le souvenir de Jun la hantait. Mais il n'était peut-être pas question de cela après tout. La vampire parlait beaucoup plus que d'habitude, comme si le lieu lui dénoué la langue, comme si elle était étreinte par une douce folie. Mais est ce que ce qu'elle disait était véridique? Nul ne pouvait le savoir.

« Ce paysage n'est pourtant qu'une illusion qui s'effacera bientôt, qui disparaîtra avec le temps. Cependant, comme les étoiles mortes depuis longtemps qui continuent à nous éclairer, il restera ancré dans nos souvenirs. Cet instant présent, ce moment que nous partageons, nous le graverons quelque part en nous, l’enfouirons profondément comme un mauvais rêve, un rêve dangereux. Mais quoi que nous fassions à l'avenir, il restera à jamais dans notre esprit, comme une mauvaise herbe indestructible... »

Et approchant de nouveau ses mains du visage de Naram, elle lui souffla : « Laissez vous faire... ». Et doucement, elle commença à le caresser du bout des doigts, d'abord ses joues, puis sa mâchoire, puis son menton, puis son cou, descendant lentement sur ce dernier avant de remonter sur son menton, puis parcourant le trajet jusqu'à ses tempes pour caresser son front, passant sensuellement sur ses sourcils puis lui fermant les yeux avant d'atteindre son nez puis ses lèvres. Mitsuko ne lui voulait aucun mal, il devait le savoir, et qui pourrait venir à bout d'un génie aussi facilement? Mais torturer un homme ne se faisait pas uniquement par la violence car, la douceur pouvait être beaucoup plus dévastatrice.

Et alors que les doigts de la jeune femme s'étaient arrêtés sur les lèvres du génie, elle lui demanda dans un murmure : « Ne sentez vous donc aucune sensation lorsque mes doigts parcourent votre visage? Votre imagination n'invente-t-elle pas un soupçon d'émotion, de sentiments? ». Elle fit une pause avant de dire : « Peut-être que chaque émotion est fictive, peut-être n'est qu'une simple manipulation de l'esprit de chacun. Nul ne le sait mais, parfois, j'aimerai croire que ce que je crois ressentir, que ce que je me force à ressentir, n'est que la pure vérité...ne voulez vous pas croire à ce mirage également, rien qu'une fois dans votre existence? »

Puis, Mitsuko reprit ses caresses doucement, n'articulant plus aucun mot. Après tout, à quoi bon le faire? La jeune femme avait l'impression que ce qu'elle disait était à la fois une vérité et un mensonge. Si on lui demandait d'aimer, elle pouvait le faire, mais était-ce la vérité? Aimait-elle réellement ou n'était ce que le reflet de ce qu'elle même se forçait à ressentir. Oui, parce qu'à force de contrôler ses propres émotions et celles des autres, elle en était venue à conclure qu'il n'y avait là que pure illusion. Les sentiments ne pouvaient exister s'ils étaient si facilement malléables, manipulables. Parfois, elle avait l'impression que rien ne la touchait, que les évènements n'étaient que des informations qui ne lui faisaient ni chaud ni froid, comme si elle était invulnérable face aux sentiments, comme si elle était leur maîtresse incontestée et qu'ils se pliaient à ses volontés. Et de ce fait, elle n'était que ce qu'elle voulait être, au grès de ses humeurs, au grès de ses envies.

Pourtant, peut-être que ce soir, et dans de très rares cas dans son existence, elle avait ressenti quelque chose de vrai, quelque chose qui venait du plus profond de son être mais qu'elle n'avouerait jamais. Car, après tout, ce qui n'était pas contrôlé était dangereux. Et alors qu'elle caressait le visage de Naram, le forçant à rester immobile, l'obligeant à fermer les yeux, elle ne cessait de le contempler, se demandant s'ils se reverraient un jour. Car sa décision était prise, elle allait mettre un terme à leur entrevue, avec la ferme intention de ne jamais le revoir à l'avenir, même si elle savait que cette décision lui causerait bien des tourments, bien des interrogations. Après tout, que ce serait-il passer si elle était restée, s'ils avaient continuer leur entrevue, ici, au sommet du rocher au clair de lune?

Il semblait à Mitsuko détenir quelque chose de précieux entre ses doigts, comme si le jeune homme était un trésor refermant bien des mystères la concernant. Pourtant, sa décision était prise, elle devait partir. Le temps semblait passer à la fois vite et lentement, lentement à cause du rythme des doigts de la jeune femme sur la peau du génie, vite parce qu'il lui semblait que s'arracher à sa présence serait un supplice.

Et alors, agissant comme elle l'avait décidé, la vampire approcha ses lèvres de celles de Naram, se mettant sur la point des pieds d'un mouvement fluide, élégant, silencieux. Le moment où leurs bouches allaient se toucher aurait pu se produire mais ce que le génie ressentirait sur ses lèvres lorsqu'il ouvrirait les yeux, ne serait que la sensation de l'air que Mitsuko aurait produit en disparaissant dans la nuit bien au delà de l'océan qui séparait le continent naturel du continent dévasté. Elle espérait qu'il ne la retrouverait jamais, qu'il oublierait cette étrange rencontre, cet entretien où lui comme elle en avaient trop dit...

« Oublie moi... »

Se furent les mots que prononça Mitsuko, perchée sur les hauteurs de l'antre des damnés, la pointe du rocher au clair de lune dépassant dans le firmament. Cette soirée serait pourtant sans doute inoubliable...


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Lun 31 Oct 2011, 03:31





    « Oublie-moi.. » et dans un léger claquement de ses lèvres, ses mots résonnèrent comme un glas fabuleux, un atroce frisson paralysant chaque muscle de mon corps, je fus cet homme désemparé par un mal qu’il ignorait encore, qu’il n’avait éprouvé et dont il n’aurait pu déterminer la nature, aussi inhumain qu’animal, tout le reste lui étant étranger.

    Pourtant, les regards dégageaient tant de chaleurs qu’une nuit hivernale aurait pu nous sembler aussi douce que les premiers rayons d’un soleil ; et nous nous mentions jusqu’aux suppositions de nos postures enclin à tant d’amours et trop de mystères. Nous avions attendu que l’autre faiblisse, nous nous étions comme défiés l’un l’autre sans se l’avouer et je venais d’être collé au tapis, subissant sûrement la plus grande frustration que j’avais éprouvé de toute ma vie. Le mystère pourtant, dès l’origine, avait fait d’elle une obsession et sans boire ses mythes, j’analysais jusqu’à le rythme de son cœur qui pouvait feindre ne battre que pour moi, douce ironie. Pas la moindre vanité, nous savions dès les premiers échanges à qui nous avions affaire et c’est ainsi que le danger se révéla pour l’autre car nous comprenions l’avantage que nous avions sur les autres mais qu’arriverait-il si nous rencontrions une autre personne agissant exactement comme nous ? Au-delà de l’aspect purement psychopathique de la chose, avions-nous réfléchi à ce que nous ferions face à notre dangereux reflet qui nous toucherait du bout de ses doigts, nous enlacerait dans ses ombres ? Oui, cette femme était aussi manipulatrice que je l’étais et si je pensais cela impossible, voilà que l’on me démontrait sans l’ombre d’un moindre doute possible, que j’avais tords. Alors dès cet instant, il était évident que nous allions nous provoquer, il s’agissait vraisemblablement d’une expérience sociologique des plus fascinantes.

    Car de tous ces apophtegmes plus ou moins mémorables, de ces paradoxes qui fusillaient nos idées préconçues d’un simple « mot » plus assassin qu’il n’aurait paru, nous nous étions enivrés de nos mensonges conçues particulièrement pour l’autre, nos échanges étant rythmés par une seule et unique question : dit-elle la vérité ou celle que j’ai tant envie d’entendre ? J’étais bien plus attiré par ce qu’elle dégageait que par l’ancre qui nous ramenait tous deux aux tréfonds du passé. Et j’avais même fini par me prendre à ce jeu pervers. Oui, elle avait pu se saisir d’une faiblesse, j’avais eu peur de ne jamais être capable d’aimer qui que ce soit, peur de ne pas avoir de cœur, de n’être qu’un monstre sans once de pitié ou sans une quelconque morale, ligne de conduite. J’avais cru un seul instant peut-être mais un instant de trop en un tableau qu’elle m’avait peint avec malice et subtilité, un tableau trop beau, des couleurs peut-être trop vives qui recouvraient des teintes trop fades pour représenter notre réalité, celle que nous tentions de rendre plus belle en faisant semblant de ressentir des émotions humaines. Nous manipulions notre monde et a fortiori, nous nous manipulions nous-même à en perdre la raison, nous forçant à éprouver ce dont nous étions incapables. Il était horrible même de songer à en venir à des procédés aussi artificiels, comme si nous n’étions que des esprits sans consciences, emprisonnés dans ces corps éphémères et nécrosés, derrière les barreaux d’un monde que nous n’aurions pas choisi mais que nous nous étions imaginé autrement. Et imprégné par cette misanthropie que nous cachions peu, je me sentais proche d’elle car comme compris alors que j’avais cherché toute une vie et peut-être une vie encore, quelqu’un comme elle, capable de pouvoir dépasser toute morale, toute philosophie et appréhender ce qu’il y avait de pire dans l’homme. Car bien loin du sentiment de haine ou de vengeance, celui de n’en avoir aucun était bien pire encore.

    Je m’étais épris de l’image qu’elle dégageait car peu m’importait s’il s’agissait d’un mensonge, j’étais convaincu qu’elle ne pourrait me mentir sur ce qu’elle était et si elle n’était personne en particulier, je pouvais bien m’éprendre de cette Mitsuko là et sans le regretter. Déboussolé, peut-être n’étais-je tombé sous le charme que de ses paradoxes, fuyant le conformisme culturel, cette femme était tout ce qu’il y avait de plus unique et malgré ses ardeurs détestables, bon dieu ce que son charme pouvait rendre fou les plus glacials. Mais pouvait-elle me croire à elle ? Elle voulait me posséder, que je me souvienne d’elle à jamais pour au final, exiger que je l’oublie. Quel égocentrisme. Pourtant, ça n’enlevait rien à son charme, chaque pêcher la rendant plus belle, ses imperfections de narcissisme embellissait le portrait sans retouches que j’avais tant recherché, une femme détestable par tous les autres hommes, dont je serais le seul amoureux. Et elle pensait lire dans mon regard, tout ce qu’un homme éprouverait au contact charnel d’une femme brûlante alors que dans ma poitrine, le silence résonnait en maître incontesté. Mes yeux n’étaient pas la fenêtre de mon âme mais le reflet du néant et si cela la frustrait, je pouvais aisément lui mentir à mon tour, oubliant presque qu’à ce jeu, l’un des deux perdrait forcément le contrôle des réalités. Après tout, je lui avais demandé si je pouvais oser et rien ne pouvait être plus clair, j’avais rompu le fil obscur de nos propos ambigus mais en cela, elle vus cette fameuse faiblesse, comprenant que j’étais perdu, croyant peut-être même avec audace qu’il y avait une émotion réelle et palpable. Pourtant j’avais affirmé ne pouvoir aimer. Pourtant j’avais affirmé ne pouvoir, l’aimer. Elle au cœur si aride prétendait-elle même. Mais la belle avait su, entre les lignes de mes dires, entrevoir au-delà du discours, le désir, elle qui m’avait demandé ce que je désirai un peu plus tôt dans la nuit, vampirisant ma raison, moi qui n'avait de sang à lui offrir.

    Peut-être que dans la léthargie qui me saisissait toujours, même après son départ, il y avait une part incontrôlable de moi qui désirait toujours la défier, je me mentais. Pourtant, à la fin de notre rencontre, je buvais ses paroles tel un aveugle buvant le poison alors que la belle m’avait promis une eau curatrice des plus euphorisante. Le monstre que j’étais avait fait naitre un doute pour s’amuser alors qu’il s’ennuyait tellement dans sa vie et voilà qu’en pleine partie exaltante, il était question du danger que pouvait représenter l’autre à lui ressembler. Car, lorsque je fermai les yeux, mon corps se mêlait au cœur de l’autre, à l’aveuglette, il se laissait guider. Sa caresse ne résonnant plus que comme la claque d’un vent dangereux mais cette fois, laissait au geste le doute qu’il puisse s’agir d’une réelle tendresse ou d’une manipulation si agréable qu’elle semblait addictive. Et bien entendu que je me prêtai au jeu, fermai les yeux, sentant avec jouissance le sol s’effondrer sous mes pieds, se perdant à la douceur de la peau d’une femme que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam. Et pourtant, dieu savait qu’une étrange complicité nous avait liés dès le premier regard. Car, elle m’était, particulière. Et lorsque sa main faisait le tour de mon monde, d'une caresse lente, mes mains serpentaient sa taille, rompant toute réflexion, je voulais vivre l'instant à l'épicurisme de ce qu'elle m'évoquait. Le frisson grandissant, j'étais à la transe que je ne voulais partager avec personne, la voulant à moi, pour l'éternité. Le frisson m'envahissant, je ne pouvais laisser paraître plus pervers sourire, il se lisait en celui-ci tous mes mensonges la concernant, elle qui me rendait si différent. Comment faisait-elle pour avoir un tel effet sur moi ? J'en étais sans cesse plus surpris, voulant encore me surprendre de ses merveilles toujours plus dangereuses.

    Mais pouvait-elle tout de même me croire à elle ? J’aimais qu’elle puisse le penser autant que je voulais la croire à moi. Et ce fut à cet instant des plus étrange qu'un sentiment de possessivité m’obstina bien plus que celui de me cacher d’une femme qui était la seule capable de révéler mes plus inavouables faiblesses, révélant le secret de mes tours de passe-passe de prestidigitateur et effaçant la brume autour du mystère de Naram-Sin, le génie. Elle détenait sans le savoir les rouages de mon passé mais également, possédait dans sa mémoire mon portrait encore fraichement peint de bien des pièces d’un puzzle encore inexplicable, une énigme indéchiffrable. Pouvait-elle me croire à elle ? Alors que je n’avais ni cœur, ni raison, seulement l’unique envie de noyer ma solitude et mon ennui. Un homme guidé par cette seule folie pouvait-il être de confiance ? Elle semblait me croire à elle pourtant. Et à ces derniers mots, à ces phrases assassines, je ne savais que rétorquer, tout aurait paru futile et aurait démystifié tout ce qui avait été si bien dit auparavant. Alors je préférais me taire, souriant à ses remarques et à ses vérités qu’elle pensait intouchables, aussi inatteignable qu’elle par rapport aux hommes autour desquels elle tournait pourtant. Elle était quant à elle guidée par la curiosité, celle qui la conforterait dans ses idées ou la surprendrait. Elle était aussi malmenée par l’ennui que je l’étais, c’était intriguant et également risible, je devais l’avouer.

    Nous avions valsé à travers la nuit qui nous avait appartenu, nous avions été maître du décors et du silence, roi de la pesanteur et des émotions mutuelles ; nous avions tout contrôlé dans notre obsession de vouloir tout avoir sous notre contrôle alors qu’au final, face à l’autre, nous ne contrôlions rien, nous ne faisions que nous persuader que c’était toujours le cas en jouant avec l’autre mais nous savions au plus profond de nous-même que nous aimions jouer de ce feu qui consumait bien plus que la carapace qui nous protégeait des autres hommes, ceux qui ne nous comprendraient pas, tous les autres. Nous avions valsé et j’avais tant plissé les yeux à la contempler, songeant à sa beauté sans vouloir la complimenter. J’avais pourtant prononcé au début de notre rencontre qu’elle était de celles dont le charme s’inspire du mystère et dont tous les hommes seraient prêts aux pires châtiments pour y goûter, ne serait-ce qu’au délice d’un seul regard d’indifférence. Et je m’étais même promis honteusement de découvrir tous ses secrets, comme si elle avait été un jeu amusant et divertissant. Peut-être avait-elle pensé la même chose, je n’avais été qu’une lubie d’une nuit.

    Sous le poids de la nuit, cette rencontre resta troublante. Debout sur les roses fanées de notre amour qui n’avait jamais vu le jour, je songeai à présent à ses lèvres et au regret que je m’étais promis de ne jamais avoir. J’avais eu tellement peur que son baiser soit un poison que j’avais oublié le goût si amer qu’aurait pu avoir un baiser qui n’aurait pas lieu. Et celui-ci me sembla alors encore plus amer que ce que mon imagination aurait pu concevoir. Cette frustration me tétanisa d’abord, me laissant là dans la contemplation d’un clair de lune. Une lune qui avait tant cherché à rejoindre le soleil sans jamais pouvoir l’atteindre. Je repensais à cette légende que Mitsuko et moi connaissions. Nous en avions parlé peut-être par hasard mais nous la vivions à cet instant. Et sur les roses fanées d’une danse que je n’aurais jamais voulu voir se finir, je priais presque pour qu’elle ne soit mon jour et que je ne sois sa nuit, que nous ne puissions jamais nous rejoindre, elle qui avait pourtant souhaité si fort que je ne puisse la retrouver. J’étais malgré moi cette lune que je m’étais promis de ne jamais être et sans avoir de cœur, je sentais pourtant cette souffrance que je n’aurais su quantifier dans ma poitrine. Je ne savais trop si elle ressentait la même chose, peu importe où elle s’était envolée, elle me devait ce baiser. Je ne savais trop si sa poitrine la tiraillait autant, mais j’espérais qu’elle éprouve le même malheur, car j’avais rencontré une personne qui fonctionnait comme moi alors comment concevoir qu’elle ne puisse ressentir ce malaise ? Il ne pouvait être défini comme de l’amour ou un quelconque sentiment humain mais comme tout autre chose de non identifiable et puis à ce moment précis, pour rien au monde je n’aurais voulu donner un nom à ce que je ressentais. Aucun mot, aucune qualification n’aurait été à la hauteur de l’instant. Je ne pouvais l’aimer, j’en étais incapable. Et je me faisais la promesse de revoir mon astre qui décidait de me fuir alors même que j’étais cette lune glaciale ; je me faisais la promesse de la revoir, de ne pas la laisser m’échapper aussi facilement.


    Et pourtant, au cœur de la nuit, constatant son empreinte indélébile sur ma peau, la lune au zénith, je ne pouvais que regretter de n’avoir pas osé.



    FIN



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La lune est à son Zénith. [Mitsuko]

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