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 [Event Juin & Juillet 2022] - Les livres reflètent la beauté du ciel

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Mitsu
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Mitsu
Dim 05 Juin 2022, 19:12

Les livres reflètent la beauté du ciel


Image par Chris Chen


Alaster déambulait, accompagné de Jun, dans les ruelles d’Avalon. « Et c’est toi qui as fait ça ? » L’autre sourit, à présent particulièrement amusé. Au début, lorsqu’il s’était aperçu de ce qu’il avait fait, un vague sentiment de malaise l’avait pris ; un sentiment un peu trop Mortel mais il avait l’habitude. Néanmoins, au lieu d’effacer la mémoire de tous ceux qui avaient commencé à entourer les bâtiments avec curiosité, il avait décidé qu’il ne toucherait à rien. Il aimait bien sa création. Il n’y avait jamais assez de livres pour nourrir la pensée et éveiller l’esprit critique. Cela évitait des écueils. Certains êtres avaient suffisamment tendance à aimer se faire dicter leurs croyances et leurs actions pour qu’il fût pour effacer cette bibliothèque géante. « Oui. » souffla-t-il, comme un enfant heureux de ses bêtises. Le Déchu sourit. « Tu sais que c’est devenu un vrai sujet ici ? Le gouvernement va sans doute engager des personnes pour tenir la bibliothèque et permettra un système de prêt. Des Avares, des Gourmands et des Envieux ont déjà piqué quelques livres. » L’Æther rit. « Ça ne m’étonne pas. Cependant, les livres se repositionneront correctement après quelques semaines normalement. » « Donc ça ne sert à rien d’engager des bibliothécaires… » « Vous pouvez, au moins pour faire une liste de ce qu’il y a ici. » Alaster fixa les immeubles. Il y avait des milliers et des milliers d’étagères, contenant des milliers et des milliers de livres. L’idée même de compter et de répertorier les objets le fatiguait. Jun le regarda. « Tu n’as jamais beaucoup lu. Ce serait le moment de t’y mettre, non ? » Il avait raison. Le Paresseux avait dû prendre différentes potions pour réussir la scolarité de base et il n’avait plus alimenté son esprit depuis, autrement que part sa propre imagination et ses rêveries quotidiennes. Il ne connaissait donc rien au monde, si ce n’était ce que son expérience lui avait appris ou ce que Jun lui avait un jour conté. « Tu penses ? » Il n’était pas certain de vouloir se laisser entraîner sur ce chemin-là. Il était vieux et, de ce fait, même s’il n’était pas cultivé, il n’était pas né de la dernière pluie. Il envisageait sans problème que la connaissance pût apporter son lot de malheurs. Savoir pouvait apporter le pouvoir mais ce dernier n’était pas toujours positif. Aussi, le savoir signifiait également la certitude de ne pas savoir. À chaque fois qu’une nouvelle connaissance était acquise, elle apportait avec elle des dizaines de questions qui, elles-mêmes, en apportaient des dizaines d’autres. Il craignait de déprimer à trop savoir. Néanmoins, s’il restait éloigné des actualités récentes, peut-être trouverait-il quelques utilités à la lecture des manuscrits d’autrefois ou des pensées de tel ou tel philosophe ? « Oui. Je vais te fabriquer des lunettes. » « … Je n’ai pas besoin de lunettes. » « Vous serez plus séduisant avec des lunettes. » La voix s’était invitée dans leur conversation. Elle provenait d’une jeune femme qui portait cinq ou six livres. Elle rit et ne s’excusa pas d’avoir suivi assidument le fil de leur discussion. Après tout, l’espace public était… public. « Et vous aussi d’ailleurs. Les lunettes, ça change un homme. » Les yeux de Jun s’éclairèrent d’une lueur amusée. « Oh non, je vous assure qu’avec des lunettes… » Il s’arrêta. « Quoi que… je paraîtrais plus innocent comme ça. » « T’aurais l’air d’un vieux pervers oui. » La jeune femme rigola tout en l’observant. « C’est vrai que… » « Bon mais ça suffit vous deux. Nous parlions des livres, pas de mon capital séduction avec des lunettes. » ronchonna-t-il, faussement. Il regarda les titres qu’avait choisis la jeune femme. « Oh, celui-ci, c’est moi qui l’ai écrit. » dit-il, en désignant l'ouvrage concerné. Elle rit. « Je connais bien la tête de l’auteur et je vous assure que ce n’est pas vous. » « Changement d’apparence. » « C’est ça oui. Je sais qui vous êtes, vous savez. Ça m’étonnerait beaucoup que vous ayez écrit un essai sur la représentation des émotions par la couleur dans les œuvres d’art. » Il fit la moue. « Et que croyez-vous que j’aurais pu écrire ? » Elle réfléchit. « De l’art et la manière de brûler les champs d’or ? » Le sujet était d’actualité, sous une autre forme. Ils en avaient beaucoup discuté précédemment, avec le Paresseux. « Ou… De l’art et la manière de se faire passer pour un Sorcier chez les Sorciers et pour un Magicien chez les Magiciens ? » « Vous êtes bien impertinente mais j'aime assez. Je devrais vous épouser. » suggéra-t-il, un petit sourire aux lèvres. « Je suis vénale vous savez. Si vous me payez suffisamment, je serais tentée d’accepter. » « … »

Juste avant le coucher du soleil, ils montèrent tous les trois sur une colline, avec de quoi pique-niquer. « Tu es bien énigmatique depuis tout à l’heure. » dit Alaster. « Pourquoi ici ? » « Hum… déjà, il y a des orchidées sauvages. Ensuite on voit la ville qui s’étend et le ciel au-dessus. Les couleurs sont magnifiques lorsque le soleil commence sa descente. » Lyam s’assit entre eux et regarda Jun. « Je vais finir par croire que vous avez vraiment écrit ce livre. » « Je ne mens jamais, sauf quand ça m’arrange. » Elle le fixa, comme on fixe quelqu’un qui exagère mais à qui l'on ne réussit pas à en vouloir. Il y eut un silence et elle le rompit, en parlant enfin d’elle. « J’étudie l’art, c’est pour ça que je l’ai pris. » « Vous êtes étudiante à temps plein ? » « Non mais j’aime m’instruire sur différents sujets. En ce moment, j’apprends à peindre. » Elle sourit. « J’ai beau avoir l’éternité devant moi, je trouve toujours de nouvelles manières de m’occuper. » Alaster la regarda. Il n’avait jamais vraiment ressenti le besoin de faire autre chose que ce qu’il faisait tous les jours. Néanmoins, peut-être que les choses étaient en train de changer. Il ressentait un besoin en lui, un besoin que Lyam devait éprouver depuis longtemps. « Dans l’une de mes habitations, j’ai une galerie de tableaux que j’ai peints. Je vous inviterai. En attendant, le cours de coloration va bientôt débuter. » Il sourit et se laissa tomber dans l’herbe. Il y eut d’abord une trainée dorée, suivie d’une autre. Puis, en quelques minutes à peine les cieux se gorgèrent de bleu, d’orange, de rose, d’énormes trainées colorées qui, contre toute attente, ne s’arrêtèrent plus.

1054 mots

Explications


Bonjour ♪

On continue tranquillement avec les manifestations du changement d'Ère. L'Ère des Prophètes a débuté avec une configuration du ciel différente => je vous renvoie à >> ce sujet d'explications <<

Les étoiles se sont totalement déplacées et ça a perturbé beaucoup d'individus. Cela dit, avec cet événement, ça va beaucoup plus loin puisque le ciel semble en permanence parcouru d'étoiles filantes et de météorites aux couleurs diverses et variées et qui se perçoivent également en journée. Autant dire que si c'est très beau, c'est aussi un peu inquiétant, d'autant que personne ne semble en mesure de savoir ce qui a provoqué ça, si c'est un peuple ou non, si c'est un Dieu ou non et, surtout, pourquoi ? Toutes les hypothèses circulent et différents comportements sont adoptés (certains prient, certains ont peur, certains aiment bien, certains font la fête, certains font "Ouais bon... ça va bien finir par se calmer, t'façon je ne peux rien faire alors autant manger des bananes"). Donc voilà ! Je vous laisse prendre acte et faire réagir votre personnage en fonction ^^

En sachant que je reposterai dans ce sujet à la fin puisque des météorites vont effectivement tomber et que certains lieux vont faire BOUM ! BWAHAHAHAHAHA ! Ceci dit, je vais tenter de reposter à la fin de chaque événement pour faire une conclusion et ouvrir des pistes pour vous ensuite en fonction de mon temps et de la pertinence de le faire ^^

Pour les Déchus ou les personnages qui se trouveraient à Avalon, vous pouvez réagir à ce rp. Le dernier paragraphe explique la chose. Jun, sans faire attention, a créé toute une partie "cité bibliothèque" à Avalon. Il y a donc des immeubles de livres hydrophobes partout. Alors, certes, c'est moins extraordinaire que l'état du ciel, mais c'est intéressant aussi (surtout pour ceux qui aiment les livres 8D).

Chronologie : Ce rp se passe après la guerre entre les Réprouvés et les Sorciers (les Réprouvés se sont fait défoncer) et le phénomène dans le ciel commence peu de temps avant la tenue du Conseil des Chefs (je le dis surtout pour les concernés : oui votre personnage a vu le bordel du ciel - sauf s'il était enfermé dans des égouts /sbaf).

Vous pouvez poster dans ce rp jusqu'au 06 août 2022 23h59

Gains


Pour un message unique de 900 mots minimum :
- 1 point de spécialité

Si vous avez des questions, n'hésitez pas ^^

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Invité

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Mer 08 Juin 2022, 01:18


Image par ... Koulou ...

La nuit où le ciel changea

Event Juin & Juillet 2022

Je passai ma journée aux champs, les pieds dans l’eau brune d’une rizière, le dos courbé des heures durant, les manches retroussées, penché sur mon labeur à repiquer des jeunes pousses de riz d’un vert tendre dans la vase noire, bien en ligne, bien en rythme, progressant à reculons sous l’oeil scrutateur des cols verts qui nous épiaient depuis les parcelles voisines. Comme toujours quand je me rappelle des Ætheri, je leur dédiai l’activité, cherchant à parfaire chacun de mes gestes, tâchant de chorégraphier mes mouvements en rythme et en harmonie avec ceux des autres, en guise d’hommage. C’est là ma principale façon de prier. Quand j’en avais marre de l’exercice je prétextais une douleur dans les reins – ce qui n’est pas censé arriver quand on maîtrise suffisamment l’art de planter du riz avec grâce, mais ma jeunesse me permet encore de le faire croire – je déclarais avoir besoin d’une pause pour mon dos, profitant de celle-ci pour offrir un interlude musical à mes compagnons de labeur toujours affairés. Allant ramasser mon Pipa sur la berge je m’y installais à mon tour, et leur jouais des airs entraînants, jusqu’à ce que la douleur fictive de mon dos soit sensée être passée. J’allais alors reprendre ma place dans les rangs, et retrouver la cadence parmi eux jusqu’à la prochaine lassitude. C’est là la façon que j’ai trouvée pour me rendre cette corvée moins fastidieuse: l'entrecouper de pauses musicales. Bien que la dédier aux Ætheri aide aussi à la rendre plus agréable.

La journée fut longue et le dîner me parut particulièrement mérité. J’engloutis mon riz aux champignons noirs avec appétit, sans me contrarier de la simplicité du plat. Affamé, harassé, je dévorai. Je ne m’arrêtai que quand je ne pus plus rien avaler. Puis, emportant une flasque d’alcool de riz avec moi, je sortis au jardin, assister comme presque tous les soirs au coucher du soleil. Spectacle merveilleux s’il en est à qui sait le contempler avec le coeur... tableau vivant, à jamais unique, à jamais perdu, et pourtant éternel… J’ai toujours aimé les couchers de soleil. Je les préfère aux levers, moins flamboyants, moins nostalgiques. Peu à peu le ciel s’assombrit, jusqu’à n’être plus illuminé que par les seules étoiles et la Lune… Je n’ai pas encore beaucoup étudié l’astrologie, ni l’astronomie, bien que j’ai sur ma liste au moins une astronome et une astrologue fameuses. Pour autant je connais quand même quelques unes des constellations majeures. Du moins je les reconnais quand je contemple un ciel nocturne. Je sais même à peu près toujours où trouver celles que j’affectionne le plus dans le ciel en fonction des saisons. Car elles bougent tout au long de l’année bien sûr. C’est là que je n’ai rien compris à ce qui m’arrivait. J’ai commencé par réaliser que je reconnaissais pas le coin de ciel que je regardais. Je m’aperçus rapidement que je ne reconnaissais pas d’avantage les autres coins de ciel autour de celui-ci – Allons bon !? Je ne suis pas un crac en étoiles enfin quand même ! - Et... Et finalement je vis que je ne reconnaissais PLUS ACUNE partie du ciel. Je n’en crus pas mes yeux ! Je regardai la flasque d’alcool de riz dont j’avais bu quelques gorgées - pas assez pour en sentir déjà l’ivresse - incrédule et suspicieux... puis à nouveau le ciel, et les minutes passant, je fus forcé de me rendre à l’évidence : le ciel avait changé ! Nom des Dieux !!! Etait-ce seulement possible ??? Je me relevai assis, d’un bond, le coeur battant, ouvrant des yeux ronds, partagé entre l’inquiétude et la sidération.

Quelques instants plus tard j’étais debout, le nez en l’air à nouveau, à me filer le tournis à force de me tordre la nuque pour confirmer l’étrange et incroyable constat : les étoiles, nos étoiles ! De toujours, avaient changé de disposition ! Ou avaient-elles carrément été remplacées par d’autres ? disposées autrement ? Mais Quand ? Pourquoi ? Comment était-ce possible ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Augurait ? Était-ce bientôt la fin du Monde ??? J’avoue que cette idée m’a traversé l’esprit. En plus, comme pour ajouter à l’angoisse du moment, il y avait aussi de nombreuses étoiles filantes, glissant de-ci de-là sur la voûte céleste, étirant leur trainées lumineuses, comme on en voit rarement. Je jetai un rapide coup d’œil autour de moi, pour voir si j’étais le seul à l’avoir remarqué et à m’en inquiéter. Sait-on jamais ? j’étais peut-être juste sujet à une hallucination ? J’aurais préféré ça ! Je fus de ce fait déçu et rassuré en même temps d’apercevoir un tas d’autres gens le nez en l’air comme moi, tirant des figures de six pieds de long, faisant des commentaires inquiets eux aussi, ou tentant de se rassurer les uns les autres. Je ne rêvais donc pas. Le ciel était bel et bien changé. J’échangeai quelque banalités prévisibles avec eux. Puis, revenant à mes réflexions, j’essayai un instant de mesurer les conséquences concrètes qu'entrainerait ce changement. Mais je réalisai bien vite que je n’en savais fichtrement rien ! Mis à part pour les astrologues, dont la science serait invalidée et totalement à revoir, qui allaient se retrouver sans emploi pour longtemps, je ne voyais pas ce que ce chamboulement stellaire allait concrètement impacter d’autre dans nos vies. Ce qui eut pour effet immédiat de pas mal me rassurer : L’événement était en effet des plus spectaculaires, mais ses conséquences seraient finalement sans doute très limitées, voire nulles… à part pour les seuls astrologues. Car même les astronomes s’en accommoderaient. On allait avoir grand besoin d’eux au contraire, pour refaire au plus vite des cartes du ciel, recenser les nouvelles étoiles, leur trouver un nom, nommer les nouvelles constellations, et décrire leur course sur la voûte céleste tout au long de l’année. Je n’osais pas imaginer ce qu’allaient vivre dans les prochains mois toutes celles et ceux dont l’activité dépendait des étoiles. Pour elles ça allait être un enfer. Pour moi, pour les autres, ça irait, à condition de ne pas se mettre à trop ruminer sur le sujet.

Refroidi au bout d’un moment par la fraîcheur nocturne, je rentrai me mettre au chaud, bientôt rejoint par d’autres, lassées comme moi de regarder le ciel en désordre. On sortit alors les liqueurs des placards et fit du thé pour se réconforter. Et nous passâmes le reste de la nuit à partager notre étonnement, nous confier nos doutes, nos peurs, et nous perdre en hypothèses et en conjectures plus hasardeuses les unes que les autres sur le pourquoi du comment de la chose et ses éventuelles conséquences. On entendit tout et son contraire dans ces échanges animés, jusqu’à ce qu’aux alentours du petit matin, fatiguée mais finalement un peu rassurée, toute la maisonnée consente à aller se coucher. Même les enfants avaient veillé, leurs parents étant souvent trop occupés à discuter du phénomène pour les remettre au lit. Je ne suis pas prêt d’oublier cette nuit-là ! La nuit ou le ciel changea. Le jour levé, tout le monde ne parlait encore que de ça. Et toute la journée qui suivit le village fut en effervescence.

- 1197 mots -
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Lun 04 Juil 2022, 01:30



Eh! J’ai une super nouvelle à t’annoncer. Quand tu auras terminé ta journée, est-ce que tu pourrais… Non, attend, j’ai mieux : je t’invite à la maison cet après-midi. Et sache que je ne prends pas de « non » comme réponse. On se voit tout à l’heure! Cela faisait maintenant plus de trois heures que je lui avais transmis ce message par télépathie, la Guide ayant longuement fait grincer son incompréhension au sein de nos esprits. La gentillesse aurait voulu que je lui offre une réponse sur un plateau d’argent, mais je parvins à nourrir l’audace et le mystère malgré sa visible frustration. Cela étant dit, avec peine et misère, j’étais tout de même parvenu à la convaincre d’attendre que nous soyons face à face avant de lui révéler ma découverte, nos regards se braquant finalement l’un dans l’autre à l’instant où elle apparut à la porte de la terrasse.

« Hey! C’est Dærion qui t’as ouvert? Le jeune homme l’avait certainement accueilli à l’entrée, puis lui avait dit où me trouver. Viens, assis-toi, renchéris-je en lui faisant signe de me rejoindre sur les escaliers qui descendaient vers la cour. Les enfants sont partis patiner, alors j’en ai profité pour prendre un peu d’air aussi. Et comme pour me donner raison, des éclats de voix retentirent non loin, enfiévrés. Je m’excuse d’avance pour le tapage, mais Maydon et Chia sont de visite, alors c’est plutôt animé. »

Il était d’ailleurs possible d’apercevoir leur silhouette aller et venir sur la glace de la patinoire, les deux adolescents aidant la pauvre Chia à se déplacer sur ses patins, elle qui avait rassemblé tout son courage pour sa première expérience sur glace.

« Alors, pourquoi l’invitation hasardeuse? Latone n’attendait pas, la curiosité lui dévorant les entrailles, mais ça, c’était avant que son regard ne s’illumine d’une prétention insolente, comme si une révélation venait d’apparaître sous ses yeux. À moins que tu veuilles prendre ta revanche, maintenant que nous avons de nouveaux goûteurs parmi nous. »

Je sus immédiatement à quoi elle faisait référence, la moquerie de son sourire me faisant rouler des yeux.

« T’as triché, je vois pas d’autres explications.

- C’est la mentalité des perdants, rétorqua-t-elle alors que mes doigts vinrent pincer l’arête de mon nez.

- J’ai absolument rien senti de spécial dans ton chocolat chaud. Et seule Kimahri savait à quel point j’avais pu renifler la boisson qu’elle avait préparé au cours de la soirée en question. Y’avait exactement les mêmes ingrédients que j’ai mis dans mes boissons.

- Tu vois? D’où tu crois que j’ai triché alors?

- Si c’est pas le cas, comment t’as pu me battre?

- Le talent, Miles. Tu l’admettras bien un jour. »

Épuisé par cet échange, je me laissais tomber vers l’arrière, ma tête reposant contre l’une des marches des escaliers alors qu’à mes oreilles, le rire victorieux de Latone tonnait. J’allais lui faire ravaler ses mots, à cette arrogante.

« Breeeef! Je me redressais, secouant légèrement mes cheveux afin de retirer la neige qui s’était collée à eux. Même si ça me ferait très plaisir de te remettre à ta place…

- Tu peux toujours essayer.

- Ce. N’est. Pas. Pour. Ça. Que. Je. T’ai. Invité! Je prenais le temps de séparer chacun des mots de ma phrase tout en lui faisant les gros yeux, l’hilarité secouant la gorge de la Bleue. Que les Ætheri me donnent la force… Priais-je en prenant une profonde inspiration. Écoute, tu te souviens de ce projet de cabane à sucre? Aaaah! J’avais enfin son attention, dis donc! J’me suis pas mal renseigné afin de savoir par où nous pourrions commencer, et j’ai trouvé un contact qui serait intéressé à nous aider. »

En détails, je lui partageais alors la conversation que j’avais eu auprès de l’une des barmans de mon bar préféré, aux Cent Hurlements. À la mort de ses parents, l’aîné de la famille, un certain Tengri Möngke, aurait hérité du domaine familial et de ses terrains adjacents.

« Elle m’a fait visité le domaine et la maison est entourée d’une immense forêt dans laquelle pousse une variété super résistante d’érables à sucre. Bon, la famille de Vanya n’a jamais tenté d’exploiter son érablière et du coup, on ne sait pas à quel point elle peut être rentable, mais c’est un début, pas vrai? En penchant ma tête sur le côté, je poursuivis : On ne s’est rien promis, mais elle m’a dit qu’elle en discutera auprès de son frère à sa prochaine visite à Ciel-Ouvert. Portant une œillade sur les épaules de mon interlocutrice, je lui décochais alors un rictus, pas peu fier : Alors? »

L’Éclat se mit à briller, un sourire traçant son chemin jusqu’à ses lèvres, mais ce n’est qu’après un certain temps qu’une voix résonna fortement jusqu’à nos oreilles.

« Latone! Freinant avant de s’appuyer sur la petite clôture en bois qui encadrait la patinoire, Toto balaya l’air de sa main afin de saluer la Kirzor qu’elle venait d’apercevoir au loin. Comment ça va? »

Maydon s’arrêta à ses côtés et Chia, plus maladroite sur ses lames, les suivit dans une glisse gauche et malhabile. Les amis d’enfance de ma fille savaient que notre famille était plutôt proche de la célèbre Hurabis, mais la voir en chair et en os, au pied de notre terrasse, était une image à laquelle ils ne s’étaient pas attendus.

« Avec Maydon, on est en train d’apprendre à Chia comment patiner! Allègre, la Köerta adressa un large sourire à l’Hurabis. Est-ce que tu sais patiner, toi? »

La réponse nous parut bien évidente à la réaction de Latone, ce constat m’incitant à tourner mon regard dans sa direction.

« Tu devrais essayer. »

Cette fois, ce sont ses yeux qui s’étaient écarquillés.

« Mais oui! On peut t’apprendre! S’égaya Toesia Eses. Tu vois comment Chia s’est améliorée après seulement une heure de pratique? »

La concernée s’agrippait fermement à la clôture, un sourire plus ou moins assuré aux lèvres.

« T’inquiètes, je te tiendrai les mains pour t’éviter de tomber. Pourtant, cela ne parut pas la rassurer. Pourquoi tu me fixes comme si j’allais te pousser?! J’éclatais de rire, me remettant sur pied afin de me diriger jusqu’au cabanon. Tu verras, ce sera tout une expérience. »



« Regardez le ciel! Y’a encore une pluie d’étoiles filantes! »

Auprès de Chia et de Maydon, l’Orisha pointait les corps célestes en mouvement. Au-dessus de nos têtes, ils décrivaient des arcs lumineux au cœur du firmament, peignant ce dernier de couleurs effacées qui se perdaient dans l’éclat rayonnant du Soleil. Toutefois, ce ne fût bien long avant que l’excitation des jeunes adolescents ne s’accroit, mes jambes cessant graduellement toute manœuvre pour entraîner nos corps à la dérive sur la glace, à Latone et moi. Cependant, en redressant la tête, je pouvais aisément les apercevoir sublimer la brillance de l’Astre-Père : les étoiles filantes fendaient les cieux, marquant la voûte céleste de plusieurs traînées poussiéreuses arc-en-ciel. Elles accompagnaient ainsi le Soleil dans sa danse habituellement solitaire, mais l’abandonnaient presque aussitôt une fois qu’elles eurent tracer leur chemin au milieu du ciel.

« Vous en avez compté combien? S’exclama Toto en se retournant auprès de ses meilleurs amis.

- Qu’est-ce que tu penses de ça? Murmurais-je à l’attention de Latone, les étoiles filantes disparaissant une à une sous nos yeux, au-delà de l’horizon. Y’en a tellement ces derniers jours, je n’ai jamais rien vu de tel auparavant. D’un dérapage adroit, je freinais finalement notre progression sur la glace, m’assurant que la Bleue tenait toujours en équilibre sur ces deux lames. Tu crois qu’il y en aura une qui nous tombera sur la tête? »

Je plaisantais, mais étudiais tout de même le firmament de l’après-midi d’un œil circonspect. Si j’étais particulièrement familier avec la contemplation du ciel, notamment celui nocturne, je l’étais pourtant moins en ce qui concerne sa carte et ses subtilités. En effet, plusieurs Marcheurs et pèlerins qui sillonnaient le flanc de nos contrées s’aidaient justement des astres pour s’orienter, en plus des repères terrestres que nous avions érigés au fil des années – les fameux Arkhanëgh, nos fidèles sherpas de roc. De fait, que nos pas nous conduisent à travers les sommets enneigés des Montagnes de l’Edelweiss ou du désert de glace que représentait le Voile, il était toujours possible de retrouver son chemin, mais encore fallait-il savoir comment le chercher. Or, mon cas restait relativement différent, puisque la sensibilité accrue de mes sens me permettait de me diriger sans difficulté à travers l’hostilité et la tromperie de l’hiver éternel de la région. Par conséquent, je n’avais jamais véritablement porté attention à la configuration des cieux, si ce n’était auprès de ma femme, lorsque nous nous amusions à interpréter certaines formes et certains corps du ciel. C’est pourquoi je n’avais jamais remarqué que la position des étoiles avait changé, et ce, jusqu’à ce que les premières Voix laissent courir la rumeur de ce phénomène sur tous les toits de Ciel-Ouvert.

« J’espère simplement que c’est pas le signe d’une nouvelle catastrophe à venir. »

Alors que le souvenir des derniers événements refaisait surface à l’intérieur de mon crâne, l’une de mes mains alla naturellement masser la base de mon cou. Les guerres qui s’étaient succédées et la Lune Noire qui avait explosée… Sur quoi s'ouvriront nos prochains lendemains sous la valse des astres? Est-ce qu’une telle beauté pouvait réellement être signe de mauvais présage? Mon instinct me chuchotait quelques réflexions, mais je les suspendis aussitôt lorsque mon corps se mis à trembler subitement.

« Atchoo! À présent éveillé, le frisson se mit à courir contre ma peau, galopant le long de ma colonne vertébrale, insidieux. Et si nous retournons à nos leçons? J’aimerais bouger un peu avant de me congeler sur place. Ouvrant mes deux mains en direction de la Bleue, je posais immédiatement mes yeux sur le contour de son visage, la guidant de nouveau en patinant par derrière. Regarde droit devant toi; regarde-moi. »

Un novice avait toujours tendance à abaisser les yeux, craintif de l’équilibre de ses jambes sur la lame des patins. C’est pourquoi je souhaitais qu’elle s’habituât à fixer un point devant elle, à l’endroit où elle souhaitait se diriger, puisque son corps allait forcément suivre la direction de son regard. En lui rappelant de fléchir ses genoux tout en courbant légèrement son dos vers l’avant – une position qui facilitait le maintien de sa stabilité – je l’encourageais à avancer de nouveau : appui du corps avec sa jambe la plus faible, puis pousser avec sa jambe dominante. Hop! Nous nous mîmes en mouvement, Latone ramenant maladroitement ses deux jambes en parallèle pour se laisser glisser sur la glace.

« Allez! Une seconde fois! Hop! Elle reprit un semblant de vitesse en changeant sa jambe de propulsion, réitérant l’exercice deux à trois fois avant que je ne m’exclame : Maintenant, essaye de freiner, comme je t’ai montré tout à l’heure. Il eût un moment de latence durant lequel nous nous dévisageâmes. Oui, la position « j’ai-envie-de-pisser », soufflais-je en libérant un sourire sur mon visage.

Passant au-dessus de nos têtes, une nouvelle danse se mit à agiter les cieux, le reflet des étoiles filantes sur la patinoire nous rappelant continuellement leur mystérieuse présence.


1 877 mots (J’ai vu avec Léto pour les réactions de Latone ♪)




[Event Juin & Juillet 2022] - Les livres reflètent la beauté du ciel Signat16
Merci Léto ♪:
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Bellada Ward
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Bellada Ward
Lun 04 Juil 2022, 10:57


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Les livres reflètent la beauté du ciel
Phobos

« Regarde comme le ciel est beau ! » La magicienne était étendue sur le dos, le visage rivé vers les cieux qu'elle contemplait d'un regard ingénu. L'herbe tendre lui faisait comme un lit douillet, quelques brins chatouillant sa peau au rythme de sa respiration et de ses mouvements, lui arrachant parfois quelques rires enfantins. Elle avait retroussé sa robe jusqu'aux genoux, faisant ainsi profiter ses mollets des rayon du soleil. Elle avait retiré ses souliers, plus tôt, lorsqu'elle était allée se tremper les pieds dans l'eau du ruisseau. La carte de tarot dépassait négligemment de la poche gauche de sa tenue. Une main posée sur son corset et la seconde placée sous sa tête tel un oreiller, elle aurait facilement pu s'endormir si son esprit n'avait pas été stimulé par ce qu'il se passait dans la voûte céleste. « Mmh... » A quelques mètres d'elle, Prunille, sa cousine, était installée sous le couvert d'une ombrelle, sur un drap qu'elle avait soigneusement étendu. Assise, elle était plongée dans une lecture qui devait être passionnante car elle n'avait pas relevé le visage depuis leur arrivée. Seule l'injonction de sa parente l'avait extirpé de ces lignes. Elle remarqua la tenue de Marielle et une grimace condescendante déforma ses traits délicats. L'éducation sorcière qu'elle avait reçu en grandissant l'avait conditionné à préférer une pudeur stricte, dont il était difficile de se débarrasser malgré les mois qu'elle avait passé en compagnie des mages bleus. Elle se retint néanmoins de faire un commentaire : la nature profonde qui l'avait conduite à rejoindre cette branche de sa famille la poussait également à ne pas souhaiter blesser les sentiments de sa camarade de promenade. « Ce n'est pas un phénomène normal. » répéta-t-elle d'un ton méfiant en jetant un regard accusateur vers les nuages, où se découpaient de fugaces traînées multicolores. La plus naïve se redressa sur un coude afin d'examiner la réaction de sa cousine. Elle lâcha un soupir excédé avant de se réinstaller. « Leur origine n'entrave pas la beauté de ce spectacle... C'est encore plus merveilleux que tout ce que j'ai vu auparavant - encore plus épatant que ces peintures à l'huile que les Orines nous ont montré lors de notre visite. » « Tu n'es pas assez prudente. » réprimanda la plus sévère des deux. « Peu importe sa beauté, tant que nous ne parvenons pas à comprendre d'où provient cette manifestation, il est risqué de s'y exposer sans mesure préalable. » « Je ne sais pas ce que tu vas chercher là - ce n'est pas comme si le ciel allait nous tomber sur la tête. » Il y eu un léger silence embarrassé, tandis que Marielle prenait conscience de ses paroles. La crucifixion de l'ancien Empereur Noir avait beaucoup bouleversée l'ancienne mage du chaos. « Enfin, je veux dire... Nous ne craignons rien ici. » essaya maladroitement de se rattraper la Mage blanche dans un balbutiement honteux, le rouge pigmentant ses joues tel un brasier avide.

« Et toi, qu'en penses-tu Apolline ? » demanda l’écervelée, essayant de balayer sa maladresse en reportant la conversation ailleurs. Phobos s'était joint à sa nouvelle maîtresse. Il avait pris la forme d'une demoiselle semblable à celle qui détenait son habitacle. Il avait copié sa posture, observant minutieusement le comportement de l'une et de l'autre, emmagasinant autant d'indices que possible pour parfaire ses prochains jeux d'acteur. L'être de chimère leva la tête pour observer le phénomène de ses propres yeux. « C'est du jamais vu. » constata-t-il d'une voix neutre. « Je n'en ai pas trouvé de trace dans ces manuels. » confirma Prunille en tapotant son livre d'astronomie. « Les étoiles ont changé, même la nuit. » rappela la fausse magicienne. Le Sylphe n'avait pas d'idée sur ce qu'il avait à dire sur le sujet : il se sentait relativement peu concerné, bien qu'une certaine jalousie l'étreignait. Ce spectacle fascinait les Rêveurs qu'il côtoyait. Il aurait aimé être capable de produire tant d'émoi. L'enfant de Pandore se contentait donc de relater des vérités générales d'un air savant, dans l'espoir de paraître intelligent. « Je pense cependant que le spectacle est plus éblouissant une fois la nuit tombée. » Phobos avait compris qu'il était de meilleure compagnie lorsqu'il bavardait longuement. Marielle était une vraie pipelette et aimait se trouver face à quelqu'un entretenant la conversation. Phobos s'employait donc à parler jusqu'à ce que la jeune femme reprenne la parole. « Les étoiles filantes se découpent mieux de cette façon. On perçoit davantage leur brillance. Et puis, de cette manière, elles subliment les étoiles déjà en place. » Apolline passa une main dans ses cheveux, commençant à entortiller une mèche autour de son doigt - le menteur avait souvent aperçu la bavarde se prêter à ce tic gestuel en parlant. « Et puis, il y a quelque chose de poétique, à pouvoir les observer la nuit... C'est comme si les comètes essayaient de nous guider à travers la nuit, à nous montrer le chemin vers notre futur... » Prunille leva les yeux au ciel ; sa cousine partit dans un éclat de rire amusé. « Tu as toujours une drôle façon de voir le monde ! » « Ne l'encourage pas à dire des sornettes. » « Tu es trop rigide, ma chère cousine. » se lamenta la blonde en balayant la remarque de l'ancienne sorcière d'un mouvement de sa main libre.

Phobos replongea son regard dans le ciel. Il n'avait, effectivement, jamais vu de tel phénomène. Du moins, jamais dans ce monde-ci. Là d'où il venait, les rêveurs se prêtaient davantage à ce genre de décor illusoire. Mais là était toute l'intrigue : ici, il ne s'agissait plus d'un mirage, mais bien d'une réalité tangible.


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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Lun 04 Juil 2022, 13:00


Illustration - Xavier Thomas

Les Livres reflètent la Beauté du Ciel


Tu veux que je retourne là-bas ?

Shapûr était assis en face de Mancinia, buvant une autre lampée d'alcool. Celle-ci acquiesçait.

Il semblerait que la présence des Vers se soit accrue sur place. Je sais que tu travailles avec la Confrérie de temps à autre et, plus que votre dernier voyage, c'est une expertise de ta part qui m'intéresse. Nous avons absolument besoin de la main mise sur cette route, il n'y a pas de meilleur endroit pour nous donner un accès à la mer et y bâtir notre nouvelle cité.

Reposant sa choppe avant de croisés les bras d'un air de dire que c'était évident, l'Humain observait son amie. Quand elle lui avait causé d'Astura, la première fois, il l'avait prise pour une dingue. Il la croyait naturellement cinglée pour toujours aller aussi loin, mais il s'agissait d'un pas après l'autre pour leur rendre leur éclat d'antan. Et il voulait en être. Il se l'était promis. Et il savait à quel point s'était dangereux, la dernière expédition des Corvus dans l'Archipel le lui avait bien rappelé.

Je peux montrer une petite expédition, mais si tu ne veux plus travailler sur l'étude de leurs mouvements ... alors quoi ?
Soit les dompter, soit les tuer, mais j'aimerai éviter ce dernier cas de figure.

Mancinia n'était pas vraiment pour l'extermination d'une espèce avec qui ils parvenaient à cohabiter depuis longtemps. Les Vers des Sables étaient les Gardiens du Désert, les tuer ne servirait à rien. Seulement à les affaiblir et contrarier les Dieux.

Dompter les Vers, tu es vraiment ... !
Imprévisible ? acheva-t-elle dans un sourire narquois. Je me dis seulement que ce serait profitable à tous.
Ils sont peut-être en train de devenir fou à cause du ciel, maugréa-t-il en se grattant l'arrière du crâne.

Mancinia le sondait dans une expression neutre avant de relever son menton vers le haut et de regarder la voûte au-dessus de la Capitale. La nuit était tombée sur Utopia depuis trois longues heures et les étoiles resplendissaient dans les cieux, telles des diamants. La nouveauté depuis ces dernières semaines résidait aux petits traits enflammés parcourant ces derniers. Les conséquences l'inquiétaient. Elle qui connaissait bien la carte céleste en raison de ses déplacements se retrouvait à l'abandon. Elle reportait son attention sur le Corvus.

J'étais en mer quand les modifications sont arrivées.
Heureusement qu'on t'a pas perdue.
Neah à une bonne connaissance des courants aériens.
Il te fait planer, c'est ça ?

Son ton taquin amusait son amie qui se contentait d'un hochement de tête. Tout le monde savait que les Écuyers de l'Aurore resplendissaient de par leur présence et s'aimaient d'un sentiment unique et incassable. Pourtant ...

Mancinia.
Ouiii ?

Sa manière de lui répondre laissait savoir qu'elle connaissait sa question avant qu'il ne la formule.

Vous allez vous marier quand ?
... Pas tout de suite, répondit-elle en essayant de ne pas montrer son amertume.
Ça fait cinq ans là. Il demande ta nuque, te dis qu'il t'aime plus que l'univers et te laisse en plan ... J'te jure, si c'était pas un Ange, j'me dirais que l'gars à une autre femme quelque part.

Le regard de son interlocutrice s'était fait plus tranchant.

Le Lien, j'sais, mais bon ...

C'est vrai que ce n'était pas courant d'attendre un mariage de cet envergure aussi longtemps, surtout qu'elle venait d'avoir trente ans.

Neah ... Il aime les traditions et surtout, nous avons un objectif commun.
Tu vas pas vraiment attendre la construction d'Astura, hein ?

Il était conscient de cette promesse. Celle d'établir un territoire pour les Anges et les Humains, avant leur mariage et c'est aussi dans ce but que ...

Neah va partir.
Partir ? demanda-t-il, éberlué. Quoi, il va s'barrer et te laisser en plan encore des semaines ? Si ce n'est des mois ! Des années ?!
J'ai dit que j'étais d'accord.
Mais !
Notre relation n'est pas basée uniquement sur ce que tu penses.

Le sexe. Ça devait être bien la seule chose qui séparait l'entende des deux Humains. Shapûr le faisait sans aucun souci, avec qui le désirait, gratuitement ou non ... Mancinia se réservait à Neah. Il ne la comprenait pas, elle qui désirait une grande famille.

J'veux pas t'vexer, Chasteté, mais tous les mecs des environs ne rêvent que de te tringler contre un mur, même moi, ça m'a traversé l'esprit un jour.
Ah ouais ? demanda Mancinia en arquant un sourcil.

Elle l'avait deviné, mais contrairement à bien d'autres hommes, lui n'avait pas insisté et avait préféré conserver cette relation d'amitié plutôt que de paraître pour un désespéré.

Ouais, t'sais que je suis un bon coup ! sourit-il fièrement. Mais t'es trop frigide, sinon, ça fait longtemps que t'aurais eu des amants et autant d'enfants. Enfin ... tous ces gars doivent se dire qu'ils seraient meilleurs qu'un Ange sans expérience, d'un autre côté, l'inverse est valable pour lui aussi, tu as du remarqué comment les femmes le r'gardait, pas vrai ?

Shapûr attendait une éventuelle réaction puisque dans ce couple, il leur était presque impossible d'être jaloux. Était-ce vrai ? Pas vraiment, mais Mancinia ne le montrerait pas, restant concentrée sur une autre parole. Frigide ? Elle l'était assurément. L'Humaine soupirait en posant son coude sur la table pour venir mettre son menton contre sa main, avant de déclarer de but en blanc ;

Je veux me faire tringlée contre un mur par Neah ...

Shapûr s'étouffa en recrachant dans sa choppe après avoir bu une gorgée seulement.

... et uniquement par lui.
Et pourquoi il l'fait pas, putain ... ! souffla-t-il, posant une main sur sa poitrine en reprenant son souffle. Qu'est-ce qu'il attend de plus de toi ?
Je suis patiente et il me fait pas mal de faveurs.

Arquant un sourcil, l'Humain s'était penché pour se rapprocher en sentant l'info croustillante lui tendre les bras.

Attends, il t'a déjà touché ?

Mancinia ne disait rien, mais son visage parlait pour elle ...

Il t'a touché où ? Avec quoi ? Et m'regarde pas comme ça, je suis curieux, c'est tout !
... Un peu partout ...
Avec ses doigts ? Sa langue ?

Elle ne s'était jamais sentit aussi gênée de sa vie dans une conversation sur la question. Sans doute parce que c'était sa propre vie sexuelle qui était abordée, au lieu de celle de Shâpur, à moins que ce ne soit l'alcool qu'elle ingurgitait un peu trop rapidement, mais elle en avait marre d'entendre dire qu'ils étaient désintéressés par cette envie sauvage alors qu'ils en crevaient d'envie. Neah avait beau se contenir et sembler insensible, on ne la faisait pas à sa femme, il avait envie d'elle comme tout homme monté normalement.

Et il est bon au moins ?
Il est vraiment doué ...

Mancinia n'avait pas connu d'autre homme que lui. Uniquement des connards s'étant passé de son avis, mais rien de repenser à cette nuit sur Boraür ... elle se sentait vraiment bien.

Katzuta, enculé, tu caches bien ton jeu ! maugréa Shapûr.

Cette image vertueuse qu'il renvoyait de lui n'était pas la même que ce qu'il pouvait être lorsque la porte était close. Dans tous les cas, personne ne pouvait lui en vouloir puisque Mancinia était sienne et qu'il n'était pas évident de rester insensible à ses charmes. Et puis, tant qu'elle était heureuse ...

Tu l'aimes tant qu'ça ?
Oui, bien sûr, déclara-t-elle comme si c'était l'évidence.
J'capte pas. Sans doute parce que j'ai jamais eu d'femme, moi, j'me contente de donner du plaisir et d'en prendre, c'est plus agréable que d'avoir une seule femme et d'élever des gosses. Surtout si c'est pour être aussi frustrée.
Peut-être que tu rencontreras la bonne, un jour.
Ouais, p't'être. Par contre, Leenhardt, je sais une chose ...

Qu'est-ce qu'il allait lui dire encore ...

Tu vas avoir la nuit de noces la plus chaude du millénaire ! sourit-il. Même les Aetheri en seront gênés !
Y'a intérêt.

Vu comment ils les maltraitaient, c'était certain.

Bon allez, j'vais y aller et t'faire un rapport, mais s'tu veux mon avis, t'auras besoin de l'aide des Corvus.
Je leur ferais une demande officielle ensuite, si nécessaire.
Crois-moi, ça l'est.

Il haussa les épaules devant son regard, ne trahissant pas sa surprise, mais Shapûr n'était pas reconnu pour son amitié avec les autres races. À croire que quelque chose l'avait impressionné. Ou quelqu'un. Une femme, peut-être ?

Très bien. Entoure-toi de toi ceux qui te sembleront nécessaire durant cette expédition.
Ne t'en fais pas, cette mission sera rapide.

Du moins, le croyaient-ils.

Encore un peu d'alcool ?

1425 mots


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Mer 06 Juil 2022, 17:30


Illustration - Kolaperm

Les Livres reflètent la Beauté du Ciel


Assise sagement sur le fauteuil, Sif parcourait des yeux un livre d'images dont elle ne comprenait pas totalement le sens. Un Conte de Fae, adapté aux enfants, parcourut d'images immobiles. Dans certaines contrées, celles-ci se mouvaient au plus grand plaisir des enfants, mais le Ma'Ahid des Humains empêchait une telle prouesse dans leur Cité. Les cheveux carminés de l'Ygdraë étaient parcourus d'une brosse qui ne lui faisait aucun tort, ses mèches étaient raides et dénuées de noeuds, ce qui pouvait être surprenant compte tenu de son âge. Un sourire sur son visage, l'Ange écoutait distraitement ses réflexions à voix haute en se demandant comment sa cadette allait grandir. De tous les enfants dont Mancinia et lui avaient pris soin, elle était la seule n'ayant pas du sang Humain, ni l'apparence typique de la race. Ils avaient eu de la chance que les Sylvestres ne l'exigent pas sur leurs terres, compte tenu de leur statut de Prophètes, mais aussi du puissant lien qui l'unissait à sa mère. Il pouvait sembler curieux qu'une Humaine et une Ygdraë soient aussi proches en dehors des liens du sang, mais à ses yeux, ce n'était pas si surprenant. Mancinia était faite pour être mère.

Et voilà, papa a terminé !
Merci, papa ! Dodo !
Oui, on va tous aller au lit !

Les enfants allaient aller se coucher, mais lui, il avait encore une montagne de travail. Pour ne pas qu'ils soient infernaux, Neah faisait mine de faire comme eux. Ce n'était qu'un petit mensonge, car c'était pour les enfants qu'il se démenait de cette manière. Ce soir, il avait même eu droit à un moment privilégié avec les siens, Mancinia étant de sortie dans le cadre d'une prochaine mission dans l'Est. En se redressant, l'Ange eu la vague impression que le sol n'était pas droit, ce qui le fit s'interroger ; était-il resté trop longtemps assis ? Était-il fatigué ? Enfin, qu'importe, pensa-t-il dans un soupir intérieur, son épouse serait bientôt de retour. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu Shapûr, ni n'était sortie seule, alors il comprenait qu'elle en profitât un peu, surtout qu'elle ne cessait de courir dans tous les sens. Elle attendait autant une réponse des Sylvestres que des Mages Noirs, mais l'un dans l'autre, sa bien-aimée partirait pour un long périple. Lui-même allait devoir assurer ses nouvelles charges en son absence. Et ce soir, il se sentait, un peu ... Pourquoi cette sensation désagréable d'avoir des picotements au bout des doigts ? Il n'avait même pas bu et il avait la sensation de cette ivresse désagréable qui altérait ses sens. S'il n'était pas contre l'alcool, l'Ange veillait à n'en pas boire plus que le strict nécessaire, restant alerte en toute occasion. Prenant soin à ne pas montrer son trouble, il s'assurait que tout le monde soit dans son lit après avoir eu la chance de s'amuser encore un peu. Ils étaient sages et ne réclamaient que rarement les choses, Mancinia était plus intransigeante qu'il ne l'aurait cru quant à leur éducation, mais cette apparente sévérité émanait surtout de sa vie passée. Elle connaissait la dureté du monde et les difficultés auxquels leurs enfants feront face. Elle refusait d'en faire des fainéants et des pleurnichards.

Papa, tu nous chantes une berceuse, s'il te plaît ?

Par contre, de temps en temps, c'était dur de résister à leurs yeux brillants ...



Le Capitaine était sorti sur le balcon pour prendre l'air. Il faisait plus frais durant la nuit, dans le Désert, ce qui n'était pas plus mal au vu de son curieux état. Il se sentait presque euphorique et son coeur battait plus vite que d'ordinaire. Pire, une impatience vorace lui dévorait l'esprit et ne cessait de l'assaillir de pensées obscènes à l'encontre de l'Humaine. Neah secouait la tête, essayant de chasser ça en récitant les lignes d'un ouvrage militaire ou en réfléchissant à des choses en-dehors de leur union. Passant une main dans son cou, il relevait son visage vers le ciel. L'Ange l'observait, s'interrogeant. Depuis son voyage sur Maggie, ils étaient conscients de cette transfiguration et ils s'étaient attelés à l'élaboration de nouvelles cartes ... mais le phénomène restait mystérieux. Ses conséquences d'autant plus. Désormais, le ciel était clairsemé de traînées blanches et rouges, passant à des vitesses ahurissantes au-dessus de leur tête. Fugaces. Ce n'était pas pour le rassurer. Un événement similaire avait détruit le Continent du Matin Calme, avant sa glissade dans les abysses sombres et glaciales de l'Océan et, la dernière fois qu'il en avait vu ... c'était durant le Pardon de Sympan des Humains. Est-ce que quelque part, un nouveau peuple était libéré de ses chaînes ? ... Un claquement sec derrière lui fit comprendre que Mancinia était rentrée. Elle progressait dans la chambre en chancelant, ce qui le laissait surprit.

Neaaaah !

Elle n'avait pas crié, mais elle faisait preuve d'une béatitude surprenante, avant de se précipiter dans ses bras. S'il avait été moins robuste sur ses appuis, elle l'aurait sans doute propulsé au sol en lui bondissant dessus. Maintenant, il comprenait d'où venait cette sensation. C'était le Lien. Pourtant, l'Ange n'aurait pas cru vivre son ivresse comme si c'était la sienne.

J'ai grave bien profité !
Tu as bu, Mancinia.
Ouaiiiis !

Il n'y avait nullement de reproche dans sa voix, seulement une pointe d'amusement devant ses rires incontrôlables.

Et tu vas aller au lit, d'accord ?
D'accord, mon Capitaine !

D'un salut militaire qu'il ne connaissait que trop bien, l'Humaine prit la direction du lit en essayant de déboutonner sa chemise. Elle savait plus ou moins se contrôler malgré la situation, même si lui qui ne l'avait jamais vue ainsi. Sans doute était-ce pour ça que les Astres devenaient fous ?

T'peux m'aider ? J'arrive pas !
...

On aurait dit une adolescente qui ne savait plus où elle avait rangé ses affaires. Neah vint à sa rencontre et, avec plus d'habilité dans ses doigts, dénoua les lacets et autres boutons de son haut. Mancinia l'observait faire en silence, comme perdue dans ses pensées, avant de se pencher vers lui.

J'ai envie que tu me tringle contre un mur, souffla-t-elle dans son oreille.
Qu'est-ce que ... Qu'est-ce que tu racontes encore ? bégéya-t-il.

Il ne s'était pas attendu à une remarque aussi soudaine, avant de sentir ses lèvres contre les siennes, en toute réponse.

J't'ai eu ! s'exclama-t-elle.

Ah ... Là, il la reconnaissait. Il soupirait.

Au lit, Leenhardt.

Neah essayait de ne pas prendre une voix autoritaire. S'il lui parlait de cette manière, elle allait se prendre encore plus au Jeu et il n'y aurait pas de conclusion. L'Humaine se laissait presque tomber sur le matelas, se moquant bien d'être habillée et d'avoir encore ses chaussures. L'Ange vint se mettre à ses côtés, à une distance respectable. Il allait faire semblant de rien, attendre qu'elle ne s'endorme, la débarrasser du superflu et travailler. Demain ... serait un autre jour.

Y'a que moi qui est un Neah dans mon lit !

Mancinia était venue se coller à lui en se moquant bien de ses aspirations.

Mais oui, mais oui ... Endors-toi, ma chérie.

L'Ange allait lui tapoter la tête, mais elle saisit cette ouverture pour le serrer d'autant plus dans ses bras en posant sa tête contre son épaule.

J't'aime, mon Ange, t'es vraiment le mec le plus incroyable d'ce monde.

Elle marquât une pause, ses yeux dans les siens.

Et t'es à moi.
Je suis à toi ...

Neah ne se sentait pas bien, comme s'il ressentait les effets de l'alcool et de la chaleur, dans un mélange détonnant qui embrouillait autant ses sens que son esprit. Il avait chaud. La sentir aussi près de lui ...

Qu'est-ce que tu fou encore ?

Sa main était dangereusement descendue près de son postérieur.

Rien que ton souffle me met littéralement le feu entre les cuisses.

Quand elle n'était plus tenue à son langage et ses manières, Mancinia redevenait l'Humaine normale qu'on avait toujours connue.

C'est bon à savoir.

Neah se fustigeait mentalement d'avoir dit ça à voix haute, tandis que Mancinia partait dans un franc éclat de rire. Son regard brillant dans le sien lui donnait son propre reflet. Neah ne savait pas à quoi il ressemblait exactement, mais il sentait la chaleur sur son visage et toute l'envie qu'il éprouvait à son encontre.

Neah ... Neah, t'as dit que si j'l'e voulais, j'devais t'demander ...

Il est troublé quand elle plonge ses yeux dans les siens, le réalisant avec une honnêteté brute, sans cacher ses émotions qui le percutent comme une bourrasque. Il a l'air hésitant, pourtant ... Il savait ce qu'elle allait dire, mais au lieu de le lui donner par instinct et d'anticiper ses envies ... L'Ange voulait l'entendre.

Touche-moi, Neah.

Ça sonnait plus comme un ordre qu'une demande. Et, contrairement à ses habitudes, son mari lui sourit, laissant sa propre main s'aventurer plus bas, tandis qu'elle entourait sa nuque de ses bras en lui demandant encore une fois.

S'il n'y a que ça pour te faire plaisir, ma Reine ...

Que les Dieux eussent envie de sauver ou de détruire un coin de ce monde, alors qu'ils le fassent ...

Ce soir, il s'en moquait bien.

1530 mots


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Jeu 14 Juil 2022, 20:34


Image par NIXEU & J Diez
Les livres reflètent la beauté du ciel
Babelda


« Tu as une mine terrible. » Rhéa s'était adressée à sa disciple d'un ton neutre, de ceux que l'on utilise pour énoncer des banalités. Il fait beau aujourd'hui ; ce livre est bleu ; il faut penser à réparer la pompe à chaleur. Pourtant, ce simple témoignage d'attention prouvait qu'elle s'inquiétait pour son apprentie. Et pour cause. La concernée avait effectivement une mine épouvantable. Son teint semblait plus gris que sa pâleur habituelle, de profondes cernes marquaient ses yeux rougis, son air débraillé était encore plus négligé qu'à l'accoutumé. Si cela ne dérangeait pas spécialement l'inventrice, le manque de concentration qui accompagnait ces manifestations la contrariaient grandement. Elle n'appréciait guère de devoir se répéter, et encore moins d'avoir à reprendre le travail de sa recrue. « Tu as encore eu du mal à dormir, cette nuit ? » questionna-t-elle, preuve ultime de son inquiétude, ou peut-être de son agacement. Sans doute un mélange des deux. La Mousse acquiesça lentement, sans prendre le temps d'accompagner sa réponse d'une parole. L'énergie lui manquait presque. L'ingénieure soupira. « Bien. Va prendre une pause. Repose toi, et ne reviens pas avant d'avoir dormi. » ordonna-t-elle.

Babelda s'exécuta et, reposant ses outils, elle quitta l'atelier de sa tutrice. D'un pas automate, dirigé davantage par l'habitude que par la réflexion, elle se rendit à son dortoir. Là, elle se servit une tasse du café qu'elle avait fait coulé plus tôt et qui avait refroidit. Elle n'usa pas de la dernière invention de Camille pour le réchauffer : elle doutait encore de sa fonctionnalité, depuis que le montage avait fait exploser sa dernière tasse de café. Elle évitait donc soigneusement le dispositif défectueux et préférait boire son breuvage froid, malgré le goût infect. Elle avait besoin de se réveiller.

« Rhéa disait vrai : tu as vraiment une tronche à faire peur. » Babelda sursauta et soupira. Elle avait l'habitude des entrées surprises d'Ulrich mais le trouvait toujours aussi insupportable. « On pourrait te confondre avec une morte. » l'informa son mentor. Ignorant sa réplique, la jeune femme alla s'installer derrière son bureau, où différentes cartes du ciel avait été placardées. La raison pour laquelle elle était en aussi piteux état se trouvait devant ses yeux. Au lieu d'essayer de se reposer, la fille aux cheveux châtains passait le plus clair de son temps à observer les étoiles. Un passe temps qui avait toujours été caractéristique de son comportement. Pourtant, depuis que les constellations s'étaient remodelées, ses contemplations avaient arborées une dimension différente : il ne s'agissait plus seulement de les admirer, de rester attentive à leur présence et de les écouter. Non, depuis ce phénomène, il y avait eu quelque chose de désespéré dans ses observations nocturnes. Le Rehla quitta la couchette sur laquelle il s'était allongé puis s'approcha de son apprentie. « Tu n'arrives toujours pas à communiquer avec elles ? » La jeune femme ne répondit pas, mais un coup d’œil par dessus son épaule permit à l'homme d'avoir accès au carnet qu'elle avait commencé à tenir depuis le début de ce bouleversement. Leur peuple avait été chamboulé par la modification céleste. Cependant, la plupart des leurs n'avaient pas mis longtemps à reprendre leurs marques, à entendre leur chant et à communiquer avec les étoiles qui les surplombaient désormais. Ça n'avait pas été le cas de la Caeli. « As-tu essayé de communiquer différemment ? » Un silence pesant s'installa quelques secondes. « Rien n'a marché. » avoua la plus jeune. Le plus expérimenté lui tapota l'épaule.

« Il est temps que tu retournes à Lua Eyael. » Babelda se mordilla les lèvres. Elle avait d'abord refusé la proposition, persuadée qu'elle serait capable de se reconnecter naturellement aux constellations. Pourtant, le constat était décevant. Même si elle n'appréciait pas l'idée, elle venait à bout de ses idées et la proposition de l'homme lui semblait être la seule solution viable. Finalement, elle soupira, sa main venant retrouver le médaillon à son cou. « Junon... » murmura-t-elle. Aussitôt, son Reflet se matérialisa face à elle. Son état s'était dégradé également, reproduisant ce qu'elle observait chez son modèle. Aussitôt, une pointe de culpabilité enserra la poitrine de l'Originale. « Ne t'en fais pas. Je ne suis pas véritablement en souffrance. » lui rappela la concernée, comme elle avait deviné ses pensées. « Contente-toi d'aller mieux, et il en sera de même pour moi. » lui conseilla-t-elle avant de se servir elle-même une tasse de café froid.

« Es-tu prête ? » Ulrich tendit son bras, invitant sa protégée à s'y accrocher. Cette dernière obtempéra : presque aussitôt, elle sentit son corps se tordre, s'étirer, vriller, s’aplatir. Puis, soudainement, ses pieds heurtèrent de nouveau le sol. « Ça va ? » « Je ne m'habituerai jamais à ça. » maugréa la passagère, se tenant le ventre pour essayer de contenir sa nausée. Elle inspira profondément, puis se redressa. Là, elle leva les yeux au ciel. « Est ce que quelqu'un sait ce que cela signifie ? » demanda-t-elle en désignant les traces de couleurs laissées dans le ciel. Ulrich sembla réfléchir à la réponse appropriée. « Certains d'entre nous sont au courant de ce qui se trame. » Babelda fronça les sourcils. « Doit-on s'inquiéter ? » Nouveau silence. « Tes amis ne sont pas en danger. » finit-il par répondre, devinant que c'était ce qui inquiétait sa disciple.

Puis, comme pour mettre fin à l'interrogatoire, le Rehla se remit à marcher, forçant son élève à le suivre. « Ta capitaine avait raison. Avant toute chose, il faut que tu retrouves des forces. » déclara-t-il lorsque enfin, il s'arrêta. Ils se trouvaient devant la demeure de la jeune femme. « Ton entraînement débutera demain. Mais d'ici là... Dors. » l'ordre fut foudroyant. Sans qu'elle ne puisse réagir, les paupières de la femmes se fermèrent, et elle plongea dans un sommeil profond.

996 mots


Merci Kyra nastae

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Ven 15 Juil 2022, 13:37



Les livres reflètent la beauté du ciel



[Antigone]

Le vent nocturne balaya le tissu de ma cape. Je me savais proche d’Avalon, cette ville maudite où il l’avait probablement emmenée. Je me devais de la retrouver. Je retirai mon masque, dévoilant au monde ce qui me semblait être mon visage : celui d’une jeune femme à la peau blanche. Quelques mèches de cheveux vinrent vibrer sur mes tempes, des cheveux rouges que l’obscurité fonçait. Bien entendu, la réalité était toute autre mais je ne la distinguais pas. Je ne percevais pas ce qui n’était pas moi, ce corps qui n’était pas le mien, cette adolescente dont je ne connaissais ni le nom ni l’histoire. Je n’avais aucune conscience des autres. Je ne connaissais que moi, moi et mon récit. Je pris une inspiration, laissant l’air frais tenter d’apaiser mon cœur douloureux. Rien ne pourrait jamais le soigner, pas tant que je ne l’aurais pas retrouvée. Mes yeux se levèrent vers les cieux. Il s’agissait du signal que j’attendais depuis longtemps, la preuve que mon aimée était encore vivante et qu’elle tentait de me guider jusqu’à elle. « Je promets de te retrouver. » murmurai-je à la nuit, comme un vœu, celui de toute une vie. « Attend-moi. » ajoutai-je, à la manière d’une prière. Si j’étais convaincue qu’elle était encore vivante, je ne pouvais qu’espérer qu’elle le resterait suffisamment longtemps pour que je pusse la délivrer. Combien de temps serait-elle capable de tenir, entre ses griffes ?

Je me remis en marche, suivant le sens des lumières qui éclairaient le ciel. Il n’y avait qu’elle pour provoquer ce genre de phénomène. Je devais me hâter mais le voyage m’avait épuisée au-delà de ce que j’avais pu envisager. Je n’avais pas beaucoup mangé et mes muscles avaient fondu. Je devais faire attention à moi, mon frère me l’avait dit. Pourtant, elle était plus importante que ma propre vie. Elle était la seule personne que mon cœur avait été capable d’aimer. La seule à qui j’avais consenti des confidences. Je lui avais fait confiance à la seconde où nos regards s’étaient croisés. Pourtant, nos deux histoires étaient complexes et notre couple avait dérangé des forces influentes. Notre union avait été sur le point de bouleverser le monde, le monde qu’ils avaient créé et qu’ils ne voulaient pas voir s’effondrer. Ensemble, nous aurions pu tout changer, en mieux. Mais elle était physiquement faible et celui qui la détenait nous surpassait. À deux, nous aurions pu l’évincer. Seule, la chose était presque impossible. Il me faudrait des alliés. Néanmoins, je devais d’abord la retrouver, avoir la certitude de son état. Cette unique pensée m’obnubilait. S’il la tuait, il perdrait beaucoup mais il gagnerait aussi, sans doute, s’il jouait correctement.

Lorsque j’arrivai à quelques pas des murs de la cité, je remis mon masque en place. Il protégeait mon visage des passants. Ils me reconnaîtraient et je ne pouvais pas faire confiance à des inconnus. Il me fallait être prudente, car il avait pu déverser ses sbires partout. Il chercherait à m’éliminer, moi-aussi. Peut-être même étais-je son objectif principal, celle qu’il désirait toucher. Peut-être l’avait-il enlevée dans ce seul but : me faire sortir de mon territoire pour pouvoir m’atteindre plus facilement. Je ne doutais pas que le monde ne tarderait pas à se séparer en plusieurs factions. Il y aurait des clans bien plus prononcés que jamais. Des choix politiques allaient devoir être faits. Je soupirai. Notre union aurait permis au monde de devenir stable et d’arrêter les guerres fratricides, enfin. Nous aurions pu nous ériger en gardiennes de l’ensemble, faire s’écrouler les privilèges et les complots. Nous avions été aveuglée par notre amour, nous avions désiré en profiter bien trop longtemps. Quel sens a la politique, lorsque l’on s’aime ?

Mes pas me conduisirent en un lieu que je n’avais jamais vu auparavant : une bibliothèque extérieure. Était-ce là l’élaboration de sa magie ? Une aire dans laquelle je trouverais des indices ? Je croyais encore que rien n’arrivait par hasard, malgré la situation. Le ciel m’avait menée en ce lieu. Le ciel voulait que je l’explorasse. Je levai une nouvelle fois les yeux vers les étoiles filantes. « Montre-moi où est-ce que tu es. » murmurai-je, ayant la sensation de déployer ma magie pour répondre à la sienne. Les couleurs ne mutèrent pas, ce qui me laissa envisager la possibilité qu’elle ne se trouvait pas ici. Peut-être était-elle bien plus loin, ailleurs, sur un autre continent. Peut-être n’avait-elle fait que venir ici. Peut-être n’étaient-ils restés que quelques jours et que les signes qu’elle m’avait envoyé n’étaient plus bons. Elle mettrait peut-être du temps à me répondre. Pourtant, si elle était encore vivante alors elle me guiderait. « Je te promets… » susurrai-je une nouvelle fois. « Je te promets de te retrouver, peu importe combien de temps ça me prendra. » Un enfant, à côté de moi, me regarda étrangement, sans pour autant m’adresser la parole. Mon masque l’effrayait. Je ne m’occupai pas de lui et tendis la main vers un livre au hasard. À force d’efforts, à force de voyages, j’étais convaincue de pouvoir la serrer de nouveau dans mes bras.




« Elle est où Gyzyl ? » « … Tu la connais. Elle part toujours quand il faut répéter. » « Et pas que quand il faut répéter. Elle va finir par se perdre ou tomber sur un Déchu de la Luxure. » « Arrête, c’est pas drôle. » « En plus elle a emmené le masque avec elle… et le costume aussi. La prof’ va pas être contente. »

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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Dim 17 Juil 2022, 14:44

Bonjour, ceci est le service de prévention des RP déviant.
Ceci est un post avec Rajiv qui en a pas eu grand chose à faire de l'état du ciel. Bisous <3



Les livres reflètent la beauté du ciel

Lovers study par Antonio Gamboa[/url]

Şımarık | Tarkan
C'était amusant toutes ces bibliothèques qui avaient poussées comme dans les champignonnière. Chacun avait sa manière d'y réagir. Tu étais certains de celle de Kyra : elle allait passer la journée à s'y perdre. Les projets d'Oriane te paraissaient évident également. Quant à toi, tu avais prévu un peu des deux. Tu avais déjà repéré la section poésie. Des écrits provenant de toute les races existantes et ayant existées. De quoi rassasier la curiosité de tous, y compris la tienne. Mais actuellement c'était à tout à fait autre chose que tu étais occupé.

Une main plaquée sur le mur de livres, ta partenaire entre toi et les étagères, la seconde remontait sa robe tandis que tu grignotais la courbe de sa nuque jusqu'au lobe de son oreille qui subit le même sort. D'un habile doigté la Déchue s'affairait à défaire chacun des boutons de ton vêtement avec une précipitation mesurée, descendant jusqu'à ta ceinture dont elle défit la boucle pour t'en débarrasser avec une dextérité épatante. Ce fut alors à son tour de glisser ses lèvres sur ta peau et en lécher l'épiderme comme elle l'aurait fait avec une glace à vite avaler avant qu'elle ne fonde. Une certaine différence existait cependant entre la glace et toi : ses mains sur ton sexe et à mesure que sa bouche s'en approchait ne faisait que le durcir d'avantage. Ce qui devint alors plus amusant que les bibliothèques sorties de nulle part, c'était d'imaginer qu'une personne arrivant dans ton dos ne verrait, dans un premier temps, qu'un individu hésitant sur le livre qu'il voulait prendre alors même que tu t'étais déjà décidé, sauf que ce n'était pas un livre. Puis, à s'attarder un peu plus sur ta silhouette, il verrait que tu n'es pas seul. Mais après tout, en quoi seraient-il choqué ? Outre le fait qu'ils se situaient à Avalon, ils se trouvaient actuellement dans les rayons de littérature érotique. En d'autres termes, ceux qui venaient ici pour trouver de quoi satisfaire leur libido en solo ne ferait que voir et entendre ce qu'ils ne pouvaient que s'imaginer à travers un récit. N'était-ce pas mieux encore ?

D'ailleurs, parlant de tiers... Un regard en biais, la Luxurieuse s'essuya la commissure des lèvres comme elle se redressa pour passer un œil derrière ton épaule. Tu suis son regard et pu découvrir une visiteuse — adolescente à première vue — qui traversait à pas rapide l'allée, la tête baissée n'osant pas poser un regard à votre duo. Toutefois une forme de curiosité indécente et inhérentes à tous la poussait à jeter des œillades régulières. Tu poses tes yeux sur la Déchue face à toi, un sourire s'installant sur ton visage en constatant le même sur le sien en plus d'une lueur pétillante. Quelque chose venait de lui traverser l'esprit et tu pensais savoir quoi. À pas vif elle t'abandonna pour aller rejoindre l'adolescente. « Attends ! ». Malgré l'interpellation, la jeune femme — fille ? —  continua son chemin. « Attends je te dis ! » insista ta partenaire avant s'agripper à son bras. Dans un même temps tu te rhabilles — ignorant son âge, tu préfères éviter les ennuis — avant te tourner vers le nouveau duo. Trop loin pour que tu puisses entendre quoi que ce soit de leur échange, tu t'amuses à imaginer la conversation qu'elles pouvaient tenir. La gêne finalement visible de la dernière arrivée s'intensifiant à mesure que ta compagne lui soufflait des mots à l'évidence loin des plus sages guida aisément ton esprit vers des sentiers tout aussi concupiscent, ses rougeurs devenant la réponse physique et physiologique de ton bassin contre le sien et ses lèvres qu'elle mordillait pour contenir sa gêne contenant à présent le plaisir de la chaire. Y songer ne fit finalement que réveiller ta libido. Sans compter la chaleur de ces derniers jours qui n'aidait pas à calmer les ardeurs des Luxurieux de la capitale, au contraire.

Attendant qu'elles en finissent, tu te saisis du premier livre qui te passe sous la main et t'adosses à la bibliothèque dans l'optique d'occuper ton esprit. Ouvrant une page au hasard, tu tombes sur une image suffisamment explicite pour se passer du texte à côté. Tu en lis quelques lignes tout de même, donnant par la même mentalement vie au dessin qui l'accompagnait. Les cris jouissif qui explosait dans la pièce, les mains griffant le dos de l'autre ou plaquant les corps ensemble pour une fusion plus intense encore. Intérieurement, c'est ton petit monstre de Luxure qui s'agita ne demandant qu'à reproduire la scène. Un sourire esquisse ton visage. Ce n'était pas une simple fiction. C'était encore plus que cela. Un fantasme. Celui des plus grands ragots. Les relations charnelles et sexuelles mais surtout secrètes qu'avaient les têtes couronnées entre elles. L'ancien souverain des Orishas et la reine disparue des profondeurs pratiquant ensemble un coït sauvage et brûlant.

Lentement tu refermes le livre sans te départir ni de ton sourire, ni de la lueur lascive éclairant tes pupilles. La littérature n'avait pas été d'une grande aide pour apaiser ton péché, au contraire même. Relevant le regard vers les deux femmes, tu jettes le livre par-dessus ton épaule comme tu t'avances, n'en pouvant plus d'attendre après elles. Dans le dos de la Déchue, tu enserres son corps pour te coller à elle. Il y avait des limites que tu appréciais encore avec difficulté et l'impatience en faisait partie. D'une main tu dégages la chevelure de jais pour laisser place libre à tes lèvres. « Cette petite est une Magicienne figures-toi. Elle nous vient tout droit de Cælum satisfaire sa curiosité après avoir apprit l'existence des bibliothèques. » - « Hum... » réponds-tu avec moins de curiosité pour celle-ci qu'auparavant. « La pauvre se serait perdue entre les étagères. » - « Hum... » te répètes-tu en glissant une main sur son bas ventre pour l'amener jusqu'à son sexe, n'écoutant plus que d'une oreille ce qu'on te disait. Pourtant une œillade en sa direction et tu supposes à son regard fuyant et ses lèvres pincées qu'elle ne s'était pas tant perdue que ça. « Tant qu'à être là, je lui ai proposé de nous tenir compagnie. » continua la Déchue en se mordant la lèvre lorsque tes doigts se faufilèrent sous sa robe. « N... Non ! Je ne peux pas je... Ce n'est pas... Je ne suis même pas fiancée et... Suris qu'est-ce qu'on penserait si– » - « C'est si important que ça ? » l'interrompts-tu en posant ton regard sur elle qui se détourna à nouveau. Avec un sourire mutin tu expliques le fond de ta pensée. « Je connais une Magicienne de Cælum. Elle ne s'est pas tant embêté que ça avec cette contrainte. ». Quoi qu'il lui avait fallu le temps et un mariage — en dehors de tout protocole standard cela étant — pour qu'elle ne se décide enfin. Un détail que tu passes sous silence, plus encore lorsque tu constates le visage de la Mage Blanche devenir plus écarlate qu'il ne l'était déjà. « Et puis, je suis en certaine qu'un époux ne peut qu'être ravi de se trouver marié à une femme ayant déjà l'expérience du sexe. » compléta ta partenaire d'un souffle chaud en enlaçant ta nuque de sa main. Tu ne prends même plus garde aux réactions de la Magicienne. Redescendant la taille de la Déchue tu défis une nouvelle fois ta ceinture laissant ton sexe libre et qui ne demandait que ça. Qu'importait la suite des événements, que la Magicienne s'en aille, qu'elle s'ajoute, que ce soit chacun son tour ou tous ensemble, tout ce que tu avais en tête c'était que tu allais prendre l'une des deux là, maintenant. Tu en avais trop l'envie pour attendre plus et la Déchue le sentit. « Sans parler que l'onanisme en solitaire devant des images de fiction est tellement triste. » ajouta-t-elle d'un souffle saccadé causé par ta main dans son entrejambe, dans une ultime tentative à l'inclure à votre duo. À la place la Magicienne trop éprouvée de toute cette provocation qui, malgré ses mots fragiles et sa volonté chancelante, ne la laissait pas dans l'indifférence — ce qui la gênait plus encore que d'être à peu de choses de se trouver simple spectatrice — ne trouva qu'en unique porte de sortie la fuite, courant pour échapper au duo trop lascif pour son esprit encore jeune et bourré aux hormones de la puberté. « C'est bon t'as fini ? » intervins-tu agacé qu'elle n'ait pas abandonné plus tôt son débat pour des ébats. « C'est bon. » répondit-elle avec une volupté laissant planer le doute quant à ce dont elle parlait, quoi que déçue de ne pas avoir réussie à convaincre la Magicienne.
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Stanislav Dementiæ
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Stanislav Dementiæ
Lun 18 Juil 2022, 11:41


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Les livres reflètent la beauté du ciel
Thessalia


Tu t'approches lentement de la porte d'entrée puis t'arrêtes un instant, le cœur battant. Dehors, le jour s'est éclipsé depuis longtemps. Tu le sais, car dans le cas contraire, on ne t'aurait pas autorisé à quitter ta chambre calfeutrée, barricadée des rayons meurtriers de l'astre du jour. Pourtant, une certaine appréhension t'étreint à l'idée de te tenir si proche de cette limite. Ici, tu es seine et sauve. De l'autre côté, le danger rôde : il suffirait que Jeriel décide de se matérialiser pour que tu sois réduite à un tas de cendre fumant. L'idée à quelque chose d'hypnotique et d'angoissant. Il te reste encore de longues heures avant que le danger soit réel, et pourtant, la raison ne suffit pas à effacer les frémissements de ta peau, le tressaillement de ton cœur à cette possibilité hypothétique. L'interdit. Le sentiment grisant de valser avec l'imprudence. De fricoter avec la rébellion. L'ordre n'a pas été formulé mais tu sais, au fond de toi, que tu n'es pas censée retourner à l'extérieur. Pas pour l'instant - tu n'es pas encore prête. Pas après ce qu'il s'est passé avec Dorian. Le Soleil n'est pas la seule menace qui t'oblige à croupir dans cette prison, à rester dissimulée malgré ton envie de renouer avec la nature, avec l'extérieur. Ta conscience exècre ces arguments. L'un comme l'autre de ces prédateurs aurait ta peau, sans aucun doute. Mais mourir sous leurs crocs n'est-il pas un meilleur sort que celui de devoir subir ta nouvelle condition ? Tu n'es toujours pas en paix avec ta nouvelle Nature et, maintenant que tu as abandonné l'espoir de redevenir une Eversha - quand bien même tu ne serais qu'une Hesshas -, la mort ne te semble pas si désagréable... Peut-être te serais-tu déjà offerte aux rayons solaires si ta Mère ne t'avait pas interdit de faire d'actes irréfléchis qui pourraient conduire à ta mort. Est-ce ce que tu t'apprêtes à faire ? Peut-être.

Tu inspires profondément, fermes les yeux pour essayer de faire le vide dans ton esprit puis tends la main pour la fixer à la poignée. L'extérieur s'ouvre à toi. L'air frais de la nuit s'engouffre dans le hall d'entrée, apaisant la brûlure que l'excitation a laissé sur tes pommettes. Le vent fait voltiger quelques mèches de tes cheveux diaphanes autour de ton visage. Il dérange les pans de ta robe - de ta camisole, comme tu te plais à l'appeler. Un sourire se dessine sur ton visage, laissant apercevoir tes dents blanches. Fébrile, tu jettes un dernier regard par dessus ton épaule : personne n'est là pour t'arrêter. Tu te mordilles les lèvres, ton palpitant se gorgeant d'adrénaline. Ton pied franchis l'encadrement de la porte. Une foulée, puis une seconde. Tu t'éloignes de la demeure : chaque centimètres qui t'en sépare semble te donner des ailes, te redonner goût à la vie. Tu cours, à présent, à tel point que tes poumons en sont devenus douloureux. Finalement, à quelques dizaines de mètres de la prison, tu t'immobilises - malgré ta bravade, ton esprit reste conscient de ce qui pourrait t'arriver si tu es trop imprudente : tu joues avec l'interdit mais restes malgré tout à distance raisonnable, pour retrouver le couvert protecteur du manoir si la mort te guettait.

Tu t'allonges dans le lit d'herbe fraîche. L'odeur emplit délicieusement tes narines. Le parfum sucré du nectar sur les fleurs ; de la sève qui s'écoule le long de l'écorce ; des feuilles qui se décomposent pour donner un terreau fertile. La fragrance musquée des rongeurs qui grouillent dans la forêt à la lisière de laquelle tu t'es arrêtée ; de ta propre sueur ; l'effluve obsédante du sang qui suinte d'une plaie non cicatrisée... L'hémoglobine fait frémir tes lèvres. Aubrey vient de te nourrir d'un puma qu'elle a chassé, mais cela n'est pas suffisant : ta Soif est sans fin. Ta gorge te brûle désagréablement, douloureusement même. Ton corps se tend, tes muscles se bandent à en trembler de frustration. Tes ongles s'enfoncent dans les paumes de tes mains. N'essayes pas de chasser seule. Tu en mourrais. L'ordre n'altère pas l'obsession. Tu te répugnes toi-même : tu ne t'appartiens plus. Tu n'es que l'esclave de ce liquide carmin. Les larmes viennent humidifier ta cornée ; dévalent tes joues blafardes.

Ton regard se braque en direction des cieux. La voûte céleste t'offre un spectacle splendide. Les étoiles te semblent différentes, ici. En réalité, elles ne sont plus comme tu les as connu, ici où ailleurs, leur disposition t'es devenue étrangère.  En arrivant dans ce nouveau chez-toi, tu as essayé de les redécouvrir, glissant un regard curieux derrière un rideau laissé entrouvert. Les constellations t'intriguent, tu les contemples avec nostalgie, comme si elles pouvaient te reconnecter à celle que tu avais été autrefois - avant de goûter à ce poison qui t'avais changé en monstre. Phoebe essaye-t-elle de te laisser un message ? De te mettre en garde ? Ou t'a-t-elle simplement abandonnée, reniée ? Ton cœur se serre, ou se déchire. Tes yeux humides suivent les traces lumineuses qui traversent la toile nocturne. Leurs couleurs te rappellent celles d'un coucher de soleil - aussitôt, sa chaleur, douce ou mordante, te manque. Elles t'évoquent la beauté de la Nature, baignant sous la protection bienfaitrice de Jeriel. Toi qui avait toujours affectionné Cléophée, son omniprésence en devenait étouffante. Dans un effort vain, tu tends la main au dessus de ton visage, comme pour essayer de t'emparer des étoiles filantes. Te brûleraient-elles aussi, si tu parvenais à les atteindre ? Te consumeraient-elles voracement jusqu'à t'en faire oublier ta condition ?

Une légère brise t'indique la présence d'Aubrey - elle s'est allongée à côté de toi, t'accompagnant dans ton observation. Elle ne dit rien, pour le moment. Pourtant, sa simple présence suffit à te ramener à la réalité. Vous ne bougez pas, baignant dans un silence religieux. « J'ai entendu dire que ton peuple possédait beaucoup de légende, à propos du ciel. » Tu ne lui réponds pas. « Peux être qu'un jour, tu accepteras de me les partager. » Ton silence se prolonge obstinément. « Mais ce n'est pas une histoire pour aujourd'hui. » finit par soupirer la Buveuse de sang, tout en se redressant. « Mère t'attend pour commencer ta leçon. » t'apprend-elle. Tu déglutis. Fermes les yeux et essuies les traces qui s'en étaient écoulées. Avec une lenteur témoignant de ta détresse, tu te relèves à ton tour. Telle une condamnée à mort se dirigeant vers la potence, tu regagnes le couvert du manoir.

1151 mots



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Bellada Ward
Jeu 21 Juil 2022, 10:27


Les livres reflètent la beauté du ciel
Bellada
« Par Suris ! » La vieille magicienne s'était arrêtée au pied de l'immense tour. Le cœur battant et le rose aux joues, elle observa le monument dédié aux livres avec un mélange d'excitation, de curiosité et de convoitise. Lorsqu'elle avait ouvert son livre des rumeurs, il y a de cela une semaine maintenant, et que la nouvelle d'une cité-bibliothèque créée à Avalon avait fait couler l'encre entre ses pages, la mage bleue avait aussitôt contacté la cousine de son époux, Graetz Pendragon, pour la prévenir de sa visite imminente. S'il y avait bien quelque chose qui attirait son attention, à part les ragots, c'étaient les livres. Elle avait d'ailleurs dû contenir à grande peine son envie de partir le jour même par les pontons. Gilbel le lui avait cependant déconseillé : l'Avare serait très agacée de ce manque de courtoisie et, surtout, elle refuserait de l'accueillir si la magicienne n'apportait pas une offrande digne de ce nom en échange du gîte et du couvert - chez la Déchue, rien n'était gratuit, pas même pour les membres de la famille. Quand à la Luxurieuse qui partageait la vie de l'ancienne Ward, il lui arrivait de ne pas rentrer quelques jours d'affilés, trop occupée à batifoler dans les rues d'Avalon. Or, sans elle, Graetz serait probablement de très mauvaise humeur. Prenant son mal en patience, Bellada avait donc préparé son séjour avec soin : elle avait fait ses valises pour les quelque séjours de sa venue, était allée acheter quelques cadeaux pour son hôte et avait préparé quelques produits de sa propre boutique, dans l'idée de les partager avec le couple. Les amantes étaient ses plus fidèles consommatrices et adoraient essayer ses nouvelles inventions en avant premières : le retour d'expertise était très important pour l'artisane, qui pouvait alors adapter les recettes pour convenir à une utilisation plus agréable.

Fort heureusement, un second sujet de bavardage avait occupé l'esprit de l'aïeule et apaisé son impatience. Le ciel et ses caprices avaient beaucoup fait parler d'eux. Les spéculations allaient bon train et les magiciennes se donnaient à cœur joie d'alimenter ces théories plus farfelues les unes que les autres. On avait donc entendu parler d'Appolin, ce mage fou qui avait mené une expérience scientifique top secrète sur la magie des pontons, et qui aurait ouvert une brèche laissant s'échapper ces pluies d'étoiles filantes. La rumeur selon laquelle des petits plaisantins s'étaient amusés à lancer des feux d'artifices éternels s'était vite dissipée lorsque l'on s'était aperçu que le phénomène n'était pas limité aux frontières des terres magiciennes, bien que l'idée eu beaucoup fait parler d'elle au début de l’événement - chacune pariait sur le coupable, certaine avec l'intime intention de punir le scélérat, d'autre s'amusant au contraire de la tournure du sort. Illusion, signe divin, sortilège cataclysmique : toutes les possibilités avaient été envisagées, avec des tons plus ou moins dramatiques. Les paroles les plus alarmistes, qui avaient pullulé au commencement, s'étaient peu à peu étiolées à mesure que les traces célestes s'étaient installées dans le quotidien des habitants.

La famille Ward avait profité de la beauté du spectacle pour organiser plusieurs nuits à la belle étoile, campant dans le jardin du vieux couple. Quelques tournois de baguette s'étaient organisés à l'improviste. On avait imaginé quelques légendes pour expliquer le phénomène, comme la manifestation d'un amour interdit. Chacun avait secrètement fermé les yeux et murmuré un souhait à la divinité qui aurait pu être à l'origine de la nuée colorée.

« C'est encore plus grand que ce que j'imaginais ! » s'extasia Bellada en reprenant sa marche. Un petit rire lui échappa. « Les racontars ont souvent tendance à exagérer sur la taille, crois-en mon expérience. » Pas son expérience à proprement parler, mais les témoignage de ses camarades qui avaient plus d'une fois été trompées par les vantardises de certains. « Jusqu'où grimpe cette tour ? » demanda-t-elle, à la fois admirative et consternée. Le bâtiment s'étirait jusqu'à l'infini, lui semblait-il : même en se tordant la nuque, elle ne parvenait pas à en percevoir la fin. Ce n'était sans doute pas un frein pour les habitants de la cité : leurs ailes sombres leur permettaient d'aller récupérer les livres de leurs choix, peu importait la hauteur. Dans son cas, les choses se compliquaient quelque peu. Elle ne possédait pas d'excroissances lui permettant de flâner dans les airs, ni même de pouvoir pour léviter. Si elle souhaitait obtenir un livre situé sur la rangé d'une étagère haute-perchée, il lui faudrait monter tout autant d'étages - et elle n'était pas certaine que ses genoux la supporteraient aussi longtemps - ou bien trouver une âme charitable acceptant de lui rapporter l'objet de sa convoitise. Peut-être qu'un Déchu charmant accepterait de la porter dans ses bras pour la conduire à bon port... Un sourire coquin se dessina sur le visage de la magicienne à cette pensée, avant qu'elle ne se tourne vers sa cousine, qui l'avait accompagnée jusqu'ici - Bellada l'avait soudoyé en lui promettant de payer pour les courses du marché sur le chemin du retour. « Cet endroit est véritablement formidable. » s'extasia-t-elle. « Il faudrait toute une vie pour parvenir à lire tous ces ouvrages. » continua-t-elle en reprenant la marche qu'elle avait interrompu. « Que dis-je ? Une vie entière ne serait pas suffisante. Ce bâtiment à lui seul me prendrait une éternité pour que je puisse découvrir tous les trésors contenus entre ces pages ! Et il y en a toute une cité ! » Graetz avait accepté d'emmené sa parente faire un tour mais, maintenant qu'elles s'y trouvaient, l'Avare semblait particulièrement contrariée. Et pour cause. La vieillarde avait essayé de s'emparer de plusieurs ouvrages depuis leur échange épistolaire mais, malgré ses nombreuses tentatives, chaque livre était retourné à sa place originelle, échappant à sa convoitise maladive. « Comment sont triés les livres ? Est-ce par date de publication ? Par thèmes ? Par auteurs ? Par genres peut-être ? » questionna la visiteuse. Elle trottait d'un pas soutenu : l'excitation lui donnait l'énergie nécessaire. Le mobilier du bâtiment semblait être pensé pour optimiser la lecture : des chaises, des fauteuils, des luminaires, des services à thés qui semblaient se remplir magiquement... Les coussins et les couvertures semblaient prêts à dorloter les lecteurs. Cela enchantait la mage bleue. « Aucune idée. » répliqua avec mauvaise grâce la Déchue. « Faut demander à la bibliothécaire. » ronchonna l'Avare en piochant un livre au hasard sur une étagère, et en le rangeant discrètement dans sa sacoche. « Oh, il y a une bibliothécaire qui travaille ici ? » s'extasia la vieille magicienne. « Je sais pas. » grogne l'Avare, toujours de mauvaise humeur. Cela ne sembla pas entacher l'excitation de sa cousine, qui se saisit à son tour d'un livre - un recueil de poèmes par un auteur qu'on lui avait conseillé - et qu'elle déposa dans son panier en osier. « Ce doit être absolument fantastique de pouvoir travailler dans ce lieu. » approuva la lectrice d'un air rêveur, en flânant devant les hautes armoires.

Après une bonne heure à farfouiller, d'hésitation et de découvertes, les deux femmes quittèrent la tour dans laquelle elles s'étaient engouffrées. A la déception de la Mage Bleue, Graetz avait fini par montrer son impatience et n'avait pas souhaité continuer à explorer la grande bibliothèque. Elle avait pris soin de lui rappeler à plusieurs reprise que les meilleurs produits du marché allaient être achetés si elles ne se hâtaient pas. Bellada avait fini par céder, se promettant de revenir les jours suivants pour explorer une tour différente.
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Lun 25 Juil 2022, 00:38




Sur le chemin, bercés par le crissement dans la neige sous leurs bottes, Latone céda, à plusieurs reprises, à la mélodie métallique dans sa main. Le cliquetis alimenta sa jovialité constante, ses yeux gorgés de rêverie et l'embrasement de ses pommettes ne s'avérait guère due au froid de leur pays. Miles connaissait déjà l'itinéraire de leur destination, alors la Bleue se contentait de le suivre de près, tout en manipulant, distraite, le porte-clef qui allait leur ouvrir les portes d'un paradis fantasmé. Depuis que l'Albinos lui en avait parlé, les pensées de Latone s'étaient déviées de sa prochaine réunion d'envergure pour se concentrer pleinement, totalement, entièrement sur cette nouvelle aventure. Qu'à quelques pas du centre névralgique de Ciel-Ouvert se trouvait une portion de forêt bien particulière, garnie d'érables. La Bleue connaissait son existence, mais ne s'y était point intéressée jusqu'alors, se contentant de l'illustre jardin de sa roulotte. Au sein de cette dernière d'ailleurs, durant son confinement forcé, elle avait eu l'occasion d'étudier – de manière partielle – la botanique et la flore de leurs contrées. Cette initiative lui servit bien sûr pour ses poires divines, et donc pour son répertoire culinaire, mais aussi pour étoffer ses connaissances en matières florales ; d'une part pour se rapprocher du savoir de Clo et donc des Faes, et d'autre part pour son établissement de fleuriste à Aria. Elle n'était bien qu'une horticultrice sans prétention, mais cette idée soufflée par Bhaf et Groa… Si elle faisait partie intégrante de leurs mémoires, alors elle était obligatoire. Elle était le fruit du destin ; celui qu'elle souhaitait tisser aux côtés de Miles Köerta.

" Nous y sommes ! "

La Kehaä releva aussitôt la tête, le paysage tant rêvassé prenant enfin forme juste là, sous ses yeux ébahis.

" Notre future cabane à sucre ! "

D'une révérence théâtrale, le Zeckea lui présenta le domaine susnommé, dont ils étaient à présent propriétaires. Ses phalanges se resserrèrent davantage sur les clés, car elle ne les laisserait s'échapper pour rien au monde.

" C'est super grand ! "

La Vigilante ne lui procurait plus de vertige face à son gigantisme depuis des mois, maintenant qu'elle était devenue sa propre maison. La statue éponyme – que les Marcheurs avaient restauré et revisité selon leur propre vision artistique – l'intimidait toujours, Narantuuya lui avait fait oublier sa propre taille, le mont de Linos était si imposant… Et pourtant, malgré toutes ces grandeurs merveilleuses, ce domaine parvenait à la séduire par son étendue. Il ne fallait pas juste prendre en compte le bâtiment principal, étiré vers les cieux pour rivaliser avec la cime des arbres adjacents, mais aussi tous les érables qui cernaient ces terres vierges de civilisation. Tout cela, à perte de vue, c'étaient à eux.

Dans sa grande mansuétude, Vanya, la barmaid des Cents Hurlements, était parvenue à faire revenir son frère aîné à Ciel-Ouvert, afin de pouvoir discuter du domaine abandonné. Tengri, de son nom, accepta bien entendu de recevoir la Hurabis en cheffe de la Marche Terne, son esprit entrepreneurial aussitôt séduit par sa mention dans la missive de sa cadette. Autour de quelques pintes, les Möngke leur contèrent – sans un chant, expliquant d'emblée le détachement de Tengri de ses terres natales – l'histoire de leur dynastie et de leur domaine. Étant donné les projets de Miles et de Latone, il était évident que cette bâtisse les intéresserait : elle était la plus proche des érables, suffisamment accolée à la cité pour tisser un lien avec celle-ci, tous les équipements pour leur entreprise sauront trouver refuge entre ses murs solides… Puisque le Köerta avait eu l'occasion de visiter l'endroit avec Vanya, il avait pu se faire une bonne idée de la plausibilité du projet. En ce sens, la Kirzor lui faisait entièrement confiance et se chargeait de réaliser le contrat avec Tengri. D'un commun accord, ils signèrent une collaboration pour une durée déterminée d'un an. Si l'érablière portait ses fruits… il se pourrait bien que leur cabane à sucre devînt la plus connue de toutes les Terres du Yin et du Yang !

Accompagnée d'une drôle appréhension, l'Orisha fit glisser la clé dans la serrure et déverrouilla le mécanisme qui les séparait de ce leur évasion. Ensemble, ils poussèrent les portes et, à nouveau, l'homme du duo se prit d'un nouvel élan comique.

" Honneur aux dames. "

" Ah non ! Elle l'agrippa par le poignet pour l'obliger à se redresser. On rentre tous les deux, en même temps. La narquoiserie s'empara de ses lèvres. Comme des danseurs sous la lumière de la scène. En rythme. " Alors d'un pas synchronisé, leurs bottes foulèrent le parquet du hall d'entrée.

Le craquement du bois laissait systématiquement échapper une vague éphémère de poussière. Malgré l'aération suffisante de l'endroit, ce dernier avait sûrement connu des jours meilleurs. Des vieux meubles avaient été laissé à l'abandon, les quelques interstices pour les rayons de Jeriel mirent en évidence certaines altérations causées par le temps. Les pièces s'avéraient spacieuses, les possibles agencements se creusaient dans leurs caboches au fil de la visite silencieuse. Parfois, des commentaires agrémentaient leur avancée commune. Cela lui paraissait de plus en plus étrange, comme si elle visitait son premier chez-soi. Ce qui, finalement, était plus proche de la vérité que du mensonge : on lui avait de tous temps imposer ses appartements, ses logis. Ici, elle prenait possession des lieux de son propre gré.

" Il nous avait prévenu qu'il y aurait quelques travaux. Un silence suspendit face à l'état plus catastrophique de ce qui semblait être une remise, avant qu'elle ne posât les mains sur les hanches, toute fière et enjoue. Ce n'est pas grave, on les fera ensemble ! " C'était une activité à deux, alléchante.

Sans crier gare, de singuliers éclairs lumineux se faufilèrent à travers les ouvertures de la demeure. Forcément attirés par cet appel de l'extérieur, les deux Marcheurs jetèrent un coup d'œil pour finir par comprendre qu'à nouveau le ciel se parait de nouvelles couleurs. Latone demeura pensive quelques instants, contemplant cet éphémère spectacle comme tout un chacun.

" Hé… Elle secoua la tête. Non, rien. Il insista forcément. Non vraiment, c'est stupide… Elle se mit à rire brièvement, incertaine, mais le Köerta étant ce qu'il était, elle ne put résister longtemps à son encouragement. Grrr, si tu insistes… Elle soupira et lui fit face, amplement sérieuse. Tu te souviens quand on était dans la roulotte et qu'on parlait des étoiles ? Avec cette ouverture sur le plafond qui nous manquait. Il voyait très bien à quoi elle faisait allusion ; pour elle, ce fut l'une des plus belles soirées en sa compagnie. J'ai envie d'attendre que la nuit tombe et juste regarder le ciel… Pour comprendre, peut-être. "

~~~

Une poignée d'heures s'était écoulée depuis qu'ils s'étaient perchés au plus haut point du domaine. La tour centrale donnait sur un grenier, puis jusqu'à un espace de guet où ils étaient capables de surveiller tout autour à la ronde sur un large périmètre. Ils avaient terminé la visite complète sur ce perchoir, à parler de tout et de rien, à rire et se chamailler des fois. Comme des amis proches. Pour Latone, cela manquait d'un bon cru pour fêter leur nouvelle acquisition, mais elle rongera bien son frein pour casser une bouteille sur la façade dès les réparations terminées et leur entreprise opérationnelle. Accoudée à la rambarde, la Bleue réarrangea ses tresses rebelles une fois le vent mordant passé.

" Pour la maison, je ne sais pas trop… Elle leva les yeux au ciel, songeuse aussi bien que ladite question que sur le passage des comètes. Un éclair de génie la frappa soudainement, la faisant sautiller sur place. Si on en faisait une sorte de brasserie ? Il n'y a pas de Tevi à Ciel-Ouvert, on pourrait les confectionner nous-mêmes, créer de nouvelles recettes, faire du partenariat avec Megido ! Depuis son séjour chez les Orishas, la jeune femme conservait cette expérience papillaire bien en mémoire. Pour les chambres, on pourrait les faire louer, comme une auberge, ça nous fera de l'argent facile. Elle ricana méchamment, avant de laisser filer une idée plus envoûtante. À moins que tu veuilles que Snonven et Aldis déménage avec nous ? Haha, je plaisante, mais… Tu te rappelles que c'est eux qui nous ont parlé de la cabane à sucre ? Ils pourraient venir nous donner un coup de main. Ça leur donnera une occasion de nous voir tous les deux et ça forgera leurs responsabilités. Avec elle, les deux garnements apprirent un tas de connaissances nécessaires, mais ils avaient aussi besoin de respirer, de comprendre le monde au lieu d'être terré comme des rats d'expérience. Qu'en penses-tu ? Malgré lui – et malgré elle – il était leur père et avait, de ce fait, voix au chapitre. Il faudra faire gaffe que Bhaf n'attaque pas les murs avec sa Charge du Sanglier des Temps Anciens… Et que Groa ne mange pas toutes nos réserves dans notre dos… C'est moi ou c'est une très mauvaise idée ? Elle croisa les bras, une nouvelle fois le poitrail bombé de confiance. C'est donc une idée adoptée à cent pour cent. "

De plus belle, le firmament les héla de vives flammes diaprées. Même après tout ce temps, il leur était impossible de l'ignorer. Face à ce constat, l'Éclat retint son agacement, préférant se masser la nuque et se perdre dans l'indescriptible langage des Étoiles. En son for intérieur, elle avait la nette impression que l'unique âme qui saura l'aiguiller sur la question, c'était Senere. Alors, dès demain, elle priera.

" Le Conseil des Chefs arrive. Il était déjà au courant de son invitation, tout Ciel-Ouvert chantonnait la venue imminente de leur émissaire à la table des Grands. Je ne pensais pas que… qu'on m'y amènerait aussi tôt. J'ai toujours vu le Bleu Roi comme mon ultime obstacle. Elle fixa le ciel, inspirée. Mais ce serait oublié que notre monde regorge de nombreux dangers. Et elle avait cœur de tous les balayer par la seule force de sa Voix. Un soupir et elle se tourna vers son camarade. Après ça, tu iras voir Léto, hein ? C'était ce qui était convenu. Moi, je me rendrai à Arcadia, pour transmettre le plus vite possible les nouvelles ; et évaluer de mes propres yeux les progrès de notre nouvelle terre. Son regard se fit un brin fuyant, sans pour autant faillir trop longtemps. Sache qu'envers et contre tout… on va la faire, cette cabane à sucre. "

Une Promesse ancrée dans les Constellations, un Vœu parmi les Astéroïdes.


1810 mots ~
(vu avec Miles pour les interactions ♪)



By Jil ♪
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Min Shào
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Min Shào
Lun 01 Aoû 2022, 22:53


Image par Sin jong hun
 « Min, regarde ! Le spectacle continue ! » Yoko s’écria en tirant la manche de son cousin. Alors que la famille faisait un grand ménage dans le foyer des Shào, le soleil avait coulé sous l’horizon et la lune était apparue avec les étoiles. Hier, le ciel avait changé. Min avait été bouleversé par cette vision. Il avait passé toute la nuit à pleurer, comme si cela avait lâché une marée de sentiments qu’il pensait pourtant tenir à distance. A peine avait-il appris à lire la voûte céleste de Maëlith qu’il devrait tout réapprendre… c’était l’excuse qu’il avait donnée pour ses états d’âme.

Mais en réalité, c’était plus que ça. L’Orine ne pouvait s’empêcher d’interpréter ce signe comme un destin funeste : il était piégé par la mort. Depuis des semaines, elle le suivait partout. Insaisissable, elle pouvait frapper à tout moment. C’était une fatalité insoutenable. Cette obsession avait été déclenchée par une lettre de la mère de Xaëlan, la Réprouvée qu’il avait rencontré dans son voyage pour Maëlith : ses amis, sa famille, ses congénères avaient été massacrés. Elle ne voulait plus lui parler. Sa colère était comme un incendie qui se propageait aux confins du continent et rien ne lui résistait, pas même leur amitié. Depuis, Min était hanté de cauchemars : il voyait sa mère se faire emprisonner, ses cousines se noyer… chaque nuit réservait ses nouvelles horreurs. Parfois, il pensait aux visages qu'il avait vus lors de son voyage à Stenfek. Ces mères qui jouaient avec leurs enfants. Ces hommes qui travaillaient dur. Ils ne méritaient pas cela. C'était injuste.

Ses petites cousines, Yoko et Nila, étaient le soleil qui le tirait de ses tourments. Plus que jamais, elles étaient nécessaires à son bien-être. Et aujourd’hui, il pouvait profiter pleinement de leur présence car sa tante Ting était partie ; après la métamorphose de la voûte céleste, un groupe de protection de la ville s’était organisé pour partir aux quatre coins du continent et retrouver les Orines qui auraient pu s’être égarées. En sa qualité de métamorphe, Ting avait des capacités de traçage qu’elle mettait au profit de la communauté. Tout le monde y gagnait… même Min. « Aux armes, Muses ! Les voisins ont certainement déjà commencé leur performance. Allons leur rendre visite. » Min aurait aimé ruminer confortablement installé dans ses draps, mais il se devait de les accompagner.

*

« Oh ! Ils sont là, ils sont là ! » « Chut… ne les dérange pas », chuchota Min à Nila. En avançant à pas de renard, les trois Shào découvrirent le jardin des Khan en pleine ébullition. Sur leurs visages laiteux éclairés par la lune, on pouvait voir leur couleur de peau se teinter de lumières vives en reflétant les traînées multicolores qui apparaissaient ponctuellement dans le ciel. La veille, une folie créatrice s’était emparée de Maëlith. Certaines Orines voulaient capturer la beauté du ciel en peinture ; d’autres étaient inspirées pour créer des danses des étoiles, ou encore composer des morceaux. Nila et Yoko avaient déjà peint plusieurs aquarelles sur le phénomène, mais comme toutes les autres, elles ne voulaient plus s’arrêter de créer, pas jusqu’à ce que cela s’arrête. Ce soir, elles avaient prévu de peindre une fresque du ciel avec leurs voisins. En les voyant arriver, les autres Orines retinrent leurs démonstrations d’excitation pour rester discrètes.

Tout le voisinage s’était rassemblé chez les Khan. Leur jardin était très spacieux et depuis hier, il devenait une terre d’art à chaque nuit tombée. Un étang trônait en son centre, surmonté d’un ponton rouge en bois. Et quand le ciel commençait son ballet nocturne, il leur offrait une vue qui semblait venir d’un autre monde. Ses sens flattés par l’euphorie artistique du groupe, Min accueillit l’inspiration de la Beauté du ciel et pour la première fois depuis ce qu’il lui semblait une éternité, il se sentit plus léger. « Min…! On va peindre… tu vas danser ? On va te surveiller du coin de l’œil, hihi ! » Yoko mit les mains devant sa bouche pour s’empêcher de s'esclaffer, puis tourna les talons pour rejoindre les peintres en herbe.

Min voulait danser. Il venait de retrouver l’envie. Sa tenue et ses éventails étaient prêts, la musique plantait le décor : tout était en place. L’Orine s’allongea sur l’herbe fraîche et admira les couleurs du ciel, en quête de mouvements. Le ballet se poursuivait, imprévisible. Voilà la première chose qu’il voulait transférer avec sa danse. Avoir un rythme assez lent pour être à contre-temps, pour surprendre… la musique de l’ensemble improvisé s’y prêtait aussi. Les Orines avaient parfaitement saisi l’âme du moment. Certaines changeaient de gamme en cours de route, mais sans jamais tomber dans la discordance. Les mouvements commencèrent à apparaître dans l’esprit de Min. D’abord décousus, puis reliés pour former une chorégraphie. Il inventait une envolée céleste, lente et gracieuse. Pour le reste, il se fierait à la mélodie.

Le Shào se leva et épousseta sa tenue blanche. Il dégaina ses éventails puis secoua ses bras pour laisser ses manches recouvrir ses mains. En le voyant se préparer, une Orine désigna le ponton rouge : elle voulait qu’il aille danser dessus. Il aurait pu redouter de se retrouver au centre de toutes les attentions, mais lové dans un voile nocturne d'intimité, il n’avait aucune gêne. Min se laissa porter par les notes soufflées, pincées ou frottées de ses congénères qui formaient l'ensemble. Il s’assit et identifia le rythme, puis il se lança.

Min se leva comme une fleur qui s’ouvrait le matin, très lentement, presque de façon imperceptible. Une fois levé, immobile, il ouvrit ses éventails doucement. Puis il commença sa chorégraphie improvisée ; par des pas détournés, il se dirigea vers le ponton. Les tissus et les rubans attachés à ses cheveux accompagnaient ses mouvements. Quand la musique devenait plus intense, il décomposait ses mouvements pour les faire gagner en force. Il lançait ses éventails, les manipulait pour cacher son visage et les rouvrait pour former des échos aux percussions. Ce n'était plus la même personne : l'Orine était dans un état second. Plus rien d'autre n'importait que son corps qui se mouvait dans l'espace. Il se servait du ponton pour agrémenter sa chorégraphie ; puis soudain, sur un coup de tête, son grand final fut décidé.

Ce dernier intensifia ses mouvements petits à petit ; cette fois, il ne s’adaptait plus aux musiciens, mais c’était eux qui accompagnaient sa danse. En intensifiant ses mouvements, ils jouaient plus fort, plus vite : ils savaient, eux aussi, que le grand final approchait. Et puis enfin, il fit signe aux musiciens en émettant un mouvement sec. Il fit frétiller les éventails vers le ciel puis s’élança sur la barre du ponton. Un mouvement. Deux mouvements. Puis Min fit son ultime geste. Il sauta du ponton et atterrit sur un rocher au bord de l’étang en s’accroupissant, immobile. Sa chorégraphie était terminée.

« Min ! Min ! Min ! » ses petites cousines crièrent son nom et applaudirent. Elles avaient laissé tomber leur peinture pour admirer sa danse. Les musiciens se joignirent à l’ovation. Min s’inclina puis sauta une dernière fois pour se tirer de l’étang. C'était un miracle qu’il ne se soit pas jeté à l’eau… ce dernier mouvement avait peut-être été un peu risqué. Mais l’essentiel était qu’il n’avait pas gâché son effet. Alors que Min allait se rasseoir, la musique reprenait déjà sur un autre air. Lui était essoufflé. De la sueur perlait sur ses tempes, en allant s’écraser sur l’herbe humide. Son corps dégageait une chaleur folle, mais elle était peu à peu adoucie par la fraîcheur de la brise nocturne. Min afficha un sourire de béatitude en fixant les étoiles. Il avait enfin chassé ses démons.

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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Mar 02 Aoû 2022, 13:33

Khazash par Joelin Tan
Les livres reflètent la beauté du ciel


Cela faisait un certain temps maintenant. Astronomes, cartographes et autres savants usant du ciel pour assouvir leurs connaissances étaient dans tout leurs états. Inutile de faire parti de la profession pour le savoir, il suffisait de voir les enseignants. Une partie d'entre eux, dès lors qu'ils évoquaient l'état des étoiles, voyaient leurs yeux devenir brillant de cet événement qui marquerait les ères à venir. D'autres en revanche craignaient un présage de mauvais augure. Sans avoir à le dire, les traits tendus malgré eux de ces derniers trahissaient leurs pensées. Puis il y avait les derniers, ceux qui observaient les faits avant tirer quelques conclusions, néfastes ou non, de ce que le changement de position des étoiles pouvait signifier. Demeurait cependant un problème de taille pour ceux résidants les bas plateaux : il était impossible depuis le bas étage de Drosera de pouvoir étudier le ciel en détail, celui-ci étant trop peu visible sous la canopée du Tawaradan. Tous étaient donc obligés soit de se munir d'une autorisation pour monter quelques étages, soit de sortir de Drosera, méthode employée par de nombreux scientifiques pour être moins chronophage et fatigante. Et pourtant ni l'une, ni l'autre des options n'étaient accessibles à Jämiel, ce qui avait le don de l'agacer. Il savait que la nouvelle cartographie céleste ne serait pas complète ni même disponible immédiatement. Il allait falloir l'observer sur tout les continents, toutes les mers et tout les océans dans un premier temps. Puis suivre son évolution dans le temps afin de voir si les étoiles changeaient de position au fil des saisons. Et alors seulement après une longue étude minutieuse et l'approbation des hauts dignitaires quant à leur diffusion, ces nouvelles informations et découvertes appartiendraient aux livres et au peuple. Un temps bien trop long pour le cadet Arcesi-Déléis.

Plusieurs jours il avait hésité à en faire usage. Il était encore incapable de le maîtriser pleinement. Sa puissance était bien trop grande par rapport à sa propre maîtrise de la magie et chaque fois qu'il en faisait usage il en était vidé en un rien de temps, ce qui l'avait poussé à le sortir de moins en moins. Pourtant entendre dans les rues, dans l'université ou même simplement chez lui — entre sa mère qui partait régulièrement à l'étranger ou son père qui était dans le milieu universitaire, il était servi en hypothèses — il avait fini par se montrer impatient. « Vous êtes certain de ce que vous faites ? » - « Absolument pas. Je ne suis jamais certain de rien quand j'utilise cette bague. ». Si le visage monstrueux du Mur empêchait d'y discerner quelques sentiments que ce soit, Jämiel avait apprit ses ressentis en fonction de ses silences ou de ses soupirs depuis qu'il était devenu son maître. Et là il pourrait parier qu'il était ennuyé de l'inconscience dont il faisait preuve. Une inconscience qui ne lui était pas habituelle et c'était cela qui tourmentait Owen. « Tu sais ce que tu as à faire si ça tourne mal. » - « À condition que les choses tournent mal ici et pas à Stenfek. » répliqua le Hère. « Quand j'y serai ce ne sera plus de moi que tu auras à t'occuper. » fit Jämiel dans un regard réprobateur avant mettre l'anneau à son doigt. La transformation s'opéra dans la seconde. La mâchoire serrée, l'Alfar subit avec une difficulté étrangement plus intense que précédemment ce changement d'essence. Le temps entre deux usages pouvait-il impacter la tolérance du corps vis-à-vis de cette métamorphose ? Il l'ignorait mais à présent la question c'était imposée à son esprit et s'éverturait-il à en trouver la réponse. Après une inspiration il usa dans un premier temps de la magie des portes, lui permettant de trouver refuge à Stenfek, dans cette petite habitation soigneusement gardée par Charlène qu'il trouva immobile au milieu du couloir, un couteau acéré à ses côtés, puis de la magie démoniaque afin de correspondre à l'identité du propriétaire des lieux. Il se sentit alors flancher. Lorsqu'il faisait usage de cette magie de façon involontaire, il en subissait moins les revers. Peut-être parce qui s'y trouvait une forme d'instinct. À moins que ce ne soit justement parce que ce n'est pas volontaire. En appui sur le mur, le faux Démons dû prendre plusieurs secondes pour se remettre de ses états. Cette expérience le faisait cependant douter. Serait-il réellement capable d'utiliser à nouveau une magie acquise sans apprentissage réel sans s'effondrer ensuite face à la poupée dans un inconscient non-désiré ? Il en doutait. Se décida-t-il ainsi et avant tout se permettre une pause avant quelque autre action que ce soit. De toute façon il serait bien incapable d'effectuer autre chose correctement. Quelque chose attira néanmoins son attention une fois dans le salon. Une lettre, posée avec négligence sur la petite table d'un coin de la pièce. Si elle se trouvait ici c'est qu'elle n'était pas adressé à l'Alfar mais au Démon, ce qui attirait autant sa curiosité que sa méfiance. Il s'en approcha. Mais sa route s'arrêta là, au milieu de la pièce, un voile noir tombant sur ses yeux et son esprit.

Il ignorait combien de temps s'était écoulé entre sa défaillance et son réveil. Assez pour que le soleil soit trop haut pour y voir quelques étoiles que ce soit, comme il avait prévu à l'origine. Était-ce ça qu'elle avait ressenti à son éveil ? « Lowa. » lâcha-t-il les yeux rivés sur le plafond. Un rictus glissa sur ses lèvres. Sa mère aurait été là pour l'entendre, elle lui aurait probablement fait un sermon digne de son genre. Ce ne fut que le silence qui accueilli sa réplique. Ainsi, de cette simple réflexion, il se mit à apprécier ce lieu de vie. Loin de Drosera et de l'atmosphère pesante des regards envieux ou dédaigneux. La solitude et l'évasion avaient du bon parfois. Son sourire s'élargit. Ces songes ne devraient pas quitter ces murs, et encore moins lorsqu'il retournera à Drosera. Déjà allait-il falloir qu'il trouve une justification valable à sa disparition soudaine. Qu'il s'excuse auprès de Bellone d'être parti sans la prévenir également. Il ne s'était pas imaginé rester si longtemps. Il expira un souffle et se défit de la bague toujours à son annulaire avant enfin se redresser, retrouvant par la même son apparence originelle. À nouveau son œil tomba sur la missive. Il se leva alors dans une deuxième tentative de s'en saisir pour enfin la lire. Quelques lignes avaient suffit pour qu'il repose le message où il l'avait trouvé sans même jeter un œil à sa conclusion. D'abord, il l'avait ouvert trop tard, l'événement ayant déjà eu lieu. Ensuite, eh bien, même en l'ouvrant dans les temps il aurait réagi identiquement. Il fallait vraiment être idiot pour se lancer à corps perdu dans la bataille qu'avaient lancés les Réprouvés. Au moins le monde ne pouvait à présent plus qu'être en accord avec cette idée-ci : avec un cerveau atrophié comme le leur et des muscles trop développés à en devenir incapable de se chausser soi-même, les Réprouvés ne pouvaient qu'être parents des Goleds. Le Sarethi leva le regard sur la fenêtre avant s'en approcher. Là il en tira le rideau voilant le vitrage et camouflant l'extérieur dont il pu enfin observer l'activité. Un sourire en coin marqua la commissure de ses lèvres. Peut-être pas tout les Réprouvés finalement. Ce pouvait être difficile à admettre, mais certains semblaient avoir évolués dans le bon sens à voir ceux résidants ici.
© ASHLING POUR EPICODE




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Mar 02 Aoû 2022, 23:44



RP précédent : Un saut jusqu’au ciel

« Monsieur Yüerell! Hey! »

Je me retournais en direction de la voix qui m’avait interpellé, reconnaissant le minois de l’Aspirant Godfroy, non loin, qui se rapprochait. À ses côtés, les Aspirants Rymir et Laslow me firent signe de leur présence, le calme les enveloppant à la manière d’une auréole en comparaison à leur compagnon à la tignasse échevelée.

« Bonsoir. Tranquille, je les attendis au pied de l’école de formation militaire, temporisant la sortie de mes questions pour qu’elles ne les assaillent qu’à l’instant où ils rejoignirent enfin ma position. Que faîtes-vous encore ici? Je croyais que vous seriez déjà rentrés à vos dortoirs, après l’entraînement de cet après-midi.

- C’est ce que nous nous apprêtions à faire, admit l’Aspirant Rymir avant de porter un regard en direction de sa collègue, qui souleva une paire de bottes noires sous mon nez : je les reconnus aussitôt, puisqu’il s’agissait des souliers de terrain recommandés par notre Armée. Mais Nathela avait oublié ses chaussures après le cours, alors nous avons rebroussé chemin pour venir les chercher. »

Tous les trois? L’Aspirante Laslow s’était trouvée des amis bien dévoués.

« Et vous? Vous quittez l’école assez tard aujourd’hui.

- L’instructrice Ragnvindr est la seule personne que je connaisse à rester aussi tard après les heures de cours », renchérit la jeune Nathela, ce dernier fait étampant un sourire sur tous nos visages.

La concernée – Sharlène Ragnvindr – se trouvait presque exclusivement entre les murs de l’établissement de formation, au point où l’on pouvait se demander, parfois, si elle se serait aménagé une chambre dans l’un des locaux de l’aile des instructeurs. Même ce soir, je l’avais quitté alors qu’elle avait le nez plongé dans ses documents. Toutefois, les plus perspicaces savaient qu’elle travaillait tout simplement mieux au bureau plutôt qu’à la maison. Elle était plus concentrée et attentive à ses tâches de cette façon, d’autant plus maintenant, alors qu’elle rédigeait ses derniers rapports de formation.

« En ce qui me concerne, je suis resté pour préparer l’équipement nécessaire pour mon cours de demain matin, histoire de profiter de chaque minute de mon sommeil. »

À l’expression qu’ils me gratifièrent, les étudiants semblaient parfaitement comprendre ce sentiment.

« Quel cours allez-vous enseigner? »

Comme un signal, nous nous mîmes naturellement en marche sous le ciel étoilé.

« Récupération en vol et sauvetage aérien.

- Ah oui! Notre groupe est supposé avoir la formation le mois prochain, je crois.

- C’est exact, lui assurais-je. Nous allons entraîner votre endurance comme jamais pendant cette formation.

- Plus que ce que nous avons eu ces dernières semaines?

- Encore plus, alors soyez prêts. »

À l’unisson, les trois Aspirants relâchèrent une profonde expiration, ce qui m’arracha un rire pendant que nous progressions.

« Je ne sais pas si je vais survivre à ça, se lamenta l’étudiante en frottant sa figure à l’intérieur de ses mains. Rien qu’à notre dernière manche, j’avais l’impression que mes plumes allaient s’enflammer à chaque battement d’ailes que je réalisais.

- Voler perpétuellement, sans répit et à pleine capacité pendant une heure, est plus épuisant qu’escompté. Ils ne pouvaient qu’être d’accord, puisqu’ils venaient d’expérimenter une situation similaire pendant près de trois heures d’affilée. Cela étant dit, vous vous êtes brillamment démarqués au cours de cet entraînement. Vraiment, j’ai été impressionné.

- Mais ça n’a pas suffi à empêcher l’équipe des Verts d’avoir la victoire.

- Pour le coup, ils ont été plus intelligents que nous sur toute la ligne, concéda le Rymir en haussant des épaules.

- Il fallait y penser : cacher les foulards des équipes adverses pour les empêcher de les récupérer. Même Nathela n’a compris la ruse qu’à la moitié du temps imparti.

- Je n’avais surtout pas imaginé que quelqu’un aurait songé à jouer de manière si malicieuse », soupira-t-elle en levant tout de même son chapeau en l’honneur de l’Aspirant Alberich, fin esprit à l’origine de cette simple mais astucieuse stratégie.

Au moins, de cette expérience, ils avaient appris que si aucune règle ne spécifiait l’interdiction d’un cas de figure particulier, ils leur étaient alors possible de l’exploiter afin de tourner le combat à leur avantage.

La suite de la conversation se perdit, soudain, dans un silence des plus notables lorsqu’une énième comète traversa lentement le ciel. Nous l’avions tout de suite remarqué en raison de sa grosseur et de la lumière qu’elle libéra dans son tracé, lueur qui en avait presque éclipsé le reflet naturel de l’Œil de Phoebe. Dès que le corps céleste fila et disparu à l’autre bout du firmament, nous reprîmes notre avancée d’un pas moins énergique, plus lent.

« Vous croyez que le ciel sera toujours ainsi désormais? »

La question nous était tous adressée et malgré cela, aucun de nous parvint à lui fournir de réponses spontanées.

« Pourquoi pas? C’est plutôt joli, presque hypnotisant même. »

Cependant, tous n’engageaient pas cette réflexion avec autant de nonchalance que le Rymir. Quoi qu’il en soit, nous étions tous plus ou moins intrigués par ce phénomène singulier. Si, depuis un certain temps déjà, le changement dans la position des étoiles avait été remarqué et que la majorité des cartes avait été mises à jour en fonction de la nouvelle configuration, les pluies d’étoiles filantes qui l’avaient suivi, en revanche, suscitaient davantage de curiosités et d’appréhension au sein de la population. Après tout, des événements similaires pouvaient être retracés dans l’Histoire et bien souvent, ces derniers s’étaient conclus sur une note plus amère que douce. Est-ce que nos défenses magiques sauraient nous protéger dans la pire des éventualités? Je connaissais l’assiduité et l’esprit méticuleux des membres des Escadrons Kahena quant aux protections qu’ils entretenaient sur nos différents territoires, mais une angoisse profonde palpitait toujours au fond de mon estomac, inépuisable. Nous avions tout perdu au cours du Czírnúma (le Génocide) et une frayeur évidente de revivre un scénario identique cognait furieusement à mes tempes.

« Oh… Je m’arrêtais doucement, remarquant la forme imposante des dortoirs qui se concrétisait à l’horizon. Je crois que c’est ici que nos chemins se séparent, leur annonçais-je dans un sourire.

- Merci beaucoup de nous avoir tenu compagnie. Les Aspirants allaient poursuivre leur chemin jusqu’à l’établissement, alors que j’étais prêt, ailes déployées, à changer de cap pour rentrer. Passez une belle soirée.

- À la prochaine! »

Chacun, nous posâmes un poing sur notre poitrine en signe d’au revoir.

« Bonne soirée à vous aussi et, surtout, reposez-vous. »

Je leur tournais le dos, prenant mon envol dans un saut. Maintenant que j’y pensais, je me disais que je pourrais également faire un détour chez Isiode avant de rejoindre les portails de téléportation et retourner sur Iyora : le village d’Eema était sur mon chemin de toute façon. Puis, j’avais besoin de savoir si tout allait bien de son côté aussi.

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1 135 mots



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