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 [Flash RD] Les Portes V - La dispute

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Persée
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Persée
Jeu 12 Oct 2023, 07:25

[Flash RD] Les Portes V - La dispute 2bxn
Les Portes V - La dispute
Nicodème & Ezémone




Après la fin de la soirée chez Gustave de Tuorp, fin du tour 4 : Lien

Ezémone d'Ecirava:

En apparence, la femme d'Ecirava s'était calmée. Ses traits s'étaient détendus en serrant ses filles contre elle, en sentant leur chaleur vivante rassurer la sienne, mais ses prunelles d'azur pâle prenaient l'éclat de l'acier quand elles s'accrochaient à l'ombre de son époux assis face à elle.

Le paysage nocturne défila jusqu'à prendre la forme familière de leur foyer. Ezémone y suivit ses filles et se débarrassa de son manteau dans les bras d'un domestique. Ce fut seulement là que l'absence de Doléas la frappa. Dans la panique, son univers s'était réduit à sa famille. Elle arrêta le domestique. « Envoyez quelqu'un à cheval chez les De Tuorp vérifier que Doléas est sain et sauf, je vous prie. Dites-lui de se hâter et de me venir me prévenir dès son retour. Je ne compte pas dormir immédiatement. » Elle savait la mère du jeune homme présente à la soirée mais la perspective qu'il ait été pris au piège des flammes l'empêcherait de trouver le sommeil.

Avisant ses filles dans son champ de vision, la maîtresse de maison vint vers elles et les poussa dans le dos. « Filez au lit. Il est tard. Je viens vous voir tout à l'heure vous embrasser. » Elle s'inquiétait surtout pour Stéphanette. Plus fragile et sensible que sa soeur, elle espérait que la façon dont la soirée avait fini ne traumatiserait pas la blonde et que les flammes ne la poursuivraient pas dans ses cauchemars.

Enfin, Ezémone se tourna vers Nicodème. Un silence assourdissant s'installa alors que déception et mécontentement durcissaient la ligne de sa bouche. Il tenait toujours sa statuette. Son regard se prolongea quelques secondes dessus avant de remonter sur le blond. « Allons dans le petit salon. » articula-t-elle finalement.

La pièce habituellement confortable et intimiste par sa taille était froide et plongée dans le noir. Les domestiques n'y avaient pas allumé de feu, sachant la famille de sortie pour toute la soirée. À tâtons, elle trouva de quoi allumer quelques candélabres. « Fermez la porte. » Elle ne voulait pas que ses filles écoutent aux portes et la pièce était bien insonorisée afin que quiconque souhaitant y lire ou s'y concentrer puisse le faire dans un silence approprié. Ezémone elle-même aimait s'y installer parfois pour corriger des rubriques écrites par ses employés. Elle s'empara d'une carafe en cristal dont elle orienta le bec sur un verre dont elle ne remplit qu'un fond. D'un trait, Ezémone avala le liquide couleur de bronze. L'alcool anesthésia un peu l'adrénaline qui continuait de courir dans ses veines à la façon d'un cheval affolé. Elle avait eu terriblement peur pour ses filles, le mouvement de foule aurait pu leur être catastrophique. Elle inspira par le nez, les yeux fermés.

« Dites-moi, Nicodème, je me demande parfois si vous nous aimez véritablement. » énonça Ezémone d'une voix d'un calme trompeur, presque plaisantin. Elle s'était tournée vers lui et avait croisé ses bras sous sa poitrine. Ses doigts pianotaient sur son bras. « J'ai conscience de la profondeur de votre obsession pour ces... » Elle agita la main dans l'air pour désigner toutes les sculptures et tableaux dans leur ensemble qui décoraient le salon. Elle avait envie de dire babioles mais se retint. « pièces d'art. Croyez-moi, je le sais, et il me semble que vous bénéficiez d'une liberté plus que large pour en profiter. Je ne vous ai jamais fait le moindre reproche. » Même si elle n'aimait pas toutes ses acquisitions, elle ne disait rien. Elle n'avait rien dit en voyant leur demeure devenir lentement mais sûrement un musée. Elle n'avait rien dit en constatant que plus d'or filait dans la sculpture d'une femme dénudée dans le jardin que dans toute la garde-robe réunie de leurs filles. Il gérait suffisamment bien les finances et leurs filles ne manquaient de rien, alors elle avait gardé le silence, compréhensive, et surtout désireuse de préserver une paix sociale. Mais il y avait des limites à ne pas franchir. Elle revoyait ses doigts se détacher de leurs enfants pour s'éloigner. Tout ça pour un ridicule chien aux yeux rouges. « Vous vous rendez compte que nous aurions pu perdre Stéphanette et Olivette dans la foule ? Je veux que vous preniez une seconde pour les imaginer, piétinées, à étouffer dans la fumée des flammes. Comment avez-vous pu ? Nicodème, je vous aurais jeté moi-même dans le feu s'il leur était arrivé la moindre chose. Et ce n'est même pas tout. Avez-vous conscience de tous les regards qui m'ont été lancés quand toute la société vous a vu danser avec cette gourgandine d'Adénaïs ? Oh, ne me dites pas que ce n'était pas votre idée, je vous connais assez bien pour m'en douter, mais enfin, êtes-vous stupide ? Vous ne m'en aviez jamais donné l'impression jusqu'à ce soir. Est-ce que je vous aurais mal jugé ? Dites-moi au moins que cela était pour une bonne raison. »

Message I | 858 mots (si si c'est un flash)


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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 12 Oct 2023, 10:32



Unknown

La dispute

En duo | Ezémone et Nicodème (Perséphone & Alcide)


Rôle - Nicodème d'Ecirava :


D’un geste ferme mais calme, Nicodème scella la porte derrière eux. Il jeta un regard circulaire au petit salon, dont la fraîcheur picorait sa peau. Ses iris finirent leur course sur son épouse. Il était rare qu’ils se disputassent, cependant, il ne se faisait aucune illusion sur les intentions d’Ezémone. Son attitude suintait la colère. Il soupira discrètement et, faute de mieux, posa la statuette sur le secrétaire qu’il utilisait pour travailler. Il devrait lui trouver une place adéquate ensuite, le temps de la rendre à Gustave de Tuorp. L’idée le peinait, mais il ne comptait pas avoir l’air d’un voleur aux yeux de sa femme et de ses filles. Alors que ses doigts relâchaient la sculpture, les mots de la violette lui empoignèrent le cœur. Il tourna vers elle un visage amer. Les années lui avaient appris à bien la connaître : il savait qu’elle attaquait toujours avec cette violence insidieuse, perfide, aussi coupante que les feuilles sur lesquelles elle publiait ses articles cinglants. Ses iris bleus la scrutèrent, avant de l’abandonner au profit des œuvres qui décoraient la pièce. Ce qu’il aimait aussi, avec l’art, c’était son habileté à dire les choses sans s’écrier et à ne jamais s’offusquer d’une interprétation maladroite de son propre propos. La diatribe d’Ezémone l’agaçait. Il s’attendait à tous ces reproches, mais elle était faite pour être blessante, provocante et infantilisante. Il s’éloigna de quelques pas, vers la fenêtre. Il aurait pu l’envoyer paître, lui dire qu’il était l’homme de la famille et qu’en tant que femme, elle n’avait aucune liberté à lui accorder, aucun droit à lui octroyer, aucun reproche à lui énoncer ; mais ils n’avaient jamais fonctionné ainsi et il l’estimait assez pour ne pas la piétiner par quelque philosophie machiste à laquelle il n’adhérait pas.

Lorsqu’elle eut terminé, il pivota vers elle, dos aux jardins sur lesquels la lune projetait ses rayons. Ses deux paumes se placèrent sur le rebord de la fenêtre, légèrement renfoncée dans le mur. Il laissa sa silhouette s’appuyer dessus. Son regard détailla Ezémone. Pendant quelques longues secondes, il ne dit rien. Parfois, il lui imposait son silence et s’en allait. Il ne le ferait pas. Il s’humecta les lèvres. « Vous avez raison. Je suis parfaitement indifférent à vos existences et j’aurais mieux fait de vous laisser toutes périr dans les flammes. » Il la toisa. « Vous n’aimez pas la bêtise, mais moi non plus. Tâchez de vous en rappeler. » Elle se laissait trop déborder par ses émotions. Son pouce droit caressa distraitement le rebord de pierre. « Je n’ai pas inconsciemment abandonné nos filles, vous étiez avec elles, et nous sommes tous rentrés sains et saufs. Ne me traitez pas d’irresponsable, et cessez donc de vous torturer avec des images qui n’ont pas lieu d’être. » Il était inutile de lui parler de la valeur de la statuette, bien qu’elle eût constitué un argument de poids dans sa décision de s’en emparer. Il croisa les bras. « Je parle aussi d’Adénaïs d’Etamot. » Il marqua une pause. « Ne vous inquiétez pas. La « société » se rappellera bien assez vite de mon appétence toute particulière pour ces affaires-là. » Durant sa jeunesse, nombreuses avaient été les rumeurs dues à son désintérêt pour le sexe opposé. On lui avait attribué bien des étiquettes : homosexuel, eunuque, impuissant. Son mariage avec Ezémone et la naissance de leurs deux filles avaient achevé de ligoter les mauvaises langues, mais personne n’avait oublié, et il ne faisait rien pour donner l’impression qu’il s’intéressait à la chose. De toutes les perches tendues par Gustave ou Hermilius, il n’en avait saisi aucune. « Adénaïs m’a interrompu alors que je discutais avec le médecin. Qu’aurais-je dû faire ? La jeter dans un buisson sous les yeux d’Ezidor de Xyno ou lui faire un croche-patte en pleine danse, sous le nez du Roi, alors que vous essayiez de pousser l’une de nos filles dans ses bras ? » Il y avait pensé, mais il était suffisamment bien éduqué, poli et respectueux pour ne pas lui infliger ça, et assez intelligent et précautionneux pour ne pas risquer le courroux du Souverain. Bien qu’elle ne fût qu’une courtisane, Merlin était trop imprévisible. « Elle m’a assommé de questions, mais il me semble qu’elle essayait surtout de comprendre quelle était ma position vis-à-vis de sa Majesté. » Sur le moment, il n’avait pas forcément fait le lien, mais le trajet en carrosse lui avait permis de repenser à tous les événements de la soirée – à la recherche vaine d’une explication quant à cet incendie soudain. Il jeta un regard par-dessus son épaule au ciel nocturne, comme s’il y cherchait les traces des flammes. Sur la route, il avait eu le temps de se remettre des remous qui l’avait agité, mais leur souvenir persistait. Il reporta son attention sur son épouse. Il aurait pu lui fournir plus de détails, mais son comportement l’avait trop irrité. « Si cela peut calmer votre ego, sachez qu’elle n’excelle pas autant que vous en enquête journalistique. » Il passa une main sur son visage, las, puis demanda : « Souhaitez-vous discuter d’autre chose, ou pouvons-nous aller saluer nos filles et nous coucher ? »



Message I – 867 mots
(ouais ouais un flash)




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Persée
Jeu 12 Oct 2023, 22:53

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Les Portes V - La dispute
Nicodème & Ezémone




Ezémone d'Ecirava:

Ezémone manqua s'étouffer face au flegme vaguement ennuyé de son époux. Un rire nerveux lui échappa. Elle l'agaçait ? Tant mieux. Si elle sortait les griffes, c'était pour blesser. Dans certains couples, ils n'osaient pas hausser le ton de crainte d'égratigner l'amour de l'autre. L'avantage des d'Ecirava était que leur propre union reposait sur une base bien plus solide que de fragiles promesses d'amour. Débarrassés du poids des attentes éperdues dont s'encombrent la plupart, eux n'avaient jamais eu aucun compte à rendre émotionnel. Les termes étaient clairs. Il n'y avait jamais eu de malentendus ou de déception amoureuse. Elle l'avait séduit, mais l'appel de la chair n'était pas celui du cœur. Ezémone n'avait jamais, à aucun moment, perdu de vue ses objectifs. Par chance, et parce qu'elle savait se montrer convaincante, Nicodème s'en était accommodé et avait accepté de jouer sur la partition qu'elle lui avait proposé. Elle était vite tombée enceinte, et l'équilibre s'était installé. Ils étaient tous deux sortis gagnants. Le cœur d'Ezémone n'avait jamais battu follement pour Nicodème, mais elle avait appris à l'aimer autrement. Pour ce qu'ils s'étaient apportés l'un à l'autre, aucun remerciement n'était nécessaire sinon le respect mutuel qu'ils se portaient, et qui la retenait actuellement de ne pas passer sa colère sur ce qui lui était cher en déchirant ses toiles. En revanche, certains défauts du trésoriers, comme sa façon de chercher à minimiser les évènements, avaient le don de lui monter la moutarde au nez. « Oh et bien si nous sommes tous en vie, tout va bien, je suppose. Allons nous coucher pour aller faire de beaux rêves ! Un baiser et tout sera relégué aux oubliettes ! » ironisa-t-elle. « Nous avons failli y passer mais ma réaction est exagérée ? Faut-il qu'une épée menace nos gorges pour espérer fendre votre carapace d'indifférence ? » Dans un élan dramatique, elle avait porté la main à ses clavicules, le courroux et l'alcool rougissant ses pommettes. Elle le regardait, reposant avec nonchalance contre le rebord de fenêtre, comme s'il attendait qu'elle se calme. Stéphanette avait exactement la même expression lorsqu'elle subissait l'ire matrimoniale, cette même lassitude insolente. Des éclairs de fureur traversèrent les orbes bleutés de ses yeux. De l'une comme de l'un, elle ne supportait pas ce comportement.

Sa langue claqua contre son palais et la violette pressa deux doigts contre sa tempe, battue par une migraine naissante. « Il est trop tard pour pour épiloguer sur ce qui aurait dû être fait. À l'avenir, évitez Adénaïs d'Etamot et ses questions. C'est une femme à problèmes et nous n'avons pas la solution. » Pour ce qui était de son statut, cela renvoyait trop Ezémone à son propre passé, elle ne voulait pas y penser, refusait de dessiner d'hasardeux parallèles. Adénaïs et elle étaient différentes. Le malheur avait frappé à leur porte, mais Ezémone avait su se réinventer une vie, grâce à Nicodème, mais surtout grâce à elle-même, à ses choix de vie. Elle l'observa. Et si lui aussi disparaissait, comme Mathias d'Etamot, la laissant veuve avec Stéphanette et Olivette ? Sa gorge se serra. Serait-elle aussi aspirée dans une spirale de ténèbres ? Elle ne savait pas si elle aurait la force d'en réchapper encore.

Elle reporta son attention sur Nicodème et enchaîna d'un ton accusateur : « Vous ne m'avez pas rapporté votre conversation avec Ezidor de Xyno. Qu'a-t-il à dire sur sa Majesté ? À ce sujet, Olivette a su éveiller l'intérêt de ce garçon couronné. Si ce n'avait été pour ce maudit incendie... Croyez-vous qu'il ait été criminel ou accidentel ? Et au même moment, le médecin a eu un malaise. Ces deux évènements sont forcément liés, pour avoir eu lieu dans le même intervalle de temps. Peut-être le médecin a-t-il été témoin du coupable et a été assommé pour ne pas parler ? Vous n'avez vu personne avant de rentrer avec Adénaïs ? » Finalement, l'intervention de la courtisane avait peut-être sauvé son époux d'un mal similaire à celui d'Ezidor. La mauvaise foi et la culpabilité se livrèrent un duel silencieux en Ezémone jusqu'à ce qu'elle capitule avec un soupir. « Je suis heureuse que les filles aillent bien. Et vous aussi. Je vous interdis de disparaître et de m'abandonner. »

Message II | 755 mots (toujours un flash, oui)


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Priam et Laëth
Sam 14 Oct 2023, 07:59



Unknown

La dispute

En duo | Ezémone et Nicodème (Perséphone & Alcide)


Rôle - Nicodème d'Ecirava :


Les pigments de colère qui embrasaient les yeux d’Ezémone lui rappelaient les coups de pinceaux furieux de certains tableaux du Kerevega ; et ses traits durs, sertis d’accusation, semblaient incarner les courbes acérées, prêtes à taillader tous les cœurs de leur beauté sépulcrale, des marbres de Mecilangito. Le doute n’était pas permis : il l’avait bouleversée comme rarement il avait pu le faire auparavant. Il savait que prendre la statuette n’avait rien eu de raisonnable, en soi ; mais il n’était pas un inconscient, il n’avait pas abandonné sa femme et ses filles aux meurtrissures des flammes, il avait agi en sachant qu’il avait le temps de le faire. Pour une mère affolée, cela n’était probablement pas entendable – il ne dit rien. Mais s’il y avait bien une chose dont l’on ne pouvait pas douter, c’était de l’amour que Nicodème portait à sa famille. Peu expressif et d’un naturel pudique sur ses sentiments à l’égard des autres, elles étaient les seules à qui il témoignait de l’affection, même en public. Il avait toujours un regard ou un geste discret qui trahissait la tendresse qu’elles lui inspiraient ou la complicité qui les liait. Ses iris s’attardèrent sur une boucle violette échappée de la coiffure de son épouse ; elle virevoltait au gré de ses mouvements, agitée par le souffle de sa colère. Il eut envie de l’enrouler autour de son index et de la caresser du bout du pouce, en la comparant mentalement à la texture de toutes les étoffes qu’il connaissait. L’ire changeait-elle la soie en chanvre, ou sublimait-elle la douceur ? Sa peau avait-elle la délicatesse du velours ou ses poils hérissés de rage lui accordaient-ils la grossièreté de l’osier ?

Il axa son regard dans le sien. « Vous ne m’en avez pas laissé l’occasion. » répondit-il simplement. Elle ne l’épargnait jamais, et en vérité, il ne cherchait pas à faire autrement non plus. Ils s’étaient toujours parlé franchement, quitte à se dire des vérités déplaisantes. Ce mode de communication lui seyait davantage que les ondes sibyllines qu’avait propagées Adénaïs d’Etamot. « C’est ce que j’ai cru comprendre en la rejoignant au buffet. » Comme l’on pouvait s’y attendre, Olivette n’avait pas eu l’air ravie de cet échange. Il était heureux qu’elle ne lui eût pas demandé son avis, car il aurait eu du mal à s’opposer au sien. La réputation de violence des d’Uobmab n’était plus à faire, et si le Roi était véritablement stérile, sa Reine en aurait probablement droit à une démonstration digne des plus grandes scènes de théâtre. Pour rien au monde il n’aurait souhaité cela à l’une de ses filles. Peut-être aurait-il dû proposer à Adénaïs d’emmener Ezémone à l’une des parties de chasse du souverain, afin qu’elle constatât d’elle-même sa brutalité ? L’idée était presque amusante. Il aurait aussi pu mentir au sujet de ce qu’avait dit le docteur. Il ne le fit pas. « Ezidor est resté assez vague. » se remémora-t-il. « Selon lui, il n’y a pas de quoi s’inquiéter, compte tenu de la situation actuelle de sa Majesté. Je crois bien qu’il n’a pas aimé ma question. » Avait-il quelque chose à cacher ? Sa réticence avait éveillé les soupçons de Nicodème, comme sa question avait probablement secoué ceux du médecin. C’était pour cette raison qu’il n’aimait pas les jeux de cour : ils se condensaient en échanges de paroles traîtresses, de doutes et de suspicion. « Je continuerai de surveiller les comptes royaux et j’essaierai d’écouter ce qui se dit au palais. Dans le même temps, je vous prie de n’engager aucune démarche qui pourrait se révéler être en défaveur de l’une de nos filles. La décision du Roi, ce soir, ne m’a pas semblé être judicieuse pour apaiser ses ennemis et renforcer sa position à la tête du royaume. » osa-t-il conclure, assez bas.

« Il a eu un malaise ? » Le blond passa une main dans ses cheveux, pensif. En sa compagnie, il semblait bien se porter. « Il n’y avait personne, quand elle est venue me trouver. » Il se souvenait de l’ombre de la nuit, de la lueur des lanternes, du souffle du vent, de l’éclat des voix à l’intérieur. « Peut-être que quelqu’un nous observait, je ne sais pas. » Il se répéta le scénario plusieurs fois, en quête d’un indice – sans succès. La déclaration soudaine de l’incendie était intrigante. Couplée au malaise du de Xyno, elle distillait naturellement la méfiance. De là à clamer qu’il était d’origine criminel, il n’y avait qu’un pas. Nicodème ne le franchit pas. Il n’aimait pas spéculer sans preuve et, surtout, il ne souhaitait pas nourrir les inquiétudes d’Ezémone. Il la détailla à nouveau. Elle semblait s’être calmée. Elle finissait toujours par le faire, même si cela pouvait prendre des heures, voire des jours. Il ne s’offusquait pas de ses bouderies, bien qu’elles lui évoquassent celles de leurs enfants. Il gardait le silence et il attendait, patient. Il attendait qu’elle revînt vers lui, ou qu’elle prononçât le genre de phrases qui s’échappa d’entre ses lèvres à cet instant précis, et qui annonçait sa reddition. Durant quelques secondes, il se contenta de la scruter en silence. « Je n’en ai pas l’intention. » déclara-t-il enfin. Il quitta le rebord de la fenêtre et s’avança vers elle. Ses mains entourèrent ses poignets, avant de remonter doucement jusqu’à ses épaules et de la ramener contre lui. « Nous pourrons rediscuter de tout cela après une bonne nuit de sommeil. J’aimerais dire au revoir aux filles, vérifier qu’elles vont bien avant de me coucher. » Il relâcha sa femme, en pressant doucement sa main au passage, puis l’invita à le suivre vers les chambres.



Message II – 946 mots
(Hein hein)




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