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 [Q] Lettre à la postérité

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Ammon Bethralas
~ Déchu ~ Niveau I ~

~ Déchu ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 89
◈ YinYanisé(e) le : 22/01/2022
Ammon Bethralas
Sam 08 Oct 2022, 21:50


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Objectif: Ammon va apprendre à ses dépens qu'il ne faut pas trop tirer sur la corde, elle finit par claquer et revenir à l'envoyeur...

Lettre à la postérité


S’il était communément d’usage d’observer quelques précautions avec le comportement des jeunes Corvus et de leur propension immodéré à céder à leurs pulsions galopantes, l’entreprise prenait une toute autre dimension avec les Envieux. Imprévisibles, impondérables, inconstants, insatiables, incompris et bien que tout une multitude d’autres qualificatifs débutant par I pourraient tout aussi bien désigner les êtres abusivement complexes qu’ils se figuraient être, le plus à même de définir Ammon en ce monde demeurait toujours le même: Insatisfait. Une insatisfaction chronique, maladive et si intrinsèquement liée à chaque parcelle de son être qu’elle était devenue malgré lui le vecteur de son caractère irascible et impétueux.

« BALTHAZAR ! Balthaaaaazaaaaaar, ou es-tu bougre d’âne ?! Maudit laquais, qui m’a foutu un empaffé pareil ?! OU EST CE QU’IL EST ?! OUUUU ?! RHAAAA »



[Q] Lettre à la postérité 555969singatureBLACKOSS

Etait-ce un cri ou plutôt un braillement peut être ? Les échos lointain de cette vocifération impromptue se déforment sur les parois des couloirs labyrinthiques avant de se perdre dans l’éther de la propriété.

"Vous avez entendu quelque chose ?"
"Vous avez l’ouïe fine, il m’a semblé entendre un couinement tout au plus, Monsieur."

Le valet s’exécute prestement et dans un geste acquis avec la dextérité de plusieurs décennies de service passées au chevet de Monsieur, incline dans un ballet millimétrée la théière de Jade renfermant une préparation à base de feuilles de laurier rehaussée d'une pointe de miel dans une tasse en porcelaine. L’homme prend grand soin de porter à ses lèvres la concoction dans un rituel qui semble durer une éternité avant de la reposer avec la même minutie sur le plateau en merisier. Un sourire satisfait ourlant ses lèvres.

"Quoi que fut l’origine de ce couinement, il serait de bon ton de traiter le problème à sa source mon bon Balthazar, dussiez vous dératiser la maison entière pour vous débarrasser de ce désagrément innoportun."
"Je vais m’y atteler de ce pas monsieur."
"Fort bien ! Faites donc ! Vous avez carte blanche ! Et toute ma gratitude bien entendu !" ponctua t’il d’une œillade complice à son alter ego.  

L’obligé prit aussitôt congé de son hôte, un rictus amusé marbrant ses traits.


[Q] Lettre à la postérité 555969singatureBLACKOSS

Dans l’enceinte du manoir, l’Envieux enrage depuis plus d’une heure d’une colère sourde, son visage est si affreusement congestionné qu’il est strié de part et d’autres de veines si gonflées qu'elles affleurent à la surface de sa peau. Furieux, le Corvus a entrepris de mettre sens dessus dessous le capharnaüm infâme de sa chambre pour y passer ses nerfs. Babioles et Bibelots en tous genres entament un spectacle de boucles aériennes avant de retomber lourdement au sol avec vacarme.  

"Bordel  de… BALTHA-"
"Oui, je suis là, Monsieur. Que puis-je faire pour votre service ?"
"ENFIN, espèce d’aigrefin, Ou étais tu passé ? Tu ne serais pas en train de farfouiller derrière mon dos au moins j’espère ?! "
"C’est que Monsieur votre Père m’a fait..."
"Pas mes affaires ce croulant, ce sont les tiennes. Veux tu bien m’expliquer ce qu’est cette chose là" lance t’il en désignant avec dédain le nécessaire à écriture qui trônait en haut d’une pile de vêtements si sales et si longtemps laissés à l'abandon qu'elle semblait désormais abriter un microcosme vivant en son sein.
"Eh bien...c’est pour écrire monsieur. "
"Tu ne te paierais pas un petit peu ma tête dis moi BALTHAZAR, hein?! Je ne suis pas aveugle. Cette chose est là depuis maintenant plus d’une semaine et j’ai eu beau la jeter, la bruler, la broyer, je l’ai même mangé, entends tu, JE l’ai mangé et pourtant elle ne cesse de refaire son apparition le jour suivant. Crois tu que je n’ai déjà pas assez de temps pour me préoccuper de mes propres projets que je devrais aller m’épancher en amabilités puériles comme une vieille femme oisive à un vulgaire inconnu ?! Sais tu seulement qui je suis ?! Ce ne serait pas une de tes manigances ou une idée glorieuse de mon père, j’espère ?"
"Pas du tout Monsieur mais..."
"Mais quoi ?!"

Le valet, en bonne intelligence, laisse planer la conversation quelques secondes, l’air faussement pensif.

"Peut être s’agit t’il là d’un présent des Dieux que vous attendiez tant ! L’un de ceux que vous appelez de vos vœux depuis si longtemps ! Un présage de bon augure !"
"Qu’est ce que tu me baragouines ?! Explique toi fissa !"
"Vous m’avez souvent conté que votre venue en ce monde répondait aux volontés des Aetheri, que ceux-ci vous ont jalousement exilé parmi nous parce qu’ils ne supportaient pas votre suprématie, qu’ils vous avaient banni de leur royaume parce que vous leur faisiez bien trop ombrage n'est-ce pas." poursuivit t’il en toute hypocrisie.

Piqué au vif, le déchu ne manquait pas une miette des propos de son vis-à-vis.

"Pure vérité. Ils n'ont jamais admis que je puisse incarner tout ce qu'il y avait de meilleur dans chacun d'entre eux même si je dois avouer qu'il doit être fort difficile d'avoir à subsister avec une entité supérieure en tous points dont la seule présence vous renvoie à ce que vous n'avez jamais su incarner. Ou veux tu donc en venir faquin ?!" clama t'il avec désinvolture.
"Eh bien, si ces objets vous collent au train depuis une semaine, c’est sans doute parce que les dieux vous enjoignent à les employer et donc à coucher sur papier toutes vos doléances pour qu’ils puissent les étudier d’un œil nouveau et ainsi vous rétribuer les pouvoirs incommensurables dont ils vous ont injustement privé."

Le valet manqua de pouffer à plusieurs reprises après avoir débité de tels torrents d’inepties. Il remercia mentalement les cours de comédie dramatique qui lui avaient été dispensé au conservatoire des arts dramatiques d’Avalon. Le discours dément comportait une telle litanie d’âneries et d’insanités en tous genres que seul un être plus détraqué encore aurait pu se laisser berner par ses promesses. L’hameçon était posé et avec un peu de chance, Balthazar serait débarrassé des frénésies compulsives du Corvus pendant quelques heures. Peut être même quelques jours tant l’exercice était inextricable par nature pour l’Envieux. Juguler ses Envies pour les canaliser à la pleine réalisation d'un objectif, les ordonner distinctement et pouvoir les consigner sur papier relevait du tour de force pour un Corvus commun. Et le cadet Bethralas n’était pas une cause commune, c’était un idiot qui compensait son manque criant d'intellect par un égo démesurément déraisonnable. Bientôt, la colère céda le pas à une longue introspection.

L’esprit confus du Déchu bouillait d’un flux ininterrompu de pensées contraires comme s’il eut essayé d’en estimer les probabilités ou de démontrer la logique viciée de l’argumentation de Balthazar. Il se gratta la tête comme pour chasser l’air chaud qui y avait élu domicile depuis trop longtemps. La présomption de cet ignoble laquais pouvait bel et bien être fondée et il fallait se rendre à l’évidence, ce nécessaire à écrire déployait à son insu une forme d’attraction intense. La première fois qu’il en avait aperçu les contours, il l’avait méprisé de tout son être. Ammon aimait imprimer sa griffe sur les artefacts et les individus qui se refusaient à son emprise, il devait les apprivoiser, les étudier, explorer les secrets inhérents à leur histoire pour - s'ils s'en montraient digne- imposer son autorité à leur encontre et les faire sien à tout jamais. Un objet qui se donne cœur et âme directement n’avait que peu d’intérêt pour un détenteur qui en valorise la singularité.

Pourtant, le nécessaire revenait à la charge encore et encore, cherchant à s’immiscer dans les interstices de son esprit tortueux, creusant petit à petit le nid de l'Envie irréfléchie de se l'accaparer. Peut être était t’il venu le temps de lui donner sa chance. Converser avec les Aetheri ou leurs oracles était chose commune pour un être de sa trempe.

"Tu es un fort bel hâbleur Balthazar, je te le concède. J’espère pour ton matricule que tu dis vrai et qu’une volonté divine prévaut à l’existence de cet objet. Déguerpis maintenant ! J’ai besoin de me concentrer pour satisfaire les desseins occultes des Aetheri que je suis le seul à pouvoir comprendre. Va t’en !" vitupéra t’il avec un geste de dégoût pour le mettre hors de portée.

Après de très nombreux essais infructueux, de feuillets déchirés, de sueur et de sang versé, d'empreinte dentaire rageuses déposées à la surface du papier, de ratures violentes et si innombrables qu'elles en cachaient les mots qu'elles étaient censés s'exprimer, le Corvus parvint enfin dans un ultime effort à écrire une lettre passable à même d'être comprise par une déité ou quoi que fut le destinataire supposé de ce courrier.

Aetheri, Oracles, Prophètes, Hérauts des dieux, quoique vous soyez,

Entendez l’appel du prodigieux héritier suprême de vos pouvoirs et sachez que le jour de mon avènement approche à grand pas.

Ne me faites pas l’affront d’avoir à me présenter. L’omnipotence de mon pouvoir vous a conduit à me condamner à un destin funeste dans ces contrées sauvages et primitives pour cohabiter dans la fange avec les pourceaux qui la peuplent. Et si chaque jour est un fardeau insoutenable à passer parmi ces dégénérés, gueux puants et autres créatures abjectes qui marchent sur ces terres, certains font preuve d’assez de servilité pour que je daigne leur accorder ma miséricorde et que j’accepte de les guider vers la félicité. Par compassion envers ces êtres inférieurs, j’ai accepté leur soumission et leur plus plate subordination à la concrétisation de mes désirs. L’allégeance de tout-un-chacun à une cause qui dépasse l’entendement de chacun d’entre eux ne sera pas oubliée. Ma bénédiction envers ces êtes inférieurs supplante d’ores et déjà toutes les vôtres cumulées. Dans les prémices de cette grande épopée qui est la mienne, soyez bien sûrs que les premières lueurs d’un avenir glorieux et triomphal se profilent déjà dans l’Aube en devenir.

Toutefois, mon indulgence, à l’instar de mon pouvoir exorbitant et de mon courroux tout aussi insensé, ne saurait connaître de limites. Aussi, j’appelle tous ceux qui voudraient bénéficier de ma mansuétude à me rétribuer instamment mon immense pouvoir et à se prosterner devant ma suprématie, faute de quoi je les ferai ployer pour mieux se soumettre à l’inéluctable vérité.

Ma destinée est d’ores et déjà écrite, ma postérité inscrite au firmament de l’Univers l’est tout autant.

De quel gage avez-vous donc besoin pour accepter l’inexorable ?

En preuve de bonne volonté, je saurai me montrer magnanime et enclin à négocier les termes de votre reddition avec l’Émissaire qui saura répondre à cette missive. Puissiez vous avoir la sagacité de comprendre toutes les responsabilités qu’ils vous incombent de porter et de donner une voie favorable aux prétentions qui me reviennent par nature. Je saurai aussi écouter vos suppliques avec impartialité et faire preuve d'indulgence pour accomplir l'un de vos souhaits quel qu'il fût.

Ammon

Post I - 1826 mots

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Ammon Bethralas
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◈ YinYanisé(e) le : 22/01/2022
Ammon Bethralas
Jeu 13 Oct 2022, 00:23


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Lettre à la postérité


Les marques de considération que lui manifestaient ses congénères étaient rares et éphémères tant l’Envieux s’employait invariablement à remettre en question la légitimité de chacune d’entre elles. Qui ? Quoi ? Dans quel but ? Tout était passé au crible de la grille de lecture excessivement paranoïaque du Corvus et seul un soupçon d’entre elles trouvaient ponctuellement grâce à ses yeux. Car si en apparence toutes ces attentions à priori spontanées pouvaient sembler partir d’un bon sentiment, l’écrasante majorité d’entre elles répondaient en réalité à des stratagèmes pernicieux destinés à s’adjoindre la confiance et les talents qu’un saltimbanque de sa trempe pouvait garantir: a savoir tout bonnement aucun. Et quant à la confiance, Ammon n’en avait pour quiconque si ce n’est pour sa propre personne, l’Écarlate demeurait hermétique aux moindres formes de qualificatifs favorables à son encontre. Les remarques désobligeantes, elles, glissaient le plus souvent sur le miroir de son indifférence après qu’il les ait jugé sans fondement et ce bien qu’il répertoriait consciencieusement chacune d’entre elles. Même son propre peuple honnissait sa présence quand il ne se désintéressait pas totalement de son sort.  Le monde entier prenait un malin plaisir à railler la primauté de ses pouvoirs et à le traîner inlassablement dans l’opprobre pour le tourner en dérision avant de s’en désintéresser l'instant suivant. Lui n’oubliait pas, il n’oubliait jamais et attendait discrètement son heure pour rendre au centuple les affronts dont il était victime. Tous finiraient invariablement par acclamer sa grandeur et craindre son autorité, dût t’il pour cela marcher sur leurs cadavres désarticulés et se contenter de leur silence pour seul aveu d’adhésion de son triomphe. On l'enviait farouchement et on s'évertuait encore et encore à lui mentir pour mieux le discréditer et ternir vainement le rayonnement mystique de ses pouvoirs.

Toutefois, son intelligence supérieure le préservant de tous les maux ou presque, il aimait particulièrement jouer le doux ingénu pour se laisser berner par une rhétorique dont il s’imaginait connaître tous les ressorts. Pour l’Envieux, la démarche relevait presque du stimuli compulsif et puis c’était aussi un bon moyen de vérifier l’acuité naturellement supérieure de ses capacités sur ses homologues se disait t’il pour se rassurer. La naïveté de son comportement avait le don d’enhardir les meilleurs menteurs pathologiques à pousser - dans un excès de zèle - leur laïus jusqu’au point de rupture. Un détail, une incohérence, une contradiction pour les plus mauvais d’entre eux et tout le château de cartes s’écroulait à la seconde où L’Envieux pointait délibérément à leur connaissance l’élément en apparence anodin qui finissait par leur exploser à la tête. L’hypocrisie pouvait se révéler être une arme létale pour quiconque savait l’utiliser à bon escient.

L’Ecarlate avait fini par se prendre au jeu des faux semblants et des petits mensonges, il y résidait une forme de trivialité qui l’amusait beaucoup. L’Envieux s’adonnait tout au plus à des cachotteries sans réelle prétention ni incidence. Il y avait une forme de séduction dans la pratique du mensonge où le cobaye devait apprécier suffisamment la version du mensonge qui lui était donné pour abaisser sa vigilance et lui donner le crédit nécessaire pour devenir réel. Tout ceci restait pourtant à l'heure actuelle de l’ordre de la pure théorie pour le Bethralas tant celui-ci éprouvait grand mal à conférer vraisemblance au propos. L’idiot ambitieux s’imaginait bien meilleur qu’il ne l’était réellement et ses petites manigances ne faisaient pas long feu avant que sa fourberie ne soit révélée au grand jour et qu’il ne soit copieusement passé à tabac par ses camarades. Ammon vivait mal ces échecs cuisants qui le renvoyait à chaque fois à la privation de ses pouvoirs mais il avait cependant pu tirer une leçon importante de toutes ses tentatives infructueuses. Ce n’était pas tant les composantes du mensonge qui rentraient en ligne de compte pour en faire son authenticité: seul l’Intention revêtait réellement de l'importance. A force d’expérience, l’Ambitieux finirait par comprendre au fil des années que tout ceci ne repose finalement que sur le jeu de dupe des protagonistes et de ce qu'ils sont prêts à mettre dans la balance pour que la supercherie puisse se prolonger.

Mais aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, l'Ecarlate était content.

Il pensait avoir pu faire la démonstration de toute son éloquence dans la rédaction de sa lettre et ainsi regagner les faveurs des Aetheri. Fait rarissime, la nature épistolaire de l'échange lui octroyait une tribune d'expression mais aussi et surtout une audience à même de vouloir écouter ses prétentions. Et ce détail en apparence mineur changeait toute la donne. La tâche laborieuse et particulièrement complexe avait mobilisé toutes ses forces afin d’être menée à bien. L’adolescent s’était condamné à une errance de plusieurs jours dans la bibliothèque de la propriété et avait dévoré tous les plus gros livres à reliure en vélin qu’il avait pu trouver pour s’abreuver des discours les plus pompeux et grandiloquents à sa disposition. Plusieurs tomes entiers d’histoire primaire et contemporaine du très regretté érudit Jackezhelius, des traités de physique fondamentale appliquée à la magie, une anthologie sur la botanique des milieux marécageux de Durienrisda, des recueils de science politique Alfars et même une introduction à la comptabilité par un Harpagon à la notoriété tapageuse, tout était bon pour tenter de donner le change . Par chance, la boulimie littéraire du Déchu cala sur un recueil de nouvelles lubriques prétendument écrites par une Réprouvée de Stenfek au pseudonyme de "Lattisla Seïzlo" sans doute écrit par un prête plume au profit de l’auteure. N’importe quel arriéré avait connaissance que ces bouseux pouvaient à peine construire des chaises alors la littérature...ça relevait de l’utopie fantasmée. Outre le fait que tous ces textes étaient désespérément soporifiques et atrocement imbuvables pour le quidam moyen, leur compréhension était rendu au stade du cryptique pour un attardé comme Ammon. A force d'assommantes lectures, quelques mots et expressions avaient fini par germer dans le terreau fertile de son esprit et ce bien que leur pleine compréhension lui était hors de portée. Toutefois, l’Envieux avait compris que pouvoir restituer les mots de trois syllabes ou plus comme prodigieux, entendement, bénédiction ou omnipotence dans un texte cohérent pouvait paraître du meilleur effet et faire illusion auprès de l'énergumène moyen. L’Envieux n’était pas peu fier de la prouesse réalisée.

"Félicité, çà c’était bien. Purée je suis bon, il y a pas à dire. C'était quoi ensuite ? Miséricorde ? C’était vachement savant aussi ! J’étais particulièrement inspiré, tu trouves pas Balthazar, hein dis ?"

"Très monsieur."

"Tu l’as dit, allez te fais pas prier comme ca, ressers moi donc un peu de cette poésie verbeuse dans les tympans." railla t’il de concert.

"En preuve de bonne volonté, je saurai me montrer magnanime et enclin à négocier les termes de votre reddition avec l’Émissaire qu... "

"Ou alors çà, c’est encore mieux putain, comment ça s’épelle ce truc déjà ? I-N-E-X-O-T... ?"

" R, monsieur, Inexorable."

"Ouais voilà c’est ca ouais, je le savais, tu m’as interrompu avant que je puisse le dire espèce d'idiot mais franchement Balthazar, c’était pas génial ca aussi ?! C'est ton jour de chance en tout cas, je suis jouasse aujourd’hui mais c’est bien parce que je t’en dois une alors profite en bien, je ne t’aurais jamais laissé me reprendre avec tant de couardise sinon tu t'en doutes. Tu veux que je te dise Balthy ? Ca va sans doute t’en boucher un coin mais j’ai l’impression de pouvoir enfin prendre ma revanche sur le monde entier avec cette lettre !"

"J’en suis fort aise pour vous Monsieur. Vous le méritez en toute sincérité."

La verve du valet à la limite de l’obséquieux avait de quoi irriter lorsque l’on n’y était pas familier si bien que même après toutes ces années de servitude, Ammon ne savait jamais à quoi s’en tenir quant aux motivations réelles du domestique qu'on lui avait flanqué.

"Garde ta complaisance tu veux ? Je sais très bien ce que je mérite. Je pourrai sans doute bientôt me passer de tes services pour ce qu'ils valent de toute façon. Lorsque j'aurai enfin retrouvé mes pleins pouvoirs, mon père pourra aisément te congédier à moins que tu ne te jettes à ses pieds en l'implorant pour trouver grâce à ses yeux. Remarque, c'est peut être là où tu es le meilleur." conclut t’il en soupirant.

Le sourire affable du majordome ponctua l’échange inaccoutumé entre les deux individus. Une revanche ? Vraiment ? N’en avait t’il pas trop fait ? Est-ce que toute cette petite mascarade, initialement orchestrée comme une simple distraction frivole ne commençait t’elle pas lentement mais sûrement à échapper à son contrôle ? Est ce qu’il n’avait pas transgressé les libertés que son rôle de composition lui imposait ? Le valet ricana intérieurement avant de laisser paraître un rictus hypocrite à son alter ego. Si cette idée de correspondance épistolaire lui était bel et bien apparu de manière fortuite, il comptait désormais en tirer les ficelles pour rendre la monnaie de sa pièce à ce petit effronté d’Envieux arrogant. Horrible laquais par ici, maudit larbin par là, les désignations dégradantes et les mauvais traitements étaient devenus routiniers pour le majordome, inflexible à tous les qualificatifs outrageants dont il se voyait rabaisser jour après jour. Pourtant, il accourait et se démenait comme personne pour réaliser les quatre volontés de ce petit prétentieux à l’injure facile. Le temps de torcher les morveux de son espèce était néanmoins révolu. Ce sale petit merdeux d’ingrat qui n’avait de cesse de le dénigrer et qui le prenait pour son serviteur attitré lui en avait tellement fait baver qu’il méritait bien une bonne et franche leçon qu’il n’allait sans doute pas oublier de sitôt. L’infâme môme avait dépassé les bornes et avait réussi l’exploit de venir à bout d’une patience trop longuement éprouvée par les assauts perpétuels. Qu’importe les états d’âme, qu’importe le devoir de réserve qu’un majordome de sa qualité devait observer, il en assumerait les conséquences. En lui donnant la lecture d’une copie de la lettre, l’Envieux lui avait donné malgré lui toutes les cartes en main pour assouvir pleinement ses velléités de réparation. L’échiquier était posé et il était dorénavant temps de manœuvrer pour mener son vis-à-vis à sa perte. Du haut de son piédestal, la chute de l’Envieux n’en sera que plus pathétique mais tout aussi délectable.

A l’évidence, le déchu, présomptueux par nature, n’escomptait qu’une réponse rapide et favorable à ses revendications. Dieu sait où et à qui cette missive fut expédiée, ni même si le destinataire se donnera la peine de déchiffrer la moindre ligne de ce charabia puant de vanité ou qu'’il s’efforcera d’y donner suite, Balthazar, lui, comptait bien mettre un point d’honneur à s’emparer de sa plume la plus acérée pour lui répondre en termes choisis. S’il est bien connu que les murs ont des oreilles, les domestiques en demeurent les porteurs des secrets coupables et Ammon allait l’apprendre à ses dépens.

Post II - 1833 mots

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Ammon Bethralas
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◈ YinYanisé(e) le : 22/01/2022
Ammon Bethralas
Ven 14 Avr 2023, 22:16


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Lettre à la postérité


« Qu’est ce que c’est ? »

« Le pli a été déposé ce matin avec votre seul nom sur l’entête... »

« Et ce n’est que maintenant que tu m’en parles ? »

Une moue suspicieuse arborait les traits de l’Envieux. S’il était dans ses habitudes de se saisir de sa plume la plus acerbe pour noircir des pages et des pages de courriers accusateurs à l’égard de tous ceux dont le comportement nauséabond jetaient l’opprobre sur Avalon, ses diatribes restaient la plupart du temps lettres mortes. L’Écarlate s’était ainsi récemment fendu d’une missive incendiaire au conservatoire des beaux arts après avoir assisté à cette exposition de mauvais goût intitulée L’Eveil des sens qui avait l'impudence de mêler érotisme et culinaire. Des sculptures éphémères dressées sur des piedéstals dans le plus simple appareil et drapées de fruits et chocolats en tous genres étaient laissées à la libre appréciation des visiteurs qui pouvaient décider s’ils préféraient les dévorer seulement avec les yeux ou de manière plus prosaïque. Nul besoin de paraphraser pendant dix minutes sur l’option privilégiée par le public compte tenu du caractère éphémère des œuvres considérées. Ammon abhorrait tous les élans de débauche à outrance et la proéminence du corps dans les arts dont se faisaient l'écho les Déchus. L’Envieux invétéré demeurait bien incapable de se satisfaire de son propre reflet et des innombrables imperfections que son esprit malade imaginait chaque jour mûrir à la surface de celui-ci. Si quiconque ne voulait tenir compte de la lucidité de ses avis et de la pertinence de ses remarques, il le devait en partie à cette esthétique qui lui faisait délibérément défaut, le Bethralas en était intimement persuadé. Si il camouflait laborieusement ce manque de confiance sous une chape d’amertume et d’antipathie, l’Envieux ne pouvait résolument tolérer d’être l’otage de l’exhibitionnisme revendiqué des Ailes Noires.

Toujours est t’il qu’on ne prenait jamais la peine de répondre à ces courriers. Aussi, il était pour le moins inhabituel qu’on décide de lui écrire à fortiori lorsque l’enveloppe en question ne comportait aucune information de nature à en identifier l'expéditeur. La main du Bethralas parcourra nerveusement la missive pour en faire l’examen, la pulpe de ses doigts épousant le grain fin et régulier de sa surface comme s’il eut voulut sonder vainement les intentions de son auteur. Aucun sceau, aucune marque caractéristique, la calligraphie elle-même banale au possible ne permettait pas de déceler la moindre information susceptible d’être exploitée. Le regard de l'Envieux se voila en réminiscence des centaines d’individus à qui il avait vomit l’ire de ses récriminations des années durant. Sa plume telle un couperet s’était abattue sans aucune complaisance, sans aucune indulgence contre tous ces lamentables gueux qui n’avaient de cesse de se vautrer dans la médiocrité intellectuelle. Une aubaine qu’il ait préféré signer ses courriers les plus virulents sous le pseudonyme de « Baron Écarlate » pour les destinataires les plus puissants et renommées d’entre eux. Si la probabilité de remonter jusqu’à lui était présumée faible, il n’était pas si inconcevable que l’un d’entre eux ait planifié précautionneusement sa vengeance en attendant son heure. Pourrait t’il feindre l’ignorance et se défiler lorsque l’auteur viendrait à sa rencontre pour l’incriminer ? Aucune chance, l’expéditeur avait délibérément laissé ouvert le pli, ce qui laissait suggérer que son auteur avait au bas mot connaissance de l’adresse du Bethralas et qu'il l'avait potentiellement déposé en mains propres. Et si on l’espionnait ? Depuis combien de temps ? Et s’il avait des complices répertoriant minutieusement le moindre de ses faits et gestes ? Ici, dans cette demeure ?

Une sueur perla le long de sa tempe en imaginant les contours des représailles punitives de ses détracteurs. Quel sort abject comptaient t’ils lui réserver ? Les abus et sévices de toutes natures n’étaient heureusement pas autorisés à l’encontre des enfants et adolescents dans la capitale. L’Écarlate ne risquait tout au plus que d’être rabroué mais ce seul affront a la vue et au su de tous constituait l’une des pires infamies pour le Corvus. Être cloué au pilori en place publique revenait à renoncer définitivement à pouvoir exercer un jour le moindre rôle d’envergure chez les Ailes Noires sans compter le ridicule qu’un tel acte imputerait à sa réputation. Et si on l'enlevait pour lui faire subir un châtiment bien pire au delà des terres des Ailes Noires où leurs lois ne s'appliqueraient plus ? L’esprit du Rouge enflait des effusions fantasmées qui y pullulaient avec désordre. Son regard se voila et son visage se rembrunit à mesure que ces idées délétères l’assaillaient. A chaque fois qu’il sentait le déluge chaotique de ses pensées le submerger, le pêché prenait le pas sur tout le reste en emportant la moindre nuance de discernement et de contrôle dans son sillage. L'Envie comme entité propre s'imposait et finissait par lui dicter sa conduite. Chaque accès délirant amenait son lot de crispations, de frustrations et d’aigreurs en le renvoyant sans cesse au reflet de sa propre incapacité chronique à hiérarchiser le fil de ses idées pour mener à bien ses ambitions. Paradoxalement, il ne devait son salut dans la plupart des cas qu’à l’intervention salvatrice d’autrui – de Balthazar même dans la majorité d’entre eux –  pour retrouver prise avec la réalité et sortir la tête de l'eau. D’une certaine manière, cette évidence ne faisait que renforcer l’animosité que l’adolescent vouait à son serviteur qui incarnait malgré lui le bouc émissaire parfait pour subir le poids accablant de ses rancœurs. Alter ego décrié, l’obligé en savait bien trop sur son compte et vivait depuis bien trop longtemps dans la demeure pour être simplement remercié et jeté à la rue sans autre forme de procès. Balthazar avait su se rendre indispensable à bien des égards pour qu’on puisse décider du jour au lendemain de se passer de ses bons et loyaux services. Qui plus est, son père aurait toujours le dernier mot et le patriarche de la famille ne le limogerait pour rien au monde. S’il était éperdument conscient de le malmener, l’Écarlate s’estimait dans son bon droit compte tenu de la rétribution substantielle que percevait le valet pour tolérer ses frasques. A défaut de pouvoir l’écarter, Ammon devait composer avec cette présence indésirable et désapprobatrice.

« Souhaitez vous que je vous la lise ? »

« N’y songe même pas, donne la moi » éructa t’il en lui arrachant l’enveloppe des mains. Le valet s'éclipsa aussitôt avec déférence, un sourire satisfait marbrant ses traits.

Cher Baron Écarlate ou quelque soit le nom saugrenu que vous décidez d’adopter, sachez bien qu’il ne vous servira à rien de vous dissimuler derrière un pseudonyme pour vous soustraire à vos bouffonneries épistolaires. Ces courriers dithyrambiques sont un calvaire oculaire tant ils sont inutilement pompeux, décousus et indigestes. Figurez vous que j’ai tenté d’en faire lecture à mon épouse mais celle-ci s’est esclaffé de rire à chaque ligne tant et si bien que je ne suis parvenu à la mener à son terme. Je connais le moindre de vos petits secrets honteux, de vos lubies maladives et de la démesure permanente qui vous caractérise si admirablement. Un rien vous irrite, vous agace, vous ébranle, vous tourmente, vous afflige. Un regard, une parole, une attitude suffit à meurtrir ce narcissisme si exacerbé qu’il me semble parfois que vous l’ayez emprunté à votre frère. Votre irascibilité n’est qu’un leurre, tout au mieux une façade illusoire dont les parois s’effritent à mesure que vous vous entêtez dans vos inepties. En vérité, vous êtes une créature fragile et instable qui s’émeut de n’être l’objet d’aucune attention et d’être délibérément conspué par vos congénères. De tous les pêchés qui bordent l’existence des Ailes Noires, vous avez sans aucun doute possible hérité du pire. Vous déniez à quiconque toute vertu dont vous êtes incapable de faire preuve. Qui êtes vous seulement ? Vous vous cachez derrière l’anonymat parce que vous n’avez pas l’étoffe du personnage faussement éminent que vous vous êtes façonné et qui se délite un peu plus chaque jour que cette farce se poursuit. De Baron, vous en avez usurpé le titre et n’avez pas une once des qualifications pour en assumer le rôle. La fortune de votre père ne vous sera d’aucun salut avec moi. Vous n’êtes rien de plus qu’un imposteur, un clown triste, tout au plus une distraction un peu vaine et fade dont on devine bien vite les contours grossiers et dont on se débarrasse le temps venu par crainte de se salir. Ce courrier est bien trop long pour l’importance qui est la vôtre et mon temps est bien trop précieux pour que je daigne vous l’accorder davantage. Un peu d’humilité et de réserve pour panser ce trop-plein d’ego sanguinolent serait salutaire et sachez bien qu’avant de venir vomir votre fiel, il vous faudra gagner votre place dans la société. Si vous vous entêtez à continuer sur cette voie, je n’aurais aucun scrupule à commencer par ébruiter tous vos petits secrets à vos camarades à l'Académie.

Votre ennemi si vous persistez sur cette voie


Dans l’embrasure de la porte, Balthazar n’aurait manqué pour rien au monde le spectacle se tenant sous ses yeux. Les yeux plissés, le teint du Corvus avait rapidement viré au blafard avant que son visage ne se zèbre sous l’effet des lames impétueuses ébréchant les récifs de ses certitudes. Il s’était tuméfié lentement au gré du ressac comme si le courant lui-même eut voulu emporter dans son sillage les bris épars qui se détachaient des rochers après chaque assaut. L’agonie du Corvus était silencieuse mais réelle, son non verbal était suffisamment éloquent pour que le majordome puisse s’en délecter. La frustration d’Ammon s’exhalait en volutes de tous les pores de sa peau à mesure que les saillies se plantaient comme des pieux inamovibles dans ce qui lui restait d'amour propre. Comment allait t’il réagir ? Se morfondre dans le mutisme ou céder aux élans de cette violence intérieure qui menaçait dangereusement de rompre son étau ? Totalement imprévisible, l’Écarlate était empli de contradictions si criantes qu’il était impossible de présumer véritablement ses réactions. Pourtant, Balthazar ne regrettait en rien cette décision prise en toute connaissance de cause. Il y avait une forme de libération, de délivrance dans cet acte qui relevait de l’exutoire. Le valet avait consciencieusement tiré parti des failles longuement éculées de l'adolescent pour mieux soutenir la comparaison avec son frère aîné copieusement détesté. Il avait pesé chaque mot dans ce courrier à charge qui pouvait potentiellement compromettre si profondément le néophyte dont il avait la charge qu’il ne pourrait le sauver de la perdition. L’initiative de Balthazar avait valeur de pari. S’il devait s’écrouler maintenant, alors l’Envieux échouerait lamentablement et donnerait raison à l’auteur de la missive. Il ne parviendrait jamais à faire preuve de la présence d'esprit nécessaire pour supplanter l’attrait dévorant de son pêché. Si au contraire, il relevait le défi et se tiendrait prêt à faire face à la réalité froide de sa condition et œuvrerait à son émancipation, il pourrait à terme avoir les moyens de ses prétentions. L’accession à de véritables responsabilités était à ce prix, c’était un risque qu’il fallait prendre.

Faussement amène, le serviteur pénétra dans la pièce pour s’enquérir des volontés de l’adolescent.

« Que puis-je faire... mais pourquoi est-ce que vous souriez ? »

Dans l’oeil du Corvus, la fébrilité avait laissé place à une lueur sombre insufflée d’une nouvelle résolution.

« Pour la première fois de mon existence, j’ai enfin trouvé un rival à même d’être digne d’intérêt Balthazar. Je dois bien avouer que cette sensation est particulièrement grisante. Je ne sais qui est cet individu, ni même comment il a accumulé toutes ces informations à mon insu. Ces quelques lignes ont le désagrément d'être ponctué de vérités difficiles à admettre. J'imagine que s'il s'agissait d'un tissu de mensonges, elles n'auraient pas trouvé d'écho. Force est de constater que c'est tout l'inverse qui s'est produit et que ces mots résonnent avec virulence. Le silence que je ne peux que leur opposer est bien pire encore à supporter. Qui que ce soit cette énergumène, nous nous retrouverons tôt ou tard. J'ai enfin un véritable ennemi en ligne de mire. »

Post III - 2038 mots



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