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 Une vocation, un avenir

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Dim 08 Nov 2015, 22:14

Trois jours. Trois longues, interminables, ennuyantes journées passées dans Utopia. Bien sûr, il pouvait visiter les rues animées de la capitale humaine, explorer les échoppes ou encore s’amuser en admirant les spectacles organisés sur les nombreuses places mais il n’avait pas le cœur à ça. Il devait attendre le retour de son compagnon de route de toute manière. Lorsqu’ils étaient arrivés dans la ville grâce à ce convoi exceptionnel, ils s’étaient mis d’accord pour une halte d’une semaine. Andrzej avait besoin d’un peu de repos et lui avait besoin de se renseigner sur les environs. Cependant, le Bélua regrettait désormais d’avoir donné son accord. Il tournait en rond comme un lion en cage dans cette petite chambre miteuse. Ensemble, ils n’avaient pas assez d’argent pour louer une chambre individuelle confortable, ils durent donc se rabattre sur une chambre commune avec deux paillasses au sol et un tabouret en ruine. L’aubergiste s’était même fendu d’une plaisanterie en présentant la chambre comme étant « le luxe du voyageur éreinté », en appuyant bien sur la fatigue et l’envie de dormir, peu importe l’endroit. A plusieurs reprises, Andrzej s’était mis au milieu de la pièce et avait étendu les bras de part et d’autre pour toucher les deux murs opposés.

« Un placard à balai… »

Il n’en pouvait plus, il devait sortir. Il commençait à angoisser à force de rester dans un endroit si petit. Lui qui avait l’habitude des grands espaces, cette chambre faisait office de torture. Il prit ses affaires et sortait d’un pas décidé de là. Il ne savait pas où aller mais tout serait mieux que l’auberge. Avec un peu de chance, il croiserait même son compagnon.

Avançant au hasard des rues, il se guidait aux sons autour de lui pour trouver les endroits dignes d’intérêt. Le marché était l’endroit le plus bruyant car tout le monde négociait, tentait d’obtenir un rabais ou vantait sa marchandise. Il s’agissait aussi d’un point de rencontre pour les habitants flânant en regardant à peine les objets en vente. Il y avait aussi une flopée d’enfants courant partout, imaginant sans doute qu’ils étaient des voleurs d’une guilde célèbre, ou des chevaliers pourchassant un mage maléfique, ou tout autre chose. Lorsqu’il les vit passer à sa hauteur, il ne put se retenir d’inspecter si sa bourse était encore là. Malheureusement, dans cette ville, l’innocence de l’enfance s’arrêtait là où commençaient les affres du besoin. A mesure qu’il avançait, il se retrouvait entouré par une foule de plus en plus compacte. Il avait quitté une chambre exigüe pour une rue bondée. A nouveau, un début de crise d’angoisse le saisit aux tripes et il dut bifurquer précipitamment dans une allée déserte. Il n’y avait là ni échoppe, ni marchand, ni enfants courant partout et surtout, il n’y avait pas de bruit. Il continuait dans cette ruelle en prenant de grandes bouffées d’air frais.

Après plusieurs minutes de marche dans cette partie tranquille de la ville, il tombait sur une étrange boutique. La pancarte signalait qu’il s’agissait d’un marchand de livres. Il n’avait jamais vraiment considéré ce genre d’endroits comme dignes d’intérêt pour plusieurs raisons. Premièrement, il n’avait pas besoin d’étendre ses connaissances en achetant des livres car il n’avait pas le temps de lire. Deuxièmement, même si le savoir était une arme si possédé par un esprit vif, Andrzej voulait surtout développer sa force physique, sur le terrain. Et dernièrement, il n’avait que peu d’argent, donc ses dépenses devaient être calculées et, malheureusement, les livres avaient une priorité moindre par rapport au logement et à la nourriture. Il était sur le point de continuer son chemin quand il vit au bout de la ruelle qu’il arpentait le début d’un second marché et le bruit lui parvenait déjà. Ne voulant pas affronter cette nouvelle épreuve tout de suite, il entrait donc dans la boutique.

La petite cloche au-dessus de la porte tintait et réveillait un vieil homme ronflant bruyamment, les pieds appuyés sur son comptoir. Il manquait de tomber à cause de la surprise d’avoir un client potentiel. Conscient qu’une pareille occasion ne se représenterait pas de sitôt, il bondit sur ses jambes, époussetait rapidement son tablier et allait à la rencontre du jeune homme.

« Bonjour mon ami, si tu cherches des livres reconnus, des parchemins anciens ou des romans de fictions chevaleresques, tu es au bon endroit. En quoi puis-je t’aider mon ami ? »

Andrzej adressait un simple sourire au vendeur. Il ne lui répondait pas directement mais son regard en disait long. Il était là pour profiter du calme et vadrouiller dans les rayons, ni plus ni moins. Il pouvait voir plusieurs hautes bibliothèques contenant d’innombrables ouvrages organisés par ordre alphabétique. La plupart de ces livres avait accueilli une quantité impressionnante de poussière et les toiles d’araignée n’étaient pas rares. A droite et à gauche du magasin, il y avait les fameuses rangées de bouquins avec le comptoir comme élément central. Il y avait aussi, adossé à ce comptoir en bois, une grande boîte contenant plusieurs livres surmonté d’une pancarte. Pour deux livres achetés, le troisième était offert. Ils étaient disposés là, pêle-mêle, sans aucune forme d’organisation ou de rangement. Andrzej se dit qu’il s’agissait donc là d’ouvrages pour recommandés, sans succès ou tout simplement de mauvaise qualité. Pour en avoir le cœur net, il en prit un au hasard et lisait le titre à mi-voix.

« De l’impact de la minéralogie sur le système digestif des chevaux des steppes ou comment se procurer un engrais de qualité… Affligeant… »

Le vendeur suivait de loin et silencieusement son client. Il se permit d’intervenir quand il aperçut le mécontentement d’Andrzej.

« Ces livres ne sont bons qu’à équilibre un meuble bancal. Mais il y en a d’autres qui sont bien plus intéressants mon ami. Si tu es curieux à propos de l’astronomie, je te recommande « signes et finalités » de Rabo Capanne. Par contre si tu es du genre à lire des aventures épiques, le classique « Christian et Yseult » te ravira. Pour les contes et légendes, « créatures mythiques et préservation » te permettra d’en savoir plus sur les animaux de légende et … »

« Sur les animaux ? Et ce livre est de bonne qualité ? »

« Oui bien sûr mon ami. Bouges pas, je le ramène tout de suite. »


Il sautillait presque de joie d’avoir réussi à susciter l’intérêt de son unique client de la journée. Avec un peu de chance, se disait-il, il parviendrait à le lui vendre et à le rediriger vers d’autres ouvrages un peu plus chers par la suite. Un grand sourire lui fendant le visage, le vendeur lui donnait solennellement un gros livre de cuir avec l’image d’un féroce dragon cracheur de feu gravé sur la couverture. Andrzej inspectait le livre un instant avant de l’ouvrir et lire les premières lignes. Il ne lui fallait pas plus que quelques secondes pour se rendre compte que quiconque avait écrit cet ouvrage était superstitieux. L’auteur se concentrait sur les mythes de bonne femme, les légendes colportées par les ivrognes et autres foutaises pour enfants turbulents. Il le sut en lisant une partie consacrée aux Lesoviks, la race de son Maître. Selon l’auteur, les Lesoviks étaient des esprits maléfiques des bois, s’alliant avec les démons pour faire disparaître les honnêtes gens et dévorer les enfants pour faire venir le Chaos sur la terre.

« Vous n’avez pas un autre livre à propos des créatures du monde ? »

« Bien sûr mon ami, j’en ai d’autres. Ils ont été écrits par de grands naturalistes ! Si si ! Ne bouges pas, j’arrive »


A peine quelques instants plus tard, il revenait avec deux ouvrages. Andrzej en ouvrait un. Le titre était « Analyse transverse de l’aspect intrinsèquement violent de la nature dans un cadre philosophique ». La longueur et le côté pompeux du nom du livre ne présageait rien de bon. L’auteur avait sûrement passé un temps fou pour établir une hiérarchisation des chapitres, des noms, sur la préface, la mise en page et la dorure de chaque lettre de son nom, écrit plus grand que de coutume mais n’avait prêté que peu d’attention au contenu en lui-même. Andrzej, interrogatif, regardait le marchand.

« Ce livre a été écrit par un très grand philosophe. Il connait beaucoup de choses et il est très intelligent. »

« Il a donc voyagé beaucoup pour pouvoir écrire un livre de cette taille sur la Nature. »

« Ha mais pas du tout mon ami, il a passé toute sa vie à étudier, il n’a jamais même quitté Utopia. »


Le Bélua faillait jeter le livre au sol de dégoût. Une personne se prétendant savante, relatant des faits jamais observés à propos de créatures jamais vues en personne influençant la perspective sur ces dernières de manière parfois irréversible. Ce bouquin était bon à jeter à la poubelle car sa valeur scientifique était grande, mais le contenu ne valait rien selon Andrzej. Celui-ci entamait alors le dernier livre « Créatures du monde ». Sobre, efficace, droit au but, le titre laissait une bonne première impression. Mais c’était tout. Après avoir feuilleté la partie consacrée aux animaux communs, Andrzej comprit que l’auteur était chasseur car il donnait une étude très travaillée et précise sur les mœurs et habitudes des animaux… et de quelle manière les traquer et les tuer.

« C’est tout ce que vous avez ?! Un crédule, un planqué et un tueur ?! C’est n’importe quoi ! »

Il lançait les livres sur une table de lecture non loin de là et était prêt à partir. Il avait déjà ouvert la porte quand il se figeait. Il venait d’avoir une idée. Ces ouvrages, ignorants mais pris pour références, avaient été lus par des enfants assoiffés de contes et légendes, feuilletés par des savants curieux, étudiés par des villageois effrayés. Même si leur qualité était médiocre, ils avaient été lus et, surtout, le contenu avait été retenu. Les mensonges avaient été absorbés par les hommes de par le monde qui avaient désormais une mauvaise image de la Faune. Les pires croyances et superstitions s’alimentaient de ces livres et certaines espèces étaient à ce jour en voie d’extinction à cause de l’ignorance causée par ces ramassis de bêtises.

Mais que se passerait-il alors si un ouvrage de qualité, au contenu juste et impartial, présentant la Nature comme étant ce qu’elle est ? Les enfants curieux apprendraient, les savants propageraient et les villageois se calmeraient. Andrzej pouvait enfin faire quelque chose de concret pour aider l’homme et la Nature à coexister. Si les humains étaient sensibiliser aux diverses espèces peuplant le monde, peut-être se montreraient-ils plus responsables et moins intrusifs sur leurs territoires. Il y avait bien entendu du chemin à faire et cet objectif final était presque irréalisable, mais au moins il pouvait essayer.

Il se retournait vers le vendeur qui eut un mouvement de recul et Andrzej lui demandait d’une voix ferme, les yeux emplis d’une lueur de conviction et de détermination.

« Je vous achète un grand livre vierge, bien résistant, et trois fusains de charbon. J’ai un livre à écrire ! »

1818 mots
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