correspondance entre soeurs
Naïs [PNJ]

Et chronologiquement ? :) *fuite* Avant Les Revenantes.

Lemon Demon – Hip Hop Cherry Pop

"Salut Naïs !

C'est moi qui suis de corvées pour t'écrire cette semaine ! Ne t'inquiètes pas : je rigole, tu le sais bien. Ça me fait plaisir de te contacter ! Après tout, ça doit bien faire deux mois que tu es repartie à Basphel. Aimes-tu tellement cette école, pour ne pas être revenue durant les vacances dernières ? Franchement, tu n'as pas intérêt à nous faire faux bon pour celles qui arrivent. Tu viendras fêter les Revenantes avec nous ? Cette année, la soirée a l'air d'être fantastique. Maman m'a envoyé un courrier pour me dire que le village était déjà en pleine préparation. Ce n'est que dans deux semaines pourtant ! Mais bon... pour toi, comme pour moi, je sens que le temps va passer aussi vite qu'un clin d'oeil. LES EXAMENS ARRIVENT ! J'aimerais te dire : "Tous à couvert ! Fuyez pauvres fous !!" mais je ne dois pas faire la politique de l'autruche. Pas cette fois. Papa et maman deviendraient des bêtes enragées s'ils apprenaient que j'avais encore échoué à obtenir des notes convenables. Alors, je me vois contrainte et forcée aux révisions. Un véritable viol de l'esprit, si tu veux mon avis.

Les révisions sont si compliquées ! En plus, j'ai manqué quelques jours de cours à cause d'un "léger" renvoi. J'espère que les parents, ou Aville, ne t'ont rien dit à ce propos. Ils dramatisent toujours et me font passer pour une catastrophe ambulante. S'ils pouvaient me faire porter le bonnet d'âne toute journée, crois-moi, ils le feraient. De plus, ce n'est pas comme si j'avais tué quelqu'un pour me faire renvoyer. J'ai simplement, juste, oublié de prendre en compte que j'avais déjà deux avertissements quand j'ai pénétré dans le vestiaire des garçons pour... observer. D'ailleurs, en parlant d'observations, j'ai pu en rendre compte sur les croquis qui accompagnent ma lettre. Je m'améliore en dessin, tu ne trouves pas ?! On pourrait presque prendre mes coups de crayons pour de vrais pectoraux ! (Bientôt, je pourrais être rémunérée pour quelques dessins de mon cru !)

Et toi ? Les cours que tu suis t'amènent-ils à développer ta passion ? Qu'est ce que c'était déjà ? Ce n'est pas que je ne m'intéresse pas à toi, mais tu as toujours été si douée en tout, que tout semble t'intéresser. Est-ce seulement possible ? Quand nous étions plus petites, j'ai toujours jalousé ton intelligence (alors que tu étais plus jeune), mais maintenant je me questionne : Ton cerveau n'est pas sur le point d'exploser à chaque instant ? Ne regrettes-tu pas que tes compétences t'aient envoyé à Basphel, loin de ta famille ? On raconte que les élèves de ton école sont destinés à changer le monde. Tu t'imagines comme cela toi ? Faut avoir un sacré égo pour se penser ainsi. Mais, ça n'a jamais été ton cas, pas vrai ? Je le saurais si ma petite soeur avait de telles ambitions. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer les élèves (et les professeurs) de Basphel comme des pédants, imbus d'eux-même, trouvant que leurs prouts sentent la rose. (Crois-moi, si tu commences à réfléchir comme cela, tu peux compter sur moi pour te rappeler que tu fais caca comme tout le monde et que ton pot de chambre ne sent pas la fleur.)

Enfin, je suis curieuse : donne moi des nouvelles ! Nous n'échangeons pas beaucoup après tout !
Tu me manques !

Petit prout sur ta fesse droite.
Ta soeur."

Naïs reposait la lettre sur le bureau, où elle était assise. Elle posa ensuite ses coudes sur le bois dur et se prit la tête dans ses mains, en soupirant. Si la lecture avait été "courte", elle avait aussi été épuisante. Après un moment, elle glissa ses mains sur son crâne, poussant sa chevelure argentée en arrière. Elle se redressait, prit un papier vierge, ouvrit son encrier et y plongea la pointe d'une plume. Il fallait mieux répondre tout de suite. Sinon, elle ne le ferait jamais.

"Lulu,

Dire que tu es la grande sœur la plus épuisante de ces terres serait un euphémisme. Honnêtement, les Aetheri devraient se mettre d'accord pour t'offrir une couronne de l’immaturité, ou quelque chose comme cela. Tu es un véritable exploit à toi toute seule. As-tu déjà prévu le jour de ta déchéance ou de ton intronisation chez les sorciers ? Les temps chez eux sont troublés - leur lune ayant plus ou moins explosée - alors, dans l'émoi, ils pourraient bien faire l'erreur de t'accepter parmi leur rang. Ne t'inquiètes pas, tu ne nous manqueras pas mais nous veillerons à t'envoyer quelques clémentines pour que tu ne meurs pas de faim là-bas. Il n'y a pas de bons fruits à Amestris, après tout."

La magicienne aux cheveux argents eut un rictus. Sitôt qu'elle s'en redit compte, elle observa autour d'elle. Sa chambre était vide et ses colocataires n'étaient pas là. Ils auraient été choqués de la voir sourire sans doute. Elle reprit son écriture, relisant ses derniers mots.

"Même les garçons ne sont pas beaux, là bas. Pour te le prouver, je te renvoie au tableau représentant l'ancien Empereur Noir (Elias Salvatore, si tu n'étais pas au courant du changement politique). Si tu aimes les vieux rachitiques : bienvenue chez les Mages Noirs. Que tu serais malheureuse ! Je m'en réjouis !

Tu dois me trouver bien dure avec toi. Es-tu attristée ? Ha HA ! Ce n'est que pure vengeance !!! Engeance du mal, tu as dis que c'était une corvée de m'écrire ! Qui s'y frotte, s'y pique ! Bien entendu, je ne te souhaite pas de devenir une Ténébreuse. De toute façon, je te ramènerai vers la lumière, avec toute la famille, si tu devais céder à l'appel du mal (ou mâle ; cesses de céder à celui de tes hormones, s'il te plait). Ceci dit, sur le fait que tu es épuisante, je n'ai pas menti. A croire que tu as volé l’énergie d'une décennie de Ward pour exister. J'imagine que l'on t'aime pour cela.

Pour ce qui est des vacances prochaines : je viendrai. Tu me l'as demandé avec trop de gentillesse pour que je puisse émettre un quelconque refus. J'ai hâte de revoir notre bel homme : Maurice. Tu sais s'il a grossi depuis ? J'ai dis à maman d'arrêter de lui faire des assiettes pour qu'il mange avec elle, à table, mais, elle doit se sentir seule lorsque nous sommes tous en étude.
Aussi, sais-tu si nous aurions encore un costume assorti, cette année ? Ou attends, laisse-moi deviner : Maman va nous refaire porter les costumes blancs de l'an dernier ?! J'espère me tromper ; j'ai grandi depuis. L'ancienne cape doit m'arriver au dessus des chevilles maintenant. Alors qu'elle me couvrait les pieds l'an dernier.

Ôh, Lucillia, voilà que tu me fais sombrer dans des aspects purement esthétiques alors que, comme tu l'as dit, nous sommes censées réviser. A voir la montagne de devoirs qui m'attend, j'ai envie de m'enfuir par la fenêtre de ma chambre. Mais je ne suis pas une dégonflée, comme toi. Je dois me retrousser les manches. Les cours étaient plus accessibles à Coelya. En vérité, je n'avais même pas besoin de travailler pour avoir d'excellentes notes. Ici, c'est différent. Il me faut étudier et remettre mon nez dans des manuels ennuyants. Parce que oui, être douée en beaucoup de choses, n'implique pas d'être intéressée par ces lesdites choses. Tu te méprends par ce constat. Certes, je suis bien intéressée par certaines matières (littérature, politique, alchimie ou même escrime) mais d'autres sont d'un déplaisir certains. La simple mention du théâtre ou de l'économie me donne de l'urticaire.

Pour ce qui est de ma passion - car, oui, j'en ai une - j'essaie de commencer l'écriture d'un roman. Je n'ai pas encore d'idée précise pour le sujet, ce qui est compliqué, mais j'imagine qu'avec de la persévérance, cela va venir. Peut-être, un jour, quand tu auras véritablement trouvé des talents pour dessiner (non mais tu as déjà vu des pectoraux ainsi ? Ils sont plus gros que la tête de leur propriétaire ! Je te dirais bien de retravailler tes observations mais ne va pas imaginer que je t'encourage dans tes absurdités. Que diable, inscris toi à des cours de dessins !), nous pourrions nous associer. Tu dessinerais la couverture de mon roman. Que dis-je de mes romans.

Et non : Basphel n'est pas l'antre de la pédanterie. Enfin pas vraiment. L'école a pour but de former une certaine élite mais je m'imagine mal participer à celle-ci. Comme beaucoup d'élèves, j'imagine mon futur comme une entité floue et sans forme. Honnêtement, je me contente de faire du mieux que je le peux, de suivre les cours assidument et de valider mes examens. L'avenir viendra pour plus tard. Ceci dit, oui, les bancs de l'école accueillent toutes sortes d'élèves. Parmi eux : des pédants, des orgueilleux et des débauchés. Si tu veux mon avis, certains n'ont rien à faire ici. Et, je ne parle pas forcément des élèves touchés par les Ténèbres. Il y a cependant trop d'élèves qui sèchent et qui n'ont que faire de rater un (ou plusieurs) examen(s). Ils doivent même tricher - ce qui est un véritable manque de respect.
Je m'emballe. Je voulais simplement te dire que Basphel n'est pas une école aussi orgueilleuse que tu l'imagines, mais qu'il y a, comme dans toutes études, des bons et des mauvais élèves. Ces derniers ne sont pas forcément imbus d'eux même et pourraient même te lancer leur crottin sur le museau, juste pour s'amuser. Parce que l'école n'est qu'un jeu pour eux. Révulsant.

Mais cessons de nous attarder sur leur sort et assurons-nous d'être meilleures qu'eux. Pour cela, je te souhaite de bonnes révisions et je retourne aux miennes.

Tu me manques aussi,
Ta soeur.

Ps: Enlève ton prout de ma fesse."

Naïs essuya sa plume. Sur ces mots sages, elle avait fini.