Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Partagez
 

 Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3849
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 15 Oct 2023, 20:47



Unknown

Ce lien qui nous lie ne cassera pas

En duo | Sól & Freyja


RP précédent : Que l'Ombre rayonne.
RP liés : Que la Lumière rayonne et que l'Ombre dévore ; Le Bal de Seaghdha ; Que l'Ombre s'étende.


« Priam, il nous déteste ? » La question perça la mélodie des oiseaux. Freyja regarda Yngvild, calée entre ses jambes, quelques jouets éparpillés devant elle et avec lesquels elle s’était évertuée, jusqu’ici, à créer des histoires. Les mains enfouies dans sa chevelure rousse, l’Ange leva le nez de la tresse qu’elle était en train de réaliser. Bien que le visage de l’enfant lui fût caché, elle entendait la tristesse qui tintait dans sa voix, et elle sentait son aura délicate et mélancolique autour de sa frêle silhouette. Son cœur se serra. « Bien sûr que non. Pourquoi est-ce que tu dis ça ? » La rouquine haussa les épaules. « Il est toujours pas revenu, alors qu’il est vivant. Toi, t’es venue plusieurs fois. Alors je me dis qu’il a peut-être plus envie de nous voir. » L’aînée baissa les yeux sur ses doigts. Du pouce, elle caressa une mèche cuivrée, avant de reprendre lentement son ouvrage. « Je ne pense pas. » Parler de son frère réveillait des souvenirs douloureux. Elle ne pouvait pas oublier Amestris ; surtout, elle ne pouvait pas oublier la déception, l’horreur et le dégoût qui avait marqué ses prunelles lorsqu’elle lui avait confessé son secret. Ses mots secs résonnaient encore dans son cœur. Malgré les blessures qu’il y avait tailladées, il lui manquait. À Seaghdha, elle aurait aimé qu’il s’adressât à elle autrement, ou qu’il ne lui dît rien. Elle aurait aimé constater que sa colère s’était apaisée, et qu’il ne lui en voulait pas vraiment. Que les liens du sang primaient sur tout le reste. Que tout ce qu’ils avaient vécu ensemble leur permettaient de surmonter n’importe quelle épreuve. Mais Priam était aussi rancunier qu’un Cerfeuil. Peut-être qu’il ne venait pas parce qu’il ne voulait pas la croiser. Peut-être qu’il ne venait pas parce qu’il avait peur de faire face à la nouvelle réalité qui s’imposait à leur peuple. Peut-être. Elle n’en savait rien. Ils ne se confiaient plus l’un à l’autre. Son secret semblait avoir tranché tout ce qui les liait. Il n’y avait rien à regretter, car si elle n’avait pas avoué, elle n’aurait probablement pas été libre à ce jour. Mais elle aurait aimé que les choses fussent autrement. « Je suis persuadée qu’il pense très fort à vous. Tu sais, moi non plus, je ne l’ai pas beaucoup vu, depuis la guerre. Il a beaucoup de travail, mais je suis certaine que, dès qu’il aura du temps, il viendra vous voir. » La petite Réprouvée hocha tout doucement la tête. Elle renifla bruyamment, inélégamment. Un sourire vague fila sur les lèvres de l’Ange. « Et toi ? Tu vas bientôt partir, non ? Tu vas revenir plus souvent ? » - « Oui. Je viendrai dès que je le pourrai. » Un silence se faufila entre elles, puis Yngvild reprit. « Je veux pas que tu partes. Dastan est chiant, mais j’ai pas envie qu’il parte non plus. Je veux pas être toute seule ici. Depuis que y’a plus Razhul, c’est plus pareil. Elle me manque tout le temps. » Elle se retourna vivement. Ses cheveux s’échappèrent des doigts de son aînée et voltigèrent dans son cou. « Vous allez me manquer tout le temps aussi. » fit-elle, les yeux plein de larmes. Freyja la considéra, démunie, le cœur soudain vrillé par cette sœur dont elle n’avait jamais voulu. « Viens dans mes bras. » Elle se redressa, la prit par les épaules et l’attira contre elle. Elles demeurèrent quelques longues secondes ainsi, la Manichéenne secouée de lourds sanglots d’enfant ; l’Aile Blanche, les yeux humides et la poitrine vibrante d’émotions. Entre ses jambes reposaient toujours les jouets d’Yngvild. Des Réprouvés, des Anges, des Démons, des bicornes, des cerfeuils et même un Sorcier sculptés dans du bois et peints grossièrement par la petite fille. Une poupée en toile rêche, fourrée de paille, qui lui avait autrefois appartenue et qu’on avait donné à sa cadette après l’avoir rapiécée une énième fois. Une hache qui, elle n’avait rien d’un jouet. Depuis quelques temps, elle voyait Yngvild se promener partout avec. « Elle est jolie, ta hache. » lui dit-elle, pour lui changer les idées. « C’est un cadeau de Sól. » répondit l’enfant en reniflant contre son cou. Entre ses doigts, elle tenait une mèche de ses cheveux bruns. « Sól… »



Devant la porte de la maison Tynath’Thuk, Freyja n’hésita pas. Elle toqua, et attendit qu’on lui ouvrît. Quand la poignée s’activa, l’entrebâillement lui dévoila le visage de Máni. Elle l’avait vu plusieurs fois, lors de ses retours successifs à Lumnaar’Yuvon. Elle n’était jamais allée vers lui, comme elle n’était jamais allée vers sa jumelle. En se montrant si lâche face à eux, elle avait dérogé à ses habitudes comme à ses valeurs. Elle était là pour réparer ce qui pouvait l’être. Ce que Sól accepterait qui le fût, tout du moins. « Salut, Máni. » Il n’avait plus rien de l’enfant qu’elle avait connu ; tout comme elle ne ressemblait plus à l’adolescente qui avait choisi de rejoindre les Anges. Des années les séparaient et, plus encore, le silence, l’absence, et tout un monde. « Est-ce que ta sœur est là ? » demanda-t-elle, d’une voix qu’elle maîtrisait, mais au fond de laquelle elle sentit carillonner son émoi.



Message I – 880 mots




Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  1628 :


Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Dim 15 Oct 2023, 22:08


Ce lien qui nous lie ne cassera pas
Freyja & Sól

RP précédent ;
Au risque que l'ombre s'étende


Sól était en train de rapiécer ses vêtements lorsqu'on se manifesta à leur maison. Leurs parents, sortis voir des amis, seraient entrés sans se donner cette peine. « Je cuisine. » déclara Máni en abaissant son couteau. « Tu coupes du saucisson. J'appelle pas ça préparer un repas. » rétorqua la blonde sans relever la tête de son maillot. « Et moi je couds. Pour de vrai. » Elle avait bientôt terminé, heureusement. Leur mère était artisane, en plus d'aider aux champs. Ni le fils ni la fille n'avaient hérité de son talent manuel. La réparation de la guerrière était grossière, plus fonctionnelle qu'esthétique. Elle se moquait d'avoir l'air d'une gueuse. Le tissu, comme toutes les autres denrées, était précieux et il était idiot de se débarrasser d'une chemise parce qu'un malheureux trou y avait été percé. « T'es plus près de la porte. Ouvres. » remarqua l'ancienne Ange. « Tss. » rouspéta le démon. Pourtant, il posa l'ustensile et s'essuya les doigts sur son pantalon. Il fit demi-tour et se dirigea vers l'entrée. Il aurait pu argumenter mais cela aurait sans doute débouché sur une dispute. Il n'avait pas l'énergie pour ça, pas maintenant. Ou plutôt, il avait la flemme. C'était plus simple d'ouvrir, et de revenir à son repas ensuite : il se remplirait plus rapidement la panse de la sorte. « T'es chiante. » se contenta-t-il de critiquer sa jumelle, pour la forme.

La voix qui s'éleva paralysa la Kendov. Elle la reconnue sans avoir besoin de voir de visage ou de demander de qui il s'agissait. Elle écarquilla les yeux, et ses mains ainsi que ses lèvres tremblèrent. Dans sa poitrine, son cœur s'était emballé. Freyja. Un remous émotionnel la secoua, la brassa violemment. Depuis son retour à Lumnaar'Yuvon, la blonde s'était à plusieurs reprises rendue jusqu'à la demeure de l'Aile d'Acier. Elle s'était posté devant, et avait observé. Parfois, elle avait fait mine d'aller s'y présenter. D'autres fois, elle avait ramassé des pierres pour la lancer à travers la fenêtre. Le manque et la nostalgie guerroyaient contre la rancœur et la colère. Finalement, elle n'avait jamais agis, dans un sens comme dans l'autre : toujours, elle avait fait demi-tour sans oser affronter la présence de la tahrodiis. Pourtant, elle avait remarqué les changements. La tombe ne lui avait pas échappé. Elle avait voulu la questionner, n'en avait rien fait.

A la porte, le démon renifla avec dédain. Il sembla hésiter un instant, détaillant la silhouette de la manieuse de métal. Elle était bonne. Mais c'était une traitresse, et surtout la sœur de la pire des enflures. La transgression de Dastan dépassait de loin l'abandon que leur avaient infligé tous ces fuyards qui avaient renié leurs origines. « Qu'est ce que tu veux, toi ? » lâcha-t-il finalement avec un regard mauvais en direction de celle qui s'imposait. Il ne lui retourna pas sa salutation. Lorsque la réponse de Laëth résonna, le cœur de la Manichéenne se serra. L'Espoir avait enrobé son cœur, bien qu'elle aurait nié toute accusation de faiblesse. Dès qu'elle s'aperçut avoir nourrit ce désir, elle se renfrogna - repoussa cette pensée, se para d'une carapace de mauvaise foi et de cette rage qui ne la quittait plus depuis leur défaite. « Ouai, elle est là. Mais elle veut pas voir ta sale tronche, et encore moins te parler. Pourquoi tu remets pas une de tes tenues à froufrous de magicienne et retournes pas t'occuper de la queue de ton magot de merde ? » Les rumeurs du mariage s'étaient propagées jusqu'ici. Décidemment, les Belegad n'étaient qu'une succession de déceptions.

Sól lâcha son ouvrage et se redressa, les poings serrés. Elle fusa jusqu'à la porte et poussa doucement le brun. « Parles pas à ma place. » fit-elle. Máni lui lança un regard plein de mise en garde. Il connaissait sa jumelle et savait le cœur tendre qui battait, derrière l'armure épaisse qu'elle essayait d'ériger. Si on lui présentait les bonnes armes, ses défenses s'effondraient à chaque fois. Freyja Belegad était indéniablement une nuisance, une menace même. Il ne souhaitait pas que l'Emplumée lui retourna le cerveau. « Parce que tu veux lui causer, peut-être. » « Occupe toi de ton cul. » répliqua-t-elle. Enfin, la Bipôlaire riva son regard sur la brune. La voir face à elle éveilla la tempête qui avait déjà fait rage lorsqu'elle était installée sur le canapé. Le trouble traversa son visage, trahissant les tiraillements qui la déchiraient dans une lutte interne. Elle déglutit. La petite fille qui avait grandit avec Laëth aurait voulu sauter à son cou. Mais l'adolescente avait gagné en honneur, et un verni d'orgueil s'imposait à elle. Surtout, elle n'avait pas oublié l'abandon, les promesses trahies, l'absence. Le pardon n'était pas quelque chose qu'elle était prête à accorder facilement. La Tynath’Thuk garda le silence de longues secondes, détaillant la Belegad de la tête au pied, la jugeant sans s'en cacher. Finalement, la blonde baissa le regard sur la hache, posée contre le chambranle de la porte. Elle songea à s'en saisir mais renonça à l'idée. Elle avait envie de hurler contre la traitresse, mais elle n'était pas assez folle pour se confronter à elle. « Manges pas tout le saucisson. » interdit la blonde. Puis elle quitta la demeure, refermant la porte derrière elle.

Sól n'avait pas envie que Máni intervienne dans ses retrouvailles avec la Belegad. Elle avait besoin d'intimité - un concept étrange, dans cette communauté où tout se partageait et tout se savait toujours. L'aile blanche se dirigea jusqu'aux abords de l'un des champs. Là, elle se tourna pour faire face à l'intruse. Elle croisa les bras sur sa poitrine. « Qu'est ce que tu me veux ? » lâcha-t-elle froidement, ses yeux dénués de la chaleur qui les avaient habités dans sa jeunesse.
1017 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3849
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Sam 21 Oct 2023, 20:27



Unknown

Ce lien qui nous lie ne cassera pas

En duo | Sól & Freyja



Un sourire amer crispa les lèvres de Freyja. « Change de ton ou c’est de ta queue que je risque de m’occuper, et pas d’une façon aussi plaisante qu’avec la sienne. » menaça-t-elle. « Laisse ta sœur venir, au lieu d’aboyer inutilement. » Les griefs qu’il nourrissait à son encontre n’étaient pas difficiles à deviner. Ils voguaient dans les prunelles de bien des habitants de Lumnaar’Yuvon. Certains avaient la mémoire courte, ou se moquaient de savoir ce qu’elle avait risqué pour eux à Amestris, et comment elle avait fait son possible pour les aider, avant. Peu leur importait qu’elle s’investît dans la vie de leur communauté, peu importait ce qu’elle avait accompli et ce à quoi elle travaillait – et si une partie des réfractaires reconnaissaient son apport, tous s’entendaient pour dire que ça n’excusait pas tout et que le passé ne s’effaçait pas en quelques bonnes actions. Elle les avait quittés pour les Anges. C’était une bavure qu’on n’oubliait pas facilement. Ses liens avec eux n’étaient pas rompus, alors que les relations entre les deux peuples maintenaient à froid les échanges et les efforts de coopération. Elle souillerait leur sang en portant les enfants d’un Magicien. Freyja ne pouvait qu’espérer que le temps ferait son œuvre, et que la rancœur s’apaiserait. Elle continuerait à venir, à rebâtir le corps de ferme qu’elle avait récupéré avec Priam, à passer du temps avec sa famille, à œuvrer pour les Réprouvés. Ce qu’elle était partie chercher chez les Immaculés, elle l’avait déjà ici. Elle ne s’en était simplement pas rendu compte, à l’époque ; et néanmoins, si on lui avait donné l’occasion de tout refaire, elle n’aurait rien changé. Sa vie comportait son lot de déceptions, de souffrances et d’injustices, mais elle aurait été naïve, idiote, de croire qu’elle aurait pu mener une existence sans déboires. Ces douleurs faisaient partie d’elle, et elles n’égalaient en rien les espoirs et les bonheurs qui leur répondaient.

Quand la voix de Sól résonna, le cœur de l’Ange fut secoué de quelques battements fébriles. Ses iris se raccrochèrent immédiatement aux siens, aux sourcils blonds qui les surmontaient, au nez qui prolongeait la courbe de ces derniers, à la bouche plissée qui marquait son mécontentement, aux boucles blondes qu’elle avait si souvent tressées. Son regard bleu la sonda. Elle ne bougea pas. Elle se contenta de la scruter aussi, à la recherche d’un indice sur ses pensées. Des traces des trahisons. Elle revoyait la petite fille croisée dans cet endroit étrange, dans cet entre-deux qui lui avait semblé être un rêve sans en posséder l’exacte tessiture. La gamine l’y avait jaugée de la même manière. Sa magie aurait pu lui permettre de faire éclore dans la poitrine de la blonde les émotions propices à une discussion, mais elle refusait d’en user. Elle estimait lui devoir au moins ça ; une conversation honnête.

Ses pupilles fixèrent un instant la porte close puis, aussi silencieuse que Sól, elle la suivit jusqu’à la lisière d’un champ. La saison des récoltes était terminée ; là où l’or ondulait reposait désormais une terre brune, ameublie par le passage des machines, des bêtes et des hommes. L’Ailée se demanda si, d’ici quelques années, la magie aurait supplanté toutes ces pratiques ancestrales, ou si les Manichéens y demeureraient trop attachés pour les abandonner. Quand la voix de la blonde claqua, elle se tourna vers elle. Elle n’avait pas vraiment réfléchi à ce qu’elle allait dire. Elle avait du mal à imaginer l’accueil qu’elle lui réserverait. Ce qu’elle était devenue, ce qu’elle pensait, ce en quoi elle croyait, quelles étaient ses limites. Lors de ses retours à Lumnaar’Yuvon, elle ne l’avait observée que de loin. Elle avait toujours été occupée, et Sól n’avait pas toujours été là ; cependant, si elle avait voulu la rencontrer, elle aurait pu. Elle n’en avait simplement pas eu la volonté – ou cette volonté avait été écrasée par une lâcheté qu’elle ne se connaissait pas. « Yngvild m’a montré la hache que tu lui as offerte. J’ai repensé à nous, avant. Et je me suis dit que j’avais été bête et lâche de ne pas être venue te voir plus tôt. » avoua-t-elle. « Je sais que ma décision t’a paru cruelle, à l’époque. On n’en a jamais reparlé, depuis. Enfin, pas vraiment. » L’Aile Blanche s’humecta les lèvres. Elle baissa les yeux un instant, avant de les relever vers la Tynath’Thuk. « Je pense que ce serait bien qu’on le fasse. J’aimerais bien qu’on le fasse. » rectifia-t-elle. « Mes parents m’ont dit que tu traînais régulièrement autour de chez eux et de chez moi, alors j’imagine que tu dois avoir des choses à me dire. » Sans être surveillés, les allers et venues répétitifs se remarquaient. Et dans le village, tout finissait par se savoir.



Message II – 796 mots




Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  1628 :


Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Dim 17 Déc 2023, 16:08


Ce lien qui nous lie ne cassera pas
Freyja & Sól

RP lié ;
La cachette


« Oui, t’as été lâche. Depuis le début. » La réplique avait fusée, sans concession, sans modération ni nuance. Elle criait une vérité qui avait meurtrie la blonde, mais elle taisait surtout l’essentiel. La brune avait sa part de responsabilité, mais la réprouvée pouvait être accusée des mêmes torts. De ne pas avoir osé braver son anxiété, de ne pas être allée au-devant de sa rancœur pour aller affronter celle qui poignardait son palpitant à chaque nouveau silence. La Tynath’Thuk refusait de l’admettre, mais elle ressemblait parfois à son amie d’antan. Freyja n’avait pas été la seule à faire le parallèle entre les liens qui unissait la Kendov aux filles Belegad. « On se demande bien à qui c’est la faute. » renchéri l’ancienne Ange, toisant l’Aile d’acier avec une pointe de mépris. Elle avait essayé de renouer le contact, ça avait même été le premier vœu qu’elle lui avait formulé. Elle avait réussi à lui faire parvenir la Corne, par l’intermédiaire de Norok : sa part du marché avait été tenue. Pendant les semaines qui avaient suivis, plusieurs mois même, la blonde avait collé l’artéfact contre son oreille, dans l’attente d’entendre la voix réconfortante de sa gardienne. Roulée en boule sous sa couverture, elle avait chuchoté des appels à l’aide au creux de l’objet magique, l’avait imploré de lui répondre. Les silences répétés avaient été autant de lances perçant son cœur, creusant une fêlure béante qui s’était changée en ravin insurmontable. Elle s’était tant accrochée à cette illusion qu’elle s’était même battue avec Máni, lorsque le démon avait usé de la corne comme d’une pinte de bière. Tout cet acharnement n’avait servi à rien et l’espoir avait fané pour éclore en une animosité tenace.

Sól fit claquer sa langue. Désabusée, elle laissa l’un de ses bras retomber le long de son flanc tandis que l’autre s’enfonçait dans l’épaisseur de ses cheveux. Elle s’était doutée que la guerrière finirait par entendre parler de ses visites. Être mise face à ses contradictions restait cependant désagréable. Laissant retomber son autre main, la Bipolaire fit s’échapper un long soupir. « De quoi veux-tu parler, exactement ? » La Kendov releva la tête pour affronter du regard l’ennemie de ses émotions qu’elle tentait de verrouiller. « Tu as fait un choix, ce jour-là, quand tu es partie. » Elle renifla bruyamment, comme pour masquer la rage qui ressurgissait dans le flot de ses veines. « Celui de nous tourner le dos et de nous abandonner. De renier tes origines. C’était ça ton choix. » accusa-t-elle. Son regard s’était fait orageux. « De partir sans me dire au revoir, sans oser m’avouer en face que je ne te reverrai plus. Tu étais déjà lâche, à cette époque. » L’agricultrice se souvenait encore du jour où elle avait appris la nouvelle. Du choc que ça lui avait occasionné, de l’incompréhension qui avait bourdonné jusqu’au tréfond de ses entrailles. Elle avait voulu croire à un mensonge. Mais même en cherchant de partout, elle ne l’avait trouvée nulle part : sa meilleure amie avait disparu pour de bon. La douleur qu’elle avait éprouvée en comprenant restait imprégnée en elle comme une blessure indélébile, une vieille cicatrise encore à vif malgré les années.

Un rire glacial secoua la blonde. Malgré elle, elle sentait des larmes de colères lui monter aux yeux. « J’ai cru que tu regrettais ta décision, quand tu es revenue me voir cette fois-là. J’ai détesté ta magie, mais j’étais heureuse de te retrouver. » La fillette d’alors s’était enroulée dans un manteau d’espérance en retrouvant Laëth dans sa maison de poupée. « J’ai vraiment cru que tu venais t’excuser. Que peut-être tu me demanderais pardon, et que tu chercherais à revenir ici. » Sa tirade fut de nouveau entrecoupée par un rire nerveux. « Qu’est ce que j’ai été idiote, d’y croire si aveuglément. » Sentant sa part démoniaque ronger peu à peu les barrières qu’elle érigeait inconsciemment, la blonde se détourna et mis un coup de pied dans une motte de terre. « Est-ce qu’au moins tu as essayé de me parler avec la corne ? » s’entendit-elle demander. Sól pressa ses lèvres l’une contre l’autre. Elle détesta la faiblesse de caractère dont elle faisait preuve. La curiosité la dévorait, là où elle aurait souhaité être suffisamment détachée pour ne plus attendre aucune réponse. Là résidait pourtant la vérité : elle n’avait jamais cessé d’attendre secrètement. « Non, ne me réponds pas. » coupa-t-elle en levant une paume entre elles deux, comme pour parer une possible réponse. Une part d’elle avait peur d’y faire face.

L’esseulée soupira de nouveau. Elle flanqua ses mains dans ses poches, puis se retourna de nouveau face à l’Ange. « Tu es sortie de ma vie, comme tous ceux qui sont partis après toi. Je ne comprends pas bien pourquoi on vous laisse revenir ici, surtout après le bordel qu’a foutu Dastan. On n’a pas donné cette chance aux autres. » Elle n’était pas innocente dans la décapitation de Norok. Elle ne s’en sentait pas désolée. « Qu’as-tu de si spécial, Freyja, pour qu’on oublie tes affronts ? »
830 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3849
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mer 10 Jan 2024, 20:48



Unknown

Ce lien qui nous lie ne cassera pas

En duo | Sól & Freyja



Ce n’étaient que des choses qu’elle savait déjà, que des vérités que son cœur avait déjà formulées ; pourtant, les entendre se tordre au creux des mots de Sól lui fissurait la poitrine. Les mâchoires de l’Ange se contractèrent, en même temps que son regard s’assombrissait. Malgré tout, elle avait espéré que la blonde fût moins obtuse et moins véhémente que nombre des leurs. Qu’elle fût suffisamment mature pour comprendre qu’à l’époque de son départ, Freyja n’était qu’une enfant. Une gamine qui ne vivait que d’idéaux et de rêves irréalistes, une gamine déterminée à partir, en colère, mais pas moins perdue et apeurée. Elle ne connaissait absolument rien du monde, parce que le peuple auprès duquel elle avait grandi avait veillé à ce qu’elle n’en sût rien. L’ignorance que les Réprouvés imposaient à leurs enfants était la source de toutes leurs craintes et de tous leurs espoirs. Quand on ne savait rien, on pouvait imaginer l’impossible.

Depuis ce temps, des années s’étaient écoulées ; elle avait découvert l’ailleurs comme jamais elle n’aurait pu le soupçonner, elle avait saisi la valeur de ce qu’elle avait laissé derrière elle, elle avait construit un présent et un futur à cheval entre deux mondes. Sa vie ici ; et l’autre, là-bas, dans cet ailleurs apprivoisé et cependant pas suffisamment familier pour lui faire oublier ses origines. Le temps l’avait changée ; il ne semblait pas avoir eu la même emprise sur Sól. C’était toujours la fillette qui criait, pas la jeune femme. Et malgré elle, malgré sa volonté de renouer, cette attitude décevait Freyja et l’énervait. Elle se retenait de parler, parce qu’elle pressentait que toute ouverture mènerait à l’explosion. Elle serra les poings, puis finit par croiser les bras. La violence de son combat interne embrasait ses yeux verts. « J’ai- » La voix de la Tynath’Tuk claqua, et la Belegad se renfrogna davantage. Un rictus amer plia ses lèvres. « Qu’as-tu de si spécial, Sól, pour qu’on s’aplatisse devant ta colère ? Pour t’octroyer le droit de te faire juge et bourreau ? » répliqua-t-elle. Elle avança d’un pas vers elle. Spécial. Plus l’existence du hasard s’effritait dans sa conscience, plus les irrégularités de sa vie lui sautaient aux yeux. Elle avait cru avoir de la chance ; mais si le concept était caduque, alors peut-être que tout avait une raison. Peut-être qu’elle survivait parce qu’un ersatz de « spécial » régissait les grandes lignes de son avenir. Dès qu’elle y songeait, elle avait l’impression que l’orgueil la guettait, et elle faisait taire ce qui n’était sans doute que des illusions mégalomanes. Les étoiles étaient cruelles, et l’esprit faisait trop bien leur jeu. « Je t’ai déjà présenté mes excuses, et je ne ferais pas cette démarche si elles n’avaient été que des paroles en l’air. Soit tu acceptes tout ça, soit tu le rejettes. C’est ton choix. Je n’ai pas à me défendre continuellement au sujet des miens. Ils sont ce qu’ils sont et il est trop tard pour les changer. Je n’ai jamais cherché à faire consciemment du mal à qui que ce soit, toi comprise. » Elle la toisa.

« Quant à mon retour, si les Zaahin ne me voulaient pas ici, ils ne m’auraient pas choisie, ils ne m’auraient pas permis de revenir parmi vous, ils ne m’auraient pas laissée apporter mon aide pour quoi que ce fût – la vie quotidienne comme la guerre. » Les tambours de l’Odon do Dur semblaient résonner à nouveau entre ses tympans. Elle les sentait pulser contre son palpitant. C’était comme si la fièvre du combat rugissait à nouveau dans ses veines. Les images d’Amestris s’imprimèrent sur ses rétines. « S’ils avaient voulu ma mort, je serais morte, comme tous ceux qui ont tenté de revenir ici et qui n’ont pas pu passer la frontière ou comme tous ceux qui sont morts face aux Sorciers. » L’Ailée inspira. « La même chose s’applique à mon frère, d’autant que vos jugements hâtifs ne se fondent que sur des rumeurs. » Elle marqua une pause. Pour cela, elle les exécrait. Dès qu’une histoire impliquait un Sorcier, toute la confiance s’écroulait : on croyait dur comme fer aux pires inventions, comme si ne pas y accorder du crédit pouvait retourner contre soi les esprits de tous ceux dont le trépas revenait aux Mages Noirs. On préférait la stupidité d’une haine aveugle à l’éclairage intelligent de la raison. « Tu détestais ça, avant. L’injustice. Et aujourd’hui, tu passes aux accusations sans même tenter de te renseigner. » L’œil vaguement radouci, elle l’observa. « La guerre n’est simple pour personne. On y a tous perdu quelque chose ou quelqu’un. » Ses iris empruntèrent la direction qui conduisait au champ de millepertuis. Au rosier qui y reposait. « Après ça, je ne crois pas que l’heure soit à la division. Je continuerai à venir ici, à aider Hazaan et à maintenir ma porte ouverte pour tous ceux qui souhaiteront la passer. » L’Aile d’Acier se demanda si elle devait s’en aller. Tout l’y conduisait. La discussion s’achevait et il y avait peu de chances pour que la blonde revînt franchement sur sa position. Néanmoins, un vague espoir subsistait, qui lui clouait les pieds dans la terre.



Message III – 868  mots




Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  1628 :


Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Jeu 11 Jan 2024, 11:06


Ce lien qui nous lie ne cassera pas
Freyja & Sól


C'était à son tour désormais de se terrer dans le silence, de serrer les poings et de déglutir au travers de sa gorge écrasée sous la constriction de sa rancœur. De trembler, sans oser éclater, de lutter pour garder intact ce qui pouvait le rester. Ce n'était pas simple. Céder à la colère, c'était toujours ce qu'il y avait de plus facile, détruire se faisait en un éclair. Défendre, entretenir, bâtir : c'était cela qui demandait de la force, parfois même du courage. C'était pourtant ce qui avait le plus de sens, ce pour quoi on devait se battre, c'était une nécessité qui pulsait dans les veines de chaque Manichéen. L'absence de magie leur avait au moins appris cela : la valeur de ces choses que l'on construit à la sueur de ses efforts, l'importance de l'entraide et qui tisse ces relations solides formant leur communauté. Etait-elle si solide que cela, pourtant ? Se témoignaient-ils autant d'importance les uns aux autres ? Ils étaient toujours prompts à couper ces liens, sous couvert d'honneur et de devoir. Auraient-ils été forcés d'annihiler ces amitiés, ces amours et ces fraternités s'ils avaient pris le temps de panser les plaies, de guérir les blessures d'orgueils plutôt que de les exhiber si véhément ? S'ils ne s'étaient pas laissés emportés par leurs tempéraments, ne seraient-ils pas parvenus à tisser un pont pour surpasser les ravins qui séparaient leurs voisins ? Essayer de se comprendre, de s'accueillir, plutôt que de claquer sa porte à la vue de l'inconnu, de l'étranger. C'était face à toutes ces contradictions que la mettait Freyja. Des illogismes qui avaient déjà heurté la blonde dans leur violence, mais qu'elle avait préféré ignorer en se détournant des problèmes, plutôt que d'essayer d'y faire face. Parce qu'ils remettaient en question les choix du passé, des torts que l'on ne voulait pas admettre, que la fierté écrasait sous un océan de mauvaise foi.

Sól inspira pour reprendre la parole. Pourtant, elle retint son souffle. Parler, pour quoi dire exactement ? Freyja valait-elle vraiment la peine que l'on se batte pour elle ? Elle avait parlé des Zaahin : pourtant, depuis leur défaite, la blonde ne pouvait que les exécrer, ces Héros qui leur avaient tournés le dos, qui avait préféré sacrifier son frère à elle plutôt qu'un traître comme Dastan. Ils les avaient abandonnés, et les abandonnaient encore. Alors fallait-il accepter Freyja, tout ça parce que leurs protecteurs ne l'avaient pas chassé ? Oui. Peut-être que Freyja était devenue une inconnue, mais cela n'empêchait pas la Kendov de vouloir chérir les souvenirs qu'elle avait conservé de Laëth. D'espérer les rendre réalité à nouveau. Ce n'était pas pour rien qu'elle s'y était accrochée durant toutes ces années, qu'elle ne parvenait pas à les laisser derrière elle et à les oublier définitivement. Elle ne savait simplement pas comment ravaler cette fierté qui s'érigeait comme une carapace.

La blonde grimaça et leva ses deux mains de chaque côté de sa tête, pressant ses tempes. Elle sentait la pulsion de haine se fracasser contre la pulsion d'amour, la guerre valser avec la paix sans pouvoir se départager, et la plonger de nouveau dans un entre-deux qui la stoppait dans cet immobilisme, cette passivité qu'elle exécrait. Finalement, la blonde soupira, rabaissant ses mains devant elle pour les observer, comme si là se trouvait la décision qu'elle allait prendre. Réparer, ou détruire. Elle ferma puis rouvrit les poings, répéta plusieurs fois cette danse, ses iris rivés sur ses paumes. « Je te déteste. Tu le sais, n'est ce pas ? » lâcha-t-elle d'une voix tremblante d'émotion. Elle n'avait pas réussi à le lui dire en la regardant en face. Elle inspira de nouveau puis releva la tête pour affronter son amie d'enfance. « Je te déteste, autant que je peux t'aimer. J'ai envie de te frapper, de t'étrangler, et pourtant je me retiens de ne pas courir dans tes bras pour t'enlacer. J'ai envie de tout oublier, de pardonner, mais comment je fais, hein ? » L'agricultrice fit un premier pas vers la brune. « Comment est ce que je suis censée oublier ? Comment est ce que je fais pour te pardonner ? C'est une vraie question. Je crois que je ne sais juste pas comment faire. Parce qu'à chaque fois que j'ai pensé à ouvrir cette porte, à venir te retrouver chez toi, je n'ai pas pu. A chaque fois, je me revois, abandonnée, laissée sur le côté, je me souviens de ne pas avoir compris pourquoi tu étais partie sans m'emmener avec toi. Et j'essaye, et je déteste de savoir que je m'y efforce sans y parvenir. Je déteste me retrouver, encore et encore, juste devant chez toi, et devoir faire demi tour parce que je n'arrive pas à oublier. J'en ai mare, pourtant, de ne pas réussir à faire autrement que de revenir : parce qu'à chaque fois que je t'ignore, j'ai l'impression que je me déchire encore un peu plus. » Maintenant que le verrou avait cédé, elle avait l'impression de ne plus pouvoir s'arrêter, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle dirait : les mots s'exorcisaient hors d'elle sans qu'elle ne puisse organiser ses pensées. « Mais à chaque fois, j'ai l'impression que tu décides de prendre le chemin qui nous éloigne encore. Tu pars. Puis tu reviens, pour m'abandonner une fois de plus. Tu deviens une guerrière, et tu te bats à nos côtés, mais tu défends encore Dastan malgré ce qu'il a fait... » En parlant du roux, l'ancienne Ange sentit ses yeux s'inonder à nouveau, ses lèvres trembler. « Mes accusations... Tu penses sincèrement que j'ai tort ? Est ce que tout ça est faux ? Dastan n'aime pas son Sorcier ? Il ne l'a pas embrassé ? Il n'a pas pactisé avec l'ennemi qui a terrassé des millions des nôtres ? Alors pourquoi est ce qu'il n'a pas protesté dès le début, quand on lui est tombé dessus ? Pourquoi est ce qu'il a eu besoin que tu viennes à son secours, qu'Hazaan lui dise de parler pour qu'il ose enfin l'ouvrir ? Ca ne lui ressemble pas. Aucun de nous se laisserait autant traîner dans la boue sans protester jusqu'à en crever sans avoir quelque chose à se reprocher. Et puis... Pourquoi il avait l'air si coupable, hein ? Est ce que tu penses sincèrement qu'il a réussi à convaincre qui que ce soit ? »  S'il avait pu nier avec conviction, Sól l'aurait pardonné. Peut-être. Elle en avait envie, comme pour le reste.  « Hazaan nous a interdit de le tuer, mais il n'a pas cherché à nous détromper. C'est uniquement grâce à son interdiction que ton frère est encore vivant. S'il est vraiment innocent, s'il n'a rien à se reprocher, pourquoi ne peut-il pas nous regarder la tête haute, hein ? » L'orageuse se trouvait à moins d'un mètre de son interlocutrice, désormais. Son aura était impressionnante : encore aujourd'hui, Sól se sentait comme une gamine face à une force de la nature. « Et toi, tu le défends... » La blonde laissa un rire sarcastique couper son discours. « Bien sûr que tu le défends, c'est ton frère. Je t'aurais détesté aussi si tu l'avais abandonné, mais je ne peux pas rester insensible quand je te vois défendre un traître. Quelqu'un qui pactise avec ceux qui ont tué mon frère. Est ce que je suis injuste ? Dans ce cas explique moi. Où est ce que j'ai merdé ? Qu'est ce que je n'ai pas compris correctement ? » La bipolaire s'agrippa aux épaules de l'Ange. Elle s'y cramponna de toute ses forces, parce qu'elle savait qu'au moment où elle lâcherait prise, ses dernières chances de renouer avec la Belegad disparaîtrait pour de bon. « Dis moi comment est ce que je fais pour pardonner, hein ? S'il te plaît, montre-moi. » C'était presque une supplique. La porte était ouverte, elle se tenait juste devant. Elle avait juste besoin de quelqu'un pour l'y pousser.
1315 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3849
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Lun 12 Fév 2024, 21:31



Unknown

Ce lien qui nous lie ne cassera pas

En duo | Sól & Freyja


RP lié : Si tu peux conserver ton courage.


Comment pardonner ? Freyja fixait Sól. Elle l’écoutait, incapable de formuler une réponse à sa question. « Ça n’a rien à voir avec l’oubli. » se contenta-t-elle de souffler. Pour elle, c’était facile. Tant de fois, elle avait pardonné ce que d’autres trouvaient inexcusable. Elle avait passé outre les omissions, les mensonges, les trahisons. Son amour avait soufflé dessus aussi fort qu’une tempête, et il avait tout balayé, tout emporté. Elle n’oubliait pas, elle ne pouvait pas oublier. C’était le défi du pardon : réussir à transformer le fardeau de la mémoire en une charge à peine perceptible, ou en une force. Trouver le courage de panser ses plaies seule, parfois en y appliquant comme un baume les excuses offerte par autrui, mais plus souvent sans leur aide. C’était un chemin solitaire, difficile, douloureux. Un choix ; faire table rase du passé ou fonder le futur dessus. Pardonner ou entretenir la rancœur. Peser les avantages et les inconvénients ; faire jouer la rationalité du cœur pour qu’il pût murmurer qui du pardon ou de la rancune serait le plus insupportable. Souvent, elle pardonnait parce qu’elle aimait trop pour vivre avec la haine suspendue à la poitrine. Comme Sól, elle détestait ; et elle hurlait, elle grognait, elle pleurait, elle frappait, elle maudissait, elle rejetait, mais toujours, elle pardonnait.

Les mots de la blonde s’insinuaient en elle tels des centaines de dards d’abeille. Ils provoquaient à la fois une souffrance et une libération immédiates ; ils étaient durs à entendre, cependant, ils lui prouvaient qu’il subsistait quelques braises d’autrefois. Elle avait conservé cette douceur d’enfant que, sans le vouloir, Freyja avait piétiné par son départ. Ses paroles déferlaient sur elle, ouragan brutal et inarrêtable. Était-ce ainsi pour les autres, lorsqu’elle-même se noyait dans ses émotions ? Ses phrases frappaient-elles leur sternum comme le faisaient celles de la fille de Réprouvés ? Vivaient-ils la même violence, pourtant née de tant de tendresse ? Elle inspira et s’humecta les lèvres. À la mention de Dastan, sa bouche se plissa. Érasme existait en lui d’une manière incompréhensible. Il avait existé avant même qu’ils ne se connussent ; tout comme cela avait été le cas pour Lucius. Elle se rappelait nettement du rêve que le Magicien lui avait raconté. Son frère lui en avait narré d’autres. Il lui arrivait de se réveiller en pleine nuit et de se réfugier dans sa chambre, chez leurs parents, pour réclamer l’apaisement de sa magie. Il rêvait, comme elle avait rêvé d’Adam avant même de le connaître. Avait-ce aussi été le cas avec Kaahl ? Il lui semblait. C’était plus flou. Elle n’avait qu’une certitude, pour Dastan comme pour elle : leurs vies s’imbriquaient dans celles d’autres individus, et ces existences étrangères se mélangeaient aussi aux leurs, d’une manière qui les dépassait entièrement. Cette porosité inexplicable… Comme si la nuit traçait des ponts entre les âmes. La nuit et bien plus encore. Peut-être aurait-elle dû essayer de lutter contre, d’empêcher son frère de suivre cette voie que lui ouvraient ces cruelles étoiles, mais elle qui n’abandonnait jamais sentait pourtant que face à ces mouvements de temps et d’espace, elle ne pouvait rien. Avait-elle hérité cela de son songe avec Jun ? L’épée du devoir, et tout ce qu’elle impliquait…

Ses yeux verts sondèrent ceux de son interlocutrice. « Parce qu’il se sent coupable. La guerre lui pèse, Sól. Comme à tout le monde. » Elle inspira. Les mains de la blonde répandirent des frissons dans son dos. Ses doigts pénétraient sa chair. Elle serra les dents mais ne chercha pas à se dégager. « Je ne sais pas. » Elle se tut. « Je ne sais pas, pour Dastan. Peut-être que les rumeurs ont raison. Je n’en sais rien. Mais je ne peux pas le condamner sur la base de rumeurs. Et quand bien même elles seraient vraies, je ne me permettrais pas de tuer qui que ce soit pour être tombé amoureux de la mauvaise personne. Même si c’est un Sorcier… » Elle pensa à Kaahl. « Surtout Dastan. Il aime son peuple. Il donnerait tout pour lui. Tu te rappelles ? Déjà enfant, il n’arrêtait pas de répéter qu’il voulait devenir Seigneur des Deux Rives. » Un sourire triste peignit ses lèvres. « Peu importe ce qu’il a fait ou non. Je sais qu’à l’avenir, il fera les bons choix. » Elle marqua un temps. Elle le défendrait quoi qu’il advînt. Pas seulement parce qu’il était son frère, mais aussi parce qu’elle l’aimait. En elle gouvernait cette rage protectrice qui interdisait à quiconque de s’en prendre à ceux qui peuplaient son palpitant. « Sa mort ne changerait rien au passé. Ça ne veut pas dire que tu dois le croire, faire comme si de rien n’était ou le pardonner. C’est une affaire entre vous. Mais je pense sincèrement qu’on a tous le droit à une nouvelle chance, et que ce qu’on peut faire de mieux quand les autres vont mal et, potentiellement, se trompent de chemin, c’est leur tendre la main. » Elle haussa une épaule. « Mais c’est peut-être ma naïveté d’Ange qui parle. » Un sourire, un brin plus malicieux cette fois, éclaira son visage.

Un air plus sérieux le remplaça rapidement. La jeune femme n’attendait pas des plaisanteries. Sa souffrance ne les supporterait pas outre mesure. Freyja le savait parce que, malgré les années, malgré les sentiments broyés, elle la connaissait. Elles se ressemblaient. Elle retrouvait en Sól les tourments qui l’avaient assiégée, bien des années plus tôt. Cette conversation avec Jun, autour de ces verres d’alcool de riz, puis dans la neige d’un pays inconnu. Cette colère qui flambait en elle et son incapacité à savoir quoi en faire. À savoir si elle pouvait – et voulait – pardonner. « Pardonner, ça ne veut pas dire oublier, Sól. Et je ne sais pas vraiment comment on pardonne. » Elle regarda au loin. « Il faut réussir à panser ses plaies. On n’oublie pas la douleur non plus, mais on peut la transformer. » Ses mains s’arrimèrent aux avant-bras de celle qui avait été comme sa sœur. Durant quelques secondes, elle la considéra en silence, immobile. Puis, elle fit remonter ses paumes sur ses épaules et l’attira contre elle. L’odeur de ses cheveux d’or imprégna ses poumons. « Si tu sens que passer du temps ensemble, discuter ou même se battre t’aiderait à pardonner, je le ferai. Et j’espère qu’un jour, tu ne feras pas demi-tour devant chez moi, mais que tu pousseras la porte et que tu rentreras avec tout ce qu’il te reste de rancœur et tout ce que tu veux bien m’accorder de pardon. » murmura-t-elle.



Message IV – 1103 mots




Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  1628 :


Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Lun 26 Fév 2024, 10:40


Ce lien qui nous lie ne cassera pas
Freyja & Sól


Sól écoutait la plaidoirie avec un mélange d’espérance folle et d’incrédulité oppressante. Elle espérait encore découvrir la solution miracle pour régler tous ses problèmes, pour comprendre ce qui était allé de travers, pour savoir comment tout effacer d’un claquement de doigts. Pourtant, les paroles de Laëth ne lui paraissaient qu’être des insanités qui ravivaient la flamme de sa rancœur. Le moindre de ses arguments était terni par la voix démoniaque qui sommeillait chez la Kendov, et qui la tentait de frapper l’odieuse pour la faire taire. Sans trop savoir comment, l’Ange parvenait à luter face au Vil et à maintenir la colère dans une cage fragile. Oui, la jeune femme se souvenait de Dastan enfant, lorsqu’il exprimait fièrement être le prochain Seigneur des deux rives. C’était sans doute encore plus douloureux de s’en souvenir et de constater ses torts. Parce qu’un souverain se devait de protéger son peuple, pas de pactiser avec leur ennemi naturel. Serait-il vraiment capable de faire les bons choix, à l’avenir ? En faveur de qui ses décisions pencheraient-elles ? De son idylle ou de son peuple ? C’était cette variante qui le rendait instable et donc indigne de confiance. C’était cette question en suspens qui rendait la blonde à fleur de peau, ainsi que tous les autres manichéens. Là où la moindre menace troublait la force de leur nation, les Réprouvés préféraient écraser les parasites sans la moindre concession, sans mesure ni nuance. En ces temps de deuils encore plus que d’habitude. Tendre la main aux fautifs paraissait impensable. Peut-être aurait-ce été envisageable pour quelqu’un qui n’avait pas péché sur quelque chose d’aussi sensible, sur quelque chose qui ne brassait pas des millénaires de rancunes patriotique. Et pourtant, son propre prénom ne la prédestinait-il pas à ce geste d’altruisme ? Gamine, Sól avait détesté sa signification. Pont. Elle avait trouvé ça ridicule. Elle aurait préféré quelque chose de plus combattif, de plus glorieux, un sens dont elle aurait pu tirer sa fierté. Lorsque sa mère lui avait expliqué son choix, cela n’avait pas suffit à le lui rendre plus appréciable. Un pont, c’était surtout quelque chose qui parvenait à réunir les deux rives d’un fleuve malgré le plus tumultueux des torrents, à enjamber les obstacles qui pouvaient paraître insurmontables, à supporter le poids que lui imposaient les autres sans jamais s’effondrer. Les idiots n’en saisiraient jamais la valeur, lui avait assuré Léone. En cet instant, l’agricultrice semblait enfin saisir ce qu’avait essayé de lui transmettre sa mère. Tendre la main vers les autres. S’élever au-dessus des fossés pour rejoindre ce qui l’attendait de l‘autre côté. Poser la première pierre de l’édifice qui la conduirait au pardon, plutôt que de la jeter sur les sots. La Tynath'thuk émit un renâclement de nez qui ressemblait vaguement à un rire, entrecoupé par ses sanglots. « Ouai. On est deux foutues anges. » concéda la blonde d’une voix éraillée, qui suintait toujours de sa détresse.

Transformer la douleur. C’était encore quelque chose d’autre. La transformer en force ? Peut-être bien, car une fois le pardon accordé, la relation ne pouvait que s’en solidifier. Mais ne s’agissait-il pas d’un équilibre précaire ? Comment atteindre cette sérénité, ce lien incassable ? Rebâtir par-dessus un champ de ruines signifiait ne pas disposer de socle solide – au moindre ébranlement, tout risquait de s’écrouler de nouveau. Sól soupira. Elle n’était peut-être pas obligée de trouver toutes les réponses immédiatement. Peut-être que le premier pas était simplement d’accepter l’idée qu’une telle chose soit possible.

Lorsque Laëth l’attira à elle, Sól ne chercha pas à résister. Elle s’écrasa contre elle, de tout son poids, comme elle l’avait déjà fait avec tous ses fardeaux. Elle déposa sa joue contre son épaule et laissa s’écouler les larmes qu’elle ne parvenait plus à ravaler. Les mots de la brune la faisaient trembler. Fébrilement, elle remonta ses bras et serra la taille de la brune pour lui rendre son étreinte. « J’essayerai de te pardonner. » promit-elle dans un souffle. La blonde prolongea ce contact apaisant encore quelques secondes, le temps que ses sanglots se tarissent, puis s’éloigna d’un pas en arrière. D’un revers de bras, elle effaça ses larmes et renifla. « Je ne veux pas rentrer chez moi. Si j’y retourne maintenant, Máni va m’emmerder. » Sans doute essayerait-il de lui faire changer d’avis, de balayer les faibles résolutions qu’elle avait tenté de prendre. Elle était trop épuisée pour l’affronter et résister à son venin. « On marche un peu ? » proposa-t-elle tout en se détournant pour se mettre en mouvement.

L’agricultrice laissa son regard parcourir la campagne dans laquelle elle avait grandi. « C’est si vide… » murmura-t-elle. Elle ne parlait pas seulement de la nuit. Elle songeait davantage aux champs abandonnés sous le regard du soleil, car leurs maîtres n’étaient plus là, ou plus en mesure de s’en occuper. Les silences et les absences étaient autant de preuve du génocide qu’ils avaient essuyé. « Ça me donne envie de retourner à Gona’Halv. » avoua-t-telle. Là où les choses auraient moins l’air d’avoir changé, là où elle s’esquinterait trop lors de ses entrainements pour remarquer le changement. Son pas était lent. Comme si elle craignait de s’approcher des maisons où les fantômes des morts semblaient régner. « Est-ce que tu es revenue uniquement pour soutenir ton frère ? » interrogea-t-elle. La famille Belegad faisait partie des rares à ne pas avoir essuyé de morts durant la guerre. Il n’y avait pas de famille à soutenir durant cette épreuve. Ça leur avait même attiré quelques jalousies, en vue de la situation de leur fils cadet. « Est-ce que tu penses repartir, une fois qu’il sera parti d’ici ? » continua-t-elle. « J’ai entendu dire que tu avais un magot rien qu’à toi, maintenant. » Un rictus se dessina sur ses lèvres tandis qu’elle tournait la tête vers Laëth. « Tu comptes l’amener ici un jour ou bien est ce qu’il a trop peur de se salir ? » se moqua-t-elle.
989 mots
Elle fait beaucoup d'efforts. 8D
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3849
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 05 Mar 2024, 22:24



Unknown

Ce lien qui nous lie ne cassera pas

En duo | Sól & Freyja



L’émotion étreignit Freyja. Elle enlaça Sól un peu plus fort, le cœur battant et les yeux humides. Elle la laissa cependant s’écarter dès qu’elle initia un mouvement de recul, et elle la contempla à travers ses prunelles embuées. Elle acquiesça, tout doucement, comme si le moindre geste trop brusque avait pu briser l’équilibre précaire qu’elles venaient d’atteindre.

Elles marchèrent un moment en silence, bercées par les bruits discrets de la nuit, une harmonie de sons qui créait un chant ténu. L’Ange leva les yeux vers la voûte sombre piquetée d’étoiles. Elle pensa à Ezechyel et à Kaahl. À Adam, puis ses réflexions voguèrent jusqu’à ses frères. Priam n’était toujours pas revenu. Elle inspira, avant de promener son regard sur l’environnement. « Oui. » Le vide gouvernait. Le jour ne volait presque rien à la nuit. Il était rempli de creux dans lesquels l’on trébuchait et s’affaissait. Des manques, des absences. En vérité, le vide ne portait pas la couronne seul : l’ombre de la mort planait aussi, comme pour veiller sur les vivants qui eux-mêmes veillaient leurs morts. Elle se demanda si le regard d’Ezechyel se portait jusqu’ici, s’il regardait ces vies se reconstruire sur la base de tous ces destins qu’il avait aidé à défaire. S’il gardait un œil sur son enfant, où qu’il fût. Elle déglutit. « Non. En aidant à préparer la guerre, je me suis engagée à assumer ses suites, et à le faire aussi longtemps que nécessaire. » Bien qu’elle eût préféré qu’il en fût autrement, la défaite avait toujours été l’unique issue, à ses yeux. Elle savait qu’elle devrait revenir pour soutenir et pleurer et non pour festoyer. « Je ne peux pas être là de manière permanente, mais j’essaye de revenir aussi souvent que possible. » Cette fois-là, elle n’avait pas décidé de venir. Kaahl l’y avait téléportée contre son gré. Elle ne savait plus vraiment pourquoi. Elle devinait juste l’expression mécontente de ses yeux noisette, sans savoir avec certitude à quoi la rattacher. Les hypothèses ne manquaient pas. Elle se souvenait d’avoir été particulièrement proche d’Adam. Jaloux comme il était, peut-être ne l’avait-il pas supporté ? Elle n’était certaine de rien. Seaghdha avait embrumé son esprit. Quand elle partirait, elle devrait se renseigner sur ce qu’il s’était passé. « Je vais rester aussi longtemps que possible, mais il faudra que je reparte à un moment ou à un autre. Il y a « mon magot » mais pas uniquement. J’ai des engagements ailleurs aussi. » À Sceptelinôst, à Avalon, aux Jardins. Elle avait des comptes à rendre et nombre d’entre eux ne consisteraient pas en de plaisants échanges.

Un sourire étira pourtant ses lèvres. « En bon Mage, Kaahl a évidemment horreur de la saleté. » Tous n’étaient pas comme ça mais les clichés réprouvés le voulaient et, dans le cas du Duc Paiberym, c’était la vérité. À Vervallée comme à Cælum, elle avait déjà entendu des plaisanteries sur son obsession pour la propreté. Rien que pour cette raison, le fait qu’il aimât une fille de Réprouvés avait tendance à amuser. « Mais j’aimerais bien qu’il m’accompagne un jour, oui. J’aimerais qu’il apprenne à connaître Lumnaar’Yuvon. J’essaye de l’amadouer en lui disant qu’il adorerait les tartines de fromage de bicorne et de miel, mais pour le moment, il a trop peur que quelqu’un essaye de lui trancher la tête. » Elle rit, et son rire la surprit elle-même. Ce n’était qu’une façade, avec sa part de sincérité, certes, mais Freyja pensait aussi au cimetière et à ce qu’elle y avait enterré. Une part d’elle voulait garder le secret pour ne pas lui faire du mal, pour le protéger, tandis que l’autre voulait le lui dire, l’y amener et lui montrer pour ne plus souffrir de la solitude, pour lui dire la vérité. « Tu as peut-être vu Adam, aussi ? Adam Pendragon, le Déchu. Il vient régulièrement. » Elle marqua une pause brève. « Il dispose d’un artefact qui lui permet de se changer en Humain. Et quand il est Humain, je suis sa Gardienne. » Elle esquissa une moue entre l’amusement et l’embarras, la bouche de côté et le nez plissé. « On était ici quand le Lien s’est créé. » Peut-être que Sól l’avait déjà appris d’autres bouches ? L’Aile d’Acier l’ignorait. Elles avaient manqué tant de moments de vie de l’une et de l’autre… « On raconte que tu as quelqu’un aussi. » Elle lui coula un regard. « Tu repartirais à Gona’Halv avec ? » Il faudrait qu’elle se rendît sur l’île, un jour. Lorsque les enseignements de magie débuteraient, une bonne partie devrait être dispensée là-bas. « Pourquoi tu en es partie, d’ailleurs ? C’était à cause de la guerre ou d’autre chose ? » La guerre, sans doute. Elle avait bouleversé bien des existences.



Message V – 798 mots

Freyja est fière d'elle nastae




Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  1628 :


Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Jeu 07 Mar 2024, 18:01


Ce lien qui nous lie ne cassera pas
Freyja & Sól

« Tu savais qu’on perdrait… » murmura Sól dans un soupir à peine audible, alors que la brune lui expliquait la raison de son retour. Laëth ne s’était jamais cachée de son opinion sur la guerre. Lorsque les bipolaires avaient décidé d’aller affronter les mages noirs, elle avait rejoint le camp de ceux qui avaient été jugés lâches, froussards ou indignes. Lorsque le massacre leur avait donné raison, on les avait accusés, eux et tous les autres qui ne les avaient pas rejoints. On avait prétendu qu’en partant défaitistes, leur mauvais esprit avait contaminé la force de leurs pairs, avait disséminé le doute et la faiblesse dans les cœurs des valeureux guerriers... Finalement, le chagrin avait effacé la rancœur, et on avait abandonné de reporter sa rage contre ceux qui avaient compris. On n’avait pas pardonné, mais on avait, peut-être, fait un pas vers une sorte de compromis. Comment leur en vouloir, lorsque l’on constatait le résultat ? La blonde sentit un pincement au cœur. Elle en voulut à Laëth de ne pas avoir essayé plus fort, elle lui en voulut de ne pas avoir réussi à raisonner Hazaan, de ne pas avoir su faire peser sa voix. Finalement, le venin s’adoucit en mélancolie. C’aurait été injuste de le lui reprocher. Elle avait essayé : c’était déjà plus que tous les autres. Elle avait fait son possible pour ouvrir les yeux des fous insensés, assoiffés d’un désir de vengeance. Mais comment espérer faire entendre raison à un peuple plus buté qu’un troupeau de bicornes ? Sa voix avait été brisée par les sabots impatients d’une armée aveuglée par le sang.

La blonde lâcha un rire soufflé, en entendant parler du magot. Elle l’imaginait, tout guindé dans sa tenue de coincé, en train de couiner en trempant sa botte cirée dans du fumier encore chaud. Vraiment, la blonde ne comprenait pas ce que l’on pouvait trouver à ces pleurnichards. « Oui… Ce n’est pas le meilleur moment pour être accueilli à bras ouverts… » admit la manichéenne. La pensée de ce qu’elle avait fait à Norok lui arracha une grimace. Elle sentit l’étreinte de la culpabilité déchirer son palpitant, lacérer sa gorge. Elle ne l’avait pas pardonné. Elle en avait été tout bonnement incapable, rongée par la rage et la tristesse. Aurait-elle dû ? Des sentiments contradictoires se heurtèrent dans sa poitrine, tandis que l’Ange et le Démon lutaient pour reprendre le contrôle sur sa conscience.

« Ouai. Je l’ai aperçu. Il plait à pas mal de filles. » Sól esquissa un sourire. « Enfin, pas qu’à elles d’ailleurs. » Le déchu avait du succès. Il était difficile de nier son attractivité. « Ah ça» fit la blonde. Elle inspira profondément. « Ouai, j’en ai entendu parler. » Tout se savait toujours. Les courants d’airs fuitaient encore plus vite entre les champs qu’entre des couloirs de château. Même si elle avait voulu l’ignorer, l’agricultrice avait entendu parler de cette étrange histoire. Elle ne comprenait pas bien comment la chose pouvait fonctionner. Avoir un Humain à sa charge, mais uniquement lorsque la magie changeait son essence… C’était ironique, surtout lorsque le dit humain était en réalité un déchu. « Tu as vraiment le chic pour te trouver dans des situations peu communes. Je vais finir par croire que c’est une maladie de famille. » ricana la Tynath’Thuk. Elle aurait voulu l’interroger plus longuement sur ce sujet. Peut-être en demander davantage sur le phénomène qui permettait à Adam d’activer leur Lien. Ou tout simplement savoir ce que ça faisait, de nouer cette connexion. Chez les Réprouvés, la chose n’était pas vraiment possible – ou en tout cas, personne ne s’y était jamais essayé à sa connaissance. Mais Sól était une Ange, malgré ses réticences à l’admettre. Elle en avait la possibilité. Une part d’elle restait curieuse, même si elle n’envisagerait jamais sérieusement de s’y essayer. La guerre lui avait fait passer toute envie de se lier à qui que ce soit de cette manière. Quelqu’un sur qui compter en permanence, ça sonnait bien pour les histoires, mais la guerre lui avait fait prendre conscience d’avec quelle facilité on pouvait perdre des êtres chers. Comment pourrait-elle le supporter, si son humain venait à périr ?

« Ah, ouai… Saya. » avoua la jeune femme avec un sourire gêné. Elle passa une main dans ses cheveux, se grattant le crâne pour se donner un peu de contenance. Elle ne savait pas trop comment en parler. Elle ne le faisait jamais. Les gens comprenaient d’eux même, sans la confronter, sans exiger qu’elle mette des mots sur leur relation. Ça lui convenait. « Non. Elle y est déjà retournée. Moi, je vais rester encore un peu… Ma famille aussi a encore besoin d’un peu de temps. » Combien de temps serait nécessaire avant que les blessures commencent véritablement à guérir ? Des années ? Des siècles ? Combien d’éternité effaçaient la perte d’un fils, apaisait la douleur d’effacer un frère ? « Non, c’était la guerre. J’étais trop frustrée de ne pas avoir pu participer au combat contre les Chevaliers d’Hébé. On n’allait pas m’interdire de me battre contre les sorciers. Et puis, tous les volontaires sachant manier un tant soi peu l’épée étaient acceptés alors… » Elle ne termina pas sa phrase. Si elle était restée à s’entraîner, est ce que Nin serait encore en vie ?

« Et Priam ? » enchaîna Sól pour changer de sujet. « J’ai entendu dire qu’il était aussi en vie, mais personne ne l’a revu depuis le retour des survivants. Qu’est ce qu’il devient ? » La Kendov haussa les sourcils en constatant ce qu’elle éprouvait. « J’aurais bien aimé le revoir, lui aussi. » avoua-t-elle à sa propre surprise. « Voir ce qu’est devenu ce grand dadais de Bicorne. » se moqua-t-elle gentiment en plaçant les mains derrière sa tête, un sourire flânant sur ses lèvres. Si elle avait surtout passé du temps avec la sœur Belegad, elle avait aussi connu l’ainé. Ils n’avaient simplement jamais été proches, mais ça n’empêchait pas la jeune femme d’être curieuse à son sujet. Quant à sa traitrise… Sól ne lui en avait étonnement jamais voulu. Parce qu’elle savait qu’il avait essayé de retenir sa cadette. Plus jeune, elle avait pleuré en imaginant la peine qu’il avait dû ressentir lorsqu’on lui avait interdit de revenir. « Est-ce qu’il… va bien ? » demanda-t-elle maladroitement. Elle ne savait pas à quel point il avait pu ou non être touché par la guerre, ne sachant pas comment interpréter son absence.

Après avoir écouté la réponse de la guerrière, la recrue se râcla la gorge. Du majeur, elle gratta nerveusement la peau qui bordait de l’ongle de son pousse droit. Elle ouvrit la bouche, puis la referma. Finalement, s’arrêta. Ses sourcils effectuaient des vagues tandis que les émotions traversaient son faciès. « Est-ce que… » commença-t-elle avant que se raviser. Elle soupira, esquissa un regard par-dessus son épaule, comme si elle envisageait de fuir plutôt que de poser la question qui la taraudait. « Toi… Tu t’y connais un peu en magie, pas vrai ? » demanda-t-elle d’une voix crispée. La blonde avait l’impression de braver un interdit. « Je crois que la mienne fait n’importe quoi, parfois. » souffla-t-elle, presque effrayée. « Tu sais comment faire, pour arrêter ? »

1177 mots
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3849
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 02 Avr 2024, 21:10



Unknown

Ce lien qui nous lie ne cassera pas

En duo | Sól & Freyja



Existait-il des douleurs que même le temps ne parvenait pas à effacer ? Longtemps, Freyja avait nourri l’espoir que tout pût s’oublier. L’existence lui avait enseigné que ce que l’esprit occulte, le corps et le cœur s’en souviennent. La rancune tenace des Réprouvés assurait longévité à leur mémoire ; ils se rappelaient collectivement de l’incendie provoqué par Jun Taiji, et conserveraient sans doute les images de la guerre durant bien des siècles encore. Si rien n’était fait, leur colère réclamerait vengeance. L’humiliation ne freinait rien, au contraire. Elle sédatait les volontés d’action pour quelques temps seulement. La lenteur de son poison ne le rendait pas moins mortel. Si personne n’agissait, le cycle de la haine se poursuivrait. L’Ange songea à Hazaan, à la discussion qu’ils avaient eue. À la couronne qu’elle possédait, à son rôle dans cette trame. Aux paroles de Sól, elle se contenta d’acquiescer. Il ne fallait rien précipiter. Ils avaient tous besoin de ce temps. Encore plus ceux qui avaient perdu quelqu’un. Progressivement, sa peine s’était greffée à la leur. Elle la vivait en silence, dans le secret. Elle n’avait rien dit, à personne. La peur, la honte, la détresse et le déni la paralysaient. « Oui, on avait besoin de tous les bras disponibles. » Besoin. Combien de vie auraient-ils pu sauver en refusant des guerriers ? Pourquoi Hazaan avait-il laissé tant de gens s’enrôler ? « Priam ? » Elle se redressa et jeta un coup d’œil à la blonde, avant de se détourner. Son regard vert embrassa le paysage. Penser à son frère lui était toujours pénible. Ne pas avoir de ses nouvelles l’attristait. Leur bref échange à Seaghdha n’avait rien arrangé. Son ire n’était pas apaisée : il lui en voulait toujours d’aimer cet homme qu’elle n’aurait pas dû aimer. « La dernière fois que je l’ai vu, c’était à Seaghdha. Il avait l’air… en forme, mais troublé. » Elle haussa les épaules. « La guerre le poursuit lui aussi. Je crois qu’on a tous besoin de temps. » Elle lui adressa un sourire encourageant, puis pivota à nouveau vers l’immensité dorée qui semblait faite d’argent sous les rayons de la lune. Son enfance avait déployé ses ailes ici même. Elle se souvenait de la sensation des gerbes de blé contre ses jambes lancées dans une course sans fin et de l’odeur du pain chaud et de la viande grillée qui gonflaient ses poumons à chaque inspiration brûlante. Priam était près d’elle, toujours. Et ensemble, rien ne semblait pouvoir les arrêter. Depuis, l’insouciance avait tracé sa route. Nul ne pouvait la rattraper.

Comme elle percevait le trouble de son accompagnatrice, Freyja s’arracha à ses pensées et lui adressa une œillade intriguée. « Oui ? » Elle arqua un sourcil, avant de sourire en comprenant pourquoi la question avait tardé. « Oui, un peu. » Au moins un peu. Grâce à des maîtres comme Adriel et Hena et à force d’entraînements, sa magie avait gagné en puissance. À force de côtoyer des individus dont le mode de vie reposait très largement dessus aussi, peut-être. Des gens comme Kaahl, dont l’essence formait une véritable aura autour d’eux. Elle considéra Sól, attentive à sa demande. Lentement, elle acquiesça. « La mienne m’échappe aussi, parfois. » admit-elle. « Mais je pourrais t’enseigner quelques bases pour t’aider à la contrôler. » Malgré la requête de la jeune femme, elle avançait prudemment. L’éducation réprouvée ne prédisposait pas à vouloir faire de la magie. Les Manichéens y étaient particulièrement réfractaires. Qu’Hazaan souhaitât changer cet état d’esprit lui paraissait être une excellente décision, mais le travail serait sans doute long et difficile. On ne défaisait pas des siècles d’habitudes et de préjugés en seulement quelques mots. Là encore, il faudrait du temps. Du temps, et de la persévérance.

Elle désigna un arbre aux larges racines noueuses. « On pourrait s’asseoir là pour que tu m’expliques ce que fait ta magie, exactement ? » Une fois l’accord de la blonde obtenu, l’Aile d’Acier se dirigea vers le chêne. Elle s’assit à même le sol, en tailleur, l’écorce dans le dos. « À quel point est-ce que tu veux apprendre à t’en servir ? On peut juste faire en sorte que tu la contrôles, comme si tu la mettais un peu sous coupe, mais je pense que ça n’exclut pas qu’elle rejaillisse un jour. Je peux aussi t’apprendre à l’utiliser, à composer avec, ce qui sera sans doute plus viable sur le long terme. C’est comme tu veux. » Elle la sonda. « De toute façon, ce ne sera probablement pas ce soir. Plutôt demain, après le repas du midi. Alors t’as le temps d’y réfléchir. »



Message VI – 774 mots




Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  1628 :


Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól  2289842337 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34615-priam-belegad-aux-i
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Ce lien qui nous lie ne cassera pas | Sól

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [A.] Ce Lien qui nous Désunit [Niveau V]
» « La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort. Même si au fond, nous ne l'avons jamais avoué nous-même » (Pv Vanille)
» Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre nous du mal [PV Heatosse] [Abandonné]
» Event Août 2015 | Groupe VII | Tu n'as qu'un Destin, laisse-nous t'y conduire, toi qui nous a volé.
» Dès que les vents tourneront, nous nous en allerons..[Quête - pv Lhyæræ]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres de Lumnaar’Yuvon-