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 [Q] La lettre et la tempête

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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mar 17 Oct 2023, 19:58



Unknown

La lettre et la tempête

Solo | Kiara & Lana


RP précédents : Les Basphumis.
RP lié : De cœur et d'entailles.


Les doigts de Lana coururent sur la courbure du papier. Ses yeux bleus semblaient en scruter le grain ; ils décortiquaient les arabesques des lettres. L’écriture était soignée, soignée mais hâtive. Presque tremblante. L’enveloppe s’adressait à Kiara. L’adolescente recevait régulièrement du courrier de la part de ses parents. Elle avait d’ailleurs entassé plusieurs missives dans le tiroir de sa table de nuit, ce qui signifiait qu’elle n’y avait pas répondu. Lorsqu’elle le faisait, elle rangeait les correspondances dans un classeur à cet usage. Parfois, la Kælaria les lisait. Elle aimait plonger au cœur des réflexions de son amie, reflétées par les propos de ses parents. Elle se lançait à la recherche d’un voile à soulever, d’un linceul à écarter pour découvrir quelques cadavres de pensées inavouées. En général, elle ne trouvait rien de très satisfaisant. Si elle était proche de ses géniteurs, Kiara ne leur étalait pas sa vie intime. Toutefois, grâce à ces lettres, l’Ondine était capable de deviner l’état d’esprit de son amie, de savoir si quelque chose la tourmentait ou si, au contraire, elle voguait sur un nuage de bonheur. Le fait qu’elle n’eût pas répondu à ses parents depuis plusieurs semaines sous-entendait qu’elle ne se sentait pas bien. Ce qui tombait sous le sens, considérant toutes les rumeurs qui couraient à son sujet. Cependant, plus Lana scrutait l’enveloppe, plus elle était certaine de détenir une nouvelle clef du mystère qui entourait son amie. Elles n’avaient pas beaucoup parlé du Magicien. Kiara s’était contentée de dire ce qu’on entendait déjà partout à son sujet : qu’il était charmant, qu’elle le trouvait très beau, qu’il était gentil. Que ça avait été une nuit magique. La Kælaria avait dû serrer les dents, de la même manière qu’elle contractait les mâchoires en scrutant le nom de l’expéditeur, assise au bord de son matelas. Lucius Paiberym.

Elle s’installa plus confortablement contre la tête de lit ; puis, sans scrupule, elle défit le cachet et tira la lettre de sa protection. Elle la déplia et la lut rapidement. Un pli réprobateur tordit sa bouche. Comment Kiara pouvait-elle encore vouloir voir le garçon, avec tout ce qu’il se passait ? Qu’espérait-elle ? Qu’il officialisât une relation, alors qu’il avait des milliers d’autres filles à ses pieds ? Était-elle si naïve ? Croyait-elle qu’il l’aimait ? Qu’elle avait été plus qu’un numéro ajouté à son palmarès, plus qu’une conquête d’un soir ? Un rictus amer déforma le bas de son visage. Ne voyait-elle pas que, comme n’importe quel Gælyan de sexe masculin, il avait profité de sa faiblesse ? Abusé sur elle de son pouvoir ? Voulu la posséder, pareils aux marins dans ces contes dont les terriens se berçaient les oreilles depuis l’enfance ? Il l’avait eue. Elle avait été sienne. Elle s’était offerte. Bêtement. Elle ne revêtait désormais plus aucun intérêt. L’amour rendait stupide. Lana appuya sa tête contre son oreiller. Son regard incandescent planté sur le plafond aurait pu en faire fondre la pierre. Un soupir agacé franchit ses lèvres, puis elle roula sur le ventre et posa la lettre sur la taie pour la lire à nouveau.

Ses iris remontèrent en haut de la missive et la détaillèrent plus posément. Cette fois, son esprit s’attarda sur les deux premières phrases. Elle fronça les sourcils, agacée tant par leur teneur que par le fait qu’elle n’y eût pas prêté attention dès le premier coup d’œil. Quelle situation évoquait donc le Mage Blanc ? Pourquoi avait-il besoin de prévenir son père ? Qu’est-ce qui ne lui était jamais arrivé mais qui valait la peine de prendre rendez-vous pour en parler ? Elle demeura quelques instants immobiles, puis un pressentiment frappa son estomac – presque une conviction. Ses yeux s’écarquillèrent. La vision d’un ventre rond, énorme et disgracieux, accolé à la fine silhouette de Kiara, brouilla sa vue. « Non. » Il n’avait pas fait ça. Il n’avait pas osé la souiller comme ça. Elle n’avait pas fait ça. Elle n’avait pas été suffisamment stupide pour ne pas y penser. Elle n’était pas… Sa colère afflua dans ses doigts ; l’Ondine froissa la lettre puis la jeta de toutes ses forces à travers la pièce, avant d’enfouir son visage dans l’oreiller. Le hurlement qu’elle y poussa vrilla sa poitrine de violentes secousses. Des sanglots s’arrachèrent à sa gorge et elle se mit à frapper des poings contre le matelas. Elle allait les tuer.



Message I – 729 mots


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Dim 22 Oct 2023, 10:44



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La lettre et la tempête

Solo | Kiara & Lana


RP liés : La nature reprend toujours ses droits ; La saison des amours (Zeryel).


« Non, Lana, pas comme ça. » L’Ondine pinça les lèvres. Elle baissa son regard ténébreux pour ne pas harponner Cyrielle avec et prit le temps de se recomposer une expression avant de relever la tête vers l’adolescente. Parée de sa tenue noire et or, la cheffe des Puff-Puff Gueurles se planta devant elle. Un sourire flottait sur son visage triangulaire, au menton pointé vers l’avant et au nez gracile. La blonde eut envie d’enfoncer ses ongles dans la peau de ses lèvres pour les réduire en lambeaux. Dès la seconde où elle avait vu cette fille, elle l’avait détestée. Il se dégageait d’elle une aura d’insupportabilité ; une essence qui lui courait sur la peau, hérissait le moindre de ses poils et mordait sa nuque de petites décharges irritantes. Le sentiment semblait être réciproque : depuis qu’elle avait intégré les Puff-Puff Gueurles, il ne se passait pas un entraînement sans que la capitaine ne lui fît une remarque à mi-chemin entre l’encouragement et la moquerie. Elle maniait savamment l’art des répliques auxquelles on ne savait attribuer une intention précise. Les séances successives l’avaient donc confortée dans son opinion. Reine de son domaine, Cyrielle dirigeait son petit monde à la baguette. Son faible empire s’étendait sur chacune des équipes de Puff-Puff Gueurles, et frôlait les frontières de celle de Puffball. Lana se fichait de ses minauderies devant les joueurs ou de son comportement avec les autres filles, mais elle ne pouvait souffrir de courber l’échine face à elle. Si jusque-là, elle avait gardé le silence, se contentant de fulminer et de déverser son agacement dans les oreilles de Kiara – qui parvenait toujours à tempérer ses accès de colère –, tout était prétexte à nourrir sa révolte. Cyrielle se prenait pour la souveraine d’un royaume qui n’avait d’existence que dans ses illusions délirantes. Une unique envie irradiait les pensées de la Kælaria : souffler sur son château de cartes pour le voir s’écrouler.

« Décale un peu plus tes hanches sur la droite. » Chaque mot qu’elle prononçait claquait aux oreilles de la Sirène à la manière d’un fouet. Elle avait envie de les lui faire ravaler, de lui en encombrer la gorge au point qu’elle s’étouffât avec. Pourtant, lentement, elle initia le mouvement commandé. Elle s’était fait une promesse et comptait s’y tenir. Quelques mois plus tôt, elle ne se serait pas gênée pour se comporter en harpie et mettre en pièce la capitaine, devant témoins. Cependant, sa conversation avec Adriæn avait eu le mérite de mettre en lumière une idée dont elle ne se défaisait plus : pour parvenir à ses fins, il fallait parfois prendre des chemins détournés. L’impatience et l’impulsivité ne pouvaient pas toujours dominer. « Voilà, parfait ! Ensuite, dans l’autre sens. Tu as bien progressé. » Comme elle haïssait ce petit ton condescendant qui enrobait chacun de ses compliments. « Tu suis les cours du club de danse depuis quelques temps, on m’a dit ? » Lana lui servit un sourire aussi détendu que possible. « Oui. » Autour des deux jeunes filles, les autres Puff-Puff continuaient à s’échauffer ; certaines leur jetaient des coups d’œil curieux. Les plus perspicaces avaient pu noter le fil tendu sur lequel s’élaboraient généralement leurs échanges. « C’est une bonne idée. Je pense qu’on gagnerait toutes à y aller, au moins de temps en temps. » Ses prunelles parcoururent brièvement les équipes. Lana la fixait du regard. Les cils épais de la capitaine contrastaient avec le gris clair de ses iris. Tout en elle lui donnait la nausée. « Je verrai comment on peut s’arranger. Kiara y est aussi, non ? D’ailleurs, elle est où ? » Un sourire équivoque ourla ses lèvres. Trois Puff-Puff gloussèrent. « Elle doit être avec un garçon… Peut-être Zeryel. Il paraît qu’il a dit qu’elle lui plaisait. » - « Avec un Ange, bon courage pour se faire saut- » - « Taisez-vous. » La voix de la Kælaria résonna, si bien que toute l’attention de focalisa sur le petit groupe. Loin de se démonter, elle fit face aux adolescentes. « Elle n’est pas comme ça. Ce n’est pas parce qu’elle a couché avec un garçon qu’elle se tape toute l’école. Vous êtes juste jalouses parce que c’était Lucius Paiberym. Certaines d’entre vous ne sont pas en reste, et pourtant, personne ne leur dit rien. » Le silence tomba comme une chape de plomb. Elle glissa un regard vers la capitaine, et quelques autres filles dont les ébats n’avaient pas résonné que dans l’intimité partagée. Les joues de Cyrielle se coloraient de la même teinte rose vif que ses cheveux. « C’est lamentable, de se comporter comme ça. » appuya-t-elle, sans spécifier si elle parlait d’insulter la Hautvent ou de chevaucher la moitié de l’école.

Kiara choisit ce moment précis pour arriver. Son sac jeté sur son épaule, ses cheveux réunis en une queue de cheval réalisée à la va-vite, elle entra en trombe dans le gymnase. « Pardon d’être en retard. » souffla-t-elle, en se faufilant près des bancs pour y déposer ses affaires. La plupart des regards se tournèrent vers elle, avant de se raccrocher à la bulle de tension créée par l’intervention de Lana. Son amie la rejoignit en quelques timides enjambées. Cyrielle se racla la gorge. « Bien. On allait commencer à répéter la chorégraphie. Tu peux… » Elle croisa le regard ombrageux de la Kælaria. « Tu n’as qu’à te joindre à nous. » siffla-t-elle. La tête haute, elle s’éloigna. « … Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » - « Je te raconterai. » Bras croisés sur la poitrine, elle suivit des yeux la silhouette de la capitaine, avant de se tourner vers elle. L’envie d’ajouter qu’elle devait aussi avoir des choses à lui dire lui pourfendit l’estomac, mais elle se retint. Il n’aurait pas été stratégique de l’occire en place publique juste après l’avoir défendue. Durant quelques secondes, elle détailla son visage. L’éclat de ses yeux alourdit par les cernes, la peau ternie par les soucis, les lèvres pâles. Elle avait presque l’air malade. Vomissait-elle ses tripes dans les toilettes ? C’était tout ce qu’elle pouvait lui souhaiter. « Rien de grave. Elles se prennent juste pour ce qu’elles ne sont pas. » Ses iris céruléens bondirent jusqu’à Cyrielle. Qu’elle fît attention à sa couronne, car au premier vacillement, l’Ondine s’en emparerait.



Message II – 1055 mots


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Ven 10 Nov 2023, 22:41



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La lettre et la tempête

Solo | Kiara & Lana



Lana avait longuement réfléchi à la meilleure technique à adopter pour obtenir les aveux de Kiara, la faire souffrir le plus possible afin qu’elle regrettât suffisamment son acte inconsidéré, et tout de même avoir l’air de prendre son parti pour que, lorsque la nouvelle se répandrait dans toute l’école – car elle ne manquerait pas de se faufiler de toutes les oreilles à toutes les bouches –, elle imposât l’image d’une alliée inébranlable, prête à tout pour sauver son amie de l’adversité. Hurler à travers tout Basphel, mettre une salle de classe sens dessus-dessous et frapper dans son oreiller ne s’apparentaient pas à une bonne idée, bien que ce fût ce qu’elle mourait d’envie de faire – et elle avait bien crié tout son soûl, le visage enfoncé dans le moelleux de ses draps. La situation lui était intolérable. Elle se sentait bafouée, trahie, amputée d’une confiance qu’elle avait jugée aveugle. Son ego croulait sous la déception et l’affection qu’elle entretenait pour son amie brûlait dans les flammes de sa colère. Un défilé de quolibets et d’injures colorait son esprit. Elle aurait voulu planter ses ongles sur son si joli minois et le lacérer pour que plus jamais un seul homme n’osât poser des yeux désireux sur elle. La violence qui grondait en son sein, cependant, ne devait trouver dans le monde aucune expression. Elle avait donc opté pour une technique plus sournoise qui, elle l’espérait, lui permettrait d’atteindre son but.

Quand l’entraînement prit fin, les deux Ondines quittèrent le gymnase côte à côte. Quand l’entraînement prit fin, les deux Ondines quittèrent le gymnase côte à côte. La Kælaria frôlait parfois le bras de son amie. Elle aimait ces moments durant lesquels elles n’étaient que tous les deux, ces instants où toute l’attention de sa partenaire était dirigée vers elle et où leur fusion primait sur tout le reste. L’envie de la mordre lui chatouilla les canines. Elle glissa une œillade vers son cou, mais s’interdit de jeter ne serait-ce qu’un seul regard à son ventre. Elle se concentra sur son récit : sur l’attitude méprisante de Cyrielle, sur les suppositions des filles et leurs rires idiots et sur sa prise de position nette et tranchante, quelques secondes avant son arrivée. À mesure qu’elle écoulait son histoire, le nez de Kiara plongeait vers ses chaussures. Elle avait croisé les bras sous sa poitrine. Quelques mèches s’échappaient de sa queue de cheval et tombaient négligemment dans son cou, sur ses joues et sur son front. Le rythme de ses pas avait ralenti. Elle traînait presque des pieds. Lana percevait très clairement sa tristesse. C’était bien fait pour elle. Qui l’avait laissée croire qu’elle pouvait écarter les cuisses devant le premier venu ? Leurs utérus et leurs gènes étaient précieux. Prendre le risque de les souiller avec le moindre gueux, aussi séduisant et beau parleur fût-il, relevait de l’inconscience. L’Ondine avait grandi avec l’idée tenace de devoir s’élever par tous les moyens – ses parents n’étaient que des commerçants, et elle aspirait à plus de grandeur. On lui avait martelé l’impureté de sa génétique et de son sang, irrémédiablement altérés par la coexistence d’Adriæn. Elle ne comptait pas essuyer plus de revers. Que Kiara eût failli, alors qu’elle appartenait à une lignée reconnue et disposait ainsi de tout ce dont elle pouvait rêver, la mettait hors d’elle – et les considérations émotionnelles et sentimentales ne faisaient qu’ajouter au chaos qui régnait sur son cœur.

« Si j’avais su toutes les conséquences que ça aurait, je l’aurais repoussé. » Ces quelques mots, lâchés dans un soupir peiné, satisfirent Lana. « Tu ne pouvais pas savoir. Ce sont les autres qui sont stupides. Stupides et jaloux. » Elle passa une main réconfortante dans son dos. Elle avait passé des heures à étudier la compassion. Il lui arrivait d’en éprouver, mais elle l’exprimait rarement. Elle honnissait ceux qui pleuraient et geignaient. Elle s’était toujours férocement battue contre ce qui la dérangeait ou la blessait, et ne comprenait pas que l’on pût préférer se lamenter. Rompant le contact avec son amie, elle ouvrit la porte de leur dortoir. Il était vide : leurs colocataires vaquaient à leurs occupations. La Sirène s’approcha de sa table de nuit, sur laquelle elle avait laissé la lettre. Prenant un air embêté, elle se tourna vers Kiara. « Je… je l’ai ouverte. Je suis désolée. J’ai vu que c’était de lui, et considérant ton état, j’ai eu peur qu’il empire les choses, alors… Tiens. » Elle haussa les épaules et lui tendit la missive. Brièvement, elle croisa le regard désemparé et apeuré de la blonde, juste avant qu’il ne se fichât sur les quelques lignes. Elle étudia sa réaction. La pâleur de son visage, ses traits défaits, puis le tremblement de sa lèvre, la morsure de ses dents sur ses joues, ses cornées serties de perles luisantes. « Il y a quelque chose que tu ne m’as pas dit… non ? » Sa voix était douce, modulée comme elle savait le faire lorsqu’elle chantait, crénelée de quelques trémolos bien choisis. Puisque la Hautvent ne répondait pas tout de suite, elle enchaîna : « Tu es enceinte, c’est ça ? » Elle marqua une pause très brève, juste assez pour voir passer dans les yeux de son vis-à-vis une lueur d’effroi. « Tu sais que tu peux tout me dire ? Je croyais qu’on se disait tout. » Ses lèvres se pincèrent. « Je ne pensais pas qu’un simple garçon pourrait… Je pensais qu’on était suffisamment amies pour que tu… » Elle se tut, pour donner l’illusion de ne pas parvenir à terminer ses phrases. Des larmes sillonnaient les joues de Kiara. Parfait. « Adriæn le sait ? On m’a dit que vous vous étiez rapprochés, à la soirée pyjama. » Son amie secoua vivement la tête. « Non. Je ne l’ai dit à personne. Je te l’aurais dit d’abord, tu sais… » Lana conserva son air blessé ; le pli entre ses sourcils, la lueur farouche dans ses yeux, la contraction de sa bouche et de sa mâchoire. Kiara avança d’un pas ; elle recula d’autant. Le poing de la première se referma autour de la lettre, contre sa poitrine. « Je ne pensais pas que ça te blesserait. » Elle renifla. « Tu préfères le lui dire à lui et lui demander un rendez-vous plutôt que d’en parler avec moi d’abord, je trouve assez normal d’être blessée. » Elle croisa les bras sur son buste et détourna le regard. Un silence flotta entre elles, puis la Hautvent articula : « Je suis désolée. C’est juste que… Je ne pensais pas que… Et puis, je ne voulais pas… » Elle se laissa tomber, assise, sur le premier lit venu. « J’ai trop honte. Je ne veux pas que les autres le sachent. C’était juste une fois… et je… » Les sanglots prirent le dessus sur les mots. Elle enfouit son visage dans ses mains. Durant quelques secondes, la Kælaria l’observa. Elle se délecta du spectacle ainsi créé, de la détresse mise en scène, et de tous les possibles qu’elle ouvrait. Puis, elle prit place près de son amie, à genoux sur le matelas, l’enlaça, et la fit basculer vers l’arrière pour l’allonger. Elle se blottit contre elle, la serra dans ses bras, caressa ses cheveux. « Tant pis. Ça m’a blessée, mais ce que tu vis est plus grave. Je serai là pour toi. Il paraît que les amis, c’est fait pour ça. C’est ce qu’Alcide et Zeryel répètent tout le temps… » acheva-t-elle en levant les yeux au ciel. Cette pointe d’humour, entre deux crises de larmes, arracha un rire bref à Kiara. Qu’elle ne se réjouît pas trop vite, parce qu’elle continuerait à remplir les rôles de bourrelle et de sauveuse. Ce n’était pas terminé.



Message III – 1279 mots


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Dim 12 Nov 2023, 18:01



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La lettre et la tempête

Solo | Kiara & Lana



Dès le lendemain, une nouvelle lettre arriva. Elle mit Kiara dans tous ses états, peut-être plus encore plus que celle de Lucius. Ses parents l’informaient que le Duc Paiberym les avait contactés afin de leur faire part de la situation. Ils soulignaient qu’ils eussent préféré recevoir la nouvelle de sa propre initiative, et regrettaient qu’elle ne se fût pas montrée plus prudente. Ils écrivaient qu’elle avait de la chance d’être tombée sur un garçon dont le père se souciait et présentait suffisamment de qualités morales pour ne pas tous les laisser dans l’embarras. Surtout, ils lui ordonnaient de préparer ses affaires : ils avaient contacté l’école et convenu qu’ils viendraient la chercher dans trois jours. Ils avaient rendez-vous avec le Duc et son fils dans un peu moins d’une semaine.

Assise sur le bord de son lit, l’Ondine triturait la lettre entre ses doigts. Lana posa une main qui se voulait rassurante sur son avant-bras. « Ça va aller. » La veille, elle lui avait proposé de se calmer avant d’écrire à Lucius. Elles étaient sorties se baigner dans le lac pour se changer les idées, puis elles avaient longuement discuté. La Kælaria avait tenté de savoir ce que son amie pensait, que ce fût de la situation, du jeune homme ou de l’avenir. Elle n’avait pas été déçue : si Kiara en avait voulu au Magicien de ne pas lui répondre, sa lettre avait chassé de son cœur la grande majorité de la colère qui avait pu l’habiter. Lorsqu’elle avait soulevé le fait qu’il aurait pu faire attention et penser à la contraception, lui qui devait en utiliser avec les autres filles – à moins d’être un idiot fini –, elle s’était vu rétorquer que puisqu’ils étaient saouls et avaient agi dans le feu de l’action, on ne pouvait pas vraiment le lui reprocher – et qu’elle aurait pu y songer mais ne l’avait pas fait  non plus. Quand elle lui avait demandé si elle comptait garder le bébé, la Hautvent n’avait pas su quoi répondre. Elle avait fini par dire qu’elle voulait des enfants, plus tard. Que celui-là était un peu prématuré, qu’elle souhaitait privilégier ses études, qu’elle n’aurait pas le temps de s’en occuper. Mais pas une seule fois elle n’avait prononcé le mot « avortement ». Lana n’avait pas insisté. Elle avait juste suggéré que, si Lucius était un homme digne de ce nom – aussi Gælyan qu’il fût –, il en assumerait pleinement la paternité et les conséquences. Elle n’y croyait pas une seule seconde. Kiara lui avait ensuite raconté la nuit un peu plus en détails et Lana avait dû serrer les dents pour ne pas la traiter de sotte.

Finalement, elles avaient passé la soirée à bavarder et n’avaient pas écrit un mot de la lettre destinée au Paiberym. « On va faire les choses dans l’ordre. D’abord, il faut répondre à tes parents. Tu peux te contenter de quelque chose de bref, tu n’es pas obligée de t’excuser mille fois. » lui précisa-t-elle calmement en voyant la panique embraser son regard. « Ensuite, tu pourras répondre à Lucius. Il doit déjà savoir que vous allez vous rencontrer avec vos parents, mais tu peux peut-être lui proposer de vous revoir après, juste tous les deux ? Ou un peu avant, s’il arrive en avance ? » Il allait lui briser le cœur, elle en était certaine. Tant mieux. Elle n’aurait probablement plus envie de se jeter dans les bras de son frère ensuite – Kiara n’avait pas besoin de verbaliser les balancements de son cœur pour que quiconque pourvu de deux yeux s’en rendît compte. Et Lana aurait tout le loisir de glisser à l’oreille de son jumeau que sa proie avait revu Lucius. Peut-être même pourrait-elle laisser échapper quelque chose au sujet de sa grossesse ? Imaginer le tumulte que cela provoquerait chez Adriæn la faisait jubiler. La blonde posa ses deux mains sur les joues de son amie et, de ses pouces, caressa ses pommettes. « Je relirai, si tu veux. » L’Ondine acquiesça doucement. Son visage était comme un livre ouvert : son désarroi ourlait ses lèvres et sa détresse noyait ses iris. Elle devait avoir l’impression d’être la reine des idiotes. Si Johannês n’avait pas existé, elle aurait sans conteste pu lui ravir la couronne.

Lucius,

Mes parents m’ont écrit pour me dire que nous allions vous rencontrer, ton père et toi, à Lua Eyael.

Ce n’est pas la rencontre que j’espérais. J’aurais souhaité quelque chose de plus personnel. J’aimerais bien que l’on puisse se voir avant le rendez-vous « officiel », si tu peux. Sinon, après.

À bientôt,

Kiara

Fin nastae



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