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 Rencontre impromptue | Faust

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Ammon Bethralas
~ Déchu ~ Niveau I ~

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Ammon Bethralas
Ven 11 Nov 2022, 18:35



Rencontre Impromptue

Le Courrier du cœur, club bicentenaire de Basphel réunissait en son sein un assortiment d’éléments triés sur le volet pour s’occuper de la distribution du courrier des pensionnaires de l’établissement. Les élèves assidus et dont le dossier ne comportait aucun avertissement comportemental pouvaient ainsi exclusivement prétendre à une place dans la glorieuse Institution. Une rumeur persistante laissait également planer que seuls les pensionnaires s’étant fait coopter par des membres du club pouvaient se faire octroyer à leur tour, après un long processus de recrutement - qui se résumait en réalité à servir d’esclave à tout faire - le rang honoraire de aspirant facteur.  Et c’était vrai ! Aussi, rares étaient les nouveaux venus désireux de se plier aux quatre volontés d’étudiants à peine plus âgés qui se délestaient volontiers de toutes les corvées rébarbatives liées à la distribution postale pour se réserver les aspects les plus gratifiants et prestigieux de la fonction. L’ancienneté faisant, les ténors du club s’arrogeaient le droit de siéger auprès de la pléthore de comités consultatifs, de conseils des élèves, de commissions en tous genres tenus avec les professeurs et d’instances multidisciplinaires que pouvaient compter l’école. Le Courrier du cœur avait toujours voix au chapitre et n’avait pas son pareil pour manger à l’œil petits fours et autres réjouissances gustatives présentes lors de toutes ces sauteries à caractère éminemment essentiel.

Pourtant, le constat était sans appel. Les nouvelles recrues ne se bousculaient pas au portillon pour faire tourner les rouages de cette machine bien huilée et l’apport de sang neuf était impératif pour éviter qu’elle se grippe totalement. Les critères usuels de sélection avaient ainsi été minoré pour permettre à un plus grand éventail d’étudiants de tous bords de candidater. La vénérable Institution était à un des tournants de son illustre histoire et si ses rangs avait reposé ses deux cents dernières années sur des contingents entiers d’élèves issus de l’Etain et de la Craie, branches les plus appréciées et il faut le dire également les plus candides parmi toutes les promotions de l’École, il lui fallait dorénavant s’ouvrir à de nouveaux profils et de nouvelles races pour assurer sa pérennité. Et c’est précisément dans cette démarche d’inclusivité et d’universalité que la candidature du démon Rodd Svãragh avait été retenu.  Il fallait bien avouer qu’il s’agissait aussi du seul Démon qui avait daigné se présenter pour assurer ce nouveau rôle particulièrement ingrat s'il en est.

"Quel calvaire" maugréa t’il en balançant fougueusement un maudit courrier dans une bannette.

Dans les locaux du Courrier du cœur, Le Mādiga écumait d’une colère sourde derrière son masque d’apparente aménité. De corvée de classement, l’aspirant facteur fraîchement confirmé, abhorrait profondément toutes les facettes de ce foutu travail. Est-ce qu’il avait une gueule à sonner aux lourdes et à tendre un air affable vissé au visage des courriers à la con à leur destinataire ? Est ce qu’il avait une tronche à porter des putain de colis de livres énormes à tous ces espèces de connards qui travaillaient comme des chiens et faisaient de la lèche aux profs ? C’était un boulot de vulgaire esclave, de laquais ignoble sur qui on s’essuyait copieusement les bottes crottés. Une aubaine qu’il ait réussi à esquiver la tournée postale de l’après-midi en prétextant ne pas être encore au fait de tous les usages que devaient observer les facteurs de Basphel, il préférait de loin le travail de l’ombre plutôt qu’aller se trémousser dans les couloirs de l’école dans un uniforme grotesque avec une casquette de facteur estampillé d’un cœur transpercé d’une flèche avec un parchemin à l'extrémité de celle-ci. S’il avait réussi à s’en prémunir cette fois-ci, il lui faudrait à l’avenir donner le change pour éviter d’éveiller les soupçons de ses collègues.

Pourquoi donc s’efforçait t’il d’accepter un rôle qu’il exécrait au plus haut point ? Depuis l’épisode malheureux du pari perdu qui l’avait conduit à incorporer, il y a quelques mois, les rangs de Basphel pour récupérer une relique prétenduement cachée dans les archives, le Mādiga comptait bien profiter de son exil dans cet endroit abject pour tirer son épingle du jeu. Et puis, ici au moins, il ne risquait pas d’être écartelé en place publique. Basphel comptait des centaines d’étudiants si ce n’est des milliers et si beaucoup d’entre eux n’étaient que des ingénus qui découvraient à peine les rudiments de l’existence, le caractère élitiste de l’Institution avait tôt fait de faire germer parmi un certain nombre d’entre eux les graines de la perdition. Orgueil, préjugés, envie, luxure parfois mais surtout un esprit de compétition alimentant jalousie et ressentiment mutuel rythmaient la vie de ce microcosme scolaire. Au détour d’un couloir, à la sortie d’un cours, la nature profonde du Mādiga lui permettait de ressentir les vices cachés et inclinaisons malsaines de ces prétendus blanches colombes qui n’appelaient qu’à être souillées.

Intégrer les rangs des facteurs de Basphel, c’était la garantie d’avoir la main mise sur leurs correspondances et leur intimité, de connaître leurs états d’âmes et les peurs qui alimentaient leur quotidien, c’était un puissant levier pour pouvoir s’accaparer leurs esprits et nourrir la défiance qui sommeillait en chacun d’entre eux. Par ailleurs, leur office faisant, les facteurs disposaient de plans et cartes en tous genres répertoriant avec précision les quartiers et identité des élèves peuplant ces derniers. C’était une véritable mine d’or pour qui savait mettre à profit ces informations. Quoi qu’il en soit, le chemin serait sans doute encore long et fastidieux avant de pouvoir prétendre à réaliser ses desseins. Et puis ce soir, un évènement impromptu allait complexifier ses plans.

Le démon récupéra la missive qu’il venait de jeter dans la corbeille. Il venait d’être chargé d’aller remettre en main propre une lettre pour un étudiant, le courrier en question avait, selon toutes vraisemblances, été oublié par l’Ygdraé qui devait assurer la tournée de l’après-midi.

"Je suis sûr qu’ils l’ont fait exprès ces enflures. C’est pas la première fois en plus !"

Il s’empara de la lettre en question pour y lire le nom du destinataire malheureux.

"Faust Slyther. Pas commun comme nom."  trancha t’il en se frottant le menton avec perplexité.

Il renifla la missive en question pour voir si une odeur particulière y était empreinte, l’inspecta sous la lumière de la lampe de son bureau pour essayer d’en révéler le contenu. Rien ne transparaissait.

"Surement pas un magicien ou un sorcier, ils ont toujours des noms de la haute’ ou foutrement pompeux. Trop élaboré aussi pour un Eversha ou un Réprouvé. A moins que ce soit un Ange qui pouvait pas voir en peinture son marmot ?" ricana t’il.

Un alfar peut être ? Il avait été amené à en croiser mais ils faisaient figures d’exception. Le démon opta davantage pour la piste de l’aile noire ou du Lyrien, l’école en comptait beaucoup dans ses rangs. Il allait en avoir bientôt le cœur net et décida de se mettre en route dans la foulée pour se débarrasser de la besogne.

Rendu dans les quartiers de ce Faust Slyther, un énorme vacarme perçait à travers la porte de ce qui semblait être sa chambre et faisait écho dans le couloir. Rodd essaya de placer son oreille contre la paroi pour essayer d’en discerner les sons mais seul un boucan informe dont il était incapable d’en définir l’origine jaillit à son oreille. Une intuition étrange teinté d’excitation montait progressivement en lui, un rictus amusé marbrant ses traits. Il vérifia que l’inscription attenante à la porte portait bien le nom de Faust puis toqua.

Que que fut ce Faust Slyther, Rodd avait bien fait de venir à sa rencontre ce soir.

1264 mots



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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Sam 26 Nov 2022, 16:53

Faust
Rencontre impromptue
Saving Vice - Phantom Pain


"Étape 1 : videz votre esprit de toutes vos pensées. Concentrez-vous sur l'espace qui vous entoure et sur votre respiration."

Faust souffla bruyamment par le nez. Cinq fois qu'il répétait le processus et cinq fois qu'il échouait lamentablement. Le guide du jeune utilisateur de Magie avait sans aucun doute possible été rédigé par un Magicien niais et particulièrement idiot. C'était nul, pourave. Autant l’étudiant arrivait à changer son apparence démoniaque pour un faciès plus acceptable en société, autant tout le reste, et absolument tout le reste, lui était inaccessible. L'adolescent était nul en magie et ça commençait à le rendre fou. Quand il voyait ses camarades capables de générer du feu de leurs mains, ou d'invoquer des poules comme si c'était la chose la plus simple du monde, alors que lui n'était capable de rien, cela faisait naître en lui une amertume profonde. Il savait pourtant qu'il était capable de produire de la laine. Ça lui était déjà arrivé d'en tapisser le sol par accident, chez sa mère. Ne sachant plus quoi foutre de tout ce qu'il avait créé cette fois-là, c'était ainsi que Mira s'était mise au tricot, rapidement suivi par son fils.

Créer de la laine. C'était assez minable comme pouvoir, mais toujours était-il que c'était un pouvoir. Un truc simple et pas désagréable avec lequel s’exercer.

"Étape 2 : concentrez-vous sur votre objectif. Il doit être clair et précis dans votre esprit. Vous devez y croire."

Droit comme un piquet à côté de son lit, Faust tendit ses mains devant lui et ferma les yeux. Pour penser encore plus fort, il fronça les sourcils. Laine. Laine. Laine. Laine ! Laaaiiiinneuuuuuh. Ses paumes ouvertes tremblaient sous l'effet de sa volonté trop forte. Peut-être qu'en y mettant une force physique, jusqu'au bout de ses doigts, il finirait par sentir la douceur de la matière recouvrir ses mains. Mais non. Rien, rien, et encore rien.

-Tu t'y prends mal. T'es en train de t'énerver tout seul.

Les bras croisés, Peniel assistait son protégé. Honnêtement, il n'était pas d'une grande aide. L'Archonte estimait qu'il n'y avait rien de drôle à ne pas le laisser galérer un minimum.

-Qu'est-ce que je fais de mal ? Grinça le garçon, qui avait de plus en plus de mal à contenir sa colère. Tu m'as dit de suivre les instructions de ce bouquin de merde et c'est ce que je fais depuis tout à l'heure !

Faust ne tenait plus en place. Il avait envie de casser des trucs. Mais il se retenait. Déjà parce qu'il n'avait pas envie de nettoyer après. Ensuite, parce que si l'un de ses colocataires faisait irruption pendant sa crise, il aurait l'air d'un con. Et enfin, parce que Peniel allait se foutre de sa gueule et ça ne serait que pire.

-Non, tu n'es pas assez concentré.

-Mais putain, mais si !

Il avait envie de lui fracasser une chaise sur la gueule, à ce type. Mais cette grosse pute avait le chic d'être intangible quand il le voulait. S'il le pouvait, le Vil frapperait cet abruti en pleine poire. Peniel frimait, mais en réalité, il avait peur d'un corps-à-corps rapproché avec Faust, parce que c'était juste une tafiole.

-C'est moi que t'as appelé, mon chou ?

Deux mains fines et élégantes se posèrent contre son torse et il sentit quelqu'un se coller contre son dos. L'adolescent poussa un cri et fit un bond. En faisant volte-face, il heurta sa table de chevet qui se reversa dans un fraquas tonitruant.

-Ah, tu vois quand tu veux ! Là, t'étais concentré, tu as bien ciblé ton objectif, pensé la chose et imaginé toutes les sensations qui iraient avec. S'exclama Peniel avec l'enthousiasme d'un professeur devant un élève qui aurait enfin compris son charabia. Bon, par contre, c'est pas de la laine...

Ahuri, Faust détailla son agresseur : une femme grande et particulièrement bien gaulée. Ses yeux ne pouvaient qu’être attirés en premier lieu par ses seins et ses hanches de tailles conséquentes, tandis qu'elle prenait une pose suggestive. Ses cheveux blonds, mi-long, tombaient sur ses épaules en boucles parfaites. Son visage était lourdement maquillé, contrairement à son accoutrement qui était plus que léger. Elle ressemblait à une poupée de cire.

-Mais vous êtes qui ? Barrez-vous, c'est le dortoir des mecs ici, en plus !

-Justement, je croyais que tu m'avais appelée pour quelques... services...

Elle parlait comme si elle soupirait en continu. Elle eut un sourire en coin. Peniel ricana. Faust devint tout rouge. Il serra les poings en se tournant vers l'Archonte.

-C'est pas vrai ! C'est pas moi, j'ai jamais pensé à ça ! La preuve, c'était qu'il ne bandait même pas. Gros pervers, j'suis sûr que c'est toi qui as...

Des à-coups retentirent, faisant définitivement perdre sa contenance au garçon. L'idée que l'un de ses colocataires rentre à ce moment-là lui glaçait le sang. Qu'est-ce qui se passerait s'ils le voyaient en compagnie d'une prostituée ? Faust expira. Il était certain qu'Alcide serait capable d'aller le dire à la directrice. Mais puisque personne ne rentrait, il supposait que ça n'était pas l'un d'entre eux.

-Hé gamin... à qui tu parlais, au juste ? Tenta la fille.

-Vite, cache toi. Ordonna-t-il sèchement.

Celle-ci poussa un soupir et se plaça à quatre pattes derrière le lit du Démon. Ce dernier se dirigea vers la porte. Puisque lui-même n'attendait personne, il savait qu'il n'aurait qu'à dire qu'aucun de ses camarades n'était là, et le trouble-fête s'en irait rapidement. Il pourrait alors s'occuper du cas de la pute tranquillement. Comment allait-il s'en débarrasser ? Faust entrouvrit la porte, juste assez pour que ses épaules passent, sans laisser le champ de vision libre à l'inconnu.

-Salut ?

Il ne connaissait pas ce gars, mais au vu de son accoutrement, ce n'était pas le plus important. Du courrier pour ses colocataires ? Il allait déposer les enveloppes sur les lits et le tour serait joué. Le Démon tendit la main pour réceptionner les lettres. Il n'y en eut qu'une, et lorsqu'il se pencha sur le destinataire, il fut surpris d’apprendre qu’elle lui était adressée. Il essaya de ne pas réagir au fait que Peniel lisait par-dessus son épaule. Qu'est-ce qu'il était chiant !

-C'est bon ? Demanda la prostituée en arrière-fond.

Le Démon tressaillit. De toute évidence, le facteur, qui se trouvait encore là – qu'est-ce qu'il attendait, bordel ? Il avait pas du boulot ? – avait entendu la voix féminine.

-Euh... Ouais. Merci. A plus.

Sans autre forme de procès, il claqua la porte. Tandis que la catin sortait de sa cachette, Faust ouvrait le message qui lui était destiné.

"Cher Faust,

J'ai quelque chose de très important à te dire, alors j’aimerais bien qu’on se retrouve demain après les cours. Je sais que tu as cours de botanique, alors on pourrait se retrouver devant la serre.

A bientôt,

Lavender.
"


-Elle va te demander se sortir avec toi, c'est sûr.

-Va te faire, Peniel. Maugréa le garçon.

-C'est qui, Peniel ?

Faust lui lança un regard noir, alors elle ne chercha pas à en savoir plus. Le pire, c'était que Peniel avait probablement raison. Lavender était une Déchue de la Jalousie de la promotion en-dessous la sienne, et pour une raison qui lui échappait, elle en mordait pour lui. Grâce à l'Archonte, il avait remarqué tous les coups d'œil qu'elle lui lançait dès qu'ils se croisaient. Le problème était que le Démon n'avait aucune envie de sortir avec elle. C'était une débile. Et en plus, une Jalouse. Y'avait pas moyen. Le garçon se réintéressa à la prostituée.

-Tu sais comment disparaître d'ici ?

Elle haussa les épaules en guise de négation, alors il s'adressa à l'Archonte. Il haussa aussi les épaules.

-Ça dépend si tu l'as créée ou bien téléportée. Si tu l'as créée, alors c'est comme la laine : ça disparait pas comme ça. Sinon, tu devrais pouvoir la faire rentrer chez elle.

Faust grogna. C'était bien beau ça, mais vu son niveau en magie, c’était mort. Il ne savait même pas comme il l'avait fait apparaître.

-Vous faites chier. Maugréa-t-il. Il s’assit sur son lit pour réfléchir. La solution la plus simple était de la larguer en ville. Ensuite, elle ferait sa vie comme ça la chanterait. Faut que vous partiez madame, sinon j'vais me faire virer, c'est sûr.

Mais comment ? S'ils croisaient ne serait-ce qu'un élève pendant l’expédition, cela lui vaudrait un détour chez la directrice. Or, personne n’avait envie d’avoir affaire à la directrice. Soudain, une idée brillante lui vînt en tête.

-Peniel. T'es invisible, alors tu passes devant. Dis-nous si la voie est libre, et comme ça on la sort du campus.

Le concerné émit un rire sardonique.

-La voie est libre, allez-y.

-Quoi ? Mais t'as même pas regardé !

-Je suis l'envoyé d’un Dieu, je te rappelle. J'ai pas besoin de me déplacer pour savoir ce genre de choses. La voie est libre, j'te dis.

Faust grogna encore, mais décida de lui faire confiance. Attrapant la prostituée par le bras, alors que celle-ci ne comprenait toujours pas à qui parlait le garçon, il ouvrit en grand la porte du dortoir et prêt à en découdre avec un couloir vide.

-...

La voie n'était pas du tout libre.

1533 mots



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Ammon Bethralas
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Ammon Bethralas
Dim 04 Déc 2022, 19:26



Rencontre Impromptue

Libre ? C’était même un sens interdit en bonne et due forme.

Lorsque le démon ouvrit la porte à la volée, il ne s’attendait résolument pas à tomber nez à nez avec son curieux camarade. Pris au dépourvu, son regard se heurta à celui de son vis-à-vis, ils se jaugèrent quelques secondes avant qu’une lueur de défiance ne s’instille dans les pupilles du brun. Le Svãragh esquissa un sourire, son pressentiment quant à la véritable nature de son alter ego se précisait à mesure qu’il sentait les intentions mauvaises du tentateur s’insinuer dans son esprit. Il pouvait presque entendre l’écho de la virulence des pensées du brun à son égard. *Qu’est ce que tu me veux ducon ?! T’as pas autre chose à foutre ?! Tu veux ma photo ?!  Jarte de ma vue avant que je te fasse la peau !*. Le non verbal de Faust était suffisamment éloquent pour que l’Albâtre se préfigure que sa présence l’incommodait gravement. Est ce qu’il en avait quelque chose à foutre ? Pas le moins du monde. On ne lui claquait pas la porte au nez, jamais, pas à lui et sûrement pas lorsqu’il en venait à se déplacer en personne pour livrer le courrier.  Manifestement plus jeune que lui mais pas moins audacieux, le brun semblait déterminé à poursuivre sa route malgré l’obstacle évident.

Ou pas.

Le brun tenta de reclaquer la porte à la hâte alors que le Svãragh s’apercevant de la tentative, s’empressa de plaquer son pied en obstruction entre le vantail et le chambranle avant d'ensuite passer l’épaule  pour couper court à l’initiative. Dans un effet de balancier, le battant revint aussi vite vers Faust qui recula instinctivement pour éviter de justesse le bourre-pif. "Sûrement pas deux fois, n'y compte pas" maugréa t’il pour lui-même. Jamais, il n’aurait imaginé croisé l’un de ses congénères ici bas, il n’allait pas laisser passer sa chance de faire plus ample connaissance avec l’engeance démoniaque. Après tout, ils n'étaient pas des bêtes, pas ici en tout cas.

Qu’est ce qu’il pouvait bien foutre dans un coin pareil ? Se pourrait t’il qu’il soit là de son plein gré ou l’avait t’on lui aussi condamné à l’exil ? Faisant fi de l’hostilité et des invectives du brun, L’Albâtre s'engagea dans l'entrebâillement de la porte et fit le tour du propriétaire, le dortoir était un capharnaüm sans nom où s’entassaient ci et là un bric-à-brac hétéroclite de livres, de pile de vêtements sales et de bibelots étranges et variés. Il y avait fort à parier que tout le barouf qu’il avait entendu derrière la porte était de son fait.  Le regard de l’Albâtre s’arrêta sur les trois couchages du dortoir et l’absence présumée des colocataires qui habitaient les lieux, la jeune femme n’ayant pas le droit de crécher ici compte tenu du règlement de non mixité des dortoirs. Il dévisagea nonchalamment le tandem saugrenu. Ils n’avaient vraiment rien en commun mais il s’imaginait aisément les raisons qui poussait le prénommé Faust à vouloir s’éclipser avec la jeune délurée. La putain avait de sérieux arguments à faire valoir auprès de la gent masculine. Où avait t’il pu dénicher une telle garce ? Les rangs de Basphel comportait un certain nombre de traînées prêtes à tout pour se hisser en haut du panier mais de là à se trimballer dans un accoutrement ostensiblement lubrique, c’était fort, très fort. Pas étonnant qu’il veuille s’empresser d’abandonner son dortoir et la promiscuité de ses colocataires pour aller la tringler sauvagement à l’abri des regards indiscrets. Ce genre de femmes savaient mieux que quiconque réveiller les plus bas instincts des mâles en rut qui partageaient leur compagnie. D’ailleurs en parlant de partage... l’Albâtre venait de décréter l'instauration d'un droit de cuissage basé sur l’ancienneté des vils, des donzelles en mal de virilité . Le brun ne verrait sans doute aucun inconvénient à faire profiter son camarade des promesses inavouées de la jeune femme.  

"Je dérange peut être ?" coupa t’il le brun, passablement excédé par les libertés que son vis-à-vis prenait un malin plaisir à s'accorder sans la moindre gêne.  

"Oh pardon, vous pouvez partir bien sûr." dit t’il en se dégageant pour libérer le passage.

"Seulement... attendez encore quelques secondes...ah voilà"

La cloche signifiant la fin du cours sur le créneau horaire venait de retentir dans l’École. Bientôt, des nuées entières d’étudiants allaient gagner les couloirs de Basphel pour se rendre à leurs prochain cours ou regagner leurs pénates. Nul doute que les professeurs goutteraient très peu au spectacle d’une prostituée arpentant les couloirs au bras d’un démon empressé cherchant malgré lui à la raccompagner aux portes de l’Établissement après lui être copieusement passé dessus. Si le brun s’entêtait à vouloir encourir cette menace, c’en était à ses risques et périls. Heureusement, l’Albâtre allait lui offrir une porte de sortie salutaire.

"Qu’on se le dise d’emblée. J’ai entendu tout votre petit stratagème, je sais tout." feint t’il dans un mensonge éhonté.

"Soit vous déguerpissez tout de suite et vous avez de grandes chances de tomber sur une foultitude d’élèves dans les couloirs et ce sans parler des professeurs. Soit vous me faites confiance pour ne croiser personne. Je suis facteur, je connais tous les accès de Basphel, même les interdits et bien entendu...les raccourcis également" mentit t’il à nouveau.

"Ce que je préconise pour votre...disons petite affaire coquine, c’est qu’on attende la tombée de la nuit et qu’on habille Madame avec d’autres vêtements de la penderie pour qu’elle soit méconnaissable. D’ailleurs c’est quoi ton petit nom poulette ? M’est d’avis qu’on peut prendre du bon temps" lanca t'il dans un clin d'œil vers l'intéressée.

"Quoiqu'il en soit, j’ai eu une rude journée. Vous m’en voudrez pas si je m’installe confortablement le temps de vous décider." lança t’il de concert avant d’enlever ses pompes, de sauter sur le premier lit venu et de prendre ses aises.

"Plutôt cocasse de voir un démon dans le coin d’ailleurs. Qu’est ce qui t’amène ici bas Faust ?"  

1007 mots



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Kitoe
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Kitoe
Ven 06 Jan 2023, 11:35

Faust
Rencontre impromptue
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Faust avait tiré une drôle de tête lorsque le visage du facteur était apparu en gros plan dans son champ de vision, et ses lèvres s'étaient pincées. Qu'est-ce qu'il foutait encore là ce con, avec sa petite casquette de tafiole ? N'avait-il pas autre chose à foutre, comme distribuer le courrier par exemple ? Est-ce qu’il attendait un retour direct à la lettre de l’autre pouffiasse ? Ou est-ce qu’il voulait son portrait ? Le Démon aurait pu lui demander d'arrêter d'écouter aux portes comme un connard, mais la surprise était trop grande. Malgré le regard défiant, qui en disait long sur son envie de se battre, cette même surprise le fit aussitôt claquer la porte. Faust espéra que l’insolent se la prendrait dans le nez à force d’y rester collé, mais ni le bruit du battant contre son encadrement, ni le râle douloureux du concerné ne retentirent. A la place, ce fut un coup sourd et un grincement, qui lui valut de reculer d'un pas pour ne pas se prendre le contrecoup la porte-boomerang. Il fronça les sourcils, tandis que le blond profitait de la confusion pour s'introduire dans le dortoir comme s'il s'agissait du sien.

-Hé, qu'est-ce que tu fous ? Gronda Faust.

Pour le nouveau venu, il ne s'agissait pas seulement d'entrer ; il s'agissait de se taper sa meilleure visite. Faust sentait le rouge monter à ses joues. Evidemment, il n'était plus possible de cacher la prostituée, qui se tenait debout derrière lui. Quant à Peniel, il ricana, les mains derrière le dos. Celui-là était fier de sa connerie. Le jeune Démon lui lança un regard meurtrier. Il se promettait de lui faire payer très cher son affront.

-Evidemment que tu déranges.

Sa réponse ne changerait rien, il le savait. Mais il ne pouvait d'empêcher de faire comprendre à l'autre qu'il faisait chier. Le brun était en colère, comme à chaque fois qu’il se sentait pris au piège. Au final, son comportement était similaire à un chat feulant contre son propre reflet.

-Nan, toi dégages.

La sonnerie de fin de cours retentit à ce moment-là. La mâchoire de l'adolescent se contracta et il sentit son poil se hérisser. Ça tombait mal.

-Ferme la porte.

Il ne manquerait plus que d'autres entendent leurs histoires. Son temps était compté de toute manière : Faust ne connaissait pas les emplois du temps de ses colocataires, alors ces derniers pouvaient arriver d'un instant à l'autre.

-C'est pas ce que tu crois. Dit-il, alors que c'était exactement ce à quoi on pouvait penser.

-Cindy. Répondit la prostituée en même temps que lui. Cela lui valut un regard désapprobateur. Et toi mon lapin ? Cela lui valut un nouveau regard désapprobateur et elle se désista.

-Nan, lève ton cul.

Faust était conscient qu'il ne pouvait pas jarter le perturbateur sans lui offrir une contrepartie, mais c’était chez lui et donc, sa loi devait s’appliquer. Il tressaillit quand ce dernier l'appela par son nom, avant de se rappeler que c'était lui qui lui avait apporté le courrier. Ses dents grincèrent.

-Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Grogna-t-il.

Le garçon entendit son Archonte ricaner derrière lui. Il se mordit la langue pour empêcher un "ta gueule" de lui échapper. Il n'était pas près d'admettre la vérité, qui n'avait rien de séduisante. Si l'intru apprenait que sa mère était Déchue et qu'il avait grandi à Avalon, sans jamais avoir mis un pied en Enfer, Faust serait rapidement considéré comme un faux Démon. Au contraire, s'il maintenait le bougre dans le faux, au moins le temps de lui montrer de quoi il était capable, alors il pourrait s'en faire un allié. Après tout, Faust n'avait jamais vu ce Démon aux côtés de Jared, son pire ennemi. Il croisa les bras.

-Bon, qu'est-ce que tu veux ? Cette fille est apparue pour aucune raison et maintenant faut que je m'en débarrasse.

-Hé ! Protesta la catin. Assurément, ce gamin dont elle aurait presque pu être la mère avait du culot.

-Donc maintenant, soit tu sors d'ici et tu n'as rien vu, rien entendu ; soit tu nous... enfin, tu m'aides à la sortir d’ici.

Le Démon avait songé à une troisième option : lui refourguer le paquet. L'idée était séduisante, parce que simple. Cependant, il ne pouvait pas faire confiance à l'adolescent, dont il ne connaissait même pas l’identité. Si ce dernier se faisait choper avec une prostituée au bras, il n'y avait aucun doute qu'il l'accuserait. Les pistes remonteraient vers lui, puis l'avertissement remonterait aux oreilles de sa mère, et Faust se ferait humilier sur la place publique, révélant ses origines et rayant sa crédibilité de la carte de sa vie.

-Quoi qu'il en soit, ça reste entre nous.

Il ne lui demandait pas s'il avait compris : c'était un ordre. Peniel eut un nouveau rictus amusé.

802 mots



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