Callidora marchait en silence le long de la plage. Elle ne parvenait pas à croire que l'ère de souffrance dont le monde entier pressentait l'avènement s'achève. Les choses paraissaient être rentrées dans l'ordre d'elles-mêmes et une période d'apaisement prenait place. Au fond de ses entrailles pourtant, elle sentait que quelque chose de terrible allait survenir. Elle savait que ce n'était que le calme avant la tempête. Elle ignorait où était passé Syveth, et à vrai dire, elle s'en moquait éperdument. Ces derniers temps, ils ne s'entendaient plus, enchaînant les disputes. Elle regrettait leur incapacité mutuelle à se comprendre, mais aujourd'hui qu'elle avait découvert que le démon qui avait tué sa sœur avait survécu, elle comptait bien le retrouver et lui faire payer son crime, quoi qu'il lui en coûte. Jusqu'ici, elle n'avait rien de concret et cette idée se transformait en obsession.

Alors qu'elle se perdait une nouvelle fois dans ses pensées, elle entendit des cris qui provenaient de la gauche. Elle tourna la tête sur le côté, se demandant ce qui pouvait bien se passer. Rien pourtant ne bougeait. Elle baissa les yeux vers une étoile de mer qui dormait sur le sable. « Quelque chose ne va pas, ma belle ? » Callidora ignorait pourquoi, mais il lui arrivait de plus en plus fréquemment de parler seule. Elle déposa avec douceur le petit animal au bord de l'eau et resta quelques instants à contempler les vagues, appréciant le calme de l'endroit. Depuis sa rencontre avec Tyros, elle nourrissait en secret l'espoir de réaliser l'avenir rayonnant dont il lui avait parlé. Quant à la sombre prophétie qu'elle avait lu un jour dans les affaires de sa mère, mieux valait ne pas y penser. Elle ne pouvait cependant s'empêcher de se dire que les événements filaient dans cette direction.

Elle n'eut pas le temps de se morfondre davantage sur les terribles aventures qui se dressaient en travers de son Destin. Une femme à moitié dénudée venait de se jeter devant elle, surgissant visiblement de nulle part. L'air déboussolé, elle ne paraissait même pas savoir ce qu'elle faisait là. Callidora recula de quelques pas, sachant que la méfiance était de mise en ces moments de trouble. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » L'inconnue lui avait pratiquement craché au visage, sortant une épée de nulle part. La situation ne lui disait rien qui vaille. « Je passais par là. » La Rehla s'adressa à la nouvelle venue d'une voix sereine, espérant la calmer ou au moins obtenir des explications sur ce qui se passait. « Evidemment. C'est ce qu'ils disent tous, avant de venir nous massacrer ! » La brune ne comprenait absolument pas ce discours incohérent, d'autant que son interlocutrice roulait des yeux tel un cheval enfiévré. Elle pencha la tête sur le côté et leva ses mains devant elle. « Je ne vous veux aucun mal. Je m'appelle Callidora, et je voyage un peu partout sur ces terres. J'ai atterri ici par hasard. Et je ne sais même pas qui vous êtes. » À ces mots, la furie sembla s'apaiser. La lueur meurtrière de son regard s'évanouit alors qu'elle baissait légèrement le bras.

« De toute manière, tu n'as pas l'air bien puissante. Où sont cachés les autres ? » Visiblement, elle avait du mal à accepter que personne ne la menaçait. Elle remarqua soudain sa nudité et se couvrit la poitrine avec son arme. Ses sourcils se froncèrent à mesure qu'elle réalisait que la Rehla n'avait aucune intention malveillante à son égard. « Je suis désolée mais je suis venue seule. » Peut-être n'était-ce pas la réponse la plus appropriée, mais Callidora n'avait pas la moindre de dialoguer davantage avec la blonde. Elle voulait simplement continuer sa promenade en toute tranquilité, sans que des gens à demi nus ne surgissent du vide pour l'agresser. Elle fit mine d'avancer et regretta immédiatement son geste en sentant les prunelles embrasées par la colère de la jeune femme. « Ecoute, je veux seulement passer, il n'y a pas de raison pour que... » Elle ne termina jamais sa phrase. L'inconnue venait de lui porter un coup violent dans le ventre, bloquant sa respiration pour quelques secondes avant de lui en asséner un autre sur la tête. Callidora vit des étoiles danser devant ses yeux et s'effondra sur le sable.

Le murmure des vagues réveillait en douceur Callidora. Alors qu'elle ouvrait les yeux, une douleur aigu lui martela le crâne. Elle porta une main à son front, constatant la formation d'une légère bosse. Elle regarda autour d'elle. La plage était déserte, et seules les traces de pas qui marquaient le sable à intervalles réguliers indiquaient une présence. Nulle trace de celle qui l'avait agressée. Elle se demanda un instant si elle n'avait pas rêvé. Elle se releva avec précaution, époussetant sa robe et secoua ses cheveux d'où s'échappa une pluie de grains de sable. Ses yeux dorés se perdirent un instant sur l'immense océan qui s'étendait devant elle, imaginant les trésors qui s'agitaient sous cette surface bleutée. Aussi fascinée qu'effrayée par les mystères du monde bleu, elle avança jusqu'à la lisière de l'eau et enleva ses sandales. La caresse glacée de l'écume lui fit pousser un cri de surprise. Elle prit le temps de s'habituer à cet étrange contact, laissant ses pensées dériver au loin. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne ressentait pas la moindre inquiétude. La vérité de ses sentiments commençait à lui apparaître avec toute la langueur d'un amant qui s'abandonne. Elle n'avait qu'à tendre la main pour accepter le Destin qui lui avait été réservé mais n'y parvenait pas encore. Il lui fallait du temps.

Elle sentit une présence derrière elle et se retourna brusquement. Une autre inconnue aux cheveux  couleur de soleil lui faisait face, portant une robe en lambeaux. Callidora ne savait que penser de cette nouvelle apparition et ramassa ses sandales. « Qui êtes-vous ? » Cette fois, elle préférait parler en premier, espérant éviter une attaque sournoise. Elle se demanda une seconde ce qu'était devenue la femme qui l'avait assommée et attendit une réponse quelques minutes. Comme la jeune femme se taisait toujours, elle recommença à marcher, laissant le sable glisser entre ses orteils. « Attendez. Je m'appelle Délia et je cherche ma sœur. Depuis que des monstres ont attaqué notre maison, elle a disparu et elle attaque quiconque lui adresse la parole. Je suis peut-être imprudente mais vous avez l'air bienveillante. » Elle ponctua sa déclaration d'un sourire timide. La Rehla se tourna à nouveau et examina son interlocutrice. D'allure enfantine, celle-ci semblait dépourvue de toute force et de toute intention malveillante. Quelque chose d'attendrissant éclairait son visage, éveillant un instinct maternel chez Callidora. « Que puis-je faire pour toi ? » Elle accompagna sa question d'un sourire qui se voulait rassurant. Peut-être ressentait-elle le besoin d'aider ceux qui le demandaient pour compenser certains de ses actes dont elle n'était pas fière. Un moyen comme un autre de se mentir à elle-même, discipline qu'elle maîtrisait de moins en moins.

La petite blonde ne lui répondit pas immédiatement et se mit en route vers les palmiers qui bordaient la plage. Callidora la suivit sans la moindre hésitation. Elles arrivèrent en vue d'une maisonnette en bois à moitié détruite. « Nous vivons ici depuis notre enfance. Il y a quelques jours, une bande de créatures nous a attaqué. Ils ont emporté le corps de notre troisième sœur, et Déline est devenue folle. Aidez-moi à la retrouver, je vous en supplie. Je n'ai plus qu'elle. » La Rehla poussa un soupir de lassitude, fatiguée de la souffrance qui régnait sur le monde. Les habitants de ces terres auraient-ils un jour droit au bonheur ? Son regard se voila de tristesse l'espace d'un instant avant qu'elle  reprenne ses esprits. « Bien sûr. Je vais d'abord t'aider pour remettre en état votre maison. » Un éclair de joie passa dans les yeux de son interlocutrice. Elle ne savait pas vraiment comment s'y prendre, à dire vrai, mais une chose était sûre : elle devait lui venir en aide. Aussi commença-t-elle par dégager les morceaux de bois inutilisables qui s'étaient effondrés et par déposer précautionneusement ce qui avait survécu à la destruction aux pieds de sa camarade. Celle-ci n'osait esquisser le moindre geste. Peut-être était-elle fascinée par la magie qu'elle employait, l'art de la télékinésie étant l'un des plus complexes. Une fois sa tâche accomplie, Callidora parcourut du regard la forêt de palmiers. Elle voyait difficilement comment utiliser le bois des arbres, d'autant qu'elle ne possédait pas la moindre force. Il allait sérieusement falloir qu'elle songe à régler ce problème dans les plus brefs délais.

Elle se retourna vers la jeune femme qui restait muette de stupeur. La Rehla lui adressa un sourire réconfortant. Le semblant d'histoire qu'elle lui avait raconté l'avait touché au-delà des mots, et elle savait que ceux-ci étaient inutiles dans une telle situation. En temps de crise, les actes comptaient bien davantage que de belles paroles. Callidora s'appuya contre un tronc, prenant quelques instants pour examiner le problème. Elle devait encore fixer le bois réutilisable sur le toit et les côtés de la cabane et n'avait plus qu'à espérer que l'ensemble tienne bon. Il faudrait également remplacer la porte totalement irrécupérable. « Essaie de trouver du bois pour la porte. Je me charge du reste. » Elle avait parlé d'un ton impérieux. Prétendre être certaine de ce qu'il fallait faire représentait encore le meilleur moyen de les rassurer toutes les deux. Elle s'empara d'une planche alors que la blonde s'éloignait d'un pas vif et la posa contre une brèche béante. Elle jeta un œil vers son sac, sachant que  ce dont elle avait besoin s'y trouvait. Décidément, cet après-midi n'avait rien d'habituel.

Le soleil illuminait le sous-bois. Déline ne revenait toujours pas et la brune commençait à s'inquiéter. Elle venait de terminer son travail. Les planches noircies avaient disparues, réduites en cendre par la magie de Callidora. Prenant garde à ne pas embraser ce qui restait de la maison, elle était parvenue sans savoir comment à diriger le feu vers l'entassement de morceaux de bois à détruire. Pour ne pas perdre du temps, elle avait également rassemblé des feuilles de palmier pour recouvrir le toit. Il suffisait de peu de choses pour vivre, en fin de compte. Elle avait fini par sortir quelques pommes de son sac, se disant que la blondinette n'avait sûrement pas mangé depuis un moment, comme semblait le confirmer son allure frêle. Seule, elle ne survivrait pas longtemps. C'était une évidence cruelle, et la principale raison pour laquelle elle ne pouvait passer son chemin sans lui apporter un minimum d'aide. Quant à retrouver Délia… S'il s'agissait de la furie qui l'avait attaquée sur la plage, elle doutait de pouvoir la ramener à la raison.

Elle se sentait prise d'une certaine langueur et décida de s'allonger dans le sable. Cela faisait tellement de jours qu'elle courrait après son Destin sans prendre le temps de se reposer qu'elle allait finir par s'effondrer. Qu'importe la direction qu'elle prenait, l'essentiel restait qu'elle trouve un sens à ses actes. Peut-être était-ce à cause de son comportement incohérent que Syveth s'éloignait d'elle. Elle regrettait qu'ils ne parviennent plus à se comprendre, mais lui n'entendait pas le monde de la même manière. Son esprit se refroidissait sous le poids de la logique alors qu'elle s'en affranchissait.   Le gouffre qui les séparait s'effacerait un jour, à moins qu'il persiste dans ses sentiments. Le véritable problème venait de là. Quoi qu'elle fasse pour ne pas y penser, elle avait compris depuis longtemps que l'amour avait fini par percer le coeur du Tiregan et elle ne savait plus comment agir avec lui, d'autant qu'elle ne partageait pas cet élan d'absolu. Dire qu'elle ne tenait pas à lui relevait du mensonge, mais ce qu'il ressentait pour elle, elle le vivait pour un autre.

Le craquement d'une branche la tira de ses pensées. Elle se redressa avec vigueur, trop lente cependant pour empêcher que le bâton ne la frappe en plein visage. Le goût du sang envahit sa bouche alors qu'une vive douleur embrasait sa peau. Levant les yeux vers son attaquant, elle fut surprise de croiser le regard de Déline. « Mais qu'est-ce qui te prend ? » Elle n'eut pas le temps d'attendre la réponse et roula sur le côté pour éviter un nouveau coup. L'assaillante pencha la tête sur le côté avant d'éclater de rire. « Le sang te va au teint. Il faudrait t'en couvrir le corps. » Callidora écarquilla les yeux, surprise d'un tel changement. Elle reconnaissait dans les traits délicats de la blonde la même folie furieuse qui avait déformé ceux de sa précédente adversaire. Cet endroit transformait-il les jeunes innocentes en monstres affamés de mort ? À moins qu'une magie particulièrement puissante n'opère dans les environs, elle doutait que ce soit réellement possible. Et si c'était le cas, elle n'y aurait pas échappé. Quelque chose clochait. « Qu'est-ce que tu veux ? » La Rehla peinait à croire que cette métamorphose soit le fruit du hasard, et pourtant aucune des hypothèses qui lui venaient à l'esprit ne convenaient à la situation.

Elle ne désirait pas passer à l'attaque. Déstabiliser la créature qui se trouvait en face d'elle, voilà ce qui lui restait à faire. Si elle y parvenait, elle pourrait avec un peu de chance la ramener à la raison et si elle échouait, elle finirait probablement six pieds sous le sable. « Tu as trouvé Délia ? J'ai aperçu une silhouette dans cette direction. » Callidora accompagna sa remarque d'un geste qui indiquait le côté droit de la plage. La blonde ne se laissa évidemment pas berner par un stratagème aussi simple mais la brune eut le temps de faire quelques pas en arrière. Elle était dans de sales draps, autant instaurer une distance de sécurité qui la mettrait à l'abri quelques instants. « Lâche, tu oses reculer ! Je te pensais plus amusante. Tant pis, je te dévorerais les yeux. » Sur ces mots, Déline se précipita vers elle. Callidora bondit sur la gauche pour éviter l'attaque. L'important demeurait de gagner du temps jusqu'à ce qu'elle trouve comment se débarrasser de la jeune femme puisque celle-ci semblait déterminer à lui arracher le coeur. La peur faisait rugir son sang et un léger tremblement agita sa lèvre inférieure. Quoi qu'il en soit, l'affrontement s'annonçait sanglant. Elle jouait sa vie.

Son assaillante faisait preuve d'une efficacité et d'une ingéniosité redoutables. Si elle n'avait eu l'habitude de se battre, Callidora aurait succombé en quelques instants. Heureusement pour elle, les événements des derniers mois avaient constitué un entraînement suffisant pour qu'elle ait une chance de s'en tirer. Restait à savoir s'il s'agissait réellement d'une bénédiction. Quoi qu'il en soit, elle n'avait pas le temps de réfléchir outre mesure à la situation. Elle devait sauver sa peau en gaspillant le moins d'énergie possible. Contrairement à ce qu'elle avait cru, le rivage demeurait un lieu dangereux et elle en avait la preuve en face d'elle. La blonde s'impatientait à vue d'oeil. Les assauts que la Rehla s'obstinaient à éviter se faisaient de plus en plus rare, comme si elle attendait que quelque chose se produise. Mais il était inenvisageable que la brune passe à l'attaque à son tour. Elle espérait encore naïvement une trêve. « Je t'en prie, calme-toi et discutons de tout cela. C'est beaucoup plus raisonnable. » Sa déclaration se solda à nouveau par un éclat de rire méprisant. Savait-elle réellement communiquer d'une autre manière ?

Un sifflement moqueur s'éleva dans les airs. « Tu te défends bien, mais je commence à être lassée. Il n'y a plus qu'une chose à faire. » Sous les yeux médusés de Callidora, la blonde se métamorphosa avec une rapidité hors du commun. Celle qui avait été Déline possédait désormais de larges pattes d'un vert olive à la place des jambes et ses mains se terminaient par d'immenses griffes dont le tranchant ne faisait aucun doute. D'une allure imposante, son corps se couvrait d'écailles verdâtres sur le côté gauche. La chevelure blonde se parsemait de mèches sombres. D'étranges marques ensanglantées couvraient son visage au niveau des joues. Quant au front, il était barré par un œil immonde où l'iris disparaissait, injecté de sang. La brune n'avait jamais assisté à une transformation aussi effrayante et répugnait même à l'idée de regarder son adversaire qu'elle ne quittait pourtant pas du regard. Une seconde d'inattention la conduirait à sa perte, d'autant que le monstre irradiait une puissance malsaine. « Navrée pour toi si tu n'es pas à la hauteur du combat. » Sans ajouter un seul mot, la créature se jeta sur elle avec un rugissement bestial.

Callidora fit immédiatement apparaître son fouet et cingla l'air devant elle. Rien ne sembla se passer. L'attaquante approchait d'elle à toute vitesse, trop rapidement pour que le sortilège puisse faire effet. La hache démesurée s'abattit sur l'épaule de la Rehla qui venait de plonger sur le côté par réflexe, réflexe qui lui sauva la vie. Haletante, elle se releva sans hésiter, juste à temps pour éviter un autre coup. La douleur explosa dans son corps alors que l'adrénaline retombait et elle retint un cri avant de se placer face au monstre. Elle ne savait pas si elle possédait assez de puissance pour en venir à bout, pourtant un étrange élan de courage _ ou d'inconscience, allez savoir _, la poussait à lutter de toutes ses forces. Toute peur avait disparu de l'esprit de la jeune femme. Elle n'avait rien d'une guerrière, mais l'instinct prenait le dessus sur ses autres sens. « Laisse-toi faire, ce sera moins douloureux. » La créature, d'une arrogance incroyable, ne pensait pas un seul instant que Callidora puisse s'en sortir alors qu'un plan voyait le jour dans son esprit. Sous-estimer un adversaire, fût-il aussi pacifique qu'un Rehla, ne menait jamais à rien de bon et elle allait s'en mordre les doigts.

Alors que la créature à l'apparence infernale courrait dans sa direction, la brune sentit que sa magie était prête. Elle la laissa approcher sans que rien d'autre que l'effroi ne transparaisse sur ses traits. Quelques secondes et tout serait terminé. Le monstre doté d'une force inouïe leva son arme en l'air pour l'abattre sur elle. À la place de la Rehla cependant, il se heurta à un gigantesque mur de feu qui l'arrêta net. Un ou deux millimètres de plus et les flammes auraient léché sa peau. « Bien joué gamine, mais il faudra... » Callidora venait de plonger sous le corps de la créature, passant à travers le feu sans la moindre hésitation. D'un mouvement fluide, sa dague s'enfonça dans la chair et elle trancha le ventre du monstre d'un coup sec, les entrailles surgissant sur son chemin. Lorsqu'elle arriva à la fin de l'abdomen, elle bondit avec agilité pour éviter qu'il ne s'affaisse sur elle. La queue serpentine fouetta l'air furieusement et heurta la brune qu'elle projeta quelques mètres plus loin avec violence. Un ignoble gargouillis résonna tandis que l'assaillante tentait de parler. Elle s'effondra dans un répugnant bruit de succion. La jeune femme se retourna, posant une main sur son épaulée blessée. « Je n'ai jamais été une gamine. » Callidora s'éloigna de son œuvre d'un pas nonchalant, ses empreintes marquant délicatement le sable. La mer emportait déjà le cadavre.