Partenaire : – Intrigue/Objectif : Après avoir reporté les explorations de la Jungle pour venir en aide aux réfugiés angéliques, les Ygdraë sont enfin prêts à reprendre le cours de leurs expéditions. Assistés par les Anges et les natifs du territoire, les Elfes partent en quête d'une région propice à la colonisation afin d'y bâtir une nouvelle Cité : Fahorë.
Lorsque les premiers rayons de l'aube émergèrent derrière la ligne d'horizon, un vent frisquet se leva brusquement, soufflant au-dessus de la verdure qui s'amoncelait en contrebas de la Falaise des Grandes Eaux. Emportant dans son sillage la froideur des Montagnes de la Jēnne, la brise matinale agita les branchages du couvert forestier, délogeant à son passage les gouttes de pluie que l'averse de la veille avait déposées sur les feuilles des arbres. Partiellement dissimulé sous un amoncellement de nuages, l'astre solaire projetait quelques faisceaux de lumière depuis son emplacement dans le ciel, distribuant une chaleur sommaire à travers toute la Jungle. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que les lueurs rougeoyantes du jour aillent irradier les toits de Nisāra, tirant du sommeil les quelques milliers d'habitants qui s'étaient établis dans la ville. Vue de loin, la Cité angélique semblait anormalement paisible, comme si le monde entier retenait son souffle. Pour autant, la sérénité procurait également un effet réconfortant, à la manière d'une caresse qui détendait les esprits. Dans de telles conditions, il était presque possible d'oublier que derrière les fortifications de la Cité-Mère, un nombre incalculable de rescapés en provenance de la Terre Blanche avait élu domicile dans la plupart des logements du centre urbain.
À l'ombre de la Guérite Súme, tout à l'est de la ville, Aramis arqua un sourire sur ses traits, amer, lugubre, pessimiste. Bien que la conquête du territoire ancestral des Anges par les Mages Noirs datât déjà de plusieurs mois, les cicatrices, elles, demeuraient encore vives dans les cœurs de ses principaux acteurs, à commencer par les Ailes Blanches elles-mêmes. Ces dernières avaient non seulement été contraintes de s'allier à un peuple aussi méprisable que celui des Sorciers, mais elles avaient également dû se résoudre à ne récupérer que le quart de leurs semblables asservis, abandonnant la majorité des esclaves entre les mains des Enfants d'Ethelba. Même si leur opération militaire avait sans conteste rencontré le succès escompté, une telle victoire ne pouvait se savourer pleinement, surtout en sachant qu'autant d'Immaculés étaient toujours réduits en esclavage. Que leurs tortionnaires soient désormais des Sorciers ne changeait absolument rien à la nature de cette abomination : l'asservissement, quel qu'il soit, constituait une pratique infâme, dégradante et cruelle. En toute honnêteté, l'Ygdraë n'en avait que faire de ceux qui la cautionnait précisément. Entre les Mages Noirs et les Démons, les différences étaient minimes, pour ne pas dire insignifiantes. À ses yeux, ces deux races ne valaient pas mieux que l'autre. Leurs méthodes différaient sans doute sur certains points, mais le résultat demeurait strictement le même : il s'agissait d'une atteinte à l'intégrité d'êtres humains. Rien que pour ce crime odieux, les Sorciers comme les Vils méritaient amplement de se faire éradiquer de la surface du monde
Prenant une grande inspiration afin d'expulser le goût amer qui lui monta subitement à la bouche, le Cyraliel exhala un long soupir. En réalité, ce qu'il maudissait n'était nul autre que sa propre impuissance. Il aurait souhaité en faire davantage pour la nation angélique, notamment parce qu'il s'agissait de la meilleure chose à faire en termes de moralité, mais également parce qu'il respectait énormément ce peuple, bien plus que tous les autres sur les Terres de Sympan – mais juste après le sien, bien entendu. Cependant, en tant qu'ambassadeur elfe, ses obligations envers sa race d'origine devaient primer sur ses opinions personnelles, et ce, peu importe l'ambivalence des sentiments qu'il éprouvait vis-à-vis de la situation actuelle. Ses ordres étaient on ne peut plus clairs : la priorité, c'était de débuter les expéditions au sein de la Jungle de Vinyarië afin de sécuriser un emplacement favorable à la construction d'une nouvelle Cité sylvestre, tel que le promettait l'entente signée entre les Ygdraë et les Anges. La lettre que les Dagmar lui avaient envoyé ne laissait d'ailleurs place à aucune initiative de sa part, outre celles dont les explorations pourraient bénéficier à leur avantage. En effet, après des mois durant lesquels il avait dû suspendre leur campagne de colonisation afin de soutenir l'aide apportée aux réfugiés angéliques, le Conseil des Sages estimait qu'il était à présent temps de s'investir dans l'exploration de la Jungle. Bien évidemment, cela ne signifiait aucunement que les Elfes abandonnaient tout simplement l'assistance fournie aux anciens esclaves, comme le prouvait les nouvelles mesures instaurées par le gouvernement sylvestre qui avaient permis d'assouplir leurs politiques en matière d'immigration pour accueillir une partie des rescapés à Melohorë. Seulement, les autorités gouvernementales craignaient que le budget qu'elles avaient initialement alloué aux explorations sur les Terres d'Iyora s'avère être un gaspillage monumental de ressources. Après tout, si les Ailes Blanches avaient promis de leur céder une parcelle de leur nouveau territoire, il n'en tenait qu'aux Ygdraë d'en assurer le développement, d'où l'urgence d'amorcer les expéditions au sein de la Jungle.
Fort heureusement, les natifs orishas et les Lesoviks avaient accepté de prêter main forte aux explorateurs afin de les guider jusqu'aux confins de la région forestière. Il va sans dire qu'Aramis avait accueilli la proposition des autochtones avec joie, conscient que l'expertise de ces derniers se révélerait cruciale dès que son équipe serait plongée au cœur de la Jungle. En contrepartie, le Borghild avait été obligé d'octroyer une faveur aux Orishas – par chance, rien de trop déraisonnable d'un point de vue administratif ou financier. En effet, leur requête n'était constituée que d'une seule et unique demande : celle d'obtenir la protection des Ygdraë une fois que leur nouvelle Cité sera bâtie. N'ayant trouvé aucun motif raisonnable pour leur refuser ce privilège, l'ambassadeur ne s'y était pas objecté, leur promettant de signer les documents appropriés au moment venu.
Aramis dût attendre plusieurs heures avant d'apercevoir les premiers membres du groupe d'exploration arriver sur les lieux de leur rendez-vous. Parmi eux, l'Elfe n'eut aucune difficulté à identifier l'Aslak Elfinleth en tête de procession, tant sa chevelure vermeil resplendissait au contact des lueurs du jour. Plissant les paupières afin de se protéger de la lumière du soleil, il s'adonna à un examen attentif du faciès de la jeune femme. Après avoir établi le contact visuel, il fut surpris de ressentir un sentiment de familiarité aussi poignant. La sylvestre ressemblait trait pour trait à la femme de ses souvenirs, la même qui, à une époque, passait la plupart de son temps libre avec sa génitrice. Subitement saisi par une vague de nostalgie, le Borghild étira un maigre sourire. Cela faisait combien de temps qu'ils ne s'étaient pas vus? Une dizaine d'années? Une quinzaine, peut-être? Il avait du mal à se rappeler le temps exact, mais au moins, il pouvait être sûr d'une chose : depuis que leur peuple avait quitté leurs terres ancestrales, abandonnant la Cité millénaire d'Earudien au profit des forêts de Melohorë, ils s'étaient tous les deux perdus de vue. De mémoire, le Cyraliel semblait se souvenir des quelques visites que l'Eorbeth avait rendues à Seryndë après l'établissement des leurs sur le Continent Mystérieux. Néanmoins, compte tenu du fait qu'il avait consacré toutes ses énergies à lutter contre la dépression, il ne pouvait être sûr de l'exactitude de ses réminiscence, d'autant plus qu'au cours de cette période éprouvante, il avait totalement cessé de se soucier de l'existence de qui que ce soit, en incluant ses proches. Pour autant, il se demandait sérieusement pourquoi il n'avait pas cherché à réparer les pots cassés après qu'il s'eût officiellement rétabli de sa maladie. Il ne comprenait pas non plus pourquoi il lui avait été nécessaire de recevoir la lettre de sa mère, celle qui lui avait annoncé que la charge du dossier d'Iyora revenait à présent à Dame Elfinleth, afin de reconsidérer le bien-fondé de son silence à son égard. En toute honnêteté, c'était même la première fois que de telles interrogations lui effleuraient l'esprit.
Certes, s'il était honteux de la façon dont il avait négligé les amis de son passé, il devait aussi considérer le fait que se remémorer les années d'antan provoquait un tel supplice dans son cœur qu'il était sans doute préférable pour lui de renoncer à tout ce qui s'y rattachait, de près comme de loin. Repartir à neuf pour mieux se concentrer sur l'avenir : il s'agissait sans conteste du principe sur lequel il s'était appuyé afin de se convaincre de tourner la page et jusqu'à présent, sa nouvelle devise fonctionnait à merveilles. La seule exception avait été de rencontrer brièvement Isiode Yüerell avant le début de son Épreuve à la Coupe des Nations. Curieusement, ce court entretien l'avait davantage rassuré que fait souffrir. Toutefois, de manière générale, l'Ygdraë estimait qu'il était plus sage de garder une relation professionnelle auprès des Anges qu'il avait connu avant la Guerre Divine pour ne pas aviver la douleur de ses anciennes cicatrices. Cette distance ne l'empêchait tout de même pas d'adhérer pleinement à l'idéologie extrémiste, comme Alexie Lockwood l'avait fait avant lui. Quant à Aerin...
Quittant l'ombre en-dessous de laquelle il se tenait, le Borghild se présenta à la vue de tous en agitant une main dans les airs pour attirer leur attention. Contrairement à ce que les apparences semblaient suggérer, les six individus qui se dirigeaient vers lui n'étaient pas en retard. Au contraire, ils étaient même en avance. Seulement, dû à l'angoisse engendrée par le devoir qui l'attendait, l'Ildra n'avait pas réussi à fermer de l’œil de la nuit. Ne sachant quoi faire afin de passer le temps, il avait opté pour se promener en ville, atteignant le point de rendez-vous très tôt en matinée. Malgré tout, loin de fléchir sous les effets de la fatigue, l'Elfe ressentait à l'inverse une énergie bouillonnante lui parcourir les veines. L'adrénaline le maintenait dans un état d'alerte vivifiant, à tel point où il était en mesure de fonctionner sans se soucier de la condition de son esprit – pour l'instant.
Lorsqu'elle repéra son collègue à travers son champ de vision, Aerin Elfinleth afficha un sourire béant. Accélérant subitement le pas, la femme ouvrit ses bras en grand avant de cueillir le sylvestre à l'intérieur d'une étreinte chaleureuse. « Aramis! », s'exclama-t-elle sans cacher son émotion. « Je suis si contente de te revoir ! Ça faisait tellement longtemps, dis donc! » Affecté par l'enthousiasme qui galvanisait sa supérieure, le concerné ne put s'empêcher de sourire à son tour – plus discrètement, certes, mais tout aussi chaleureusement. « Je suis content de te revoir aussi, Aerin. Comment vas-tu? » Cependant, au lieu de répondre à sa question, l'Eorbeth se mit à le dévisager en arborant une expression médusée. « Minah dia yiran uë Phœbe! Qu'est-il arrivé à tes cheveux? » - « Mes cheveux? », répéta-t-il, confus, avant d'empoigner une mèche de sa chevelure. Ce fut à ce moment qu'il comprit de quoi il en retournait véritablement. Relâchant un soupir entre ses lèvres, le diplomate croisa les bras. « C'est une longue histoire. », lui avoua-t-il à voix basse. « Je n'en doute pas une seule seconde. », répliqua-t-elle sur le même ton. « Nous avons suffisamment de temps devant nous, n'est-ce pas? Raconte-moi tout ! »
✠ 884 mots | Post II
Traduction : Minah dia yiran uë Phœbe = Par la grâce de Phœbe
Malgré le regard insistant qu'Aerin fit peser contre ses épaules, le Cyraliel ne se plia pas immédiatement à sa demande. Soucieux de faire bonne impression auprès des explorateurs de son équipe, il s'engagea plutôt dans une série ininterrompue de salutations adressées aux cinq autres individus qui avaient également fait le déplacement jusqu'au point de rendez-vous. Arquant un sourire convivial sur la commissure de ses lèvres, l'Elfe tendit chaleureusement la main à chacun de ses collègues, avant de leur prononcer quelques familiarités d'usage, en conformité aux règles d'étiquette qu'il apprenait depuis sa tendre jeunesse : « Bonjour. Comment allez-vous? J'espère que vous vous êtes bien reposés. Le voyage qui nous attend risque d'être particulièrement éprouvant. » Sans répéter exactement les mêmes propos à tous ses interlocuteurs, l'Ildra ne s'éloignait pas pour autant de ces grandes lignes directrices, employant tour à tour le langage commun et l'Arshalà afin d'accommoder les Orishas qui ne maîtrisaient pas tout à fait la langue universelle – ils n'étaient que deux parmi le petit groupe, mais l'ambassadeur savait qu'il y en aurait d'autres qui se joindraient bientôt à eux. Lorsqu'il croisait un visage qui lui semblait plus ou moins familier, le sylvestre s'enquérait aussi sur l'identité de la personne concernée. S'il connaissait les noms de tous les membres de son groupe, notamment grâce aux Savoirs Ancestraux qui lui avaient permis de les apprendre par cœur, il n'avait, néanmoins, jamais eu l'occasion de rencontrer personnellement les vingt-huit volontaires qui participeraient aux expéditions de la Jungle. Évidemment, il avait tout mis en œuvre pour tenter de faire connaissance avec la majorité d'entre eux, mais en raison de la succession des derniers événements, comme la conquête de la Terre Blanche et l'accueil des réfugiés pour ne nommer que ceux-ci, les opportunités visant à renforcer la cohésion du groupe avaient malheureusement été très restreintes.
Le Cyraliel avait bel et bien essayé d'organiser quelques réunions dans le but de consolider l'unité de l'équipe, mais ses démarches s'étaient toutes avérées infructueuses, pour ne pas dire inefficaces. En effet, les priorités de ces derniers mois avaient toutes eu trait à l'assistance fournie aux anciens esclaves, non seulement pour répondre à leurs besoins essentiels, mais également pour structurer les mesures liées à leur intégration. Que ce soit en termes de ressources alimentaires ou de logements, il avait fallu agir rapidement afin de soutenir la cadence face à l'accroissement rapide de la demande. Sur les Terres d'Iyora plus spécifiquement, le manque de main d'œuvre avait contraint les autorités à établir un plan d'urgence, décrétant que tous les habitants devaient à présent contribuer aux efforts de soutien dans la limite de leurs capacités. Compte tenu de son statut d'ambassadeur, Aramis avait consacré presque tout son temps à coordonner les services apportés par son propre gouvernement, à commencer par l'approvisionnement en denrées alimentaires et par le transfert des respacés sur les Terres de Melohorë. En parallèle, il avait également dû superviser les opérations de croissance accélérée des récoltes afin de s'assurer que celles-ci se renouvellent correctement. Tout cela pour dire que les Ygdraë avaient été particulièrement occupés ces dernières semaines sur Iyora, à tel point où le Conseil des Sages n'avait pas eu d'autres choix que de suspendre temporairement leur campagne d'exploration. C'est pourquoi le Borghild n'avait jamais réussi à planifier des rencontres d'équipe : le contexte ne s'y était jamais prêté et lui-même avait manqué de temps pour concrétiser comme il se doit ses projets.
« Alors? Tu comptes garder le suspens encore longtemps? » Se faufilant jusqu'à ses oreilles, la voix de sa collègue le tira brusquement de ses réflexions. Lentement, son regard alla s'ancrer dans le sien. L'impatience dont elle faisait preuve à l'attente d'une réaction de sa part lui soutira involontairement un sourire. De toute évidence, la Elfinleth n'avait pas changé depuis l'aube de la nouvelle Ère – et il ne parlait pas uniquement de son apparence physique. C'était réconfortant, en quelque sorte, d'être exposé à une telle familiarité. Cela lui procurait le sentiment que rien ne s'était réellement perdu entre eux, que leur amitié demeurait forte en dépit de toutes ces années de silence. Pour autant, le sylvestre ne se berçait d'aucune illusion. Quoi qu'en disent les sourires et les marques d'affection qu'ils s'échangeaient naturellement, ils n'en restaient pas moins conscients de la vérité : même s'ils parvenaient à se réconcilier, leur relation ne serait jamais plus comme avant. « Toujours aussi impatiente, à ce que je vois. », soupira-t-il en relâchant la main d'une Ange dénommée Sigyn Bējethiel. « C'est parce que tu es tellement lent! Ça doit faire plus d'une demi-heure que j'attends ton histoire! » Il dût résister à l'envie de lever les yeux au ciel. « N'exagérons rien, s'il te plaît. » À grandes enjambées, il franchit la distance qui les séparait. « Les présentations ont duré seulement cinq minutes. Dix au maximum. » La sylvestre refoula un rire derrière ses dents. « C'est du pareil au même. » Un sourire fleurit sur la ligne de ses traits, confiant, espiègle, provocateur. « Sais-tu ce que je pense? Tu essaies simplement de gagner du temps, parce que tu ne veux pas me parler de ce qui t'es arrivé. Dis-moi que j'ai raison, ji piäh Aramis. » Le concerné poussa un grognement. Il avait toujours détesté ce surnom dont Aerin l'affublait si souvent : Mon petit Aramis. C'était non seulement ridicule, mais aussi infantilisant. Prenant une grande inspiration afin de ravaler son amertume, il finit par céder à sa requête. « C'est bon, tu as gagné. », lui concéda-t-il. La question qu'il devait se poser maintenant était de savoir par où commencer – et comment narrer une histoire qu'il préférait oublier à tout jamais.
Après s’être assuré qu’aucun explorateur n’était en chemin pour se joindre au groupe, Aramis reporta son attention en direction de sa collègue, qui s’impatientait devant son silence prolongé en tapant du pied. Refoulant le soupir qu’il s’apprêtait à exhaler, le Cyraliel s’empressa de reprendre la parole avant qu’Aerin ne le fasse à sa place en lui glissant un commentaire désobligeant. Pour autant, lorsqu’il articula ses mots, aucune narration ne franchit ses lèvres, subsistée par des propos qui n’avaient rien à voir avec la question initiale de l’Aslak. « La Conseillère Borghild t’a remis un rapport avant ton transfert sur les Terres d'Iyora. » Il ne s’agissait pas d’une question, mais à cause de son intonation, son affirmation sonnait davantage comme une accusation. « Est-ce vraiment nécessaire que je te raconte une histoire que tu connais probablement par cœur? », lui posa-t-il en ancrant l’azur de son œil voyant dans le gris des siens. Malgré le mécontentement qu’il lut sur le visage de sa congénère, il ne regretta pas un seul instant de tergiverser. Secrètement, il espérait que ses manœuvres suffiraient à la convaincre de renoncer à sa demande initiale. Cependant, la jeune femme ne se laissa pas prendre au piège par une tactique aussi peu subtile. Un sourire naquit brièvement sur la commissure de ses lèvres, tandis que ses doigts caressaient la pointe de son menton. « La Conseillère Borghild, hein. Même en son absence, tu refuses de l’appeler « mère ». », nota-t-elle sur un timbre de voix particulièrement cynique. Piqué au vif, le sylvestre faillit entrer dans son jeu en donnant la répartie. Ce ne fut qu’au prix d’efforts colossaux qu’il réalisa subitement que son interlocutrice cherchait à le provoquer. « Chercher » n’était sans doute pas le terme que la concernée aurait employé, mais dans l’esprit révolté du Borghild, aucun mot ne semblait plus approprié afin de cerner les intentions de cette dernière.
Aerin avait toujours jugé que l’hostilité dont il faisait preuve à l’encontre de sa génitrice était injustifiée, et ce, depuis qu’elle avait appris qu’il adhérait à quelques idées extrémistes. Les traits dénués de toute expression, Aramis dévisagea longuement sa supérieure, avant d’articuler prudemment sa réponse. « Il s’agit de son titre. En la nommant ainsi, je ne fais que témoigner mon respect à l’égard de son rang. », expliqua-t-il. C’était faux, et tous les deux le savaient. Néanmoins, l’Eorbeth n’insista pas davantage sur le sujet. Si elle avait bien conscience des tensions qui existaient au sein de cette famille, elle désapprouvait tout de même l’attitude méprisante que le fils faisait subir à la mère. Pour autant, la sylvestre ne pouvait ignorer le rôle que celle-ci jouait dans le maintien de ces dissensions. Aerin savait que Seryndë déplorait amèrement la façon dont elle avait traité son enfant par le passé, et que cette culpabilité ne cessait de la dévorer. Toutefois, le fait qu’elle choisisse délibérément de taire ses véritables sentiments plutôt que de faire preuve d’honnêteté envers Aramis n’en était pas moins déroutant, voire agaçant. Le clan d’appartenance aux deux Borghild n’était sans doute pas étranger à la persistance de leur entêtement. Seulement, l’Aslak n’était pas naïve au point de croire que leur essence de Cyraliel justifiait à elle seule l’ampleur de leurs problèmes.
« En effet. Elle m’a bel et bien transmis un rapport de ce genre. », admit l’Ygdraë en soutenant le regard de son collègue à la tignasse immaculée. « Toutefois, j’insiste pour que tu me racontes ta version des faits. Par exemple, y’a-t-il une raison particulière pour laquelle tu n’as pas dit un mot sur ta nouvelle coupe de cheveux à ta mère? » L’homme papillona des paupières. « Parce que cela n’a aucune importance. », se défendit-il sèchement en détournant le regard. « Permets-moi d’en douter. » Aerin était consciente qu’il mentait. Après tout, dans leur culture, porter une longue chevelure s’avérait être un trait essentiel à la beauté, voire au prestige chez les nobles. Somme toute, il n’y avait que très peu d’hommes qui arboraient une coupe de cheveux courte. Même les Soldats rechignaient souvent à se couper les cheveux : ils optaient presque toujours pour les nouer en chignon afin qu’ils ne deviennent pas encombrants en situation de combat. C’est pourquoi un Ygdraë qui se coiffait de la sorte n’était jamais anodin, encore moins lorsqu’il s’agissait d’un noble qui était particulièrement complexé par sa beauté physique depuis qu’une hideuse brûlure lui défigurait le faciès.
« Ça suffit! », la coupa-t-il brusquement. « Tu veux l’entendre cette histoire ou non? » L’agacement transpirait dans le son de sa voix, sourd, menaçant, amer. Prenant conscience qu’une autre pique de sa part envenimerait leur conversation, l’Aslak se contenta d’acquiescer en hochant de la tête. Laissant un soupir franchir la barrière de ses lèvres, le Cyraliel consentit enfin à remplir sa promesse. Il narra posément, sur un ton légèrement monotone, les péripéties qu’il avait vécues en pleine mer, avant d’enchaîner sur les nombreux événements qui avaient eu cours sur la terre ferme, après le débarquement des explorateurs. L’Elfe resta intentionnellement évasif sur certains détails, notamment en ce qui concernant l'attaque qui l'avait par inadvertance confronté à un Goled en rut. Bien que les événements en question fissent désormais parti du passé, l’écœurement et le dégoût qu’il avait ressenti au moment où cette créature abjecte l’avait soulevé de terre pour renifler et palper les formes inexistantes de son corps d’homme demeuraient toujours vifs dans son esprit – trop vifs pour qu’il puisse en parler ouvertement à son interlocutrice sans croupir sous le poids de la honte. Des mois entiers s’étaient écoulés depuis que le chaos avait pris d’assaut les champs d’Æia, mais le temps, lui, peinait encore à atténuer l’humiliation et la douleur que l’Ildra associait d’instinct à ce souvenir disgracieux, telle une brûlure se cicatrisant péniblement – il était on ne peut plus bien placer pour faire cette comparaison, lui qui portait une blessure similaire à même son visage.
Pendant la durée entière de son monologue, l’Eorbeth fit preuve d’un professionnalisme qu’il ne lui connaissait pas. Croisant les bras au-dessus de sa poitrine, cette dernière prêta une oreille attentive à chacun des mots qui se glissaient en dehors de sa bouche. Jamais elle ne tenta de l’interrompre, écoutant consciencieusement ce qu’il avait à narrer sans trahir un seul instant les émotions que son histoire lui faisait éprouver. Lorsqu’il eut enfin terminé, un sourire se forma sur les lignes de son visage, compatissant, doux, navré. « Je savais que vous aviez vécu de nombreuses tragédies, mais… » Sa voix s’éteignit subitement, étranglée par le malaise d’une personne qui ne réussissait pas à trouver les mots justes. Inspirant de l’air à l’intérieur de ses poumons, la sylvestre reprit lentement la parole. « Je suis désolée. » Elle n’avait aucune raison de l’être.
Surpris par l'émotion qu'il lisait dans ses yeux, Aramis cligna des paupières. Cessant subitement de bouger, il fit glisser son regard sur le visage de l'Ygdraë, observant son expression faciale s'altérer sous l'effet du bouleversement. Gêné, le jeune homme abaissa prestement la tête sans savoir sur quoi se concentrer. Après un moment de réflexion, il opta pour contempler la pointe de ses pieds, là où le regard de sa collègue ne pourrait l'atteindre. Des questions fourmillaient à travers son esprit, s'entremêlant dans un ouragan nébuleux duquel des idées floues se libéraient de temps à autre. Pourquoi Aerin s'était-elle excusée? Elle n'avait pourtant rien à se reprocher vis-à-vis des événements qui étaient survenus plusieurs mois plus tôt. Si l'attaque des Goleds avait pris tout le monde à revers, semant le chaos et la destruction derrière leur passage, le pire était heureusement passé. Les Anges avaient su reprendre le contrôle de la situation, éliminant la menace avant qu'elle ne prolifère davantage sur le territoire – pas avant, néanmoins, qu'elle ne fauche la vie d'une Soldate de la manière la plus cruelle qui soit. Était-ce pour cette raison que l'Elfe semblait aussi perturbée? Que le succès de ces explorations n'ait été possible qu'en payant le prix du sang? Sans doute. En réalité, il n'avait aucun moyen d'en être sûr. Pour autant, il savait que les informations qu'il lui avait divulguées n'auraient jamais dû l'étonner – ou, tout du moins, pas à ce point. Après tout, le rapport de Seryndë contenait une description détaillée de chaque événement qui s’était déroulé depuis le départ des premières équipes d'exploration. Quelques minutes plus tôt, l'Eorbeth lui avait même confirmé avoir lu ce rapport, ce qui rendait sa réaction d'autant plus suspecte. Qu'est-ce qui pouvait bien justifier l'intensité de son émoi? Se murant dans le silence, l'Ildra réfléchissait à toutes les possibilités qu'il pouvait concevoir. Sans quitter le sol du regard, il essayait de se remémorer tout ce qu'il connaissait à propos de la diplomate.
Pendant un moment, rien de particulier ne lui sauta aux yeux. Cependant, en fouillant plus profondément dans sa mémoire, il parvint à en extraire un indice. Si ses souvenirs ne le trompaient pas, Aerin possédait un don inné pour ressentir les sentiments d'autrui. Il était donc possible qu'elle ait fait usage de sa Magie pour connaître les émotions qu'il avait refoulés au fond de son cœur en racontant son histoire. Dans ce cas, en admettant qu'il tenait les bonnes conclusions, la seule raison pour laquelle l'Aslak réagissait si fortement à ses propos, c'était avant tout parce qu'il était remué par le désastre auquel il avait dû faire face – qu'ils avaient tous dû faire face. Force est de constater que même après des semaines de rétablissement et de retour à la normale, le Cyraliel ne s'était toujours pas remis de ces cicatrices, telle une marque indélébile apposée à même son esprit. Les souvenirs étaient si frais dans sa tête qu'il avait l'impression que l'attaque était survenue hier. Pour autant, il n'en restait pas moins conscient du temps qui s'était véritablement écoulé depuis ce jour fatidique, notamment parce qu'il avait pris l'habitude de compter les jours qu'il passait sur Iyora afin d'établir une chronologie précise dans ses rapports. Le Conseil des Sages portait un regard critique sur le travail de ses fonctionnaires, et c'était d'autant plus vrai lorsque l'un d'entre eux était affecté à la gestion d'une affaire de la plus haute importance : celle de la conquête d'un nouveau territoire. S'il est vrai qu'Aramis travaillait sous les ordres de la Dagmar Borghild, il avait tout de même été désigné comme responsable du dossier, jusqu'à ce qu'Aerin prenne le relais de cette fonction en raison de son expérience dans le domaine. C’est pourquoi il s'était assuré de consigner quotidiennement les informations qu’il avait jugé nécessaire de transmettre à son gouvernement, pour faciliter la charge administrative.
Prenant son courage à deux mains, le jeune homme rétablit le contact visuel avec la sylvestre. Il la dévisagea pendant quelques secondes, comme pour jauger l’ampleur de son désarroi, avant de reprendre doucement la parole. « Tu n’as aucune raison de t’excuser. », lui souffla-t-il dans un murmure. À côté d’eux, les effectifs de leur groupe s’étaient immanquablement renfloués, indiquant que leur discussion ne faisait que s’étendre sur la durée – bien plus qu’ils ne se l’imaginaient. Néanmoins, aucun d’entre eux ne semblaient se rendre compte du temps qui défilait, enfermés dans leur petit Univers comme si le reste du monde avait cessé d’exister. Marquant brièvement une pause, le Borghild se permit d’incurver un vague sourire sur la ligne de ses lèvres. « Est-ce que ça va? » Inspirant profondément, l’Aslak lui renvoya maigrement son sourire. « C’est moi qui devrais te demander ça. » Elle s’interrompit, scrutant brièvement ses alentours, avant de reporter son attention vers lui. « Es-tu sûr que tout va bien? », lui chuchota-t-elle sur un ton inquiet. « Tu étais complètement secoué tout à l’heure. » Le sylvestre ne souffla pas un mot. C’était donc vrai : Aerin avait bel et bien sondé ses émotions durant son monologue. Il ignorait s’il devait se sentir offensé ou, au contraire, lui en être reconnaissant, ne serait-ce que pour lui avoir confirmé qu’il ne s’était toujours pas remis du choc provoqué par l’assaut des Goleds. En constatant que le nombre de personnes autour d’eux avait subitement augmenté, il opta pour n’émettre aucun commentaire à ce propos, hochant simplement de la tête pour dissiper les inquiétudes de sa congénère. « Je vais bien, ne t’en fais pas. Raconter cette histoire a fait remonter quelques souvenirs désagréables, mais ce n’est rien de grave, je te l’assure. » Qui essayait-il de convaincre? L’Elfe ou lui-même? Il n’en était pas sûr, mais d’un autre côté, il ignorait s’il souhaitait réellement connaître la réponse. Réaffirmant la ligne de son sourire, il replaça quelques mèches rebelles qui flottaient devant lui, avant de reprendre contenance en redressant sa posture. « Et si nous allions saluer les nouveaux arrivants? », lui proposa-t-il en changeant brusquement de sujet. « L’heure du départ arrive bientôt : il serait malpoli de les faire attendre trop longtemps. » Si l’Aslak ne se laissa pas berner par ses méthodes d’évitement, elle se garda bien de le mentionner, acceptant sa proposition sans la moindre contestation.
À la demande de sa supérieure, Aramis invoqua sa Magie, faisant appel à la Voix du Monarque pour s’adresser à la foule rassemblée autour de lui. Inhalant de l’air au creux de ses poumons, il attendit de sentir la chaleur distinctive du flux magique lui caresser les cordes vocales avant de prendre la parole, haussant le son de sa voix afin que tout le monde puisse l’entendre. « Puis-je avoir votre attention? », s’enquit-il en guise d’introduction, mettant terme aux conversations qui s’échangeaient entre les membres du groupe. Comme un seul homme, ces derniers pivotèrent dans sa direction, inconsciemment attirés par le pouvoir contenu dans ses mots. Pour autant, l’Ygdraë dut compter plusieurs minutes avant que les effets de sa Magie agissent, attirant progressivement les regards vers sa personne, qui devint peu à peu le centre d’attention. Conscient qu’il ne pourrait maintenir cet état bien longtemps, le jeune homme s’empressa de briser le silence qu’il avait lui-même instauré en interrompant les discussions, tirant avantage de l’intérêt que son auditoire lui manifestait afin de transmettre ses instructions. S’il est vrai que, en temps normal, ce devoir aurait dû revenir à Aerin, la véritable responsable de ces expéditions, cette dernière avait pensé qu’il serait plus judicieux de déléguer cette responsabilité à son collègue, notamment parce qu'il connaissait ces individus mieux qu'elle, mais également parce que son visage était plus familier que le sien. En raison de son débarquement récent sur les Terres d'Iyora, l'Elfe n'avait jamais eu l'occasion de se présenter officiellement à toute l'équipe d'exploration – excepté à quelques personnes clés dont la prise de contact avait été inévitable, comme les représentants orishas et angéliques. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé : comme son congénère avant elle, l'Erëla avait prévu d'incorporer quelques rencontres dans son horaire, malgré sa charge de travail déjà bien colossale. Seulement, les circonstances avaient immanquablement eu raison de la démesure de ses ambitions : entre son installation à Nisāria, sa prise de fonction en tant que Dignitaire et sa réorganisation de la gestion des dossiers en cours, elle n'avait simplement pas eu le temps de rencontrer tous les explorateurs attirés à la compagne d'expédition au sein de la Jungle. C'est pourquoi elle comptait sur la contribution du Borghild afin de l'introduire en bonne et due forme auprès du groupe qu'elle était censée diriger.
Comme promis, Aramis débuta les présentations, se permettant d'insérer une courte introduction avant de placer sa collègue sous le feu des projecteurs. « Tout d'abord, je tiens à remercier chacun d'entre vous de vous être déplacés aujourd'hui. J'ai conscience que vous attendiez tous ce jour avec impatience, moi y compris, mais comme vous le savez, les événements des derniers mois nous ont contraint à réviser nos priorités. » Il ne jugea pas nécessaire de préciser la nature des événements en question : il n'y avait pas une seule personne qui n'était pas au courant. Sentant sa Magie s'affaiblir, le Cyraliel ne laissa pas son silence se prolonger plus longtemps. Il se racla la gorge avant de poursuivre son discours. « Personne n'aurait pu prévoir que la Terre Blanche serait conquise par les Sorciers lorsque nous avons quitté le continent. » Il avait employé le terme « conquis » au détriment de « libéré » pour la simple et bonne raison qu'il ne considérait pas l'occupation sorcière comme une libération à proprement parler, mais plutôt comme un stratagème visant à éliminer la concurrence sur le marché de l'esclavage. Sans doute que l'Empereur Noir espérait tirer quelque chose de la part des Ailes Blanches, ne serait-ce que pour leur avoir cédé un quart du territoire, mais quoi exactement? L'Ygdraë n'en savait rien. Après tout, ce n'était pas lui qui gérait les relations diplomatiques avec les Mages Noirs, d'autant plus que son gouvernement n'avait pas l'intention de s'ingérer dans une affaire qui ne concernait que les Disciples d'Ethelba et les Immaculés. De toute évidence, la Royauté elfique n'était pas intéressée à participer plus activement sur la scène internationale, et ce, malgré l'alliance qu'elle avait formé avec les Anges. Parfois, le sylvestre se questionnait réellement sur les décisions prises par ses supérieurs : si ces derniers étaient prêts à soutenir financièrement les Vertueux, pourquoi s'abstenir de les aider sur le plan politique également? Cette passivité était sans conteste la raison pour laquelle les choix du Conseil des Sages paraissaient si... discutables, pour ne pas dire problématiques.
En effet, depuis plusieurs semaines, le climat politique à Melohorë s'était tendu. D'après les informations relatées par Aerin, les gens du peuple étaient de plus en plus nombreux à adresser des reproches au gouvernement, notamment sur leur inaction face à plusieurs événements qui étaient survenus à l'extérieur de leurs frontières. En réalité, ces critiques venaient s'ajouter à celles, déjà existantes, du Génocide Angélique – plus spécifiquement sur le désintérêt du Conseil à prêter main forte à la nation qui les avait pourtant aidés à défendre Earudien en stoppant l'invasion des Démons sur l'Edelweiss Enneigée. Même si l'Elfe évitait d'évoquer ses opinions politiques tout haut, il devait toutefois reconnaître qu'il partageait les insatisfactions de la minorité grandissante. À quoi bon chercher à renouer les liens avec des anciens alliés, si ce n'était pas pour les soutenir au moment le plus décisif? À présent, il ne faisait aucun doute que la popularité de la Reine en prendrait un coup, malgré les moyens qu'elle mettrait à l’œuvre afin de rectifier le tir.
« Pourtant, même si ces obligations ne faisaient pas initialement parti de votre contrat, vous vous êtes tout de même impliqués dans l'effort de soutien aux réfugiés, prenant sur vous une charge de travail supplémentaire. En dépit des circonstances inhabituelles, vous vous êtes engagés à aider ces Anges du mieux que vous le pouviez, parfois même au-delà de vos propres limites. Vous avez tous accompli un travail exceptionnel. », reconnut-il en souriant aimablement. À ses côtés, l'Aslak usait également des Savoirs Ancestraux pour traduire ses paroles en Arshalà, garantissant ainsi la compréhension des Orishas présents sur place. Marquant une pause, il garda le silence pendant quelques secondes avant de reprendre la parole. « C'est pourquoi je tenais également à vous remercier pour votre contribution humanitaire. Rien que pour cela, vous avez toute ma reconnaissance. », admit-il en ponctuant ses propos d'une révérence. Puis, d'un geste de la main, l'Ygdraë invita sa collègue à s'avancer. « Ensuite, comme vous l'avez sans doute remarqué, notre équipe accueille un nouveau membre. » Il s'interrompit brièvement. « En fait, sa venue vous a déjà été annoncée il y a trois semaines, mais la plupart d'entre vous n'avez jamais eu l'occasion de la rencontrer en personne. », précisa-t-il. « J'ai donc l'honneur de vous présenter la nouvelle cheffe des expéditions : Aerin Elfinleth. » - « Enchantée. », articula la concernée en s'inclinant légèrement. « Aerin nous accompagnera tout au long de notre voyage. Si vous avez la moindre question ou commentaire à formuler, c'est à elle qu'il faudra vous adresser. » Lorsqu'il fut certain que le message avait bien été compris, l'Elfe passa à un autre sujet. « Enfin, concernant le déroulement général des explorations, voici comment nous allons procéder. »
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