-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

Partagez
 

 Le frustré et le polochon

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Adam Pendragon
~ Déchu ~ Niveau V ~

~ Déchu ~ Niveau V ~
◈ Parchemins usagés : 1018
◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Adam Pendragon
Sam 12 Aoû 2023, 22:21



Le frustré et le polochon  8au1

Le frustré et le polochon


« Je ne suis peut-être pas un Humain parfait mais je suis un parfait polochon. »

Ma déclaration avait été faite sur le ton de l’évidence. Je souris.

« Deux gros polochons. »

Le répéter était étonnement amusant.

« Toi tu serais un polochon blanc avec deux petites ailes d’acier dessus. Au début celui qui se mettrait dessus trouverait le polochon un peu dur mais au fur et à mesure il sentirait sa tête s’enfoncer dedans comme dans une grosse guimauve. Oh mais… c’est ça ! T’es une guimauve enrobée de chocolat croquant. Et à l’intérieur il y a du chocolat fondant… »

Je ris.

« Mais t’es jamais écœurante. »

Je mis de l’ordre dans mes idées.

« Un polochon guimauve. »

C’était une évidence.

Quand nous fûmes de nouveau dans le bassin, sa remarque me vola un rire.

« Oh ça… c’est son état naturel. Tu ne savais pas que les Luxurieux étaient toujours dur et prêts au combat ? Tu manques vraiment de culture générale… si on peut attendre d’un polochon qu’il en ait… »

C’était une vraie question. Je n’avais pas la réponse et passai rapidement à autre chose, mon esprit voguant vers des délires de plus en plus déroutants. J’imaginais à moitié des polochons voler autour de nous, avec des ailes ressemblant à des dessins d’enfants.

« Des endroits secrets que je n’ai jamais vus hein. »

Je souris. Elle avait raison, il y avait peut-être quelques progrès à faire.

« En vrai, si les Réprouvés veulent bien que je vienne, je pourrais. Le programme a l’air drôle. »

Ses yeux étaient semblables à deux émeraudes brillantes dans un ciel sans étoiles. C’était à la fois fascinant et un peu effrayant. J’avais peur de trop sourire en les regardant, de sourire au point où les commissures de mes lèvres finiraient collées à mes oreilles.

« Un bisou ? Un bisou où ça ? »

Je l’observai.

« Remarque… t’es un polochon alors l’endroit importe peu… »

Drôle de polochon quand même. Je sentais mes mains dans son dos. Elles y glissaient facilement grâce au sang. Je souris, trempai mes doigts de nouveau dans le bassin et vint lui tracer deux traits avec mon index et mon majeur sur chacune de ses joues.

« Un polochon guerrier. »

Tout ceci était très drôle. Je baissai la tête et finis par lui déposer un baiser sur le menton, mon nez touchant ses lèvres.

« Tu crois que si on reste collés, on formera qu’un seul gros polochon ? »

La question était sortie toute seule d’entre mes lèvres. Elles étaient si proches des siennes que je pouvais sentir son souffle de polochon guimauve. Les choses, pourtant, ne restèrent pas ainsi. J’eus du mal à suivre la manœuvre et me retrouvai ailleurs, comme un dormeur que l’on aurait déplacé durant son sommeil.

Les mots claquèrent, comme un fouet contre un mur. Je ne fus pourtant pas certain de tout saisir. Il me fallut plusieurs minutes avant que les effets de l’Aliénation et du reste s’atténuent. Je ne remarquai qu’après notre position et le fait que j’avais probablement eu mal au cou.

« T’es vraiment déplanant. »

C’était vrai à bien des égards. Je baissai les yeux vers mon corps et plissai les yeux.

« Mais… »

C’était du sang. C’était du sang et ça ne m’avait pas vraiment percuté jusqu’ici. Je me rappelais avoir parlé de lubrifiant avec Freyja mais j’étais loin de me douter avoir eu raison sur la nature du liquide. L’idée du coulis de fraise venait d’être évacuée pour de bon. Ce n’était vraiment pas de la fraise.

Je relevai les yeux vers le Magicien. Il avait préféré me lâcher. Je le regardai marcher et installer ses mains trop parfaites sur son bureau. Ses doigts m’avaient toujours fasciné. Quand le couperet tomba, j’étais en train de penser à ses ongles manucurés. Toute la drogue n’avait pas quitté mon organisme et je mis du temps avant de répondre. Il avait l’air fâché mais il l’était souvent. Peut-être l’était-il plus que toutes les autres fois.

Je pris calmement le même chemin que lui, le contournai et plaçai mes mains pleines de sang séché devant ses yeux. Mon corps presque nu se glissa contre le sien.

« Comme ça, tu ne me vois plus. »

Je rigolai, en total décalage avec son état. J’avais bien plus envie de rire que de crier.

« Mais je ne vais pas m’en aller par contre… sauf si tu me mets dehors à coups de magie. En plus, c’est toi qui t’es marié sans m’avertir alors c’est moi qui devrais te dire de t’en aller. »

Je déposai un baiser dans sa nuque.

« Mais je ne le fais pas parce que je préfère qu’on en discute. »

Je l’embrassai à nouveau.

« Allez, arrête de bouder. Tu sais très bien que tu serais malheureux sans nous. En plus, personne ne baise mieux que moi. »

Je rigolai contre sa peau.

« D’ailleurs, il faut que tu me dises ce que tu as fait de mon polochon guimauve aux ailes d’acier. Elle est censée me protéger mais j’ai l’impression que c’est l’inverse en ce moment. À cause de toi, parce que t’es franchement pas clair dans ce que tu veux. Tu la rejettes puis après tu l’épouses… Remarque, si tu me rejettes maintenant, tu m’épouseras peut-être demain. Je ferais mieux de m’en aller pour le coup. »

Je refermai mes bras autour de son cou. Je n’allais pas partir.

« Tu sais très bien que c’est à toi de présenter tes excuses, à elle et à moi, alors arrête de jouer les cons. »

Freyja ne lâcherait jamais le morceau et je la suivrais sans doute dans sa folie, parce que nous étions deux gros polochons têtus !

962 mots


Le frustré et le polochon  Ezpg
Le frustré et le polochon  1844408732 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34469-adam-pendragon
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4028
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Jeu 24 Aoû 2023, 07:50



Le frustré et le polochon



Rp lié : Le bal de Seaghdha

Je fermai les yeux et laissai mon souffle s’échapper d’entre mes lèvres à semi-ouvertes. Pourquoi fallait-il qu’ils passassent leur temps à me contredire ? Surtout lui. Sa façon d’agir ne ressemblait pas à celle de Freyja. Il n’y avait pas de rochers aiguisés entre nous, pas d’insultes, pas de pleurs, pas d’entailles. Lorsque je reculais, il avançait d’autant plus, qu’importât le danger. Il n’y avait que cette unique fois, chez lui, durant laquelle il s’était montré prudent. Les choses étaient alors différentes. Parfois, je me disais que j’aurais dû le tuer dès notre deuxième rencontre, lorsque j’avais compris qu’il connaissait mes secrets. Je ne l’avais pas fait et, chaque jour, depuis, je m’en mordais les doigts. Je l’aimais trop pour le tuer à présent. Je l’aimais assez pour lui permettre de poser ses mains pleines de sang sur mon visage. Je l’aimais assez pour le laisser me contredire et se positionner contre mes décisions. Personne ne faisait ça. Avec autant de franchise et de dextérité, il n’y avait que lui. Freyja aussi le faisait, mais pas avec la même intensité. Elle était plus facile à gérer du fait de ses blessures et, parfois, je me disais que ce que je cherchais était l’assurance de ma domination sur eux, l’assurance qu’ils obéiraient et qu’ils me laisseraient décider pour nous. Ma respiration n’était plus qu’un mince filet. Je n’étais pas sûr d’avoir évolué sur ce point depuis que la Magie Bleue s’était renforcée en moi. Il m’était insupportable de les voir ensemble, si parfaitement assortis. Drogués ou non, ce n’était pas le problème. Je sentais qu’il y avait autre chose. Je le savais. Entre eux, les choses étaient plus simples. Leurs peuples n’étaient pas ennemis. Adam pouvait se rendre à Lumnaar’Yuvon et y était apprécié. Surtout, il ne lui avait jamais menti. Il faisait les choses bien. Je souris en pensant qu’il était presque plus angélique qu’elle. L’amertume s’y glissa pourtant. Je ne savais pas ce que je désirais. J’étais en colère et défaitiste. L’impression que mes objectifs ne pouvaient s’accompagner d’une vie saine et heureuse m’avait toujours parcouru. Avant, je ne la recherchais pas. Seuls mes enfants comptaient. Le reste, je l’avais construit de façon à être factice, pour ne me demander aucun effort affectif. J’avais toujours tenté de mener une politique du moindre mal mais ça n’avait aucune importance. Quelle que fût la politique en question, les émotions ne pouvaient me laisser guider mes choix. C’est pourtant ce que j’avais fait à Amestris. C’est ce que je faisais aujourd’hui, à plus petite échelle. Parce que je les aimais, ils m’empêchaient de construire demain. Ils m’empêchaient d’accomplir ce qui devait l’être. Néanmoins, je savais aussi que seul le Destin décidait. Tout ceci n’avait, finalement, aucun sens. Je voulais contrôler mais ne maîtrisais rien. J’imaginai un Rehla, observant cette scène. Les Étoiles devaient lui avoir murmuré sa finalité. Quelle était-elle ? La voir m’aurait apaisé. Je m’y serais plié, convaincu de ne pas avoir le choix. Mais connaître l'existence de la fatalité tout en ignorant son sens était une véritable torture, à l’image de ses baisers et de ses mots. Je l’avais toujours su mais il avait bien plus de pouvoir sur moi que je n’en avais sur lui. La tendance ne faisait qu’augmenter avec le temps.

Lentement, je finis par me retourner. Je le fixai. Il n’avait jamais le même corps. Au début, j’en avais été troublé. À présent, je ne voyais plus que l’homme derrière la chair. J’étais certain de pouvoir le reconnaître entre mille. Mes doigts se frayèrent un chemin jusqu'à ses cheveux. Ils attrapèrent l’une de ses mèches et je l’observai, comme si le reste n’avait plus d’importance, comme si la discussion était déjà close. « Excuse-moi. » murmurai-je. Le bois de mon bureau était plaqué contre l’arrière de mes cuisses. J’avais gardé le silence longtemps et devais à présent trouver un ordre pour répondre à ses demandes. Je pris mon temps, convaincu que mes excuses avaient provoqué chez lui l’étonnement. Il était rare que je consentisse à reconnaître mes torts si directement. « J’ai renvoyé Freyja à Lumnaar’Yuvon. » Ma voix était plus douce qu’auparavant. J’étais réellement désolé, d’autant plus qu’il avait raison : les chasser de ma vie n’apporterait rien. Je me rendais compte que je me prenais trop souvent pour un martyr, à vouloir renverser des montagnes, seul, à désirer souffrir pour ma cause. L’idée de souffrance ne m’avait jamais vraiment quitté et lorsque je voyais Érasme aujourd’hui, j’avais l’impression d’observer une partie de moi plus franche. Les entailles sur son corps étaient toutes les entailles mentales que je m’infligeais. Lui comme moi avions un amour malsain pour la douleur, que cela fût du fait de nos choix ou du fait de notre capacité à nous l’infliger nous-même. Je passai à la confession. « Je ne suis cependant pas responsable pour le mariage. » Il lui serait aisé de me croire. La façon dont il s’était passé allait à l’encontre de mes intérêts. Ma main quitta ses cheveux pour caresser sa peau couverte de sang. Elle s’arrêta à l’emplacement de son cœur. Il fallait que je lui posasse la question. « Tu l’aimes, hein ? »

855 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia En ligne
Adam Pendragon
~ Déchu ~ Niveau V ~

~ Déchu ~ Niveau V ~
◈ Parchemins usagés : 1018
◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Adam Pendragon
Mar 03 Oct 2023, 20:55



Le frustré et le polochon  8au1

Le frustré et le polochon


Mes yeux s’écarquillèrent. Néanmoins, quelques secondes plus tard, ils changèrent d’expression. Un sourire venait de germer sur mes lèvres. Comme quoi, tout pouvait arriver. Les étoiles pouvaient changer d’emplacement et Ârès Taiji pouvait s’excuser. Les deux phénomènes étaient on ne peut plus étonnants mais j’étais connu pour mon adaptabilité, ce qui ne voulait pas dire que je ne lui rappellerais pas ce moment durant des siècles. Son épitaphe comporterait probablement la mention de ce haut-fait.

« Je trouve que tu as eu raison. Je pense qu'elle est faite pour prendre des bains de boue avec les cochons et c'est le meilleur endroit pour ça. »

Je délirais encore un peu mais le fait de l’imaginer garda mon sourire vivant. Lumnaar’Yuvon lui allait bien. Il était facile de la visualiser au milieu des champs dorés, à courir pour fuir le chagrin ou pour aller à la rencontre de son destin. Dans mon champ de vision, j’avais l’impression que sa silhouette était ancrée, les cheveux libérés de toute contrainte et filant droit vers un point quelconque. La prochaine fois que je la verrais, je lui offrirais un chapeau. Elle le perdrait sans doute entre les semis et viendrait penaude m’annoncer la triste nouvelle. Je pourrais faire comme avec Kaahl et ses excuses : lui rappeler à chaque rencontre. Elle serait la perdeuse de chapeau, le fléau des couvre-chefs !

Je me concentrai sur le Magicien. Ça m’amusait de le savoir dans le camp des gentils. Il n’en avait vraiment pas la mentalité et j’avais l’impression qu’il redeviendrait Sorcier un jour ou l’autre. L’un ou l’autre ne me dérangeait pas. Je voulais juste que sa vie lui convienne et qu’elle se déroule avec moi.

Je fermai quelques instants les yeux pour profiter de la caresse. J’étais tellement concentré sur ses doigts sur moi que la nouvelle du mariage me laissa un moment pantois. Avais-je bien entendu ou était-ce une invention de mon esprit ? Les deux se pouvaient. À bien y réfléchir, je doutais vraiment qu’il se soit marié sans m’en informer. Il avait des défauts mais l’irrespect n’en faisait pas partie. Il me l’aurait dit. On en aurait discuté. Les choses n’étaient pas si simples avec Freyja parce qu’il avait tendance à s’enfermer dans le silence mais ce n’était généralement pas ce qu’il se passait avec moi. J’avais su plus de choses et plus vite.

Dans mes pensées, la question suivante me percuta comme un polochon lâché sur mon visage depuis hauteur de bras. Ça ne me fit pas mal, ça ne me déstabilisa pas mais ça me surprit un peu. De toutes les interrogations qu’il aurait pu formuler, celle-ci me semblait être l’une des moins probables. J’avais cru qu’il préférerait ne pas savoir et que ce terrain là ferait partie de son fameux déni. Visiblement pas.

Je vins recouvrir sa main avec la mienne.

« Oui. »

Mon ton n’était ni gêné ni fuyant ni rien du tout. Juste affirmatif. Il me posait une question et je répondais. Je n’avais jamais aimé cacher la vérité. Ça ne voulait pas dire que je la lançais sur tout le monde sans tact mais simplement que j’étais honnête avec moi-même et honnête avec ceux qui voulaient savoir. En tant que diplomate, certains informations étaient confidentielles et j’en avais conscience. En tant qu’Adam, juste Adam, ma vie privée ne s’encombrait pas de tactiques visant à me protéger ou à protéger les autres de l’inévitable.

« On savait déjà que ce serait inévitable avec la Bague. Je ne saurais pas dire si c’est lié ni si les sentiments sont réciproques. Ce qu’elle ressent sans me le dire ne me regarde pas. Je suis juste là quand elle en a besoin et ça me fait plaisir de l’aider. »

Je savais qu’il risquait de se vexer parce que nous ne fonctionnions pas de la même manière.

Rapidement, mes bras l’enlacèrent et j’amenai mes lèvres proches des siennes. J’y déposai un baiser. Je n’avais pas envie de le rassurer, de lui dire que c’était lui qu’elle aimait et lui qu’elle préférerait toujours. Je n’avais pas non plus envie de lui exposer ma position personnelle. Il devait déjà tout savoir. S’il était honnête, s’il passait outre ses désirs de possession et sa jalousie, alors il se rendrait compte qu’il était privilégié. Dans tous les cas, je tenais à ma liberté et à ma conception de l’amour qui voulait qu’aimer quelqu’un et être aimé par lui ne signifiait pas l’abnégation. Ça ne me dérangeait pas d’aimer plusieurs personnes. Ça ne me dérangeait pas non plus que les sentiments ne soient pas partagés. Je n’aimais pas pour mon propre bonheur. J’aimais pour celui de la personne vers qui allaient mes sentiments, à condition que ça ne me rende pas malheureux moi-même.

Au-delà de ça, les sentiments de Freyja lui appartenaient et aucun de nous deux ne pouvions les manipuler sans recourir à la magie. Je n'avais pas l'intention de m'effacer au profit de Kaahl et je savais qu'il n'avait pas l'intention non plus de s'effacer à mon profit. Il y penserait sans doute parce que c'était parfois plus facile d'abandonner le combat plutôt que de risquer de le perdre, mais il ne le ferait pas. J'en étais sûr.

« Et pour le mariage ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »

L’envie de le caresser pendant ses explications me traversa l’esprit mais je l’écartai et attendis d’en savoir plus.

897 mots


Le frustré et le polochon  Ezpg
Le frustré et le polochon  1844408732 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34469-adam-pendragon
Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 4028
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Lun 09 Oct 2023, 10:46



Le frustré et le polochon



« Oui. » répétai-je, les prunelles fixées sur sa main recouvrant la mienne. Je sentis mes émotions commencer à se geler, coincées à l’intérieur de moi mais de plus en plus absentes. Comme une anesthésie générale d’une partie de mon être, le phénomène avait souvent cours lorsque je devais prendre des décisions difficiles qui impliquaient des conséquences néfastes, quel que fût le choix. Depuis quelques temps, il s’illustrait également dans ma vie privée, lorsque la situation avait le pouvoir de me faire souffrir. Mes pensées se perdirent sur le peuple auquel j’appartenais maintenant. Que se passait-il ? Étais-je devenu plus sensible, au point d’avoir besoin de me retrancher dans le rien émotif ? N’étais-je plus capable d’accepter et d’agir en conséquence ? Avant je l’aurais étranglé, j’aurais voulu lui faire du mal. J’aurais laissé ma magie déchiqueter sa chair. Je l’aurais probablement regretté et il ne m’aurait peut-être pas laissé faire. Quoi que. Il était têtu. Il n’aurait peut-être pas bougé pour, paradoxalement, reprendre le contrôle de la situation. Néanmoins, je savais très bien que je ne maîtrisais rien entre nous. Je l’avais su dès le début. La colère que j’avais ressentie face à lui n’était que de l’impuissance. Tout glissait sur lui : les convenances, les regards réprobateurs, les mots assassins. Mon pouvoir s’effritait sous son regard. « Oui. » répétai-je encore, dans un murmure presque silencieux alors même qu’il avait repris la parole. Je ne savais que faire de ce oui. Le phénomène de vide s’accentuait sans que je ne voulusse le laisser prendre le dessus. Suspendu au-dessus de ce vide, le fil sur lequel je continuerais de marcher si je décidais de ne pas me laisser tomber serait douloureux. Je le visualisais clairement. Des questions d’enfant m’assaillaient. Était-ce donc ça d’être bénéfique ? Était-ce donc ça d’être normal ? De ne plus ressentir de haine ou de volonté de détruire les autres par vengeance ? C’était horrible. C’était horrible d’être moi actuellement. Je n’avais jamais manqué d’empathie mais elle avait toujours été maîtrisée. Certaines décisions m’avaient culpabilisé mais toujours dans une moindre mesure. J’avais déjà souffert mais mes pensées et ma rage m’avaient toujours apporté une relative tranquillité. À présent qu’il m’embrassait, je me sentais totalement démuni. Il l’aimait. Je le savais déjà en posant la question. La confirmation m’avait pourtant arraché le cœur. Ce n’était que justice, une justice qui n’avait rien à voir avec celle qui était pratiquée à Amestris. Enfouis à l’intérieur de moi, des mots me criaient que j’étais ridicule, que je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur moi-même, qu’il y avait bien plus important à traiter : les Archimages, le Monarque Démoniaque, la fausse Impératrice Blanche, Ârès, Cyrius.

Alors qu’il changeait de sujet, je regardai le vide qui s’étendait dans ma poitrine d’un œil critique. Qu’étais-je en train de faire ? De chercher à oublier ? De chercher à ne plus l’aimer ? À ne plus les aimer ? Vers quoi tendais-je ? Vers une existence sans émotions ? J’étais convaincu de pouvoir les gommer pour toujours. J’étais aussi convaincu que si j’allais dans cette voie-là, ma vie ne serait plus rien. Je déglutis. Pourquoi est-ce qu’aimer était-il tellement douloureux ? Pourquoi est-ce que les griffes de ce sentiment me paraissaient plus importantes que tous les sujets politiques et que tous les ouragans qui secouaient mon existence ? Tout ceci n’avait aucune rationalité, aucun sens. Je ne devais pas me laisser sombrer dans ce rien. Ce ne serait pas une solution. Je savais pourtant ce qu’il se passerait à la seconde même où j’allais assumer pleinement ma peine. C’était ça, aussi, le courage. « Tais-toi s'il te plaît. » lui dis-je, avant d’approcher son corps presque nu et couvert de sang du mien. Je me perdis totalement sur ses lèvres. Je n’avais plus du tout envie de parler. Je voulais juste… j’ignorais ce que je voulais, le sentir contre moi, en moi… juste le sentir.

« Papa ! J’ai trouvé… » Jude s’arrêta au beau milieu de la pièce. « Vous faites quooiii ? » demanda-t-il. Son intonation marquait un étonnement réel mais un peu dégoûté. Je m’écartai d’Adam et allai vers lui. Je m'accroupis. « Qu’est-ce que je t’ai déjà dit ? Sur les portes ? » « Qu’il fallait les frapper ? » répondit-il, comme si la perspective de taper sur quelque chose lui plaisait. Il me fixa et posa une question d’enfant, sans aucun filtre. « Tu pleures ? T’as les yeux mouillés. » « Oui. » Nier n’aurait rien apporté. « C’est les bébés qui pleurent ! » me déclara-t-il, sans pitié. Un rire m’échappa. « Je suis un bébé alors. » « Ouais, c’est sûr. Moi je ne pleure jamais ! » Je sentais pourtant que mes émotions l'imbibaient comme une éponge. Il était ébranlé et ne comprenait pas. Je passai mes doigts sur mes yeux et me repris. Entre temps, il posa de nouvelles questions. « C’est qui lui ? Et pourquoi il a de la peinture rouge sur lui ? En plus t’en as plein partout toi aussi… C’est sale ! » Ce fait n'avait pas l'air de lui déplaire. « Doucement. Dis-moi d’abord ce que tu as trouvé. » « Ah oui ! » Ses deux mains étaient jointes. Il les écarta un peu, juste pour que je pusse voir. « J’ai trouvé ça ! » L’accentuation sur le ça se fit au même moment où mon regard se posa sur une Fae. Mal en point, elle semblait à moitié assommée. « Je lui ai lancé ma chaussure dessus et je l’ai attrapée ! » « Et pourquoi est-ce que tu as fait ça ? » demandai-je. « J’avais envie ! » « D’accord. On en reparlera plus tard. Donne-la moi. » « NON ! C’est MA bestiole ! » Je me servis de télékinésie pour lui écarter les mains et prendre la Fae. Son visage devint tout rouge et il se mit à hurler et à pleurer, avant de partir en courant. Je soupirai, me dirigeai vers la fenêtre, posai la jeune femme sur son rebord et refermai la vitre après l’avoir soignée.

Je fis de nouveau face à Adam. Je m’appuyai contre le mur. « Jude est caractériel. C’est un Déchu. » précisai-je, en croisant les bras sur mon torse. Je le regardai. « Et si on parlait de toi au lieu de parler de moi ? Ou… si ça te va, on peut aussi ne pas parler du tout pour une fois. »

1069 mots

Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38028-kaahl-paiberym-elia En ligne
Adam Pendragon
~ Déchu ~ Niveau V ~

~ Déchu ~ Niveau V ~
◈ Parchemins usagés : 1018
◈ YinYanisé(e) le : 13/01/2015
Adam Pendragon
Lun 09 Oct 2023, 21:03



Le frustré et le polochon  8au1

Le frustré et le polochon


Les enfants avaient toujours le chic pour apparaître au mauvais moment. Pourtant, celui-ci m’amusa rapidement. En fait, ce n’était pas que je ne les aimais pas, c’était simplement que je n’avais aucune envie de m’en occuper. Ikar me suffisait. Plus il grandissait, plus je me sentais proche de lui. On pouvait discuter. Il comprenait ce que je lui disais et un échange intelligent était possible… ou moins intelligent mais disons qu’il y avait une connexion entre nous, même si je savais qu’il disait à tout le monde qu’il ne voulait pas entendre parler de moi. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. J’avais été un piètre parent.  

Sagement, je suivis l’échange entre Kaahl et le gamin. Il lui ressemblait assez, si bien que je me questionnai. Était-il son fils ? Un fils de son père ? Un enfant de sa famille ? En tout cas, il remarquait les états du Magicien mieux que moi. Avant que le sujet ne soit évoqué, je n’avais pas remarqué l'humidité dans ses yeux. Ce n’était pas la première fois que je le voyais pleurer. C’était simplement la première fois qu’il pleurait si discrètement. J’aurais pourtant dû m’en douter. Parfois, j’avais envie d’être dans sa tête. À chaque fois que ça arrivait, je me rappelais ensuite que ce ne serait pas une bonne idée.

« Pour quelqu’un qui ne pleure jamais, il pleure quand même beaucoup. »

Je souris. Les enfants étaient des êtres de contradictions. Il n’y avait pas qu’eux d’ailleurs.

« Oui, j’avais senti les Péchés en lui. Ils ne sont pas encore développés mais quand il va être adolescent, tu vas devoir t’accrocher. Il pourrait faire exploser ton château… S’il le fait, j’applaudirai, vu l’état dans lequel tu as mis ma maison… »

Je le regardai, contre le mur, les bras croisés, les yeux encore humides. Je m’en voulus un peu de le trouver beau comme ça, esquinté. Certaines personnes n’avaient aucun charme la larme à l’œil et le nez coulant. Dans son cas, c’était différent. Ou peut-être n’étais-je simplement pas très objectif.

Je m’approchai, tout en jetant un coup d’œil curieux sur le rebord de la fenêtre. Je ne vis rien. Je ne posai pas de questions. Je me collai tranquillement à lui. Mes mains retrouvèrent ses cheveux, puis sa peau. Il ne voulait pas parler mais nous devrons le faire, aujourd’hui ou demain. Je voulais savoir ce qui le tracassait et j’étais convaincu qu’il finirait par me le dire. Il y avait ce que je lui avais avoué par rapport à Freyja mais je le connaissais. Il avait toujours des dizaines de problèmes à la fois. Mon homme à problèmes. Je lui souris.

« Alors… au lieu d’une longue discussion, je te propose de retirer tes vêtements… »

Je posai mon nez contre le sien quelques secondes puis me reculai pour continuer.

« Je peux t’aider d’ailleurs si tu veux. »

Je n’attendis aucun consentement pour activer mes doigts sur les boutons de sa chemise.

« Une fois que tu n’auras plus d’habits, on pourra aller prendre un bain avec de la mousse pour se détendre. Je te parlerai de mon dernier roman et tu me diras ce que tu en penses. Ensuite, on ira dîner… On peut aller au restaurant mais je préférerais qu’on aille faire des courses. J’ai appris une nouvelle recette avec du fromage de chèvre et je suis devenu le roi de la pana cotta. Ma recette de bicorne à la broche, je la garderai pour Jil. »

Ma bouche chercha la peau de son cou. La Luxure ne m’appelait plus. Moi seul lui ordonnais de venir. L’ordre des choses avait changé pour de bon. Ce ne serait plus jamais le contraire.

« Une fois qu’on aura bien mangé, on ira se promener pour regarder les étoiles et ensuite on ira se coucher. Tu lieras un livre qui n’a rien à voir avec les trucs sérieux que tu lis d’habitude et je lirai l’un de tes trucs sérieux. Puis après… »

Je collai mes lèvres à son oreille.

« Après on dormira. »

Je souris, mes doigts sur le dernier bouton du bas.

« Par contre, le lendemain je te réveillerai en… »

Je continuai plus bas. Ça n’avait plus rien de mignon. C’était un autre registre.

Je lui déposai un baiser sur la joue et le regardai pour lire son état dans ses yeux. Je savais que la situation risquait de devenir compliquée. Je n’en avais pas envie mais ne pouvais lui imposer ma vision des choses. J’espérais que sa peine s’atténuerait. J’espérais aussi qu’il ne croirait jamais que mes sentiments pour l’Ange changeraient quoi que ce soit entre lui et moi.

« Je t’aime. »

Je souris et posai ma main sur son ventre.

« Et je t’aime encore plus quand t’es à moitié nu. »

Je la descendis et attrapai le haut de son pantalon.

804 mots - The End


Le frustré et le polochon  Ezpg
Le frustré et le polochon  1844408732 :
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34469-adam-pendragon
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Le frustré et le polochon

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Le frustré et le luxurieux (Adam)
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Est :: Mer du Feu Bleu :: Caelum-