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 [Q] - À la mémoire de nos souvenirs

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Dyfan Shiofra
~ Lyrienn ~ Niveau I ~

~ Lyrienn ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 79
◈ YinYanisé(e) le : 25/07/2021
Dyfan Shiofra
Mar 31 Aoû 2021, 05:34


A Fleeting Dream by aw anqi
À la mémoire de nos souvenirs

Rp précédent : Le Rêve qui aime (…)

Partenaire : –
Objectif : Après ses sept années d'étude à Basphel, Dyfan est de retour à Djomir. Là-bas, il croisera le chemin d'Helios, qu'il n'a pas revu depuis tout ce temps. Cette rencontre marquera le début de leurs retrouvailles.



Lost Control – Alan Walker ft. Sorana

Ce RP aborde des thèmes adultes et pourrait heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Libéré de l'emprise du sommeil, Dyfan ouvrit les paupières dans un espace noyé de ténèbres. Au creux de sa poitrine, son cœur battait aussi fort qu'un tambour, comme s'il s'apprêtait à s'éjecter de sa cage thoracique, alors que le bruit de son souffle, court et pantelant, se répercutait à travers la pièce. Des gouttes de sueurs perlaient sur son front et entre ses deux jambes... Le jeune homme attendit que ses yeux s'ajustent à la noirceur de la chambre avant de constater par lui-même l'ampleur des dégâts. Repoussant ses draps sur le côté, il se départit de sa posture allongée pour s'adosser contre la tête de lit et abaissa son regard en direction de son pantalon. Bien qu'il ait appréhendé ce que sa vision lui renverrait, une grimace naquit malgré tout sur les traits de son faciès, dégoûtée, écœurée, honteuse. Un liquide visqueux avait maculé son vêtement, se répandant même jusqu'à ses cuisses, près de la section de son entre-jambe. À cause de l'épaisseur du tissu, il était incapable d'apercevoir le fluide qui souillait son épiderme, mais il pouvait le sentir, notamment parce que sa texture collante était déplaisante au toucher. Refoulant un juron entre ses dents, le Lyrienn enfouit son visage à l'intérieur de ses mains pour contenir le cri qu'il faillit expulser, révulsé par son corps dont les réactions allaient à l'encontre de la nature. Ce n'était pas tant le fait d'avoir éjaculé qui le mettait dans tous ses états – il était suffisamment âgé pour savoir que la réaction en elle-même n'était pas contre-nature, mais plutôt le fait d'avoir éjaculé en rêvant de baiser un homme : pas n'importe quel homme qui plus est, puisqu'il s'agissait de son ami d'enfance. À peine la pensée traversa son esprit qu'il prit conscience de son ironie. Pouvait-il vraiment qualifier une personne d'ami après avoir rêvé de lui faire l'amour? Horrifié par le cheminement de ses propres réflexions, il regretta aussitôt de s'être posé la question, laissant cette dernière sans réponse, non pas par ignorance, mais par déni envers la vérité qu'elle menaçait d'exposer.

Lentement, il écarta les doigts qui lui couvraient le visage. Était-ce seulement d'une vérité dont il s'agissait? Et si oui, s'agissait-il de la même vérité à laquelle il pensait ou d'une autre? Ce qui était fascinant avec le déni, c’était que son influence allait bien au-delà du refus à reconnaître une vérité : il possédait également l’étonnante faculté de tranquilliser sa victime en lui fournissant des preuves – crédibles ou non – servant à démentir cette dite vérité. Nul besoin de préciser que c’était exactement à ce genre d'exercice auquel l’étudiant se consacrait pour rationaliser la réaction de ses hormones sans admettre la possibilité qu’il soit attiré sexuellement par un individu du même sexe que lui. Le Rêve était sans doute le fruit de ses fantasmes subconscients, inavoués, non pas envers son désir de séduire un homme, mais plutôt par celui de s'adonner au sexe, tout simplement. Même s'il n'était pas très friand des plaisirs de la chair – parce que l'acte en lui-même ne l'intéressait pas plus que cela, il ne pouvait écarter la probabilité qu'il soit en manque. Somme toute, le genre de son partenaire n'avait probablement que très peu d'importance, comparativement à la force de ses pulsions refoulées. Si son corps avait réagi aussi intensément, c'était sans conteste parce qu'il désirait, de manière inconsciente et désespérée, accomplir l'acte charnel avec quelqu'un – non, pas quelqu'un : une femme. Définitivement une femme. Pourquoi, dans ce cas-là, semblait-il aussi mal à l'aise à l'idée de partager son lit avec un membre de la gent féminine?

Dégoûté, le Lyrienn quitta promptement son matelas, déposant ses pieds nus sur les lattes du plancher avant de se lever. À pas vifs, il se dirigea vers son placard, sans faire attention à son colocataire qui dormait à poings fermés dans la couche voisine. Ouvrant le meuble de rangement, Dyfan ramassa des habits et une paire de sous-vêtement propres, avant de refermer les battants. Pour autant, il ne se changea pas immédiatement, glissant plutôt une œillade en direction du dormeur dont les ronflements, profonds et sonores, retentissaient entre les murs de la pièce. Afin de ne pas le réveiller, le jeune homme fila en douce de la chambre, fermant la porte derrière lui avant d'aller rejoindre la douche la plus proche. Il devait se débarrasser de la souillure de son corps avant de se rhabiller.

✠ 791 mots | Post I

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Dyfan Shiofra
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Dyfan Shiofra
Dim 12 Sep 2021, 16:33


A Fleeting Dream by aw anqi
À la mémoire de nos souvenirs


Ce fut au contact des premières lueurs de l’aube qu’Helios émergea de son sommeil, ou plutôt, qu’il en fut tiré contre son gré de la manière la plus désagréable qui soit. Penchée au-dessus de lui, Liv – sa mère – lui avait subitement agrippé les épaules, exerçant une force excessive sur ses omoplates afin de le contraindre à garder les yeux ouverts. Elle le secouait de tous bords, tous côtés, comme une vulgaire poupée de chiffon, sans aucune considération à l’égard de sa tête qui rebondissait, à des intervalles réguliers, sur le coussin de sa couche. À mi-chemin entre la conscience et l’inconscience, le Lyrienn ne comprit pas immédiatement ce qui était en train de se produire. Entre ses deux paupières alourdies par la fatigue, son champ de vision était flou : s’il pouvait reconnaître la silhouette de sa mère parmi la brume qui colmatait sa rétine, son faciès, quant à lui, demeurait imprécis, comme le croquis d’un dessin. Il avait l’impression de contempler le monde à travers une surface liquide dont les remous constants déformaient l’aspect des objets qui s’y reflétaient, d’autant plus que les secousses par lesquelles son être se faisait malmener ne l’aidaient pas à focaliser son attention sur les éléments du décor – en incluant la Fille d’Hekur. En toute honnêteté, il n’aurait probablement jamais réalisé – tout du moins, au premier coup d’œil, qu’il s’agissait bien de sa génitrice, tant ses sens étaient engourdis : si ce n’était pas du fait que cette dernière cherchait à l’interpeller en répétant son nom, son esprit somnolent aurait eu plus de misère à établir la connexion entre cette femme et elle.

« Helios! Heliooos! », dit-elle en prolongeant de manière peu naturelle sur les voyelles. Ne lui opposant d’abord aucune résistance, le jeune homme dut pourtant se résoudre à réagir lorsqu’elle se mit à hausser la voix, couplant la puissance de ses cris à ses gestes frénétiques afin de le sortir de sa torpeur matinale. « Allez, debout! Ce n’est pas le temps de faire la grasse matinée! » - « Moins fort… », gémit-il en se débattant à travers ses couvertures, déterminé à s’extirper de la poigne de la Lyrienne pour se couvrir les oreilles. Contre toute attente, celle-ci le libéra dès qu’il commença à lutter, reculant d’un pas afin de lui laisser un peu d’espace sans toutefois disparaître de sa bulle personnelle. Les poings sur les hanches, elle maintenait le contact visuel avec son fils dont le corps, visiblement en manque d'énergie, s'activait lentement. Dans un premier temps, Helios expulsa un bâillement – lequel sonnait davantage comme un grognement – pour chasser la brume qui embourbait ses méninges, avant de se glisser hors de ses draps. En déposant ses pieds nus sur le sol, il fut aussitôt parcouru d'un frisson qui remonta jusqu'à son échine. Par réflexe, il changea de position, s'adossant contre la tête de lit afin que ses jambes puissent s'étendre sur le matelas. Il ne s'était pas attendu à ce que les lattes du plancher soient aussi froides.

« Qu'est-ce qui se passe? », demanda-t-il en s'étirant les bras. Sa voix était monotone, traînante, comme s'il s'apprêtait à se rendormir, alors que ses paupières, toujours lourdes de sommeil, menaçaient de se refermer à chaque instant. Liv dut s'en rendre compte, car une moue désapprobatrice naquit sur les traits de son visage. « Tu plaisantes, j’espère? » Simple question rhétorique à laquelle le silence du Lyrienn suffit à confirmer ses soupçons. Le soupir qui franchit dès lors ses lèvres lui permit d’extérioriser la déception qu’elle ressentait envers son fils. Honteux, ce dernier se crispa légèrement, abaissant la tête afin de cacher sa rougeur à l’œil aiguisé de sa mère. « Je te l'ai répété tellement de fois et tu parviens quand même à oublier? Ce n'est pas croyable! », s’exclama-t-elle en levant les yeux au ciel.

Le jeune homme se gratta l'arrière du crâne, ne sachant comment se justifier auprès de sa mère. Bien qu'il ne pût nier les lacunes de sa mémoire, il n'en restait pas moins convaincu de ne jamais avoir eu vent qu'un quelconque événement spécial se déroulant aujourd'hui. S'il est vrai qu'il avait tendance à retenir uniquement ce qui l'intéressait, il n'était pas complètement idiot non plus. À force de se faire réprimander pour sa négligence, il s'assurait désormais de consigner une bribe de chaque information que Liv lui divulguait quelque part dans sa tête, au cas où celles-ci lui seraient utiles plus tard. Cependant, en ce moment précis, il n'avait pas la moindre idée de ce dont la Lyrienne lui parlait. Peut-être se trompait-elle sur l'identité de la personne lorsqu'elle affirmait lui avoir transmis ce message? « De... de quoi est-ce tu parles? », s'enquit-il en braquant son regard ambré dans le violet de ses mires. « De la fête pour le jeune maître, Heli! » Silence. « … Quoi? », souffla-t-il, un peu à retardement. « Il a terminé ses études tout récemment. Ses parents lui organisent une fête pour célébrer sa graduation. » - « Quoi? », répéta-t-il encore plus bêtement. Avisant la confusion sur son expression faciale, la Fille d'Hekur plissa instinctivement le front. « Pourquoi as-tu l'air si surpris? Je t'en ai bien parlé l'autre jour, non? » Son fils secoua la tête. « C’est la première fois que j’entends parler de cette fête. », avoua-t-il gravement. Et pas seulement de la fête, mais aussi de la graduation. Comment se faisait-il qu'il ne lui ait pas mentionné ce détail dans sa lettre? « En es-tu sûr? Parce que je suis certaine de t'en avoir glissé un mot. », insista la jardinière. Pour autant, la réponse qu'il lui fournit fut en tout point identique à la précédente. « Oh, tant pis. Ça n'a aucune importance maintenant. », décréta-t-elle en le gratifiant d'un sourire. « J'aurais un service à te demander. » Même s'il présageait déjà la nature de sa requête, il la laissa continuer sans l'interrompre. « Comme il reste beaucoup de préparatifs à faire, nous aurions besoin de ton aide. Quand tu auras fini de t'habiller, pourrais-tu aller prêter un coup de main à Mila en cuisine? » Il n'eut pas le cœur de refuser.

✠ 1 025 mots | Post II

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Dyfan Shiofra
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Dyfan Shiofra
Lun 24 Jan 2022, 03:47


A Fleeting Dream by aw anqi


« Bon retour parmi nous, jeune maître. » Dès que Dyfan s’était introduit à travers son champ de vision, le domestique s’était immédiatement acquitté des convenances, prononçant les civilités à l’égard d’un supérieur avant de s’incliner selon les traditions lyriennes : le poing gauche sur l’épaule et le bras aligné à la ligne des omoplates. « Nous sommes enchantés de vous revoir. » affirma-t-il en reprenant une posture naturelle. Son visage s’était discrètement paré d’un sourire afin de prouver sa sincérité, faisant fi de l'étiquette nobiliaire qui exigeait un contrôle irréprochable de ses émotions en présence de l'un de ses pairs. En d'autres circonstances, le Lyrienn aurait sans conteste été touché par une telle marque d'attention, mais le fait est qu'il aurait préféré la recevoir de la part d'un autre – quelqu'un dont le visage lui évoquait un souvenir, à l'inverse de cet homme qu'il ne connaissait pas. Néanmoins, il était clair qu'aucun membre de sa famille ne s'était donné la peine de venir l'accueillir. Ni sa mère, ni son père. Yelfir non plus n'était pas là, mais son cas était différent de celui de ses parents. Contrairement à eux, la Fille d'Hekur ne vivait plus au domicile familial. Elle l'avait quitté il y a quelques années, à la suite d'une dispute qui avait fait ressortir l'incompatibilité qui échauffait ses rapports avec leurs géniteurs. Son absence au domaine n'était donc pas étonnante. Malheureusement, il ne pouvait pas en dire autant des propriétaires, qui semblaient tout aussi impatients de rencontrer leur fils que d'organiser un voyage à Yangin.

Pourtant, cela devait faire plus de deux ans que l'Asgjë n'était pas retourné à la maison, estimant qu'il serait plus judicieux de passer ses vacances à Basphel pour les dernières années de ses études. Il était conscient que ses parents auraient souhaité qu'il aille les visiter plus souvent, mais il avait également cru que sa dévotion envers son succès académique primerait sur leurs egos blessés, qu'ils seraient fiers de sa décision exemplaire. Mais non. Évidemment que non. Au lieu de se présenter en personne, ils avaient délégué le travail à un domestique, ne pouvant visiblement être dérangés par le retour de leur enfant. Ce dernier n'avait même pas eu droit à une escorte durant son voyage jusqu'à Aeden, à l'exception des serviteurs qui s'étaient déplacés pour l'aider à transporter ses bagages et ses effets personnels. De toute évidence, sa famille n'avait pas jugé cette précaution nécessaire, et le Lyrienn en devinait sans mal la raison. Il ressortait d'une école qu'il avait rarement quitté au cours des sept dernières années. Il ne connaissait personne à Djomir, et l'inverse était également vrai. Bien qu'il fût le potentiel héritier d'une famille plutôt aisée, celle-ci n'était pas suffisamment influente pour qu'un parti malintentionné tente de l'enlever, voire d'attenter à sa vie. Si le nom Shiofra était intrinsèquement associé à une firme spécialisée dans la vente de pièces d'argenterie de luxe sur l'Île du Métal, le jeune homme doutait que le commerce familial jouisse de la même popularité dans le reste de l'Archipel, ne serait-ce qu'en raison de la quantité d'entreprises qui se faisaient concurrence dans l'industrie, minant l'essor de leur filiale à l'échelle nationale. Outre quelques cousins qui le méprisaient, l'Enfant d'Hekur n'avait pas le moindre ennemi sur l'île, notamment parce qu'il n'y avait pas eu l'occasion de s'en faire, mais également parce qu'il n'y avait personne pour s'intéresser à lui. Même pas ses propres parents. Son regard s'assombrit.

Nullement troublé par son silence, le serviteur s'était retourné pour déverrouiller la barrière qui bloquait l'unique accès du domaine. Comme toutes les clôtures qui protégeaient les grands manoirs de Djomir, celle que le majordome venait d'ouvrir était fabriquée en bois. Le choix du matériau n'était pas dû au hasard : il s'agissait simplement de bon sens lorsqu'on vivait sur une île peuplée par des êtres capables de manipuler le Métal en claquant des doigts. Sans se retourner, l'homme aux cheveux grisonnants attendit que son maître s'introduise à l'intérieur de la propriété avant de refermer le portail derrière lui, puis de le suivre dans son sillage. « Comment s'est déroulé votre voyage? », lui demanda-t-il en prenant la tête de la marche. Son ton était étonnamment aimable et intéressé. « Bien. », répondit Dyfan, d'une inflexion beaucoup moins agréable. Le domestique dût rapidement saisir ce qui le tracassait, car il changea aussitôt de sujet, s'efforçant malhabilement de dissiper ses craintes quant à l'indifférence des propriétaires de la maison. « Votre père est actuellement en voyage d'affaires à la Capitale. Il devrait revenir vers la fin de l'après-midi. Quant à votre mère, elle est occupée à finaliser les derniers préparatifs pour votre fête de graduation. Elle aurait souhaité être présente pour vous accueillir en personne, mais malheureusement, elle est trop débordée en ce moment. Toutefois, elle a l'intention de se rattraper et désire vous faire part des félicitations que vous méritez. », rajouta-t-il en avisant l'ombre qui planait sur son visage. « Elle vous attend dans son bureau. »

Après un moment de silence, le Lyrienn se décida à le remercier, songeant qu'il était injuste de le tenir responsable pour les faux pas de ses parents. Visiblement rassuré, le majordome expulsa un léger soupir. En temps normal, le Shiofra n'aurait eu aucune difficulté à l'entendre, et il ne fait aucun doute que s'il l'avait entendu, il aurait réagi face à ce manque de respect. Pourtant, le fait est que le bruit produit par le souffle fut totalement éclipsé par l'interjection d'un troisième parti que ni l'Asgjë, ni le serviteur n'avait remarqué la présence. Jusqu'à maintenant. « Dyfan ?! » À quelques mètres devant lui, un jeune homme s'était brusquement arrêté, comme s'il avait subitement percuté un mur de briques. Son corps entier avait cessé de bouger, à l'exception de ses prunelles dorées qui, après l'avoir minutieusement examiné sous tous les angles, s'étaient figées dans les siennes. « C'est bien toi, non? » Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Helios.

✠ 1 087 mots | Post III

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Dyfan Shiofra
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Dyfan Shiofra
Dim 20 Fév 2022, 02:43


A Fleeting Dream by aw anqi
À la mémoire de nos souvenirs
Incurable Disease - Murdbrain, Savrokks


En trois enjambées, Helios atteignit sa hauteur, s'immobilisant à quelques mètres devant lui pour le jauger de plus près. Il s'attarda notamment sur son visage, qu'il étudia consciencieusement en s'intéressant à ses piercings, avant de replonger son regard dans le sien. Loin de se sentir écraser par sa pesanteur, Dyfan ne s'en détourna pas, l'affrontant dignement pour garder contenance. À mesure que leur contact visuel se prolongeait, le Lyrienn éprouvait un malaise croissant à soutenir l'éclat inquisiteur qui se reflétait dans l'or de ses pupilles. Tandis qu'un sourire fleurissait sur les traits de son congénère, l'Enfant d'Hekur s'efforçait à brider les frémissements de plaisir qu'il ressentait au niveau du bas-ventre. Il était terrifié. Ce qu'il appréhendait depuis son départ de Basphel menaçait de se concrétiser, de transformer le rêve en réalité cauchemardesque. Il ne pouvait y croire. Que ses émotions et ses désirs fussent réels, qu'ils ne fussent pas le fruit de chimères. C'était absurde. Un rêve n'était qu'un rêve et pourtant, jamais il n'avait été autant déçu de s'en extirper d'un.

Recouvrant l'usage de ses jambes, Helios effectua un pas vers l'avant, puis un autre, à l'insu de son ami. Celui-ci était si concentré à invoquer sa Magie afin de réprimer ses émotions qu'il n'anticipa pas le piège. Et au moment où il constata que la distance s'était réduite entre eux, il était déjà trop tard. Faisant fi de tout jugement, le Myrha entreprit une manœuvre audacieuse : celle de le serrer dans ses bras. Avec une force insoupçonnée, il emprisonna Dyfan dans une étreinte chaleureuse. Pris de court, le Lyrienn se laissa docilement entraîner contre le torse de son congénère. Il ne bougeait plus. Son corps refusait de lui obéir, figé par la stupeur qui enlisait ses capacités cognitives. Tout s'était passé trop vite. Son esprit n'avait simplement pas eu le temps d'enregistrer les actions de l'Asgjë, assiégé par un flux d'émotions qui interféraient avec les signaux de sa conscience. Il était saturé par des sensations aussi voluptueuses que révoltantes, nées des contradictions qu'il ressentait à l'égard de son camarade. En le cueillant si près de lui, il s'était risqué à braver des interdits, à passer outre leur différence de statuts pour... Pour quoi exactement? S'abandonner à ses envies, comme il l'avait fait dans le rêve? Peu à peu, les sentiments que le Shiofra s'était forcé à museler remontaient à la surface, affolant son palpitant qui ne cessait de s'accélérer. Résister. Il devait résister. Dans une poussée d'adrénaline, Dyfan se libéra de l'emprise du Lyrienn en le repoussant violemment. Malgré leur différence de taille, il força Helios à reculer. Étonné, ce dernier clignota des paupières, visiblement médusé par sa réaction. Pourquoi le rejetait-il? Il ne comprenait pas. Dans le rêve, ils s'étaient pourtant... L'évidence le frappa comme un coup de tonnerre. Un rêve... Tout ce qu'ils avaient vécu, ensemble, durant cette nuit de merveilles n'avait été que le produit de ses fantasmes inavoués. En réalité, l'Asgjë ne devait pas l'aimer, pas comme il l'aimait, lui. Pourtant, le jeune homme était presque convaincu d'avoir entraperçu une lueur avide éclairer le vermeil de ses prunelles à l'instant où ses bras s'étaient refermés sur lui. À moins qu'il s'agissait de son imagination? Après tout, lorsqu'il le fixait dans les yeux, il n'y discernait que de la froideur, de la distance, peut-être même du mépris. Contre lui? Peut-être, il n'en était pas certain. La probabilité suffit néanmoins à le glacer d'effroi. À vrai dire, l'idée que l'Enfant d'Hekur cherchât à préserver les apparences ne lui traversa jamais l'esprit, jusqu'à ce que le serviteur, choqué par son initiative, se jeta vivement entre eux pour les obliger à se séparer.

« Helios ! », hurla-t-il en le saisissant brusquement par les épaules. « Mais qu'est-ce qui te prend ?! » Hystérique, sa voix émettait des sons stridents à ses oreilles, vrillant sur des notes si aigües que le jeune homme ne put contenir sa grimace. En d'autres circonstances, il aurait simplement bloqué ces interférences sonores en se prenant la tête entre les mains, mais l'emprise du serviteur l'empêchait de bouger ses bras. Malheureusement, sa réaction fut mal interprétée et le majordome lui asséna une claque contre la joue pour le réprimander. « Aïe! » Alors que le Lyrienn gémissait de douleur, l'homme grisonnant reporta son attention vers le jeune Maître, à qui il fit part d'une révérence, notamment afin de s'excuser au nom du Myrha, mais surtout pour creuser davantage la distance entre les deux Asgjës. « Veuillez l'excuser, jeune Maître. », commença-t-il en reprenant contenance. Dans sa panique, il avait oublié d'agir de manière conforme à l'étiquette, égarant momentanément son sang-froid afin de sermonner Helios, qui baissait lui aussi la tête, plus par formalité que par honte envers ses agissements. « Il a agi de manière irréfléchie parce qu'il était heureux de vous revoir et, ce faisant, il a enfreint les règles d'usage. Ne soyez pas trop sévère envers lui. » Le silence tomba lourdement, portant avec lui le poids de la sentence. Prévoyant que la foudre s'abatte dans un jugement impitoyable, le majordome avait crispé la mâchoire, tandis que le coupable semblait avoir découvert un intérêt pour la contemplation de ses bottes. Dyfan, qui n'avait cessé de le scruter, le surprit néanmoins à déglutir, trahissant l'appréhension qu'il lui insufflait par son mutisme. Si le Lyrienn n'avait jamais eu l'intention de le punir pour ses écarts répréhensibles, son ego fut tout de même blessé par la réaction du blond. Ne lui faisait-il plus confiance, malgré l'amitié qui les avaient liés pendant des années? Sans doute. Ce n'était pas improbable, considérant que, du jour au lendemain, il avait décidé de mettre fin à leur relation épistolaire, précisément parce qu'il souhaitait couper les ponts avec lui, cet ami honteux qu'il aurait dû rayer de sa vie depuis longtemps, mais qu'il n'avait jamais pu se résoudre à oublier. Pourquoi était-ce si difficile de s'affranchir des désirs du cœur? De la dépravation de l'amour auquel il lui était défendu de goûter et auquel il n'osait pas goûter, par crainte d'y prendre plaisir? À choisir entre l'acceptation et le déni, il aurait préféré se complaire dans l'indifférence, mais ce lien qu'ils avaient forgé lui évoquait tout, sauf de l'indifférence.

« Il est pardonné, pour cette fois. » déclara Dyfan en ajustant les plis de ses vêtements. Il avait fait appel à ses dons magiques afin que sa voix résonne de manière froide, sévère, tranchante. C'était cruel, mais il devait absolument éviter d'éveiller les soupçons du majordome. Toujours sous le joug de sa Magie, il planta son regard dans celui d'Helios. « Mais que cela ne se reproduise plus, ou vous en subirez les conséquences. » Sans lui laisser le temps de répliquer, le Lyrienn s'éloigna à grandes foulées, traçant son chemin jusqu'aux portes d'entrée. Désormais, c’en était fini des traitements de faveur.

✠ 1 131 mots | Post IV

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Dyfan Shiofra
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Dyfan Shiofra
Mer 02 Mar 2022, 18:05


A Fleeting Dream by aw anqi


Dyfan referma les portes avec fracas, s'adossant contre l'entrée du vestibule pour empêcher quiconque de pénétrer à sa suite. Inclinant la tête vers le plafond, il inspira profondément, enroulant ses doigts autour des poignées afin de consolider le verrouillage des battants, exerçant une pression si forte sur le bois que ses phalanges en virassent au blanc. Au creux de sa poitrine, il pouvait sentir les battements sporadiques et affolés de son cœur heurter les parois de sa cage thoracique, tel un navire cahoté par des vagues déchaînées qui menaçaient de le faire chavirer. Dès qu'il s'était dérogé au champ de vision d'Helios et du serviteur, il s'était libéré des entraves de sa Magie, rompant les chaînes qu'il avait forgé pour brider les excès de sa folie. Privé de ses fortifications, son esprit désormais vulnérable s'était laissé happer à travers une tempête d'émotions dont il avait d'emblée perdu le contrôle. Même s'il avait pressenti que le retour à la normale s'avérerait potentiellement violent, jamais il n'aurait imaginé souffrir à ce point. La culpabilité, la frustration, le désespoir, la peur : ces sentiments avaient subitement déferlé en lui dans un torrent au sein duquel il s'était fait submerger, trop faible pour résister contre le courant qui l'emportait vers les profondeurs du néant, là où ses regrets proliféraient à l'attente de son inévitable noyade. Mû par un réflexe furieux, il contracta la mâchoire. Pourquoi ? Pourquoi avait-il adressé ces mots emplis de dédain et de mépris en face du Lyrienn? Pourquoi s'était-il montré aussi impitoyable, aussi insensible, aussi cruel à l'égard de l'homme qu'il aimait? Tandis que l'affliction empoisonnait son jugement, il se questionnait sur les motivations et le but de cette pitoyable mise en scène, comme s'il n'arrivait plus à se rappeler les dangers qu'il encourrait à dévoiler son secret. À quoi bon cacher les désirs de son cœur, s'il avait déjà abattu ses chances de vivre le parfait amour, enterré à tout jamais l'unique source de bonheur et de plaisir à laquelle il se rattachait depuis des années, mais qu'il abhorrait simultanément avec horreur? Pourquoi? Pourquoi était-il tombé amoureux d'un autre homme – de lui en particulier, alors que ça lui était défendu? Il aurait souhaité que cette histoire eût pris fin au moment où il avait quitté l'Archipel. Qu'en revenant à Djomir, il s'aperçoive que ses sentiments s'étaient éteints, envolés à tout jamais. Que ce qu'il avait ressenti pendant le Rêve n'ait été que des fantasmes passagers, des désirs depuis longtemps effacés par le passage du temps, mais qui avaient ressurgi afin de répondre à un caprice dont il n'avait jamais pu – et su – se séparer. Il y avait pourtant cru : d'être parvenu à passer à autre chose, d'avoir surmonté ses lubies qui le séduisaient à enfreindre les règles et les interdits. Mais en croisant l'or de ses prunelles, en sentant son corps lové contre le sien, il avait immédiatement compris. La vérité lui était apparue dans un éclat fracassant, alors que son être entier frémissait au contact de ses mains sur les lignes de son dos. Son amour existait toujours, animé par une ferveur authentique. En réalité, il n'avait jamais disparu. Il s'était simplement renforcé, comme si la distance qui les avait séparés durant toutes ces années n'avait fait que l'alimenter, à l'image d'un feu impossible à dompter.

Les paupières closes, le Lyrienn s'efforça de reprendre un minimum de sang-froid. La tentation était forte, mais il pouvait résister contre le vice. Il avait réussi une fois. Il pouvait facilement recommencer, autant de fois qu'il le fallait. Le plus important, c'était de ne pas céder, de continuer à prétendre que tout ceci n'était pas réel afin de préserver son secret. Dyfan rouvrit les yeux. Tant et aussi longtemps qu'il aurait de la volonté, il pouvait lutter contre n'importe quelle forme d'adversité, quand bien même celle-ci était née de ses propres insécurités. S'il devait sacrifier son bonheur au profit de la conformité, alors il le ferait sans hésiter, jusqu'à ce qu'il soit en mesure d'imposer ses lois, ses convictions, sans que personne n'ose le remettre en doute. Du pouvoir. Il avait besoin de pouvoir pour arriver à ses fins. Sinon, il serait condamné à échouer. Le regard rutilant de détermination, l'Asgjë s'écarta des portes avant de gravir les marches du premier étage, là où l'attendait la maîtresse du manoir.



« Vous pouvez entrer. » Polie et sereine, la voix s'était instinctivement élevée après qu'il eut toqué contre la porte. Dès qu'il reçut l'autorisation de pénétrer dans la pièce, le Lyrienn fit tourner la poignée pour se créer une ouverture, avant d'effectuer ses premiers pas à l'intérieur du bureau d'Irelia Shiofra – sa mère. Celle-ci était installée sur un siège en cuir qui faisait directement face à l'entrée. Les mains à plat sur les accoudoirs, la Valyuta avait les yeux rivés sur son fils, lequel s'arrêta près de la chaise posée devant le bureau sans toutefois y prendre place. Il attendait d'en recevoir la permission. « Dyfan! » s'exclama-t-elle en se levant. « Ça me fait plaisir de te revoir. Comment s'est passé ton voyage? » - « Bien, Mère. » Contre toute attente, sa voix n'oscilla pas. L'Enfant d'Hekur en fut surpris. Même s'il ne faisait plus usage de Magie, il arrivait étonnamment à rester calme, malgré la crise émotionnelle survenue un peu plus tôt. Irelia le toisa longuement avant de se rasseoir. « Assied-toi. » finit-elle par déclarer. Dyfan obéit. « Nous avons beaucoup de choses dont il faut discuter. » annonça-t-elle de but en blanc. Il opina de la tête. Il savait parfaitement de quoi elle parlait.

✠ 929 mots | Post V

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Dyfan Shiofra
Ven 04 Mar 2022, 20:39


A Fleeting Dream by aw anqi


« Tu as fait quoi ?! » Les mots avaient fusé des lèvres de Liv dans une interjection sonore. Assis en face d'elle, Helios eut un mouvement de repli, se recroquevillant sur lui-même pour mieux encaisser la colère qui émanait de sa mère. Les poings sur les hanches, celle-ci s'était plantée à moins d'un mètre de lui et le scrutait avec un mécontentement à peine dissimulé. Quelques secondes plus tôt, le Lyrienn lui avait confié la raison pour laquelle il s'était fait interdire de quitter la résidence des domestiques jusqu'à nouvel ordre. À l'entente de son aveu, la Valyuta n'avait pu retenir son cri, à la fois stupéfaite et indignée par le comportement du jeune homme. Lorsque Virumir – le majordome – l'avait informée des événements qui étaient survenus pour justifier la punition qu'il avait infligé à l'Asgjë, elle s'était d'abord mise à douter de la véracité de ses propos, refusant de croire que son enfant ait pu commettre une erreur aussi stupide. Seulement, après un moment, elle avait réalisé le biais dont était pourvu ses réflexions : son collègue n'avait aucune raison de lui mentir et dès lors, elle n'avait aucune raison de remettre en question sa parole. Partagée entre l'angoisse et le scepticisme, elle avait longuement ruminé sur la démarche à suivre par rapport au traitement du jeune homme, avant de se résoudre à découvrir la vérité par elle-même en l'extrayant à sa source. D'un pas confiant et assuré, elle s'était dirigée vers la bâtisse où résidait les serviteurs afin de rejoindre le fauteur de troubles. Celui-ci s'était réfugié dans la salle principale, s'installant sur un fauteuil situé près d'une fenêtre. Les yeux rivés sur l'horizon, il jouait distraitement avec une boucle de ses cheveux, exposant à la vue de tous la rougeur anormale de sa joue – celle où Virumir lui avait asséné une claque. Avisant la marque sur son visage, la Lyrienne n'avait pu contenir sa grimace, sidérée par la force employée du domestique. Quand bien même l'Enfant d'Hekur eût perpétré un acte répréhensible, elle restait convaincue qu'il n'avait pas mérité de recevoir un tel châtiment. Mue par un instinct maternel, la jardinière s'était rapprochée de son fils dans le seul but de le rassurer. Prenant place à ses côtés, elle s'était d'abord intéressée à son état en général, puis l'avait questionné à propos de l'incident que lui avait reporté son collègue. Après plusieurs secondes d'hésitation, Helios avait confirmé la version des faits de son congénère sans oser la regarder en face, visiblement gêné par la situation dans laquelle il s'était empêtré. Un silence avait plané durant un certain temps, jusqu'à ce que Liv, absorbant les paroles de son interlocuteur, lâche subitement son exclamation.

À présent, la Valyuta faisait les cent pas à travers le salon en se pinçant l'arête du nez, consternée par la sottise de son enfant. Ce dernier demeurait muet, la tête tournée vers le panorama qui s'étendait au-delà du verre pour échapper au regard transperçant de sa mère. Il savait exactement à quoi il s'exposerait en le contemplant : il n'y verrait que de la déception et sans doute un soupçon de colère. Il n'était pas prêt à affronter un orage aussi virulent, bien qu'il sût que, dans très peu de temps, il serait obligé de le faire, ne serait-ce que pour se défendre. Malgré les apparences, il n'était pas complètement stupide : il avait conscience de la gravité de ses actes, mais le fait est qu'il n'avait pu contenir le déferlement d'émotions qui l'avait assailli au moment où ses prunelles avaient croisé celles de l'homme qui faisait danser son cœur. Avec du recul, l'Enfant d'Hekur concédait néanmoins qu'il avait pris des risques inconsidérés afin de répondre à ses pulsions, d'autant plus que la preuve de son affection s'était ultimement butée à un mur de glace, austère et méprisant. La vérité, c'était qu'il avait reçu une gifle pour mieux se rendre compte que son initiative s'était avérée vaine et inutile. Dyfan ne l'aimait pas – ou, tout du moins, plus comme avant. Il l'avait constaté de ses propres yeux en sondant la lueur qui s'était imprimée dans ses rétines. Toutefois, il refusait de perdre espoir, de conclure le dernier chapitre de leur histoire. S'il avait encore une chance de rétablir leur amitié, voire d'aviver son amour, alors il devait la saisir sans hésiter. C'était tout ce qui lui restait.

Au bout d'un moment, Liv cessa de bouger. Ses iris violacés ne quittaient pas le visage de son fils, qui s'entêtait à conserver le silence. Prenant conscience de l'inefficacité de ses méthodes, la jeune femme alla se rasseoir près de lui. « Qu'est-ce qui t'a pris, voyons? » Soucieuse, elle avait drastiquement baissée le ton, adoptant une voix plus appropriée à l'égard des circonstances. Pour autant, l'Enfant d'Hekur ne releva pas les yeux. « Je ne sais pas. » chuchota-t-il, trop bas pour qu'elle puisse l'entendre distinctement. « Pardon? » - « Je ne sais pas ! » répéta-t-il en s'égosillant cette fois. Prise au dépourvu, la Lyrienne n'osa pas souffler un mot. Ce n'était pas dans ses habitudes d'élever ainsi la voix, encore moins de se mettre en colère. Le front plissé, elle l'examina attentivement, comme pour essayer de discerner la vérité en lisant entre les lignes de ses traits. À mesure que le silence persistait, l'Asgjë culpabilisait de plus en plus de s'être défoulé injustement sur sa mère. Honteux, il finit par reprendre la parole, articulant une excuse sur le bout des lèvres : « Désolé. » Dubitative, la jardinière pencha la tête sur le côté. « Il y a quelque chose que tu ne me dis pas, n'est-ce pas? » l'accusa-t-elle sans crier gare. Helios se figea. « Pourquoi es-tu si content que Dyfan soit de retour? » Pendant un instant, il crut qu'elle l'avait percé à jour, qu'elle avait compris la nature de son secret. Heureusement, il se reprit suffisamment vite pour garder son calme et rationaliser la situation à laquelle il faisait face. Si sa mère était vraiment au courant pour lui et Dyfan, jamais elle ne lui aurait posé cette question. De toute évidence, elle nourrissait quelques soupçons, mais pas assez pour établir un lien entre sa réaction et sa liaison avec l'héritier des Shiofra. Même s'il faisait confiance à la Lyrienne, il ne pouvait lui admettre la vérité. Ça serait beaucoup trop risqué, autant pour lui que pour elle, mais surtout pour le jeune Maître. La question était de savoir combien de temps pourrait-il encore la leurrer avant qu'elle ne flaire le pot-aux-roses. Nerveux, il eut tout de même recours au premier prétexte qui lui vint à l'esprit afin d'enterrer les doutes de sa génitrice. « Qui ne le serait pas, après tout ce temps? » Sitôt que ses paroles franchirent ses lèvres, le faciès de la Myrha se para d'une moue désapprobatrice. « Helios... » commença-t-elle, peu convaincue par son excuse. « T'inquiète pas, maman. Ça ne se reproduira plus. » l'interrompit-il, faussement nonchalant. « J'ai appris ma leçon. » Liv le fixa intensément. Il n'avait rien appris du tout.

✠ 1 174 mots | Post VI

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Dyfan Shiofra
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Dyfan Shiofra
Dim 06 Mar 2022, 05:44


A Fleeting Dream by aw anqi
À la mémoire de nos souvenirs
K.O.G - Saori Yoshida (cover by FalKKonE)


Dyfan regarda son reflet apparaître dans le miroir et y aperçut un étranger. C'était pourtant son image que la glace lui renvoyait, mais à mesure qu'il se contemplait, plus il avait l'impression de faire face à un imposteur qui lui ressemblait. Seulement, celui-ci était pourvu d'une perfection qu'il ne possédait pas : une copie si parfaite qu'elle en perdait son aspect naturel, si réussie qu'elle en devenait presque méconnaissable par rapport à l'originale. Elle reproduisait une fiction, un idéal qu'il ne serait jamais en mesure d'atteindre, renforçant le sentiment d'aliénation qu'il ressentait à son propre égard. Mécaniquement, le Lyrienn effleura sa lèvre inférieure, la pinçant et la tâtant légèrement, comme pour s'assurer de son authenticité. Son piercing avait disparu. Il l'avait enlevé, en même temps que tous les autres, afin que son apparence soit jugée plus acceptable selon les standards de ses pairs. Il s'était aussi débarrassé de ses boucles d'oreilles et dissimulé ses tatouages en enfilant une veste à manches longues. La seule chose qu'il avait pu conserver, c'était le vernis noir qu'il s'était appliqué sur les ongles. Étonnamment, Irelia ne s'était pas opposée à ce choix esthétique, estimant que sa présence ne serait pas dommageable pour son image, contrairement à ses anneaux métalliques qu'elle l'avait obligé à retirer. Sans eux, l'Asgjë se sentait nu et pourtant, il avait obéi sans protester, acceptant avec la même résignation le costume qu'elle lui avait préparé. Après leur rencontre dans son bureau, le Lyrienn s'était aussitôt consacré à son hygiène personnelle, se lavant le corps et le visage, domptant sa chevelure rebelle à coup de peigne ferme, afin d'être prêt avant le début de la fête. Longue et éreintante, cette séance de beauté lui avait coûté tout son après-midi, mais heureusement, le résultat final s'avérait plutôt satisfaisant. Bien qu'il ne sentît pas à l'aise dans son nouvel accoutrement, il n'en restait pas moins fier d'avoir su se conformer aux exigences de ses parents sans que ceux-ci ne trouvent un élément à critiquer. En temps normal, ils avaient l'œil pour repérer chaque petite imperfection, chaque petit défaut qui leur déplaisait, que ce soit dans la manière dont il s'habillait, dont il s'exprimait ou dont il se mouvait. Qu'il soit parvenu à combler leurs attentes du premier coup ne relevait pas moins du miracle, d'autant plus qu'il s'agissait d'une occasion spéciale. Réprimant le malaise que l'image projetée dans le verre lui procurait, l'Enfant d'Hekur s'examina soigneusement, en quête d'une impureté qui aurait pu se dérober à la vigilance de ses géniteurs, comme un bouton mal fermé ou un pli disgracieux. Évidemment, il savait qu'il ne trouverait rien : si ses aînés n'avaient rien décelé, alors il n'avait aucune chance de voir ce qu'eux auraient potentiellement manqué. Cependant, il préférait largement miser sur la prudence, au lieu de se risquer à paraître négligent. Après tout, il portait si rarement ce genre de vêtements qu'une erreur aurait facilement pu se glisser à son insu. Personnellement, Dyfan trouvait le col trop serré, la cravate encombrante et la couleur du tissu fade. Malgré ce que prétendait son père, le blanc ne lui allait pas du tout. Néanmoins, il s'agissait là de son avis personnel : objectivement, peut-être que ce costume lui seyait comme un gant, bien qu'il fût incapable de le reconnaître. Toujours est-il qu'il ne possédait pas les compétences requises pour juger de l'esthétisme de sa tenue, encore moins pour en déceler les éventuels défauts. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était de se fier à l'avis des experts, en espérant que ces derniers ne s'étaient pas trompés. S'observant une dernière fois dans la glace, le Lyrienn ajusta nerveusement sa cravate – plus par formalité que par nécessité, avant de quitter l'enceinte de sa chambre. Il était prêt à assister à la réception.

Officieusement, cette fête n'avait jamais été organisée en son nom. Évidemment, sa graduation restait le point central de l'événement, mais sa célébration n'était qu'un prétexte servant à dissimuler le but principal de la soirée : celui d'évaluer le potentiel de ses futures prétendantes. Irelia avait été très claire sur ses intentions lorsqu'elle l'avait convié dans son bureau. Quand bien même son Qyndily Mantris ne se fût pas encore révélé, il rentrerait bientôt dans l'âge de la maturité. Le besoin de lui trouver une épouse – quoique non urgent, commencerait progressivement à monter dans sa liste de priorités au fil des années. C'est pourquoi, en dehors des membres de leur famille, la Lyrienne s'était arrangée pour distribuer les invitations chez des connaissances et des amis qu'elle avait soigneusement sélectionnés. Fidèle à elle-même, la Valyuta n'avait rien laissé au hasard. Chaque convive possédait deux traits spécifiques en commun : des titres avantageux et une jeune fille célibataire qu'ils souhaitaient marier dans un avenir proche. Quoi de mieux que d'attirer leur attention sur l'héritier des Shiofra? Ce dernier était pourtant loin d'apprécier les honneurs. On le traitait comme un vulgaire trophée et il était supposément censé l'accepter sans broncher. Parfois, il songeait à suivre le chemin de sa sœur aînée et fuir le domaine familial, percevant subitement l'intérêt d'entreprendre la même initiative. Aussi attirante soit-elle, cette idée n'avait curieusement jamais réussi à s'enraciner dans son cœur – jusqu'à aujourd'hui. Tandis que ses pas le conduisaient vers la salle de réception, l'Asgjë se promit de lui donner plus de considérations.



En le voyant entrer dans la pièce, Irelia interrompit la discussion qu'elle avait engagé avec deux femmes que Dyfan ne connaissait pas. En quelques enjambées, sa mère fut à ses côtés. « Tiens-toi prêt. » lui glissa-t-elle à l'oreille avant de taper des mains. « Puis-je avoir votre attention? » Sitôt que l'écho de sa voix résonna aux oreilles des convives, ceux-ci mirent fin à leur conservation, faisant lentement converger leur regard dans leur direction. Sentant une boule se former dans son estomac, le Lyrienn s'insuffla un peu de Magie afin de contrôler sa nervosité, forçant son visage à maintenir une expression parfaitement neutre. Dès que le silence engloba la totalité de la salle, la Valyuta prit spontanément la parole, poussant son fils vers l'avant pour l'exposer aux yeux des invités. Pendant qu'elle récitait son monologue, l'Enfant d'Hekur en profita pour observer les convives rassemblés autour de lui. Sans surprise, il n'en reconnut aucun, hormis quelques individus. L'écrasante majorité n'était composée que d'inconnus, de la même manière dont il devait leur être inconnu. Pourtant, même si personne – ou presque – ne le connaissait, tous se pressèrent pour le féliciter après que leur hôte eut conclu son discours. Assiégé de toutes parts, Dyfan fit quand même l'effort de répondre à tout le monde, juxtaposant les serrages de main aux remerciements. De toute évidence, la soirée risquait d'être particulièrement longue.

✠ 1 107 mots | Post VII

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Dyfan Shiofra
Mer 09 Mar 2022, 16:27


A Fleeting Dream by aw anqi


Éreinté, le Lyrienn s'affaissa sur la première chaise qu'il vit aux alentours, se laissant nonchalamment glisser contre le dossier. Basculant la tête vers l'arrière, il ne prit même pas la peine de vérifier que personne ne rôdait dans les parages. À cet instant précis, il se moquait éperdument de préserver les apparences auprès d’un éventuel témoin qui aurait pu le surprendre, lui, le fils unique des Shiofra, à prendre une pose aussi disgracieuse. Il avait tout simplement atteint ses limites. Après son discours introductif, Irelia avait prématurément mis fin au moment d’honneur de son fils, entraînant ce dernier vers les invitées auxquelles elle avait faussé compagnie un peu plus tôt. Se portant garante des présentations, elle l’avait introduit aux deux femmes afin de l’obliger à faire connaissance avec la plus jeune – l’une de ses potentielles prétendantes, à ne point en douter. Bien que les intentions de sa mère lui apparussent claires comme le jour, il n’avait pourtant rien trouvé d’intéressant à partager avec son interlocutrice, empilant banalité sur banalité afin de prolonger artificiellement leur échange. Constatant le malaise qui s’installait peu à peu, la Lyrienne s’était interposée entre le duo, adressant quelques mots d’excuse à la jeune fille et à sa mère avant de guider sa progéniture vers les prochains convives à séduire. Durant les trois heures suivantes, elle l’avait paradé comme un trésor exotique dans toute la salle, le forçant à saluer et à discuter avec certains individus qu’elle avait spécialement désigné. À chaque fois, elle l’avait invité à alimenter des conversations dénuées d’intérêt, à répondre aux questions souvent indiscrètes qu’on lui posait à l’oreille, notamment à propos de sa Révélation – ou, plus précisément, au silence de sa Révélation – sans broncher. Il s’était soumis à une série de commentaires désobligeants, à une succession d’attentes démesurées, en réprimant comme il le put son envie de remettre ces bourgeois à leur place, ne serait-ce que pour refroidir leur audace et les déconseiller de le sous-estimer. Puis, survint le moment fatidique où il avait finalement cédé, ne pouvant résister plus longtemps contre l’attitude condescendante de ses pairs. Énervé, il s’était permis de glisser une remarque sarcastique à l’encontre d’un convive particulièrement grossier, imbibant ses propos du même venin que ce dernier lui avait projeté au visage. Pressentant l’avènement d’un conflit, Cahir – son père – était intervenu pour les séparer. Étonnamment, le Müellim s’était montré plutôt compréhensif à l'égard de son fils, le défendant auprès de l'invité avant de lui suggérer de partir. Ce n’est que plus tard que le Lyrienn en comprit la véritable raison : cet homme possédait un titre, mais n’avait aucune véritable influence en dehors du statut que celui-ci lui conférait. Prendre le risque de l’offusquer ne posait aucun danger, d’autant plus que son rang était inférieur au leur. S’il s’était agi de quelqu’un d’autre, il était clair que l’Asgjë ne s’en serait jamais sorti aussi facilement. Après tout, c’était l’intérêt de ses parents qui était en jeu, et non le sien. Malgré leur promesse de supporter la décision qu’il prendrait éventuellement par rapport à son mariage, ces derniers avaient néanmoins l’intention d’influencer ses choix, d’orienter ses préférences vers un parti qu’ils estimaient plus prometteur qu’un autre. Ils lui faisaient miroiter l’illusion de l’indépendance, l’illusion du libre arbitre, mais son Destin était, en réalité, déjà tout tracé. Il le savait, mais il continuait à jouer le jeu, à participer volontiers à cette mise en scène, pleinement conscient que ses plaintes, ses objections, n’aboutiraient à rien, qu’elles se buteraient ultimement contre un mur. Il était inutile de s’opposer à l’inévitable : c’était le principe auquel il avait toujours adhéré, tel un courant contre lequel il était vain de lutter. Seulement, il avait réalisé durant cette soirée que la passivité n’ouvrait la voie qu’à des abus. Aveuglé par la colère, il avait murmuré quelques excuses peu sincères à son père avant de tourner les talons, prenant la direction des jardins afin de profiter d’un moment de solitude.

Affalé sur son siège, Dyfan avait le regard plongé dans le néant, contemplant la Lune briller à travers la voûte céleste. Seul sous l’œil avisé des étoiles, il songeait à l’avenir. Même s’il comprenait la nécessité de préserver coûte que coûte son secret, il ignorait quoi penser de la possibilité d’un mariage. Évidemment, il se doutait que ce moment viendrait un jour : il l’avait su avant même de quitter l’enceinte de Basphel. Malheureusement, il faisait face à un problème que ni le temps, ni la volonté parviendrait à résoudre. Peu importe la femme à qui il serait promis, celle-ci ne lui conviendrait jamais. Il pouvait refuser autant de fois qu’il le souhaitait les propositions de mariage, mais cette solution ne serait efficace qu’à court terme. Un jour, il serait forcé de choisir, ne serait-ce que pour enterrer les soupçons à propos de son orientation sexuelle. Perdu dans ses pensées, il n’entendit pas les bruits de pas résonner derrière son dos. L’individu qui approchait n’était pas spécialement discret, mais c’est seulement lorsqu’il haussa la voix que le Lyrienn, par réflexe, se retourna en brimant de justesse un sursaut. « La fête n’est pas à votre goût, jeune Maître? » Ce dernier étouffa un juron. C’était Helios. Vêtu du même uniforme que les autres domestiques, il le toisait d’un air malicieux, le sourire aux dents, visiblement amusé par sa réaction. Se ressaisissant à la hâte, le Shiofra se para d’une expression austère pour affronter le regard insolent de son congénère. « Je croyais que tu étais puni. » lui répliqua-t-il sèchement. Troublé par la froideur contenue dans son inflexion, son sourire vacilla légèrement pour mieux s’effacer de ses traits. « Oui, c’est vrai. » reconnut-il après un silence. « C’est grâce à ma mère si j’ai réussi à échapper à ma punition. » Elle avait accepté de plaider en sa faveur après lui avoir promis de corriger sa conduite. Contre toute attente, l’Enfant d’Hekur émit un rire moqueur. « Fais attention, ou tu risquerais de trahir sa confiance. » Sa pique eut l’effet désiré : vexé, le Lyrienn réagit en croisant les bras contre son torse. « Si t’as peur que je te touche, t’inquiète pas. Je ne recommencerai plus. » Dyfan acquiesça d’un air approbateur. « C’est bien, ça prouve que tu es capable de faire preuve de bon sens. » L’Asgjë n’émit aucun commentaire, se murant dans le silence au lieu de répondre à ses provocations. Une douzaine de minute fila sans que l’un des deux ne reprenne la parole, se laissant bercer par le son du vent et les échos lointains de la fête qui battait son plein à l’intérieur. Après tant d’années de séparation, ils étaient de nouveau réunis ensemble, à l’abri des regards indiscrets. C’était l’occasion idéale pour renouer les liens que le temps avait fragilisé, d’exprimer les regrets qui pesaient sur leur cœur, mais ils renoncèrent à saisir cette chance unique. Ils n’étaient pas prêts. Ils n’étaient pas prêts à se confronter à eux-mêmes, ils n’étaient pas prêts à se confesser l’inavouable, ils n’étaient pas prêts à braver les interdits. Alors, ils ne disaient rien.

Prenant son courage à deux mains, Helios fut celui qui rompit le silence en premier. Lorsque sa voix s’éleva en même temps que la brise nocturne, le Shiofra en eut un frisson. « Pourquoi tu m’as pas dit que tu revenais à Djomir? » Lentement, ses iris vermeil se décrochèrent de l’astre lunaire pour se braquer dans sa direction. « Je n’en voyais pas l’intérêt. » articula-t-il sans se départir de son calme. Le Lyrienn reçut son propos comme une gifle. « T’es sérieux? » La colère et la déception avaient fusionné afin de faire vibrer ses cordes vocales. « Alors que nous… » - « Il n'y a rien entre nous. » le coupa-t-il sèchement. Sa voix s’était mise à osciller sur ses lèvres, comme si elle était éprise de frissons. Ou de tristesse. Helios le scruta intensément. « Je ne te crois pas. » déclara-t-il en réalisant un pas vers l’avant. « Tu mens. » En s’avançant de plus près, il avait réduit la distance au-delà de ce qui était convenable. Surpris, Dyfan eut un mouvement de recul. Cette proximité le dérangeait. Elle était suffisamment courte pour briser ses défenses et le faire céder. Leurs corps étaient presque collés l’un à l’autre. Il pouvait sentir son odeur, ressentir sa chaleur, apprécier le contour de ses formes comme bon lui plaisait. Il ferma les yeux. Il devait se contrôler, brider ce désir contre lequel il lui était impossible de résister. Il le devait à tout prix. Faisant appel à la Magie, il cadenassa précipitamment ses émotions derrière un verrou d’impassibilité avant de rouvrir les paupières. Le sort était instable : bientôt, il éclaterait comme un verre contre la pierre. Le temps jouait contre lui. Il devait achever cette discussion avant qu’il ne soit trop tard. « Ça n'a pas d'importance. » se défendit-il. « Tout ce que nous avons vécu appartient désormais au passé. » - « Plus maintenant. » lui annonça-t-il gravement. « Ma mère se doute de quelque chose. Si elle découvre la vérité, c'en sera fini pour nous. » Le Lyrienn blêmit. « Raison de plus pour mettre fin à tout ça. » articula-t-il entre ses dents serrées. Il sentait déjà sa Magie lui échapper, se dérober à son contrôle. « En es-tu sûr? C'est vraiment ce que tu veux? » lui demanda-t-il. Il avait conscience du risque, mais il refusait de baisser les bras, de renoncer à leurs souvenirs, de rejeter leur histoire, sans au moins essayer de se battre pour protéger ce qu'ils possédaient. Ils l'avaient fait dans le passé, lorsqu'ils n'étaient que des enfants. Ils pouvaient bien recommencer, quittes à faire preuve d'une plus grande précaution. Quant à Dyfan, il était plus divisé sur la question. C'est vraiment ce que tu veux? Ses doigts se crispèrent en poings. Non, mais avons-nous d'autre choix? C'était la pensée qui tournait en boucle dans sa tête, mais qu'il n'osait pas prononcer tout haut. Ce serait un aveu formel de son amour, de sa dépravation, de sa déviance. Seulement, garder le silence équivaudrait à lui donner raison. Il devait répondre, maintenant. « Nous n'avons pas le choix. » chuchota-t-il. « Mais est-ce que c'est ce que tu veux? » insista-t-il. L'Enfant d'Hekur ne dit rien. Ne supportant pas la durée de son silence, Helios perdit patience. Sans crier gare, il se pencha vers l'avant, ne laissant que quelques centimètres entre leur visage. Le cœur de l'Asgjë rata un battement. « Que... Qu'est-ce que tu fais? » Son congénère fit mine de ne pas l'entendre. « Dis-moi que tu ne m'aimes plus et je te laisserai tranquille. » Ses yeux s'écarquillèrent de surprise. « Quoi? » - « Dis-moi que tu ne m'aimes plus et je te laisserai tranquille, pour toujours. » répéta-t-il. « C'est juste que... Je veux être sûr qu'il n'y ait plus aucun espoir entre nous avant de tourner la page. Alors, dis-le-moi franchement : est-ce que tu m'aimes ou non? » Faisant fi des cris de son cœur et du déchirement de son âme, il concentra toute sa Magie dans sa voix et souffla : « Je ne t'ai jamais aimé. » Puis, le sort se brisa dans une nuée de larmes.

✠ 1 872 mots | Fin

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[Q] - À la mémoire de nos souvenirs

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