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 [Q] Les crocs dans la chaire

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Stanislav Dementiæ
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◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Jeu 16 Déc 2021, 11:01


Les crocs dans la chaire
Thessalia
Intrigue ; Thessalia se fait enlever puis transformer par des vampires tandis qu'elle participe à la guerre des crocs avec sa meute.

Ta truffe humide renifle le sol, à la recherche d'une piste à suivre. Tu en perçois plein : trop et pas assez à la fois. Tu ne sais laquelle suivre. Ton odorat n'est pas encore suffisamment développé pour que tu parviennes à différencier les autres Eversha des véritables animaux. Même si, en temps normal, tu ne te retiendrais pas de pourchasser un autre métamorphe au totem plus faible que le tien - après tout, la loi de la nature est plus forte que tout, il semble dans l'ordre des choses de chasser des proies sans défenses, quand bien même il s'agisse d'autres Béluas - la prudence est de mise désormais. La guerre qui se profile, pour regagner vos terres volées, t'astreint à davantage de considérations. Même s'ils te semblent inutiles, ces petits totems pourraient bien faire toute la différence face aux Sangsues qui colonisent vos territoires. Chaque tête est un avantage supplémentaire vous rapprochant de la victoire : tu ne peux décemment pas te jeter gueule ouverte sur un possible allié. Vous reprendrez vos jeux de traque une fois cette affaire réglée - dans quelques mois tout au plus, espérais-tu. Agacée par ton manque de trouvailles, tu renâcles : l'atmosphère qui règne au sein de l'Antre des Marais n'est pas des plus accueillante et semble faire resurgir ton instinct de prédatrice, rendant plus ardue ta tâche de ne pas t'en prendre aux autres. Abandonnant l'idée de rapporter quelque chose au reste de la meute, tu rebrousses chemin pour retourner auprès des tiens, bredouille. Ce constat t'attirera sans doute des ennuis mais tu préfères ne pas t'en préoccuper avant d'être confrontée à la situation.

Le bruit d'une branche qui craque t'interpelle. Aussitôt, tu t'aplatis, alerte, tes oreilles tendues pour essayer de capter l'origine du son, tes pattes prêtes à bondir. Le cœur battant, tu continues de chercher ce qui a bien pu causer ce bruit - est-ce l'une des créatures du marais qui rôde ou bien la chance te sourit-elle enfin ? Le temps s'écoule et, puisque tu ne perçois aucune présence, tu finis par penser qu'il ne s'agissait que d'un coup de vent. Pourtant, presque instantanément après que tu te sois remise en route, une ombre jailli de derrière un arbre et te saute dessus. Tu jappes, surprise, et roules, impuissante sous l'assaut du coyote. Ce dernier se tient par-dessus toi, ses deux pattes avant plaquées contre ton flan te maintenant au sol dans une position de domination qui te hérisse le poil. Tu grognes, montrant les crocs pour essayer de l'intimider. Il te répond de façon similaire. Tu essayes de te dégager de sa prise mais n'y parviens pas. A la place, tu te contorsionnes pour le niaquer, manquant de le mordre de peu. Ta riposte n'est pas appréciée et l'animal te donne un coup de dents au niveau de la gueule, t'arrachant un gémissement mécontent. Finalement, tu te recouches, admettant ta défaite, patientant jusqu'à ce que ton agresseur se décide à te relâcher.

« Alors, Oana ? On rentre bredouille ? » se moque Dewey. Il a reprit forme humaine, son visage insolent étiré dans un rictus agaçant. « Ça n'est pas bon ça, pas bon du tout. » commente-t-il d'un air réprobateur en secouant la tête. « Moi qui comptais te piquer ton butin avant de retourner aux côtés de Kellam, tu me déçois. » Mécontente, tu soupires avant de te relever. Cette fois-ci, il ne te retient pas, se redressant sur ses jambes et marchant à tes côtés. « Alors, tu as pu réfléchir à ma proposition ? » demande-t-il d'un air désinvolte. Tu perçois, pourtant, les signaux qui ne trahissent pas : les battements de son cœur qui s'accélèrent subtilement, l'odeur âcre de l'appréhension, le coup d’œil furtif qu'il glisse dans ta direction. Profitant de ta forme animale pour ne pas répondre à son interrogation, tu accélères légèrement le pas, comme pour écourter votre tête à tête. Devinant ton intention, le coyote se place devant toi, les bras tendus comme pour pouvoir t'empêcher de le dépasser. « Ce sera plus simple de communiquer si tu étais aussi sous forme humaine. » souligne ton cousin. Tes babines se retroussent en signe de désaccord. Ses organes génitaux pendouillent juste à hauteur de ta gueule : tu t'imagines les agripper avec tes crocs et les arracher d'un coup sec pour le faire taire. En plus de te ficher la paix, ça l'empêcherait de se reproduire. Personne ne voudrait qu'un idiot pareil puisse engendrer des petits, tu ferais donc un service à la terre entière. Tu t'assoies, jugeant plus sage de t'abstenir - malgré la mauvaise foi qui t'étreint, tu sais que les caractères physiques avantageux du comploteur en font un partenaire convoité : elles seraient beaucoup trop de femelles à te reprocher de leur avoir empêcher une reproduction avec ce crétin. Tu ne les comprends pas. Dewey soupire à son tour, penchant légèrement la tête sur le côté. « Voyons O'na, tu ne vas pas m'obliger à te rappeler lequel de nous deux est le meilleur Bêta, n'est ce pas ? Ma petite démonstration de tout à l'heure ne t'a pas suffit ? » nargue-t-il. Tu le toises de tes yeux dorés, impassible. Cela ne semble pas le gêner : il te renvoie ton regard.

Au bout de quelques minutes de ce combat silencieux, tu abdiques : il ne te laissera pas tranquille avant d'avoir obtenu sa réponse. Souhaitant en finir au plus tôt, tu reprends ton apparence originelle. Ta transformation est moins fluide que la sienne, t'arrachant quelques complaintes sonores. Toujours accroupie, tu relèves la tête. « Tu as failli dire adieu à tes couilles. Tu ferais mieux de protéger tes bijoux de famille, si tu y tiens un tant soi peu. » mets-tu en garde d'un ton grognon. Ta réplique arrache un rire hilare à Dewey qui passe son bras autour de tes épaules aussitôt que tu t'es mise sur tes jambes. « Je sais que je ne crains rien, avec toi. Tu n'oserais pas t'attirer la colère de Kellam. » réplique-t-il d'un air serein. « Alors ? » insiste-t-il, raffermissant sa prise autour de ta nuque - tu essayes de l'en empêcher, repoussant son avant bras, mais il est trop fort pour toi. « Alors non. Ne comptes pas sur moi pour t'aider dans tes magouilles. Comme tu l'as souligné il y a quelques secondes, je suis loyale envers notre Alpha. » « Ah-ah-ah ! Je n'ai jamais rien dit de tel. Simplement que tu avais peur de lui. Mais combien de temps encore imposera-t-il sa domination par la peur, hein ? Tu n'en as pas mare, toi ? Tu n'as pas envie de pouvoir - » « Non. Je n'ai envie de rien. Ma vie me va très bien comme elle est, alors ne commence pas à essayer de m'attirer des ennuies. Si tu veux prendre sa place, démerde toi tout seul. Tu sais que personne ne te respectera autrement. Et puis, ce n'est pas parce que tu parviens à le détrôner qu'on te suivra tous docilement. »

Tu t'attends à l'entendre répliquer quelques autres absurdités pour essayer de te rallier à sa cause mais, à la place, l'Eversha s'immobilise soudainement, son regard porté vers sa gauche. Il se met à terre et te force à en faire de même. Son comportement t'inquiète, bien qu'une part de toi le soupçonne de te jouer une farce de mauvais goût à cause de ton refus de lui venir en aide. Tu essayes néanmoins de capter la menace invisible. « Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ? » demandes-tu à voix basse. « Tu ne sens rien ? » répond-t-il, scrutant les alentours. Fronçant les sourcils, tu l'imites, reniflant l'air. Sous cette forme, ton nez est encore moins puissant, mais il reste plus développé que celui d'un humain normal. « Non, rien d'alarm- » Tu te coupes, flairant soudainement l'odeur qu'il a repéré en premier. L'odeur du sang, de la sueur et de la tension. Des Evershas un peu moins scrupuleux qu'eux ? Des vampires ? Non, sans doute pas. Ces parasites n'oseraient pas s'approcher autant de la ligne de front du côté ennemi. Du moins, c'est ce que tu te répètes pour te rassurer et essayer de repousser la vague d'effroi qui menace de te submerger. « Cours. » murmure Dewey. « Hein ? » fais-tu à d'une voix tiraillée par l'anxiété, interloquée par son ordre. « Cours ! » répète-t-il en se mettant lui-même en mouvement, t'entraînant dans son sillage.

Ton cœur pulse, bondit, gronde : tu as l'impression qu'il va exploser, que son martèlement s'entend à l'autre bout des marais. Pourtant, il ne recouvre pas le bruit de vos poursuivants, qui se précipitent à votre suite à une vitesse prodigieuse. Tu les entends se rapprocher ; essayes d'accélérer : ton corps refuse, déjà poussé au maximum de ses capacités. Tes poumons happent un air qui semble se raréfier ; tes jambes cognent contre le sol irrégulier des marais. « Attends ! » halètes-tu, essayant de retenir l'attention du coyote : il s'éloigne dangereusement de toi, menaçant de te semer toi autant que vos traqueurs. « Attends moi ! » répètes-tu, te fatiguant inutilement. Tu ne veux pas qu'il t'abandonne, tu ne veux pas être seule face à ce danger. Une part de toi sait que tu ne feras pas le poids, qu'importe la nature de votre ennemi. Poussée par les ailes de la terreur, ton corps puise dans ses dernières ressources pour te maintenir à vive allure.

La douleur est vive, fulgurante. Si soudaine que tu ne comprends pas ce qu'il t'est arrivé. Pourtant, l'élancement se répand le long de ton nez, de tes fesses et de ton dos. Tu grognes, mise à terre, roulant sur le ventre pour te remettre debout. Tu n'en as pas le temps : alors que tu reprends appuis sur tes mains pour te redresser, un pied vient faucher ton avant-bras, te ramenant au sol. La panique t'empêche de réfléchir, coupe tes sens : tes oreilles sont saturées de bruits parasites, le tout résonnant dans un sifflement sourd ; le goût du sang envahie tes papilles - l'écoulement de ton nez s'infiltre dans ta bouche - ; tes yeux agités ne parviennent pas à se poser calmement sur ce qui t'entoure, te faisant rater les indices évidents. Un instant, tu envisages de te changer en louve, mais comme si tes opposants parvenaient à lire tes pensées, un genoux vient se plaquer dans ton dos, tirant tes bras en arrière, te maintenant dans une position de soumission à laquelle tu ne parviens pas à t'échapper.

« Que penses-tu de celle-là ? » « C'est un loup. Elle fait partie d'une meute. Elle fera l'affaire. » « Très bien. » Un coup porté à ta nuque te fait perdre connaissance.



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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Mer 22 Déc 2021, 12:51


Les crocs dans la chaire
Thessalia
« Et Elska ? » La voix te parvient étouffée, comme si ta tête embrumée était plongée dans du coton. Un soupir suit la question. « Non. Ils l’ont eu. » « Tu veux dire… » Léger silence. Les yeux clos, tu te concentres sur ces voix, afin de ne pas retomber dans l’inconscience de laquelle tu émerges difficilement. « Ils l’ont mordu, ces clébards enragés ! » Le ton hargneux, colérique de l’homme termine de t’extirper de ton sommeil comateux. « Et merde… Qu’est ce qui lui est arrivé ? » Un point s’abat sur une surface dure, qui résonne. La proximité du bruit te fait sursauter. C’est là que tu réalises dans quel piètre état tu es. « Elle n’avait plus rien d’humain… Elle ressemblait à… Un vrai monstre. Il lui est poussé des pinces, et des cornes… Elle avait des… Et ses cris… C’était abominable. » « On a abrégé ses souffrances. » conclut une troisième voix, qui était restée silencieuse jusqu’à présent. Ton nez pulse douloureusement ; et ton dos t’élance régulièrement, l’impact de ta chute ne t’ayant pas laissé indemne ; tes membres sont engourdis, attachés par des liens solides dans une position t’empêchant de te métamorphoser sous ta forme animale. Tu essayes d’ouvrir les yeux mais un bandeau te cache la vue ; un bâillon t’empêche d’appeler à l’aide. Immobilisée, aveugle, tu es impuissante. « Mère est au courant ? » « Non, pas encore. Enfin… J’imagine qu’elle s’en est rendue compte. Elle ne sait simplement pas ce qui lui est arrivé. » Silence pesant.

Ton cœur s'affole tandis que tu essayes de rassembler tes esprits. Les souvenirs te reviennent peu à peu, douloureux. L'angoisse te regagne et tu t'agites. Dewey, quel enfoiré ! Il t'a abandonné, ce traitre ! Il ne perd rien pour attendre : dès que tu seras de nouveau libre, tu le tailleras en pièce. Ou encore mieux, tu iras voir Kellam et tu lui raconteras toutes les magouilles que cette enflure a fait dans son dos ! Tu t'en fais la promesse. Il regrettera de t'avoir abandonné lâchement. Mais ta vengeance devra attendre : le plus pressant reste de réussir à t'échapper d'ici. La tâche s'avère difficile : tu n'as aucune idée de ce qu'il est en train de t'arriver ; trop d'inconnues se bousculent pour que tu puisses réfléchir à une façon de te sortir de ce guêpier. Tu essayes de respirer profondément pour calmer tes nerfs - exercice rendu difficile par la situation autant que par le bâillon. Que sais-tu exactement de ce qui est en train de t'arriver ? Quelqu'un t'a kidnappé. Non, pas quelqu'un. Des Vampires. Tu n'as plus de doute, désormais. S'ils avaient été des Evershas, les prédateurs se seraient contentés de te déchiqueter et de te dévorer. Ils n'auraient pas pris la peine de t'attacher comme une vulgaire prisonnière. Ils sont au moins trois, peut-être plus... Et ils connaissent au moins un quatrième buveur de sang - leur Mère. Quatre sangsues contre une louve. Peut-être avais-tu tes chances - ou peut-être étais-tu simplement suicidaire. Tu n’avais pas peur de mourir en te battant. Ca valait mieux que de te laisser sucer par ces enflures, ou pire, te transformer en l’un d’eux. Nous sommes dans une grotte, ou peut-être une cave. Tu le sentais à l'écho de leurs voix, et au sol dur et irrégulier sur lequel on t'avait jeté - les aspérités s'enfonçaient douloureusement dans tes côtés, et tes hanches. Ce doit encore être la nuit, mais le jour ne devrait pas tarder à arriver, ce qui expliquerait pourquoi ils se sont arrêtés ici. C'était une bonne chose. Une chance pour toi : tu n'aurais qu'à sortir à l'extérieur, et tu serais libre, débarrassée de la menace. Bien, maintenant, qu'est-ce qu'ils peuvent bien te vouloir ? Je n'en ai aucune foutue idée. C'est ce constat qui t'écrase la poitrine, te serre la gorge, fait monter des larmes de frustrations jusqu'à tes yeux. Ne pas comprendre la situation dans laquelle tu te trouves semble t’empêcher de réfléchir correctement – à moins que tu ne veuilles simplement pas accepter les idées qui semblaient tenter vainement de se former dans ton esprit affolé. Sans t'en rendre compte, tu gémis.

« Ah, tenez. Elle se réveille enfin. » Tu te figes soudainement, l'oreille tendue, en réalisant que c'est de toi que l'on vient de parler. « Qu'est-ce qu'on fait d'elle ? Est ce qu'on l'assomme de nouveau ? » « Ça ne sert plus à rien. » Tu entends des pas se rapprocher de toi. En guise de défense, tu essayes de battre des pieds, de secouer la tête, de claquer des dents : tu ne réussis qu'à te faire mal. L'odeur du sang, mélangée à un parfum musqué envahi tes sens tandis que l'un de tes geôliers vient à ta hauteur. Il défait le bandeau qui recouvrait tes yeux. Comme une délivrance, tu parviens enfin à soulever tes paupières. Tu le fusilles du regard, avec une haine mêlée de rage, si hargneuse que ton désir de le tuer s'y lit sans gêne. Si ces chaînes n’entravaient pas tes membres, tu aurais déjà muté en loup pour planter tes crocs dans sa gorge, le décapiter, lui arracher les membres pour le tailler en pièces. « Tu veux ma mort, hein ? » fait l'homme, mauvais. D'un geste brusque, il te choppe par la gorge puis te soulève de terre avec aisance, à croire que tu n’es pas plus lourde qu’un chiffon. Avec un hoquet de surprise, tu tentes en vain de te soustraire à sa poigne. « Eh bien sache que le ressentiment est réciproque, sale chienne ! C'est à cause de toi si elle... Si elle est... » Les doigts se referment davantage sur ta trachée, t'empêchant de respirer. Tu suffoques. Tes yeux se gorgent de nouveau d'eau, et tu ne peux t'empêcher de détourner le regard. Tu veux crier, hurler, luter : tes entraves te maintiennent immobile et te réduisent au silence.

« Lucian. » fait l'une des deux femmes. « Relâche la. » ordonne-t-elle d'un ton sans appel. Pourtant, l'homme n'obtempère pas. Au contraire, ses ongles s'enfoncent dans ta chaire. Tu luttes pour ne pas perdre connaissance. « Re-lâche-la. » répète la Vampire aux cheveux pales. Dans un grognement, l'homme finit par abdiquer, te jetant par terre. Sans tes mains pour te retenir, tu te fracasses sur le sol, ta tête heurtant violemment la pierre froide. Tu jappes sous l'effet de la douleur, roule sur le dos dans un grognement assommé. « On n'a pas fait tout ça pour rien. Souviens t'en. » « Quelle importance ! » grogna le Vampire. « L’importance est que l’on est allés chercher cette sauvageonne pour une bonne raison. » Tu sens tes trippes se retourner. Quoi ? Quelle raison ? Pourquoi ont-ils besoin de toi ? « On a déjà perdu Elska en allant en récupérer une. Tu voudrais gâcher notre travail et devoir tout recommencer ? Risquer de perdre quelqu’un d’autre ? » L’homme affiche une mine remontée, mais ne dit rien. Il n’a visiblement pas d’arguments. La menace que représente ton peuple semble les intimider suffisamment pour les tenir en respect. Parfait, penses-tu, bien que cela n’arrange en rien ta situation. Ils ne craignent pas les métamorphes en tant qu’individus, mais en tant que meute – lorsque leur nombre devenait un risque.

Avec une pointe de soulagement qui te hérisse le poil – tu détestes te sentir inférieure à ces erreurs de la nature – tu vois le Vampire hargneux s’éloigner de toi. Ce n’est qu’alors que tu remarques l’insistance avec laquelle la rousse t’observe, à l’autre bout de la cave. Elle te met mal à l’aise – tu frissonnes, de dégoût peut-être. « Avec ces combats à longueur de journée… Ca fait une éternité que je n’ai pas mangé… » murmure-t-elle, trop fort cependant pour que tu ne l’entendes pas. Sa réflexion te hérisse le poil, te donne la nausée sachant que tu seras son prochain repas. « Non. » tranche la blonde avec autant d’autorité que lorsqu’elle avait ordonné à l’homme de te relâcher. Son refus semble contrarier la gourmette, qui feule dans la direction de la donneuse d’ordres. « Et pourquoi ça, hein ? Planter mes crocs ne veut pas dire que je vais la saigner ! » persiffle-t-elle d’un air aigri. « Dans ton cas, si. Tu ne sais jamais t’arrêter à temps. » souligne la commandante d’un air implacable – celui utilisé pour énoncer les faits, les certitudes, de ceux qui ne laissent pas la possibilité de nier. « Si tu commences, tu la lâcheras dans un état pitoyable. Lorsque Mère viendra, il faudra qu’elle soit capable de parler. » La rouquine relève la tête d’un air princier et hautain, comme si la remarque l’avait offensée. « Ne prends pas cet air outré, Lullaby. Aubrey a raison. Tu es toujours dans l’exagération et dans le dramatique. » se moque le brun. Cette remarque semble vexer davantage encore la concernée. « Le dramatique ? » répète-t-elle lentement. « Tu veux voir du dramatique ? » menace-t-elle. Une certaine tension s’installe dans le trio. Même à moitié dans les vapes, tu parviens à capter la lourdeur de leurs regards, la crispation de leurs corps. Et, avant que tu ne te rendes compte de quoi que ce soit, la rousse disparait. Non. Elle n’a pas disparu. Elle a simplement fait preuve d’une vitesse prodigieuse – à moins qu’elle ne se soit simplement téléportée derrière toi. Sans te laisser le temps de réagir, elle agrippe tes cheveux et tire violement dessus de façon à te faire pencher la tête sur le côté, t’arrachant un cri étouffé. Dans le même mouvement, elle plonge le nez dans ta nuque et y incère ses crocs acérés. La douleur est fulgurante. Si elle ne t’avait pas maintenue d’une poigne de fer, tes jambes se seraient dérobées sous toi. Instinctivement, tu tentes de porter les mains jusqu’à ton cou, pour la repousser. Encore une fois, tu es entravée par les liens. Sans que tu ne comprennes pourquoi, la Vampire se retire cependant, te lâchant enfin. Tu t’écroules de nouveau – parvenant cette fois-ci à rester sur tes genoux, rampant presque pour essayer de t’éloigner de cette folle. Un rire diabolique lui échappe tandis qu’elle essuie son menton. « Bien joué, Aubrey. » crache-t-elle, pleine de ressentiment envers leur cheffe. Tu ne comprends pas ce que la blonde a pu faire, mais peu t’importe : tu es heureuse qu’elle t’ai débarrassé de cette sangsue pestiférée.

« Ca suffit. » souffle la blonde. « Retournez à l’étage, tous les deux. Mère ne va pas tarder à rentrer. Elle aura besoin de notre soutien, à tous. » La dénommée Lullaby coule un dernier regard sur toi – tu te crispes davantage encore, bien que cela semblait impossible – avant de se diriger vers la porte. Lucian en fait de même. Tu te retrouves seule avec l’impassible, sans savoir si cela est une bonne chose ou le début d'un nouveau cauchemar.

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Sam 30 Juil 2022, 13:15


Les crocs dans la chaire
Thessalia

« C'est elle que vous avez récupérée... » La femme qui est apparue te toise de haut. Son attitude t'horripile comme un instinct qui te pousse à la haïr. Son air hautain lorsqu'elle te toise ; la lueur de haine qui brille dans son regard froid ; le timbre menaçant de sa voix. Ton corps semble réagir de lui même et tu esquisses un mouvement de recul, te pressant davantage contre le mur froid où Aubrey t'a attaché. Ta bouche, toujours étouffée par le bâillon, se tort néanmoins en une moue contrariée, accompagnant ton froncement de sourcils et le plissement de ton nez. La nouvelle venue entre davantage dans la cellule, que tu avais pris pour une cave. Elle est seule : ni Lullaby ni Lucian ne sont à ses côtés. Pourtant, le regard admiratif de ta gardienne te confirme ce que tu avais soupçonné. Il s'agit de leur Mère. De celle qui les avait transformé. Comment pouvaient-ils l'aduler ainsi ? Ne réalisaient-ils pas qu'elle les avait changé en esclave, qu'elle les avait privé de leur liberté ? Leur docilité te répugnait. Il s'agissait d'un concept contre-nature, pour toi. Tu exécrais tout ce qui t'aurait contraint à une soumission asservissante. Du moins, c'est ce que tu t'imaginais, sans réaliser que ton statut au sein de ta propre meute te plaçait dans une situation similaire. Non, tu n'étais pas une simple esclave, tu faisais partie d'une famille, d'un tout qui était bien plus fort que ce que ces dégénérés ne pourraient jamais connaître. C'était forcément différent. Ou bien te plaisais-tu à le croire, reniant l'affection sincère que ces êtres avaient pu éprouver envers leur génitrice avant qu'elle ne planta ses crocs dans leur chaire. Elle était une sangsue, un parasite qui avait eu besoin de s'entourer pour combler son manque. Ta meute était une partie de toi : tu avais grandit avec elle et contribuais à son évolution, son expansion.

La femme est menaçante. Sa démarche est lente, mesurée. Aussitôt, elle te rappelle le pas souple et redoutable des prédateurs, de ceux que tu avais toujours craint. Ton épiderme semble se rebeller contre cette proximité inéluctable : à mesure que la Vampire réduit la distance qui vous sépare, tes poils se hérissent sur tes bras, des frissons de répulsion dévalant ta colonne vertébrale. Ta gorge se tend. Ton souffle se fait haletant. Tu essayes de battre des jambes, comme pour la repousser, l'effrayer, la maintenir hors de ta portée. Elle ignore cette médiocre tentative d'intimidation, écrasant tes cheville de sa botte, s'appuyant de tout son poids : la douleur t'arrache un cri, malgré le tissu qui recouvre ta bouche. Continuant sa marche, elle s'agenouille finalement face à toi. Son parfum vient chatouiller tes narines ; c'est un mélange de fruits rouges et de sang. Il aurait pu être plaisant, si tu n'avais pas su qu'il appartenait à l'une de tes ennemis. Avec fermeté, elle t'attrape par le menton. « Alors c'est toi... » Il y a, dans cette simple phrase, la violence de sa rancœur vibrante. Elle la consume, plus encore que ta peur ne t'agite. Mais constater la puissance de son amertume et de son chagrin ne fait qu'augmenter ton appréhension. Un chasseur calme, serein, est redoutable. Mais un animal blessé est d'autant plus dangereux : aveuglé par sa peine, il est prêt à tout pour se défendre, pour atténuer la douleur, pour s'échapper de l'emprise contre laquelle il lute. Constater que sa rancœur est dirigée contre toi te fige d'effroi. Immobile, la gifle te percute de plein fouet. Sa paume sur ta joue résonne dans un fracas presque assourdissant. Tu l'accompagnes d'un grognement. La frappe suivante est tout aussi violente, elle fait vaciller ton corps, te propulse contre la roche froide. Tu trembles, essayant d'assimiler la douleur pour pouvoir contre-attaquer. Mais ta bourrelle s'éloigne de nouveau.

« Rejoins tes frères et sœurs. » ordonne-t-elle en s'adressant à sa Fille. « Retrouvez le corps d'Elska, et ramenez le ici. » continue-t-elle d'une voix autoritaire. L'émotion n'y a que peu de place, bien qu'une légère fêlure dans la fin de sa phrase témoigne de sa peine. Lorsqu'elle reprend la parole, toute trace de sensiblerie s'est volatilisée. « Je ne veux pas qu'elle croupisse avec les charognes qu'on laissé derrière eux ces sauvages. Je veux qu'elle soit enterrée dignement. Lorsque tu la retrouveras... Emmène là chez-nous. Nous nous occuperons d'elle à mon retour. » Aubrey semble sur le point d'ajouter quelque chose mais, finalement, se retient. Elle acquiesce silencieusement puis tourne les talons, quittant ta geôle. La Mère l'observe partir. Son visage lisse et dur exprime pourtant l'inquiétude. Retourner sur les lieux du meurtre n'est pas sans risque pour ses enfants : Elska avait été tuée dans le camp ennemi... Un rire t'échappe : oui, qu'ils y retournent, tous. Qu'ils la retrouvent, déchiquetée, réduite en charpie par vos crocs acérés. Qu'ils constatent avec horreur le sort que vous leur réserviez, à tous. Et qu'ils périssent, sous les assauts de ta meute : que Kellam ordonne de les traquer et de les tuer ! L'idée te fais jubiler et tu ricanes, hoquetant en t'étouffant dans ton bâillon. Tes couinements semblent attirer de nouveau l'attention de la femme. Son visage se tourne vers toi. Son expression a retrouvé une froideur de marbre. Le regard qu'elle pose sur toi coupe ton hilarité.

Une fois de plus, la Vampire avale l'écart qui vous sépare et agrippe ton visage entre ses mains glacées. Sans délicatesse, elle libère enfin ta bouche de son emprise, retirant ton bâillon. Un soupire t'échappe tandis que tu actives ta mâchoire, dans une tentative d'en chasser l'engourdissement. « Maintenant, parles. » ordonne la femme en plantant son regard bleuté dans le tien. « Quelle attaque les Evershas ont-ils prévu contre les Vampires ? » questionne-t-elle. Un rictus se dessine sur ton faciès. Comme si tu allais trahir les tiens. Que croit-elle ? Que la peur te pousserait à lui répondre, à vendre ta meute et ton camp ? Il n'y avait pas plus stupide erreur. Tu préfères mourir pour votre cause plutôt que de te soumettre à vos ennemis. Sans doute t'exécuterait-elle lorsqu'elle réaliserait ne rien pouvoir tirer de toi, mais au moins, tu mourrais libre, fière de tes convictions. Vengeance mesquine, tu te prépares à lui cracher au visage, préparant un amas de salive dans ta bouche. Pourtant, au même moment, son regard te parait plus insistant. Tu en perds le cours de tes pensées, te perdant dans leur contemplation. Ils sont beaux, si beaux... Tu voudrais qu'ils ne cessent jamais de t'observer, de te détailler comme en cet instant... Puis, sournoisement, ton esprit s’embrume totalement. Tu te perds dans un étant de semi-conscience semblable à celui qui précède le sommeil. Tu sens les muscles de ton corps se détendre. Puis tes lèvres se mettre à parler. Une légère part de ta conscience s'agite, se révolte. Elle essaye de reprendre le dessus, de t'empêcher de prononcer un mot de plus. Mais cette part de toi est si lointaine, si misérable que tu l'ignores au profit de ces yeux céruléens.

La vapeur qui embrouillait ton esprit se dissipe. Les souvenirs resurgissent et tu reprends conscience. L'effroi défigure tes traits tandis que tu réalises ce que tu viens de faire : tu t'es pliée à sa demande et lui a révélé tout ce que tu savais. La blonde te lâche et s'éloigne de quelques pas. Ta respiration se fait haletante : la panique t'envahit. Qu'as-tu fait, bordel ? Qu'est ce qui t'as pris ? L'incompréhension te donne le tournis. « Non... Non ! » Un cri fait vibrer tes cordes vocales. Cette réaction semble faire jubiler la sadique. « Remets-toi. Tu n'avais aucune chance face à moi. » dit-elle platement. C'est à ce moment là que les mises en gardes de Kellam te reviennent en mémoire. Le chef de meute avait tenté de vous préparer au mieux à l'ennemi que vous devriez affronter. S'il ne connaissait pas leurs partisans, l'Alpha s'était renseigné sur les Buveurs de sang, priant Phoebe durant plusieurs nuits sans dormir. Il vous avait ainsi parler de leurs aptitudes surhumaines, de leurs sens plus développés que la moyenne. Surtout, il avait détaillé cette capacité à manipuler autrui. L'Hypnose. C'est ainsi qu'il avait appelé ce don maudit. Le fait de retirer tout libre arbitre à ceux qui le subissent, et devenir le pantin docile du manipulateur. Est-ce ce que tu viens de subir ? Tu ne vois pas d'autre explication. Un nouveau frisson de dégoût te traverse. Tu te sens souillée, humiliée, honteuse. Ton regard se braque sur la Vampire, qui se dirige vers la sortie de ta cellule.

Un élan de terreur t'engourdi. Non, elle ne peut pas partir. Si elle sort de cette pièce, elle révélera à tout le monde ce que tu lui as confié. Tu ne peux pas laisser une telle chose se produire. Oui, la voilà la solution : il faut que tu l'empêches de sortir d'ici. Que tu las tues avant qu'elle ne répande la nouvelle. Elle est la seule à avoir entendu tes révélations. Morte, elle sera incapable de trahir ta confidence. Ses sbires sont partis retrouver les restes de la défunte. Elle est donc seule. Seule face à quatre Vampires, tu n'aurais sans doute pas été de taille. Mais en un contre un, tu as toute tes chances. L'adrénaline parcoure tes veines et, à force de gigoter, tu parviens à faire céder les chaines. Le crissement métallique alerte la blonde mais trop tard : tu es déjà sur elle. Tu l'attrapes par les épaules et la pousse violemment contre les barreaux de ta cellule. Tes crocs aiguisés sortis telles des lames mortelles, tu enfonces tes dents dans sa gorge avec toute la hargne dont tu regorges. Des grognements s'échappent de ta gorge : tu ressembles désormais à la bête hideuse que caricature vos ennemis. Mais cela n'a pas d'importance. Le sang se répand dans ta bouche tandis que tu lacères la chaire. Tu en recraches une partie partie ; le reste coule dans ta gorge. Le goût âpre t'es incommodant - peut-être à cause de la panique, ou bien parce que tu le savoures davantage sous ta forme totémique.

Ta prise t'échappe malgré ta résistance : la main plaquée contre ta gorge te repousse en arrière. « Vermine... » persifle la Sangsue. « Comment oses-tu.... » Un craquement d'os résonne, aussitôt suivit par une vive douleur. Et puis, le noir absolu recouvre ta vue et tes sens.




Lavinia passa sa main sur sa gorge, là où la Bélua l'avait attaqué. Elle sentait déjà les plaies se résorber, dû au sang frais qu'elle avait bu peu de temps auparavant. L'affront la contrariait cependant. La colère faisait palpiter ses narines. Elle avait été surprise par la vivacité de sa captive. D'un œil curieux, elle observa les chaines brisées qui pendaient à ses poignets et ses chevilles. Elle avait conscience du sang qui coulait dans l'organisme de la défunte. Si elle ne faisait rien, la transformation aurait lieu... Un soupire s'échappa de ses lèvres. Ils auraient besoin de chaire à canon pour les batailles à venir.

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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Dim 31 Juil 2022, 17:56


Les crocs dans la chaire
Thessalia


Lucian observa le corps sans vie à ses pieds. Il soupira puis passa une main dans ses cheveux avant de s'installer contre la pierre froide du mur. Lavinia lui avait ordonné de veiller sur sa nouvelle sœur jusqu'à son réveil. Le moment venu, il devrait la conduire dans la grange où les nouveaux transformés étaient rassemblés. La tâche ne l'enjouait point. D'une part, parce qu'il avait l'impression de perdre son temps en surveillant un cadavre : la guerre faisait encore rage, dehors, et sa présence aurait pu être plus utile ailleurs. Il aurait pu aider à penser des stratégies ou bien former les recrues qui manquaient encore d'expérience au combat. Sa vie passée, en tant que Réprouvé, lui avait donné un bagage militaire non négligeable. Un style de combat rustre mais redoutable. Et il se révélait être un bon professeur, maintenant que l'Ambivalence ne lui faisait plus perdre son calme au moindre prétexte. A la place, il devait rester à poireauter là pendant une durée indéterminée, mais déjà trop longue à son goût. Outre cet aspect tactique, le brun ne voulait pas être ici dû à l'antipathie qu'il avait développé envers la louve. C'était à cause d'elle qu'Elska, sa véritable sœur, était morte. Ils avaient toujours su que leur mission était dangereuse, sans toutefois admettre que le pire pusse se concrétiser - ce genre de drames, ça arrive toujours aux autres, jamais à soit. Sauf que ça leur était arrivé. Le choc laissait peut à peut place à  la colère et, désormais, l'ancien Manichéen renvoyait la faute sur la meute de cette sauvageonne. C'était plus simple que d'admettre qu'il était aussi en partie responsable, qu'il aurait dû réagir plus vite pour venir en secours à sa sœur, ou au moins rattraper le salopard qui l'avait mordu. Il n'avait été capable d'aucune de ces solutions. La culpabilité le rongeait, se transformait en animosité à l'égard de la louve. Elle payerait à la place de celui qui avait osé transformer sa sœur en monstre abominable. Lorsque son désir de décapiter ce foutu coyote se ferait trop vive, il frapperait ses poings sur elle pour assouvir ses pulsions. Devenir Vampire ne signifiait pas qu'il n'était plus habité par ses instincts primaire, seulement qu'il parvenait mieux à les maîtriser. La vengeance lui semblait être une bonne raison de se laisser aller à ses vieilles habitudes.

L'homme fit claquer sa langue contre son palais. Cette foutue Eversha n'avait pas fini de leur créer des emmerdes. Lavinia lui avait parlé de la façon dont elle lui avait pris du sang, C'était un pari risqué, de la laisser se transformer. L'hypnose aurait pu se révéler suffisante, alors pourquoi prendre de telles mesures ? Qu'avaient en tête les hauts dirigeants ? Sa Mère n'était pas la seule à user de cette stratégie. Le lien de filiation empêchait tout mensonge et toute trahison mais en comparant plusieurs sources et en tuant ces vermines ensuite, cela n'aurait pas été un problème... Cherchaient-ils à augmenter leur puissance de frappe en réduisant le nombre d'adversaires et en faisant grossir leurs propres rangs ? Improbable. Les Rahzdens n'étaient que des bêtes motivées par leurs pulsions. Ils ne seraient pas suffisamment dociles pour devenir de bons soldats. Surtout, beaucoup de Vampires n'aimaient pas cette idée, dû aux Orphelins qui devenaient incontrôlable suite aux pertes de leur Parent. Les Monstres avaient d'ailleurs été réquisitionnés pour exterminer ces vermines. L'éveillé soupira de nouveau. Il ne servait à rien de s'en faire. Celle-là ne durerait jamais plus d'une semaine avant de s'en prendre à plus forte et plus dangereuse qu'elle.



L'agonie te réveille. Tu as l'impression d'être aux portes de la mort. C'est peut-être le destin qui t'attend. Tes souvenirs sont flous mais tu te souviens avoir bondi sur cette femme pour mettre fin à ses jours... As-tu réussi ? Tu ne sais plus. Mais tu es mal en point : ton corps entier est transi d'une douleur vive. Bien vite, pourtant, ces désagréments de passage sont oubliés. Ou plutôt, ils sont remplacés par la brûlure qui irradie dans ta gorge. Un râle rauque tiraille tes cordes vocales. Un manque indicible, d'un genre nouveau, te tiraille les entrailles. Tu ne sais de quoi il s'agit, mais tu le ressens au plus profonds de tes tripes. Tu inspires une goulée d'air et l'effluve inonde tes narines. L'odeur t'allèche, te fais saliver. Ton estomac se tord de douleur : tu as faim, tellement fin. Et en même temps, ta gorge asséchée te rappelle à quel point il est urgent de te désaltérer. Tu en perds presque la tête : ouvrant faiblement les yeux, tu roules sur le ventre, de nouveau grognements t'échappant, plus prononcés que précédemment. Sans t'en rendre compte, tu te redresses, en appuis sur tes quatre membres, les genoux pliés. Un homme au visage vaguement familier se tient face à toi mais tu l'ignores : toute ton attention est concentrée sur cette odeur que tu renifles avidement, en cherchant désespérément la source. Vite, il te le faut, vite ! Tout ton corps tremble, d'excitation ou de fatigue, tu ne sais pas trop.



Le mouvement et les grognements finirent par attirer son attention, et l'homme releva les yeux sur la silhouette de la revenante. « Tiens, tu te réveilles enfin toi ? » fit-il d'un ton mauvais, presque accusateur. Comme si elle n'avait pas réchappé à la mort suffisamment vite à son gout. En réalité, elle n'avait été inconsciente que quelques heures. S'il y avait des renaissances plus rapides, il y en avait également des beaucoup plus longues. « Qu'est ce que tu renifles comme ça, sale clebs ? » grogna le brun, toujours contrarié. Il avait envie de l'insulter, de la rouer de coups... Il n'en avait pas l'autorisation, il le savait. Alors il ne lèverait pas la main sur elle. En revanche, la Rahzdens ne l'écoutait absolument pas, trop obnubilée par sa Soif. Il le savait pertinemment. Il se souvenait encore parfaitement de sa propre transformation. De ce besoin irrépressible de se nourrir. De cette nouvelle sensation qui semblait à elle seule capable de le faire se mouvoir... Rien d'autre n'avait d'importance. Seul le sang l'intéressait. « C'est ça que tu cherches ? » Le Vampire s'était emparé d'une outre rempli du liquide vital, dont le son ou peut-être l'odeur attirèrent l'attention de la nouvelle Fille de la nuit. Dans un dernier cri enragé, elle se jeta sur celui qui détenait son trésor. Le récipient s'étala sur le sol sans se perforer. Il ne résista cependant pas aux crocs aiguisés de l'ancienne louve, qui commença à s'abreuver dans une gloutonnerie démentielle. « Tss... Quelle sauvage... » Tous les nouveaux nés étaient de véritables bêtes, mais il semblait au Novikov que celle-ci était plus inhumaine encore que la moyenne. Sans doute était-ce à cause de son ancienne nature. Il prit une mine dégoûtée.

En quelques secondes seulement, la gourmande eut terminé le contenu de la première outre. Heureusement, Lucian était venu préparé. Il savait pertinemment qu'une seule ne serait pas suffisante pour ne serait-ce qu'apaiser légèrement la Soif. Il avait eu besoin de vider deux esclaves de leur sang avant d'être capable de prendre conscience de ce qu'il se passait autour de lui, et deux de plus pour parvenir à se calmer un court instant sans essayer de s'en prendre à tout ce qui bougeait. Lullaby, elle, s'était montrée beaucoup plus gloutonne : la rousse avait toujours été déraisonnable. Elle avait tué plus d'une dizaine d'esclaves avant de s'assagir. La cendrée s'était vue transformée dans des conditions particulières. Elle n'aurait pas le loisir de planter ses crocs dans une nuque, ni même d'accéder à du sang frais... Elle devrait se contenter de ce que l'on avait à lui donner. Les temps de guerres n'étaient jamais simples, et la nourriture, toujours une denrée précieuse. Les Rahzdens étaient bien trop voraces pour qu'on céda et les contenta jusqu'à satiété. Lavinia était généreuse avec transformait, et s'était débrouillée pour accorder du sang humain à sa nouvelle progéniture : trois gourdes. Une supplémentaire contiendrait le sang des gibiers que leurs partisans avaient chassés et saignés. Ensuite, son fils devrait user de son dont d'aliénation pour calmer les ardeurs de l'ancienne Eversha.



« Ne penses plus au sang. Tiens toi correctement, et suis moi. » L'ordre te ramène soudainement à la raison. Du moins, il te sort de cette transe dans laquelle tu étais plongée. Il n'atténue en rien tes maux, toujours présents. Tu souffres toujours, mais surtout, tu restes affamée... Affamée...de sang. De sang. Tu réalises soudainement ce que tu étais en train de faire, ton comportement compulsif... Ce besoin irrationnel de boire ce liquide carmin dont se repaissent les Vampires...  Bordel. Tes souvenirs sont flous. Pourtant, tu essayes de chercher à vive allure dans ta mémoire. Est-ce possible ? Est ce que cette femme aurait pu te mordre ? T'aurait-elle... transformé ? T'aurait-elle maudite en te faisant l'une des leurs ? Non... Tout mais pas ça... Tu aurais pu tout encaisser pour votre cause, mais pas ça... « Est ce que... » La nausée se mélange aux restes de tes maux. « Je suis... » « Bravo, tu comprends vite. » ironise l'homme. Il t'as sorti de ta cellule et maintenant, vous remontez un escalier étroit en pierres. La panique s'empare de toi. Que faire ? Tu sais ce que tu dois faire : mourir. Peut-être peux tu attendre que le soleil revienne et, à ce moment là, sortir à l'extérieur ? Ce serait douloureux, mais toujours plus supportable que l'idée du monstre que tu es à présent destinée à devenir. Avant ça, tu dois tuer ce parasite. Il est seul : prends son arme, et tranche lui la tête avant de courir te cacher... Oui... Peut-être n'as-tu pas besoin de mourir finalement. Si tu parviens à t'enfuir, tu pourrais demander à des Evershas de te transformer. Tu t’apprêtes à mettre ton plan à exécution, mais quelque chose t'en empêche. Contrariée, tu essayes de lutter en vain contre cette camisole invisible.

Ton gardien et toi avancez durant de longues minutes, à ton propre désespoir. Chaque pas t'éloigne de ton objectif, chaque pas te fais réaliser que ta fugue est irréaliste. Entre tes pensées de panique se greffent des prises de consciences plus matérielles : les nouvelles sensations qui parcourent ton corps, la soif qui t'obnubile toujours, la perte totale de connexion avec ton Totem.  Finalement, vous vous arrêtez face à une vieille structure close en bois et en pierre. « Un conseil : trouve-toi un endroit douillet et à l'abri des regards. Restes-y cachée et ne cherches pas des noises aux autres. Crois moi, il y a de sacrés spécimens à l'intérieur. »



Lavinia releva la tête. Lucian venait d'entrer dans son bureau. « Elle est dans la grange, avec les autres. » déclara-t-il après avoir refermé la porte derrière lui. Il s'approcha jusqu'à sa Mère et s'immobilisa, posant ses poings de chaque côté de la carte qu'étudiait l'ancienne Lyrienne. « Je sais que tu as un plan mais j'ai besoin de comprendre... Pourquoi les transformer, tous ? Pourquoi la transformer elle en particulier, surtout après Elska... » Le regard glacial de la femme de Glace fit s'éloigner légèrement son fils. Elle hésita une seconde avant de céder. « Le plan est simple. Outre récolter des informations précieuse, nous les enverrons se battre contre leur propre meutes. Avec de la chance, et si nous parvenons à en transformer suffisamment, ça devrait les déstabiliser et nous permettre quelques plans stratégiques. » La blonde pianota nerveusement des doigts sur son bureau. « Ce n'est cependant pas le sort que je réserve à celle-ci... » Un nouveau regard sombre coupa toute tentative de véhémence chez le brun. « J'ai réfléchi à la manière dont nous pourrions le plus les blesser. J'en suis venue à la conclusion que ce serait en constatant quelle merveilleuse Vampire l'une des leurs serait devenue... Et de les faire exterminer de ses propres mains. » conclut-elle avant de reprendre sa plume, indiquant que la conversation était close.

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FIN
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[Q] Les crocs dans la chaire

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