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 La lune est à son Zénith. [Mitsuko]

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Lun 13 Déc 2010, 13:19

    La Lune est à son Zénith

    With Mitsuko.
    Le rocher au clair de lune est un endroit intéressant dont je ne connaissais l'existence lors de mon ancien passage en terres oubliées du Yin et du Yang. Cet endroit était... Magique, oui. Un ciel étrangement dégagé semblait être une plate-forme mouvante vers la lune et combien celle-ci semblait nous tenter. Dévorant l'horizon, happant les étoiles par millier, il semblait que si nous courrions vers elle alors nous pourrions la décrocher et alors, peut être verrions-nous la face voilée de la Lune, l'ombre du soleil. Bien sûre, moi aussi je connaissais la légende; les anciens affirmaient qu'à l'origine la lune était aussi belle et magnifique que l'on pouvait l'imaginer, aux paysages luxuriants de végétations et de mers infinies. Le mythe conte l'histoire de cette lune tristement amoureuse de la Terre, charmée par les délices et les mirages du soleil; ne pouvant lutter et inconsolable, elle offrit son cœur à la Terre pour lui prouver son amour mais celle-ci ne lui rendit rien en échange. Sans son cœur, la lune devint aride et froide, perdant sa beauté et sa chaleur passée : devenu un désert de glace sans vie, elle fut oubliée par les astres. Aussi dit-on que le rocher au clair de lune n'est autre que le cœur de la lune, cette roche qui s'illumine lorsque la lune est au zénith ne serait autre que l'organe vitale qui causa sa perte. Ca n'était bien sûre qu'une légende populaire dont je me souvenais avec fierté.. Mes souvenirs me revenaient doucement. J'étais à vrai dire assez friand de contes et légendes et j'étais souvent surpris de leur véracité ou tout du moins du rapport à la réalité à laquelle celles-ci nous amenaient bien souvent. Bien sûre les génies n'étaient autre que de vils démons, manipulateurs, avides de plus de pouvoir et de puissance, en quête de liberté, de leur indépendance. Que pouvions-nous savoir de l'amour si ce n'étaient nos souvenirs perdus d'avant cette existence de génie. Je repensai alors à mon état qui n'éprouvait le moindre amour, la moindre émotion qui ne me traversait jamais et pensai alors que peut être, moi aussi, j'avais délier de mon corps, mon cœur; que peut être l'avais-je offert et que peut était-ce pour cette seule raison que je ne savais pas ce que c'était, qu'éprouver le chagrin, éprouver l'amour, la joie; pourtant, nous sommes des démons guidés par la haine et la colère; pourtant, je suis attiré par la peur et je me nourris de l'angoisse; pourtant, l'émotion humaine me fascine, m'effleure, me frôle mais ne me touche jamais; peut être est-ce parce que je ne peux le sentir battre en ma poitrine que je suis tant fasciné, par ce cœur aux milles raisons qui le pousse à aimer par tous les temps, même les plus orageux qu'il soit en ce monde.

    En vertu de la solitude, je m'étais assi sur un énorme rocher, fragment de l'énorme cœur lunaire. Sa couleur était d'une pâleur semblable à l'opale, rayonnant des mêmes flammes que la mystérieuse Lune, irradiant d'une chaleur oubliée, nous laissant en bouche ce goût amer inexplicable. Je contemplai ce phare céleste, persuadé que si j'étais capable de pitié, j'en éprouverai sûrement à son égard, aussi méritait-elle que l'on s'arrête à sa peine. Aussi dit-on que l'on serait prêt à décrocher la lune par amour mais n'était-ce donc pas ce même amour qui l'avait déjà perdu par le passé ? L'homme aurait-il ainsi à cœur à vouloir offrir la lune en guise de préludes au mal sentimental ? Et si nous aimions souffrir, perdre tous nos sens jusqu'à s'enivrer de ne plus savoir éprouver la moindre joie, aussi impure et perverse soit-elle pour qu'elle nous exalte un temps soit peu.
    J'étais venu pour le diamant et m'étais bien entendu longuement informé sur sa recherche. Il s'agissait d'un cristal dangereux et beaucoup perdirent tout sens à vouloir s'en emparer. Avais-je pourtant peur ? Non, évidemment, non. Je restai pourtant là, depuis des heures sur mon rocher, pensif et rêveur à la fois, actif dans l'âme et stoïque dans le geste. De ce long mutisme, je réfléchissais à tant d'horreurs et de merveilles sans que mon visage n'en prenne la moindre expression, aussi glacée que l'était la lune qui avait perdu toutes ses splendeurs par peine de n'être aimée que par son seul reflet. La solitude l'avait dévorée et aujourd'hui c'est elle qui dévorait le ciel, guidée par la haine de s'être perdu. Elle incarnait l'homme et ses méandres, j'en prenais conscience et cela me laissai bien plus perplexe qu'à l'origine.

    « Allez, il est temps de me mettre à sa recherche. » me soufflai-je à moi même, doucement, ayant pris l'habitude de me parler de peur de perdre l'usage de ma voix à force de ne plus m'en servir. Je me levai et fis volte face à l'immense plaine aride aux couleurs sans vie. La neige tombait doucement depuis un bon moment sans que je ne m'en rende compte, il était vrai qu'être génie m'avait également enlevé toute sensibilité à la température. Beaucoup apprécierait sûrement cette qualité, seulement cela m'enlevait en quelques sortes mon humanité partielle et j'aurais souvent tout donné pour ressentir la morsure du froids sur mon visage, me prouvant que non, je n'étais pas encore mort.


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Mitsu
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Mitsu
Mar 14 Déc 2010, 12:23

La jeune femme qui s'avançait alors vers le rocher au clair de lune connaissait aussi cette légende...cette légende contant l'histoire de l'amour déçu de la lune, un amour à sens unique pour la terre qui était, elle, éblouie par la lumière du soleil. Peut-être était-ce pour cela que les créatures maléfiques étaient appelés aussi créatures de la nuit, incapable d'aimer, comme une sorte de vengeance que la lune, désespérée, donnerait à la terre. Oui, des créatures au coeur froid hantait la terre, mais, n'était-ce pas logique après tout? car les sentiments de la terre à l'égard de la lune avait le même ton glacial.

Alors la lune pleurait, tous les soirs, déversant des millions d'étoiles dans le ciel, révélant à la terre son amour éternel, implorant la terre de poser un regard sur elle. Mais la terre, elle, n'en avait que faire, regardant la lune avec pitié et attendant avec impatience que le soleil revienne, ce soleil qui avec ses rayons caressait la lune d'une manière exquise...ce soleil qui faisait se réveiller les créatures bénéfiques...ce soleil que la terre chérissait tant.

Cependant, la femme qui s'avançait s'était toujours posée la question à propos de la relation qui liée la lune et le soleil. N'était-ce pas dans l'ultime but d'atteindre la lune que le soleil réchauffait la terre? N'était-ce pas pour cela que lorsque l'hiver arrivait, le soleil ne réchauffait plus la terre, pouvant alors apercevoir sa bien-aimée dans son manteau pâle? N'était-ce pas pour cela que l'été, le soleil brûlait parfois la terre, celle-ci l'empêchant de contempler l'astre lunaire qu'il aimait tant? Mais que pourrait sortir de l'union de la lune et le soleil? Les créatures neutres sans doute...

Un souffle d'air vint caresser délicatement la chevelure de cette femme admirative de la lune, la guidant doucement. Sur son visage, on pouvait voir une goûte d'eau glisser de son oeil droit, s’abattant sur sa joue. Depuis qu'elle était morte, elle n'avait jamais été aussi sensible, remarquant des choses qu'elle n'avait alors jamais décelé, qu'elle n'avait jamais imaginé. Pourtant, un autre monde s'offrait à elle, un monde encore plus merveilleux que celui dans lequel elle vivait précédemment. La nuit lui tendait les bras, l'accueillant en son sein comme elle accueillait la lune et ses larmes, les étoiles.

Cependant, elle savait que cette interdépendance était indispensable à la vie...indispensable à la mort...indispensable à l'existence. Passant sa main délicatement sur sa joue, elle sourit faiblement, fermant les yeux un instant, inspirant doucement mais profondément. Cette nuit, elle était atteinte d'un trouble de l'âme : la mélancolie.
Cela dit, il fallait qu'elle continue son chemin vers le rocher au clair de lune, car c'était là bas qu'elle trouverait ce qu'elle était venue chercher...

Elle devait se ressaisir. Bientôt, elle serait reine et sûrement plus puissante que la plupart des êtres de ces terres. Pourtant, si elle restait de marbre face à la mort des créatures, face à la torture, elle était sensible quant à la beauté de l'existence, quant à cette sorte d'alchimie qui régnait sur ces terres faisant en sorte que tout s'équilibre...

Elle continuait sa route, l'esprit ailleurs, le regard posé sur la lune...tout était calme, seuls les bruits de la nature venait perturber le silence, le bruit de la neige qui peu à peu rendait le paysage d'un blanc immaculé où se reflétait la lumière pâle de l'astre lunaire. Un blanc immaculé, semblable aux vêtements de cette femme à qui les cheveux blonds donnaient une allure d'ange égaré...et pourtant, la vérité était tout autre...mais qui avait besoin de vérité face à ce paysage?

Alors que le regard de cette femme descendait peu à peu sur la voie qu'elle suivait, il se posa sur une silhouette au loin...elle n'était donc pas seule. Essayant de deviner les traits de cette personne, elle accéléra un peu le pas...c'était un homme...serait-ce...
Mitsuko accéléra tellement le pas qu'elle était maintenant en train de courir vers cette silhouette, sa robe, surmontée d'une cape en fourrure virevoltant derrière elle, suivant le rythme de ces pas. Elle s'arrêta net à quelques mètres de cette personne, seule la neige les séparait, elle le regardait sans la moindre expression sur le visage...

Depuis sa transformation en vampire, elle n'avait plus ressenti la présence de Jun en elle. Cela ne l'avait pas dérangé au début car leur relation avait toujours été ambiguë, lui faisant le bien, elle le mal...lui devant la protéger mais étant incapable de la contredire, se laissant soumettre sans trop de résistance...
Mais peu à peu, elle s'était rendue compte que la présence de cet esprit qui la connaissait si bien, qui la connaissait depuis sa naissance, cette présence, lui manquait. C'est que...le lien qui les unissait était si fort...

Et maintenant qu'elle se trouvait devant lui, n'ayant jamais pu se retrouver dans cette situation...elle ne savait que faire. Sa transformation en vampire aurait-elle offert son indépendance à Jun?
Doucement, elle s'avança vers lui et quand elle fut à une distance de quelques centimètres seulement, elle avança ses deux mains sur les joues du jeune homme, murmurant doucement :

"Jun?"

Ce qu'elle ne savait pas encore, c'est que la personne qu'elle avait en face d'elle n'était en aucun point son esprit protecteur et que cette même personne devait être très étonnée d'un tel comportement, venant d'une parfaite étrangère...



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Mer 15 Déc 2010, 04:14

    Le cheminement de nos existences tel un hasard aux teintes d'une folie exaltante, ou comment les âmes valsent et gravitent tel qu'il n'est jamais permis de sortir du chemin de lumière, bordé et enveloppé par tant de ténèbres; tel qu'un pas de travers nous dévore jusqu'à ce qu'il ne reste de nous, qu'une ombre infatigable : celle d'une mort sans fin ni loi.

    Les terres du yin et du yang furent pour moi une terre d'accueil inespérée sur laquelle mon existence pris réellement un cours intéressant. Bien sûre les méandres sinueuses et infranchissables de mon subconscient réfutaient encore les révélations inhérentes de mon passé et de la personne que j'étais, aussi mauvaise devait-elle être pour ne récolter, à l'heure actuelle, que les cendres et poussières de mes folies meurtrières passées. Aussi, ce rêve parasite hantait mes nuits à la manière d’un cambrioleur récurent qui laisserait une signature perpétuelle par pure flatterie, comme pour me rappeler sans relâche : je suis la genèse de tes maux, le roi de toutes tes souffrances, tirant les ficelles de ta folie. Ce rêve était un homme, toujours le même : mon reflet. L'île de Cassilmena qui se trouvait assez loin des terres du Yin et du Yang abritait des étendues glacées et un ravin impressionnant par sa taille dans lequel j'avais trouvé refuge les mois qui ont précédé ma rencontre finale avec le Marid; ce labyrinthe de glaces laissait paraître dans chaque pigment d'eau gelée, le moindre détail de notre reflet, tel que le ravin ne soit constitué que d'une immense glace dans laquelle nous pouvions nous contempler, non sans narcissisme. Bien entendu, cela fut ma demeure édénique, rêvée et idéale : J'étais maître des lieux, maître des océans, maîtres des neiges et des tempêtes, j'étais sans cesse en besoin de solitude, je l'aimais et elle m'aimait tel que la folie fut enfantée de notre union macabre. Certains voyageurs se rendirent, fier de connaître ma légende, les étendues glacées à la recherche du plus puissant génie après le Marid; beaucoup ne crurent en mon existence et ceux qui y croyaient ne se doutaient pas du jeu malsain à lequel je les obligeai dés l'instant où ils foulaient, les uns aprés les autres, le pied sur mon domaine : mes règles du jeu, mes sentences, mes délices, mes supplices.

    Puis les mois passaient et plus je tuai, plus je pervertis, plus ma puissance engendrait la folie et plus je me sentais prêt à combattre le Marid et gagner, enfin, ma liberté et mon indépendance, épuisé d'être le génie esclave des rêves humains. Je pensai alors à ma victoire lorsque je compris que mon reflet, visible dans les parois glacées du ravin qui abritait mon règne, avait changé; il semblait avoir pris vie et mouvoir de son propre chef. Bien entendu, je mis d'abord ceci sur le compte de la solitude et de la folie : mon don que je nommai mirage me permettait de noyer les rêveurs dans leurs désires inaccessibles et peut être que ma puissance croissante avait des effets secondaires sur moi. Seulement j'abandonnai très vite cette idée, surpris de n'être plus aussi seul dans ces vallées des glaces. Il était là, il m'observait, riait et ricanait de la vanité de mes actes. Il n'était pourtant que mon reflet dans la glace mais très vite, il fut doué d'une voix audible qui vous glaçait le sang et semblait trouver un plaisir sans nom à me susurrer que non : je n'étais pas fou, j'étais juste entrain de me métamorphoser en une créature bien plus maléfique que les ténèbres sauvegardaient et protégeraient pour que le monde s'effondre et que la nuit devienne infinie.

    Je n'avais pourtant que faire de la perte du monde, du règne des ombres et du trône du sadisme, être génie m'interdisait de rêver, d'aimer, de ressentir l'amour ou la compassion : j'apercevais chez mes rêveurs ces émotions et tentai de les imiter mais ils n'avaient aucune saveur tant qu'elles n'étaient pas ponctuelles. Mon paradis était artificiel et l'ombre qui se reflétait dans les glaces de la vallée ne cessait de me le répéter. J'avais beau hurler de toutes mes forces qu'il me laisse en paix, que tuer le Marid me libérerait, qu'enfin je serai mortel et que j'éprouverai les plaisirs de la vie, il me susurrait toujours aussi calme et pervers : les ombres t'ont rendu immortels, tu ne peux plus revenir en arrière, tu n'as plus que la haine, la vengeance et la perversion comme seuls et uniques dieux; si tu dois avoir un rêve, ce sera celui de dévorer ceux des mortels de ce monde et de savourer leurs souffrances qui en résulteront, n'ai aucun autre rêve que celui-ci, de peur qu'un jour quelqu'un prenne ta place.

    C'est ainsi que je su sans ne plus en douter, qu'il était un prolongement de ma personne, un résidu de mon esprit qui avais pris vie tel l'incarnation de l'essence de mes désirs qui ne se manifestaient qu'à travers mon reflet, mon âme étant inaccessible et mon cœur, inexistant. Je su également que je n'étais pas ce que l'on pouvait appeler un génie, conventionnel. J'en pris conscience par le biais de Callisto, un ange déchu qui marqua mon existence. Elle me fit prendre conscience de mon anticonformisme et ce, même dans un monde où cet attrait est une monnaie courante. Kurenai avait eut cependant le courage de faire perdurer une humanité en moi, me répétant qu'il existait un cœur dans ma poitrine, aussi gelé que la température de ma peau mais que je ne devais perdre espoir et que lorsque je tuerai le Marid, alors je ressentirai la chaleur d'un souffle humain. Lady de Caminel quant à elle pris le soin de m'inculper le sadisme et le plaisir à l'intérêt personnel. Aucune place à l'altruisme en ce monde et cette Lady des plus enivrante me fascina par sa domination incontestable en plus du désir qui émanait de sa personne. Seulement ces personnes étaient bien loin, peut être même n'avaient-elles été que de simples chimères de mon imagination : je n'étais pas sûre que ces personnes existaient, j'avais tout oublié puis pensai me souvenir de détails qui, peut être, n'étaient que de simples créations de mon esprit malade. J'avais perdu ma force, ma puissance et ma gloire passée. Je n'étais plus que l'ombre de l'ancien génie qui avait terrorisé la population. Mais je me faisais la promesse de redevenir ce fléau, d'affronter à nouveau le Marid mais cette fois, non plus pour quitter mon statut de génie et redevenir un humain.. non.. Cette fois je voulais demeurer génie mais prendre la place du Marid, je voulais être celui que le reflet dans les glace désirait que je devienne : je voulais dévorer le rêve humain et plonger le monde dans un cauchemar sans réveil; il fallait cependant que je sois patient et méthodique, rechercher les pierres étaient une priorité. Il y avait ce fichu habitacle.

    Et oui, fut un temps, ma puissance fut suffisante pour que je puisse m'en délier totalement. Je marquai alors un geste symbolique en jetant l'amulette qui m'avait retenu prisonnier des siècles et des siècles, à la mer. Elle était à présent au fond de l'océan mais une chose était certaine : la perte de mes pouvoirs me rendait à nouveau dépendant de la malédiction du réceptacle et si un jour, quelqu'un venait à retrouver l'amulette, je lui devrais alors une fidélité qui, je devais l'avouer, contrecarrai tous mes plans ambitieux, surtout si l'esclavage en question serait éternel.

    - - - - - - - - - -
    « Jun ?! » entendis-je soudainement, rompant le silence-maître et m’extirpant de mes longues pensées interminables. Je restai d’abord de dos, la voix qui me parvenait n’était, de par sa tonalité, pas qu’une simple voix. Cette voix raisonnait, sensuelle par sa forme, cruelle par son fonds ; et bien que les voix féminines étaient appréciables par leur douceur, celle-ci semblait faussement candide, non pas qu’il y avait une hypocrisie quelconque mais il s’agissait d’une ombre dans le tableau et ce, avant même que je ne me retourne pour apercevoir qui était mon interlocutrice. Bien entendu je ne connaissais aucun « Jun » et il semblait assez étrange que je puisse prendre cette qualité sans que je ne le sache. Après tout, ma mémoire me jouait peut être des tours, j’avais pris bien des noms à travers les âges pour ne pas que mon véritable nom ne soit révélé, peut être avais-je pris celui de Jun sans m’en souvenir, à l’heure actuelle, et que ne pas l’envisager serait une bêtise. Seulement cette hypothèse-ci me quitta également bien vite dés l’instant où je me retournai pour déposer mes deux yeux aux couleurs océaniques sur les siens, angéliques. Il était tout bonnement impossible qu’elle puisse être l’une de mes maîtresses passées. Elle était trop jeune et ne semblait pas accumuler les siècles comme je le faisais, je n’avais plus eut de maitres depuis tellement longtemps et si je l’avais rencontré dans les vallées des glaces, je m’en souviendrai, ce regard-ci m’aurait bien plus marqué que tous les autres ; je ne pouvais être Jun et j’en fus étrangement déçu sur l’instant, il était vrai que par cette voix-là, n’importe qui aurait désiré être Jun, même un génie.

    D’étranges sensations circulèrent alors, se manifestant par des frissons incessants et une respiration irrégulière de ma part. Je prenais conscience que mes pouvoirs revenaient doucement, notamment celui de Fissure qui me permettait de franchir les murailles de l’esprit et de capter, par un regard plongé dans le sien, l’essence même de l’âme de la personne qui aurait été imprudente de se noyer dans mes iris, aussi attirants pouvaient-ils êtres, ils avaient eut cette apparence pour ce seul et unique but : tenter les âmes de se perdre en ceux-ci comme l’insecte vers la lumière qui lui brûlera la vie. Il arriva cependant une chose qui, de ma vie millénaire, et pour ce que je m’en souvenais du moins, ne m’étais jamais arrivé : les ténèbres cachaient son cœur et brisaient son esprit, au point de camoufler les rouages de son âme et me priver d’une quelconque lecture. Elle n’avait pourtant aucune résistance psychique habile, et même avec cela, je ne me souvenais pas qu’une personne ait fini par me résister bien longtemps, le temps d’un ou deux battements de cœur, jamais plus. J’en fus d’abord déconcerté, pourtant quelques images dans son esprit m’arrivait comme de vifs coups d’aiguille qui, par réflexe corporel, me fit me mordre la lèvre et la faire partiellement et même très légèrement saigner. Je fermai les yeux et tenter de reprendre le dessus sur Fissure qui semblait malmener les pulsations de mon cœur qui battait au rythme d’une course folle sans raison tel un danger omniprésent… Pourtant... Cette apparence angélique... Ne pouvait pas couvrir le diable en son sein, ce serait... fascinant... Oui... Fascinant.

    « Jun, vous dites ? » prononçais-je enfin d’une voix grave et robuste tout en gardant des teintes voluptés et délicates comme j’en avais l’habitude. Je lui faisais à présent entièrement face, la lune tel un soleil dans son rêve incontestable d’imiter ses couleurs, illuminait mon visage et mon corps apparent, me rendant aussi froid que la lune, j’étais à cet instant comme elle, animé du même désir, me laissant pareil imitateur d’un Jun fantomatique et chimérique.

    « Avons-nous déjà eu le plaisir de nous rencontrer, mademoiselle… » Lui laissant l’occasion de terminer ma phrase en guise de question rhétorique et par la même occasion, celle de justifier de ce nom par lequel elle m’avait nommé, aussi intrigué que je puisse l’être.

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Mitsu
♚ Fondatrice ♔

◈ Parchemins usagés : 36408
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Dim 19 Déc 2010, 17:23

La déception apparut sur le visage de la jeune femme. Elle ne faisait rien pour cacher un tel sentiment, même si cela pouvait paraître très impoli envers son interlocuteur. Elle l'avait regardé agir, plongeant son regard dans le sien et semblant troubler peu de temps après ce geste. Pourtant, Mitsuko n'utilisait pas en ce moment même son contrôle des sensations en vue d'attirer ce jeune homme dans ses filets...non, elle ne faisait rien de tout ça. Elle se tenait juste devant lui avec l'espoir qu'il s'agisse de Jun, qu'il s'agisse de son esprit protecteur...qu'il s'agisse de cet être si naïf qu'elle avait toujours détesté mais aimé en même temps. Comme quoi, l'existence était pleine de contradictions et d'évolution également. Un objet ou une personne que l'on détestait pouvait pour une raison quelconque devenir chéri, adoré, adulé...

Le manque qu'elle ressentait en elle l'obsédait et peut-être que cet homme qui se trouvait maintenant devant elle n'était qu'un mirage, une illusion que son esprit avait voulu créer pour la rassurer, la bercer dans une fausseté qui n'en demeurait pas moins ce qu'elle espérait depuis qu'elle faisait partie du peuple de la nuit. Elle n'avait pas perdu une miette des mouvement de "Jun", le fait que sa lèvre saigne...elle le fixait à présent, une lueur rouge dans les yeux, attirée par lui et plus exactement par le sang qui coulait dans ses veines. Ce peu de liquide rouge qui trônait fièrement su sa lèvre inférieur semblait la narguer et si elle ne s'était point nourrie peu de temps avant, elle n'aurait très certainement pas hésité un seul instant avant de se jeter sur cet être en le vidant totalement de ce fluide de vie...

Néanmoins, elle se retint, essayant de se focaliser sur un autre point de l'anatomie de l'homme qui lui faisait face. C'était vraiment étrange car on aurait cru qu'il était le frère jumeau de son esprit protecteur...pourtant, Jun avait été créé par son ascendante, la reine de tous les êtres maléfiques et il ne pouvait donc avoir de sosie...à moins que cette dernière ce soit inspirée d'un membre de son entourage ou d'un de ses nombreux fantasmes masculins. Elle ne le savait pas et ne se voyait pas tellement demander à cet étranger s'il avait eu des relations sexuelles ou avait fréquenté de prêt ou de loin la reine déchue. Peut-être le ferait-elle s'il s'avérait qu'ils se rapprochaient ou si elle réussissait à le séduire...le séduire si bien qu'il lui dirait et ferait tout ce qu'elle désirerait...

Une autre piste s'imposa à elle. Peut-être était ce Jun après tout...un Jun qui aurait perdu la mémoire à cause de cette fameuse nuit où, dans les bras de Vlad, elle avait perdu la vie pour renaître quelques instants après. Non, cela était impossible...elle ne voyait pas comment et par quel moyen une perte de mémoire pouvait être liée à une transformation en créature de la nuit. Non, ce n'était pas lui, elle en était certaine...et pourtant...

Il émit un son, tirant la jeune femme de ses pensées...il semblait avoir la voix plus grave que son esprit protecteur, mais peut-être était-ce simplement le fait qu'elle n'entendait sa voix que dans sa tête...peut-être que s'ils avaient été deux êtres distincts, sa voix aurait ressemblé à ce son sensuel qui venait de lui caresser les oreilles. A vrai dire, Mitsuko avait toujours trouvé Jun attirant physiquement, et le contraire l'aurait fortement étonné puisque fabriqué par son ascendante. Mais la personne qui était devant elle dégageait quelque chose d'indescriptible...elle ne savait comment expliquer mais elle avait l'impression qu'il était aussi vieux que le monde lui même. Il suffisait de le regarder dans les yeux pour se rendre compte du puits sans fond qu'avait dû être sa vie et cela troublait la jeune femme.

La vampire termina la phrase de cet homme étrange :

"Mitsuko..."

Elle avait pendant longtemps caché son nom, étant le même que celui de son ascendante, se transmettant de génération en génération comme un signe distinctif. Mais à présent qu'elle s'apprêtait à devenir reine de sa race, elle ne le dissimulerait plus sous des identités multiples. Certes, elle aimait mentir, manipuler, se faire passer pour une jeune femme innocente et pure...enfin, pure, elle l'était...du moins, pour une partie de la signification du mot mais qui aurait pu le croire?

La jeune femme devait maintenant justifier la méprise qui avait eu lieu quelques minutes avant. Elle regarda donc son interlocuteur dans les yeux puis déclara sans même s'excuser...à quoi bon? Elle n'était pas désolée après tout...elle n'aurait pu savoir que cet être n'était pas Jun...elle en avait été si sûre...

"Je vous ai confondu avec un esprit dont je n'ai pas eu de nouvelles depuis quelques temps..."

Elle marqua une pause, sans donner plus de précision. Après tout, avait-il besoin de savoir quel était le lien exact entre son esprit protecteur et elle? Ils ne se connaissaient pas assez pour cela.
Elle sourit à la personne devant elle puis continua :

"Si ce n'est pas indiscret, quel est votre nom?"

Elle parlait poliment, d'une voix étonnamment sensuelle pour ce qu'elle avait à dire et cela paraissait pourtant naturel chez elle. Pourtant, au fond de sa voix, on pouvait sentir quelque chose de ferme, comme si cette femme était habituée à toujours obtenir ce qu'elle désirait...peu importe le moyen et peu importe l'étendu du désir...
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Invité
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Mar 11 Jan 2011, 18:24

    Dans un vide si immense, nous déversions notre volonté mutuelle à vouloir percer à jour les secrets de l’autre sans risquer de se mettre soi même à découvert, comme si ce que l’autre pourrait découvrir nous tuerait, d’un seul battement de cœur. Jun était donc un fantôme comme je l’avais présagé et je compris rapidement qu’il avait comme disparu.

    « Un esprit charmant je présume.. » lui dis-je en souriant puisqu’elle m’avait confondu avec Jun, c’est qu’il était forcement très charmant. Je regardai la lune avec insistance tout en me concentrant sur mon interlocutrice dont je savais qu’elle cachait bien des secrets intrigants. Oui elle pensait bien trop fort et dans ses tourmentes, je percevais milles questions qu’elle adressait au désespoir lui-même, persuadée que le néant finirait peut être par l’inspirer.

    « Vous savez, Je suis désolé de ne pas être Jun » prononçais-je après un silence de façon calme et sans la moindre émotion. « J’espère sincèrement que vous retrouverez ce morceau de votre âme, sûrement emprisonné dans votre inconscience, malgré lui. Les âmes sont si vives qu’elles agissent sans le savoir en emprisonnant parfois, leur ange gardien, et ce même si votre cœur est plongé dans les ténèbres qui l’ont conçu, lui. »

    Je réfléchissais ensuite à son curieux prénom. Mitsuko. Mitsuko. Mi… tsuko. Son prénom ne m’était pas inconnu, je le savais au plus profond de moi. Pourtant, ces souvenirs peinaient à rester à la surface, tout était trouble jusqu’aux eaux les plus profondes de mon âme. Je levai alors mon bras droit puis remontai la manche avant de passer mon doigt sur les multiples tatouages où étaient inscris les noms de mes anciens maîtres, ou du moins ceux qui avaient dû être marquants, je le présumai sans pouvoir l’affirmer. En effet, en attaché se lisait clairement Mitsuko. Mais l’encre semblait s’effacer, cela devait donc faire des décennies qu’il était gravé et Mitsuko ne pouvait avoir cet âge, malgré son statut de vampire. J’aurais pu chercher dans ma mémoire, me forcer à me souvenir d’une ancienne rencontre mais ne le fis pas, ça n’était qu’un hasard, Mitsuko ne devait pas être un prénom unique et croire que j’ai déjà rencontré tout le monde dans ma vie passée devenait une psychose dévorante où la peur de ne plus réussir à me souvenir arbitrait mes choix. Je ne montrai pas mon bras à Mitsuko et rabaissai la manche de ma chemise blanche et impeccablement propre avant de fixer à nouveau la demoiselle. Oui les génies avaient toujours eu cette fâcheuse tendance à toujours vouloir prendre soin de son apparence et toujours vouloir être particulièrement propre sur lui. Je m’approchai de Mitsuko, tournant autour d’elle tout doucement, d’une démarche légère et gracieuse, l’observant comme une bête curieuse, je lui soufflai en approchant de son oreille. « Naram-Sin. » puis reculai ma tête avant de prendre un peu de distance.

    Mitsuko m’intriguait certes par l’aura qu’elle dégageait, différent des créatures nocturnes habituelles. Les vampires, ô oui, j’en avais déjà vue mais alors des comme elle, sûrement pas. C’était comme si plusieurs âmes se disputaient un même corps sans jamais que sa conscience ne puisse en pâtir et donc subir un quelconque changement dans sa personnalité. Elle était douce et violente à la fois, hypocrite et franche, ambitieuse mais mélancolique, fière comme une lionne au corps de brebis égarée. Elle était un tout alors que j’étais un rien, une réalité alors que j’étais un rêve. Je me sentais alors un peu Jun à cet instant, comme victime d’être à côté d’elle en ayant la curieuse impression de ne faire parti de ce monde et de cette réalité. Sa réalité. Je me sentais Jun, je me sentais lune, et souriais à l’idée de pouvoir délier les secrets pendus à la bouche immuable de cette femme que rien ne semblerait faiblir, même l’effondrement du ciel. Oui ce caractère là me disait quelque chose, pas un vampire, mais un ange peut être, un ange déchu. C’est comme si les images défilaient mais que je fermai les yeux, je sentais détenir la vérité mais Mitsuko ne laissait personne lire en elle et j’étais un puzzle que j’avais renoncé à résoudre depuis déjà bien longtemps. De souvenir, personne ne m’avait jamais résisté, ainsi, le vampire des nuits sans lune pris à mes yeux, un intérêt nouveau et dévorant.

    « Voilà bien une étrange coïncidence, Mitsuko. Vous êtes de celle dont le charme s’inspire du mystère et dont tous les hommes seraient prêts aux pires châtiments pour y goûter, ne serait-ce qu’à un délice de votre regard. » et c’est ainsi qu’en théorie, j’aurais dû lui avouer que j’étais un de ces démons perfides, un de ces êtres manipulateurs et avide, sans cœur ni pitié ; c’est à ce moment qu’il était de mon devoir de lui avouer que j’étais un génie prêt à la servir. C’est même en soit, ce qui arrivait souvent. Mais une idée nouvelle me vint à ce même instant ; l’idée toute simple que je pouvais ne pas céder aux tentations, ne surtout pas laisser à Mitsuko, la possibilité d’avoir de moi ce que bon lui semblerait, ce que excitant lui semblerait. Je me taisais de ce fait et lui cachai ma nature de génie. De toute manière, je finirai bien par découvrir tous ses secrets, je m’en faisais la honteuse promesse, celle de perdre un peu plus d’humanité.
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Mitsu
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Mitsu
Jeu 13 Jan 2011, 17:19

La jeune femme ne se lassait pas de regarder son interlocuteur. La ressemblance était tellement évidente...oui...il s'agissait de Jun...de son jumeau...de son double...de son sosie et il ne faisait aucun doute que la vampire était attiré par l'être que lui faisait face. Cette sensation étrange l'envahissait au plus haut point, celle de se retrouver en face de l'être qui connaissait tout d'elle, qui avait partagé son esprit depuis qu'elle était enfant et la comprenait plus que quiconque, lisant en elle comme dans un livre ouvert.

Pourtant, elle devait bien se rendre à l'évidence : il ne s'agissait pas de Jun. Cela dit, pourquoi devait-elle laisser la réalité perturber ce moment magique? Cet inconnu ne pourrait-il pas demeurer Jun à ses yeux? Peut-être que cette soirée pouvait se dérouler de manière parfaite...peut-être pouvait-elle lui parler, le toucher...et ensuite, ils ne se reverraient jamais plus, ce souvenir restant enfouis dans la mémoire de chacun, un souvenir enfermé à jamais dans un jardin secret où personne à part eux ne pourrait pénétrer.

La jeune femme si rationnelle en temps normal se laissait aller à penser ce genres de choses tout en contemplant le visage semblant insensible au froid de l'inconnu. Il ne faisait aucun doute que s'il n'avait pas ressemblé autant à Jun, elle ne lui aurait probablement pas adressé la parole. Non...ou alors pour le manipuler à sa guise. C'était peut-être d'ailleurs ce qu'elle avait encore l'intention de faire. Pourtant, il était indéniable que cet étranger dégageait quelque chose d'attirant car il restait très mystérieux.

L'inconnu s'adressa à elle avec un petit sourire, précisant que ce fameux Jun devait être charmant. Oui, c'était vrai, il l'était. La vampire choisit à son tour de répliquer, la même petit sourire sur les lèvres, un sourire emplit de sous-entendus :

"Au moins aussi charmant que vous, je suppose."

Mitsuko plongea ses yeux dans ceux de l'être qu'elle avait confondu avec Jun. Son regard était profond comme si elle s'apprêtait à l'embrasser. Cependant, elle n'en fit rien, se contentant de le fixer, semblant attendre quelque chose de la part de cet inconnu, quelque chose de mystérieux, de secret qu'elle ne pouvait révéler. Elle finit par détourner le regard doucement. C'est à ce moment là que son interlocuteur lui avoua qu'il était désolé de ne pas être Jun. Seulement, le peu d'émotion qu'il avait mis dans ces paroles laissait la jeune femme légèrement sceptique. Il espérait qu'elle arriverait à le retrouver. Elle était sceptique également. La mort qui avait changé son statut de sorcière en celui de vampire avait sans doute emporté son esprit protecteur avec elle. Elle ne dit rien, à quoi bon renseigner cet individu sur des détails aussi complexes.

La jeune femme avait vraiment envie qu'ils ne restent que des inconnus. Le prénom était la seule information qu'elle avait envie de connaître...le reste, elle s'en fichait. La vampire ne souhaitait pas raconter son histoire à cet homme, et elle ne voulait entendre la sienne. Les petits flocons de neige qui tombaient à rythme irrégulier, la lumière de la lune, le rocher des béluas au loin éclairé par cette lueur pâle qui émanait de l'astre...le décor de ce lieux avait tout pour faire de cette soirée un rêve éveillé. Oui, c'était comme cela qu'elle voyait les choses...un rêve qui ne faisait que commencer et qui ne cesserait que lorsqu'elle aurait envi de se réveiller.

Elle ne chercha pas à savoir ce que regardait l'inconnu sur son bras, cela ne la regardait pas. Elle observait maintenant le ciel, les flocons. Une légère brise la parcourant lui fit ressentir un frisson...
L'inconnu tournait maintenant autour d'elle, l'observant. Pourtant, elle ne semblait pas troublée de cette attitude, restant de marbre, telle la statut d'une déesse qui a l'habitude de ce genre de cérémonie. Bien sûr, ce n'était qu'une apparence car elle était réellement troublée par ce jeune homme ressemblant à s'y méprendre à Jun. Que se serait-il passé si le véritable esprit protecteur de la jeune femme avait pu apparaître devant elle de la sorte? Que se serait-il passé s'il l'avait regardé de cette manière, lui tournant autour?
Elle ferma les yeux lorsqu'il s'approcha de son oreille pour lui dévoiler son nom. Un sens en moins et elle pouvait se concentrer sur l'air qui s'était dégagé de la bouche de cet être, venant se heurter contre la peau de son oreille, lui conférant un second frisson. Elle pouvait également se concentrer sur la voix du jeune homme, une voix qu'elle n'oublierait pas, sur son parfum...

Elle ouvrit les yeux une fois qu'il se fut éloigné, laissant apparaître un petit sourire sur ses lèvres. Naram-Sin...ce nom lui était familier. Cela dit, elle avait beau chercher, elle ne parvenait pas à se remémorer où est ce qu'elle avait bien pu l'entendre...non...elle ne l'avait pas entendu, elle l'avait lu quelque part. Elle regardait l'homme qui lui faisait face, une lueur étrange semblant avoir trouvé asile dans ses yeux. Elle avait deviné où elle avait bien pu voir un tel nom : dans la collection impressionnante des journaux intimes de son ancêtre. Cependant, elle ne pourrait probablement point se rappeler de ce qu'il y avait été écrit sur l'être se prénommant ainsi car la reine déchue avait l'habitude de marquer soigneusement le déroulement de chacune de ses journées, ainsi que les noms des personnes qu'elle rencontrait. De plus, il pouvait très bien s'agir d'une autre personne, même si un nom pareil n'était pas courant.

Le commentaire suivant du jeune homme l'étonna au plus haut point, même si elle n'en montra rien. Elle n'arrivait cependant point à savoir s'il s'agissait d'un compliment ou d'une ruse pour l'amadouer. Après tout, elle ne le connaissait pas et il pouvait très bien avoir de mauvaises intentions envers elle.
La jeune femme choisit de passer outre cette pensée, elle allait entrer dans un jeu qui n'en serait que plus délicieux si Naram consentait à y entrer également. Et puisqu'il lui avait donné l'occasion de lui demander ce qu'elle avait en tête depuis qu'elle l'avait rencontré, elle n'allait pas la laisser s'envoler, portée par le vent.

Aussi, se fut au tour de la jeune femme de s'approcher de l'homme, d'un pas lent et gracieux, ses cheveux ondulant légèrement avec la brise. Elle s'arrêta à quelques centimètres de lui, de façon à ce que leurs corps se touchent presque. Lentement, elle posa l'une de ses mains sur la joue de Naram et plongea son regard dans le sien avant de dire doucement, d'une voix qu'elle voulait un soupçon suppliante :

"Puisque tant d'hommes seraient prêts à devenir damnés, ne voulez vous pas devenir Jun pour moi rien que le temps de cette soirée? Je vous promet que je ne regarderai que vous ce soir..."

Son regard était tellement intense qu'il en devenait sûrement douloureux de la regarder. On pouvait y lire toute la détresse du monde et pourtant, n'était-ce pas simplement l'une des ruses d'une femme prête à tout pour obtenir ce qu'elle désirait?
Quelques secondes après avoir prononcé sa phrase, elle sembla se raviser, retirant la main qu'elle avait posé sur la joue de Naram et s'éloignant de lui. Doucement, elle murmura :

"Pardonnez moi."

avant de tourner le dos à celui qui s'avérait être en fait un génie. Elle se mit à marcher lentement vers le rocher au clair de lune, sa silhouette se dessinant parfaitement dans la lueur pâle de l'astre.

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Mar 15 Fév 2011, 21:59

    [J'ai pris mon temps pour te donner une réponse soignée et réfléchir au sens que je voulais lui donner ;j'espère qu'elle te conviendra.]

    Le rideau du spectacle des ombres se déchira en un instant, un instant de beauté sans contemplation possible, comme si elle m’obligeait à la dévorer du regard. Les vibrations silencieuses de son être se faisant crescendo, tacites et assourdissantes à la fois, je vue en ces deux yeux en rose le paradis se mêler à l'enfer tel que ce mariage aurait conduit aux interdits les plus désirables, aux fantasmes blasphématoires les plus pervers. Mitsuko était née pour plaire aux hommes sans que l'on puisse croire qu'elle attisait les flammes du désir naquit de ses propres tentations. A cet instant de délice et de douleur, je put concevoir à travers ses yeux toute la splendeur des fantômes dansant, virevoltant, emprisonnés; j'entendis des voix malsaines et même celle de Jun comme des échos ricochant dans son âme et un seul cris d'elle, un cris au secours, un cris qu'on aurait su délier comme un mur de glace infranchissable, que l'on tenterait de briser par la force alors que prendre du recul et regarder à travers, sans offenser l'âme et son jardin était la solution. Bien sûre elle ne le fit pas exprès, du moins je le pensai sur le moment et pourtant déverser en mon cœur ses peines me déstabilisa grandement, j'en perdis presque l'équilibre. Avait-elle perçu mon don ? Il était bien trop dissimulé sous les nuages de mirages qui protégeait la forteresse bien gardait de mes souvenirs, ma mémoire intouchable.

    Et pourtant, il était interdit aux génies d'aimer, notre espèce ne pouvait concevoir le désir comme les rêveurs que l'on devait servir sans les jalouser. Je cru presque ressentir sa chaleur dans mon corps gelé, tant tout fut mêlé sans méfiance. Elle s'excusait, son puzzle à elle n'était pas qu'en désordre, des pièces manquaient encore et Jun semblait être la pièce maîtresse d'un jeu dangereux. Aussi quels étaient ses secrets ? Un simple regard d'elle avait suffit pour que je me pose milles questions mais ne puisse trouver aucune réponse. Son sens de la répartie m'interloquait, ses réponses me faisaient sourire et cette personnalité là, ce sens-ci, cette preuve inéluctable d'intelligence et d'esprit, je l'avais déjà rencontré il y avait bien longtemps, lorsque moi aussi, je dansais avec mes propres fantômes.

    Elle cherchait à se rassurer le temps d’une nuit. Elle à qui la faute n’incombait que si le plaisir était bridé et n’était plus digne d’intérêt. Acceptait-elle d’avoir peut être mis fin à une vie sans réalité, à une âme sans corps ? Elle avait peur du jour qui lui rappelait son souvenir et ne baignait plus que dans les nuits qui l’aidaient à l’oublier, lui, ce Jun miséricordieux et altruiste. Me tournant le dos, le souvenir d’une femme me saisissait dans un brouillard où tout se confondait, comme si j’avais déjà vécu cette scène à un ou deux détails prés sans que je ne puisse replacer les éléments du décors, je me souvenais juste avoir admiré une femme aussi appréciable que Mitsuko, aussi charmante, trait pour trait, il y avait de cela de quoi dépoussiérer les tableaux de nos passés. Peut être ne faisais-je qu’une analogie sans sens de brides de ma mémoire que j’étais incapable de replacer au bon endroit et que même si cet instinct incertain me soufflait que le destin faisait de ma vie un éternel recommencement, ça n’était que par sadisme de la mort, enivrée de ma histoire à ne plus pouvoir s’en lasser, et moi comme un pantin fait de rêves, j’aimais, acte par acte, scène par scène, ces femmes dangereuses comme des poisons des merveilles. De ses lèvres rouge-sang qui exigeaient qu'on les aime à ses formes qui suppliaient de les traiter avec douceur et brutalité à la fois, tout n’était que contradictions chez cette femme, Mitsuko était née pour plaire, oui, jusqu’à faire douter les anges de leurs promesses envers l’infinie.

    Elle n’était pourtant à cet instant, rien de plus qu’une inconnue en terres immaculées. Rien de plus qu’une vagabonde portée par les tempêtes, une naufragée guidée par la foi, une errante hors du temps et bien que les plus réalistes n’auraient vue en elle qu’une ombre, dépravée, prête à tout pour croire que sa vie ne s’arrêterait pas trop tôt, qu’elle ne finirait pas trop mal ce chemin, qu’elle ne perdait pas les fils de sa propre vie, que tout était sous son contrôle, belle comme la lune mais folle comme l’orage. Ces silences en disaient plus que tout ce que sa voix angélique aurait put entrevoir et concevoir, des plus beaux chefs-d’œuvre, le plus beau des poèmes ne pouvait être qu’une longue léthargie pleine d’amertumes inavouées, qu’elle ne désirait partager avec personne d’autre que sa songe personnifiée, ce Jun chimérique. Je n’étais rien plus que ce même errant, ce même naufragé, et bien que je compris sa tristesse, je ne pouvais lui tendre une main que je ne tendais jamais aux fantômes, que je ne tendais jamais ni aux mortels ni aux dieux. Un vœu, une plainte, une supplication légitime et alors j’étais prêt à lui offrir le sable entre ses mains sans que celui-ci ne s’écoule. A travers les plaines où cohabitaient yin et yang, où les flux s’équilibraient naturellement et se rompaient pour laisser place aux guerres jusqu’à reprendre leur cours normal, comme si rien ne s’était passé, comme si le sang d’aucun mort pleuré n’avait été versé puis ce qu’après tout, pleure-t-on réellement le mal, mort pour ses valeurs et sa gloire ? Nous ne pleurons que pour les héros, et nous, maléfiques, nous embrassions les ombres par choix et n’avions jamais le droit aux couronnes de laurier en fin.

    J’aurais put m’en aller, disparaitre dans le sifflement perçant du vent violent, j’aurais put faire s’envoler mon monde en un battement de cœur mais celui-ci aussi, Mitsuko s'en était emparée par sa candeur, et je lui offrais sans mal paradoxalement. Je m’approchai d’elle, mon ombre se dessinant au loin avec l’éclaircissement parsemé et dissous de la lune sur ma carrure d’homme. Tant de mots auraient put être prononcés mais à ce même instant, je cherchai des mots que personne n’aurait put prononcer avant moi, des paroles qui n’auraient déjà été dits avant. Je cherchai cette phrase si simple qui pourtant, changerait tout, ce petit rien qui s’incarnait comme un océan infranchissable entre sa peine et le désir aride de mon propre cœur. Je cherchai sans trouver puisque rien n’était à la hauteur de mes espérances, à sa hauteur à elle. Et si le Mitsuko sur mon bras n’était pas qu’un hasard, alors c’est qu’elle était sujette aux rêves de djinns, elle à une ascendante aux mêmes desseins, aux mêmes aspirations où l’on désire toucher du bout des doigts, cet impossible que l’on convoite en secret. Oui je la percevais comme ça cette douce et venimeuse Mitsuko, celle qui ne pouvait espérer effleurer du bout des doigts un rêve enlacé par les ombres elles-mêmes.

    C’est ainsi que je revue ma position. Moi qui, quelques minutes plus tôt, refusais catégoriquement de la laisser obtenir ce qu’elle désirait superficiellement de ma personne comme si j’étais l’ersatz de Jun. Parce que oui, je l’étais. J’avais refusé de brasser ses passions et lui accorder la simple satisfaction d’avoir gagné, conquit mon indépendance. Et pourtant, j’aurais tout donné pour atténuer la peine dans ses yeux qui ne me regardaient plus, préférant contempler l’immensité de l’horizon que nous offrait le paysage nocturne dans sa générosité naturelle. Je ne voulais pas lui donner ce qu’elle voulait mais peut être pouvais-je, donner un peu de… couleur… au désespoir.

    « Faites donc un vœu. » lui soufflai-je à l’oreille avec calme et tendresse modérée mais étonnement présente. Mon regard fixant sa chevelure, mon odorat ne me trompant plus sur les parfums de cet enfer que j’avais décrié au début mais qui finalement me plaisait plutôt bien, c’est que cette femme était vraiment belle au-delà de tous les mirages que nous offraient le diable et la mort pour mieux nous tenter.
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Mitsu
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Mitsu
Sam 26 Fév 2011, 12:36

Mitsuko avançait dans ce paysage magnifique qu'offrait le rocher au clair de lune de nuit. Ses yeux étaient émerveillés devant tant de beauté, une beauté qui n'apparaissait qu'aux voyageurs égarés, qu'aux voyageurs qui, l'espace d'un instant, souhaitaient arrêter le temps. Cette nuit serait en quelque sorte son deuil, le deuil qu'elle se devait de faire pour cet esprit protecteur qui avait été à ses côtés durant tout ce temps, ce temps si précieux qui avait fait ce qu'elle était devenue à présent. Pourtant, la jeune femme savait que dès demain, tout serait finis. Ses pensées pour Jun s'envoleraient à jamais dans le tourbillon infini de ses souvenirs, emportant avec lui tout ce qui pourrait l'affaiblir car, dans cette course contre le pouvoir, elle ne pouvait se permettre de tels sentiments.

D'une certaine manière, elle trouvait que Jun et elle ressemblaient étrangement à la lune et au soleil, condamnés à s'aimer sans jamais pouvoir se toucher, comme appartenant à deux mondes différents mais faisant à la fois partis d'un même tout, un tout qui était la source de leur existence à tous les deux. Pourtant, ce tout se retrouvait à présent disloqué, brisé par ce qui avait été plus fort qu'eux. Oui, la mort emportait tout sur son passage, tel un ouragan, et il était impossible de lui résister.

L'ombre de son faux Jun se dessina sur le sol pâle, la rattrapant malgré elle, comme s'il n'avait pu se contenter de la laisser partir de cette manière, sans rien lui avoir offert. La vue de cet homme la torturait en quelque sorte, si ressemblant à Jun et tellement différent. Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'être rassurée de sentir sa présence à ses côtés. La jeune femme était joueuse en temps normal, aimant manipuler ses victimes, les séduire, mais, ce soir, elle faisait son deuil et se laissait bercer par une nostalgie mélancolique. A moins que tout ceci ne soit qu'un subterfuge afin de refermer un piège invisible sur l'esprit et le coeur de ce faux Jun qu'elle s'était déjà approprié, comme si cet homme si mystérieux et séduisant n'était qu'à elle...

Pourtant, la tristesse dans ses yeux semblaient réelles, bercée par cet état qui ne lui ressemblait pas, cet état dans lequel elle se trouvait à présent. Elle continuait sa route, espérant secrètement qu'il la rattrape bientôt, qu'il lui prenne la main et l'enlace, l'entourant de ses bras rassurants...les bras de Jun. Elle savait cependant que cela était impossible, un rêve chimérique qu'elle ne pouvait se permettre de faire car d'autres bras l'avaient enlacé depuis...des bras qu'elle désirait profondément, ceux de Vlad. Malgré tout, ce soir, elle voulait tout oublier, comme s'il n'existait sur ces terres que deux êtres que tout séparait mais réunissait pourtant : Jun et elle, elle et Jun. Elle savait aussi, au fond d'elle, que cet inconnu, ce faux Jun, ce génie mystérieux, pouvait faire en sorte que son rêve d'un soir se réalise.

La jeune femme ne tarda pas à sentir le souffle de cet homme à son oreille, lui arrachant un frisson malgré elle. Ces mots, étonnamment simple avaient le goût d'une liberté et d'un danger imminent. Cette liberté qu'elle avait de choisir ce qu'elle désirait, ce vœux qu'il lui avait donné l'autorisation de faire, ne lui donnant aucune limite...ce vœux l'effrayait, comme si elle s'apprêtait à ouvrir la boîte de Pandore pour laisser se déverser tous les maux que son cœur pouvait contenir, que son âme scindée en deux pouvait abriter. A ce moment là, elle se tourna vers son faux Jun, telle une enfant ayant grandit trop vite, plantant son regard dans celui dominant de l'homme qui lui faisait face. Le reflet de la lune dans les yeux de la jeune femme y faisait refléter quelque chose de presque humain et de terriblement attachant, comme si oser les regarder trop longtemps pourrait amener chaque individu s'y étant risqué à une forme de dépendance, une dépendance dangereuse mais tellement tentante...

La jeune femme regardait le reflet de Jun, silencieuse, comme si elle ne répondrait jamais à cette proposition qu'il lui avait fait, comme si le calme et la tendresse qui avaient raisonné dans sa voix n'avaient pas suffit à la convaincre. Pourtant, elle finit par murmurer son vœux, d'une voix si basse que l'on pouvait penser qu'elle avait peur d'être entendue...ou peut-être pouvait-on imaginer qu'elle voulait le garder secret, ouvrant la porte d'un jardin jusqu'à présent clos à cet inconnu qu'elle ne reverrait surement plus jamais, comme si la réalisation du vœux qu'elle s'apprêtait à formuler la rendait sceptique car, il fallait l'avouer, elle ne comprenait pas quel intérêt il tirerait d'une telle action. Mais peut-être que le but de ce faux Jun était justement de la faire rêver, espérer pour ensuite la laisser meurtrie et seule dans cet endroit magnifique...

Pourtant, les yeux de Mitsuko ne semblaient refléter qu'une parfaite innocence, une innocence attachante mais épineuse. Elle demanda alors :

"Je souhaite que votre cœur devienne mien à jamais. Incarnez Jun, juste ce soir mais ne m'oubliez pas à l'avenir, telle une obsession qui vous hantera. Je serai un mirage à vos yeux, un mirage inaccessible que vous souhaiterez tout de même atteindre, comme Jun a nourrit au fur et à mesure cet amour impossible entre nous, souhaitant de toutes ses forces m'enlacer, me toucher, m'embrasser...oui, devenez Jun cette nuit, incarnez mon esclave, mon ami, mon amant...incarnez le tel qu'il aurait voulu exister si nos deux âmes avaient eu chacune un corps distinct."

Le silence régna de nouveau, comme s'il appréciait la portée du vœux de la jeune femme. Les mots étaient des armes et le sens qu'on leur donnait pouvait parfois s'avérer fatal ou simplement différent d'une personne à l'autre. Au fond d'elle, Mitsuko espérait que ce faux Jun, cette créature de la lune, comprenne le fond de sa pensée et que ce vœux qu'elle avait formulé soit respecté. Mais peut-être n'était-ce que mirage?

Tournant une nouvelle fois le dos au jeune homme, elle se dirigea lentement vers le rocher au clair de lune, sans ajouter un seul mot, laissant le silence donner toute sa solennité à ce vœux qui lui était si cher. Pourtant, elle fuyait quelque part car, même si elle avait envie que Jun la rejoigne ce soir, elle souhaitait aussi que Naram lui soit soumis éternellement et elle savait que cela était impossible, sauf si, bien sûr, celui-ci lui révélait son vrai prénom. Elle savait cependant qu'il ne le ferait jamais, trop attaché à cette liberté qu'il chérissait, cette liberté qu'il ne voudrait pour rien au monde troquer contre le statut d'esclave, même s'il s'était agit de la plus belle femme au monde qui lui faisait face, ce que Mitsuko n'avait pas la folie de prétendre être.
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Lun 04 Avr 2011, 01:55

    Un jour, une semaine et des mois où les fleures fanent et renaissent toujours plus belles, voilà notre peine enfin promise et nos espoirs amenés à mourir, nos espérances ternes de n’êtres que des regrets, des remords au bord des lèvres et un simple désir, celui d’aimer intensément le diable. Je ne comprenais pas pourquoi nous étions si beaux et pourtant si cruels, pourquoi les ailes de l’ange étaient de cendres, pourquoi notre égoïsme nous bouffait, pourquoi fallait-il finalement renoncer au plaisir ou y succomber pleinement, après tout, peut être n’étions nous que marionnettes mutuelles ?

    Alors je la contemplai, oui je la regardai avec insistance aussi cela aurait-il été interdit, aussi cela en devenait presque perverse mais qu’importait, elle ne me fixait pas, elle jetait le néant de son doux regard trompeur sur un horizon vain, une nuit qui n’avait lieu que pour nous et même s’il était question d’égoïsme de le penser, j’aimais y repenser à chaque instant où ses formes délicieuses se dessinaient au clair de lune, Mitsuko tel un jeu dangereux. Et alors que tout un théâtre s’animait, cette flamme sans nom dansait dans mon regard et je m’en allais à penser que de mêmes lueurs virevoltaient aussi en elle. Et je m’approchai, son vœu de porcelaine joignant parfaitement un désir que je n’éprouvai depuis que les morts cachaient mon cœur de leur trace indélébile. Et ce frisson qui me parcourrait me procurait un bien fou, une adrénaline nouvelle qui accélérait ma respiration pourtant tellement frêle jusqu’à ce qu’un moindre son, un simple soupir ne puisse survenir, de ses lèvres effleurant mon propre désir imprononçable. Je n’avais pas le droit, pas ce droit là, non. J’avais le droit sur les rêves d’autrui, pas sur les miens. J’avais renoncé à cette satisfaction mais elle me faisait renoncer à de biens plus importantes manipulations. Mener ou être mené par la situation si délicate, que l’on pourrait qualifier d’hésitation et où mener conviendrait en une action tout aussi parallèle à céder.

    Restant derrière elle, je caressai d’un nouveau regard de ses épaules à sa chute de rein comme des eaux ténébreuses d’une cascade mortelle, et sans que mon cerveau ne puisse m’arrêter, je vu en cela une libération inéluctable, ressentant l’adrénaline que provoquait en moi Mitsuko comme un squatteur de mon cerveau, mes mains se posant d’abord timidement sur ses hanches, je me collais comme un mur froid contre elle par simple sensation de vouloir être avec elle. Mes bras l’enlaçant, parcourant des vêtements fins, je me sentais conquérant d’un monde inconnu, cette contemplation tendant à être consommée. Ma tête gravissant l’interdit, elle se posait sur son épaule d’un délicat surprenant, les vides de son besoin d’affection épousant les postures de mes audaces. Mes bras autour de sa taille attendaient sagement que ses bras viennent les voiler et dés l’instant où l’espérance fut moins vaine qu’avant, je déposai sans prévenir mes lèvres dans son cou d’un mouvement sans prétention et silencieux si ce n’était celui d’un effleurement charnel. Et moi qui pensais détenir le toucher le plus glacial de ce monde, celui d’un vampire était d’une tout autre teneur, et pourtant, bien au-delà des températures de nos destins, celui d’un génie ou d’une buveuse de plaisirs, une chaleur indescriptible monta en moi comme la conviction que même si mon choix avait été mauvais, une telle décision ne m’avait jamais procuré un tel bien.

    Reflet ou réalité, Jun ou son fantôme, un rêve ou Jun. Et les violons désaccordés ne pouvaient aussi bien jouer qu’à cet instant, je ne voulais être personne d’autre que moi, ne voulait être aimé comme personne mais cela était imprudent, je remettais en cause mon existence même de servitude en tant que génie. J’étais conscient des enjeux, conscient des réalités de Mitsuko mais voudrai-je profiter des peines et des roses qu’on offrait aux femmes après les avoir aimées, les rendre aussi tristes que la lune. Elle pensait à lui alors que je ne pensai qu'à elle. Pourquoi avais-je cette sensation d’avoir eu cette même voracité, à décréter désirer mordre cette pomme à pleines dents et n’avoir que pour seules chaires délectables, la déception de n’être qu’un Jun façonné pour plaire. Et elle souhaita pourtant au génie que j’incarnai, ce désir impossible, demeurer éternelle, intouchable mais ineffaçable, une image indélébile. Elle souhaitait que je ne l’oublie jamais à l’avenir et je lui susurrai alors :

    « Vous n’avez nullement besoin de souhaiter pour que cela devienne ma réalité. »

    Le temps pourtant s’arrêta et il n’eut besoin de se souvenir de quoi que ce soit, l’instant présent suffit à animer le feu qui brûlait. Ma tête sur son épaule n’attendit qu’une réaction, et mes yeux qui inspiraient l’océan indomptable n’attendaient qu’une émotion pour s’enivrer. S’il fallait sentir un cœur battre, il n’était pas dans ma poitrine mais dans l’émotion artificielle ou réelle que je faisais ressentir à Mitsuko, réalité ou mensonge, tout n’était qu’une question d’interprétation, ou l’envie d’interpréter comme bon lui semblait. Alors, rompant le silence, je lui soufflais plus honnête encore :

    « Ressens-tu ce feu qui se consume ? »

    Et la nuit nous offrit ses lueurs tant contées.
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Mitsu
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Mitsu
Sam 09 Avr 2011, 23:21

Le regard de Mitsuko se perdait dans le lointain de ses pensées, des pensées que peu d'être sur terre auraient pu se vanter de la moindre compréhension. Car la jeune femme ne laisserait jamais aucun mortel ou immortel lire en elle, plus aucun. Oh Jun, elle ressentait sa disparition comme une trahison mais elle savait qu'elle avait été l'unique bourreau, que la responsabilité de la mort de son esprit protecteur lui incombait pleinement. Oui, c'était elle qui avait été l'archange du châtiment cette fois, elle qui avait conduit Jun au dernier barreau de sa vie, elle qui, choisissant l'éternité, l'avait voué à traverser le pont qui menait vers l'au delà. Maintenant, elle clamait sa mélancolie au premier inconnu venu, un inconnu qui la troublait tellement il ressemblait à son Jun, un inconnu qui n'hésiterait sans doute point à lui donner le coup de grâce s'il en avait l'occasion. Elle aurait pu se retourner vers lui et le tuer à ce moment là mais, elle n'en avait pas la force, pas l'envie. Non, la jeune femme ne voulait pas assassiner Jun une nouvelle fois.

Baissant les yeux, elle contempla deux fleurs sur le sol, deux fleurs l'une à côté de l'autre, dormant paisiblement, attendant les doux rayons du soleil pour resplendir de nouveau. Les fleurs étaient éphémères et pourtant, pourtant la joie qu'elles procuraient à ceux qui les observaient était grande, tellement qu'on leur avait attribué à chacune un symbole, une signification que seuls les plus intéressés pouvaient connaître. La vampire n'avait pas la prétention d'être d'une grande sagesse, une sage à la connaissance infinie, mais elle reconnut ces deux fleurs, ainsi que leur signification. La balance de son destin semblait lui jouer bien des tours, choisissant deux fleurs si contradictoires de par leurs symboliques. Une tulipe jaune se trouvait là, surplombant la seconde fleur de sa hauteur, comme si l'amour impossible était dominant. Puis, près du sol, semblant essayer de se soustraire à la vue des êtres, une capucine attendait sagement son heure, l'heure où l'amour caché qu'elle représentait serait révélé au grand jour, l'heure où l'interdiction serait levée.

Pourtant, Mitsuko ne faisait le lien, non, elle ne comprenait guère ce que cela voulait signifier, ou peut-être ne désirait-elle pas comprendre. Ce fut justement à ce moment là que les mains de Naram vinrent se poser doucement sur ses hanches. A dire vrai, la jeune femme ne s'y attendait pas mais elle ne bougea pas comme si elle acceptait les conséquences du voeux qu'elle avait fait. Oh, elle aurait pu tressaillir, rejeter cette approche en envoyant son faux Jun dans l'autre monde mais elle préférait rester impassible, attendre tout simplement. Pourtant, son esprit s'envola à des lieux de là, à des heures où celui qu'elle considérerait à jamais comme un mauvais génie lui avait fait don d'un collier, un collier en argent, sertit d'un joyau d'un noir enchanteur. Elle ne savait pourquoi elle pensait à ce dernier à présent, comme si une force avait détruit en un instant toute la raison de son être, comme si elle devait impérativement porter ce bijou. Oui, elle sentait son destin filer entre ses doigts à ce moment là, en même temps que les mains de Naram remontaient doucement jusqu'à sa taille et que le jeune homme se collait à elle, aussi froid que la glace, tellement froid que même le diable à ce moment là aurait eu envie de le réchauffer.

La jeune femme leva les yeux vers le ciel, appuyant légèrement sa tête contre Naram, prenant cette liberté puisqu'il en prenait bien plus encore. C'est à ce moment là qu'elle s'aperçut qu'il allait bientôt y avoir un événement extraordinaire, un événement rare et peu visible par le commun des mortels, un événement qui plongerait bientôt le rocher au clair de lune dans le noir le plus absolue. Oui, une éclipse complète allait arrêter le temps, donner à ce moment des possibilités infinies pendant un court instant, un instant où toute inhibition pourrait tomber, un instant où tous les rêves semblaient pouvoir se réaliser, les souvenirs reprendre leur place, les fantasmes se révéler. Mitsuko frémit doucement lorsque Naram posa ses lèvres sur son cou, l'une des parties les plus sensible de son corps. Elle aurait tellement voulu y croire, s'accrocher à cette espérance mais elle savait que le jeu était faussé...oui, il l'était car elle avait fait le voeux que Naram incarne Jun et dans son égoïste coeur, elle n'avait pensé qu'à se faire enlacer par Jun alors que derrière ce visage si identique, un être se cachait, un génie qui faisait de son mieux pour incarner ce qu'elle désirait qu'il soit. Et pourtant, peut-être qu'à ce moment là, elle comprenait le poids de sa demande, un poids terrible, le poids du doute. Que voulait-il lui?

Il lui susurra doucement ce qu'elle souhaitait entendre quelques secondes plus tôt mais, à présent, qu'en était-il? A ce moment là, Mitsuko décida de combattre de front la mer déchainée, la combattre de toutes ses forces et ne plus aller dans son sens. Son coeur battait, c'était un fait inéluctable. Mais étaient ce les mots de Naram, tel un poison auquel elle ne pourrait échapper, qui étaient en cause, les mains de Jun sur son corps, ses lèvres ou les conséquences qu'aurait à l'avenir la décision qu'elle allait prendre, une décision qui pourrait briser la magie de cet instant en un éclair, en changer toute sa portée. Oui, elle sentait brûler ce feu en elle, un feu que le génie avait provoqué et elle doutait que l'océan pourrait l'éteindre un jour.

L'éclipse de lune atteint doucement son paroxysme, la nuit la plus sombre s'abattant alors sans pitié sur les ombres de leurs deux corps. Un simple froissement de tissu se fit entendre, puis, plus rien, comme si le temps avait été arrêté. Le silence était maître, oui, entièrement souverain, dansant une valse dangereuse avec la noirceur, tels deux amants s'apprêtant à faire tomber les barrières inutiles d'une existence trop souvent bridée. Et là, une voix cristalline brisa la valse, répandant un doux murmure dans la nuit :

"Et si..."

La voix se tut un instant, comme découragée puis reprit quelques secondes plus tard :

"Et si je n'avez exigé de vous ce souhait si égoïste, vous seriez vous comporté de la sorte, m'auriez vous enlacé comme vous venez de le faire à l'instant?"

Son ton ne laissait aucun doute sur ce qu'elle pensait être la réponse. Si ce souhait aurait été celui de Jun, Naram n'aurait peut-être jamais franchi la distance qui les séparait jadis. Et pourtant, était-il conscient que l'endroit qu'il avait choisis pour ce baiser avait une signification?

"Vous semblez n'éprouver que ce que je désire que vous éprouviez...et pourtant, ce baiser, ce baiser dans le cou, avez vous ne serait-ce que la moindre idée de ce qu'il signifie?"

Elle se tut de nouveau, comme si elle souhaitait que le jeune homme se pose la question, s'interroge, devienne esclave de sa question. Le silence sembla durer de longues secondes, des minutes interminables...

"Je te veux..."

Elle avait dit cela dans un souffle, laissant de nouveau place au silence. Jouait-elle? Personne ne saurait le dire, le noir cachant la moindre expression. Puis, elle reprit dans une ultime question :

"Voilà ce qu'il signifie...et vous, Naram, que voulez vous?"

La lumière revint petit à petit, révélant ce que l'éclipse avait caché jusqu'ici. La jeune femme s'était retournée d'un mouvement souple, enlaçant Naram à son tour, collant son corps contre le sien et posant ses mains dans le dos du jeune homme aussi délicatement que possible, comme si elle s'attendait à le briser ou à ne serrer que de l'air. Pourtant, elle voulait faire en sorte que Naram existe, ne disparaisse pas, son oreille contre lui, son front blottit contre le cou du génie, serrée contre l'homme sans aucune retenue. Cependant, ce geste n'avait jamais semblé aussi innocent, un ange serrant le désespoir dans ses bras, un ange qui craignait de brûler ses ailes à aimer un être ressemblant à l'océan, un être dans les yeux duquel on pouvait si facilement se noyer. Mais, Mitsuko n'avait rien d'un ange et la lumière de la lune laissait apercevoir, niché au creux de son cou, le joyaux du collier donné un jour par le génie maléfique.
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Lun 25 Avr 2011, 15:00

    « ...et vous, Naram, que voulez vous? »


    Musique thème : https://www.youtube.com/watch?v=2Ff0PGN1ID8



    Et toute mon âme se perdit dans une déchéance sans frontières, sans restrictions, annihiler ma raison et ne laisser que l’envie d’être s’exercer sur ma pensée fuyante. Oserai-je embrasser ces flammes prohibées par un cœur éteint ? Je restai silencieux, mon regard en coin admirant l’instant, son parfum enivrait une excitation naissante en mon corps tremblant légèrement. Ce que je voulais avait toujours été un sujet sensible, délicat dans le sens où au-delà des relations charnelles, un interdit régnait sur les génies et cet interdit là conduisait à un dessein aussi sombre que notre âme si nous nous y corrompions sans retenue. Cette nuit de terreur reflétait nos plus beaux souvenirs et le paradoxe m’habitait sans cesse. Je doutais de ce que j’étais chaque jour plus intensément, des souvenirs en bride me venant sans raison, ils ne me rappelaient que ma plus grande folie. Je ne savais pas grand-chose de mon passée, mais je me souvenais avoir été dévoré par des ombres dans un but incertain, celui sûrement de pouvoir effleurer un fantôme de mon passé, c’était du moins la sensation qui me revenait : j’avais voulu retrouver une femme. Perdant les Hommes et leurs âmes dans leurs retranchements, ce fut Kurenai qui m’alerta sur le chemin dangereux que je prenais et des risques que j’encourrai à sombrer avec tant de haines en moi. Mais à l’heure actuelle, me souvenais-je seulement de la raison qui m’avait poussé à devenir l’ombre ? Trop de secrets m’entouraient et je rêvai de cet instant où tout me serait révélé.

    Des doutes aussi vastes que l’océan de mes peines sommeillaient en Mitsuko qui bataillait contre elle-même au sein de ces choix pris. Mais qui étais-je pour donner les leçons et lire ses raisons ? J’avais fuis le soleil et m’étais nourris de tout ce qu’il pouvait y avoir de mauvais chez l’homme pour rependre ce chaos et je n’avais que ce seul souvenir de mon passé : un immense flot de haines. Alors n’étais-je qu’une vengeance réincarné pour servir ? Mes désirs passeraient-ils par les sacrifices des autres ? Ce que je voudrai engendrerait-il à nouveau le chaos ? Je n’avais jamais osé répondre à mes propres questions de peur d’être déçu des réponses que je pourrai trouver. J’espérais que le temps agisse et qu’il me protège. J’espérais trouver et perdre à la fois, de peur de n’en avoir trop su et de perdre le contrôle de la situation. Dés l’instant où Mitsuko repris la parole, je su que le jeu des masques étaient rompus. Elle aussi avait dû connaitre le plaisir malsain de poursuivre l’impossible et d’aimer ça mais plus encore, elle était prête à fermer les yeux pour pouvoir les ouvrir sur une autre réalité, comme si elle cherchait à aller au-delà de ce qu’elle voyait en moi et cette idée me faisait frissonner, je pouvais jouer n’importe quel rôle, prendre n’importe quelle apparence seulement là, tout était différent : il fallait garder mon propre visage pour jouer au mieux un autre personnage, cela me déconcertait. C’est comme si je devais jouer mon propre personnage et en être incapable. Je compris alors qu’il était bien plus difficile d’être soi même que de mentir. S’il fallait aimer, je pouvais aimer, s’il fallait tuer, je pouvais faire naitre une rage artificielle, s’il fallait même aller jusqu’aux fantasmes irréalisables, j’étais prêt à tenter l’impossible, oui. Mais s’il fallait que j’aime, s’il fallait que je me laisse aller à faire ce que je voulais accomplir, alors la donne changeait. Il n’était plus question de mon devoir de génie mais de mes désirs d’hommes. J’étais prêt au prix d’un souhait mais au mépris d’un rêve, étais-je capable des mêmes folies d’un soir ?

    Je fis pousser des roses rouges d’une caresse sur son épaule, et des terres arides sortirent des pétales d’un éclat incomparable alors même qu’un nouveau frisson traversait son corps. Elle ne voulait pas vraiment que je lui réponde, simplement que j’y réfléchisse, elle avait dû vivre seule toute sa vie. Oui, elle avait dû vivre dans un monde où ces êtres grouillants ne l’avaient jamais compris et où elle jugeait bon de forcer ces ignorants à se poser les bonnes questions ; Jun de cet instant me sembla être bien plus qu’une skyzophrénie parfaite : il avait été nourrit des désirs de Mitsuko à être l’homme qu’elle n’avait jamais rencontré, puisqu’aucuns autres n’avaient été à la hauteur espérée, lui au moins serait différent ; et c’est de ce manque affectif à chercher une perfection inexistante dans une réalité que Jun trouva une âme. Seulement comme tout désir comblé, un sacrifice s’impose toujours et delà vient l’impossibilité, celle d’aimer, Jun était un ange dans le corps du diable qu’était Mitsuko et j’en comprenais enfin toute l’intensité. Mais d’où était née une telle chimère ? Quel esprit torturé aurait put lui permettre de rompre les lois de la magie pour lui permettre de recouvrir ce besoin qu’aucun autre n’aurait put réussir à satisfaire ? Mes mains remontaient, longeant la chute de ses reins comme une cascade de sensualité et prenant le chemin dangereux de la douceur infinie de sa peau si pâle. Caressant ses cheveux, je sentis la chaîne de son bijou que je n’avais pourtant pas encore vue. C’était étrange, comme s’il venait d’apparaitre ou plutôt qu’il avait toujours été là mais que mon intention et ma rétine n’avaient dessiné son contour qu’à l’instant, comme si l’objet n’était pas dans la même réalité que celle de Mitsuko et moi pour le moment mais que depuis l’instant où j’avais fais mon choix, il m’était apparu comme si celui-ci nous aurait reliés. Parce que oui, j’avais fais un choix que je ne comprenais pas vraiment. Je n’osais pas l’assumer pleinement mais il était fait, je désirai Mitsuko au-delà des vœux et des lois des Djinns-esclaves, je ne voulais pas laisser une fois de plus ce sentiment m’échapper. Non, je voulais aimer, même si tout n’était qu’artifice, même si rien n’avait lieu d’être, même si j’étais fou et elle ignorante, même si je n’en comprenais pas les ressorts mais qu’elle n’en décelait pas la trame, je ne voulais laisser cette seconde s’effondrer, s’écouler dans ce sablier, je voulais aimer sans m’éprendre. Je n’avais jamais aimé, du moins de ce que je m’en souvenais. Je n’avais jamais réussis à éprouver l’envie de rester avec une personne plus qu’une nuit, j’étais ainsi fait et bien que je m’attachais parfois, je n’aimais jamais réellement, je me l’interdisais comme si une blessure incompréhensibles m’empêchait d’y céder, de me mettre à nue et de faiblir face aux sentiments. J’étais plus heureux dans la solitude, à enlacer les ombres et les fantômes, eux ne pourraient plus me faire de mal, le mal était déjà fait.

    Et je soupirai, entre envie et souffrance, j’étais spectateur et acteur à la fois, tout ne tenait qu’à un fil et si je faiblissais, je le savais, tout changerait. Elle demandait à Naram ce qu’il désirait mais je n’avais jamais vraiment été Naram, lui aurait su prendre la bonne décision sûrement. Et j’aurais tant voulu lui révéler ne serait-ce que mon nom pour qu’elle puisse faire véritablement face à l’homme qui se tenait contre elle, avec elle. Elle dansait entre les « vous » dont elle extirpa un « tu » qui m’obligeait à faire face moi aussi à ces peurs immatérielles. Mon front contre son cou n’était qu’une prémisse, ma bouche remontant à l’origine, je rompis le silence qu’elle gardait jalousement, mes lèvres collées contre sa peau.

    « Cet égoïsme nuptial est aussi mien. » Et sur mon poigné que je voyais à travers sa chevelure d’or, l’emprunte du prénom Mitsuko me sembla moins hasardeuse, après tout peut-être que ce que j’avais oublié n’avait pas totalement disparu de ma mémoire et que ce que je voulais n’étaient que des ricochets de choix passés.

    « Je vous désire et cela m’effraye et m’excite à la fois. Il est facile de se cacher derrière un masque, vous en savez quelque chose. Il l’est moins lorsque l’on est obligé de faire tomber ce masque. » Puisque tant que l’on me souhaitait mes faveurs, je les offrais sans réfléchir à ma part de désir mais Mitsuko m’obligeait à un dilemme d’une autre mesure, celle où je pouvais agir au-delà. Après tout, j’avais peut-être cette hantise d’une déception malheureuse. J’étais possessif, son égoïsme n’était rien, j’éprouvais bien pires fantasmes mais pourtant, dans ce baiser j’avais pu effleurer du bout des lèvres l’emprunte indélébile de deux canines, une marque sombre qui me rappelait que je n’avais été le seul à la désirer, elle était déjà tatouée d’un autre amour et si je n’étais qu’une lubie passagère, accepterai-je les conditions d’un contrat dont l’échéance serait le levé d’un soleil qui ferait disparaitre bien plus que Mitsuko et cette entrevue étrange entre elle et moi ; cela ferait disparaitre tout le désir que j’avais éprouvé une nuit durant, à présent incapable de l’oublier : c’était après tout ce qu’elle avait voulu quelques instants plus tôt : « Je souhaite que votre cœur devienne mien à jamais. » et j’eus comme le sentiment que celui-ci lui appartiendrait peu importe ma raison.

    « La véritable question, ma reine, est de savoir si votre cœur deviendra mien… à jamais. » et je comprenais toute la portée de mes paroles. Pourquoi l'avais-je appelé ainsi ? Je maîtrisais de moins en moins la situation présente, cela me venait comme un écho du passé et bien que je ne savais nullement qui elle était, elle sembla porter la couronne de la nuit. Me tenant toujours aussi droit, mes épaules larges comme une couverture de ténèbres sur son corps fragile, mes repères fondaient dans l’ombre, elle devint la seule valeur certaine que mes yeux et mon cerveau acceptaient de croire. J’avais perdu confiance en la réalité, je préférai croire que tout n’était que volonté et en cet instant, elle était ma seule et unique volonté.

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Mitsu
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Mitsu
Jeu 28 Avr 2011, 18:14

Votre passé est mon présent et sera notre futur...


Tel un courant violent révélant amour et passion, les roses rouges d'une rencontre passée vinrent emplir le rocher au clair de lune, leurs pétales révélant des désirs qui, longtemps cachés, avaient été consommés avant de se trouver consumés, réduits à néant par le destin sans aucun espoir d'appel. Mitsuko tressaillit devant la beauté du spectacle que Naram lui offrait et elle songeait apercevoir un instant, rien qu'un instant, l'homme véritable qui se trouvait en face d'elle, l'enlaçant, la caressant de ses mains délicates. Et pourtant, pourtant, au plus profond de son être, elle savait qu'elle allait fuir devant les propos du génie, des paroles qui ne pourraient sonner autrement que comme les prémices d'une promesse qui se retrouverait déchue trop vite. Car elle ne pouvait songer un instant, une seule seconde, être en mesure de donner à cet être ce qu'il désirait. Et par delà les profondeurs de son âme, elle voulait croire en cette réalité faite d'illusions, en sa réalité qui consistait à penser que les Djinns ne pouvaient aimer. Et cela la rassurait, la confortait dans son point de vue, car, d'amour, elle était également incapable.

Pourtant, le bijoux autour de son cou semblait renfermer bien des mystères, bien des souvenirs emplis de ce sentiment impossible pour les créatures maléfiques. Et la jeune femme qui le portait ressentait une étrange alchimie se produire au plus profond de son cœur, alors que l'homme auquel elle était enchainée caressait ses cheveux avec une douceur infinie, une douceur qui semblait irréelle. Mitsuko savait qu'à ce moment là, elle aurait très certainement acceptée de se noyer dans l'océan déchainé afin d'obtenir les faveurs de cet homme, afin d'obtenir son affection et de renaître, apte elle-aussi d'une telle folie. Et elle sentait son cœur s'emballer sous les aveux du génie...mais en étaient-ce? Mitsuko ne savait que répondre mais tout compte fait, était-ce réellement la question qu'il convenait de se poser? Car il semblait qu'en cette nuit, les illusions frôlaient la réalité, les mensonges s'entremêlaient avec les vérités, le passé ne faisait qu'un avec le présent et les cauchemars fusionnaient avec les rêves. L'attraction que la reine éprouvait semblait irrésistible et plus elle luttait, plus il lui paraissait probable qu'elle ne tarderait pas à être défaite, toute raison annihilée au profit d'une sensation qui lui était jusqu'à présent étrangère, un sentiment venant du passé et cherchant à obtenir justice, à s'épanouir de nouveau sans possibilité d'extinction.

Et pourtant, pendant que Naram posait sa véritable interrogation, la femme blottit contre lui prit conscience qu'elle ne pouvait faiblir, que ce qui troublait son esprit n'était en fait que le reflet d'une réalité utopique qui jamais ne serait effective. Elle n'était capable de tels sentiments, lui non plus et cette nuit mystérieuse prenait un malin plaisir à leur faire convoiter des rêves chimériques, l'existence de mythes, de mirages qui les laisseraient meurtris, qui les perdraient à jamais. Et c'est alors qu'elle releva la tête vers Naram, vers celui qu'elle avait voulu être Jun, perdant son regard dans celui du jeune homme avant de déclarer d'une voix cristalline qu'elle souhaitait raisonnable :

« Allons, nous savons tous les deux que vous ne désirez que l'illusion que vous entretenez de mon être, ce mirage que la nuit aimerait vous faire croire éternel. Mais dès qu'elle se retirera, elle laissera derrière elle que le plus fade des désenchantements, je vous le garantie... »

Et elle semblait amusée de la situation, faisant face au génie sans ciller, avec une prestance commune à si peu de personnes. Elle lui souffla ainsi une autre réplique, de marbre :

« Quant à mon cœur, vous seriez surpris d'en mesurer la stérilité. Essayer de le rendre fécond ne serait qu'une peine perdue qui pourrait conduire à votre perte...je vous préviens. »

Et elle lui sourit, disant ces derniers mots sur le ton de quelqu'un qui ne faisait que jouer depuis le début, le ton de quelqu'un qui ne ressentait que le néant. Et pourtant, au fond d'elle, elle savait où se trouvait la vérité, sans vouloir le moins du monde avouer cette dernière. Oui, la vérité devait être scellée pour l'éternité en son esprit car, si les chaînes qui la maintenait enfouie cédaient, cela causerait sa perte...
Aussi, posa-t-elle doucement sa main froide sur la joue de son faux Jun, une main qu'elle voulait assurée, oui, elle était maîtresse des émotions et jamais il ne lui avait été donné de devoir les contrôler autant qu'en cette nuit de lune :

« Vous, génies, êtes désignés comme les maîtres incontestés des rêves d'autrui et pourtant, je suis faite de la même matière que les rêves, vos rêves Naram. »

Et alors qu'elle finissait sa phrase, une mélodie s'empara du lieu, une musique douce que la jeune femme ne connaissait que trop bien. Une seule seconde suffit pour que ses yeux la trahissent, trahissent à quel point cette musique l'avait toujours attiré et, à cet instant, il lui semblait que Naram la reflétait parfaitement, il lui semblait qu'il l'incarnait. Mitsuko ne savait par quel enchantement ce doux son de piano retentissait à présent mais la nuit semblait ne point vouloir se terminer, espérant sans doute que cet entretien jamais ne finirait. Et la jeune femme était submergée par un souvenir lointain, un souvenir qu'elle gardait enfouis depuis fort longtemps dans sa mémoire. Celui où, enfant, elle s'était assise pour la première fois devant ce magnifique piano blanc et qu'elle avait commencé à jouer ce son, ses doigts semblant guidés par une force mystique, ses doigts semblant habités par l'évidence de la connaissance de cet air, comme si elle l'avait répété mille fois, comme s'il faisait entièrement parti d'elle. Et maintenant qu'elle se trouvait devant Naram, ignorant la force du médaillon qu'elle portait, un médaillon vestige du passé, elle n'avait jamais autant douté sur ses propres principes.

Comme possédée par les ruines de ce qui avait un jour existé, sa main droite glissa doucement de la joue du génie pour venir emboîter la sienne. Alors, la main gauche de Mitsuko vint se placer sur l'épaule du jeune homme qu'elle ne quittait pas des yeux pendant qu'elle tendait son bras droit pour que les deux êtres se retrouvent dans la position parfaite de la valse. Ses yeux était pénétrant et elle ne voulait que se rassurer, se laissant croire qu'elle maîtrisait encore la situation, qu'elle était capable de dire non, capable de contrôler ses réactions, capable de le repousser. Et pourtant, dans les caprices de cette nuit, une autre femme était concernée, une femme qui avait prévu cet instant et qui aurait été prête à tout pour prendre la mort à son propre jeu. Et les yeux de Mitsuko s'humidifièrent peu à peu sans qu'elle ne comprenne ce qu'il lui arrivait. La tristesse qu'elle éprouvait coula doucement sur ses joues en des larmes semblant faites de diamant. Elle était incapable de détourner son regard de celui du génie et toute trace d'amusement avait été annihilée en un instant, faisant place à une facette unique de sa personnalité de par son expression, l'expression de l'âme d'une défunte qui regretterait toujours de n'avoir point prononcé les trois mots qui auraient surement tout changé. Et la musique continuait inlassablement de remuer le passé, un passé que Mitsuko n'avait jamais vécu mais qui semblait encré dans son âme, à jamais indélébile. Elle murmura doucement, un faible sourire se traçant sur ses lèvres :

« Dansons, voulez vous? »

Puis elle ajouta :

« Et réalisons nos rêves... »

Elle ne pouvait lutter contre cette force qui la dépassait et elle savait qu'en confiant son corps à Naram le temps de cette valse lente, elle ressentirait surement bien plus que l'effet d'une simple danse.

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Dim 29 Mai 2011, 23:50

    Et je su dès cet instant que Mitsuko changerait le cours de ma vie. Las des amnésies, las des oublies de l’amour, de la teneur du souvenir voilé à nos malheurs, j’étais suspendu au vide de ma vie depuis des mois, j’étais suspendu au vide de ses lèvres et si le jeu tournait à l’obsession, il n’en tenait qu’à elle pour que s’effondre les pions, les uns après les autres, reine des tactiques d’un autre dilemme plus ample encore. Qu’il était étrange de parler d’aridité lorsque l’homme mis au défi de faire aimer la nuit venait de faire pousser les roses d’un éclat incroyable au beau milieu d’une roche qui n’aurait jamais espérer accueillir la vie d’une rose avant même que la mort ne puisse la cueillir. Qu’il était étrange de parler de mensonge et de vérité comme si l’on en comprenait les entremêlements mais au final, que l’on s’y perd soi-même, que l’on sait au plus profond de soi une chose si folle, si dangereuse que notre seule raison suffit à la contenir, tout au fonds d’un domaine inviolable et secret : le cœur. Elle jouait de moi comme elle jouerait de l’homme qui ne désirait qu’elle mais elle était bien trop naïve de le concevoir, plus elle m’entrainait, plus je me répétai de ne pas céder au désir qui pourtant me prenait au ventre et remontait comme un frisson des plus agréables, je ne percevais que trop sa personnalité et détestait au plus haut point n’être qu’un souvenir commun à d’autres, être un homme de plus, une épaule éphémère, être prévisible, dirai-je même presque soumis à la volonté de la belle. Oui soumis à ses tentations, soumis à ses peines, soumis à son regard, jugeant de mon physique comme s’il s’agissait de mon âme, comme s’il s’agissait de Jun.

    « Vous m’êtes particulière. Vous ne désirez rien, ni personne, comme si vous étiez lassée par l’ennuie lui-même, et pourtant, prête à goûter à tous les fruits défendus. Le problème, ma belle, est que vous avez une hantise peu commune à votre race, celle d’être dépendante aux saveurs interdites. »

    Je l’embrassais délicatement dans le cou tout en la fixant étrangement, mon regard pointé vers son âme, je me taisais pour ressentir la cadance de sa respiration. Je continuai ensuite en fermant les yeux : « Vous osez vous aventurer sur le terrain dangereux du rêve, du désir et du mensonge mais méfiez-vous, si vous en êtes reine, j'en suis roi. De nous deux, qui donne le plus d’importance à l’apparence ? Vous qui êtes obnubilée par ce Jun alors que mon cœur n’aime que l’ombre. Vous vous y perdrez bien avant moi. »

    Puis je me détachai sans la brusquer pour pouvoir lui faire entièrement face et que nos deux visages se touchent presque, mes yeux plongés dans les siens, nos lèvres s’effleurant sans se toucher je susurrai alors d’un ton sombre : « Vous êtes bien trop belle pour refléter mes rêves. » Et je pesai toute l’envergure de mes paroles par mon sourire habituel, comme si je prenais une distance nouvelle avec les émotions qui s’emmêlaient au rapprochement physique. Mes rêves baignaient dans les ombres, mes fantasmes étaient imbibés d’horreurs et de damnations.

    Puis alors que je pensai m’extirper de son emprise vampirique dont je me serai bien enivrée une éternité durant, les choses prirent un tournant inattendu, La mélodie d’un piano ne vint aux oreilles telle une brise fraiche, douce et agréable, rompant avec la chaleur d’une nuit brûlante. Je sentis mes sens se corrompre et mon univers valser dans le néant comme si un vent violent avait balayé tout ce en quoi je croyais jusqu’à présent. Ce vent indomptable portait le nom de la femme que je tenais fermement et l’idée de ne plus vouloir la lâcher me pris de telle sorte qu’elle fut à cet instant, un trésor inestimable. Comme si mon cœur s’était réveillé après un long sommeil, des frissons tout aussi violents me traversaient de par et d’autre, je n’avais jamais connu ça de souvenir, tout se brusquait dans mon esprit comme une paisible attaque d’un ennemi invisible, j’étais empoisonné par ce piano mystérieux qui me touchait au plus profond. Je ne compris ce que je ressentais, tout ceci m’était inconnu, impossible. Je bloquai ma respiration, je perdais le contrôle et mon regard vers Mitsuko pris une ampleur nouvelle : celui-ci ne cherchait plus à la comprendre ou à décortiquer les moindres recoins de son esprit mais seulement à s’enivrer, oui, à plonger corps et âme dans ce sentiment imprévisible. Je ne pouvais plus prononcer le moindre mot mais en prononcer trois aurait donné l’impulsion à ce que Mitsuko animait en moi. Ensorcelé par la mélodie qu’elle incarnait mieux que quiconque et qui réveillaient en moi ces choses qui m’avaient toujours été inconnues et interdites, celles que je n’avais jamais envié aux hommes, ce sentiment qui les avaient tous rendus fou qui avaient tous finit par les perdre.

    Les nuages noirs envahissaient le ciel si pur et si beau, je me pervertissais sans regret, je le savais. J’attendais un moindre geste de sa part, j’avais peur de perdre la raison face à sa mystification, celle qu’elle invoquait par sa prestance, de sa gestuelle et sa voix, tout n’était qu’apparence mais elle était si belle à embrasser qu’il aurait été encore plus fou de ne pas répondre à l’appel de la musique et d’ignorer que le monde s’était arrêté de tourner pour nous deux et seulement pour nous deux. Je m’accrochai à ces paroles comme l’homme prêt à tomber d’une falaise si haute que sa fin est indubitable et quand elle m’invita à danser, je trouvai sa proposition d’une proportion rare et maitrisée, comme s’il n’aurait put y avoir une meilleure suite, une meilleure échappatoire à ma vie, comme si je n’aurais pu rêver meilleur instant que de danser avec elle. Oui, Mitsuko était façonnée de mes rêves les plus secrets mais surtout les plus inavouables. Je ne répondis pas, il ne fallait rien dire, il ne fallait plus rien dire. J’acquiesçai, essuyant une larme de sa joue d’un revers délicat de la paume de ma main, nos doigts s’épousèrent lorsque nos bras s’étendaient vers les mêmes étoiles, vers une direction commune, un souhait mutuel, celui de ne plus rien vouloir d’autre, qu’aucune autre question ne devait interférer dans le cours des choses, que le sentiment prenait le dessus mais que cela était bon. Son corps brûlant se brusqua sans violence à mes formes et à ma carrure imposante, à travers ses vêtements fins, je sentais cette chaleur et celle-ci ne cessait de me faire frissonner.

    Nous commençâmes alors à danser, nos corps mêlés sans prétention ni audace, et je n’avais jamais ressenti pareil plaisir à serrer une femme contre moi. Et alors que nous dansions, les yeux du monde rivés sur nous, les roses poussaient où nous marchions, où nous tournâmes sans que pour autant, nous nous y attardions. Seule Mitsuko comptait à cet instant, l’artifice s’effondrait, son cœur battait dans ma poitrine, aussi aride était-il, je ne désirai que le sien et ce sentiment me fit bien plus peur que la mort elle-même.
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Mitsu
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Mitsu
Dim 24 Juil 2011, 20:11

Qu'y avait-il de plus complémentaire qu'un homme et une femme? Rien, non, vraiment rien. Et là, dans les bras de son faux Jun, Mitsuko ne pouvait s'empêcher de mesurer toute l'ampleur que cette rencontre mystérieuse, cette rencontre d'un soir, aurait sur sa vie. La rencontre de leurs deux corps apporta tout autant de sensations qu'un baiser déposé doucement dans son cou, oui, elle frissonnait et elle ne pouvait s'empêcher de vouloir s'enivrer de ces frissons, de les laisser s'épanouir en elle comme ne pouvant lutter contre un destin déjà tracé. Elle ne voulait réfléchir à ce qu'elle ressentait à ce moment présent, ne voulant que le vivre, se laisser guider par cet inconnu qui n'en était plus vraiment un, oui, se laisser guider sur cette mélodie qui faisait ressortir en elle des émotions enfouies depuis bien longtemps. Oh, elle avait conscience que ce relâchement temporaire n'était point recommandé, oui, elle savait combien les génies étaient malicieux et pouvaient à chaque instant passer d'un camp à un autre, ne vivant que pour un profit qui leur était uniquement personnel. Et pourtant, elle se laissait aller dans les bras de cet inconnu, leurs deux corps semblant s'emboîter parfaitement dans cette danse rythmée par cette musique mystérieuse. Et les roses apparaissaient sous leurs pieds, semblant être le symbole d'un amour éternel, un amour né de la fusion de deux âmes sœurs qui étaient demeurées disloquées bien trop longtemps.

La jeune femme n'avait jamais ressenti pareille émotion auparavant, quelque chose qui la dépassait au plus haut point, comme si une partie d'elle même lui susurrait que c'était lui, lui qui épouserait parfaitement son âme, son esprit, son corps. Elle avait cette sensation là, une sensation qui ne lui appartenait pas mais dont elle n'avait la capacité de trouver la provenance. Et plus elle passait du temps dans les bras de cet homme, plus la chose s'éveillait en elle et grandissait, comme ne voulait jamais plus disparaître. Et la musique lui faisait ressentir mille et une souffrances en même temps que l'amour s'emparait de son cœur. Elle ne pouvait savoir que ces sentiments appartenait à une femme qui partageait le même nom qu'elle, une femme qui avait aimé jusqu'à son dernier souffle ce cavalier mystérieux, une femme qui continuait de vivre en elle et dont les sentiments passés déteignaient de plus en plus sur sa propre existence. Oui, Mitsuko souffrait, souffrait comme si cette rencontre serait la dernière, comme si elle aurait dû le rencontrer des années auparavant, comme si...elle ne pouvait pas décrire cette sensation, une sorte de nostalgie qui contait l'histoire d'occasions ratées, d'opportunités non saisies, d'un destin qui s'était voulu funeste. Et ces sentiments se mêlaient à une sorte de détresse, comme si elle ne pourrait jamais plus saisir cet homme, comme s'il allait disparaître en la laissant seule, en l'abandonnant. La jeune femme ne comprenait pas et, curieusement, elle souhaitait que cette danse cesse, que cet homme disparaisse alors qu'elle ne voulait plus jamais le quitter et rester dans ses bras éternellement.

Et, pendant un court instant, oubliant sa propre existence, la vampire se noya dans ces sentiments, les sentiments de son ancêtre et, elle ne fit qu'un avec elle, comme si elle était enivrée d'une essence qui ne lui appartenait pas, comme si sa vie n'avait toujours fait qu'un avec son ascendante et que la reine maléfique prenait le contrôle de son existence, usant de souvenirs et de magie pour vivre en elle, pour fusionner. Et, les lèvres de la jeune femme remuèrent sans qu'elle ne puisse les contrôler, planant dans un état second, un état dans lequel elle se sentait bien, profitant de chaque seconde dans les bras de Naram, observant ses cheveux bleus reflétant la lune onduler légèrement, ses yeux aussi profonds que l'océan. Et le son qui sortit de sa bouche résonna doucement dans la nuit :

« Naram, je vous aime »

Et la musique cessa sur ces notes aussi inimaginables que le fait qu'une reine de la nuit puisse aimer un jour. La jeune femme s'était arrêtée, mettant fin ainsi à leur danse, cette danse sous la lune au milieu dans champs de roses aussi magnifique que le jardin secret des fées, cette danse qui resterait sans doute gravée dans leurs souvenirs à jamais. Et petit à petit, Mitsuko prenait conscience de ce qu'il venait de se passer, reprenant ses esprits telle une enfant qui vient de se réveiller d'un rêve sublime, revenant vers une réalité effrayante. Les mots qui venaient de sortir de sa bouche n'étaient les siens, mais elle ne pouvait en aucun cas justifier de telles paroles et, peut-être qu'au moment où elle les avait prononcer, elle les avait réellement ressenti. A vrai dire, elle ne savait comment réagir et la situation semblait des plus complexes. Elle avait beau essayer de trouver une justification à la scène qui venait de se dérouler, elle restait devant un espace vide, un espace vierge de toute réponse. Et alors qu'elle cherchait une solution, son cœur se mit à battre rapidement, tellement rapidement que sa respiration s'accéléra, que sa vision se troubla et que, contre toute attente, elle sentit son corps basculé vers le vide, le néant, une descente lente mais brève. Oui, elle sentit quelque chose la maintenir, peut-être avait-elle heurté le sol sans en être consciente. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il se passait et, à vrai dire, elle n'en avait que faire, plongeant dans le monde de l'inconscience pendant un instant...

La jeune femme pensait réellement que le néant s'imposerait à elle mais au lieu de cela, son ancêtre apparut devant elle, dans une demeure qui semblait être celle de l'antre des damnées mais à une époque à présent révolue. La pièce était richement décorée mais, curieusement, rien n'était en trop, tout était parfait, élégant, aucune note de mauvais goût ne teintait en cet endroit à part peut-être les vêtements trop dévêtues de son ancêtre aux formes pulpeuses. Mais celle-ci la regardait la tête haute, une prestance hors normes l'embrassant de toute sa splendeur et son regard semblait lui murmurer qu'elle ne pouvait se vêtir comme les anges en vue de son rang. Et curieusement, pour la première fois, sa descendante comprenait. Cependant, Mitsuko se questionnait sur cette apparition soudaine...cette pièce semblait si réelle alors que quelques secondes auparavant, elle dansait dans les bras de ce Jun falsifié. L'ancienne reine du mal prit la parole, son timbre de voix d'une sensualité défiant toute concurrence mais dans lequel l'élégance ne perdait point sa place :

« Bien des mystères entourent ces terres n'est ce pas? Seulement, certains sont plus importants que d'autres dirai-je dans la mesure où ils te concernent, nous concernent. Je ne peux rien te dévoiler pour le moment et je le regrette, mais chaque choses en son temps ma chère. En ce jour, je vais te confier quelque chose d'important, un document que tu devras remettre au génie qui se tient à tes côtés. Tu ne dois pas le lire, simplement le lui remettre. Fais cela et un jour peut-être, la vérité te sera dévoilée... »

Et, sans que la jeune femme ne puisse répondre à ce discours étrange, la pièce disparut, ne laissant place qu'au vide, une nuit profonde où elle ne distinguait rien malgré ses efforts. Pourtant, dans la poche de sa robe, Mitsuko sentait qu'une chose avait été rajoutée, cette fameuse lettre, une lettre dont elle ignorait le contenu, une lettre dont elle ignorait tout...
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Dim 28 Aoû 2011, 02:10



    Thème musical : https://www.youtube.com/watch?v=GPeiAMmqUtc

    Faites un vœu et attendez bien sagement qu'il se réalise. Pourquoi défaire les gammes soigneusement composées d'un destin trop mystérieux pour être honnête ? Il n'écoute pas vos doléances, que peut-il en savoir ? Serez-vous heureux à suivre un chemin bien tracé dans votre tête ? Qui vous l'aura insufflé ? Vos choix sont-ils assis sur votre fausse indépendance ou étouffés par la volonté de vos proches ? Oui, faites un vœu mais demandez-vous s'il s'agit réellement du vôtre et non d'un miroir reflétant l'image que vous auriez voulu vous donner. Suis-je vraiment le sale type de cette histoire ? Suis-je vraiment cet abruti sans cœur qui effraye les enfants et fait pleurer ces dames qui me croyaient déjà à elles, confortablement blotties contre mon cœur artificiel, façonné de la perfection qu'elles m'auraient donné ? Je suis le reflet de vos espoirs, je suis votre vœu le plus cher en chair et en os. Faites un vœu et rassemblez au fond de vous tout ce qui vous a fait pleurer, de joie ou de peine, tout ce qui vous a un jour ému, qui a rendu votre jour meilleur ou votre nuit, plus tranquille. La solitude vous perdra peut-être mais vous avez appris qu'un cœur ne peut plier, il se casse à la moindre contrariété. Inutile de paraitre forte, je vois avec plus de couleur ce que vous vouliez le moins paraitre à mon regard qui vous fusille, vous met à nu trop de fois, ce malaise je le ressens mais je l'aime, c'est la preuve que je vois ce qu'il y a derrière la glace, votre carapace plie sous le poids de mon jugement, fonds sous ma caresse. Vos paroles ne m'hypnotiseront pas, je n'ai que trop de fois illusionné mes partenaires d'un soir, leur montrer la beauté qui cache l'horreur dans sa belle robe de paillettes, tout est plus beau avant la mort. Vous avez peur ? Il ne faut pas, vous serez en sécurité lorsque je vous enlacerai; je vous bercerai au royaume de mes rêves, vous serez heureux, drogués et libres aux pays des merveilles. Alors faites un vœu, qu'avez-vous à y perdre si ce n'est goût en la réalité ? Qu'a-t-elle à perdre, à vous perdre ? L'importance que vous donnez à une chose qui ne vous en donne aucune. La voilà, la grande injustice que nous protégeons pourtant tous : cela fait moins mal. C'est un risque, un jeu à double-tranchant, moi j'ai perdu la foi mais je serai ravi de perdre la vôtre en route dans une valse délirante.

    Elle m'aimait ? Elle m'aimait. C'était le plus beau mensonge qu'il m'avait été donné de croire et j'aurais tant voulu qu'elle le répète avec autant de dramatisme, tant cela était joué à la perfection et tant je voulais que cela soit la seule vérité de ce monde. Que le diable puisse m'aimer. Ô j'aurais tant désiré hurler à cet instant. Cracher au visage du destin. Plonger au cœur de l'océan, m'y sentant tellement en sécurité. Loin des hommes. Loin du mal. Loin des politesses. Loin des hypocrisies. Elle ne pouvait pas m'aimer. Moi je ne pouvais pas l'aimer. Ces choses-là, c'était du passé qu'on enterrait si profondément qu'on ne priait plus que pour que ces sentiments ne fassent jamais surface, aussi longtemps que le monde serait et moi aussi.

    Et ce soir tout changeait. Elle embellissait ma réalité d'un regard aussi somptueux que des étoiles de passage. Des étoiles qui, brillaient pour nous mais n'étaient qu'un reflet du passé dans le ciel ; car en réalité, à des années lumières des hommes, elles s'étaient déjà toutes éteintes. Toutes celles que l'on voyait, n'étaient que des lumières déjà mortes. C'est ainsi que les paroles de l'aimante femme se fanaient aussi tôt avaient-elles été prononcées à mon égard. Je ne pouvais l'accepter. Pourtant, la douceur de sa peau était une docile extase, je caressai une chanson triste lorsque j'effleurai son visage et lorsque nous dansions, j'avais la sensation de cueillir une rose sauvage en la prenant par la taille.

    Je ne rêvai que de l'embrasser. Mais le goût de ce baisé, je l'avais déjà en bouche. La douleur de ses épines me serrerait le cœur et le poison qu'il rependrait ferait frissonner mon corps, ferait suer mon âme. Ce baisé serait une caresse mortelle, je succomberai à la claque de ce vent sulfureux et l'étreinte de ses lèvres rosées serait le danger le plus excitant qu'il m'aurait été donné de vivre. N'était-elle fatiguée d'être désirée par la Terre entière ? Vraisemblablement pas puisqu'elle aimait jouer ce petit jeu, ça se ressentait de toute façon. Ces femmes-là n'aimaient que ça. Se sentir mille fois aimé sans retour de peur de devoir aimer à leur tour et ne pas faiblir au détour. Mais je n'étais pas son Jun. Je haïssais cet homme sans le connaitre. J'aurais tant pu être une bien meilleure compagnie que ce fantôme qui avait préféré l'abandonner. Pourquoi n'avait-il pas tout fait pour ne pas la laisser partir ? Moi je n'avais pas eu la même chance que Jun. A moi, on ne m'avait pas permis d'aimer et d'être aimé. Et alors que cela arriverait ce soir, je ne pouvais le croire. Ce n'était pas dû à ma légendaire obstination maladive, ni à mon cruelle manque de confiance dans les mots que les autres ne comprenaient plus et prononçaient à tout va. Simplement à cette sincérité. Cela sonnait tellement faux. Pourtant, mon âme pleurait. Comme si j'avais rêvé pendant mille ans que cette femme prononce ces mots alors que je ne la connaissais que depuis une heure ou deux. Je me sentis la voile d'un bateau dont on venait d'arracher l'ancre, prétentieux d'une liberté incompréhensible. J'eus presque la sensation d’étouffer à ses mots assassins. Ces blessures endormies depuis si longtemps venaient d'être à nouveau piquées à vif par un serpent talentueux à qui je laissais volontiers la liberté de me charmer. Mitsuko au venin si agréable. Mitsuko à l'allure si détestable, sa prétention que je pouvais haïr et pourtant, je le savais, mon cœur battait pour elle. Je ne pouvais pas le permettre. Je ne pouvais pas le croire.

    Je la lâchai alors. Toutes les fleurs en pleine mouvance se turent et mourraient à nos pieds. Ce rêve palpable se finissait, d'un touché, nos doigts nageaient dans un vide incommensurable. Son corps manquait au mien. Noircissant, les fleurs périrent sans pitié et je m'éloignai de Mitsuko, lui tournant le dos.

    « Faire pousser des milliers de roses dans de la roche aussi aride que ton cœur, ça, oui, je peux le faire. Réaliser tes rêves, te faire croire que ce monde est parfait, je peux le faire. » Et j'agitai les bras, tournant doucement sur moi-même, puis, la fixant : « Mais t'aimer... Je ne peux pas... Je ne sais pas, aimer. Tu m'évoques autant de peine que de bonheur. J'ai tout oublié. Peut-être même que toi aussi, je t'ai oublié. Et en t'oubliant, j'ai oublié qui j'étais. Mais encore ce matin j'étais un parfait inconnu et je le suis encore. Tu aimes ton Jun de malheur, je le ressens bien. Mais je ne suis pas Jun. Je peux te promettre de le retrouver si tu le souhaites. Je peux te promettre bien des choses. Mais pas de croire à tes mensonges. Tu disais être faite de rêves? Et bien mon cœur n'est pas fait de la même matière que le cœur des hommes. Et si je t'aime, je suis perdu... je suis condamné car je sais au plus profond de mon être, que ton amour est illusoire. Et je ne veux pas vivre dans le passé. J'ai déjà un fantôme à mes trousses qui veut ma peau, le Mârid qui va bientôt apprendre que je ne suis pas mort et qui va tout faire pour finir le travail qu'il a entrepris. J'ai perdu tous mes souvenirs, j'ai oublié tous ceux qui ont compté pour moi, un jour. On a tué tous ceux que j'ai aimés. Et tout ça, je peux l'endurer, je suis assez fort pour ça. » Et on sentait que pour la première fois, je perdais mon calme légendaire.

    « Mais toi... Toi, je ne peux pas t'aimer. Je ne suis pas assez fort pour ça. Pour me persuader que je ne rêve pas, que je ne me berce pas de mirages qui ont ta beauté, ton visage et ta voix si enivrante. J'ai l'impression de te connaitre par cœur, savoir ce qui te fait peur, ce qui te ferait plaisir, ce qui te rendrait heureuse. J'aurais presque la prétention de savoir ce qui te détruirait. Alors que ton nom n'est même pas un souvenir. Et pourtant, dieu sait que mourir serait préférable plutôt que te faire le moindre mal. Tu pourrais détruire le monde et trôner en enfer, tu n'aurais de moi, que la douceur d'un homme. Et ça tu vois, je ne peux pas le permettre. » Et je me tus, posant mes deux mains aux deux extrémités de mes tempes pour me persuader que je n’avais pas dit tout ça, que ce n’était qu’un mauvais rêve, moi qui ne dormait jamais.

    « J’ai l’impression de faiblir sous le poids d’un souvenir invisible. D’une image de toi que j’aurais brûlé. Et pourtant, c’est toi... Toi qui es en face de moi. Et je suis certain qu’il n’est question que de toi, même si tu me fais étrangement penser à une femme que j’ai oublié, c’est toi qui me déstabilise, toi qui me rend… Différent. Et, ça me fait si peur. »

    Un puissant mal de tête me venait, cette femme était tout ce que j’avais pu désirer en secret. Son caractère puissant, ce qu’elle dégageait. Elle était ma faiblesse et donc un problème. Je ne pouvais pas laisser ce que j’étais en proie à ce mal. Pourtant, je regrettai déjà de l’avoir lâché un instant pour y réfléchir. Son contact me manquait déjà tant. Je baissai les yeux, lâchant son regard addictif, je devais faire un choix. Moi, pourtant éternel indécis. Je devais décider de la suite des évènements. Tout ne dépendait que de moi, d’une volonté propre. J’étais incapable de prendre une décision et il le fallait. Pourtant, ce n’était pas moi. Je ne pouvais pas douter. Je n’ai jamais douté. Pourquoi, alors, me posai-je cette question ? Parce que je devais, peut-être, agir ? Ne pas attendre que les choses se passent, attendre que mon vœu se réalise tranquillement, que le destin ait composé ma gamme désaccordée. Je voulais demeurer intouchable. Je suis cet homme qui n’a pas de cœur, que les sentiments n’effleurent plus. Alors pourquoi Mitsuko était différente ? Pourquoi avait-elle cette attraction qui me rendait si étrange ? Pourquoi me foutais-je éperdument de la réponse à toutes ces questions ? Moi qui aimer songer, pourquoi je m’en fichai totalement, pourquoi ne voulais-je qu’une chose : ne pas regretter de n’avoir pas vécu cet instant comme je l’aurais tant voulu. Des désirs inavoués, j’en avais eu des pelles à travers ma vie, enfin pour les épisodes qui me revenaient. Mais cette Mitsuko, elle n’était pas mon passé. Peu m’importe à qui elle me faisait penser. Elle n’était pas mon passé. Elle était un présent que je ne pouvais laisser filer et ça, c’était le plus important.

    Alors, mon regard vint à nouveau rencontrer le sien, toujours aussi sombre mais avec une pointe de malice, comme d’habitude. J’eus alors l’audace de reposer mes mains autour de sa taille mais cette fois avec plus de douceur, peut-être un soupçon d’hésitation ? Mon front collé au sien, nos yeux se faisant presque la guerre ou l’amour, nous étions deux symétries aux paradoxes de l’autre et pourtant, alors que je sentais son souffle, alors qu’une seule envie me traversait l’esprit et ne pouvait se défaire, je n’eus qu’une audace, celle de lui souffler dans la lenteur nocturne : « Oserai-je ? »



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La lune est à son Zénith. [Mitsuko]

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