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 Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana

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Zeryel
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Zeryel
Ven 19 Jan 2024, 13:29

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Fcd3
Liste non exhaustive des raisons de te tuer
Lana & Zeryel



Liens du rêve : #01 - #02 - #03 - #04 - #05 - #06


Il y avait, par delà les enchevêtrements impénétrables des branches fertiles en épaisses et larges feuilles à l'aspect luisant, sa liberté. Son regard plongea en contrebas. Du lierre ancien croissait comme une toile d'araignée aux fils d'ébène sur toute la surface de la tour. Serait-ce assez solide s'il y suspendait son poids ? Et une fois en bas, vers où irait-il ? La géographie de ce lieu lui était totalement inconnue. Son poing heurta mollement le rebord en pierre de la fenêtre. Il s'inventait des excuses. Il n'aurait pas dû hésiter, mais se lancer, et tant pis pour les conséquences, tant pis s'il s'écrasait plusieurs mètres plus bas, tant pis s'il se perdait dans la jungle, tant pis si Lana se vengeait sur lui ensuite. Il aurait dû ne pas réfléchir aux conséquences. Ce n'était pas la peur qui le retenait d'enjamber la fenêtre ou de forcer la serrure de la porte. Inlassablement, Zeryel aiguisait avec soin les détails de plusieurs plans pour s'échapper. Jamais il ne les mettait en pratique. Plus le temps passait, plus la haine qu'il portait à la blanche se déportait sur lui-même. Toute sa vie, il s'était cru doté d'un courage exemplaire, d'une mentalité forte et déterminée qui le poussait vers l'avant, qui lui permettait de surmonter les obstacles, quels qu'ils soient. Découvrir ce qu'il en était dans les faits lui laissait un goût amer dans la bouche. Un lâche. Était-ce elle qui l'avait rendu comme ça ? Qui l'avait diminué et affaibli ? Ou n'avait-elle fait que révéler qui il était ? Son front s'appuya sur son poing et ses yeux se fermèrent. Il sentait ses cheveux chatouiller sa nuque, plus bas qu'auparavant. Le passage du temps avait fait disparaître des mèches toute trace de teinture. Il n'y tenait pas tant que ça, ce n'était qu'un détail futile, mais c'était surtout un signe supplémentaire de sa captivité prolongée et c'était plus douloureux que toutes les souffrances physiques qu'elle pouvait lui infliger.

Les draps remuèrent dans son dos et il se retourna. Il était rare qu'il soit le premier à se réveiller. Habituellement, elle partait sitôt l'acte accompli, ou elle se levait bien avant lui et quittait la chambre. Quand il ouvrait les yeux, il était toujours seul, avec pour seule compagnie ses remords et sa haine, et son parfum à elle imprimée sur sa peau et entre les draps. Sans un mot, il vint se poster au pied du lit. Il ne prit pas la peine de s'habiller. Sa dignité ne résidait pas dans sa pudeur, pas avec ce qu'ils partageaient pour faire germer la vie en elle. Il songea qu'il aurait pu la tuer en s'éveillant tout à l'heure. Surpris de la découvrir encore à ses côtés, il était resté à la fixer, tel un agneau paralysé par la peur en découvrant qu'un loup a choisi de s'assoupir dans la bergerie. Il aurait été facile alors de mettre fin à son calvaire. Une fois morte, que ferait-il ? Comment réagiraient les fidèles de la souveraine ? Se retourneraient-ils contre lui ? Sans doute vaudrait-il mieux fuir avant qu'ils ne découvrent son cadavre. Mais ne devait-il pas tenter de sauver les autres prisonniers, s'il y en avait ? Rendre leur liberté à tous. Une fois encore, Zeryel n'avait rien fait. Il l'avait dévisagée, comme s'il redécouvrait ses traits pour la première fois. Il y avait moins de dureté quand elle dormait, plus de délicatesse. Vulnérable, comme par le passé, avant qu'il la connaisse, et avant qu'elle ne souffre. Il avait failli caresser la ligne de son menton avant de retenir son geste en se demandant ce qu'il fabriquait exactement. Troublé, il avait fini par quitter le lit.

Il l'observait avec sévérité. Non sans une ombre de culpabilité, il vit sur son bras le dessin bleuté que ses doigts avaient laissé quand il avait serré trop fort en voulant la maintenir au sol. Ils n'étaient pas toujours d'accord sur la façon de s'unir, et dans ces moments, des frustrations de Zeryel jaillissait une rage aveuglante où il ne se maîtrisait plus. Il n'y avait que là qu'il ne savait plus s'il voulait la tuer ou être en elle. Elle le rendait fou. Son ossature gracile n'était qu'un leurre. Il avait appris à ses dépends combien elle était dangereuse. Son épiderme gardait les cicatrices de ses ongles creusant dans sa chair, des liens mordant sa peau jusqu'au sang. La plus fraîche s'enroulait autour de son cou comme un collier rougeâtre encore à vif. Aimait-elle tant que ça lui rappeler qu'il était l'esclave ? Naguère, il se souvenait lui avoir murmuré qu'il resterait avec elle, après avoir vu ce qu'elle lui avait montré. Il avait été tendre. Il lui arrivait de l'être. Parfois, mais rarement, il la caressait avec douceur, quand le silence se faisait dans son esprit, qu'il cessait de penser, et que seul le moment présent existait. Ces moments étaient comme un baume salvateur, une onde de soulagement sur l'instant, mais qui ensuite le torturaient bien plus que tout le reste. Finalement, il croisa les bras sur son torse et rompit le silence. « Je veux sortir d'ici. » Ce n'était pas la première fois qu'il formulait cette exigence. « Mets-moi une laisse si ça te chante, mais je vais devenir fou si je reste dans cette chambre un jour de plus. »

Message I | 953 mots
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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mer 24 Jan 2024, 21:50



by WhiteKuroe

Liste non exhaustive des raisons de t’emprisonner

En duo | Zeryel & Lana



Sur le dos, la blonde se redressa sur ses avant-bras et darda son regard sur le brun. Ses iris d’acier resculptèrent ses pommettes, avant de descendre sur les lignes de son torse, puis de remonter pour plonger dans les siens. Il avait l’expression de celui qui voulait exiger quelque chose. Nul besoin d’être devin pour savoir de quoi il retournait ; pourtant, quand il clama l’évidence, elle sentit comme une coulée de lave irradier sa poitrine. Son masque d’apparence calme et assurée ne cilla pas. Quand elle s’était réveillée, au cœur de la nuit, presque au creux de ses bras, elle avait dérogé à son habitude. Elle n’était pas partie. Elle avait scruté son visage apaisé par le sommeil, la douceur de ses traits quand aucune révolte ne les tordait, la régularité de sa respiration, l’ombre de ses cils sur ses joues tendrement éclairées par la lune. Puis, sans même s’en apercevoir, elle s’était rendormie. Prête à s’éveiller dans sa propre chambre, elle se trouvait pourtant face à lui. Lui et ses airs rebelles qui lui perçaient l’abdomen et finiraient par la pourfendre toute entière. Parfois, quand sa colère rythmait leurs ébats, elle mesurait son ampleur. Il la conduisait au bord d’un gouffre, mais ne la poussait jamais. Il pouvait lui faire mal, mais il n’osait pas la tuer. Il faisait durer sa torture, et sans doute souhaitait-il la prolonger, et peut-être le ferait-il en s’échappant, un jour ? Lana inspira et se détourna. Elle roula sur la tranche et ramena les couvertures contre son menton. Par la fenêtre, entre les quelques feuilles qui en masquaient partiellement la vue, les rayons du soleil se faufilaient, audacieux au point de caresser la peau nue de son bras. Ses paupières s’abattirent sur sa vue. « Les laisses n’ont jamais retenu les chiens enragés. » murmura-t-elle pour toute réponse. Elle soupira ; quelques secondes filèrent dans son souffle, puis elle ajouta : « Tu pourrais quand même m’arracher tes liens et m’étrangler avec. Peut-être que tu devrais le faire. » Elle demeura immobile un instant, puis se redressa, rabattit les couvertures et se leva. « Tu n’aurais plus jamais à vivre entre ces quatre murs. » Elle attrapa ses vêtements égarés çà et là. « Peut-être que malgré tes grands discours, la liberté ne te sied guère. » le provoqua-t-elle, sur le pas de la porte. Elle ne leva pas les yeux vers lui. Elle ne voulait pas voir les lueurs qui dansaient dans les siens.



L’air vif de l’automne rosissait les joues de Lana. Elle avançait d’un pas tranquille, sous lequel frémissaient l’herbe et les feuilles mourantes. Couverte d’un épais manteau de fourrure blanche, elle avait aussi fait en sorte que Zeryel pût se parer de vêtements chauds. Elle avait hésité, pour finalement décider de l’entraver d’une corde. Néanmoins, cette fois, elle ne l’avait pas enroulée autour de son cou : elle en avait ceint son poignet. Elle la tenait au creux de sa paume, prête à serrer le poing s’il se mettait à tirer – à cette simple pensée, son palpitant tambourinait. Les gardes marchaient quelques mètres derrière eux, dans une large allée tracée parmi les méandres de la forêt. Comme prise de folie, elle avait d’abord voulu partir sans eux, mais sa capitaine l’avait ramenée sur le droit chemin. À tout moment, l’homme pouvait se rebeller et tenter de la tuer. Elle avait cru plus raisonnable d’accepter leur compagnie, non pas parce qu’elle craignait la mort, mais davantage parce qu’elle redoutait la possibilité qu’il partît et que sa cheffe de garde avait su éveiller cette appréhension. Au demeurant, il était préférable que nul ne le sût et que tous crussent qu’elle tenait à la vie. La blonde regardait droit devant elle. De temps à autre seulement, elle glissait un coup d’œil à son prisonnier. Elle guettait sur sa figure des signes de ravissement ou, au moins, de contentement. Elle se demandait ce qu’un sourire franc aurait donné sur ses lèvres. Quels feux aurait-il projeté sur son visage ? En apercevrait-elle un, un jour ?

Soudain, elle s’arrêta et, contre toute attente, se retourna pour faire signe aux soldats de cesser de les suivre. Troublés, hésitants, ils fixèrent le duo qui se remettait en route sans oser contrevenir à l’ordre de la maîtresse des lieux. Lana les ignora, aussi fort qu’elle tenta d’ignorer le tremblement qui parcourait sa main. Depuis plusieurs mois, cet homme partageait sa vie. D’une façon peu commune, souvent bancale, assurément dangereuse et probablement en rien enviable. « Fuirais-tu, si je te lâchais ? » s’enquit-elle, l’air de rien. Elle ne laissa passer qu’une seconde, comme si elle n’avait pas vraiment souhaité qu’il répondît. « J’aimerais que tu me racontes ce que tu faisais, avant. Ton métier, comment tu occupais tes journées… Je vis à l’écart du monde mais j’en reste curieuse. » justifia-t-elle.



Message I – 805 mots


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Zeryel
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Zeryel
Sam 27 Jan 2024, 09:57

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Fcd3
Liste non exhaustive des raisons de te tuer
Lana & Zeryel




Entre les branches où les feuilles jaunies se raréfiaient, Zeryel discernait l'orbe pâle suspendu dans la toile bleu délavé du ciel, vierge de nuages. Plus lumineux que chaleureux, il poussa néanmoins le prisonnier à détacher les premiers boutons de son col. L'air était vif, piquant lorsque le vent se levait, il avait le goût enivrant de liberté. Quel effet cela ferait-il de prendre son envol ? En fermant les yeux, il put presque tout oublier. S'il se concentrait assez fort pour ne pas entendre le bruit étouffé des pas de Lana ou la lanière effleurant son poignet à chaque balancier, il y arrivait presque. Ce qu'il n'arrivait pas à faire taire en revanche était cette colère sourde qui grondait continuellement en lui comme la lave au sein d'un volcan. Combien de fois avait-il dû plaider pour obtenir cette simple faveur ? Il ignorait ce qui avait fini par la décider, mais elle avait été trop longue à finalement y consentir pour qu'il puisse lui témoigner le moindre gramme de gratitude. Il exécrait la jouissance qu'elle retirait à tout lui refuser. Elle ne ratait jamais une occasion de tout lui prendre, tout ce qu'il pouvait désirer, tout ce à quoi il aurait voulu se raccrocher, elle le tenait hors de sa portée comme un morceau de viande juteuse devant la cage d'une bête affamée, jouant cruellement avec lui. C'était ce qu'il avait fini par devenir, songea-t-il avec amertume en contemplant le lien qui reliait sa main à la sienne. Au moins ne l'avait-elle pas accroché à son cou comme le premier jour. Il se renfrogna aussitôt à cette pensée. Comment pouvait-il penser ça ? Se contenter de cet ersatz de victoire comme des miettes d'un repas avarié ? Ses dents crissèrent les unes sur les autres.

Il entendait derrière eux la foulée régulière des gardes. Même sans prendre en compte Lana, il se savait incapable de leur fausser compagnie. Sa captivité avait dû affaiblir les muscles qui autrefois l'auraient porté sans efforts sur plusieurs lieues. La forêt s'élevait autour d'eux comme une forteresse. Il pouvait éventuellement trouver de quoi se cacher s'il se débrouillait bien et en jouant de chance. Imaginer le faciès tordu par la rage de Lana si cela devait arriver lui mit du baume au coeur. Il perdrait sans doute la tête si elle remettait la main sur lui, mais peut-être que ça en valait la peine.

Tout à ces perspectives, il manqua lui rentrer dedans quand elle s'arrêta. Les yeux ronds à son ordre, il la dévisagea. À quoi jouait-elle ? La méfiance l'envahit. C'était forcément un piège, il n'en voyait juste pas encore le mécanisme. Sans un mot, il la suivit dès qu'elle se remit à marcher. Il ressentait l'absence des gardes dans son dos avec une acuité brûlante et il dût se retenir de se retourner à plusieurs reprises. Ses doigts fourmillaient d'impatience. Même si c'était un piège, il ne pouvait pas ignorer une opportunité aussi grosse. S'il ne le faisait pas, il se détesterait plus encore. Comme si elle lisait dans ses pensées, Lana l'interrogea. Même s'il mentait, elle ne serait pas dupe. Mais être honnête pouvait aussi être dangereux. Se souvenait-elle du jour où il lui avait promis de rester ? Y croyait-elle ? Et pourrait-il briser sa promesse ? Il en était encore à dresser la liste des réponses potentielles qu'elle enchaîna sur un tout autre sujet.

Caressant distraitement le lien sur son poignet, Zeryel réfléchit. Sa curiosité le prenait de court, il ne pensait pas qu'elle se préoccupait ne serait-ce qu'une seule seconde de la façon dont vivaient les peuples ailleurs que dans cette prison végétale, ni qu'elle puisse penser à quelqu'un d'autre qu'à elle-même. Ne voyant pas de raison de ne pas donner suite à sa question, Zeryel se râcla la gorge et plongea dans son passé. « Je n'avais pas de métier à proprement parler. Le village d'où je viens est relativement petit. Il est possible d'en faire le tour en quelques heures, plus si on veut entamer l'ascension de la montagne. Tout le monde se connaît là-bas, ils m'ont vu naître, jouer, grandir. Principalement, j'aide... » Il se reprit, comme gêné, et regarda ailleurs. « J'aidais pour diverses tâches, pour les personnes âgées ou affaiblies qui avaient besoin de réparation, qu'on leur prépare à manger, ou les aider à se rendre aux thermes chaudes pour se baigner. Les enfants aussi me prenaient beaucoup de temps, ils ont beaucoup d'idées et les mettre en pratique demande plus d'énergie qu'on ne pourrait le soupçonner. » Il se surprit à sourire au souvenir des journées ensoleillées passées à bâtir deux cabanes, séparées par le lit d'une rivière, afin qu'ils puissent jouer à faire la guerre. Il se rappela soudain à qui il contait ses souvenirs et lui jeta un coup d'oeil en biais et se demanda brièvement si évoquer les enfants la peinerait. Troublé, il se rendit compte que ce n'était pas ce qu'il voulait, alors que paradoxalement, il ne désirait rien de plus que lui faire mal. Il soupira et se massa l'interstice entre ses sourcils comme pour lisser les rides qui s'y formaient quand il était en proie à la contrariété ou au doute.

Face à eux, le chemin se fourchait en deux sentiers plus étroits. Ils songea qu'ils disparaîtraient alors de la vue des gardes qui pouvaient jusque là les voir s'éloigner. Une langue de chaleur flamba dans son torse. Devait-il tenter maintenant ? Il lança un regard avide sur la route qui s'enfonçait dans la forêt et sentit ses muscles se bander. Une secousse brusque réussirait peut-être à faire lâcher à Lana l'extrémité du lien. Il pouvait la pousser pour lui faire perdre l'équilibre et s'enfuir. Elle risquait de crier et de rameuter ses gardes. Ils étaient loin, mais il devinait que leur entraînement pallierait ce handicap. Serait-il assez rapide pour leur échapper ? Assez endurant ? Il regarda la blanche et sa volonté diminua comme la flamme d'une bougie en fin de vie. Il avait promis. Tiraillé, il se sentait glisser vers la folie, et de la folie naissaient des idées, ni bonnes ni mauvaises. Il referma de deux pas l'espace qui les séparait. « Lana, écoute-moi. » Il inspira. Sa décision était prise, il ne voulut pas chercher à réfléchir davantage, de peur de manquer encore de ce courage qui lui faisait trop défaut. Il envoya son poing sur sa tempe, espérant que le coup serait assez fort pour lui faire perdre connaissance.

Message II | 1141 mots

Je te laisse décider si ça l'assomme, ou non. Si ça fonctionne, il va la balancer sur son épaule comme un sac et s'enfuir /sbaf
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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mar 30 Jan 2024, 20:09



by WhiteKuroe

Liste non exhaustive des raisons de te frapper

En duo | Zeryel & Lana



Elle le vit, ce sourire. Elle le vit aussi nettement qu’elle percevait habituellement la colère de Zeryel. Comment aurait-elle pu le rater, quand le soleil dardait ses feux sur l’émail blanc dévoilé ? Quand l’ourlet des lèvres, aussi léger fût-il, transformait l’entièreté du visage ? Elle le regarda avec envie. Avec jalousie, même ; une jalousie qui remuait les tréfonds de ses entrailles stériles et de son cœur aride. Lana se détourna. Son sourire la rendait triste. De l’ongle du pouce, elle gratta doucement la surface de la liane qui serpentait entre ses mains. Si elle l’avait lâché, il se serait enfui. Elle n’avait aucun doute à ce sujet. Si ses gardes n’avaient pas brûlé son village, il aurait couru vers cet ailleurs qu’il venait de lui décrire. Il aurait repris la construction abandonnée d’une cabane sous les acclamations d’enfants heureux de retrouver leur ami et héros, il aurait salué ces vieilles personnes à qui il délivrait généreusement son aide, il aurait plongé ses mains dans un four brûlant pour en sortir le pain chaud, il se serait coulé dans les thermes et se serait repu de cette vie simple et docile. Peut-être y retournerait-il même s’il n’en demeurait rien ? Elle essaya de s’imaginer le carnage. Au début, elle avait accompagné ses troupes. Elle marchait devant, et elle ordonnait le massacre. Elle choisissait un promontoire du haut duquel elle pouvait admirer le spectacle, et elle observait le ballet infernal. Elle regardait les cendres remplacer la vie. Chaque sang versé apaisait les tourments de son âme. Sa colère se repaissait de ces éclats de violence. Elle s’apaisait. Puis, progressivement, la blonde s’était détachée des combats. Son armée avait grossi, alimentée par ceux qui n’étaient pas morts ou esclaves, et elle s’en était détournée. Elle la laissait opérer sous les ordres des capitaines. Elle ne demandait aucun compte rendu. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était la livraison de son tribu, et ses soldats n’y dérogeaient jamais. Pour le reste, ils pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient. Elle s’en moquait. Les mots de Zeryel étaient désagréables, pourtant. Ils continuèrent à tinter, trop longtemps.

Elle s’arrêta brutalement, contrainte par la silhouette de l’homme. Sourcils froncés, elle releva le visage vers lui. « Quoi ? » claqua-t-elle, malgré elle, dérangée dans le tumulte de ses émotions. Il y eut un changement. Dans son expression. Dans l’ombre qui pesait sur ses iris. Puis une hésitation, une inspiration. Elle se redressa, mais comprit trop tard. Le poing s’abattit sur sa tempe, le coup résonna dans tout son crâne, et elle perdit connaissance.



Le froid fut la première sensation à la saisir. Un long frisson déchira son échine et, instinctivement, la jeune femme se recroquevilla sur elle-même. Elle haïssait cette sensation. Elle lui rappelait celle qui succédait à la perte d’un enfant. Ce givre insidieux qui recouvrait tant le corps que l’âme. Tous ses membres en tremblaient. Elle se crispa. Ses mâchoires se serrèrent. Son crâne l’élança violemment. Elle poussa une plainte, semblables à celles qu’elle formulait dans son sommeil, et s’enroula davantage autour d’elle-même. La douceur d’une couverture caressa sa joue. Elle ouvrit les yeux. Il faisait sombre. Sombre, froid et humide, comme dans les profondeurs où les ténèbres avaient si longtemps régné sur elle. Dans un sursaut, elle se redressa brutalement. Une violente nausée assiégea sa gorge, mais elle réussit à ne pas rendre son estomac sur ses genoux. Une faible lueur germa sous ses yeux, puis embrasa l’atmosphère. Les parois de la grotte s’éclairèrent soudainement et avec elles, en leur centre, penché sur le feu qu’il venait d’allumer, Zeryel. Les flammes jetaient des reflets chauds sur ses mèches brunes. Leur lumière contournait sa silhouette, soulignant des aspects qu’il lui semblait n’avoir jamais remarqués. Sa vision se flouta. Elle cligna des yeux. Il lui fallut quelques longues secondes pour se rappeler, mais quand le souvenir la heurta, l’ire lui brûla les rétines aussi vivement que le feu rongeait le bois. Il l’avait frappée. Son cœur s’emballa, et aux côtés de la colère, la peur chevaucha. Sa respiration s’accéléra. Frappée. Frappée pour abattre. Comme l’autre. Le premier monstre. Elle avait accepté de lui offrir un peu de liberté, et il l’avait saisie pour la trahir. L’amertume inonda sa bouche et noya son cœur. Elle avait été faible. Elle s’en voulait. Elle n’avait pas le droit de l’être. Elle ne le serait plus. Aucune douleur ne pouvait rivaliser avec celle de la déception. Fébrile mais déterminée, la jeune femme fit glisser le manteau le long de sa silhouette et se releva, aussi silencieusement que possible. Avec la même discrétion, elle approcha de l’homme, et quand elle se jugea suffisamment près, elle bondit sur son dos et ceintura sa gorge à l’aide de son coude. Elle serra.



Message II – 788 mots

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana 517323


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Zeryel
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Zeryel
Sam 10 Fév 2024, 17:26

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Fcd3
Liste non exhaustive des raisons de te tuer
Lana & Zeryel




Le bois craquait sous les assauts des flammes. Zeryel observait la métamorphose, absorbé par la façon qu'avait le feu de s'introduire entre les crevasses de l'écorce pour faire rougir le combustible de l'intérieur. Dans la grotte, les crépitements résonnaient avec une étrange acuité. Chaque caillou qui roulait était un son qui se répercutait à l'infini et lui faisait craindre d'être découvert par ceux qui les cherchaient certainement.

Il bougea pour changer de position. Le sol était inconfortable. La roche d'obsidienne était aussi escarpée sur les parois qu'à même le sol et il avait mis du temps à trouver un recoin vierge de reliefs tranchants où déposer le corps inconscient de Lana. Trop occupé à mettre de la distance entre eux et ses gardes, il avait mis sur silence les reproches de son coeur, repoussant le moment d'y faire face. L'adrénaline avait décuplé ses forces sur le moment, et il avait été soulagé de trouver ce refuge où il s'était faufilé, encombré de sa prise. Couché sur elle, sa respiration réduite à un mince filet silencieux, il avait entendu la course et les cris des gardes, et avait attendu après leur passage sans bouger pendant ce qui lui avait semblé être une éternité avant de se risquer à bouger de nouveau et à explorer leur cachette. Il ne renoncerait pas à ce morceau de liberté arraché. Il ne savait pas non plus quoi faire de Lana. Il n'avait pas réfléchi à l'après. Il redoutait son réveil, avait hésité à finalement l'abandonner quelque part entre les racines d'un arbre centenaire avant de s'en vouloir aussitôt d'y avoir seulement songé. Dans les flammes, il cherchait les arguments pour la convaincre et apaiser la tempête qui allait prochainement s'abattre sur lui mais rien ne venait. Il avait agi sur l'impulsion du moment, mais il ne regrettait pas son geste.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua le mouvement dans son dos que trop tard. Le bras se logea sous son menton et en un instant, il fut privé d'oxygène. Aussitôt, il crocheta le bras mais ne put soulager la pression implacable sur sa trachée. Il lutta pour ne pas laisser la panique prendre le dessus et se laisser une seconde de réflexion. Quand elle le tenait comme ça, il savait d'expérience que sa propre force devenait inutile. Suffoquant, il parvint à se lever. Sa vision se constellait d'étoiles de grenat et d'argent. De toute ses forces, il se jeta en arrière contre la paroi et sentit dans son dos les os et le crâne de la blanche râcler sur la roche avec un bruit sourd qui lui fit serrer les dents. Il profita du choc pour se libérer et faire volte-face aussitôt pour prendre ses poignets en tenaille. Il devait solliciter tous ses muscles pour l'y maintenir. Enfin, son regard s'arrima sur celui trempé dans un acier bleuté qui lui fit froid dans le dos. Il voulut baisser les yeux mais se rappela qu'il était libre désormais. Il n'avait plus à s'agenouiller sous son joug. Un souffle de rire sans joie traversa sa respiration haletante. Pourquoi se retrouvaient-ils toujours ainsi ? Il ne se souvenait même pas qui avait commencé la première fois, il savait juste que la violence était devenu leur unique forme de communication.

« Tu ne veux pas parler d'abord ? » demanda-t-il avec un soupçon d'humour dans la voix. Il se râcla la gorge et se retint de la masser. « Ne me fais pas regretter de ne pas t'avoir tuée alors que j'en ai eu l'occasion. Je ne te veux pas de mal. » Il essaya d'éviter de regarder la tempe violacée où son poing s'était abattu plus tôt. « Je veux juste... » Il fronça les sourcils, incertain de savoir comment finir sa phrase, incapable de faire face à ce qui se cachait au fond de lui-même. « Je veux juste ne plus être ton esclave. Mais je ne te déteste pas. » Si. Un peu. Parfois. Souvent. Tout le temps. Pourquoi était-ce si compliqué ? Pourquoi ne pouvait-il pas puiser dans cette haine pour la tuer une bonne fois pour toute ? La nausée le prit à cette idée. Il n'y arriverait pas, il n'y était jamais arrivé depuis le début de sa captivité. Sa volonté gonflait toujours avant de mourir progressivement comme une vague sur la grève. « Ce que tu m'as montré la première fois. Je ne peux pas l'oublier. Tu devrais mourir pour tout ce que tu as fait. Mais je ne peux pas oublier. » Sa souffrance avait laissé une trace indélébile en lui, elle n'excusait rien mais elle était impossible à effacer. Elle était en lui depuis ce jour, il avait mal et n'avait jamais cessé d'avoir mal. « Je pense que tout le monde a le droit à une seconde chance. Je ne sais pas si tu le mérites, mais ce n'est pas à moi d'en décider. Je vais te lâcher. » la prévint-il avant de s'exécuter. Il se positionna de façon à être entre elle et la sortie, les mains en évidence. « Je ne reviendrai pas. Je ne peux pas, et je ne veux pas te retenir si tu veux partir. Mais sache que je veux tenir ma promesse. Je ne veux pas te laisser derrière moi. » Il eut un sourire maigre. « Ce que je dis n'a aucun sens. Je crois que tu m'as vraiment rendu fou. »

Message III | 936 mots
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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mar 13 Fév 2024, 12:18



by WhiteKuroe

Liste non exhaustive des raisons de te détester

En duo | Zeryel & Lana



La douleur l’inonda ; elle la vomit dans un cri rauque venu du fond de ses tripes. Son étau se desserra malgré elle. Le monde qui l’entourait, flou, battait à ses tempes avec une violence inouïe. Elle discernait à peine le visage de son opposant. L’emprise de ses doigts autour de ses poignets lui paraissait faible. Elle toussa, le souffle altéré par le choc qu’elle venait de subir. Son corps n’était pas encore remis de la torpeur de l’évanouissement qu’elle l’avait déjà brutalisé par le combat. Qu’il l’avait brutalisé. Son regard s’ancra aux deux orbes dont elle distinguait à peine les contours. Elle les fixa jusqu’à ce que les iris de Zeryel lui apparussent avec une netteté accrue. La colère suppurait par la blessure qu’il lui avait infligée ; elle scindait son cœur et ses prunelles, miroirs parfaits de ses émotions, la reflétaient. « Tu m’as trahie ! » aboya-t-elle, indifférente à sa pointe d’humour. « Tu m’as frappée ! » Elle secoua la tête. Son crâne l’élança et elle grimaça. C’était ce qu’il disait au début, lui aussi : je ne te veux pas de mal, je suis désolé, je n’ai pas fait exprès, pardonne-moi, je n’avais pas le choix, c’est ta faute. Si on les écoutait, les hommes ne voulaient jamais faire de mal ; ils en causaient pourtant et semblaient ne jamais s’en rendre compte. Ils vivaient en toute impunité, leur conscience absoute de tous torts. Était-il comme eux, finalement, lui aussi ? Elle avait été faible, tellement faible… La grimace de Lana s’accentua, transformée par une douleur qui n’avait rien de physique et que, néanmoins, elle ressentait dans tout son corps. Elle lui avait donné mille occasions de la tuer. Elle s’était offerte à lui ; nue, désarmée, démunie. Il aurait pu l’assassiner autant de fois. Il avait préféré se fondre en elle, et à chaque union, il avait construit les bases de sa trahison. À chaque union, il avait érigé sa prison. Désormais, elle était parfaitement scellée. La blonde se rendait compte qu’elle ne pouvait plus s’enfuir. Elle ne pouvait que souffrir. Il savait quelle clef enfoncer dans la serrure pour la faire hurler.

Elle secoua la tête, plus doucement que la première fois. Sa vision se floutait à nouveau ; elle sentait l’océan lui piquer les yeux. Elle le refoula derrière ses épaisses digues faites de colère, de violence et de haine. Ses mains retombèrent mollement le long de son corps. Elle baissa les yeux sur les roches noires de la grotte. Ses pupilles semblaient prêtes à les percer ; deux lances d’acier armées de la volonté de tout annihiler. Elle ne voulait pas de seconde chance ; elle ne voulait pas qu’il partît. Ses lèvres tremblaient. Elle les pinça et releva le visage vers lui. Ses yeux s’attardèrent sur son sourire, son sourire triste, désabusé, fané. Il ne la rendit guère plus heureuse que celui qu’elle avait vu, plus tôt, et qui avait étincelé de sincérité. Au contraire. Il remuait en elle des ressentis pénibles. « Tu m’as trahie… » souffla-t-elle pour toute réponse. Elle laissa le silence l’enrober, la tête inclinée vers l’avant, ses cheveux formant un rideau blanc. « Je ne peux pas rester. » Ce serait se condamner. Lentement, elle se redressa et fit un premier pas. Son dos, sa nuque, sa tête la faisaient souffrir. Le choc contre la paroi trouvait encore un écho dans ses muscles et ses os. Elle ferma les yeux un instant, avant de marcher le plus dignement possible vers la sortie, et vers Zeryel. Elle s’arrêta devant lui. Elle hésita, puis plongea ses prunelles dans les siennes. Elle les scruta, les sonda, les décortiqua. « Si je mérite de mourir et si tu ne peux pas oublier, alors pourquoi est-ce que tu ne m’as jamais tuée ? » Comme elle sentait les larmes défier à nouveau ses cornées, elle serra les dents. « Tu sais ce que j’ai vécu et à quel point ça me… » Elle fut incapable de prononcer la suite. « Tu aurais pu me délivrer des centaines de fois, mais tu ne l’as jamais fait. » Son cœur battait fort. Il résonnait jusqu’au fond de ses entrailles. « Tu préfères me mentir en me disant que tu ne me veux pas de mal, alors que c’est tout ce que tu me fais, du mal. Comme lui. » Elle déglutit. L’amertume noyait sa gorge.



Message III – 733 mots


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Zeryel
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Zeryel
Jeu 15 Fév 2024, 22:14

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Fcd3
Liste non exhaustive des raisons de te tuer
Lana & Zeryel




Zeryel s'était préparé à recevoir ces accusations, il n'en tressaillit pas moins quand elle les lui cracha. « Je n'ai pas vraiment eu le choix. » se permit-il de contester, tâchant de rester le plus raisonnable possible malgré la situation. Tenter de temporiser la tyranne alors qu'il l'avait arrachée de force à son piédestal s'apparentait à vouloir bâtir un château de sable trop près de l'océan. Il essaierait quand même, peut-être vainement, sans doute bêtement, mais au jeu de l'entêtement, il se savait doué. Il pouvait encaisser les insultes, aussi injustes soient-elles, aussi blessantes soient-elles. Il préférait mille fois qu'elle le frappe encore que revenir dans cette prison où tout lui était détestable.

Ses mots, suivis de l'esquisse de quelques pas, lui firent l'effet d'un étau de glace comprimant sa gorge, là où les chaînes s'y étaient trop souvent lovées. « Bien sûr que si, tu peux rester. » Aussitôt, il exécra la note suppliante qui s'était glissée dans sa voix. Qu'avait-il cru exactement ? Qu'elle abandonnerait son Empire pour un esclave qui venait de la frapper ? Il n'avait jamais rien représenté à ses yeux. Sans sourciller, elle avait détruit son passé, sans le moindre remords, juste parce qu'elle le pouvait. La seule chose qui avait de la valeur pour elle résidait dans ses reins. Sans cela, il n'était rien, qu'une simple poussière sur son chemin, qu'elle oublierait vite lorsqu'il la décevrait. Aurait-elle seulement hésité avant de lui enfoncer sa lame dans la gorge ? Que ce soit lui ou un autre, ce devait lui être égal. Il s'était même parfois demandé si elle visitait d'autres esclaves, ou s'il était le seul. À tant éprouver le grain de sa peau contre la sienne, à tant se familiariser à la gamme de ses gémissements, il avait fini par croire qu'une forme d'affection avait pu naître, bancale et malsaine, mais qui l'aurait différencié d'un simple humain utilitaire qui serait jeté une fois sa fonction remplie. Pourtant, elle ne lui avait jamais donné aucun indice qui puisse lui faire penser le contraire. Désespéré, il s'était raccroché à des illusions qui s'évanouissaient comme la brume au lever du jour.

« Ce n'est pas vrai. » se défendit-il, avançant d'un pas sur elle avant de s'arrêter, craignant qu'elle puisse croire qu'il la frapperait encore. C'était idiot, après tous les coups qu'ils avaient pu s'échanger, mais il ne voulait plus de tout ça. Il était fatigué de se battre, épuisé de cette violence inutile. Aucun n'en sortirait gagnant. « Je ne suis pas comme ça. Pas comme... Ne me compare pas à lui. Jamais je n'aurais... » Ses mâchoires se contractèrent. Penser à lui l'emplissait d'un sentiment de haine pure qu'il n'arrivait qu'à grand peine à maîtriser. Qu'elle puisse les associer lui était intolérable. « Je regrette d'avoir dû te frapper. J'aurais préféré que ça se passe autrement. J'aurais préféré ne jamais savoir, et pouvoir te tuer. J'aurais préféré te connaître, avant, autrement. Si c'était en mon pouvoir, je remonterai le temps et je bannirai la douleur. Je ne peux pas faire ça, mais je peux t'offrir un avenir, si tu m'en laissais l'opportunité. Tu te trompes, je ne t'ai pas trahie, je te sors de cette prison que tu t'es toi-même créée. Tu n'es pas plus libre que moi, enfermée là-bas au creux de tes souvenirs, à macérer dans cette horreur. Ce n'est pas un endroit pour élever un enfant. Et je pense qu'au fond de toi, tu en as conscience, sinon, tu aurais déjà obtenu ce que tu désires tant. » Dans son emportement, il s'était encore rapproché. Avec une douceur qui tranchait avec son discours passionné, il approcha ses mains du visage de sa tortionnaire pour encadrer les angles de sa mâchoire. Ses pouces frôlèrent ses joues et son regard se posa encore sur la marque sur sa pommette et il forma le voeu de ne plus jamais lever la main sur elle. « Je ne t'abandonnerai pas. Je l'ai promis. Je ne trahirais pas ma promesse. »

Message IV | 723 mots
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Lana Kælaria
Ven 08 Mar 2024, 22:16



by WhiteKuroe

Liste non exhaustive des raisons de te libérer

En duo | Zeryel & Lana



Un hoquet né de l’outrage souleva la poitrine de Lana. Ses mains se plaquèrent sur son ventre, ses doigts s’y crispèrent. Depuis des années, la maternité constituait un sujet difficile. Chaque ébat ravivait l’espoir de sentir ses courbes s’arrondir, ses seins s’alourdir et ses règles se tarirent. Mais la semence livrée à son utérus ne s’épanouissait jamais ; c’était comme croire follement que l’on pouvait faire naître et croître des champs d’or à la surface d’une roche noire. Elle continuait, pourtant, elle persistait : sa souffrance et son hérésie résidaient là, dans ce refus d’abdiquer et ce désir qu’à force d’essayer, son vœu fût exaucé. Néanmoins, les semaines défilaient, les mois passaient, les années s’égrenaient, et son ventre demeurait aussi creux que son cœur, où les espérances se perdaient en écho. Elle serra les dents, perçut avec plus d’insistance la caresse des pouces de Zeryel sur ses joues, et elle eut envie de le mordre, de le frapper, de lui dire qu’elle le détestait et que tout était de sa faute, qu’elle faisait tout pour réussir, qu’elle n’avait de cesse de tenter, et que si tout échouait, c’était parce qu’il œuvrait en ce sens, parce qu’il ne voulait pas la contenter, parce qu’il avait pris goût à sa douleur. Aucun son ne franchit ses lèvres, parce qu’elle savait, au fond d’elle-même, que ce n’eût été qu’un odieux mensonge. C’eût été lui reprocher tous les griefs qu’on avait fait peser sur elle, autrefois. C’eût été injuste, et si tout ce temps passé à ses côtés lui avait appris une seule chose, c’était qu’il honnissait l’injustice. Peut-être autant que son emprisonnement, peut-être autant que sa geôlière.

Ses prunelles humides sondèrent les siennes. Elle voulait protester, lui dire que ça n’avait aucun rapport avec son palais, qu’elle s’y sentait très bien, qu’il n’avait rien d’une prison pour elle, qu’il était le seul lieu où elle pouvait jouir d’une sécurité comme jamais elle n’en avait connu auparavant, qu’aucun souvenir ne l’enchaînait et que si elle voulait un enfant, c’était justement parce qu’elle était résolument tournée vers l’avenir. Aucun mot, pourtant, ne parvenait à filer entre ses lèvres. Face à son esclave, la tyranne se sentait faible, tremblante, défaite et démunie. Elle ne percevait pas la carapace qu’elle avait érigée. Elle avait fait lever les murs de son château comme elle avait bâti la forteresse qui l’englobait toute entière : dans le souci d’être saine et sauve pour toujours, sans cerner le danger qui la guettait, tapi en elle. Cette noirceur dans laquelle elle s’enlisait, poussée par la solitude, la rancœur et la haine.

Ses mots la firent frémir d’horreur et de terreur mêlées. Elle ne voulait pas y croire. Le sang pulsait contre ses tempes, il tambourinait dans ses veines, rugissait derrière ses côtes, mais elle ne voulait pas l’entendre. Son palpitant l’avait trompé trop lourdement pour qu’elle pût encore lui accorder sa confiance. Pourtant, le premier échange de regards qu’elle avait eu avec Zeryel était ce qui avait noué ensemble leurs deux existences, parce qu’elle avait cru y voir une différence – une douceur, une délicatesse, une justesse cachées derrière la colère et le mépris qu’il lui vouait. « C’est toi qui as voulu savoir. Je ne t’ai pas forcé. » trouva-t-elle seulement à dire, la voix marquée par le fiel. « Et comme je l’ai déjà dit, je t’ai donné cent fois l’occasion de me tuer, mais tu n’as jamais rien tenté. » Sa gorge s’enroua. Elle déglutit. Ses doigts trituraient les plis de sa robe. Pourquoi ne fuyait-il pas ? Pourquoi restait-il, maintenant qu’il avait sa liberté à portée de main ? Pourquoi l’avait-il amenée ici ? Son discours ne faisait pas sens. De son côté, elle avait conscience de ne pas pouvoir le ramener au palais. Elle n’en avait pas les capacités physiques, elle ignorait jusqu’à l’emplacement de leur résidence de fortune, et il était trop tard. Il avait goûté à la liberté en connaissant le prix de sa perte ; il était comme un assoiffé redécouvrant la saveur de l’eau. Rien n’aurait pu en étancher son envie. L’assassiner aurait pu être une option, mais dès qu’elle y songeait, elle se sentait affreusement mal. Elle n’était plus suffisamment en colère pour le poignarder. Briser l’éclat de ses prunelles quand il s’emportait ou la lueur de ses iris quand il s’adoucissait lui paraissait impossible. « On ne peut pas remonter le temps. Ce qui est fait est fait. » Elle inspira. « Il n’y a pas d’avenir avec moi. Pas pour toi. » asséna-t-elle. La blonde frappait, mais c’était avant tout sa propre poitrine qu’elle blessait. Elle refusait qu’il pût lui causer un plus grand mal que celui-ci. Ses tours devaient rester imprenables, alors elle s’appliquait à décocher des flèches meurtrières. Qu’aurait-il à proposer, de toute manière ? « Tu es libre, maintenant. Je te rends ta liberté, tu ne me dois plus rien. C’est ce que tu as toujours voulu, non ? » Elle enroula ses doigts autour de ses poignets et les baissa lentement. « Laisse-moi passer. Je rentre. C’était ta prison mais c’est le seul endroit où moi je me sens libre. » Fermement, elle le dépassa et s’avança dans la nuit. Une question retint néanmoins ses pas. Elle s’arrêta, et sans se retourner, demanda : « Par simple curiosité, quel avenir croyais-tu pouvoir m’offrir ? »



Message IV – 888 mots


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Zeryel
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Zeryel
Dim 17 Mar 2024, 12:19

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Fcd3
Liste non exhaustive des raisons de te tuer
Lana & Zeryel




La vérité lui éclata au visage en termes coupants. Vaincu, il baissa les yeux entre eux. « Non, je n'ai pas réussi à m'y résoudre. » Parfois, il s'était réfugié derrière l'espoir d'avoir été ensorcelé par une quelconque magie sournoise insufflée par la tyranne pour étouffer ses velléités de la tuer. D'autre fois, il se justifiait en se disant que la mort était une sentence trop douce pour ce monstre, sans parvenir à s'en convaincre. C'était la souffrance qui l'avait modelée en ce qu'elle était, en rajouter n'avait pas de sens. La tuer en avait. Il avait toutes les raisons de le faire, encore maintenant. Il suffisait de descendre ses mains de quelques centimètres et d'appuyer ses pouces contre sa trachée au lieu de caresser ses joues. Elle était à sa merci ici. En quelques minutes, tout serait terminé. Il abandonnerait son corps dans la grotte et s'enfuirait, libéré d'elle et de son emprise. Il s'emploierait à oublier tandis que son royaume s'effondrerait et cesserait de terroriser ses sujets et ses voisins. Il n'y aurait plus de massacres, plus d'esclaves, le sang cesserait d'abreuver les sols et la peur ne suinterait plus des yeux de ceux qui craignaient de tout perdre.

Il remonta brusquement les yeux sur les siens. Après tout ce qu'elle lui avait déjà infligé, il avait cru qu'elle ne pourrait plus le blesser. En un instant, elle sectionnait froidement cette fragile étincelle d'espoir, ce sentier étroit qu'ils auraient pu emprunter. S'ils y croyaient tous les deux, c'était possible. « Tu ne le penses pas. » Au fond, il ignorait qui des deux se mentait le plus à soi-même. Comment pouvait-il la convaincre de rester s'il ne s'avouait pas ce qui lui torturait le coeur ? En se mentant, ils ne faisaient que se donner davantage d'occasions de se tourmenter. Sans honnêteté, il ne pouvait que la repousser loin de lui. Elle s'éloignait déjà, sans qu'il ne fit rien pour l'en empêcher. C'était ce qu'il lui avait promis, parce qu'au fond, il avait pensé qu'en dépit de tout, elle voudrait lui laisser une chance. Il se sentit stupide. Elle était la plus logique d'eux deux. Il sentait se creuser un gouffre à mesure que la nuit lui volait Lana. Sa poitrine se contracta douloureusement comme si chaque pas de plus tirait sur un lien ancré en lui. Il esquissa un premier pas à sa suite avant de se figer quand sa question résonna, comme une dernière corde lancée pour l'empêcher de tomber.

« Une vie simple. » répondit-il. « Je ne suis pas assez idiot pour croire pouvoir t'offrir un Royaume aussi grand que celui que tu possèdes. D'ailleurs, ça ne m'intéresse pas. Je ne veux pas d'une armée de domestiques pliés à mes ordres. Je ne veux pas d'esclaves soumis à mes désirs. Ce qui me rendrait heureux, ce serait d'avoir un simple espace à moi, à partager avec quelqu'un que j'... » Il prit une brusque inspiration et réalisa que ses mains tremblaient. Sa langue avait manqué le trahir. Il se souvint alors qu'il ne craignait rien à lâcher prise, à ne plus penser et à baisser les armes. Elle lui avait déjà tout pris, elle pouvait aussi bien repartir avec son coeur. Ce n'était pas comme si ne rien avouer le lui rendrait intact de toute manière. Quant à sa dignité, il l'avait déjà perdue depuis longtemps même s'il la conservait en façade. Sa fierté, elle l'avait piétinée en faisant de lui sa chose, encore et encore. « Avec quelqu'un que j'aime. » termina-t-il. Tous ses nerfs tendus à l'extrême, il se tenait raide. Il ne se sentit pas soulagé d'avoir verbalisé ce qui lui pesait tant. Au contraire, il sentit un poids supplémentaire s'abattre sur ses épaules. Il eut envie de se rouler sur le sol pour attendre que les siècles passent et réparent ce coeur dysfonctionnel qui n'aurait pas dû battre pour sa tortionnaire. Il se porta en avant et attrapa son poignet pour la faire pivoter. Les sourcils froncés, il la dévisagea avec colère. Pourquoi fallait-il en arriver là ? Pourquoi même là, en cet instant, ne se sentait-il pas libre ? « Tu ne devines pas pourquoi je ne t'ai jamais tuée ? Pourquoi tu es ici alors que je pourrais déjà être loin, de toi et de ton palais ? Pourquoi je veux que tu restes avec moi ? Je t'ai fait une promesse, c'est vrai mais si je veux la tenir, c'est parce que je t'aime. Ça m'horrifie mais c'est comme ça et je n'arrive plus à me raisonner. Je te hais plus que n'importe qui mais je ne veux pas que tu partes. Pas comme ça. » Il jeta un coup d'oeil à l'extérieur. « Attends au moins le matin, qu'il fasse jour. Je sais que tu es en colère contre moi, que tu me détestes et je suis désolé. Tout s'est passé si vite, je... » Son regard s'attarda encore sur la bosse colorée sur sa tempe et la poigne de la culpabilité se referma encore sur lui. « Peu importe. » marmonna-t-il. Sans doute gaspillait-il sa salive en vain. Sans doute allait-elle même lui rire au nez et disparaître sans un regard, indifférente au tumulte qu'elle avait semé en lui. Comment pouvait-il éprouver autant pour une femme si haineuse et mauvaise jusqu'à la racine ? La rage reprit possession de ses sens et sans prévenir, il l'attrapa par la nuque et plaqua ses lèvres durement contre les siennes, avec un désespoir si vibrant qu'il se sentit capable de se consumer jusqu'à l'état de cendres. Sa main descendit sur ses reins et il la rapprocha de lui. Progressivement, son baiser se fit plus tendre. Ils ne s'étaient jamais véritablement embrassés, si ce n'étaient pour ces lèvres s'égarant sur la peau de l'autre comme par accident pour alimenter le brasier qui les unissait, celui-là même qui se réveillait avec intérêt dans son bas-ventre comme chaque fois qu'il la touchait. Il y mit un terme quand le contact se teinta d'amertume. Il détestait penser que c'était la dernière fois. « Tu me devais bien ça. » articula-t-il, la voix rauque.

Message V | 1094 mots
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Lana Kælaria
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Mar 02 Avr 2024, 19:03



by WhiteKuroe

Liste non exhaustive des raisons de rester

En duo | Zeryel & Lana



Orbe ronde ornée de cratères, la lune réfléchissait la lumière du soleil dans les yeux de Lana. Seule, elle sombrerait dans la pénombre. La nuit l’absorberait tout entière ; aucune étoile ne parviendrait à la tirer de ce gouffre noir dans lequel elle se fondrait. Elle ne brillait que parce que le soleil la suivait. Il l’épaulait, la soutenait, se projetait sur elle pour la réchauffer, l’illuminer. C’était grâce à lui qu’elle pouvait baigner le monde de sa lueur tendre et froide. Sans sa présence, tout s’obscurcissait. La blonde inspira. Elle se demanda si Zeryel avait été le soleil de quelqu’un. Si elle avait privé une personne de sa lumière et de sa chaleur, la condamnant à des ténèbres insondables. Et elle, après lui ? Elle chassa brutalement cette pensée. Il y en aurait d’autres, comme il y en avait toujours eu. Ils mourraient. Lui vivrait. Ce n’était qu’un geste de grâce, une récompense au fait qu’il la laissât partir en vie. Rien de plus. Il fallait parfois égarer des âmes marquées du sceau de son histoire ou de celle qu’ils avaient cru percevoir pour que la légende se poursuivît et s’étoffât. C’était parce que certains vivaient encore pour faire le récit de leur cruauté que les tyrans pouvaient être craints. Qu’aurait-elle fait d’une vie simple ? Elle avait besoin de domestiques et d’esclaves, de sa forteresse et de son armée. Ce qui se cachait derrière la simplicité qu’il énonçait, c’était le danger.

À la suspension de sa phrase, elle crispa ses mains autour du tissu de sa robe. Le froid fit trembler ses épaules. Elle se mordit l’intérieur des joues et ferma les yeux, un pli entre les sourcils. Son cœur s’emportait, incontrôlable, sauvage, stupide. Quelle chose inutile. Si elle avait pu se l’arracher, elle l’aurait fait. Elle avait attendu qu’il le fît à sa place, mais il s’était révélé au moins aussi faible qu’elle. Sa main en étau ceignit son poignet. Elle pivota malgré elle et lui rendit son regard sombre et enflammé. Il mentait. Il mentait forcément. Lana tourna la tête pour ne plus le voir. Elle fixa un rocher sur lequel les rayons lunaires faisaient ressortir des arêtes d’argent, tranchantes. Elle aurait voulu se labourer la cage thoracique dessus, s’y frotter si fort qu’elle n’aurait plus rien pu sentir d’autre que cette douleur-là. Son crâne lui faisait mal, mais ce n’était pas suffisant. Elle pensa qu’elle eût préféré qu’il frappât plus fort. Le poing serré, elle ne cherchait pas à résister à l’emprisonnement de Zeryel. Il finirait par la lâcher, puisqu’il n’était pas capable de la tuer. Pourtant, loin de la laisser, son autre poigne prit possession de sa nuque, et avant même de réaliser leur rapprochement, elle perçut sur ses lèvres la morsure des siennes. Puis le baiser s’adoucit, comme tous ces regards de haine qu’il lui jetait et qui se tempéraient immanquablement. Sur sa bouche semblaient résider des mots que son esprit aurait été incapable de penser et sa gorge de formuler ; ils heurtèrent Lana et affluèrent en elle avec la brutalité d’un raz-de-marée. Les larmes tentèrent de percer ses paupières. Peut-être qu’il disait la vérité. Peut-être qu’il voulait vraiment lui offrir une vie simple, partager son foyer avec elle ; peut-être qu’il l’aimait et voulait continuer à l’aimer. C’était inconcevable.

Lorsque la prise se défit, elle se recula aussi vivement qu’un animal blessé. Elle planta sur lui un regard brûlant. Sa respiration semblait remplir tout le silence de la nuit, et les battements de son cœur chaque parcelle de son être. Elle le défia, silencieuse, avant de marteler : « Je ne te dois rien. » Elle se rapprocha d’un pas, plaqua une main sur son torse et le poussa. Son poignet toujours emprisonné entre ses doigts, elle le suivit. « Arrête d’espérer. » Sa paume l’expulsa à nouveau vers l’arrière. « Arrête de rêver. » Elle se figea devant lui, la colère de son visage soulignée par la lumière de la lune, qui n’existait que parce que le soleil siégeait près d’elle. « Je ne suis pas faite pour une vie simple. Je ne suis pas faite pour une vie avec toi. Je ne suis pas faite pour être aimée. » trancha-t-elle. « Tu veux mourir ? Parce que c’est tout ce que j’ai à offrir. Je suis la mort, et partout où je vais, elle est dans mes pas. » C’était ce qu’ils disaient, tous. Ses doigts s’étaient noués autour du col de son vêtement. « Pars et trouve-toi quelqu’un qui arrive encore à croire que les vies simples existent. » Elle le lâcha et, d’un même mouvement, se dégagea – si brutalement que son poignet lui fit mal, marqué par la brûlure de son étreinte. « Pourquoi est-ce que tu voudrais de quelque chose de si stérile ? Tu es idiot ? » asséna-t-elle, en le contournant. « Je reste pour la nuit mais je partirai avant que tu ne sois debout. » Elle se glissa dans la grotte et regagna la couchette de fortune sur laquelle elle s’était réveillée, plus tôt. Elle s’y assit, dos à l’entrée. Il avait raison sur un seul point : il faisait nuit, elle ne connaissait pas la forêt et elle risquait de se perdre, ou pire. Ses épaules se tendirent. Pourquoi s’accrochait-elle, elle aussi ? Elle aurait pu s’égarer et tomber sur un monstre auquel offrir sa propre mort. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras. « Je n’ai pas faim. » Les larmes qu’elle avait réussi à retenir dévalèrent ses joues ; elle fixa obstinément le fond de la cavité, en attente de la fatigue qui l’inviterait au sommeil. Elle ne voulait pas le voir. Elle ne voulait pas céder. Elle ne voulait pas ressentir ce qu’elle avait ressenti lorsqu’il l’avait embrassée. Sous le vertige, c’était le gouffre.



Message V – 972 mots

Elle est vraiment affreuse, je suis désolée /sbaf


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Zeryel
Jeu 11 Avr 2024, 19:33

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Fcd3
Liste non exhaustive des raisons de te tuer
Lana & Zeryel




Comme frappé par la foudre, Zeryel ne bougea pas. Seul un rictus nerveux agitait sa paupière. Il se sentait comme un arbre mort, au tronc vidé de toute sa sève et à l'écorce aussi glacée que le cœur de cette femme. D'avoir trop espéré comme d'avoir désiré trop fort, il s'était rendu coupable. Tout seul, il se torturait, devenu despote de sa propre détresse en s'accrochant à ses chaînes. Il s'y était attendu, il la connaissait, mais la morsure de ses mots restait vive, trop vive. Ses lèvres brûlaient de leur baiser, de ces brûlures qui blessent et ne cicatrisent pas, car il savait que jamais il ne pourrait l'oublier. Il serra les poings en sentant ses yeux s'irriter. Il refoula tout, ses sentiments et ses larmes, résolu à ne plus rien lui donner. « Comme tu voudras. » articula-t-il finalement, longtemps après qu'elle se soit assise dans son coin, silhouette découpée sur la paroi de la grotte. Il lui était si étrange de la voir là, dans la nudité et la rudesse de ce lieu, loin de son confortable palais. Qu'avait-il pensé, qu'ici, parce que tout était différent, elle changerait aussi ? Il se força à détourner le regard et s'employa à la haïr.

La nuit prenait possession des lieux. Ses filles, ombres attirées par les braises persistantes du feu, plongeaient les deux silhouettes allongées dans une pénombre qui donnait l'illusion d'avoir basculé dans un autre monde. Ses rétines cloutées au plafond, l'ancien esclave avait cessé de quêter l'inconscience et s'en tenait à l'immobilité en guise de repos. Il sentait les aspérités du sol lui rentrer dans les omoplates quelle que soit la position qu'il prenait mais ce n'était pas l'inconfort qui le retenait aux frontières du sommeil. S'il existait un moyen de taire les murmures de son cœur, il l'ignorait. C'était comme si, après avoir enfin fait sauter le verrou qui bâillonnait ses sentiments, ces derniers en profitaient pour s'exprimer dans un tohu-bohu indocile. Il soupira et tourna la tête vers là où était étendue Lana, devinant où elle se trouvait par l'écho de sa respiration et le dessin formé par son épaule. Même dans le noir, sa peau claire ressortait, comme éclairée par un halo lunaire intérieur. Réussissait-elle à dormir ? Craignait-elle qu'il change d'avis et la tue finalement ? Ou qu'il la garde près d'elle contre sa volonté ? Espérait-elle avec impatience l'aube pour partir et s'éloigner ? Elle s'était plu à faire de lui sa chose, n'avait jamais manqué une occasion de prouver qu'elle le possédait, et elle allait l'abandonner, sans un regard en arrière, sans un remord, comme s'il était un déchet qui n'avait plus son utilité ? Ses traits se durcirent. Elle n'avait pas eu tort, auparavant. Si c'était quelque chose qu'il avait pu maîtriser, il ne lui aurait jamais donné ce qu'elle désirait tant. Cet enfant, il savait que s'il lui en donnait un, il ne pourrait pas ensuite l'abandonner. Les abandonner. Ça le rendait malade d'y songer.

Il remua pour s'allonger sur la tranche et étouffa un juron indistinct quand un caillou pénétra sa hanche. Quand il fut réinstallé, la tête sur son bras et les yeux rivés sur l'objet de ses pensées, il souffla par le nez, agacé de la situation, agacé de leurs comportements, agacé de regretter tout ce qu'il avait fait et dit, puis la seconde d'après, regretter de ne pas en avoir assez fait. « Tu dors ? » lança-t-il au bout d'un moment. Il n'attendit pas de réponse, estimant qu'elle ne lui en dirait rien dans les deux scenarii parce qu'elle était comme ça, insupportable à en crever. « J'ai repensé à ce que tu as dit, sur le fait que je n'ai jamais tenté de te tuer. Pour commencer, ce n'est pas exactement vrai. Tu as juste su te défendre lors de mes tentatives, je crois même qu'il me reste des cicatrices. Je l'ai chèrement payé à chaque fois. » Il ignorait à quoi il jouait, à monologuer dans le vide alors qu'elle se fichait bien de lui, qu'elle dormait peut-être même sereinement sans se soucier une seule seconde de la torture que son existence faisait peser sur lui au point de lui faire perdre et le sommeil et la raison. Puisqu'il était fou et idiot, autant poursuivre sur cette route. « Et toi alors ? Je te retourne la question. Pourquoi tu ne m'as jamais tué ? Pourquoi tu m'as gardé alors que je ne donnais pas satisfaction ? C'était juste pour le plaisir de baiser ? » Il regretta presque immédiatement sa grossièreté et fut à un cheveu de s'en excuser. « Je sais tous les hommes que tu as assassinés dans ce lit maudit. Il n'y a pas une seule fois où tu me rejoignais où je ne me suis pas imaginé me vider de mon sang comme eux, pas une. »

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Jeu 18 Avr 2024, 11:23



by WhiteKuroe

Liste non exhaustive des raisons de céder

En duo | Zeryel & Lana



Finalement, c’était peut-être sa punition. Ne pas pouvoir s’endormir, devoir scruter l’obscurité sans aucun espoir de s’y fondre. Ressasser leur conversation et toutes celles qu’ils avaient eues auparavant, revoir toutes ses expressions aquareller les traits de Zeryel, repenser aux moments qu’ils avaient partagés, revivre ses mains sur elle et son corps dans le sien – sans jamais avoir l’espoir d’échapper à cette torture. Lana continuait de pleurer en silence. De temps à autre, elle essuyait ses larmes du bout des doigts, en veillant à ce que son épaule ne bougeât pas. Elle prêtait attention à sa respiration, faisait en sorte de lui imprimer un rythme régulier. Elle ne voulait pas qu’il crût qu’elle était aussi bien éveillée que lui. Elle l’entendait bouger et ronchonner mais refusait de participer à ce ballet de soupirs et de contrariété. Son seul désir : se faire toute petite, si petite qu’il en oublierait sa présence. Plus les secondes s’égrenaient, moins elle était sûre d’attendre l’aube. Peut-être qu’une fois qu’il dormirait, elle s’éclipserait. Le confronter une deuxième fois lui semblait impossible. Elle craignait de ne pas en avoir la force et de céder à toutes ces émotions qui trépignaient entre les valves de son cœur. Elle ne voulait pas. Il était hors de question de s’abandonner, de se donner à lui dans la démesure la plus grande, de s’ouvrir la poitrine et de s’arracher le palpitant pour le placer entre ses mains. Elle savait ce que les hommes en faisaient. Il n’était pas différent des autres. Elle s’était trompée.

Quand la voix de Zeryel s’éleva, elle tressaillit. Ses prunelles se dilatèrent, comme prêtes à absorber encore plus de ténèbres. La blonde ne répondit pas, enchaînée à son mutisme. Elle espéra que son silence l’encourageât à se taire, mais il n’en fut rien ; il se mit à déverser un flot de paroles qui chamboula chaque cellule de son être. Elle le détesta de lui infliger ça. Son poing se crispa autour de l’une de ses mèches de cheveux et elle se retint de justesse de se recroqueviller davantage sur elle-même. Elle dormait. Il devait le croire. De toute façon, il ne méritait pas de réponse. Il s’exprimait comme un enfant blessé et boudeur. Elle serra les dents et ferma les yeux. Plus il parlait, pourtant, plus l’envie bouillonnante de répliquer infusait en elle. Comme si elle souhaitait s’empêcher de le faire, la blonde se mordit les joues. Le stratagème fut efficace au moins quelques minutes. Ou quelques secondes, jusqu’à ce que le silence qui les séparait ne devînt trop oppressant. Ses muscles se raidirent et elle se courba davantage sur sa couchette. « Si tu pouvais arrêter de piailler. J’essaye de dormir et tu m’as réveillée. » claqua-t-elle, avant de s’entourer de ses bras. Le chant de la nuit reprit ses droits ; et il répéta à son cœur les phrases qu’il avait dites, celles-là et les mots précédents, l’aveu de son amour, la sincérité de son baiser. Elle le haïssait. Elle aurait voulu qu’il partît loin d’elle et ne revînt jamais ; et pourtant, dès que cette pensée l’effleurait, elle sentait son palpitant ruer dans sa cage thoracique. Les mâchoires scellées et les lèvres pincées, elle s’efforça d’ignorer les sentiments qui la submergeaient. Mais ils l’incendièrent avec la facilité qu’ont tous les feux à dévorer les forêts trop sèches.

Elle se retourna lentement, se redressa sur un coude et planta son regard serti d’ombres sur le brun. Elle ne dit rien. Ses doigts tremblaient, de colère et de tout le reste. En quelques gestes, elle franchit la distance qui les séparait et le poussa sur l’épaule pour le forcer à se mettre sur le dos. Elle s’assit sur son bassin et enroula sa main autour de sa gorge. Sous la pulpe de ses doigts, elle percevait son pouls, cet oisillon dont elle aurait si facilement pu briser les ailes. « Oui, c’était juste pour le plaisir. » Le mensonge lui érafla la poitrine. « Il m’arrive d’en garder certains plus longtemps que d’autres. C’est moi qui décide. » Elle fronça les sourcils. « Toi, je t’ai donné l’occasion de me tuer cent fois. Je t’ai détaché. Tu as plus de force que moi. Tu aurais pu le faire. » Elle en demeurait convaincue, et elle ne comprenait pas pourquoi il ne l’avait pas fait. Ça ne pouvait pas être par amour. Elle l’avait utilisé, elle l’avait fait souffrir, elle l’avait humilié. Elle l’avait amoindri et ruiné de toutes les manières possibles. Elle l’avait transformé en sa chose – il l’avait dit lui-même. « J’allais te tuer, je te l’ai dit. J’attendais juste d’être… » Le mot ne parvint pas à franchir la barrière de sa poitrine. Elle inspira et se redressa, puis d’un coup, ses épaules se voûtèrent et elle baissa les yeux. « Peut-être que je suis juste… » Elle déglutit, ravala les syllabes, les laissa tomber dans son ventre et la plomber toute entière. « Je n’ai rien à t’offrir. » Elle sentait sa forteresse s’effriter, chuter pierre par pierre, et tout à coup, elle ne trouva plus la force de la maintenir à bout de bras. Elle était terrifiée, éreintée, assommée. Entre la peur, la colère et la tristesse, elle dit d’une toute petite voix : « Tu ne peux pas m’aimer. Tu n’as pas le droit. » C’est moi qui décide. Lana se raccrocha à cette pensée, tel un dernier fil suspendu au-dessus du gouffre.



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Ven 19 Avr 2024, 13:58

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Fcd3
Liste non exhaustive des raisons de te tuer
Lana & Zeryel




« ... » Comme une gifle, sa répartie avait sonné Zeryel. Il était stupéfait. Comment avait-il fait pour en venir à aimer une harpie pareille ? C'était aussi stupide qu'aimer une pierre. Il était le dernier des imbéciles et elle, la dernière des connes. Brusquement, il pivota pour se coucher de l'autre côté et ne lui présenter que son dos, dans la même position qu'elle avait adopté. Il ne voulait plus la voir, ni même entendre le son odieux de sa respiration. Finalement, il avait hâte qu'elle ne soit plus là et peut-être alors pourrait-il se l'extraire du système, avec du temps et de la volonté. Ou peut-être pas. Mais ce serait toujours mieux que de lui laisser toutes ces opportunités pour le blesser encore. Il choisissait la torture du manque à ça. Loin de son emprise, il pourrait se reconstruire, se retrouver lui-même et laisser derrière lui cette mue pitoyable de celui qu'elle avait détruit. Il se sentait moins qu'un homme, usé mentalement et physiquement.

Ses paupières se pressèrent jusqu'à faire exploser des étoiles sur ses rétines, comme pour forcer sa conscience à lâcher prise. Il ne demandait plus qu'à trouver le sommeil et au réveil, ne trouver que la solitude comme compagne et qu'il ne reste d'elle que son parfum. Le bruissement des vêtements lui fit tendre l'oreille. Il retint sa respiration. Des pas précipités lui firent tourner la tête par dessus son épaule, les sourcils froncés. Elle n'allait quand même pas... « Ne t'appro - » commença-t-il à grogner avant d'être réduit au silence par l'enchaînement trop rapide et le poids sur son bassin et sur sa gorge. Aussitôt, il se propulsa, le dos cambré, les muscles bandés, les iris bardés du feu de révolte qui n'attendait jamais que l'étincelle pour se raviver. Ses poings serrés se levèrent avant qu'il ne se souvienne de sa promesse. Au lieu de frapper la blanche, ils heurtèrent durement le sol. « Espèce de... Dégage ! » parvint-il à articuler. Ses reins se soulevèrent encore. « Tais-toi ! » cracha-t-il en rejetant la tête en arrière au point de presque s'assommer tout seul. La douleur explosa sur son crâne et il souhaita que cela le rendit sourd. Il ne voulait pas l'entendre. Il ne voulait plus avoir mal. Sa rage brute muta en froid souverain. Il cessa de se débattre. Il ne la frapperait pas, mais il pouvait toujours l'ignorer. Son regard se planta loin au dessus d'eux, là où il ne la voyait presque plus. L'analogie avec les premières fois ne lui échappa pas. Quand elle le prenait en elle, exactement dans cette position et qu'il se cachait le visage avec le bras pour ne plus la voir, dévoré par la honte et l'horreur de sentir son bassin coopérer contre lui. Avec le temps, il avait cessé et ses yeux avaient caressé autant que ses mains et son plaisir s'en était trouvé décuplé. Sa culpabilité aussi.

En l'entendant hésiter sur ses mots, une première pour la tyranne dont l'éloquence l'agaçait tant elle en usait pour le faire se sentir comme un crétin, Zeryel ne put s'empêcher pourtant de la regarder. Il le regretta aussitôt. Éclairé par les braises mourantes, son visage de marbre se fragmentait, tâché d'émotions comme il n'en avait jamais vu. Les yeux rougis et gonflés sur sa peau d'albâtre, sa beauté impériale en pâtissait. Il déglutit avec difficulté, sentant sa pomme d'Adam glisser le long de sa poigne qui s'allégeait. Il craignait les échardes d'un nouveau piège mais ne voyait pas comment l'éviter. Il ne savait que sauter même s'il ne savait pas voler. Il écarta sa main enveloppant sa gorge et se redressa sur ses coudes. « Tu ne peux plus me donner d'ordres. » C'était pourtant le seul qu'il aurait volontiers suivi. « J'ai dit que je t'aimais. Je n'attends pas que tu m'offres quelque chose en retour. Ce sont mes sentiments, ils m'appartiennent et c'est sans doute la seule chose qu'il me reste, la seule chose que tu m'as donné après m'avoir tout arraché. Peut-être que c'est la seule chose que je veux conserver de tout cette horreur. Que quelque chose de bon ressorte de toute cette souffrance. Pas pour moi, cependant. C'est trop douloureux pour moi, de savoir que tu vas me manquer, que tu vas me remplacer et que tu m'oublieras. Tu as raison. Je ne devrais pas t'aimer. Tu m'as condamné jusqu'à ce que mon cœur cesse de battre, félicitations. Tu ne m'as peut-être pas tué, mais il aurait mieux valu. » Il sourit, comme si cette fatalité n'était pas une fin en soi. « Mais peut-être que, plus tard, dans ton palais, tu repenseras à moi, et tu te souviendras que quelqu'un t'a aimé malgré tous tes défauts. Peut-être que ça te rendra heureuse, un peu, de savoir que je ne te détestais plus et que je voulais d'une vie avec toi, où nous aurions tous les deux été libres. »

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Sam 20 Avr 2024, 10:07



by WhiteKuroe

Liste non exhaustive des raisons d’aimer

En duo | Zeryel & Lana



Les yeux de Lana plongèrent dans les siens. En acceptant de l’emmener à l’extérieur, en demandant aux gardes de s’éloigner, en abaissant sa vigilance, elle lui avait offert l’occasion de s’échapper, de se soustraire à elle, de regagner sa liberté. Et cette liberté qu’elle voyait désormais se déployer l’effrayait. Elle luttait désespérément pour reprendre le contrôle, pour assommer son libre-arbitre, pour qu’il acceptât de revenir sous son joug et n’être plus qu’un instrument, un objet qu’on ne pouvait ni blesser ni heurter. Sa vulnérabilité la terrifiait. Elle la renvoyait à la sienne, dont le sursaut d’existence lui broyait la poitrine et la gorge. Sa faiblesse réclamait la fragilité de Zeryel, voulait s’enrouler autour d’elle, la laisser se lover en son sein, et ça n’était pas acceptable. Le gouffre l’engloutirait, encore. Elle voulait se persuader qu’il mentait et qu’il méritait qu’elle le traitât comme elle l’avait toujours fait. Qui pourrait l’aimer, elle ? Des années durant, elle avait tout mis en place pour que plus personne ne prononçât jamais ces mots à son égard. Elle ne se faisait aucune illusion sur sa personne : si l’extérieur était beau, l’intérieur regorgeait d’horreurs. Elle n’avait rien à offrir parce qu’elle s’était vidée de tout. Elle n’avait jamais refermé la brèche que le premier avait ouverte, et tout ce qu’elle possédait de bon avait coulé par cette béance. Elle n’en voulait pas, puisque ça n’avait causé que souffrance. Mais face à Zeryel, les parois de sa plaie semblaient se dilater à nouveau, s’écarter et, pour la première fois, laisser entrer quelque chose. D’une manière ou d’une autre, il avait réussi à s’y glisser. Il l’habitait un peu. Lana baissa les yeux, les mains désormais clouées à ses genoux. Elle sentait bien qu’elle perdait la guerre. Dans la pénombre de la grotte, assaillie par le passé et angoissée par le futur, elle oscillait entre la résignation et la sauvagerie de la bête qui se voit mourir.

Pour la première fois, elle laissa les mots de Zeryel se déverser en elle. Elle les écouta véritablement ; elle s’imprégna de leur sens, des intonations qui les modelaient, des émotions qui les baignaient. Ses paupières se fermèrent, mais l’écran noir ne la protégea pas du réel. Enfant, elle croyait que ne plus voir le monde la préservait d’exister, et elle avait conservé ce réflexe quand les coups s’abattaient, en sachant pertinemment que cela ne servait à rien. Son cœur percevait au-delà des images et des sons. Il n’avait pas besoin que le brun s’exprimât pour l’entendre ; son tempo résonnait en lui. Elle le connaissait par cœur. Elle l’avait écouté pendant le sexe, pendant ses colères, pendant le sommeil. Il avait rythmé ses nuits, parfois ses journées ; et quand le silence assourdissant pesait sur ses tympans, le chant de ses battements semblait emplir l’air.

Lorsqu’elle redressa la tête et rouvrit les paupières, elle vit son sourire. Triste, sans joie, juste comme elle le détestait. Elle eut envie de le frapper, de lui crier de faire un effort, d’arrêter de la tourmenter, mais ses bras demeurèrent défaits le long de son corps et sa bouche scellée par sa gorge nouée. Quelque part existait la conscience que c’était elle qui l’avait rendu ainsi, qui l’avait détruit comme on l’avait cassée. Elle serra les dents et recula légèrement le buste, violentée par la sincérité qui se dégageait de ses paroles. Ses iris humides s’échappèrent, explorèrent le sol, ses ongles crispés sur ses cuisses, les plis de leurs vêtements mêlés, puis se furent les larmes qui s’enfuirent. Elle les chassa du plat des paumes, d’un côté et de l’autre de son visage peint de tristesse et de détresse entrelacées, avant que son corps ne s’affaissât contre le sien. Ses bras s’enroulèrent autour de sa nuque, sa figure se lova dans son cou, et elle se blottit contre lui comme si elle avait voulu qu’ils se fondissent l’un dans l’autre. Elle retint tous ses sanglots mais fut incapable de tarir ses cornées, desquelles s’écoulait tout ce que des années d’aridité avait empêché d’exister. Elle respira son odeur, elle avait l’impression qu’il allait partir, que c’étaient des adieux, qu’il ne reviendrait jamais, et soudainement cette perspective la terrifiait. « Je ne veux pas repenser à toi, je ne veux pas me souvenir… » Elle voulait juste qu’il fût là. Elle resserra davantage son étreinte. « Je t’ai gardé parce que quand je t’ai vu… » La blonde déglutit. Les mots ne sortirent pas – peut-être qu’ils ne sortiraient jamais. « Rentre avec moi. » demanda-t-elle, la voix enrouée. « Je te promets qu’on changera tout. » Elle renifla doucement, et son parfum asphyxia à nouveau ses poumons, et elle crut qu’elle mourrait étouffée, et si elle devait mourir, elle voulait mourir maintenant, elle ne voulait pas avoir à se souvenir. « Même si je n’arrive pas à avoir d’enfant et même si tu me détestes pour ça, je… » Elle ferma les yeux et serra les dents. En elle régnait un chaos virulent. Elle pensait à son passé, elle pensait à Zeryel et à ce qu’elle lui avait infligé ; elle se souvenait et elle détestait se souvenir. Alors, elle souffla des mots auxquels elle n’avait jamais eu le droit, et qu’elle aurait dû prononcer tant de fois : « Je te demande pardon. »



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Zeryel
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Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Fcd3
Liste non exhaustive des raisons de te tuer
Lana & Zeryel




« Tu... » Préparé à tout sauf à la voir pleurer, Zeryel la dévisagea, interdit. Est-ce qu'elle pleurait ? Il ne pouvait croire que ses mots pouvaient franchir sa carapace, ni même qu'il restât quoi que ce soit là-dessous à toucher. Il avait cru jeter son cœur dans le vide puisqu'elle se fichait de ce qu'il pouvait dire ou ressentir, elle ne voulait que revenir chez elle où elle pourrait sélectionner un nouveau martyr. Alors pourquoi pleurait-elle ? Il la savait manipulatrice, mais ne lut que l'affreuse vérité rouler sur ses joues. « Je... » Il se sentait affreusement mal. Il aurait préféré qu'elle se mit à crier, qu'elle se jetât sur lui comme plus tôt pour tenter à nouveau de l'étrangler, tout plutôt que ça. Il ne savait pas gérer ça, il ne voulait pas être à l'origine de ça, il avait juste voulu être sincère, avant la fin, qu'elle sache même si ce serait stérile.

« Je ne voulais pas, je... » Les excuses ne vinrent jamais, dissipées par une autre nouveauté pour laquelle il n'était pas préparé. Il s'était redressé par réflexe pour réceptionner l'étreinte et il fixait désormais le vide, complètement désorienté par son initiative. À quand remontait la dernière marque de tendresse qu'il avait pu donner ou recevoir ? Il réalisa combien ça lui avait manqué en se sentant frémir et ses propres yeux commencer à lui piquer. Son visage s'enfonça dans ses cheveux et ses bras l'entourèrent pour la serrer contre lui aussi fort qu'il put. C'était une erreur. Ça ne rendrait la suite que plus difficile, quand il n'aurait plus que son souvenir à se rattacher et qu'il se souviendrait de sa chaleur se mélanger à la sienne sans la souillure du sexe, juste pour éprouver le besoin de savoir que l'autre était présent. Ce n'était qu'une nouvelle blessure qu'il s'infligeait et qu'il mettrait une éternité à oublier, mais il ne pouvait pas plus s'en empêcher qu'il ne pouvait demander à ses poumons de cesser de fonctionner.

Son souffle se bloqua de lui-même en l'entendant formuler sa demande. Il sentit son expression se fermer. Comment pouvait-elle lui demander ça ? Après tout ce qu'il avait subi dans ce lieu de cauchemars ? Le croyait-elle suffisamment stupide, suffisamment aveuglé par son amour pour elle pour accepter d'y remettre les pieds ? « Je ne veux pas de ton pardon. » lâcha-t-il, plus froidement qu'il ne l'aurait voulu. Ses bras étaient retombés et il se recula pour lui faire comprendre qu'il ne voulait pas non plus des siens. Son contact brûlait trop. Elle lui en demandait trop. « Non. » Les sourcils froncés, il osa enfin la regarder dans les yeux et refusa de flancher face aux siens, gonflés de larmes. « Je ne peux que refuser, et tu le sais. Je t'aime, oui, mais je ne peux pas revenir. Jamais. Demande-moi tout, mais pas ça. C'était trop... Même si on changeait tout, même si toi tu changeais, c'est impossible. » Il y avait autre chose qui le chiffonnait, sur lequel il avait tiqué. « Tu penses que je te détesterai si tu ne peux pas avoir d'enfants ? Vraiment ? Tu crois que je suis comme lui ? Depuis tout ce temps ? » Était-ce pour cette raison qu'elle l'avait sélectionné ? Qu'elle ne l'avait toujours pas tué ? Qu'elle avait pris tant de plaisir à le faire souffrir ? Car quelque chose en lui lui rappelait cet homme ? Car il lui ressemblait, peut-être ? Parce qu'elle l'aimait encore, lui, même s'il n'était plus qu'une ombre du passé ? « Je ne suis pas lui. » articula-t-il, à la fois vexé et en colère. « Ça m'est égal que tu portes mon enfant ou non. Je ne t'en voudrais jamais pour ça, je ne suis pas lui ! » répéta-t-il. Il sentait qu'il s'emportait mais il ne supportait pas qu'elle puisse faire un tel parallèle. « C'est à lui que tu penses, non, quand tu me regardes ? » Ses lèvres se pressèrent entre elles et il détourna le regard. Il ne supportait plus de la voir, ni qu'elle le voit. « Va -t-en. »

Message VIII | 724 mots

Liste non exhaustive des raisons de te tuer | Lana Mad-upset
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