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 [Q] Au risque que l'Ombre s'étende

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Sól
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Sól
Mer 23 Aoû 2023, 07:49


Au risque que l'Ombre s'étende
Sól
Intrigue; De retour à Lumnaar'Yuvon, Sól essaye de retrouver une vie normale, loin des horreurs de la guerre.
RP précédent ; Ce que l'ombre n'a pas éteint

Sól courait à petites foulées sur la terre restée humide de rosée, les joues rouges d'effort, son souffle s'élevant en petit nuage blanchâtre de buée. Sandwich, la chèvre divine, avait quitté son enclos pour la suivre de près, malgré ses cabrioles et les détours qu'elle faisait pour aller boulotter un appétissant pissenlit. Il faisait frais, mais la température était revigorante et, contrairement à Gona'Halv, l'humidité ne poissait pas à la peau comme un deuxième souffle inséparable. La blonde avançait à travers la campagne réprouvée qui l'avait vu grandir. Elle arpentait ses sentiers sans s'inquiéter de la topographie du terrain : elle les avait déjà tant parcourus qu'elle semblait connaître la moindre déclination, tous les virages ; elle avançait naturellement sans réfléchir à quel chemin elle empruntait, se laissant guider par son instinct. La nuit peinait jalousement à céder sa place. Le village dormait encore - il y régnait un silence de mort ; on n'entendait plus l'échos lointain d'une fête tardive ni le titubement des ivrognes cherchant à regagner leurs chaumières. Il n'y avait plus rien à célébrer, rien qui pusse réjouir les cœurs. Les réprouvés étaient en deuils, et la terre elle-même semblait souffrir avec eux. Parfois, la coureuse croisait un agriculteur matinal se préparant pour le travail au champ, mais ils étaient encore rares à cette heure là.

Courir alors que le monde dormait encore était devenue une habitude, un rituel, presque. Dès que les cauchemars venaient la cueillir dans son sommeil et qu'elle ne parvenait plus à fermer l'œil, la blonde se levait puis allait s'aérer l'esprit. Se mettre en mouvement l'aidait à se vider la tête, l'empêchait de broyer du noir jusqu'à ce que la folie vienne gangrener son jugement et qu'elle ne sombre sous l'influence de sa part démoniaque - sa famille s'était réveillée sous le fracas de sa colère les premiers matins, la table du salon renversée, des pots brisés ou une chaise éclatée par terre. Se mettre en mouvement lui permettait de ne plus ressasser le passé, et de se concentrer sur le moment présent. Elle s'attardait sur la sensation de ses jambes lourdes, sur son souffle court, sur l'impact que subissait ses genoux, sur la soif qui commençait à lui tirailler la gorge. Ca l'empêchait de repenser à Nin, Smoliin ou même Ebaar ; de s'inquiéter pour Priam ou Freyja. Bien sûr, on taisait les peines, car il n'y avait rien de valeureux à se morfondre, admettre sa vulnérabilité était une preuve de faiblesse, dans un moment où le peuple avait besoin de se montrer fort, solide pour ne pas s'écrouler tout à fait. Alors, au lieu d'avouer tout ça, la Kendov prétendait chercher à continuer son entraînement, pour que son retour à Gona'Halv ne soit pas totalement terrible. Ou bien que la routine du camp d'entraînement était devenu tellement naturelle qu'elle ne savait pas quoi faire d'autre.

Il y avait cependant un terme à la quiétude que pouvait apporter cette distraction. Une fois que les jambes s'habituaient à l'échauffement des muscles, que le souffle se stabilisait, que le corps avançait dans un rythme régulier, alors l'esprit reprenait de l'espace pour parasiter la sérénité. La fuyarde commença à reconnaître le sentier qu'elle empruntait. L'odeur du purin et des bêtes la prit à la gorge. Elle ralentit le pas, jusqu'à s'arrêter totalement, hors d'halène. La Kendov croisa le regard du bicorne. Ses deux billes marrons, sensibles. Les trippes nouées, la Réprouvée s'avança vers l'enclos - l'animal s'approcha de la barrière. « Est ce que tu le cherches encore ? » demanda-t-elle. « Il ne reviendra pas. Il est mort. » annonça-t-elle. Elle tendit la main et commença à caresser la grosse tête velue. « Je suis désolée... Je n'ai pas pu récupérer son corps pour l'enterrer dignement. » s'excusa-t-elle dans un souffle. Elle passa ses doigts sous le museau du bovidé. « Il est en train de pourrir là-bas. » Souvent, la blonde se demandait ce que ces enflures de mages noirs avaient fait des dépouilles. Les avaient-ils laissé se putréfier, festin sinistre aux charognards ? Ou bien les avaient-ils relevés de leur repos éternel pour les esclavager, effectuer leurs basses besognes à leurs places ? Imaginer Smoliin bouger comme un pantin sous leurs mains révulsait la blonde, qui grimaça. « A moi aussi, il me manque. » murmura-t-elle. Elle esquissa un sourire sans joie, qui s'évanouit avant même d'avoir pu s'accrocher. Le bêlement de Sandwich fit s'éloigner la bestiole. Sól se retourna vers sa camarade. « Oui, rentrons. » approuva la jeune femme en se remettant en route à petits foulées.
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Sól
Mer 23 Aoû 2023, 08:29


Au risque que l'Ombre s'étende
Sól

La Tynath'thuk était allongée au milieu des hautes herbes. Elle sentait un scarabée lui marcher sur l'avant bras, mais ne chercha pas à le chasser, ni même à le regarder avec curiosité comme elle avait pu le faire en étant gamine. Elle regardait le ciel bleu, ponctué de tâches duveteuses. Plus jeune, elle se serait amusée à leur trouver des formes, leur imaginer des noms, peut-être même en tirer une épopée fantasque. Rien. Elle ne voyait rien de tout ça. Son regard scrutait là-haut, mais restait aveugle. Elle se sentait vide. Rien. Elle n'était qu'une coquille vide. Elle avait la sensation qu'on l'avait drainé de toute son énergie. La fatigue l'accablait constamment, mais elle avait peur de s'assoupir et de se faire hanter par les cauchemars. Rester consciente n'était ceci dit pas mieux : à chaque clignement de paupière, elle était submergée par les images atroces du champ de bataille : éveillée, elle était pourchassée par les souvenirs de la guerre. Adieu, conte glorieux et fable de conquérant : tout ce qu'on lui avait raconté sur sa fière patrie n'avait été qu'un écran de fumée, ravagé par le génocide orchestré par les maîtres du chaos, éclipsé par leur défaite. Evidement, les guerriers savaient que l'échec était une composante de la bataille. Lors d'un affrontement, il y avait toujours un vainqueur et un perdant. Mais lorsqu'ils avaient marché vers Amsetris, chaque combattant s'était enorgueillit d'une certitude mensongère : la possibilité de leur réussite, la saveur délicieuse d'une vengeance exacerbée par plusieurs siècles de haine nourrie envers leurs ennemis naturels. Leurs espoirs s'étaient dissous dans le néant, massacrés par la magie des nécromanciens. L'impensable était arrivé. Ils avaient perdus. Il n'y aurait aucun récit élogieux à faire sur les courageux combattants - tous avaient crevé dans le désespoir, s'accrochant désespérément à leur survie avant qu'on ne les tue la gueule ouverte. Certains s'étaient pissés dessus, d'autres avaient appelés leurs mères ; quelques valeureux avaient affronté leur destin vaillamment mais au final, ils n'avaient pas mieux valus que les autres.

Vide. Sól se sentait creuse. Elle était encore en vie. Valait-elle plus que ceux qui avaient succombés au poison des mages ? Il ne lui semblait pas. Elle était une imposteur. Encore vivante grâce au sacrifice d'un autre. Si sa propre mort n'avait pas entraîné sa moitié dans sa chute, elle se serait déjà lavée de toute cette culpabilité d'une lame enfoncée dans la gorge ou dans le cœur. Saya avait perçu sa détresse. Elle avait accompagnée son amante jusqu'à Lumnaar'Yuvon. Elle avait participé à la guerre en tant que recrue de Gona'Halv, mais elle était originaire de Keizal. Elle avait donc pris le bateau pour les plaines dorées, et de là, avait entamé un voyage jusqu'à sa patrie - elle voulait aussi retrouver les siens. Son départ avait été retardé par l'état de son amante. Elle s'était inquiété et avait prétexté vouloir reprendre des forces avant de repartir. Puis il lui avait fallut rassembler des vivres. Finalement, elle avait manqué d'arguments et avait dû partir, l'âme scindée entre son désir de surveiller celle qu'elle aimait et celui de guérir auprès de sa famille. Elle avait essayé de faire parler Sól. Cette dernière avait consenti à embrasser son corps, mais ses lèvres étaient restées résolument closes lorsqu'il s'était agit de parler. Elle prétextait ne pas avoir besoin d'aide, lorsque tout son être criait le contraire.

La silhouette de Máni entra dans le champ de vision. « Bouge ton croupion. » lâcha-t-il en donnant un léger coup de bottine dans le flan de sa jumelle. « C'est l'heure de bouffer. » informa-t-il. La blonde inspira profondément, puis soupira lentement. « Pas faim. » maugréa-t-elle sans le regarder tout à fait. « Mmh. C'est ça. » Le démon se déplaça puis choppa l'une des chevilles de sa soeur. « Qu'est ce que tu fous ? » protesta celle-ci en essayant de se dégager de sa prise. « Trois repas que t'as sauté. Crois-moi, t'es malade si tu penses que c'est moi qui vais annoncer à Léone que tu vas en louper un autre. » Il s'était mis à tirer la dépouille de sa jumelle. « Un peu plus et elle va m'envoyer à Keizal pour ramener ta baiseuse à la ferme. » grogna-t-il en secouant la tête. « C'est plutôt pas mal mais si tu veux mon avis, les femmes, c'est pas ce qu'il y a de plus nourrissant. » « Kniil rov ! » Sól asséna un coup sur les doigts du diablotin, jusqu'à ce qu'il la lâche. Elle se releva prestement. « Je sais marcher, putain ! » fit-elle en cognant l'épaule de l'emmerdeur.
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Mer 23 Aoû 2023, 09:11


Au risque que l'Ombre s'étende
Sól

Les ongles plongés dans l'humus, l'agricultrice cueillait la récolte de carottes. Le labeur au champ avait reprit sa part quotidienne dans la vie des Bipolaires. Travailler la terre avait presque quelque chose d'apaisant. C'était comme retrouver sa place, comme lorsqu'elle avait retrouvé son lit. Là, entre les racines et les insectes, Sól avait presque l'impression qu'elle n'était jamais partie, qu'elle n'avait pas connu les abominations de la guerre, qu'elle n'avait pas chancelé au milieu des cadavres de ses frères et sœurs. Tu agrippes, tu tournes, tu tires : tu formes une botte, que tu noues puis jettes dans la corbeille. Chaque racine arrachée est une récompense. S'occuper de la terre, c'était un peu comme de se réparer soi-même, essayer de se soigner. Ca avait un effet thérapeutique, de voir que des choses pouvaient encore pousser, grandir, vivre. Que malgré les apparences, la mort n'avait pas réussi à s'infiltrer de partout - que peut-être, il  avait encore de l'espoir. Les carottes étaient une source de vie ; idem pour les panais, les potimarrons, les oignons de leurs champs. Une activité aussi simple que cuisiner était presque devenu une bénédiction. Sól n'avait jamais autant cuisiné qu'en ce moment. Elle rinçait les légumes, les coupait, les faisait cuire. Son registre se limitait aux salades crues et aux soupes, mais en suivant les instruction de sa mère, elle avait pu continuer à flâner aux fourneaux.

L'éclat du métal frotta l'acier. Sól sentit son cœur se serrer, puis exploser. Des armes s'entrechoquant. La guerre. La guerre recommençait. Là, à Lumnaar'Yuvon. Comment était ce possible ? Les Sorciers étaient-ils revenus ravager leurs terres ? Etaient-ils venus les achever ? L'idée en avait effleuré plus d'uns : des messes basses maudissant ces lâches les avait mis en garde d'une possible attaque. La gorge nouée, l'estomac au bord des lèvres, l'agricultrice s'était jeté à terre. Elle tremblait, des pieds à la tête. Sa respiration s'était soudainement saccadée. Elle attendit, que le monde explosa, que la mort vienne la cueillir. Les entrechocs résonnaient, les secondes défilaient, et pourtant, elle restait en vie. Il lui fallut plusieurs longues dizaines de seconde avant de remarquer tout ce qui ne collait pas. L'absence de cris, de hurlement barbares, de piétinement, d'odeur de sang ou de feu. Mis à part ce son régulier, qui sonnait comme l'appel funeste, la campagne était parfaitement calme. Alors, lentement, sans oser retirer ses mains du dessus de sa tête, la blonde jeta un regard alentour. Ses voisins semblaient tout à fait calmes. Ils continuaient de labourer, d'arroser, de récolter, pas le moins du monde inquiétés. L'anxieuse se redressa légèrement, tourna la tête dans tous les sens, à la recherche de la source de ce son insupportable. Le marteau tombait lourdement sur la lame : il forgeait, martelait, donnait peu à peu forme à l'épée. Sól resta dubitative pendant un instant. Ce n'était rien, rien d'autre qu'un voisin forgeant une arme. Lentement, la rescapée sentit son rythme cardiaque redescendre, jusqu'à retrouver une vitesse normale, et son souffle cesser d'haleter. Agacée par sa réaction, la jeune femme soupira bruyamment puis s'essuya le front d'un revers de la main. Elle était encore fébrile, ses membres toujours cotonneux. L'agricultrice se tourna sur le dos puis se redressa en position assise, les genoux pliés et les coudes posés dessus. Elle était une piètre combattante, une guerrière de pacotille - pas étonnant qu'elle n'eut servi à rien pendant la guerre, qu'elle eut été un fardeau. Elle était minable.

Honteuse, la froussarde fit mine de de lever. Elle s'arrêta, captant le regard indescriptible de sa génitrice, à mi chemin entre l'effarement et l'inquiétude. Sól lâcha un rire rauque, forcé. « J'ai cru entendre un frelon ! » mentit-elle. L'excuse bidon était ridicule, mais toujours moins humiliante que de reconnaître sa crise de panique à la simple entente d'un entrechoc métallique. Elle essayait désespérément de conserver le peu d'honneur qu'il lui restait. Léone la toisa quelques secondes puis détourna le regard et repartit à sa tâche. Sa fille se mordit fortement les lèvres. Elle s'accroupit, puis recommença sa besogne. Agripper, tourner, tirer.
726 mots
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Sól
Mer 23 Aoû 2023, 23:18


Au risque que l'Ombre s'étende
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La hache était de bonne facture. Elle n'était pas enjolivée de fioritures purement esthétiques, comme les haches manufacturées à Keizaal avaient pu l'être. Sol se souvenait de s'être moquée de Saya, et de son armure aux arabesques traçant des motifs guerriers. Certains racontaient des histoires, des légendes réprouvées qui avaient fait battre les cœurs excités de milliers de générations de Bipolaires. D'autres décorations n'étaient là que pour le plaisir des yeux, la satisfaction de posséder un objet plaisant à regarder. L'agricultrice ne comprenait pas l'utilité de cette dernière préoccupation. Une arme était faite pour combattre, pour abattre sur ses ennemis : elle n'était pas faite pour être entreposée au dessus d'une cheminée ou sur un mur. Les deux femmes avaient eu une longue discussion sur le sujet, sur le fait qu'une chose puisse avoir plusieurs fonctions sans que l'une n'entache la seconde. La blonde était plus pragmatique. Elle portait davantage d'importance au coupant de la lame qu'à la beauté de sa tranche ou du pommeau. Du moment qu'elle s'enfonçait dans la chaire, l'arme pouvait être laide ; si elle était équilibrée et maniable, elle devenait la plus puissante et de fait, la plus convoitée. La guerrière avait donc passé sa commande avec ces préoccupations en tête. Pourtant, comme si les paroles de l'érudite l'avaient plus impacté qu'elle ne voulais bien l'admettre, la blonde avait demandé à ajouter un détail auquel elle n'aurait jamais pensé auparavant. Le motif de Sah'Vein, l'emblème des Manichéens, avait été sculpté dans le manche. « Ce sera parfait. » approuva la cliente en déposant la bourse de Sikles sur le comptoir. « Elle sera ravie. » affirma-t-elle.

Sól se rendit chez les Belegad avec la cagette de légumes qu'ils avaient acheté aux Tynath'thuk entre les bras, et son cadeau coincé dans un pan de son pantalon. Après avoir salué Asra et déposé le panier, elle alla rejoindre Yngvild. La blonde éprouvait pour la rousse une affection toute particulière, de cette tendresse que l'on réserve à une sœur plus jeune. Si les deux filles ne partageaient aucun lien du sang, une sororité les unissait malgré tout. L'ancienne Ange semblait inconsciemment s'efforcer reproduire la complicité qui l'avait autrefois rapproché de Freyja - à croire que l'Aile d'Acier avait tracé une ligne que la blonde suivait malgré elle. « J'ai une surprise pour toi. » lança-t-elle tout en sortant l'arme de sa cachette. La plus grande s'amusa de la réaction enjouée de la gamine, elle la laissa agiter la hache pour s'amuser - ou l'essayer, comme le prétendait la rousse. La combattante se remémorait l'entrainement qu'elles avaient fait ensemble avec Raazul, avant que les troupes ne partent pour Amestris. Elles avaient été si promptes à vouloir décimer les sorciers. A cette époque, il n'y avait pas eu l'ombre d'un doute : les mages noirs étaient voués à se faire décimer. Sol se demandait dans quelle mesure la gamine réalisait à quel point elles s'étaient fourvoyées. Elle devait sans doute percevoir les tensions, les pleurs, la rage silencieuse. Eprouvait-elle également la honte, la culpabilité, la rancœur ? La vertueuse aurait voulu pouvoir lui épargner tous ces fardeaux et espérait que l'enfance repoussait tous ces cauchemars.

Sól tourna la tête autour d'elles. « Dastan n'est pas là ? » demanda-t-elle à la Kiir’Sahqon. La réponse ne se fit pas attendre. « Nan. » Elle haussa brièvement les épaules. « Je suis sûre qu'il est parti se cacher parce qu'il a honte d'être revenu avant tout le monde. » La blonde éclata d'un rire léger et spontané. « Je suis sûre que t'as raison. » s'amusa la plus âgée. Mais il s'avéra que le rouquin n'était pas parti se cacher. Les jours passèrent et pourtant, il était de nouveau introuvable. Les questionnements s'étaient mis à fuser. Que lui était-il arrivé ? Avait-il disparu ou bien était-il partit de son propre chef ? S'il s'en était allé, où était-il parti, et pourquoi n'avait-il rien dit à personne ? Quelques spéculations l'imaginaient être parti pour Gona'Halv pour débuter son entraînement, ou à Sceptelinost où on lui connaissait de la famille. Les hypothèses paraissaient toujours toutes bancales, mais elles étaient plus rassurantes que la possibilité qu'on ait pu enlever un Manichéen sur ses propres terres sans que personne ne s'en aperçoive et ne réagisse. La Tynath'thuk s'était mise à maudire le rouquin : comme s'il n'avait pas déjà créé assez d'ennui comme ça, en disparaissant du champ de bataille. Ces désertions commençaient à ressembler à une fâcheuse habitude. Sól lui en voulut de ne laisser aucun répit aux Belegad. A peine avaient-ils pu se réjouir de la libération de Freyja qu'il leur imposait de nouveaux tracas.
800 mots sans le passage d'Yngvild.
Merci à Pripri pour sa participation.
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Sól
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Sól
Jeu 24 Aoû 2023, 07:24


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L'agricultrice laissa retomber bruyamment sa choppe. « De toute façon tout ça, c'est la faute d'Erza. » lâcha-t-elle d'une voix sombre. « Si elle avait été là... Tous ces morts pour rien... Nin, Smoliin, Ebaar, et tous les autres : ils seraient encore en vie si elle était venue avec nous ! » crâcha-t-elle, avec une sauvagerie dans le regard. Son poing se serra si fort autour de la bière que ses jointures en blanchirent. « Si elle nous avait accompagné, comme son devoir l'exigeait ! » s'écria-t-elle avec une hargne croissante. « C'est pas censé être notre reine ? Depuis quand on l'a pas vu ? » On disait qu'elle rôdait quelque part sur les mers longeant les côtes de Sceptelinost. Que la folie s'était emparée d'elle et qu'elle la transmettait à tous ceux qui oseraient s'aventurer trop proche d'elle. La blonde n'en avait jamais trop rien penser. Elle s'était simplement mise à penser que la Stark se rapprocherait du peuple animant la cité portuaire. Le Léviathan et tout ce qui lui était rattaché n'avait toujours été que secondaire pour la guerrière. Erza restait une Réprouvée avant tout le reste. Pourtant, lorsque l'on avait eu besoin d'elle sur le champ de bataille, elle était restée terrée sur son rafiot, injoignable, inatteignable. « Tout est à cause d'elle. » répéta la rescapée. « Si elle avait marché avec nous sur les Sorciers, les choses se seraient passées différemment. » L'oratrice renifla avec dédain. « Elle aurait à minima pu préserver les rafiots, empêcher les sirènes de nous attaquer sur le retour ! » Puisqu'elle était devenue leur gardienne des flots, c'était le minimum. Mais même en cela, elle les avait abandonné. « Si elle était venue, les Héros ne nous auraient pas abandonnés ! » C'était la seule explication. C'était à cause de son comportement, de sa trahison que leurs protecteurs s'étaient détournés d'eux, qu'ils leur avaient refusé leur puissance. « Erza, Dovahkiin ? » La blonde se râcla disgracieusement la gorge : elle alla puiser du plus loin qu'elle le put, puis cracha un mollard visqueux par terre pour marquer son dégoût. « Quelle blague. Elle n'est plus rien pour nous. Qu'un fantôme. Autant qu'elle soit morte. » Quelques acclamations d'assentiment firent écho à ses paroles. A l'abri de la taverne, la langue se déliait, bien qu'aucun n'aurait osé tenir ce discours devant la concernée - à moins bien sûr que sa folie légendaire ne les transcende, ou qu'il cherchassent une mort anticipée.

« Et puis Keizaal, on en parle, de ces traîtres ? » Sól fit la grimace. Puisqu'elle était rattachée à Saya, son opinion était légèrement plus modéré que celui des autres. Mais elle comprenait la rancœur de ses pairs à leur égard : une part d'elle-même ne pouvait leur donner tort. « Qu'une cité de lâches ! Ils voulaient une scission ? Ah ça, ils doivent être bien contents ! S'ils sont si différents de nous, qu'ils arrêtent de se prétendre Réprouvés ! » continua Máni . De nouveau, quelques grognements d'encouragement pour soutenir ses paroles alcoolisées. « Ils nous ont aidé, qu'ils disent. Pff, leurs armes nous ont servi à que dalle ! » pesta-t-il avec amertume, avant de reprendre une gorgée de bière. La boisson troublait tout : le jugement, la raison, la vérité. Car ceux qui n'étaient pas trop têtus pour le reconnaître admettaient que leurs cousins de la cité voisine s'étaient abstenus, non pas par lâcheté comme aimaient le prétendre certains à la tablée, mais par préméditation. Ils avaient vu le danger, l'avaient analysé, et avaient choisi de ne pas le combattre, même si cela signifiait ignorer l'affront que les sorciers leur avaient fait en crevant Shezira. Ils avaient perçu le potentiel d'une magie aussi mortifère, et s'étaient abstenus. Lâcheté ou intelligence, on ne retenait finalement qu'une chose : ils les avaient abandonné à leur sort. Pourtant, là aussi, la mauvaise foi emportait tout. Elle effaçait les mises en garde, les appels au calme. Atthirari s'était entretenu avec Raguel et Hazaan. Leur avait-il prédit ce carnage, les avait-il mis en garde contre leur propre sottise ? Si oui, pourquoi ne les avait-on pas écouter ? Parce qu'un Bicorne n'écoute jamais rien, trop têtu pour changer d'avis, et que le peuple qui les élevait était à leur image. Trop bornés pour leur propre bien. Trop cons pour voir plus loin que le bout de leur nez.

L'alcool apaisait les cœurs, ou bien attisait la haine, on ne savait pas trop. Trouver un coupable, reporter la faute sur autrui permettait d'alléger les consciences, de parvenir à respirer sans avoir la sensation de devoir expier ses fautes. Boire permettait d'oublier, parfois. La boisson conduisait aussi à l'honnêteté des corps, et dans cette étreinte physique, de nouveaux souffles de vie s'élevaient.
816 mots.
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Jeu 24 Aoû 2023, 09:04


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RP lié ; Les livres reflètent la beauté du ciel II

Sól releva la tête au dessus d'elle. Il y avait encore quelques étoiles colorées qui fusaient dans le ciel, mais ce phénomène était devenu tellement habituel qu'elle n'y faisait plus du tout attention. Ce qui retenait son attention à cet instant, c'était l'énorme pierre jaune qui lévitait au dessus de sa tête, comme un deuxième soleil - sauf que celui-ci n'éclairait rien du tout, à part lorsqu'il réverbérait un faisceau de lumière et qu'il venait vous éblouir d'un seul coup. Elle avait fait le trajet depuis la ferme jusqu'au cœur de Lumnaar'Yuvon, exprès pour ça. « Alors ? » demanda Máni en la regardant par dessus son épaule. « T'es prête ? » « C'est à moi que tu poses la question ? C'est pas moi qui me traînait comme une molasse pendant tout le chemin. » se moqua la blonde. Son jumeau fronça les sourcils et sembla vouloir répliquer, mais elle ne lui laissa pas le temps de protester : elle avait dégainé l'une de ses paires d'ailes - la blanche et noire, qui la faisait tant ressembler à une véritable Réprouvée - et s'était élancée vers les cieux. La grosse gemme ne lévitait qu'à une centaine de mètres au-dessus du sol. Aussi, les deux ailés la gagnèrent en quelques battements seulement. Ils se stabilisèrent à son niveau.

Sól se souvenait parfaitement de l'épouvante qu'elle avait ressentit lorsque le ciel s'était trouvé déchiré par toutes ces traînés colorées. Ils étaient sur les navires du retour, après leur défaite cuisante. La première étoile avait fusé, tranchant sur le noir de la nuit. Elle l'avait réveillé. La blonde avait été pétrifiée d'effroi. Tout juste rescapée, elle avait cru à une nouvelle attaque : des sirènes ou des sorciers venus terminer le travail. Ca avait remué tout le monde. L'agitation avait fini par passer lorsqu'on avait constaté qu'il n'y avait rien de plus à cet étrange phénomène. Cela n'empêchait aucunement la Kendov de détester cette manifestation magique avec toutes ses trippes. Lorsqu'ils avaient regagné la terre ferme et que les lumières les avaient suivi jusque là, on avait commencé à se détendre tout à fait. Le phénomène n'avait pas l'air de leur être destiné, mais semblait être plus global - Sól ne l'avait pas plus aimé pour autant. Une nouvelle vague d'horreur les avait saisi lorsqu'ils avaient aperçu l'énorme cristal volant au dessus de la capitale. Les sorciers avaient-ils profité de leur absence pour raser les villages sans défense ? Retrouveraient ils des ruines et du sang là où ils avaient laissé leurs vies et leurs familles ? Malgré leurs fatigues et leurs blessures, les survivants avaient accéléré le pas. En croisant les premiers hameaux, on les avait rassuré : il n'y avait pas eu d'attaque supplémentaire. La blonde s'était détestée, car elle avait été si soulagée en entendant ces mots. Elle s'était sentie tellement peureuse qu'une boule de honte lui avait chauffé les joues sur tout le chemin qu'il leur restait à parcourir.

« Alors c'est vrai. » fit l'ailée, surprise en constatant la silhouette qui dormait à l'intérieur de la pierre. « Y'a vraiment une nana là-dedans. » C'était un drôle de cercueil. Parce qu'elle devait bien être crevée, cette femme, pour rester à l'intérieur sans air à respirer ni bouffe à bequeter. Bien sûr, s'il s'agissait de magie, tout était possible. Mais la blonde préférait se dire que cette chose n'était pas une menace supplémentaire en train de planer au dessus de leurs têtes nuit et jour. « J'te l'avais dit. » Máni était déjà venu plusieurs fois pour examiner ce gros cailloux douteux. Sól, elle, s'était contentée d'écouter les rapports de son jumeau. Plus loin elle se tenait, mieux elle se portait. Mais le fait que personne ne pusse faire descendre ce truc, ni même lui faire la moindre égratignure avait fini par attiser sa curiosité. Ou plutôt, elle n'avait pas pu s'empêcher de lancer un défi à son frère. « Mais ça te sers à rien, toi. Si t'oses lui faire les yeux doux, Saya va te péter les dents. Alors que moi... » L'agricultrice lâcha un ricanement. « Toi ? Crois moi, je pense qu'elle préfère rester enfermée là-dedans plutôt que de voir ta sale tronche de trop près. » « Si y'a que ça, j'la prend par derrière, j'suis pas difficile. » Et, porté par cette idée grisante, le brun porta le premier coup.
VI - 765 mots.
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Jeu 24 Aoû 2023, 10:08


Au risque que l'Ombre s'étende
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RP lié ; Partir ou rester

« T'as bien grandi, Sól. J'ai failli pas te reconnaître. » L'interpelée leva la tête du sceau où elle égrenait les maïs. Elle ne reconnu pas le visage de l'inconnu. Dans un mécanisme de défense, elle se redressa et posa sa main sur le couteau qui pendait à sa ceinture., qu'elle dégaina d'un geste vif. « T'es qui bordel ? » aboya-t-elle. « Et comment t'es arrivé jusqu'ici ? » Les étrangers n'étaient pas les bienvenus. Ils ne l'avaient jamais été, dans cette contrée où on entretenait l'entre-soi et le racisme, mais l'aversion pour les autres avait été décuplée depuis la guerre. Les frontières des villages étaient surveillées, et les patrouilles repoussaient violemment les téméraires qui oseraient s'aventurer sur leurs terres. Les têtes plantées sur des piques étaient également dissuasives. Alors comment ce con là s'était-il enfoncé jusqu'ici ? « Woh, tout doux l'amie. Tu me reconnais pas ? » Le connard lâcha un petit rire niais qui irrita encore plus la barbare, dont le visage se décomposa dans une grimace de dégoût. « J'imagine que j'ai dû changer aussi, depuis le temps. » Sur la défensive, la blonde scanna l'homme. Il lui fallut plusieurs secondes mais finalement, plus elle le regarda, plus sa tronche lui sembla familière. Peu à peu, elle fut certaine de le connaître. Finalement, elle le reconnut. « Norok. » murmura-t-elle. Le sourire de l'Ange s'étira. « Ca faisait longtemps. » salua celui qui s'était cru son ami. Sans cacher son animosité, l'agricultrice s'empara de son marteau de guerre. Elle s'était redressée et fit un pas vers lui, menaçante. « Qu'est ce que tu fous là, tahrodiis ? » Le sourire s'effaça tout à fait, remplacée par une mine attristée, peinée et déçue. « Tout doux, Sól. Je te veux pas de mal. » « T'as rien à foutre ici. Fous le camp ! Dégages ! » « Sól, pose ce marteau, m'oblige pas à - » La combattante ne l'écoutait pas. Elle avait brandit son arme au dessus de sa tête et s'apprêtait à frapper. Elle ne voulait pas entendre ce traître. Elle ne voulait pas le voir, pas lui parler. Il n'était qu'un moins que rien. Les traits rongés par la haine, la blonde fonça sur lui.

Le manche du marteau lui échappa des mains, et la guerrière sentit ses genoux flancher. Elle se retrouva par terre, incapable de se relever. La blonde lâcha un grognement féroce. Son sang se changea en rage, en révolte si aigüe que tout son corp lui brûlait. De la magie. Cet enfoiré osait user de magie contre elle. Elle le détesta de toute l'intensité de son âme. « Lâche-moi ! » exigea-t-elle. « Je ne voulais pas en arriver là, mais ce n'est pas exactement comme si tu me laissais le choix. » Norok jeta un coup d'œil par dessus son épaule. Ils étaient à l'abri des regards, dans la grange, mais il craignait que le rafut n'attire d'autres combattants. En la voyant seule, il avait décidé de se manifester à elle, mais l'agressivité qu'elle témoignait à son égard lui faisait regretter sa décision. Elle était plus têtue qu'un bicorne, cette bougresse. « Calme toi. » L'ordre ne fit que raviver ses gémissements d'efforts - elle lutait contre le carcan invisible qui la maintenait immobile. « Je voulais simplement m'assurer que ma famille était encore en vie... Vous n'avez rien dit à personne. On n'avait aucun moyen de savoir. » « Qu'est ce que t'en as à foutre ? » crâcha la diablesse en se débattant de plus belle. « Tu les as abandonné. Qu'ils crèvent ou qu'ils vivent, ça te regarde pas ! Tahrodiis ! Ange de merde. » L'ailé soupira. « Vous êtes tous si irréfléchis... J'espérais que tu saurais être raisonnable... » « C'est toi. Toi qui est parti. On avait tous un choix. T'as fait le tien. Il sert à rien de regretter, maintenant. T'es plus l'un des nôtres, alors dégage. » Le regard de la blonde jetait des flammes, des poignards, des pierres - il était perçant et menaçant. Il crachait toute sa rancœur, son antipathie, son dégoût. « Je ne le regrette pas. » répliqua le plus posé. Il avait toisé l'avant bras de son ancienne camarade. Là où sa promesse avait été gravée. Kom'Dov. « Mais ça ne m'empêche pas de tenir à ceux que j'ai laissé derrière et - »

La silhouette s'était approchée dans le dos de l'Ange. Il ne l'avait vu qu'au dernier moment et essaya de l'esquiver. Il ne fut pas assez rapide et se prit le point de plein fouet. Cette distraction fut suffisante pour qu'il relâcha son sortilège : Sól en profita pour se lever et courut vers l'enfoiré, qui titubait sous l'impact de la frappe. Elle le choppa par les cheveux et attira son visage vers le bas : du même mouvement, elle leva le genoux jusqu'à sentir son adversaire s'écraser dessus. Máni lui avait fait une balayette, le déséquilibrant tout à fait. Il se retrouva à terre : les jumeaux se mirent à le ruer de coups.
VII - 865 mots.
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Jeu 24 Aoû 2023, 11:15


Au risque que l'Ombre s'étende
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RP lié ; L'actu de Pripri

La part angélique avait disparu : il n'y avait plus que le démon et ses bas instincts, son envie de nuire, son besoin de faire du mal et de détruire. Et cette part sombre frappait, encore et encore. Les côtes, le nez, le torse : elle ne laissait aucun répit à sa victime, qui essayait de se dégager. Lorsque Norok leva une main pour essayer d'invoquer le Sanctuaire d'Ahena, Máni lui brisa un doigt : le cri de douleur résonna dans la grange. Plutôt que d'apaiser les furieux, comme le signe qu'ils leur avaient donné une bonne leçon, ce hurlement de détresse sembla raviver leur sauvagerie. Ils frappèrent avec encore plus d'ardeur. « J'vais te faire passer l'envie d'utiliser de la magie sur nous. » pesta la blonde. « Putain d'angelot de merde. » Elle se baissa et s'assit sur lui, lui bloquant la cage thoracique de tout son poids - il essayait de tousser mais suffoquait en même temps. Il ne put que cracher un mélange de salive et de sang. Sur son visage, les ecchymoses gonflaient déjà sous sa peau. Il avait une arcade sourcilière fendue, et sa paupière ainsi que sa lèvre inférieur n'allaient pas tarder à enfler. « Putain de traitre. » l'insulta la combattante. Elle le frappa du poing. « Comment t'as pu oser ! » Elle le roua davantage de coups. « Tu dis t'inquiéter, mais t'es qu'une sale pourriture. » La blonde fulminait. Il était connu de tous que les Manichéens détestaient faire usage de la magie. Mais ce qu'ils détestaient par dessus tout, c'était qu'on la dirige contre eux. Les traumatismes de l'hécatombe avait rendu cet acte plus hérétique que par le passé. C'était un affront ultime, une injure, une déclaration de guerre. C'était comme d'essayer de leur faire revivre ce qu'ils avaient déjà dû endurer à Amestris. « Egor. » La sauvageonne attrapa le col du vêtement et se mit à le secouer. « Svensker ! »

« Il est inconscient. » remarqua Máni en mettant une main sur l'épaule de sa moitié. Il la tira en arrière jusqu'à ce qu'elle se relève. « Comment il est arrivé ici ? » « J'en sais rien. » grogna la blonde avant de cracher sur le corps évanoui de sa cible. « Qu'est ce qu'il te voulait ? » « J'en sais rien bordel. » répéta-t-elle avec agacement tout en se secouant pour se libérer de l'emprise du brun. C'était ça, aussi, qui l'avait tant enragé. Qu'est ce qui s'était passé dans sa putain de tête de piaf pour que ce connard ait cru un seul instant que le revoir lui ferait plaisir, à elle ? Ils avaient été amis, par le passé. A la manière de Freyja, il avait représenté un modèle pour l'enfant qu'elle avait été - mais dans une moindre mesure. Elle avait sentit sa trahison comme un poignard d'autant plus terrible qu'elle avait reporté sur lui tous les espoirs que la Belegad avait endommagé - et il avait terminé de les détruire tout à fait. Elle le détestait d'autant plus qu'il l'avait tenté, au point qu'elle avait failli le suivre jusqu'aux Jardins de Jhen. « Il est venu s'assurer que Spaan et Shul étaient en vie. » Ses parents avaient péris. « Il a du venir te demander où est ce qu'ils étaient. » « Je pense qu'il avait compris. » Elle l'avait vu, dans ses prunelles mélancoliques, malgré ses sourires de façade. Les Kiir’Sahqons qui avaient été adoptés après son départ vivaient désormais dans la demeure de leurs parents. Mais les armes des guerriers avaient été décrochées. « Alors quoi ? » « Il était nostalgique. Ou bien il voulait me demander de le cacher, j'en sais rien. » Sól avait dit ça avec une grimace, comme si cette simple idée la rendait malade. « Peu importe, il avait rien à foutre ici. » Les déserteurs étaient bannis, reniés à jamais. Seules quelques exceptions trouvaient grâce aux yeux des Bipolaire. Les combattants de l'Odon Do Dur. Priam et Freyja, parce qu'ils avaient rejoint leur rang durant la bataille. Les autres n'avaient plus leur place sur leurs territoires.

« Qu'est ce qu'on en fait ? » demanda la Tynath'thuk  en désignant l'intrus. Máni soupira, visiblement contrarié par la situation. « On a qu'à demander à Thorn. Savoir si on l'achève tout de suite ou si on laisse son sort entre les mains des gamins. » Les jumeaux se dirigèrent vers la sortie de la grange. Sur le chemin, Sól écrasa un bracelet de perle. Lorsqu'elle se baissa pour le récupérer, il ne se passa rien. Le sort d'invisibilité avait été brisé durant la lutte.



Sól planta la pique dans la terre et utilisa ses pieds pour reboucher le trou qu'elle avait creusé. Elle recula d'un pas pour regarder son œuvre. La tête de Norok s'alignait avec celles des Goleds. Ses ailes avaient également été ajoutées à l'épouvantail, comme pour prévenir les indésirables de ce que leur présence ici risquerait de leur coûter.
VIII - 848 mots.
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Jeu 24 Aoû 2023, 12:15


Au risque que l'Ombre s'étende
Sól

La gifle fit craquer quelques vertèbres. La jeune femme serra les poings et la mâchoire. « Crache le morceau. » ordonna Léone. « Qu'est ce que tu nous caches, depuis que tu es rentrée ? » exigea-t-elle. La malédiction de la guerre des dieux avait beau avoir été levée, les excès de rages restaient monnaies courantes. Avec les hormones, Léone semblait retomber dans sa folie d'antan, comme lorsque ses gamins étaient obligés d'attacher leurs parents pour ne pas risquer de se faire tabasser à mort. Ses crises démoniaques étaient de plus en plus récurrentes. Sól s'était demandé si la race du bébé influençait les états d'âme de sa mère. « Pourquoi tu ne veux pas me dire ce qu'il est arrivé à Nin ?! » La mère poussa sa fille avec violence, et celle-ci trébucha en arrière. Elle grogna en se cognant par terre. Elle recula puis se redressa avant que sa génitrice puisse lui faire davantage de tort. « Qu'est ce que ça fait ! Il est mort ! Il a crevé là-bas comme tous les autres. » L'adulte avait éprouvé un besoin morbide de comprendre comment son aîné avait succombé. Elle avait harcelé sa fille de questions, sachant qu'elle était la dernière l'avoir vu. Sól avait essayé d'esquiver les interrogatoires, elle avait menti en prétendant l'avoir perdu de vue et ne l'avoir retrouvé qu'après son trépas. Elle était une piètre menteuse. Léone avait saisi tout de suite qu'elle ne lui disait pas la vérité, ou qu'elle lui en cachait une partie. Ca l'avait enragé. La colère fit vibrer le corps de la furie, qui se saisit d'un pot et le jeta à la figure de l'ancienne Ange. « DIS MOI ! » hurla-t-elle à plein poumons. « C'est parce que c'est ta faute ? » La mère avait déjà tout imaginé, surtout le pire. Maintenant, elle avait besoin de réponses claire, et que son propre enfant l'en prive la rendait folle. « DIS LE MOI ! » Sól sentit sa gorge se serrer tandis qu'elle esquivait l'attaque de sa mère. « Léone ! » appela Thorn, qui avait rappliqué en entendant la dispute. Il avait retiré ses bandages, là où il avait autrefois possédé une main. « Arrête ! » « Elle nous cache quelque chose ! Tu ne le vois pas ? C'est elle. C'est elle qui nous a enlevé notre fils, tu ne le vois donc pas ? D'abord Viserys et Maa, et maintenant Nin ! Tu comprends pas ? C'est à cause d'elle ! » « Tais-toi, tu ne fais aucun sens ! » « Tu les a tous tués ! RENDS LES MOI ! Rends-moi mes enfants ! »

Sól retenait ses larmes. Le poids de la culpabilité l'avait tué à petit feu. Elle s'était confié à Dastan, mais l'avait presque aussitôt regretté - elle avait craint qu'il ne parle, qu'il ne dévoile son secret honteux. Elle avait essayé d'affronter sa peur et de le dire à Máni. Le brun avait déjà compris, en l'observant, en analysant ses réactions et les bribes de conversation qu'elle avait eu avec Saya, en recollant les morceaux du puzzle. Mais elle ne le lui avait pas dit clairement. Thorn avait compris qu'elle se sentait coupable, mais il savait que sa fille avait le cœur trop tendre, qu'elle prenait les choses trop à cœur - elle l'avait toujours fait, depuis sa naissance. Léone oscillait entre chagrin et colère. Parfois, elle se mettait à pleurer et allait trouver le réconfort dans les bras de sa fille. La seconde suivante, elle lui reprochait ses non-dits, ses esquives et l'accablait de tous les maux qu'elle pouvait imaginer. Elle l'avait frappé, sans que la blonde n'ose répliquer, pour ne pas blesser le fœtus. Pourtant, cette fois-ci, Sól sentit quelque chose gronder au fond d'elle-même. Une fureur ravivée par les mots blessants et la part de vérité qui s'y étaient cachés. Elle n'eut même pas le temps d'hésiter, de se dire qu'elle le regretterait : les mots sortir tout seuls. « Ma faute ? » Un rire froid figea la mère. « N'est ce pas la tienne ? Toi qui est maudite ? Toi, qui est tombée enceinte. Tu le savais pourtant, non ? Qu'une nouvelle naissance signifierai la mort de ton premier né ! Et pourtant, tu as décidé de le garder ! Tu ne l'as pas achevé ! » Sól avait entendu Léone se confier à Thorn, les sanglots la secouant vivement. Elle en était venue à cette conclusion. Elle avait craint pour la vie de ses enfants, lorsqu'ils étaient partis et qu'elle avait réalisé qu'elle portait la vie en son sein. Elle avait pensé à avorter mais finalement, n'avait pas osé : et si personne n'était revenu et qu'elle se retrouvait totalement seule ? Alors elle avait égoïstement choisi de continuer sa grossesse. « Alors à qui la faute, hein ? » beugla la Kendov. Elle savait que ses paroles allaient viser juste. Elle savait la peine qu'elles infligeraient. Elle n'avait pas été préparée à voir le désespoir peindre le visage de sa mère en un masque d'amertume. Léone se mit à pleurer. Elle se laissa tomber par terre et se pencha en avant, les bras repliés sur son ventre arrondi. Elle cria comme elle n'avait jamais crié - pas même lors de ses accouchements. Elle serra l'enfant. Puis, soudainement, elle se mit à frapper sur cette bosse maudite qui lui avait arraché son fils. « Rends-le moi... » brailla-t-elle contre elle-même, et elle frappa plus fort. « Léone ! » Thorn s'était élancé pour retenir son épouse de commettre une bêtise. Sól, trop abasourdie pour réagir, écarquilla les yeux tout en observant la scène. Son père darda son regard accusateur sur elle. « Pars, le temps qu'elle se calme. » La blonde obtempéra. Elle quitta la ferme, et se mit à courir le plus vite qu'elle pu.
IX - 984 mots.
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Dim 27 Aoû 2023, 12:05


Au risque que l'Ombre s'étende
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« Si, je te promets ! » assura Saya. Elle était allongée, son amante lovée contre elle, passant distraitement sa main dans la chevelure blonde. Sól ne pu se retenir de rire de nouveau en s'imaginant la scène qui venait de lui être racontée. « Ils ont failli mettre ma tête au bout d'une pique ! » s'offusqua la brune. Elle était toujours choquée de voir à quel point les bouseux de Lumnaar'Yuvon pouvaient se comporter comme des brutes sans cervelle. Ca ne l'empêchait pas d'en apprécier certains. « Pff. » pouffa Sól en levant la tête pour mieux voir le visage de son interlocutrice. Elle la jaugea du regard avant de lâcher : « Avec une grosse tête comme la tienne... C'est pas d'une simple pique qu'ils auraient eu besoin, mais de toute une palissade. » La native de Keizal lança un regard réprobateur à l'agricultrice, qui partit de nouveau dans un rire rauque. Elle la pinça sur le bras, comme pour se venger. « Eh. Ma grosse tête bien remplie emmerde ta cervelle de moineau. » lui fit-elle, ce qui relança l'hilarité de la moqueuse. « Heureusement que Graelf était là. Et qu'il m'a reconnu. » « Tu as de la chance qu'il ait été de bonne humeur et qu'il soit intervenu en ta faveur. C'est ça le vrai miracle. » rétorqua la blonde en repensant à son ancien maître d'armes. Il était plutôt taciturne et cela ne l'aurait pas étonné qu'il eut laissé une fausse réprouvée de Keizaal se faire lapider un jour où il n'aurait pas été disposé à se montrer aimable. Le sourire de la blonde s'évanouit alors qu'une idée venait chasser la précédente. « J'imagine qu'on est déjà trop peu pour continuer l'hécatombe. » dit-elle d'une voix morose. Elle se redressa en position assise, et Saya se suréleva en s'appuyant sur un coude. « On a déjà assez perdu des nôtres, pas besoin de continuer le travail des mages noirs en plus. » cracha-t-elle, amère, alors qu'une sensation désagréable de colère et de peine lu rongeait les boyaux. Dans son dos, elle entendit le respiration profonde que prit son amante, puis la sentit passer sa main par dessus sa chemise dans un geste réconfortant. « Dans tous les cas, heureusement qu'il était là... » conclut la plus sage. « C'est pour ça qu'on est rentré ensemble. »

Il y eut un silence lourd, que les dernières paroles n'avaient pas réussi à briser. Sól s'était mise à arracher les brins d'herbe devant elle, un à un, avec irritation et frustration. Finalement, elle frappa par terre et se rallongea, la tête embrumée d'idées parasites ; de tous ceux que leur peuple avait perdu et ne retrouverait jamais ; d'un plan imaginaire qui aurait pu leur éviter un tel massacre. Les deux femmes restèrent ainsi quelques instants supplémentaires, avant que la Tynath'thuk  ne remarque l'air tourmenté de sa concubine. Elle l'observa une seconde, puis deux, et cette moue pensive de retenue ne se défaisait pas de son faciès. Alors elle demanda : « Qu'est ce qu'il y a ? » La brune pressa ses lèvres ensemble, comme si la barrière physique tentait encore de retenir à l'intérieur des paroles qui ne devraient pas être prononcées tout haut. « Il y a... » La diplomate hésita quelques instants. Elle ne savait pas comme lui dire, quels mots choisir, la façon la moins douloureuse de lui annoncer. « Quoi ? » insista la blonde, alors qu'un mauvais pressentiment lui comprimait le palpitant. Elle n'allait pas aimer ce qui allait venir. Elle le savait. Finalement, le barrage céda. « Il y a ces choses qui se disent, à Keizaal. Des choses que des gens ont rapporté. Que certains d'entre nous ont même vu d'eux-mêmes... » « Quoi, qu'est ce qu'on dit ? » s'impatienta la Kendov. « On dit qu'au Fessetival, on a pu voir un Réprouvé un peu trop proche d'un Sorcier. » Sól fronça les sourcils, ses lèvres se déformèrent en une ligne dégoutée. « N'importe quoi. » « Le sorcier, ce serait l'ancien Prince Noir. » Ce fut comme si on lui avait donné un coup dans l'estomac. L'idée qu'un des leurs eu pu fricoter avec un maudit mage était insupportable, contre nature. Qu'il pusse en faire autant après la défaite et les pertes était encore plus hérétique. Que l'enfoiré dont il était question soit de la putain de royauté -passée ou présente, peu importait-, c'était intolérable. L'agricultrice sentait son cœur s'affoler, son sang se changer en rogne, bouillir en vapeur d'envie meurtrière. Elle vit que Saya n'avait pas terminé. Elle aurait voulu lui plaquer la main sur la bouche pour l'empêcher d'en savoir davantage - c'était déjà plus que ce qu'elle se sentait prête à supporter, c'était déjà trop. Pourtant, maintenant que la brèche s'était ouverte, elle voulait connaître toute l'étendue de la faille. « Sól... Le réprouvé... C'était Dastan... »
X - 836 mots.
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Dim 27 Aoû 2023, 14:04


Au risque que l'Ombre s'étende
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Message lié ; Gazette de Pripri

Il y a des choses inébranlables qui ne devraient jamais vaciller, des piliers qu'il convient de ne jamais, au grand jamais menacer. La nuit vient après le jour, qui reviendra inlassablement chaque matin ; les champs fertiles poussent d'une pluie modérée et d'un soleil abondant ; les sorciers sont des enflures à éradiquer. Dastan est un fier Réprouvé. Un Kiir’Sahqon, né du sang de leurs ennemis. Sól papillonna des yeux. La révélation s'était heurtée à un mur. Non, c'était impossible, impensable, inimaginable. Ca ne pouvait pas, tout simplement. Dastan est un Réprouvé. Sól lâcha un rire sec, angoissé, nécessaire pour faire barrage. L'idée parait tellement absurde qu'elle ressemble davantage à une blague. « T'en as d'autres, des conneries du genre ? » rétorqua la blonde. Elle rit, mais ce rire semblait nerveux, presque forcé : comme si, en agissant de cette manière, Saya allait l'imiter et éclater de rire à sa suite - oui, c'était juste une boutade, quelle poilade, vraiment, Dastan et le Prince Noir. Impossible. Pourtant, la brune restait de marbre - ou non, plutôt, sa mine se faisait inquiète, comme si elle craignait une crise, de nerf ou d'humeur. Le regard tranchant de la messagère se fit grave. Alors, finalement, les mots s'ancrèrent à la moindre fissure, l'usèrent pour s'infiltrer peu à peu à travers la barricade, l'endommagèrent jusqu'à ce que l'acier des certitudes vole en éclat. « Que... Qui ? Mais. » Sól se sentait comme au bord d'un précipice. Elle vacillait, prête à tanguer définitivement dans le vide. « Non. » Lorsque la vérité est trop lourde à porter, on ne peut y croire. Derrière le premier rempart, bien d'autres boucliers se lèvent pour conserver ces croyances que l'on voudrait souveraine de réalité. Après l'incrédulité, le déni. « Non, c'est pas Dastan. » La blonde s'était de nouveau redressés. Elle secouait la tête. « Je le connais. C'est pas possible que ce soit lui. Tu te trompes. » Saya fronça les sourcils. Elle se leva à son tour puis ancra son regard dans celui de sa camarade. « Je ne me trompe pas. On l'a vu. Il a été reconnu. Au delà des frontières, tout le monde le sait déjà. Ici, les choses ont du mal à se faire savoir, mais dehors, les nouvelles vont vite. » « Mm-mmh. » nia en bloque la blonde. Elle se mit debout, tout en continuant de secouer la tête d'un mouvement de négation, cherchant à imposer sa volonté sur la réalité. « C'est faux. » assura-t-elle. « C'était eux. » insista Saya. « C'est faux ! » hurla la colérique en se retournant vers la fille de Keizaal. Elle la poussa en arrière. « Tu te trompes ! » répétait-elle. Parce qu'il le fallait. Le contraire était trop douloureux. Pourtant, tout faisait plus sens. Ses disparitions à répétitions ; comment il avait disparu du champ de bataille pour ratterrir à Lumnaar'Yuvon, amoché mais en vie.

Crève cœur. Déception. Tahrodiis. Tous ces mots qu'elle n'avait jamais imaginé associer à Dastan et qui pourtant, en cette seconde, la ravageaient, la noyaient sous un raz-de-marée de colère. Ne voulant pas s'en prendre à celle qu'elle aimait, la blonde se détourna juste à temps pour laisser exploser sa part démoniaque. Elle jeta un coup de pied violent dans les affaires qu'elles avaient apporté avec elles. Elle s'abattit sur la terre, qu'elle frappa de ses poings, balaya les pots d'un revers de main, se mit à hurler de rage. Il lui fallut plusieurs longues minutes pour retrouver un semblant de calme. Même là, elle ne pouvait s'empêcher de trembler.

« Pourquoi. Pourquoi est ce qu'il ferait ça ? » demanda, piteuse, celle qui se sentait trahie. « Pourquoi il nous chie dessus comme ça ? » Elle se sentait écœurée. Elle avait envie de vomir. « Comment il a pu faire un tel... » Elle n'avait même plus les mots. La situation dépassait l'entendement. « Ils sont tous maudits dans cette famille, ou quoi ? » D'abord les aînés Belegad qui avaient rejoint les Anges. Puis eux aussi qui s'étaient acoquinés de magots. Et puis maintenant, ça. Le pire de tout. La trahison d'un départ était déjà douloureuse. On pouvait se faire à l'idée qu'un enfant de réprouvé ait mauvais goût et décide de se mettre au lit avec un niais de magicien - mais s'amouracher d'un ennemi millénaire et naturel était au delà de toute conception que la Manichéenne pouvait formuler. « Comment il peut faire ça à Asha et Vrael ? » C'était ça, peut-être, qui lui faisait le plus mal : Dastan avait grandi en portant sur ses épaules tous les espoirs que les parents avaient déportés sur lui après les déceptions de leurs aînés. Il avait des responsabilités : ne pas trahir était la première et plus importante de toutes. Rompre cet accord tacite, cette attente, cette promesse silencieuse était la pire des punitions pour le couple qui l'avait élevé, chéri, protégé. Pour Sól aussi, car en vivant tous en communauté, la peine de l'un devenait celle de tous.

La guerrière se tourna vers son amante. « Tu es sûre ? » demanda-t-elle, dans une ultime tentative de ne pas briser totalement l'estime qu'elle avait pour le rouquin. Mais elle connaissait déjà la réponse. Saya n'était pas de ceux à colporter des mensonges pour le plaisir. Là encore, elle ne s'était pas amusée à crier ce qu'elle savait sur les toits : elle avait fait une confidence à quelqu'un qu'elle voulait protéger d'une vérité blessante, qui l'avait immanquablement heurté. La brune acquiesça. C'était la fin. De la dignité du roux, de l'estime qu'elle lui portait, de la tendresse et de l'affection qu'elle avait éprouvé à son égard. Il était devenu un Paria. « Je vais le buter. » pesta-t-elle entre ses dents. « Et les autres ? Ils le savent déjà ? » « Je ne pense pas. Les frontières sont trop hermétiques pour rentrer. Je n'en ai parlé à personne. » Il y eut un silence. « Mais peut-être qu'Asha et Vrael ont reçu une lettre. » Le père savait lire. Alors peut-être qu'on l'avait prévenu par écrit. Si c'était le cas, il avait gardé le silence, la honte l'accablant peut-être trop. « Les autres ne doivent pas savoir. » Parce que certains se feraient indéniablement la même réflexion qu'elle : que tous les mioches Belegad tournaient mal. Qu'ils étaient forcément de la mauvaise graine. Si c'était vrai pour les trois aînés, Yngvild était encore vierge de reproches. La Tynath'thuk  ne voulait pas courir le risque que certains s'en prennent à elle, dans un excès d'idiotie colérique. Peut-être aussi qu'une part d'elle-même espérait encore que tout ceci était faux, et qu'elle désirait confronter le fautif. Si les accusations se révélaient véridiques, alors elle lui arracherait la tête. « Tu vas prétendre ne pas être au courant? » « C'est pour le mieux. » Ce ne serait pas simple. La rancœur était tenace, culturelle, presque une tradition. Garder le silence la rongerait à chaque fois qu'elle apercevrait un Belegad. Elle décidait de l'endurer sans rien dire malgré tout.

Mais elle n'eut pas à porter le fardeau des secrets pendant longtemps. Quelques jours plus tard, la rumeur se propageait : la tête de l'intrus avait volé plus rapidement encore que celle de Norok, mais pas avant de parler. Le curieux avait ouvert sa bouche, et c'était un ouragan qui s'en était échappé. On savait. On niait, parfois. Partout, le grondement s'élevait dans la campagne dorée. Dastan et le Prince Noir.
XI - 1281 mots.
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Ven 01 Sep 2023, 11:12


Au risque que l'Ombre s'étende
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« File-moi la bière. » La bouteille passa de main en main, puis arriva jusqu'au Démon. Celui-ci s'en empara et bu directement au goulot. La conversation des jeunes adulte continuait. Sól ne l'écoutait qu'à moitié - elle savait qu'ils avaient commencé à glisser sur un sujet graveleux, en avait saisi les grandes lignes sans prêter attention aux spécificités. Elle croqua dans sa pomme, qu'elle avait cueilli sur l'arbre sous lequel ils s'étaient tous installés, assis ou allongés. Ses yeux bleus étaient tournés non pas sur ses camarades mais sur le village. La fin de journée et le soleil déclinant ne signifiaient pas forcément la fin du travail pour les agriculteurs. Après avoir terminé le travail au champ, il restait toutes les autres corvées : celles de la vie quotidienne, que l'on n'avait pas eu le temps de faire plus tôt. Parce qu'on n'était plus assez pour faire tout le reste : la charge avait doublé voire triplé pour chacun. Il fallait laver le linge et l'éteindre, préparer les repas, ranger ce qu'une dispute avait désorganisé, entretenir les armes. La Kendov voyait quelque chose de sinistre dans cet entêtement à vouloir prétendre que les choses revenaient à la normale. On travaillait, on allait boire à la taverne, la vie reprenait son cours. La guerre avait fait exploser ce quotidien que l'on essayait de retrouver, fébrile, les membres tremblants. Là où les autres essayaient d'oublier, de passer à autre chose pour ne pas stagner dans la paralysie, Sól ne pouvait que s'accrocher au vide laissé par les défunts. Le silence d'un amant abandonné, la perte d'un enfant ou d'un proche : tout criait leur absence. La campagne était dépeuplée. Elle paraissait trop silencieuse, sans les rires gras, les cris hargneux et les grognements bourrus. Ceux qui persistaient ressemblaient à un vague et triste écho du passé.

Les Réprouvés avaient perdu la guerre. Leur échec aurait dû leur apprendre quelque chose. Ils étaient faibles, sans magie. Pourtant, chacun essayait de prétendre le contraire, s'efforçait de s'enfoncer dans un déni confortable, lissé par les années à le porter. La blonde avait envie de hurler. De laisser une tempête colérique tout ravager. Pour faire bouger les choses, que la situation évolue. Elle avait envie de devenir forte. Elle ne voulait plus jamais se sentir tel un fardeau. Oui, elle voulait devenir forte, mais changer maintenant impliquait quelque chose d'effroyable. Magie. C'était ça, qui leur manquait. Ce poison qu'on lui avait toujours appris à détester, à repousser avec véhémence. Cette entité contre nature qui poissait et qu'il ne fallait surtout pas approcher. A chaque fois que son esprit venait à cette conclusion, une nausée violente la brassait et elle riait nerveusement. De la magie ? Et puis quoi encore. C'était absurde. Elle devait continuer à s'entrainer davantage avec ses armes et ses poings, voilà tout.

« On n'est plus assez. » lâcha la Tynath'thuk. Son intervention coupa court à la discussion de ses amis. Máni la lorgna avec agacement. « Qu'est ce que tu causes encore toi ? » Saya se redressa - elle était restée allongée la tête sur les genoux de son amante, à profiter de ses doigts parcourant ses cheveux. « Regarde. On est si peu. » lâcha-t-elle avec mélancolie. « On était des milliers, avant. Regarde ce qu'il reste de nous. » continua-t-elle avec davantage de hargne, alors qu'un sentiment d'injustice lui empoignait les trippes. Une teinte de crainte se faufilait également dans cette prise viscérale. « On n'est plus assez pour se défendre contre une réelle menace. Il faut qu'on soit plus nombreux. » Le jumeau lâcha un grognement rauque qui se voulut moqueur. « Bah t'as du pain sur la planche alors. Va vite écarter les cuisses que tous les mecs en rut viennent te prendre. » « La ferme, connard. » répliqua Saya avec un air meurtrier sur le visage. Máni était épais et large, mais elle était malgré tout plus adroite et plus puissante que lui. Elle gagnait à chaque bras de fer qu'ils avaient fait. « On à qu'à aller buter des Goleds. » continua Sól en se retournant vers les autres. « Verser du sang, par nos lames. » Ce n'était pas qu'une question de démographie. Il y avait aussi l'honneur de retrouver une victoire plutôt que de ruminer leur défaite. De redevenir des guerriers, des soldats puissants. Des combattants inarrêtables. « Une chasse aux Goleds. » répéta Saya, qui semblait séduite par l'idée. « Il faudra en causer à Hazaan. »
XII - 764 mots.
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Mar 05 Sep 2023, 20:55


Au risque que l'Ombre s'étende
Sól
RP lié ; Que l'Ombre rayonne, message V
Sól baissa les yeux. Elle vit le caillot de sang s'écouler d'entre ses cuisses et tomber jusqu'au sol, juste avant que l'eau du seau qu'elle avait vidé sur sa tête ne l'asperge. Rouge carmin, glaire de douleur mais de vie, s'épuisant sur la terre brune. Comme pour rendre fertile cette campagne, à défaut d'avoir su se montrer utile au sein du ventre ravagé des crampes mensuelles. L'eau mouilla les cheveux d'abord : elle les plaqua contre les tempes, contre le dos, le long de la nuque et des épaules. Puis elle dévala le reste du corps, emporta les saletés, la poussière, la terre séchée. La Réprouvée regarda le filet d'eau abreuver la terre et la transformer en gadoue sous ses pieds. Emporter ses crasses, former un tourbillon qui souleva le sang qui lui suintait désormais en gouttes d'entre les jambes et acheminer tout ça à travers le ruisseau qui se formait. La femme remplit de nouveau son seau dans la bassine en fer qu'elle avait rempli à la rivière, elle répéta l'opération et le vida sur sa tête à plusieurs reprises, jusqu'à ce que son corps soit totalement trempé, jusqu'à ce que le courant eut éloigné les caillots et les gouttelettes, dans un tourbillon empourpré.

La blonde observa longuement la couleur carmine, se diluer sans disparaître totalement. Elle avait la sensation d'en être imprégnée, de s'en retrouver recouverte à nouveau. Elle avait l'impression de ressentir les éclaboussures chaudes, poisseuses, s'imprimer sur sa peau. C'étaient presque des traces indélébiles. Elle avait beau avoir frotté sans relâche, nettoyé avec acharnement, s'être débarrassé des preuves depuis des semaines : la survivante percevait encore l'échos des giclées écarlates. Près de ses yeux, dans sa bouche, sous son nez. Ca lui prenait à la gorge, ça la faisait frémir de dégoût. Elle revoyait les membres sectionnés, les visages déformés par la douleur et l'effroi ; elle se souvenait des bras qui pissent le sang, des ventres béats qui gerbent leurs entrailles et avec toujours ce sang qui trempe tout - bordel, pourquoi ça glissait autant, c'était à cause de tout ce sang dans lequel ils baignaient tous, ces corps et ceux qui essayaient de lutter pour rester debout. Les souvenirs défilaient devant ses rétines, comme si on y avait peint directement dessus, pour s'assurer qu'elle ne voit jamais rien d'autre.

Sól ferma les yeux. Elle inspira profondément, pour calmer ses tremblements, et essayer de chasser la nausée qui la gagnait comme une marée vorace. Elle s'empara du savon et commença à se nettoyer. Elle utilisait le pain comme une pierre, pour se râcler la peau, faire partir cette sensation tenace qui s'ancre sous l'épiderme et vous hante comme un cauchemar qui s'attarde dans l'esprit même une fois éveillé. Elle frotte avec la brosse, frotte jusque ça en devienne douloureux, mais ne s'arrête pas pour autant. Elle passe sur les empruntes des cloques, qui ont explosées désormais, et sur les pustules qu'elle s'est arraché, ne laissant que des traces supplémentaires sur le corps abimé. Elle recouvre les cicatrices, taillades blanches qui trahissent sa faiblesse. Elle se lave, encore, puis se rince.

La Kendov resta là, nue. Elle était propre, et pourtant, elle se sentait si sale. Et ce n'était pas à cause de ses menstruations, pour lesquelles elle n'avait jamais éprouvé de honte. Elles sont chiantes, ça oui, à lui tirailler le bide autant que le dos et à l'empêcher de bouger comme elle le voudrait parfois, à lui laisser une sensation humide désagréable et à tâcher ses vêtements qu'elle doit ensuite lever en les frottant d'autant plus. Mais jamais elle n'avait éprouvé cette sensation de saleté incrustée jusqu'au plus profond d'elle-même. Alors la Manichéenne abandonna le savon : elle récura ses bras, ses jambes, son ventre, à même ses doigts. Elle se griffa, arrachant quelques morceaux de peaux sous ses ongles. Finalement, les sanglots explosèrent, débordèrent. Et elle se mit à cogner le battant de la cabine en bois derrière laquelle elle se lavait, elle frappa du poing, du pied, elle grogae et cria de rage, sans se soucier de qui pourrait l'entendre ou la surprendre.

Pourtant, le bruit des bottes qui courent, martèlent par terre, la stoppèrent dans son hystérie. Elle s'immobilisa, le cœur lourd, les poumons en feu de ne pas avoir suffisamment crié. Les pas s'arrêtèrent juste à quelques pas, de quoi lui laisser encore de l'intimité, tout en s'assurant d'être suffisamment proche pour être entendu en lui parlant discrètement. « Dastan est rentré. Il est revenu ici, chez ses parents. »
XIII - 793 mots.
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Mar 05 Sep 2023, 22:10


Au risque que l'Ombre s'étende
Sól
RP lié ; Que l'Ombre rayonne, message V
Sól ne prit pas le soin de se sécher : elle attrapa ses vêtements étendus sur la palissade et les enfila par dessus sa peau encore perlée d'eau. Le tissu se colla à son corps mais elle s'en moquait. Elle sortit de la cabine, les pieds nus. Elle croisa le regard de son frère. Il tenait une fourche. Elle tendit la main : il la lui céda volontiers. S'il avait grandit au contact du rouquin, c'était surtout la blonde qui avait noué des liens avec les Belegad, et l'adolescent en particulier. D'eux deux, c'était surtout sa sœur qui devait éprouver l'envie de se venger, de réclamer des explications, des excuses, un repentir. Aucun pardon ne lui serait accordé, mais savoir qu'il se sentait coupable, qu'il regrettait, qu'il voulait revenir en arrière apaiserait peut-être leur amertume, soulagerait légèrement leurs colères dévastatrices. Elle était celle qui aurait besoin de comprendre - à quoi bon chercher à comprendre la folie d'un traître, il se le demandait, mais il savait que l'Ange avait des ersatz de candeur qui lui échappaient. Et puisqu'aucun Manichéen n'était doué pour manier les mots et la parole, il faudrait extorquer les explications par le langage universel de ce peuple brutal et cruel dans sa barbarie. S'armer pour délier les langues. Les jumeaux déployèrent leurs ailes et s'envolèrent jusqu'à la demeure des Belegad.

La Kendov avait les entrailles en feu. Elle se souvenait comment elle avait été soulagée en apercevant Dastan, après la bataille, en le retrouvant sain et sauf. Elle avait d'abord refusé d'y croire, mais ensuite la gratitude l'avait submergée. Toute trace d'apaisement avait disparu. Elle se refusait toujours d'y croire. Parce qu'elle savait ce qui attendait le roux, le sort qu'elle-même et tous ses pairs lui réserveraient : elle ne le souhaitait pas au garçon qu'elle avait vu grandir. Elle ne pouvait pas s'empêcher de dissocier ces deux personnes : le gamin qu'elle avait affectionné, pour qui elle s'était inquiété, qu'elle avait aimé ; et ce connard de traitre qui avait pactisé avec l'ennemi. Plus le temps était passé, plus les rumeurs avaient enflés, plus les esprits s'étaient échauffés. S'il avait vendu son cul pour les beaux yeux du Prince Noir, qu'avait-il pu faire d'autre ? Jusqu'où était allée sa traîtrise ? Qu'avait-il fait lorsque le Mage n'avait pas fourré sa queue dans sa gueule ? L'avait-il utilisé pour parler, peut-être un peu trop ? Avait-il dévoilé des secrets, parlé de leurs faiblesses ? Etait-il la raison pour laquelle les Bipolaires s'étaient fait massacrer ? On lui avait prêté tous les maux, tous les torts : il était l'ennemi à abattre, autant que son garçon de joie.

Les Tynath'thuk arrivèrent devant la demeure des traitres. L'accusé était déjà en train de se faire rouer de coups. Sól sentit son âme se déchirer. Elle eut un élan d'horreur en voyant son tableau - elle aurait voulu les faire arrêter, l'Ange en elle détestait cette vision, cette violence qu'on infligeait à quelqu'un dont elle se souciait. Sa patr démoniaque avait envie de se joindre à la sentence, participer au lynchage, écraser cette bouche salie, défigurer ce morveux et lui apprendre une bonne leçon. Porter sa tête sur une pique, comme elle l'avait fait avec Norok. Sa poigne se resserra autour de la fourche, et la blonde avança d'un pas. La rage l'avait emporté sur la pitié.

L'arrivée de Freyja la stoppa nette. Elle se figea, la gorge nouée autant que l'estomac. Une vague de rancune et d'amertume fit bouillir sa bile. Elle observa l'ange repousser ceux qui s'en étaient pris à son frère. « On devrait vous tuer tous les deux ! » Oui. Ils étaient tous les deux des traitres. L'un plus que l'autre, mais les Bipolaires ne faisaient pas dans la dentelle, ce genre de nuance avait peu d'importance lorsque la hargne les dirigeait. Et puisqu'elle défendait l'ennemi, le protégeait contre leur courroux, elle devenait une cible à abattre. Sól regretta de la voir en vie elle aussi. Depuis qu'elle avait appris son retour à Lumnaar'Yuvon, Sól avait déserté la ferme Belegad, trop perdue entre ses propres émotions pour oser aller à la rencontre de Laëth. Maintenant qu'elle la voyait refaire les mauvais choix, les trahir encore une fois en défendant Dastan, les vieilles blessures qui n'avaient jamais cicatrisé semblaient se rouvrir douloureusement. Elle observa l'altercation avec la Bipolaire, bouillonnant d'un torrent de sentiments ambivalents qui tanguaient d'un bord à un autre sans parvenir à s'ancrer à une rive. Elle hésitait, coincée entre ses convictions et ses contradictions. Elle aimait et haïssait si véhément qu'elle ne savait plus quoi penser, ne comprenait plus ce qu'elle ressentait, hormis la déception et le chagrin. Elle vit partir l'aînée et le Kiir'Saqhon, et son regard s'attarda sur la silhouette mise à mal. La pitié rafla le reste. « J'espère qu'il crèvera vite. Sinon, il va souffrir pour toutes nos peines. » La colère était trop grande : les démons prendraient soin de savourer la vengeance qui leur était due. S'il ne mourrait pas d'un coup fatal, alors il subirait le piétinement de l'armée Manichéenne.
XIV - 901 mots sans les paroles du PNJ de Laëth.
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[Q] Au risque que l'Ombre s'étende

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