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 [Q] Lettre à Elias [-18]

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Mar 09 Juin 2020, 22:00

Attention : les propos, les actes ou les pensées tordues de mon perso peuvent choquer la sensibilité des jeunes enfants 8D

Partenaire : /
Objectif : Après sa prestation à la CDN sorcière, Leigh reçoit la lettre d'Elias. Elle doit y répondre. Mais pour cela elle doit faire des choix. Mais pour cela elle doit réfléchir très fort.

Leigh2180 mots
Lettre à Elias
-Alors ?

-Alors quoi ?

Leigh était agacée. Vexée. Frustrée. Déçue. Profondément déçue. Elle était un peu en colère, mais pas suffisamment pour l’extérioriser tout à fait. A moins d’être éprise d’une rage folle et profonde, elle ne le faisait jamais. Elle était une femme patiente. Elle n’aimait pas céder trop facilement à la colère qui ne faisait que rendre les choses ridicules lorsqu’elle n’était pas assez justifiée. Leigh venait de rentrer, Asborn ne savait pas d’où. Elle n’avait rien dit. Le couple n’avait pas quitté les Terres Arides et vivaient toujours dans le même appartement depuis la prise de la Terre Blanche. Asborn en payait la location. Il avait de l’argent. Elle n’avait rien. Elle était dépendante de son argent. Lui était dépendant d’elle et des soins qu’elle pouvait lui prodiguer. Ils attendaient que l’homme se rétablisse pour repartir vers l’Enfer. Ses blessures étaient loin d’être guéries et ça le fatiguait beaucoup. Au mieux, il pouvait tenir assis, comme il l’était actuellement dans le sofa qui régnait en maître au centre de la pièce. La marche sans aide, elle, était encore un exercice à remettre à plus tard : se redresser totalement lui faisait un mal de chien et menaçait de rouvrir ses blessures déjà profondes.

-Alors, ton épreuve ?

Il se doutait déjà du résultat vu sa moue et sa manière de faire les choses nerveusement, comme claquer un peu trop fort la porte derrière elle, s’enfermer dans le mutisme en faisant mine de ne pas voir de quoi il parlait, ou triturer le parchemin enroulé entre ses mains qu’il venait de remarquer. Le seau était encore fermé. Elle ne l’avait pas lue. Asborn l’observait avec une certaine insistance. Il voulait qu’elle réponde. Elle déposa la lettre sur une commode, sans la lire, puis s’approcha de l’homme.

-Alors je n’ai pas gagné ! Je ne comprends pas. Mon plan était parfait, c’était la pire des tortures et ce connard n’a pas voulu me faire gagner. Elle s’installa prêt de lui, une main parcourant le torse nu du Démon en frôlant dangereusement ses blessures. Tout ça parce que je suis une Démone, j’en suis sûre. C’est ridicule.

En fait, elle était persuadée que quoi qu’elle aurait fait, elle n’aurait jamais été sur le podium du simple fait de sa nature. Ça avait le don de l’agacer particulièrement, autant qu’elle ne voulait pas admettre qu’on ait été meilleur qu’elle dans son domaine de prédilection. C’était honteux et injuste. Un comble de la part d’un Démon. Ceci-dit, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas avoir joué le jeu. Elle avait été exemplaire durant l’épreuve.

-Et cette lettre ? C’est de qui ?

-Salvatore.

-Lis-la.

Son ton était ferme. Il était au courant de cette histoire de mariage. La nouvelle l’avait rendu fou. Leigh lui avait dit que c’était simplement pour gagner qu’elle avait accepté, mais il n’y avait qu’à moitié cru. Il la traitait maintenant avec plus de dureté. Si cette salope se mariait vraiment avec ce fils de pu*e… Il lui avait dit, il la tuerait. Elle savait qu’il en était capable. En soupirant, Leigh se releva pour reprendre la lettre. Elle n’avait pas envie de le faire devant lui, mais elle supposait qu’elle n’avait pas d’autre choix que d’au moins faire semblant. Il avait encore trop d’autorité sur elle pour qu’elle n’ose le défier sur un sujet qui le faisait rugir à ce point. Elle déroula le parchemin et en lut le contenu en silence.

-Alors ?

Elle n’avait aucune intention de la lui donner. Surtout maintenant qu’elle en lisait le contenu. La lettre était longue. Elle se mordit la lèvre. Elle sentait ses muscles s’endolorir au fur à mesure qu’elle parcourait les lignes. Elle prit une inspiration. Elle espérait que sa voix ne tremblerait pas.

-A l’intention de Lysistrate Dogma. Je dois avouer que votre invention était particulièrement intéressante. Cependant, comme en témoigne la relation actuelle entre nos deux races, je n’ai aucune intention de m’allier aux vôtres et notre mariage ne pourra aboutir. Surtout pas avec une personne d’aussi faible rang que vous. Ni une prostituée… Blablabla… Hmm… Ouais. Bon, en gros après il m’explique que je suis une conne. Mais avec l’art épistolaire des Sorciers, donc ça fait trente lignes. Signé Elias Salvatore de ses Morts. Tu vois ? Elle lui montra le papier, mais de là où elle était, il ne pouvait pas lire. J’aurais dû gagner.

Elle écrasa le parchemin entre ses mains et forma une boule compacte qu’elle lança à l’autre bout de la pièce. Elle revînt à lui pour l’embrasser.

-Plus de problèmes de mariage. Ce vieux morceau va pouvoir crever et pourrir avec les vers. Et nous on l’emmerde.

Asborn la repoussa pour la regarder dans les yeux.

-Je ne te crois pas.

-Asborn. Elle soupira. Je n’ai accepté que pour gagner, ce mariage n’avait aucune autre valeur à mes yeux. J’ai perdu, et il ne veut pas de moi. Même s’il avait bien voulu de ce mariage, tu crois vraiment que j’aurais accepté tout en perdant ? Je ne suis pas son jouet et il est hors de question que je m’unisse à une vieille peau que je ne peux même pas baiser. J’y ai mis tout mon cœur dans mon invention et il ne veut pas admettre mon génie devant tout le monde ? Qu’il aille se faire foutre. S’il est si malin, il trouvera mieux ailleurs. Elle s’assit sur ses genoux et l’embrassa encore. Nous, on se mariera dès que tu seras remis. Je ne veux pas avoir à t’aider à marcher. Je n’aime pas les infirmes. On trouvera plein de nouveaux esclaves à torturer. On aura un élevage. On les brisera un à un, surtout les Sorciers. Tu inventeras plein de nouveaux instruments et je les testerai. J’ouvrirai un bordel, et on sera les maitres de la torture. Les maitres du plaisir et de la destruction.

Elle le pensait vraiment. Elle n’avait pas bien lu la lettre, mais ce qu’elle avait déchiffré en diagonale ne lui avait pas fait plaisir. Leigh caressa l’homme. Elle utilisait son pouvoir du Sexe pour le stimuler. Les stimuler tous les deux. Elle n’était pas puissante, mais elle pensait qu’une simple étincelle suffirait. Elle avait envie de lui, maintenant. Elle voulait qu’ils oublient toute cette histoire pour revenir à comme avant, avant qu’elle ne soit nommée pour représenter son peuple à la Coupe des Nations. Elle voulait qu’ils soient juste tous les deux, deux âmes en parfait accord comme ils l’avaient toujours été, qu’ils s’aiment et qu’il n’y ait rien d’autre. Asborn posa ses mains sur ses hanches et les fit remonter jusqu’à son dos. Il dénoua le lacet qui fermait son corset et entreprit de déshabiller ce corps qu’elle avait promis être le sien.

*

Avec le soulagement du sexe et son état actuel, Asborn ne mit pas longtemps à s’endormir. Leigh quitta ses bras chaleureux et se rhabilla. Le soir était tombé. L’appartement s’assombrissait mais elle n’alluma aucune chandelle. Pieds nus, elle s’avança et reprit la boule de papier qu’elle avait formée plus tôt. Elle se plaça ensuite près de la fenêtre pour la relire, ce qu’elle fit. Trois fois. A la fin, ses doigts tremblaient un peu. Elle se sentait frêle comme la première fois qu’elle l’avait ouverte, devant Asborn. Elle regardait régulièrement en sa direction pour s’assurer qu’il dormait toujours, comme une enfant craignant d’être prise en flagrant délit par son père. Pourtant, elle ne faisait que lire. Ça n’engageait à rien. Ça ne faisait rien. Mais elle ne pouvait que se sentir mal en lisant les mots du Prince Noir.

Tuer Asborn. En réalité, elle n’avait jamais envisagé cela, encore moins en trouvant la proposition intéressante. Car oui, ce qu’il lui promettait lui plaisait. L’accord allait dans son sens à lui, mais ça lui plaisait. Le Prince Noir. Il voulait bien se marier à elle. Ça non-plus, il fallait dire qu’elle n’y avait jamais vraiment cru. Alors Leigh peinait à assimiler le message.

Était-ce réellement en train d’arriver ? Était-elle vraiment en train de réfléchir à un choix ? Son cœur lui hurlait de refuser, tout simplement. Tuer Asborn était inimaginable. Quant à se marier au Sorcier, techniquement, elle n’en avait pas envie. Ce qu’il lui proposait, elle pouvait l’avoir avec le Démon. Elle pouvait avoir les mêmes ambitions et dans les deux cas, elle torturerait pour un homme. Il lui suffisait de soigner Asborn et qu’ils montent leur projet en Enfer, ce même projet qu’elle lui avait promis avant qu’ils ne fassent l’amour. Elle ne demandait rien de plus. Elle savait que son business marcherait car l’être humain était criblé de vices. Elias lui-même l’avait admis. C’était dire.

Leigh se laissa glisser contre le mur et s’assit par terre. Pourquoi réfléchissait-elle ? Qu’est-ce que le Sorcier pouvait avoir de plus à lui apporter si ce n’était qu’un peu de pouvoir et d’influence politique ? Pourquoi hésitait-elle entre lui, un homme pas très agréable, et celui qu’elle aimait ? Asborn était un homme jaloux et s’était comporté comme un con, certes, et alors ? C’était toujours mieux qu’un vieux type qui n’avait que faire de ses sentiments. Asborn, c’était la promesse d’une vie simple, sans prendre le risque d’être traitée de connasse par sa propre race sous prétexte qu’elle collaborerait avec l’ennemi. Voire qu’elle s’y soumettrait, d’après ce qu’elle lisait. Cela valait-il vraiment la peine de renouer des liens avec son ancien peuple ? D’oublier l’amour ? Le confort de celui-ci était le principal argument qui la poussait à rester avec Asborn, au final. Elle était à des années lumières de pouvoir le tuer. Elle ne pensait même pas cela possible. Ça lui paraissait trop… horrible pour être vrai. Leigh se sentait prise dans son propre piège. Elle sentait que son plan, le Plan Roméo, lui revenait en pleine face. Son propre amour était devenu le monstre qu’elle avait démontré être lors de l’épreuve, sans qu’elle n’ait vraiment cru cela possible. C’était rageant, mais elle devait admettre que c’était bien fait pour elle. Elle ne s’en était même pas rendue compte.

Leigh scrutait le vide qui était presque devenu obscurité. La nuit était tombée. Seules quelques loupiottes maintenaient la rue principale du village éclairée. La Démone rongeait nerveusement ses ongles alors qu’elle se rendait compte de l’évidence. Elle avait fait souffrir cet esclave par un mécanisme inspiré de sa propre expérience et de sa manière insupportable de ne penser qu’à un homme comme étant sa seule et unique obsession. Elle n’avait pas réalisé que la sentence s’appliquait à elle-même également alors qu’elle était sous son nez depuis le début. Alors que c’était grâce à elle qu’elle avait fait tout ça. Puis, une fois de retour d’Amestris, elle avait oublié quelque chose d’important : elle avait oublié de souffrir à son tour. Elle avait préféré se complaire dans son petit confort, dans un appartement, au creux des bras chaleureux et rassurants de celui qu’elle aimait. Elle avait oublié de souffrir alors que c’était la clef même de son existence et du plaisir qu’elle en retirait. Elle avait commencé à sombrer dans la mollesse, la douceur, la simplicité, la sécurité alors qu’il fallait qu’elle vive l’excitation, la stimulation, le danger, la douleur, le sentiment libérateur de l’adrénaline. Leigh cacha ses mains dans son visage. Qu’avait-elle fait ? C’était ridicule. Ça n’était pas elle. Elle s’était transformée et pervertie. Ça n’était pas bon. Elle était faite pour vivre dangereusement. Que penserait l’Œil d’elle ? Haroûn ? Odias ? Ils devaient être déçus. Profondément déçus par son comportement profondément simpliste. Elle devait avoir honte. Elle avait honte. La Démone gémit.

-Ça doit cesser…

Il fallait qu’elle se reprenne en main. Voilà pourquoi elle hésitait. Parce que ce choix qu’on lui proposait lui avait rouvert les yeux et qu’elle venait de redécouvrir le principe même de sa vie. Cette proposition était une opportunité pour elle de se rattraper. Vivre dangereusement. Ne pas se contenter et se prélasser dans ce qu’elle avait déjà. Tout était temporaire, elle devait le savoir. Elle était faite pour céder à la provocation, accepter les défis, se laisser porter par l’incertains et les opportunités. Peut-être que cela lui serait fatal. Peut-être qu’elle mourrait bien assez tôt en ayant voulu donner sa confiance à un inconnu plus malin qu’elle, que cela serait pitoyable et qu’elle finirait pas pourrir nue et découpée dans un caniveau rempli de rats. Peut-être que son choix serait l’un des plus stupide qu’elle aurait jamais fait. Mais au moins, elle aurait vécu comme elle se devait de vivre, avec le constant frisson de l’incertain lui parcourant le dos. Elias était une opportunité. Il était à même de raviver ce frisson. Asborn était la mollesse. Il était la promesse d’une belle vie, c’était certain, mais d’un confort qui, dans quelques années, lui ferait réaliser qu’elle était passée à côté de tout. Son temps était révolu depuis la seconde où il avait quitté la Terre Blanche dans l’espoir d’y survivre. Elle devait être dévouée à la torture, à la souffrance et à la peur. C’était ce qu’elle avait toujours prôné et ce qu’elle prônerait toujours.


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Kitoe
Mar 09 Juin 2020, 22:07

Leigh1900 mots
Lettre à Elias
Leigh pleura un peu, perdue dans ses pensées, plongée dans sa honte, déchirée par la conclusion à laquelle elle était en train d’arriver, comme une impasse à sa vie. Les mains derrière sa nuque, son front était posé sur ses genoux repliés. La lettre n’avait pas quitté ses mains. Elle la gardait collée à elle comme un devoir qu’elle devait intégrer. Allait-elle vraiment le faire ? Oui, elle le devait. Pourtant elle n’arrivait pas à se décider. Allait-elle vraiment le faire ? Allait-elle vraiment franchir ce pas ? Quand ? Le plus rapidement possible. Elle n’avait pas le choix. C’était lâche, mais elle ne pourrait jamais le faire lorsqu’il serait rétabli. Même avec toute la bonne volonté du monde, il serait trop puissant pour qu’elle puisse ne serait-ce que l’égratigner. Et Elias n’attendrait pas. Ce n’était pas le genre de choses qu’on attendait. Comment ? Elle voulait qu’Asborn le sache. Pourtant, la seule façon d’y parvenir pour elle était lorsqu’il dormait. Comme maintenant. Leigh n’avait pas l’intention de lui faire ingérer un quelconque poison. Elle préférait largement le sang. C’était plus digne. C’était plus vrai. Et elle n’avait pas de poison sur elle. La Démone releva la tête pour contempler son homme. Maintenant, c’était le mieux. Maintenant. La boule qui nouait sa gorge grossit. Elle ne s’en sentait pas capable. Ses doigts vinrent se crisper autour de quelques mèches de cheveux. La nuit était complètement tombée. Combien de temps lui restait-il avant que le jour se lève ? Elle l’ignorait. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle allait devoir régler ça dans la nuit. Cela lui laissait plusieurs heures. C’était beaucoup trop court.

Leigh comata. Lorsqu’elle sortit de son état, il faisait toujours nuit. Elle avait froid et elle se sentait faible, mais sa détresse l’avait quittée. Son esprit était embrumé par la fatigue émotionnelle. Elle en profita pour se lever. Asborn n’avait pas bougé. Assis un peu de travers, un bras étendu sur le dossier, sa tête en arrière et la bouche légèrement entrouverte, sa respiration démontrait qu’il était loin d’ouvrir les yeux. La jeune femme ne le toucha pas, même si elle en avait très envie. A la place, elle se contenta de rester immobile devant lui à se rendre compte de ce qu’elle était sur le point de faire. Maintenant, elle s’en sentait capable, mais elle n’y allait pas. Son cœur lui hurlait que ce serait fatal, évidemment, et qu’il n’y aurait pas de retour possible. Si elle avait pu balayer ce sentiment du revers de la main, elle l’aurait fait, mais c’était bien plus compliqué que ça… Prenant soin de ne pas le réveiller, elle revînt s’asseoir sur ses genoux. Ses doigts étaient serrés autour du manche de son couteau sacrificiel. Elle le fit doucement glisser hors de son fourreau et en positionna la pointe contre l’abdomen d’Asborn. Elle ne fit rien d’autre. Son cœur battait fort. Elle respirait fort. Elle avait peur. C’était ce qu’il fallait ressentir. C’était bien. Elle appuya un peu. Elle n’osait pas transpercer sa chair, alors la pression ne fit presque rien. Leigh ferma les yeux. Non, il fallait qu’elle fasse face. Il fallait qu’elle regarde. Qu’elle compte jusqu’à trois. Qu’elle ne réfléchisse plus. Un. Deux. Trois.

Asborn se réveilla et poussant un cri, déclenchant aussitôt les pleurs de la jeune femme. Leurs deux corps se rapprochaient lentement, au fur et à mesure que la lame du long couteau s’enfonçait dans le ventre de la victime à l’aide du poids de sa détentrice. Le souffle court, Asborn observait Leigh, donc le visage était plongé dans l’ombre.

-Putain mais qu’est-ce que…

Elle posa ses lèvres contre les siennes.

-Je vais me marier à Elias. Murmura-t-elle, la voix chevrotante. Elle lui aurait bien faire lire la lettre, mais il faisait trop sombre et c’était trop tard. Mais tu dois mourir avant.

-Sal-…

Elle retira l’arme de ses entrailles, lui arrachant une plainte. Il lui cracha de sa salive sanglante au visage et la prit par le cou. Elle passa l’arme sous le sien.

-Oh oui, je suis une salope. Une bonne grosse salope.

Il avait du sang plein la bouche, mais cela ne l’empêcha pas de l’embrasser à nouveau. Il était déjà trop faible pour résister. Il perdait trop de sang.

-Je t’aime.

Elle lui sectionna la gorge pour abréger ses souffrances. Elle n’aurait pas dû, mais ça avait été plus fort qu’elle. Elle n’aurait pas aimé le voir agoniser davantage à essayer de lui vociférer des insultes inaudibles à cause des glaires de fluides en tout genre qui auraient encombré sa gorge. C’était la moindre des choses qu’elle pouvait faire pour lui. Elle ne voulait pas l’entendre se plaindre. Elle le serra dans ses bras tandis qu’il expirait. Il la haïssait, sans aucun doute. Il ne comprenait pas. Elle ne lui en voulait pas de ne pas comprendre. Tant qu’elle pouvait pleurer sur son épaule alors qu’il mourrait, ça lui allait. Son visage était trempé de larmes. Son corps était imbibé de son sang. Elle souriait un peu malgré ses sanglots. C’était fini. Elle avait réussi. Elle avait souffert. Leigh sentait le cadavre refroidir dans ses mains. Elle ne le quittait pas. Elle n’avait plus de forces. Elle s’endormit.

Quant elle rouvrit les yeux, le soleil s’était levé. Elle était gelée. Elle était collée contre une masse glacée et mouillée. Elle s’en détacha et découvrit le visage figé et livide d’Asborn. Ses yeux étaient devenus opaques. Elle recula. Elle l’avait vraiment fait. Elle poussa un cri, vociféra, expulsa tout l’air de ses poumons. Elle l’avait vraiment fait. Elle n’arrivait pas à détacher son regard de cette gorge béante. Elle étouffa. Elle eut envie de vomir. Elle eut honte de se sentir aussi horrifiée par son acte. Elle eut envie de frapper Asborn. De tuer Elias. De se fouetter. Elle était en colère contre eux trois : l’un pour être mort en ayant lamentablement subit son sort ; l’autre pour l’avoir incitée à tuer son amant ; elle-même pour l’avoir fait. Putain de Prince Noir. Elle ramassa sa lettre froissée, la déchira et répartit les morceaux sur le sol. Elle récupéra son couteau sur lequel le sang avait séché et passa derrière le sofa. Elle replaça la lame dans la fente du cadavre et termina de lui trancher le cou, détachant les vertèbres dans un craquement ignoble. Lorsqu’elle fut totalement séparée du corps, elle amena la tête sur le lit qui n’était plus que le sien et l’enroula dans la couverture. Elle trouverait un sac en toile plus tard, pour le transporter plus facilement. Leigh s’essuya le front et y laissa une large marque rouge. Elle traina la tête emballée jusqu’à la table. Elle grognait. C’était lourd. Elle rassembla de quoi écrire. Contrairement à la première fois qu’elle lui avait écrit, les mots lui vinrent aussitôt :

A l’attention du Prince Noir,

J’espère que vous avez bien reçu le colis qui accompagne cette lettre. Faites attention : il est lourd. Je l’ai bien emballé pour que vous évitiez de dégueulasser votre carrelage avec. J’espère pour vous que l’odeur sera supportable, mais j’imagine que vous avez connu pire. Ce paquet fait gage de ma bonne foi et j’espère qu’il saura vous convaincre. A défaut, vous pouvez toujours demander l’avis de vos nouveaux esclaves en Terre Blanche ou encore celui d’une Ange : Helsinki Asborn. Elle est sûrement aux Jardins de Jhen. Vos conditions sont acceptées. Pour ma part, je n’en ai qu’une seule : je veux que mes projets personnels, quels qu’ils soient, soient respectés et ne me soient pas interdits. Si je veux ouvrir un bordel, je le ferai. Si je veux coucher avec qui que ce soit, je le ferai. Si je veux participer à n’importe quelle pratique que vous pourrez définir de sauvage, incivile ou bestiale, je le ferai. Dans le cas où vous auriez trop peur pour votre réputation, je prendrai mon autre apparence. Mais ce n’est pas grand-chose à mon avis. C’est peut-être même évident, mais au moins les choses sont claires. Je tiens à ce qu’elles le restent entre nous.

Lysistrate Dogma.


Sa calligraphie était mauvaise. Elle tremblait un peu, rendant ses tracés irréguliers et ses doigts laissaient des traces de sang là où elle les posait. Elle aurait pu être plus polie, rajouter quelques formes, mais elle n’était pas dans son état normal. Elle serrait les dents. Elle retenait ses larmes pour éviter de faire baver l’encre qu’elle venait de poser. Elle se retenait d’écraser la pointe de sa plume sur sa feuille, de la tordre et de la briser en mille morceaux, de renverser le pot d’encre noire sur le parchemin et de le déchirer, puis de se couper les veines avec ce qui lui tomberait sous la main. Ce n’était pas ce qu’il fallait faire. Alors elle se contenta de signer. Elle plia et scella le papier avec autant d’attention. Ses mains tremblaient de plus en plus tandis qu’elle essayait de se contenir jusqu’à avoir terminé d’exécuter sa tâche. Elle glissa la lettre vers un coin de la table. Au pied de celle-ci, le paquet attendait. Elle l’enverrait plus tard. Il fallait qu’elle sorte. Ses vêtements et son corps étaient couverts de sang mais elle s’en foutait. Elle avait besoin de boire un peu.

Il n’y avait qu’une seule taverne dans ce petit village des Terres Arides. Ils l’avaient choisi pour son calme, où leur présence ne dérangerait personne et où personne ne viendrait les emmerder en échange. Elle commençait à connaitre le gérant, il s’appelait Morty. Leigh serrait les poings. Son regard avait changé. Il était rempli d’une haine que bientôt, elle ne pourrait plus contrôler. Elle ne savait même pas comment il se faisait qu’elle y parvenait encore.

-Bonjour ! Qu’est-ce que tu veux aujourd’hui ?

Morty avait cette manie de sourire sans arrêt et de tutoyer tout le monde. Il aurait même tutoyé l’Œil si celui-ci était venu boire un verre chez lui. L’établissement était presque vide à cette heure-ci de la journée. Ce devait être le matin. Il était encore un peu tôt. Dommage. Ou tant mieux, peut-être. Dans tous les cas, elle s’avança vers le comptoir sans rien répondre. Elle s’appuya en avant sur le plan de travail et attrapa le tavernier par le col. Elle passa sa main autour de son cou tandis que sa poigne changeait. Une plainte rauque suivie d’un craquement retentit. La victime cessa de vivre tandis qu’entre les doigts de la Démone, devenus des serres, coulait abondamment un liquide pourpre. Elle tira le cadavre vers elle, par-dessus le comptoir et le lança par terre. Des verres se brisèrent. Le corps s’étala sur le sol, le cou tordu dans un angle douteux, et termina de se vider de son sang. L’unique client, assis à une table plus loin, s’était levé. Il était soûl, de toute évidence, alors la femme qui l’observait à présent de ses orbites vides relevait plus du cauchemar que de la réalité. Elle était littéralement un squelette, dépourvu de muscle et du moindre organe, et pourtant, elle semblait dotée d’une force surhumaine et sa colère était plus que jamais perceptible. Il était paralysé. Il sut dès lors qu’il allait mourir et il savait exactement comment. Il n’avait qu’à regarder ses « doigts » pour le savoir. Elle allait l’égorger avant d’extraire des viscères. Elle allait réduire sa chair en bouillie, broyer ses os, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus la force de garder cette forme.


1900 mots



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