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 Une lettre ou un sort | Khelil

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Aubépine Percefeuille
~ Magicien ~ Niveau I ~

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◈ YinYanisé(e) le : 23/04/2023
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Aubépine Percefeuille
Lun 13 Nov 2023, 22:49


"Good Morning" de mr milktea
Une lettre ou un sort
Khelil & Aubépine


L’ennui. Un mal qui affligeait rarement notre petite Magicienne, dont la cervelle bouillonnait autant que les marmites avec lesquelles elle expérimentait sans cesse. Pourtant, les longs soupirs qui s’échappaient de sa bouche figée en une moue boudeuse, le regard plongé dans le lointain comme si l’âme aspirait à être ailleurs, les doigts pianotant sur le bureau sans prendre garde aux affaires qu’ils dérangeaient à leur passage n’étaient mus que par une seule et même émotion et c’était bel et bien l’ennui.
La raison était simple. C’était un jour de repos et en cette saison, Aubépine avait prévu de mettre ses devoirs et ses plans machiavéliques de côté pour faire ce qui l’apaisait le plus en ce monde : s’envelopper avec Philomène dans des couvertures chaudes,  se brûler la langue avec un chocolat surmonté de guimauves multicolores et de crème fouetté, attraper un bon roman et le feuilleter à la lueur tamisée d’une bougie en écoutant la pluie clapoter à un rythme régulier contre les carreaux. Il avait fait ce temps pendant des jours, durant lesquels elle avait fantasmé ce moment privilégié.

Seulement voilà : il faisait beau. Désespérément beau. Pas une brise pour agiter la végétation aux alentours, pas un nuage annonciateur de grisaille dans le ciel d’un bleu éclatant. Le chaud parfum des fleurs était même parvenu à se frayer un chemin dans la pièce baignée de soleil, tout comme les pépiements joyeux des oiseaux. Comme eux, le jour chantait. Il était une invitation à sortir, à se rouler dans l’herbe, à faire le ménage de fond en comble, à rire à gorge déployée.
Bref, pas du tout ce qu’Aubépine avait prévu de faire aujourd’hui. Elle jeta un œil morne sur les particules de poussière que la lumière révélait. « Allez, Phil, sois chic, juste un petit nuage ? Devant la fenêtre ? » Le hibou, perché sur une étagère au-dessus d’elle, ne broncha pas. Il n’aimait pas utiliser ses pouvoirs pour des futilités. Aubépine lui jeta un regard noir. « Tu feras moins la maline quand Tatie m’aura enfin révélé la recette de ses friands à la volaille ! » Phil émit un sifflement moqueur pour toute réponse.
La petite Mage soupira, désœuvrée. Assise à son bureau, elle se mit à trier machinalement les papiers qui en recouvraient la surface ; même s’il serait sans doute plus correct de dire qu’elle les brassait et les déplaçait sans instaurer un quelconque ordre ou logique à ses gestes.
Soudain, elle fronça les sourcils. Entre ses doigts se trouvait un gros paquet de lettres et d’enveloppes vierges qu’elle n’avait jamais vu. Du nœud qui l’enveloppait pendait une plume qui ne faisait pas non plus partie de sa collection personnelle. Le plus étrange était sans doute l’état neuf du tout. Un cadeau qu’elle avait mis de côté puis oublié ? Intriguée, elle dénoua le ruban et inspecta la plume et le papier à lettres. Le set n’avait rien de spécial – elle les aimait avec plus de couleurs et de motifs. Pourtant, elle eut envie de l’inaugurer. Après tout, pourquoi pas ? Elle n’avait rien de mieux à faire.
Elle trempa le bout de la plume dans l’encre et se lança sans plus de cérémonies dans la rédaction de sa lettre.

« Bonjour, cher inconnu ou chère inconnue,

C’est à toi que je m’adresse aujourd’hui, car je suis encore en attente des réponses de Papa et Tatie. Je crois que Papa doit être en train de chercher ses mots pour m’interdire une énième sortie scolaire. Mais je suis sûre que Tatie va finir par le convaincre, comme je le lui ai demandé !
Oh, mais je ne me suis pas présentée ! Je m’appelle Aubépine Percefeuille. Mes parents m’ont nommée ainsi car il paraît qu’à ma naissance, ma petite bouille ronde et rouge leur avait fait penser au fruit de cette plante et- »

Aubépine chiffonna le papier dans sa paume et jeta le brouillon derrière son épaule. Sa vie actuelle ne faisait pas vraiment rêver. Quitte à écrire à un correspondant imaginaire, pourquoi ne pas la rendre un peu plus intéressante ? Retrouvant le sourire, la jeune fille se mit à griffonner avec plus d’enthousiasme.

« À celui ou celle qui aura la chance de lire ces lignes,

Félicitations ! Certains vendraient père et mère pour avoir un tel honneur. L’ennui me rend généreuse, quelle aubaine pour toi. Tu te demandes qui je suis ? La curiosité est un vilain défaut, tu sais. Je ne voudrais pas te faire peur si tôt dans ta lecture… oh, soit.

Je me prénomme Nauseabella et je viens d’une ancestrale lignée de Sorcières, dont il ne vaut mieux pas que je te révèle le nom si tu tiens à tes globes oculaires. Mon potentiel est immense, mais sous prétexte que mes pouvoirs sont trop puissants, on me force à aller affiner mes connaissances dans une école de Magie Noire – dont tu n’as sans doute jamais entendue parler car seuls les Élus y ont accès. Quand je te disais que tu avais de la chance ! Si tu parviens à me divertir, peut-être que j’envisagerais de faire de toi un de mes suivants, une fois sortie de là ? Sache que mes fidèles sont déjà nombreux. Les hommes se vautrent à mes pieds et les femmes me courtisent presque autant qu’elles me jalousent. Tous les matins, je dois en éconduire ou un éborgner un, c’est d’un lassant. Heureusement, mon Familier assure mes arrières : Pestilence, mon fidèle corbeau à deux têtes - »

« Aïe! » Aubépine porta la main à son front, que Phil venait de picorer à deux reprises. Avant qu’elle ne put l’attraper pour lui filer une bonne correction, elle s’était déjà envolée hors de portée. La jeune fille lui tira la langue et retourna à sa rédaction. Son poignet lui faisait un peu mal car elle s’appliquait consciencieusement à adopter une écriture penchée et soignée, au contraire des lettres rondes et enfantines qu’elle avait l’habitude de former naturellement.

« Bref, je dois filer. Les surveillants me cherchent partout parce que j’ai séché les cours toute la semaine. Visiblement, ils ont fini par prendre goût à la vie sous forme de crapauds puants. Après les avoir obligés, j’ai un rituel sacrificiel à honorer avec la famille. C’est chiant, mais si j’essaie d’y couper, ils vont me forcer à nettoyer et je déteste devoir retirer des morceaux d’intestins de ma chevelure parfaite.

Réponds-moi, ou je te maudirai toi et ta descendance sur dix générations !
Nauseabella »

Gloussant bêtement derrière sa main, Aubépine posa sa plume et contempla sa lettre-fiction d’un air rêveur. Ça aurait pu être elle, dans un univers parallèle. Peu importe, sa destinée n’était pas écrite dans le marbre ; elle forgerait celle qui lui siérait.
Elle s’étira longuement, faisant craquer ses phalanges endolories. Cet exercice avait eu le mérite de la détourner de sa déception. Guillerette, elle attrapa son livres de recettes de potions et se vautra sur son lit pour s’y plonger. Ce n’était pas un si mauvais jour pour ses plans machiavéliques, finalement.
Elle ne remarqua pas que sur son bureau, la lettre avait disparue sans laisser de traces. Le brouillon qu’elle avait jeté au sol ne s’y trouvait plus non plus.

1203 mots


Une lettre ou un sort | Khelil  Ziy3

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Khelil et Maëra
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Khelil et Maëra
Mar 02 Jan 2024, 14:51


Image par Caemi.
Une lettre ou un sort
Aubépine & Khelil

RP liés ; La tempête de sable ; Les mots venus d'ailleurs.
« Tu vas répondre aux deux lettres ? » Tu relèves la tête des parchemins qui te sont parvenus. Maëra a déjà terminé de rédiger la sienne, la pliant soigneusement pour l’incorporer à son idole de prière. Tu fronces les yeux. « Tu ne devrais pas le gaspiller pour quelqu’un d’au dehors. Tu as passé des heures à travailler dessus. » protestes-tu. « Ce n’est pas gaspillé, si la Vision de Bahäany parvient jusqu’à lui. » te répond-telle calmement.  « Alors ? Vas-tu répondre à la gentille Aubépine ? » Ton regard se pose de nouveau sur les deux lettres posées sur ton petit bureau de bois. Tu ne sais quoi faire. Ton pressentiment est persistant, mais tu ne comprends pas bien à quel jeu s’amuse ta correspondante dans le cas où tes suspicions seraient correctes et qu’il s’agirait bien de la même personne. Es-tu censé ne répondre qu’à sa deuxième missive ? Si tu as tout faux et qu’il s’agit de deux personnes complètement différentes, attend-on de toi que tu répliques à cette lettre bâclée et à laquelle manque une partie ? Tu soupires. Sentant ton inconfort, Okhadja vient s’asseoir à côté de ta chaise et dépose son museau sur ta cuisse. Avec un sourire, tu caresses le sommet de sa tête. « Je vais déjà répondre à Nauseabella, j’aviserai ensuite pour Aubépine. » décides-tu en te saisissant du parchemin et de ta plume.



« Cher Nauseabella,

Je suis honoré qu’une mage noire si talentueuse prenne le temps de m’écrire, malgré son emploi du temps chargé et sa foule d’admirateurs qui m’envieraient certainement s’ils apprenaient le privilège qui m’est accordé. Votre popularité ne semble cependant pas s’étendre jusqu’à ma région reculée. N’en prenez pas ombrage. Mes pairs et moi-même ne connaissons que peu de monde en dehors de notre village, encore moins de lignées de sorcières. Je tiens cependant à mes yeux et ne chercherai pas à en apprendre davantage sur votre lignage.

Votre école, malgré sa renommée, n'a pas l'air très intéressante. J'en suis navré pour vous. Là d'où je viens, ce sont les élèves qui décident de ce qu'ils ont envie d'apprendre. Certains passent des jours entiers à s'instruire sur la charpenterie, d'autres sur la magie, d'autres encore sur l'agriculture. De la sorte, l'école n'est jamais une corvée, mais toujours un moment d'enrichissement personnel. Chacun se construit selon ses envies et ses besoins, et chacun aide les plus novices à s'améliorer. Personnellement, j'aime suivre les cours de magie mais je doute que mon talent soit aussi développé que le votre, puisqu'on ne m'a envoyé dans aucune école. Mon Père, la Voix la plus dévouée de notre paroisse, dit cependant que ma Vision est prometteuse, et qu'il est impératif que je l'entretienne. Il me tarde qu'elle évolue enfin et que je puisse enfin prêcher au nom de notre Bahäany.

Je suis curieux -ne m'en voulez pas pour ce vilain défaut- d'en savoir davantage concernant votre corbeau. Je n'ai jamais vu d'animal à deux tête, en dehors de mes livres de contes. Je n'ai pour moi qu'une chienne, Okhadja, avec laquelle j'ai grandi et qui m'accompagne partout où je me rends.

J'espère que ma réponse vous aura distraite suffisamment pour vous tirer de l'ennui. J'espère également que vous n'avez pas eu à nettoyer d'intestins ou à faire d'autres corvées toutes aussi barbares. 

Un futur admirateur, peut-être. »



« Alors c'est non ? » « Je ne sais pas quoi lui dire. » réponds-tu : Maëra t'a pointé du doigt la missive inachevée. La courbe de ses lèvres se tord et tu devines sa contrariété. « Tu n'as qu'à lui répondre, toi. Elle n'avait pas l'air de savoir à qui elle s'adressait de toute manière. » proposes-tu. Son visage s'éclaire d'un sourire. « Oui, c'est vrai. C'est une bonne idée. »



« Cher Aubépine,

J'espère que votre Tante est parvenue à convaincre votre Père. Je ne suis jamais allée en sortie scolaire. Ici, les leçons se font dans notre village, et nulle part ailleurs. Il y a déjà tant de choses à apprendre et à comprendre. Je reste cependant curieuse. Où souhaitiez-vous vous rendre ? Qu'est ce qui vous attend de dangereux pour que votre père refuse de vous y laisser aller ? S'il ne vous l'accorde pas, je serais ravie de vous accueillir dans l'enceinte de notre village. C'est un lieux paisible et, comme je vous l'ai dit, il y a beaucoup de choses à apprendre ici. Je serais ravie de pouvoir étudier avec vous.

Je ne connaissait pas l'Aubépine, encore moins son fruit. Mais je me suis renseignée : nous en avons bel et bien dans les bois bordant nos champs. Vous deviez être un nourrisson énergique à votre naissance.

Pour ma part, je me prénomme Maëra Orosz. Je ne connais pas l'origine de mon prénom - Père m'assure que je le découvrirait plus tard, lorsque ma Propre Vision se sera améliorée, mais que je ne suis pas encore apte à entendre les paroles de Bahäany.

Maëra. »
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Aubépine Percefeuille
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Aubépine Percefeuille
Mer 31 Jan 2024, 15:52


"Good Morning" de mr milktea
Une lettre ou un sort
Khelil & Aubépine

Rouge d’embarras, Aubépine replongea le nez dans son livre sous le regard outré de la bibliothécaire. À son grand désarroi, la lettre qui lui avait arraché un cri de surprise s’y trouvait toujours, innocemment coincée entre deux pages. Comment était-elle arrivée là ? Elle avait feuilleté le manuel un bon nombre de fois aujourd’hui, en particulier ce chapitre, qui lui avait donné du fil à retordre en cours un peu plus tôt dans la journée. Sa séance de rattrapage lui sembla soudain délicieusement compromise. Les doigts tremblants, elle attrapa délicatement la lettre comme s’il s’agissait d’un fragile pétale de fleur et savoura l’émoi qu’elle provoquait en elle. Quels mystères recelait cette enveloppe ? Pourquoi son auteur avait-il ressenti le besoin de le lui faire parvenir de façon aussi secrète ? Les paumes de la jeune fille devenaient moites, ramollissant le papier. Et si c’était la déclaration d’amour d’un admirateur secret ?
Elle grimaça en pensant au suspect le plus probable : son voisin de classe. Un garçon boutonneux à l’haleine douteuse dont les cheveux plats et sans forme se divisaient au milieu sur son crâne en une raie droite parsemée de pellicules. Elle aurait pu passer outre ces travers physiques – tous ne sont pas égaux face au fléau qu’est l’adolescence – et cette coupe de cheveux ennuyeuse à mourir s’il n’était pas lui-même terriblement banal.
La petite Magicienne se trémoussa sur sa chaise pour observer les alentours ; à cette heure-ci, la bibliothèque était quasiment vide. Elle avait la table pour elle toute seule, et les rayons environnants lui renvoyaient l’écho du froissement des pages qu’elle faisait tourner.

N’y tenant plus, elle ouvrit l’enveloppe en essayant de ne pas déchirer le papier plus que de raison et se mit à lire avec avidité. Son visage se décomposa dès les premiers mots. Ses traits s’affaissèrent, les couleurs se vidèrent de ses joues, puis, lorsque la panique commença à agir, son teint blême vira de nouveau au cramoisi.
« Mazette de mazette… » souffla-t-elle en se ratatinant sur son siège. Comment cela avait pu arriver ? Elle était certaine de ne pas avoir envoyé cette lettre. C’est vrai qu’elle ne l’avait jamais revue, mais il faut dire que le rangement n’était pas son point fort. Quelqu’un lui aurait-il volé afin de lui jouer un tour ? C’était malin, il fallait l’avouer.

Aubépine se leva brusquement, faisant bruyamment racler la chaise derrière elle, ce qui lui valut de s’attirer une fois de plus le courroux de la bibliothécaire. Elle s’empressa de récupérer les cahiers et les livres qu’elle avait allégrement dispersé sur la table et trottina vers la sortie, les bras encombrés de son fatras. Direction : sa chambre !

━━━━⊱⋆⊰━━━━

De retour à la bibliothèque, l’adolescente contemplait avec obstination les trois objets devant elle, sourcils froncés. La lettre, le set de papier à lettres qu’elle avait utilisé pour envoyer la sienne, ainsi qu’une deuxième lettre qui était apparue dans sa poche tandis qu’elle faisait le chemin du retour.
Après avoir retourné le problème dans tous les sens, elle en avait conclu qu’il avait été causé par le papier à lettres. Le papier devait être ensorcelé. Même son brouillon avait reçu une réponse.
Elle n’avait aucun souvenir d’où elle l’avait acheté. Une blague de ses cousins ? Non, les membres de sa famille du côté de sa mère n’avaient aucun humour.

Comme c’est toujours le cas avec notre petite Magicienne, l’excitation prit vite le dessus sur la honte. Elle avait reçu des réponses de deux personnes différentes, ce qui voulait sans doute dire que ses lettres avaient été envoyées de façon aléatoire. Ça aurait été terriblement humiliant si ça n’avait pas été le cas !
L’expérience était bougrement intéressante. Une correspondance anonyme, voilà qui était bien plus alléchant qu’une banale déclaration d’amour. De plus, même si ce n’était qu’un accident, jouer la carte de la vérité – aussi ennuyeuse qu’elle soit - avait payé ; la réponse pour « Aubépine » l’avait subjuguée.
En répondant aux deux lettres, elle pourrait à la fois donner cours à son imagination et consolider l’image de la Sorcière qu’elle rêvait d’être, tout en apaisant sa conscience en nouant une relation honnête avec quelqu’un qu’elle pourrait peut-être même rencontrer un jour.

« À mon admirateur (qui ferait bien de d’accorder son futur au présent),

Malgré ton ignorance crasse, tes mots m’ont amusée. Pour cette raison, ton visage ne fondra pas à la lecture de ces lignes. Ne t’en veux pas trop, je ne m’attendais pas sérieusement à ce qu’un plouc d’un bled paumé ait entendu parler de mon école d’élite. Les petites gens ne sont pas toujours équipés pour la connaissance. Tu ne m’as l’air d’être un simplet, cependant, alors ça ne me dérange pas d’éclairer tes lanternes. D’autant plus si tu as une affinité pour la magie… qu’est-ce que je ferai d’un laquais qui ne sait pas lancer un bête sort ? Je suis bien heureuse d’apprendre que tu ne perds pas ton temps avec des disciplines de paysans.
Mon école est loin de proposer la liberté qu’offre la tienne. Au contraire, les cours sont encadrés par des Hauts Sorciers aussi stricts qu’ils sont puissants. Pas une seconde ne passe sans qu’on soit supervisés. Les plus idiots respectent les règles à la lettre, en pensant bien faire, les bienheureux… des vrais petits Magiciens, dociles comme des toutous. Ils ne passeront pas l’année, crois-moi.

C’est justement en défiant l’autorité, en attisant la colère des adultes et en collectant les heures de colle qu’on reste sur le chemin des Sorciers. Même si ma peau garde les marques des sévices – les châtiments corporels sont autorisés et même encouragés -, je me délecte déjà de ceux que j’infligerai quand je sortirai de là.
C’est pour ça que je suis respectée, ici. Prends-en de la graine, ça pourrait te servir. Tu m’as l’air bien sage, je me trompe ?

Tu as raison, les animaux à deux têtes n’existent que dans les livres pour enfants. Lorsque Pestilence vit le jour, elle en avait en fait trois. Elle m’était aussi beaucoup moins dévouée… »
Aubépine leva la plume, vérifiant que Philomène dormait toujours aussi profondément dans son sac. « Tu penses au pire, à cet instant, n’est-ce pas ? Je te rassure, je ne suis pas à l’origine de la perte de sa tête. La loyauté d’un familier est précieuse. Prends soin de Okhadja et elle te le rendra.
Pestilence ne sait pas toujours m’obéir aussi bien que je le souhaiterais, mais j’imagine que son comportement reflète le mien.

Bien, j’ai satisfait ta curiosité ; à mon tour, maintenant. Je veux que tu me parles de ta Vision et de ce Bahäany.

J’attends ta réponse. Ne me déçois pas.
Nauseabella »

L’adolescente scella l’enveloppe à la cire en s’aidant d’une bougie et d’une cuillère. Même si elle se brûlait toujours les doigts, c’était quand même beaucoup plus classe de cette façon.
Son cœur battait à tout rompre. La confiance qui exsudait d’elle quand elle se mettait dans la peau de Nauseabella était exaltante. Peut-être qu’à force, elle finirait par déteindre sur Aubépine ?
Elle espérait que son « admirateur » répondrait vite. Elle n’avait rien compris à ses histoires de paroisse, de Voix et tout le tintouin. C’était intriguant. Mystérieux, même.

Il était temps de redevenir elle-même. Pour se consoler, Aubépine relut la lettre de Maëra. Visiblement, elle vivait dans le même village que son autre correspondant. Elle devait faire attention à ne pas trop se répéter, au cas où les deux se connaîtraient et compareraient les courriers.

« Chère Maëra,

J’ai été extrêmement confuse à la réception de votre lettre. Je n’avais aucune idée que la mienne serait lue par d’autres yeux que les miens. Je m’excuse pour la familiarité que j’ai employé.

Si je ne sais par quelle magie ma lettre vous a trouvée, je suis heureuse que vous ayez pris le temps d’y répondre. En réalité, ma vie n’est pas passionnante… la vôtre me semble plus intéressante. J’espère ne pas vous avoir ennuyée. »
La petite Magicienne laissa échapper un souffle vibrant de tension. Il n’était pas dans son habitude d’écrire de façon aussi formelle, mais son interlocutrice semblait très portée sur la politesse et elle ne voulait pas prendre le risque de la froisser. Heureusement, elle pouvait s’inspirer des formules alambiquées qu’utilisait sa tante.
« Ma tante n’a pas su venir à bout des réticences de mon père, hélas. Voyez-vous, j’ai déjà quinze ans, seize cette année, mais il refuse de me considérer autrement que comme une petite fille. J’ai comme l’impression que vous vivez la même chose avec votre Père. Je suis sûre que vous êtes assez grande et mature pour connaître le sens de votre propre nom, tout de même ! En tout cas, c’est l’impression que ça me fait, à vous lire.
Votre invitation me ravit ! Malheureusement, comme je viens de vous le raconter, je ne suis pas libre de voyager à ma guise. Où vivez-vous ? Si c’est un endroit connu de mes parents, peut-être m’autoriseront-ils à venir lors des prochaines vacances scolaires. J’aime beaucoup étudier ! Et je suis curieuse de voir comment l’école se passe autrement qu’à Basphel.

À bientôt,
Aubépine »

1527 mots


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Khelil et Maëra
Jeu 29 Fév 2024, 22:34


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Une lettre ou un sort
Aubépine & Khelil

RP liés ; Les mots venus d'ailleurs.

« Chère Aubépine,

Ne vous excusez pas. Votre familiarité m’est apparue chaleureuse plutôt qu’outrageuse. Et puis, comme vous me l’avez souligné, vous ne pensiez pas que vos mots seraient lus et risquaient de porter atteinte à l’égo d’un quelconque interlocuteur. Si cela vous convient davantage, nous pouvons nous tutoyer, maintenant que les présentations ont été faites des deux côtés. Et puis, cela paraîtra peut-être plus naturel. Nous avons toutes les deux le même âge ! Dans l’attente de votre réponse, je continuerai ici le vouvoiement mais n’hésitez pas à l’abandonner dans vos prochains mots.

Vous ne m’avez pas ennuyé un seul instant ! Votre vie m’a l’air douce, et je me réjouis de ces plaisirs du quotidien, et me morfond des tracas de tous les jours, tout comme vous. Je vous assure que la mienne n’est guère plus trépidante que la vôtre, rythmée par un quotidien qui m’apparait fade à force d’être répété, entrainée dans l’engrenage de la routine.

Je suis navrée d’apprendre que vous n’avez pas pu vous rendre à votre sortie scolaire. Elle avait l’air de vous enthousiasmer et je ne peux qu’imaginer votre déception en apprenant ne pas pouvoir y participer. J’espère que vous avez su trouver du réconfort dans l’apaisement des tâches quotidienne et vos études. Je sais que le travail des bêtes m’aide à me rendre plus calme, bien que cela ne soit pas toujours aisé – il faut s’adapter à ses animaux et cela demande parfois des efforts que je ne suis pas en mesure de fournir, je regrette à chaque fois que je m’emporte contre elles.
J’espère que votre père verra bientôt que vous êtes prête à prendre votre indépendance. En ce qui me concerne, il ne serait pas avisé de m’opposer à ses décisions. Il a conscience de choses qui m’échappent encore, des informations que Bahäany n’a pas encore jugé nécessaire de me partager. Tout me viendra en temps et en heure, lorsqu’elle me permettra d’accéder à son savoir. Je dois encore m’endurcir de patience si je ne veux pas la décevoir.

Ma communauté habite une île du nom d’Iyanomah. Elle n’est pas vaste, juste assez pour accueillir le village et la forêt qui l’entoure. Elle se situe dans la mer flottante des Îles Suspendues, mais je doute qu’elle soit réellement connue, je doute même qu’elle soit répertoriée sur les cartes du monde.
Si cela peut rassurer votre père, il serait le bienvenu pour vous accompagner. Nous organiserons bientôt la célébration des récoltes. Vous pourriez peut-être venir y participer. Je serais ravie de vous en apprendre davantage sur les us et coutumes de mon peuple, de vous montrer mon quotidien, qui vous semblait intéressant.

A très vite j’espère,
Maëra. »


« Tu ne vas pas lui répondre ? » te demandes ta jumelle. Tu la regardes plier le papier qu’elle a déjà rédigé. Les mots lui sont venus naturellement. Tu te bornes pourtant dans ta contrariété. « Je ne réponds pas aux ingrates qui bafouent nos principes. » Le sourire en coin de la brune te fait froncer les sourcils. « Quoi ? » « Tu n’aurais pas dû parler à une sorcière, alors. Et tu n’aurais encore moins dû te prêter à son jeu. » « Je ne pouvais pas me douter qu'elle se montrerai encore plus exécrable. » bougonnes-tu, de mauvaise foi. Maëra hausse les épaules. « Pourtant, elle t'a posé des questions sur Bahäany. C'est peut-être ta chance de lui faire Voir le monde tel qu'il est. » argumente-t-elle. Tu croises les bras sur ton torse. « La Bienveillante n'aurait pas choisir une telle enquiquineuse. » Pourtant, dès que la brune te tourne les dos, tu récupère le papier que tu as froissé. Peut-être n'a-t-elle pas totalement tort. Il n'y a jamais de mauvaise occasion de louer Bahäany.


« Chère Nauseabella,

Je suis navré de constater que ma province et mon éducation ne soient pas dignes de votre grandeur supposée. En attendant, c'est tout ce que je connais et je m'en satisfait amplement. Peut-être ne suis-je finalement pas si digne que ce que vous supposés, malgré certaines prédispositions magiques.

Je ne suis effectivement pas un esprit rebelle. Je n'aurais rien à gagner à me soulever contre l'ordre établi, d'autant plus quand celui-ci est à mon avantage. Je ne suis pas un sorcier, et je ne chercher pas à nuire, ni à m'infliger des souffrances inutiles. Selon moi, seuls les gens tristes cherchent à attirer les autres dans leur chute et, pour dire vrai, le chaos régnant autour des gens de votre peuple m'inspire davantage de pitié que de respect. Les valeurs que portent les vôtres semblent témoigner un esprit tourmentés, et non pas la liberté à laquelle vous aspirez.
Mais si c'est véritablement l'anarchie à laquelle vous aspirez, je ne peux que vous encourager à continuer sur cette voie.

Bahäany n'est autre que l'AEther qui nous a promis la délivrance des maux sévissant en ce bas monde. Elle nous guide au travers des prières que nous lui adressons, vers la terre béni qu'elle réserve à ses véritables fidèles. Les symboles qu'elle nous envoie, ses rêves ou ses interventions divines, c'est tout cela que nous désignons par Vision. Il faut l'entretenir pour parvenir à interpréter sa volonté.

Le fidèle de Bahäany. »
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