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 En mon nom tu te consumeras | Couronne du Roi Noir

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 10 Oct 2023, 21:38



En mon nom tu te consumeras



Rps liés : Le Frustré et le Polochon - Les Portes II

« Madame, votre Élu est sur le territoire d’Ynys Sailanen. » Je tournai les yeux vers la Fae qui venait de faire le déplacement jusqu’à moi pour m’annoncer la nouvelle. Les jasmins m’avaient déjà prévenue. Depuis qu’il avait pénétré le lieu, les fleurs jasaient de manière continue. J’inspirai, afin de me préparer à l’inéluctable. Il n’avait pas lu le Conte des Trois Royaumes et notre dernière conversation lui était toujours inconnue. Je fermai les yeux. Je ne désirais pas vivre de nouveau cet instant. Pourtant, il le faudrait. « Merci. » finis-je par souffler. « Un enfant se trouve en sa compagnie. » Je hochai la tête. L’enfant du Conte. Nous lui avions livré Jude. Le tribut que nous lui avions pris était bien plus lourd. Ça aussi, il l’ignorait. Il ignorait beaucoup de choses car la vie avait tendance à être secrète. Nous autres, les Faes, connaissions ce qui demeurait caché. « Je vais aller à sa rencontre. Il est ici pour demander une audience à Ambroisine et Thalie mais aucune des deux ne sera disponible. » Ce n’était pas la vraie raison. Cette dernière tenait au Destin. Lui et moi devions de nouveau vivre sous le même toit. Cela aurait des implications. J’avais élevé cet enfant. Je l’avais vu s’épanouir, tantôt dans le Bien, tantôt dans le Mal. J’avais tenté de l’éduquer de façon qu’il ne maltraitât ni les fleurs, ni les animaux. J’avais réussi, en grande partie. Puis Zachary m’avait arrachée à sa vie et ma mission s’était brisée de longues années. Celui que j’avais considéré comme mon fils avait grandi et était devenu Empereur Noir. C’était à présent en Magicien qu’il foulait Ynys Sailanen, une colère légitime brulant son cœur. Je savais tout ça. Je savais qu’il venait pour nous demander des comptes. J’en avais pleinement conscience, tout comme il avait conscience qu’il ne gagnerait jamais contre le peuple faerique. Il avait trop à perdre. Tous les secrets qu’il dissimulait au monde se tenait en notre possession. Il n’y avait pas que ça. Il avait l’intelligence de reconnaître notre supériorité. Les contes façonnaient les consciences et notre pouvoir était tel que nous étions capables de faire tomber les Rois et les Reines. Il suffisait de distiller le doute entre les lignes, d’abreuver le peuple de colère, de fomenter des idées révolutionnaires et, soudain, le feu s’embrasait et le monde s’enflammait avec lui. Les Rehlas étaient détenteurs du Destin. Les Magiciens et les Sorciers dictaient les bénédictions et les malédictions de ce dernier. Nous autres, les Faes, nous les rendions possibles. « Je vous remercie d’occuper Jude le temps de ma conversation avec Ârès. » « Bien, Madame. » J’avais encore quelque chose à remettre à celui qui savait que je n’étais pas sa mère mais qui me considérait encore comme telle. À l’avenir, nous reformerions une famille. C’est en tant que Lagherta Paiberym que je devrais réapparaître, après toutes ces années. Les quelques soupçons qui avaient pesé sur Zachary, mon ancien époux, quant à mon assassinat seraient levés à jamais. Je devrais faire face à Khaal et à Kaalh. Néanmoins, ce n’était pas pour eux que mon retour était une obligation, ni même pour Ârès. L’avenir me détachait de lui. Je serais la Fae de son futur enfant, celui que sa femme porterait, celui qu’elle mettrait au monde.

Mes pas me conduisirent sur le chemin qu’il empruntait depuis plusieurs minutes. Jude n’était plus sur ses talons. Il avait accepté la garde proposée par mes semblables. Il nous savait espiègles et parfois malicieuses. Néanmoins, il avait dû sentir que quelque chose se préparait et que l’événement à venir devait se dérouler sans le Déchu. J’inspirai de nouveau, songeant à ceux qui l’entouraient, à ceux que je devrais rencontrer. J’allais m’imposer dans une vie qu’il avait construite sans moi. Dans ma main, le Conte des Trois Royaumes se tenait. Je me rendis invisible et ne réapparus qu’à quelques pas de lui. Ses sens en alerte me prouvaient qu’il serait difficile à assassiner. Plus que cela, il m’avait reconnue bien avant de me voir, comme cette fois-là, à la sortie du Conte où il jouait le Prince Adam. Je le dévisageai. Sa mâchoire s’était crispée et ses yeux reflétaient son trouble. Je lui tendis l’ouvrage. « Lis les premières lignes. » Je n’aurais pu supporter de devoir tout lui réexpliquer, de le voir de nouveau tomber à genoux sous le coup des émotions. Je ne pouvais pas lui faire ça, lui faire subir une deuxième fois le mensonge de ma mort et la réalité de mon existence. Il prit le livre et parcourus le début des yeux. La crispation s’accentua avec la survenance des souvenirs. Comme un fouet, ils heurtèrent son âme. Sa respiration devint chaotique. Entre la retenue et l’explosion, ses mouvements illustrèrent ses interrogations et sa colère. Avec le sien, mon cœur se froissa. Avec les siennes, mes mains tremblèrent. Les Rois aussi ploient le genou.

794 mots

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 26 Nov 2023, 14:52



En mon nom tu te consumeras



« Tu as des ailes comme le truc que j’ai attrapé la dernière fois. » fis-je remarquer gravement à la dame assise en face de moi. Puis, je lui posai la question qui me brûlait les lèvres. « Il est parti où mon père ? » Elle me sourit, sans me répondre. Je plissai les yeux et fronçai les sourcils. « Pourquoi tu ne parles pas ? T’es muette ou t'es bête ? » Elle rit, ce qui me contraria. « C’est pas drôle ! » décrétai-je. Finalement, après un flottement, ses lèvres remuèrent. « Et si nous écrivions quelque chose. Une lettre peut-être ? » « Hein ? C'est nul comme idée. » La grimace sur mon visage voulait tout dire. Déjà, je ne savais pas écrire. Ensuite, l’écriture était vraiment une activité de nuls. Enfin, je n’avais personne à qui envoyer quoi que ce fût. « Tu n’as pas envie de clamer au monde que tu veux devenir son Roi ? » Je me redressai, soudainement intéressé. Je ne me demandai pas comment elle savait ce que je voulais. Les adultes étaient de drôles de créatures. Notant mon acceptation silencieuse, elle fit apparaître une boîte sur la table, entre la théière, les tasses et les gâteaux qu’elle nous avait servis. J’avais goûté le thé avant de le reposer. Ça avait un goût de chaussettes. Je préférais nettement les biscuits. « Nous allons écrire à un Sorcier. » « Moui. » « C’est les règles du jeu. Tu n’as pas le choix. » Je réunis mes lèvres vers l’avant. « Je préférerais écrire à Judas, moi. » « Non. Judas tu peux lui parler directement. » « Tu connais Judas ? » « Qui ne connait pas Judas ? » me demanda-t-elle. « Ben… Moi je ne le connaissais pas avant. » Elle sourit et avança la coupelle de douceurs jusqu’à moi. J’en pris trois. « Ce Sorcier se nomme Siruu. » « C’est nul comme nom. » commentai-je, avant de fourrer ce que je tenais dans la main dans ma bouche. Il y eut un moment d’incertitude où je ne fus pas sûr de réussir à tout avaler. Finalement, à force de coups de mâchoires frénétiques, la nourriture se plia à mes volontés. J’étais trop fort. « Qu’aimerais-tu lui dire ? » « Tu vas écrire pour moi ? » « Oui. » Elle avait tout préparé. Je me mis à regarder autour de moi pour chercher l’inspiration. Les fleurs étaient belles mais je ne les aimais pas trop. Elles se dressaient un peu trop haut à mon goût. Si la dame ne m’avait pas surveillé, je les aurais écrabouillées. « Siruu, je m’appelle Jude et je vais devenir le Roi du Monde ! » Le problème c’est qu’écrire une lettre n’était pas si évident. Il fallait trouver quoi dire. Je réfléchis. Si je lui disais tout de suite que j’allais réduire son peuple en esclavage, peut-être qu’il n’accepterait pas de répondre à ma lettre ? En avais-je quelque chose à faire ? Peut-être pas. « Si toi aussi tu voulais devenir le Roi du Monde, je t’assure que ça sert à rien d’essayer. Il n’y aura qu’un Roi du Monde et ce sera moi. En plus, ton nom est nul alors tu ne pourrais pas. Personne ne voudrait d’un Roi du Monde qui s’appelle Siruu. Alors que Jude c’est vraiment mieux. » fis-je, tout en acquiesçant à mes propres paroles. Jude ça sonnait grand. Siruu ça sonnait cireux ou sirupeux. Je l’imaginai vieux, à faire des farces pas drôles aux enfants. « Je parie que chez toi il y a beaucoup de bougies et des animaux empaillés. Je suis sûr que t’as plein de livres et que t’aimes écrire des trucs bizarres. En tout cas, c’est clair que tu ne sais même pas te battre ! » Je réfléchis tout en mangeant de nouveaux gâteaux. Kaahl n’était pas là et c’était tant mieux. Il voulait jamais me laisser manger tous les biscuits alors que moi je les voulais tous ! C’était mes biscuits à moi ! J’eus une idée. « Je pense vraiment que tu devrais me jurer fidélité maintenant ! Comme je deviendrai le Roi du Monde dans tous les cas, si tu m’obéis tout de suite tu auras le droit à des avantages ! Tu pourrais être mon conseiller. J’ai pas vraiment besoin de conseils mais ça fait mieux quand même. J’espère que tu sais cuisiner parce que moi j’aime les gâteaux. » Je réfléchis encore. « Sinon tu pourrais déjà commencer à m’aider. Judas a dit que si je me taisais pas, il allait m’enculer. Ça veut dire quoi ? Moi t’façon je m’en fiche. Un jour je vais grandir, je deviendrai plus fort que lui et c’est moi qui vais l’enculer et le manger ! » « Quel langage fleuri. » s’amusa la Fae, absolument pas concernée par la maltraitance infantile. Je la fixai et manquai de lui répéter mes dernières paroles. Je me ravisai néanmoins. J’allais encore être privé de dessert si Kaahl l’apprenait. Je soupirai, las. « Bon j’en ai marre de ta lettre. Maintenant on lui dit au revoir et c’est tout. » « Très bien. »  

860 mots
Lettre de Jude à Siruu

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Kaahl Paiberym
Dim 26 Nov 2023, 17:04



En mon nom tu te consumeras



Mon mouvement fut précis. Mes doigts se refermèrent sur sa nuque et je l’attirai à moi sans lui laisser d’autres choix que de suivre l'action imposée. J’entourai son corps de mes bras, comme si j’avais désiré y enfermer un trésor qui n’appartenait qu’à moi. L’envie de l’assassiner se mêlait au ruban de questions qui parcouraient mon esprit mais celle de la sentir contre moi était plus forte que le reste. Ce qu’elle m’avait dit jadis, parti se réfugier dans l’oubli un temps, m’était revenu. Ma raison ne me faisait pas défaut mais mes émotions faisaient vaciller mon cœur d’un trop plein qu’il n’arrivait pas à contenir. Comme une énième couche posée sur ce qui s’empilait sur mes épaules un peu plus chaque jour, celle-ci perça l’abcès qui retenait mes larmes. Les mots de Jude résonnèrent dans ma tête, ceux qui avaient décrété que seuls les bébés pleuraient. Ils m’arrachèrent un rire, entre tristesse, joie et contrariété. Rien n’allait dans ma vie actuellement. Tout n’était qu’un immense chantier. Le terrain que j’avais pris soin d’organiser durant des décennies ne ressemblait plus qu’à un terrain vague mal entretenu. L’herbe, les fleurs et les arbres avaient été arrachés et ne demeuraient plus que des monticules de terre qui succédaient à des creux remplis de gadoue. Ma mère, ma fausse mère, celle qui m’avait élevé, n’était qu’un élément supplémentaire à un ensemble qui n’avait jamais été aussi chaotique que depuis que j’étais devenu Magicien. Le Chaos se vengeait-il de ma défection ? Je ne demandais pourtant qu’à le rejoindre de nouveau. Il ne m’avait jamais rendu heureux mais je m’étais toujours senti curieusement en sécurité en son sein. Du chaos, j’avais créé un jardin ordonné et merveilleux. De la paix qui était censée m’habiter à présent, je ne ressentais qu’un désespoir bordélique. Mes émotions n’étaient plus que des lames que je m’enfonçais dans le cœur, me privant de la faculté d’avancer efficacement. Plus que le reste, la peur avait été la grande gagnante de ces derniers instants. Ma stabilité affective était en danger, parce que je craignais la perte. Je craignais même l’avenir. J’avais toujours œuvré pour les Sorciers mais je n’avais jamais eu d’angoisses similaires. À présent, je sentais les cauchemars me saisir avec plus de force. J’avais aussi conscience que ma situation n’était pas enviable. Que ce fût avec les autres Chanceliers d’Ivoire, les Chanceliers des Ténèbres ou le Monarque Démoniaque, la construction que j’avais érigée s’ébranlait. Elle tanguait dangereusement. J’avais cette conscience du temps qui courait contre moi. Un jour ou l’autre, mes mensonges éclateraient. Alors que je n’avais jamais été aussi puissant, la vérité me menaçait fatalement. En cela, je comprenais tant mon frère, celui qui avait terminé ses jours dans le Néant en me léguant ses souvenirs. Il m’avait béni et maudit à la fois. Il m’avait murmuré que je ne pourrais me soustraire à ce que le Destin avait prévu pour moi, cet avenir dont j’ignorais tout. Du haut de mon palais, je ne pouvais faire qu’observer les fondations plier et les murs s’effondrer. « Tu m’as manqué. » murmurai-je à son oreille. « Tu m’as manqué aussi. » Le Bien en moi avait courbé l’échine. Parce qu’il ne servait à rien de la blâmer, parce que le passé ne changerait jamais, il valait mieux que j’acceptasse sa trahison. Elle l’avait sans doute subie. Qu’importât. Elle était ma mère et ce privilège lui était propre. Je la détestais de m’avoir fait croire à sa mort, de n’avoir jamais cherché à me recontacter avant le Conte des Trois Royaumes et depuis ce dernier. Je lui en voulais à en hurler. Cependant, ça ne réparerait rien. Ça ne ferait qu’aggraver la situation. Je savais qu’elle m’aimait. Sur cela, je n’avais aucun doute.

Finalement, je me détachai d’elle. J’ignorai le fondement de sa venue. Si elle était apparue ainsi, j’imaginais néanmoins qu’elle avait ses raisons. Silencieusement, je l’interrogeai du regard. Elle me sourit et essuya ses propres larmes. « Ne discutons pas ici. Allons chez moi. Viens. » me dit-elle, en me prenant délicatement la main. Je jetai une œillade en arrière, comme s’il m’aurait été permis d’y découvrir la silhouette de Jude. Il n’était pas là. « Ne t’inquiète pas pour lui. Liliane va l’occuper le temps de notre conversation. C’est un enfant proche des contes. Il ne risque rien ici. » « Proche des contes ? » Elle me sourit. « Certains secrets doivent le rester, tu le sais. » Je tirai légèrement sur sa main. « Tu sais, ce n’est pas parce que tu m’as élevé que je vais me retenir de te faire remarquer que le meilleur moyen de garder une chose secrète est de ne pas en parler du tout. » « Certes. Mais peut-être est-ce un appel à la recherche ? Peut-être que je devais initier cette révélation pour que tu trouves la réponse seul ? » Je soupirai tout en laissant un sourire germer sur mes lèvres. Les Faes étaient des créatures affreuses.

833 mots

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Kaahl Paiberym
Dim 26 Nov 2023, 20:03



En mon nom tu te consumeras



Je croquai dans la tartine de chèvre à la confiture de groseilles. Un instant, je pensai à Adam et au temps que nous avions passé ensemble. Puis, l’agréable fit place au désagréable. Je n’arrivais pas à avaler la nouvelle. Je me redressai et inspirai, afin de chasser ses mots pour revenir sur l’essentiel. Lagherta avait exigé que je lui parlasse de l’objet de ma venue avant qu’elle n’évoquât ce qu’elle désirait me dire. Une autre forme de colère, différente de celle qui me martelait la poitrine concernant ses mensonges et omissions, prit de nouveau place dans mon cœur. Je savais comment fonctionnait un conte, d’autant plus à présent que je me souvenais l’avoir vécu. « Je… » Je n’étais pas idiot. Si ma mère était là et que celles à qui je désirais parler ne se montraient pas, c’était pour la simple et bonne raison qu’elles ne viendraient pas. Qu’importât mon rang, je n’étais visiblement pas autorisé à approcher la Reine et sa complice. Je les savais au courant de ma puissance de frappe. Les Faes n’ignoraient rien de mon identité, des Momies, de l’armée des Mages Noirs et de tout ce qui aurait normalement dû les faire trembler. Elles n’ignoraient pas non plus que le Bien m’enlaçait plus que le Mal à l’heure actuelle. Peut-être en jouaient-elles ? Peut-être avaient-elles calculé qu’il était peu probable que je décidasse de réduire en miettes Ynys Sailanen ? Elles n’étaient pourtant pas sans ignorer que mes enfants étaient importants pour moi et que ce qui les concernait pouvait tirer sur une corde qu’il valait mieux ne pas voir se briser. Cependant, j’avais conscience aussi que les Faes possédaient des pouvoirs dangereux. « Il se trouve que ton peuple se sert de mes enfants dans plusieurs livres de conte. Je veux que cela cesse. » « Je ne peux malheureusement pas t’aider. Une demande écrite à la Reine serait le meilleur moyen d’obtenir ce que tu désires. » La patience me manquait. Elle s’effritait comme le temps effrite les roches. « Bien sûr. As-tu de quoi écrire ? » J’avais remarqué plusieurs portraits de moi chez elle. Son peuple n’avait pas besoin de se reproduire pour se multiplier et je me doutais que la plupart des Faes n’avaient aucune idée de ce qu’était le lien qui unissait un parent à son enfant. Néanmoins, j’avais été l’Élu de Lagherta et je savais qu’elle m’aimait. Elle devait donc comprendre, plus ou moins. Je les suspectais de songer que les épreuves étaient obligatoires sur le chemin du développement, que la participation de mes enfants à leur conte les aiderait à grandir. Je n’étais pas de cet avis. Je devais les protéger. « Oui. » « Comprends que j’ai fait le déplacement pour éviter à un incident de survenir. Les secrets que les Faes détiennent sur moi ne sont rien en comparaison de ma volonté de protéger mes enfants. Je peux passer outre le fait que ta Reine estime que je ne mérite pas une rencontre mais qu’elle ne s’avise pas de refuser ma demande. Le monde regorge de cobayes qui ne sont pas mes enfants. » « Mais ça pourrait être les enfants des autres. » « Honnêtement ? Je m’en fiche. » « Que le fils d’Adam Pendragon se retrouve dans un conte ne te pose aucun problème ? » Je soutins son regard sans répondre puis, après quelques secondes, je traçai ma demande sur la feuille. Elle croisa les doigts de ses mains en m’observant. « Le conte a rendu tes enfants plus puissants. » « Ils n’en ont pas besoin. » « Érasme et Lucius deviendront Rois et tu le sais. Tu ne peux pas arrêter leur Destin. »

Une fois que j’eus plié le papier, elle reprit la parole. « Si je suis venue te trouver, c’est parce que je vais repartir avec toi. Mon prochain Élu naîtra d’ici quelques mois et je devrai être présente à sa naissance, chez toi. » Je la fixai et pensai à Lucius. « Quel Élu ? » « L’enfant de ta femme. » « Ma f… ? » Considérer Freyja comme ma femme était toujours étrange. Cette partie-là ne m’appartenait pas. Je serrai les dents, avant de réaliser. Mes prunelles remontèrent dans les siennes, à la recherche d’une clarification sur l’enfant en question. Elles ne m’en donnèrent aucune. « Je peux me faire passer pour une domestique si tu le désires… » Je ravalai les émotions qui tentaient de se frayer un chemin vers mon cœur. Je ne pouvais pas me questionner sur cet enfant, sur son père. Je ne voulais pas espérer qu’il fût de moi. Pas maintenant. Pas alors que nous n’avions pas régler nos difficultés. Cependant, naîtrait-il chez moi s'il n'était pas le mien ? Celui d'Adam ? Je fermai les yeux avant de les rouvrir et de répondre. « Non. Il en est hors de question. Si tu habites chez moi, ce sera en tant que Lagherta Paiberym. » « Comme tu voudras. Il ne sera pas compliqué de mettre ma fuite sur le dos des mauvais traitements infligés par Zachary. » « Nous en rediscuterons. Zachary est mort il y a longtemps. » Avait-il levé la main sur elle de son propre chef ou l’avait-elle poussé à le faire ? Je culpabilisais encore de n’avoir rien tenté pour la protéger. J’avais longtemps cru que sa disparition, sa mort, était en partie de mon fait. Cette femme était pire qu’une Sorcière. Il y avait de grandes chances pour qu'elle ne me dît pas toute la vérité. Je le savais mais la retrouver était plus fort que le reste.  

915 mots
Suite : Rp à Lua Eyael

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