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 [Évent Top-Sites] Dōsatī

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Lun 01 Mar 2021, 22:45


Illustration - Leah Augustine
Dōsatī

Égarée entre les vagues indomptables et une vaste étendue impénétrable, la Cité d'Alaithiad semblait être en mauvaise posture, mais rien de bien nouveau en ce qui concerne les Enfants de Sympan, habitué à la survie en milieu hostile. Sur Taelora, les bêtes monstrueuses et amatrices de chairs, grondaient et épiaient les proies imprudentes s'égarant sur leur territoire, tout en demeurant à bonne distance de ces envahisseurs étrangers qui se révélaient bien plus hargneux et organisés qu'escompté. Il y avait comme un statut quo, mais elles incarnaient un véritable problème auquel le Mahestan désirait mettre un terme. Il n'avait guère envie de gaspiller son temps et des vies pour traquer ces êtres, surtout que ces animaux n'avaient rien demandé, mais il était vraiment délicat de vivre avec les les petits et agiles Vēlōsirā et, encore plus, les grands et carnassiers Ṭā'īrēkasa. Que la Reine de Grimvarr en prenne un en compagnon passait certainement, mais eux ne pouvaient se le permettre.

Ils n'étaient pas tous aussi insouciants et incivilisés. Ils vivaient dans une ville, pas dans la boue, même non loin de cette forêt sombre et humide. Bordé de son fleuve et de sa longue plage de sable clair comme protection, ainsi que de vastes palissades de bois, puis de plus en plus briqués, les choses s'apaisaient. D'un air songeur, Aziz scrutait l'horizon. Il pouvait voir l'étendue d'Alaithiad de là où il était. Il sourit légèrement, enchanté par cette vision. La Cité était magnifique, même si encore primaire, un spectacle sans nul autre pareil qu'une conquête réussie, en dehors de son tracas animalier. L'Humain devait se concentrer sur l'ouverture et la défense d'Alaithiad. S'ils pouvaient contourner les créatures intérieures et se prémunir de leurs assauts aléatoires à l'aide des murailles, il y avait d'autres ennemis sur Taelora, dont un très agaçant, les Sirènes. Ces créatures dont on célébrait la beauté, autant que la cruauté, n'étaient pas très bien vues par cet ancien marin. Ces sales Vampires des Mers ne cessaient de faire les innocentes, mais il aurait bien fallu nettoyer les mers et les océans de ce virus. Il n'oubliait pas la perte du Continent du Matin Calme, ni toutes les exactions de la Dévoreuse. On l'a disait souffrante et une autre régente semblait pointer le bout de son nez, mais Aziz se méfiait. Elle était revenue écraser sa concurrente lors de la Chute des Dieux, sans que personne ne s'y oppose ... Elle pouvait très bien recommencer. S'il avait la rancune tenace, il voyait la responsable comme une tique s'accrochant au Pouvoir.

Si un peuple ne pouvait être blâmé pour les crimes de quelques-uns, les récents événements sur les Océans ne pouvaient qu'engendrer la craindre. Ces choses dangereuses chassaient. Beaucoup. Si les Humains devaient faire des efforts, ils n'étaient pas obligés d'ouvrir en grand les portes de leurs Cités pour autant, mieux valait être d'une certaine prudence. Surtout avec les indésirables. Il avait eu vent de la venue de Démons, ou d'autres races ennemies, au sein de ses murs. Sans doute devrait-il agir avec plus de sévérité à l'égard de leurs voisines, très peu attachantes ... Bon. Plus tard. Il avait des contrats à signer. Les plus grandes maisons des diverses races venaient représenter leurs produits, des commerçants plus modestes voulaient ouvrir des succursales chez eux. Au loin, quelques navires approchaient, deux d'entre eux semblaient amochés. Il sentait que le Port allait devoir s'agrandir. Technologiquement et militairement. Et vite.



Où en sont nos engagements envers les Evershas ?

La Sūrakan avait relevé les yeux et balayait la table des yeux sans esquissé le moindre mouvement du corps. Elle y distinguait ses conseillers, mais également quelques visages extérieurs à ses habitudes. Elle avait demandé la présence de quelques personnalités influentes dans le domaine économique, ayant de bons contacts avec des races alliées, ou neutres.

Nous leur avons promis un détachement Humain dans l'Antre des Marais, mais avons uniquement laissé aux volontaires la possibilité de s'y rendre. Ils doivent partir dans une semaine environ, le temps que de nouveaux éléments arrivent pour remplacer ces départs temporaires.
Des Anges de la Cité ont acceptés de nous aider avec leur téléportation pour raccourcir leur voyage. Nous avons aussi veillé à ce que le Ma'Ahid de nos Soldats ne soit pas imposant pour ne pas causer de tracas aux Evershas.
Prenons-nous officiellement place contre les Vampires ?
Ce ne sont pas nos meilleurs amis, c'est certain. Surtout qu'il s'agit d'un conflit territorial, qui ne devrait pas s'étendre vers nous, mais maintenir une entende cordiale avec les Evershas sera bénéfique !

Cette décision avait été la bonne, notamment dans l'optique de nouer une entende à l'avenir. Son regard se posait sur la concentration visible de Leenhardt et le léger ennui dans le regard d'Eraël. Il ne devait pas avoir l'habitude, si ce n'est des regards sur ses étranges ailes Réprouvées. Il avait été acteur dans le Pardon de Sympan de deux races, sa réputation s'étendait sur leurs terres ... Sans doute n'était-il pas si surprenant de le découvrir à ce rassemblement. Scylla l'avait conviée dans le but de voir ses projets, même modestes, ses accords ou ses désaccords avec la politique à venir. Comme Mancinia Leenhardt à son époque, il avait une bonne réputation à l'étranger et creusait son trou progressivement, volontairement ou non, d'ailleurs. Élu d'Hel'dra, sans doute n'aurait-il pas le choix ... Dans tous les cas, il y allait avoir du changement dans les prochains mois et elle ne doutât pas qu'ils en soient des acteurs importants. Peu importe ses sentiments, les Humains devaient retrouver une stabilité avec les autres peuples. Certains noms tiraient leurs épingles dans le mouvement des alliances, autant qu'ils soient au premier rang.

Est-ce que les Ambassadeurs ont pu retourner chez eux sans problèmes ?
Oui, Majesté.

Il y avait eu cet événement, il y a quelques semaines. Personne n'avait immédiatement compris ce qui s'était produit, chacun de leur territoire avait été touché et les blessés, très nombreux. Curieusement, les Anges avaient été en mesure de les aider et, progressivement, comme une évidence, ils étaient nombreux à avoir vu le Pardon de Sympan. Scylla ne doutait pas de cette véracité. Elle avait eu la visite de cette étrange personne, Reine. Une envoyée de l'Aether Izanami, comme par hasard, peu de temps avant le début de la danse. Observant Mancinia, songeuse, elle voyait comme un signe cette ressemblance étonnante.

Quand est-il de ces Ira ?
Depuis le Grand Songe, plus grand monde n'a à redire de leur présence.
Surveillons toute de même la situation. Autre chose ?
Oui, Majesté, nous avons eu de nouvelles informations concernant la condition des Anges.

Ces événements étaient comme un point de démarrage, à l'image des Réprouvés qui, depuis plusieurs mois, étaient capables d'enfanter à nouveau des membres de leur essence. Un coup de poignard envers les Anges. Si les Bipolaires se moquaient des Humains, comparativement à certaines autres races ayant soutenus les Aetheri, c'était les Ailes Blanches qui avaient le plus souffert.

Dites-moi.
Leur situation alimentaire est stable. Nos alliés ne craignent plus la disette et ils réouvrent certains commerces sur leurs territoires. Ils semblent relancé pour de bon et cherchent de nouveaux partenariats !

Il y eu quelques paroles de contentement, de soulagement.

Quel budget devrions-nous leur consacrer désormais ?
Pardonnez mon insolence, Majesté, mais nous ne disposons plus vraiment des fonds nécessaires.
Je pense que vous en avons réalisé assez à leur encontre.
Oui, en effet ! Nous leur fournissons déjà de grandes aides !
Et Orhmior nous a coûté cher ...
... Oui, sans parler des événements à Haute-Terre.

Il y eu un silence gêné, bien plus que colérique. Quelques regards à l'encontre de Mancinia, que son regard tempétueux eu tôt fait de dégager.

Peut-on envisager une augmentation des taxes ?
L'impôt est fixe, mais il y a toujours un grand nombre de dépenses. Je vous prie de prendre une décision raisonnée.
Je ne l'orientais pas vers le peuple.

Il y eu un certain malaise. Certains ici avaient eu la dépense immodérée, poursuivre dans cette voie serait dangereux ... Surtout s'ils envisageaient de construire une nouvelle Cité, qui serait basée sur les fonds du Royaume. Pour l'instant, ce projet était en suspens, dans la mesure du possible, pour éviter de creuser l'écart.

Majesté. Jamais les Nobles n'ont eu à payer d'impôts, car ils aident le peuple au quotidien. Allez-vous mettre fin à cette tradition ?
Nous ne sommes pas confrontés à une crise économique et personne ne va mettre un terme à une tradition, répliqua soudainement Mancinia. Vous vous méprenez complètement.

L'Humaine comprenait bien que la Reine désirait uniquement contribuer à l'aide aux Anges sur de nouveaux plans, maintenant que les primordiaux étaient stables.

Majesté, dit-elle pour capturer son attention. Je propose que l'aide soit désormais celle venant de la volonté de ceux étant capables d'en assumer la charge. Ils tisseront ainsi des liens étroits avec les institutions économiques et commerciales de nos alliés, ce qui améliorera notre entende avec eux et fera fleurir nos affaires communes. Je suis prête à m'engager sur ce terrain.
Je ne pense pas que nous soyons nombreux à vous suivre, Leenhardt. Vous devriez concentrer vos efforts sur cette ville qui sera bientôt engagée et ...
J'agis dans le but de laver l'affront de l'aide déplorable que nous avons octroyé aux Anges ! Nous aurions être là !
Nous ne pouvons pas parler au nom de l'ancien Roi.
Que les Aetheri préservent son âme.

Elle eu un rictus moqueur, quasiment méprisant.

Je suis étonnée que personne n'eusse accusé la Dame des Abysses et demander des comptes à la Princesse Nausicaa Deslyce ! N'était-elle pas sa compagne ?
Vous voulez vous en charger, peut-être ?
Pourquoi pas ?

Son interlocuteur manquât de s'étouffer devant son insolence. Leur histoire s'était terminée brutalement, peu de temps avant la disparition du Monarque.

Nous pouvons dire, néanmoins, que l'Armée des Humains connaîtra une nette amélioration de ses conditions avec l'immense aide de la Monarchie des Sirènes. Conséquence de la participation active de Srī Eraël, ici présent.
Notre Saraprasata dā Mārūthala a vraiment eu un impact fort ... pour que les Sirènes nous envoie une telle somme.
Je l'admet, sourit la Reine. Vous avez du être impressionnant lors du Fessetival.
Qu'avez-vous fait, messire Eraël ? demanda Mancinia, d'une voix basse, mais rieuse, en se penchant brièvement vers lui. Je suis curieuse !
Néanmoins, rien ne sortira de ces lieux, reprit la Reine. Je l'ai promis. Officiellement, il s'agit d'une aide extérieure. Elle servira à la remise à niveau des casernes de la Cité d'Utopia et l'engagement de nouveaux Soldats, les fonds seront confiés à la Mahestan Vosgien, actuellement absente pour cette raison.
A moins que ce ne soit l'effet légendaire des roux. Je connais ça.
Soyons néanmoins certains que cet argent n'aille pas où il ne doit pas.

Mancinia avait tiqué.

Majesté, reprit-elle. Nous ne pouvons pas laisser nos alliés derrière nous.

Elle observait l'homme, droit dans les yeux.

Des personnes sont mortes pour cette alliance.

Un silence court, mais électrique, retombait sur la table.

Nous devons retrouver une place centrale dans l'économie du Continent. Et nous devons le faire avec les Anges, c'est indéniable ! Nous nous redresserons mutuellement, ensemble, comme cela à toujours été le cas.

Scylla sourit, amusée.

Très bien, Leenhardt. Je vous charge de la question des Anges.
Majesté !

L'Humaine avait écarquillé les yeux, surprise.

Je sais que vous avez travailler avec le Mahestan Lenclud sur la question des logements et que vous avez des patients parmi les Ailes Blanches ... Je ne mentionne pas le reste de vos actions. Vous travaillerez avec le Mahestan Farahani.
Ce serait un honneur, dit ce dernier avec un sourire sincère.
Pour moi également !
Y-a-t-il des participants qui s'y opposent ?

Non, personne.

Notez ceci, Mahestan. Et envoyez une copie à chacun des représentants économiques, y compris ceux qui ont été absents au cours de cette séance.
Bien, Majesté.
Comme nous avons plusieurs potentielles alliances naissantes, nous en rediscuterons dans une prochaine session. Nous allons essayer d'engager des négociations économiques en premier pour attirer le regard des autres races vers nous, sans oublier nos entendes actuelles. Ce sera notre première étape. Dans tous les cas ... Je vous invite à bien engager les pourparlers avec d'éventuels intéressés. Nous établirons une carte de ce qu'ils souhaiteraient lors de notre prochaine réunion. Srī Eraël, souhaitez-vous être l'interlocuteur privilégié envers les Sirènes, à moins que vous ne souhaitiez une autre race avec qui vous avez une bonne entende ? Dans tous les cas, réfléchissez-y, nous en rediscuterons.

La Sūrakan se redressait, tous suivait son mouvement.

La session est levée.

2100 mots
Dōsatī - Amitié

Explications

Je pense que vous l'avez tous bien compris, mais cet événement est axé sur les relations économiques des Humains avec les autres races. Utopia et Alaithiad s'ouvrent ainsi aux commerces étrangers, en vous invitant à venir installer vos commerces, ou d'au moins les prendre comme partenaires privilégiés de vos échanges. L'Événement sert aussi à ceux étant bien gradé dans leur race de montrer leur intérêt envers les Humains, pour devenir de potentiels diplomates entre les deux races, qui sera le sujet du dernier acte. Il en va de même pour les Humains, si une race vous intéresse !

Je pense que vous avez compris, mais les Vēlōsirā sont des Vélociraptors et les Ṭā'īrēkasa, nos amis les Tyrannosaures. Je le mets principalement pour Aaliah, qui voulait, éventuellement, développer ces économies pour nous. Oui, les Humains vont dompter du dinosaures, on arrête pas les progrès ... D'ailleurs, si vous êtes membres des Corvus Aeris, n'hésitez pas à venir voir ce que ça donne, héhéhé.

Je vous invite également à lire l'Événement, organisé par Léto, La Bêtise, histoire de réagir aux attaques des navires, si vous venez vers Alaithiad. On ne sait jamais, avec ces vilaines Sirènes nastae

Gains

- 1 Point de Spécialité
- Un établissement commercial [territoire à choisir] | il y a plusieurs possibilités, selon votre Jeu. Soit votre personnage vient d'acquérir son métier ou va l'acquérir, ou selon les stats, ne peut pas avoir son propre établissement et, de ce fait, ce dernier sera situé sur le territoire de votre race d'origine, avec comme partenaire privilégié, les Humains. Soit, si vous avez les stats, le métier ou que cela vous motive vraiment, l'établissement sera directement sur le territoire Humain [soit à Utopia, soit à Alaithiad, si vous êtes un Ange ou un Magicien, ça peut être aussi à Haute-Terre].
- Une Exploitation Économique | vous devez mettre en avant cet exploitation durant votre RP, car elle ne sort pas de nulle part
- 10 PNJ Serviteurs d'un niveau inférieur au vôtre | soit ils travailleront dans votre commerce, sur votre territoire racial et seront donc de votre race [exception faite si vous avez des DN ou un background particulier, c'est comme vous le sentez], soit ce seront des Humains que vous embaucherez [car ils supportent mieux l'antimagie, donc seront plus enclins à rester là].
- Un Ishims | Sa Fiche sera postée dans le Bestiaire assez rapidement, vous pouvez le prendre en PNJ ou en Compagnon. Pour rappel, s'ils vivent avec des Humains, les animaux n'usent pas de leurs pouvoirs [même s'ils peuvent en avoir]. Un Ishims ressemble à ceci. C'est Azaar qui a tiré au sort, merci à elle !
- Confluence - d'un naturel bleu traversé de veines plus pâles, voire blanches, la Confluence est une pierre tout ce qu'il y a de plus banale et fera une très belle décoration. Néanmoins, si vous l'avez sur vous lors de la traversée d'un lieu aride et que votre gourde est à sec, il suffira de creuser un trou dans le sable et l'y enterrer. Attendez quelques minutes, car il lui faut du temps pour appeler à elle l'eau qui se trouve dans les strates souterraines pour étancher votre soif.
- Un métier en rapport avec l'économie | vous devez en parler durant une bonne partie dans votre post également

Les gains vont au personnage avec lequel vous postez ^o^

Pour 2000 mots minimum, ou 1000 mots avec le barème ;

Participants - Lexa - Typhon - Azaar - Priam - Djinshee - Aaliah - Jun - Latone - Circe - Kitoe - Adam - Kaahl - Léandra - Eiko - Aylivae - Omos - Mancinia - Isahya - Maximilien - Astriid - Deccio

De 40 à 79 votes = 1000 mots sur un personnage, au choix : Léandra - Eiko - Aylivae & Omos
De 80 à 119 votes = 1000 mots sur deux personnages, au choix : Mancinia - Isahya - Maximilien - Astriid - Deccio

Bien sûr, vous pouvez le faire avec plusieurs personnages, mais le barème des 2000 mots se réinstalle ^^

Vous avez jusqu'au 11 Avril 2021, à 23h59 pour poster.


[Évent Top-Sites] Dōsatī Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

~ Eversha ~ Niveau V ~
◈ Parchemins usagés : 915
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Lun 08 Mar 2021, 21:56



Typhon donna un violent coup de poing au crâne de l’imposant volatile pour qu’il relâche la jambe d’un ambassadeur eversha trop curieux pour son bien. Le cadeau des Humains s’était voulu de bonne foi, mais en l’absence de leur magie, les changeurs de forme furent pris de court quand l’œuf, de taille modeste, éclot et atteignit sa taille adulte en quelques jours seulement, dévorant tout sur son passage. Le piaf grogna et chercha rétribution pour sa douleur à la tête, mais il se retrouva le bec cloué au sol. L’ambassadeur en chef s’était assis sur le cou de l’animal et lui avait attaché les pattes pour qu’il ne puisse plus griffer. Le simurgh dénommé Griffon était sauvage et violent, mais l’Eversha qui le domptait l’était tout autant.

Si cet animal n’était pas aussi important pour le peuple humain, il aurait vraisemblablement fini cuit sur le feu, mais au moins aussi obstiné que l’animal divin, Typhon avait décidé qu’il dompterait la bête. Félin de Totem, l’ambassadeur en chef n’avait aucune affinité pour les créatures à plumes, si ce n’est l’instinct du chasseur. Entre les coups et la nourriture, Griffon finit par apprendre qui était le maître et se soumis progressivement envers celui pour qui il reconnaissait la force. Cela dit, le respect du simurgh se méritait et un seul Eversha y était parvenu pour l’instant.

« Doit-on vraiment s’encombrer de cette… créature ? Gémis l’Eversha, blessé dans son orgueil, qui refusait de qualifier ce simurgh d’animal.
C’est un cadeau, répliqua Typhon. Ils vont dire quoi les Humains si des Evershas ne sont même pas capable de dompter une bête ?
— Rien à foutre ! Une vraie bête, ça ne passe pas d’œuf à sac à plumes d’une demi-tonne en trois jours. Divin, mon cul, c’est un monstre ! Si j’avais ma magie et une lance…
Tu te ferais quand même botter le cul ! Tu l’as dit toi-même, Griffon est un animal divin. Nos pouvoirs ne fonctionnent pas sur lui.
— Parce qu’en plus il a un nom maintenant ! J’y crois pas…
Sort ta tête du cul de Phœbe et va me chercher de la viande. Cette fois, je vais le nourrir sans les liens.
— Rectification, c’est pas lui le monstre, c’est toi… »

Au double grognement en sa direction, l’Eversha se dépêcha d’obéir et d’apporter la viande demandée. Typhon était au moins aussi sauvage et agressif que son animal de compagnie. La seule différence, c’était que l’un prétendait être civilisé. Et encore, ce n’était pas toujours évident duquel il s’agissait.

***

Au bout de quelques jours, le comportement de Griffon était devenu méconnaissable. Il était serviable, docile, voire même enjoué, par moment. S’en étaient terminé des morsures et des griffures impromptues. En contrepartie, le simurgh refusait maintenant de quitter celui qu’il choisit comme maître. Les recherches sur ces animaux divins révélèrent une capacité à réduire sa taille, pour mieux accompagner son propriétaire, mais Griffon semblait imparfait sur ce point. Enfin, l’on pouvait probablement en dire autant de son maître, qui dominait tous les ambassadeurs evershas de sa stature.

Une fois habitués à leur nouveau compagnon, les Evershas allaient pouvoir reprendre les discussions avec les Humains. La demande de Typhon fut acceptée et un détachement allait être envoyé à l’Antre des marais pour entraîner les troupes de changeurs de forme. En termes d’aptitude militaire, l’on pouvait difficilement faire pire que les Evershas. Indisciplinement discipliné, les forces de combat evershas avaient peu en commun avec les peuples civilisés. Ce chaos était toutefois à la base des stratégies evershas, alors personne n’attendait des Humains de mettre de l’ordre là où l’ordre ne pouvait exister.

C’est plutôt au niveau des compétences martiales individuelles que le peuple humain intéressait Typhon. Sans magie, les Humains avaient développé des techniques de combats redoutables, mais accessibles. La magie était certes au cœur de la vie eversha, mais son application première était utilitaire et non martiale. Vivant pour la plupart dans une meute, chacun se spécialisait pour faciliter la vie de la collectivité. Se faisant, les Evershas se battaient principalement avec leurs facultés physiques à la manière des Humains. La principale différence était que certains se battaient sous forme animale alors que d’autres, sous forme humaine. Du coup, tous les Evershas recevaient une base d’entraînement martiale lors de leur jeunesse.

Grâce à ces fondations martiales, ils seraient aisés pour des entraîneurs humains d’enseigner des notions intermédiaires ou avancées aux combattants evershas. La présence d’anti-magie ayant peu de chance d’interférer avec ces entraînements, c’était dire à quel point les Evershas étaient peu entraînés à mélanger combat et magie. L’approche martiale était donc celle préférée par Typhon. Cela dit, l’Augure était plutôt isolé dans sa conviction.

Les ambassadeurs choisis pour accompagner Typhon chez les Humains étaient d’avis contraire. La culture vampire avait peu d’intérêt pour la magie comparativement aux Evershas. Selon ceux-ci, renforcer l’application martiale de la magie eversha aurait connu de bien meilleurs résultats sur le champ de bataille. C’était pourtant simple. Pourquoi compenser une faiblesse alors qu’on pouvait renforcer une force ? Ultimement, c’était Typhon le commandant en place et grâce au soutien du Grand Totem, l’Augure avait préséance sur ses pairs.

En y pensant bien, Typhon se dit que cette animosité à l’égard de travailler avec les Humains devaient être la raison pourquoi le commandant lui-même menait les discussions avec les Humains, plutôt qu’un ambassadeur plus expérimenté. Le jeune augure ne le niait pas. La magie pouvait être une force destructrice entre les bonnes mains. Cela dit, des mains beaucoup moins expérimentées suffisaient pour enfoncer une épée dans le corps de son ennemi. Renforcer la magie eversha ? Et puis quoi, invoquer Phœbe en personne sur le champ de bataille, tant qu’à y être ?

Malgré tout, Typhon hésitait. Était-il dans le tort ? Se pourrait-il que l’expérience des ambassadeurs leur permette de comprendre quelque chose que l’Augure ignorait ? Pour en avoir le cœur net, Typhon convoqua son groupe afin d’en parler lors du repas. Il fallait toujours discuter des relations futures entre les Evershas et les Humains et il faudrait encore quelques jours avant le départ des Humains pour l’Antre des marais. En d’autres mots, il n’était pas trop tard pour changer d’avis.

***

La douzaine d’ambassadeurs encore présents à Utopia profitaient de rares moments de cohésion lors des repas. Si les opinions et les habitudes de Typhon étaient à l’origine de bien des discordes dans le groupe disparate d’Evershas de milieux bien différents, tous s’entendaient sur le respect d’une qualité, sa cuisine. L’adresse était indéniable pour que l’Augure réussisse à cuisiner des plats typiques du Rocher au Clair de Lune avec les ingrédients disponibles à Utopia. L’appétit des Evershas était vorace, mais Typhon cuisinait toujours suffisamment pour satisfaire l’assemblé.

« Ainsi donc, le grand Typhon daigne enfin demander nos opinions ? Mieux vaut tard que jamais, dit le représentant de l’une des meutes les plus influentes au Rocher. Selon moi, ce voyage est une perte de temps. On ne peut pas se fier aux Humains. Ce n’est certainement pas pour rien qu’ils sont aujourd’hui si peu nombreux.
— Je suis d’accord, compléta un vagabond. Une race capable de priver un Eversha de son Totem ne peut être qu’un ennemi de Phœbe. Je comprends que toute aide est la bienvenue pour remporter la guerre, mais pas à n’importe quel prix.
— Parlons-en du prix, justement, dit un autre ambassadeur influent. Vous ne trouvez pas ça étrange qu’il nous aura suffi de danser pour recevoir un détachement d’Humains ? Et si c’était un piège ?
— Non, je ne pense pas, répondit le plus vieux des ambassadeurs. Que vaut une poignée d’Humains à la guerre ? Pas grand-chose. Ça, c’est un geste de bonne foi.
— C’est aussi ce que je pense, ajouta l’une des ambassadrices du groupe. Je dis que les Humains sont sincères dans leur volonté de nous aider. Par contre, je suis moi aussi d’avis que Phœbe n’approuverait pas cette alliance. Je me méfie de ceux qui interfèrent avec les dons de notre mère. »

Un profond rôt détourna l’attention vers un augure suspicieusement silencieux depuis quelque temps. Typhon avait ingéré tant de nourriture durant l’échange qu’il commençait à se déshabiller pour soulager son énorme ventre. Bien que l’augure ne pouvait plus prendre la forme de son imposant Totem, il n’avait rien perdu de son appétit monumental. Au contraire, l’absence de magie semblait le stimulait davantage. Prenant appui sur le simurgh qui somnolait derrière lui, Typhon exposait fièrement sur ventre bien rond en signe de défit.

Ce défi était destiné au rival de l’ambassadeur en chef, Wojtek, un imposant eversha du Totem de l’ours. Dénudant à son tour son torse, l’Eversha poilu s’empiffra de plus belle pour rattraper son retard. Une trentaine de centimètres et de nombreux kilos en moins, ce chef de meute trentenaire n’avait aucune envie de faire la moindre concession envers celui qu’il définit comme un rival digne de se nom. Évidemment, les deux hommes n’apportaient rien à la discussion de par leur défi.

Typhon scella l’accord avec les Humains. Son opinion était déjà connue sur la pertinence de l’acte. Wojtek, quant à lui, était le sous-chef du groupe. De ce fait, il devait rester neutre, car son rôle à lui, c’était de ravir la position de meneur à Typhon. La nature chaotique des changeurs de forme faisait en sorte qu’ils avaient besoin d’un minimum d’adversité pour s’épanouir. En d’autres mots, Wojtek avait le privilège de confronter Typhon quand bon lui semblait. Le vainqueur tuerait le perdant, un nouveau sous-chef prendrait place et le reste de la meute s’adapterait en conséquence.

« Si vous vouliez une autre raison pourquoi les Evershas ne sont pas compatibles avec les Humains, en voilà la preuve, repris l’ambassadrice interrompue. Voyez ce que l’anti-magie fait au commandant.
Mais non, répliqua Typhon. J’ai un tigre pour Totem et un Démon comme maître cuisinier. Pas besoin de mettre ma gourmandise sur le dos des Humains. Laissez-moi en dehors de ça et laissez-moi manger, j’ai encore faim !
— Humph ! Pas question gros minet, déclara Wojtek, t’as déjà gobé ta part. Pas touches à la mienne !
Ta part ? C’est la moitié de la table !!! Alors partage nounours !
— C’est la deuxième moitié, humph ! Tu as déjà bouffé la première, alors pas touche !
M’en fou ! Je vous laisse jusqu’à ce que la table soit vide pour me convaincre. Parce que jusqu’à maintenant, vous êtes tous des idiots. »

Malgré l’insulte de Typhon à l’égard de ses conseillers et co-ambassadeurs, les discussions reprirent autour de la table pendant qu’elle était progressivement dégarnie par les ventres sur pattes qui trouvaient encore le moyen d’entasser plus de nourriture dans leur estomac. Il n’y avait toutefois pas grand-chose de plus à ajouter. Une opportunité s’était présentée pour obtenir une aide humaine pour la guerre contre les Vampires et Typhon l’avait saisi. La tradition voulait que les Evershas se montrent redevables envers leurs bienfaiteurs dans le futur, mais ni Typhon ni aucun des ambassadeurs présents n’avait reçu l’autorisation de faire plus.

Les Evershas s’étaient mis d’accord pour couper l’herbe sous le pied des Vampires et demander de l’aide aux Humains avant que les suceurs de sang ne pensent à employer l’anti-magie humaine contre les changeurs de forme. Cela dit, si cette manœuvre semblait profitable dans le cadre de la guerre, tant que la Déesse Totem n’aurait pas tranché sur la volonté de Phœbe quant au sort des Humains, la relation entre les deux races n’avait guère de chance d’aller plus loin.

***

Typhon, accompagné de son simurgh et la douzaine d’ambassadeurs evershas se présentèrent devant les autorités humaines pour les remercier en personne de leur décision de favorablement prendre part au conflit opposant les Evershas aux Vampires.

« Au nom de la Déesse Totem Ava, nous vous remercions de votre contribution annonça Typhon. D’après nos traditions, nous vous serons redevable et vous offrirons une compensation à la hauteur de votre engagement à la fin de la guerre. Si Phœbe le veut, peut-être nos peuples se rapprocheront-ils davantage à l’avenir. »

Après quelques échanges de platitudes supplémentaires, les Evershas prirent congé du peuple humain et retournèrent dans leurs contrées. Sur ce sujet, aucun ne cacha un certain empressement à quitter la ville humaine et enfin retrouver la connexion perdue avec leur Totem. Somme toute, ce voyage avait été des plus avantageux pour les ambassadeurs.

D’une part, des guerriers humains d’expériences seraient sous peu envoyés à l’Antre des marais. Malgré une grande réticence des ambassadeurs à travailler de concert avec des Humains, tous s’entendaient sur la réelle victoire eversha : les Vampires ne pouvaient plus compter sur une aide humaine. Comme bien des peuples à valoriser autant la magie, les Evershas étaient dépourvus d’une bonne partie de leurs moyens en présence d’anti-magie. Cette arme aurait donc été particulièrement redoutable entre les mains des Vampires.

D’une autre part, Typhon fut témoin de la magie des Anges en plein cœur d’Utopia. Outre la relation privilégiée entre les Anges et les Humains, le fait demeurait, de la magie avait été employée dans une zone inondée d’anti-magie. Il serait futile pour l’Augure d’espérer le même privilège, mais peut-être pouvait-il trouver un moyen de protéger un lieu de cette anti-magie. Si Typhon pouvait collaborer avec des Humains pour que la résidence des Evershas à Utopia puisse leur donner accès à leur Totem, ce serait un bon début pour faciliter les relations futures…

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Aaliah Z'Odra
~ Ombre ~ Niveau I ~

~ Ombre ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2211
◈ YinYanisé(e) le : 22/02/2011
◈ Âme(s) Soeur(s) : On ne peut conquérir un coeur qui abrite l'amour d'un défunt...
◈ Activité : Bâtisseuse d'empire
Aaliah Z'Odra
Mar 09 Mar 2021, 12:29


Crédits : The Goat Herder par Omar Rayyan
Dōsatī


Lorsque l’Ombre ne proférait pas des invectives à l’encontre des objets ou des personnes qui avaient le malheur de l’approcher au mauvais moment, elle prenait parfois le temps de s’entourer de calme et de s’occuper de la faune malmenée d’Alaitihad. Il n’y a guère longtemps encore, un Aether ─ ou plusieurs, elle l’ignorait véritablement leur nombre, tout comme leur identité ─  avait murmuré à son oreille et envahi ses rêves lorsqu’elle sombrait Humaine dans le sommeil pour la guidée vers un dessein qu’elle n’avait pu mener à bien. En cause principalement, le soudain silence qui l’avait frappé lors de neuf mois catastrophiques passés alitée conséquence d’une grossesse inattendue dont le Chaman avait souhaité qu’elle menât à terme. Comme elle pouvait le haïr pour cela… Redevenue Ombre et solitaire, elle eut cru que les visions ou les chuchotements seraient revenus, mais il n’en fut rien. Il ne lui restait que des brides de connaissances, du désespoir et de la rancœur ; beaucoup pour ce dernier. Ne pouvant chasser tous ses souvenirs et appréciant le contact animalier plus que le contact social avec ses congénères, la jeune femme prenait de son temps pour améliorer le bien-être autant des proies que des prédateurs d’Alaihitad loin des regards.

Isolée dans un bâtisse plus proche d’une ruine abandonnée qu’habitée, les animaux allaient et venaient entre les murs. Les portes fermaient mal et les contrevents des fenêtres gisaient au sol depuis une éternité, ancien festin de termites affamés. Cela arrangeaient bien les cinq poules récemment venues qui profitaient ainsi d’une vue en hauteur. Trois moutons mangeaient de l’herbe au côté d’une vache dodue dans un enclos plus que bancale qui leur offrait la possibilité de vagabonder plus loin si l’envie leur en prenait. Toutefois, ils avaient rapidement comprit que s’éloigner de leur abri n’était pas une très bonne idée. La faune d’ici était pourvue de prédateurs rapide et puissant. Si l’Ombre parvenait à conserver le bétail offert, s’était uniquement par sa capacité à communiquer avec les animaux et respecter leur liberté fondamentale, qu’elle fût physiologique, sanitaire, environnementale, comportementale ou psychologique. Il était convenu qu’aucun prédateur ne viendrait se repaitre d’un animal présent sur le territoire de l’Ombre, qui incluait la maison, l’enclos, un petit jardin et une remise qui servait d’aire de repos pour les animaux plus malades qui avaient besoin de quelques jours de convalescence. En dehors de cette zone, c’était la loi de la nature qui s’appliquait et l’Ombre ne s’y opposerait, sauf exception. Bien sûr que si la laitière à quatre pattes partait brouter des pâquerettes à l’autre bout de la forêt, elle irait la chercher et la défendre, mais elle ne tuerait pas son prédateur, ni ne chercherait à se venger. Les prédateurs avaient eux aussi leurs propres difficultés et leur survie n’était pas aussi immuable que certains habitants d’Alaihitad le pensaient.

Certes, ils commettaient d’importants dégâts et leur régime alimentaire principalement carné n’arrangeait en rien leur situation. Tout ce qui était fait de chair, de sang et d’os pouvait légitimement être broyé sous leurs puissantes mâchoires ou déchiqueté sous leurs innombrables dents acérées. Cependant, leur force titanesque, comme leur vélocité accrue, pouvait être mise à mal par un obstacle parfois même insignifiant. Une flèche aiguisée, une branche effilée, un caillou tranchant, cela suffisait à engendrer de vilaines blessures et, d’infection en boitement, provoquer une lente et douloureuse agonie. La flore n’était pas en reste pour se défendre et la mort par empoissonnement n’était guère plus enviable pour ses prédateurs effrayants. Aussi, l’Ombre soignait tous les animaux, sans distinction et sur son petit territoire pouvait parfois se côtoyer chèvre égarée et tā'īrēkasa affaibli. Bien évidemment, elle n’était pas à l’abri d’un accident. Le stress comme la douleur, pouvait amener les carnassiers à s’emporter plus rapidement. La prudence restait donc toujours de mise, autant pour elle que pour les petits herbivores s’ils ne souhaitaient être blessés lors de ces emportements aussi dangereux qu’impressionnants.

Le nombre de créatures blessées ou stressées grandissaient au même titre que la Citée. Les palissades érigées en guise de protection perturbaient les petites créatures. Certaines parvenaient à se faufiler en dessous à travers des galeries qui s’étendaient sous la Citée pour ne plus revenir dans la forêt. D’autres passaient parfois par-dessus grâce à leur agilité. Les taupes comme les écureuils n’avaient pas grand-chose à craintes des humains s’y franchissaient leur muraille. Cependant, c’était des proies en moins et leur prédateur un peu plus gros étaient parfois perdu lorsque dans leur tentative de chasse, ils se voyaient contraints de faire demi-tour sous les assauts d’humain. Certains prédateurs audacieux en dévoraient un au passage à défaut d’avoir pu attraper sa proie initiale. Forcément, cela n’aidait en rien pour apaiser certaines tensions et a priori à leur encontre. Heureusement, les attaques s’étaient s’atténuées au même titre que la faune retrouvait un certain équilibre au côté de la Citée qui s’animait. Aaliah avait vu des embarcations abimées approcher du port d’Alaitihad bien trop petit pour accueillir de gros navires. Les arrivants devaient alors monter à bord de barques pour atteindre la Citée. Ce qui expliquait que les humains préféraient agrandir leur port plutôt que d’étendre leur muraille vers l’intérieur de la forêt au risque de s’approcher de la faune carnassière. Cela l’arrangeait car elle aimait vivre en dehors de la Citée sans devoir saluer un éventuel voisin, ni expliquer ce qu’elle faisait. Qui saurait la comprendre de toute manière ?

Assise sur un tabouret au milieu d’un jardin qui servait de réserve alimentaire à ciel ouvert pour les animaux, Aaliah tenait un vieux lièvre sur les genoux. Il s’était blessé la patte arrière lors de sa fuite pour échapper à un vēlōsirā affamé. Il avait détalé à toute vitesse vers la Citée et tenté d’escalader la palissade humaine, sans succès. Il n’était pas bon grimpeur. Tout ce qu’il avait récolté, c’était des échardes dans les cousinettes, une patte cassée et une grosse frayeur lorsqu’il avait vu les mâchoires de l’animal se refermer sur la muraille. Une chance pour lui, les humains étaient parvenus à mettre en fuite le prédateur et il avait pu retourner discrètement se terrer dans la forêt. Les rouages des plus gros problèmes avaient souvent pour origine un grain de sable invisible...

« Faudra arrêter de te prendre pour un jeune écureuil et ça devrait aller » lui expliqua-t-elle, même si elle savait qu’il ne comprenait pas ses paroles. L’intonation de sa voix suffisait cependant à être comprise partiellement. Sous sa forme d’Ombre, elle lui avait déjà fait part de ses remarques. Aujourd’hui, elle avait opté pour vivre dans la peau d’une humaine en posant une nouvelle fois la couronne sur sa tête. Aaliah s’était pourtant jurée de ne plus la porter, mais en s’isolant sur Alaitihad, elle n’avait guère eut le choix. Que cela fût pour donner le change aux humains qui s’égaraient jusqu’à sa demeure ou pour se rendre au cœur même de la Citée lorsqu’elle avait besoin de quelques nécessités pour exercer son métier ou nourrir les animaux qui l’entouraient. Ses doigts glissèrent sur le pelage de l’animal réconforté pour apaiser les dernières tension et douleurs engendrées. Elle manipula avec légèreté les articulations vieillies du lièvre afin de lui rendre un peu de vigueur et lui permettre de bondir à nouveau dans la forêt. Il lui restait peu de temps à vivre, l’Ombre pouvait aisément le deviner. Les animaux âgés voyaient leur espérance de vie diminuer chaque jour. Plus fragile, ils étaient les premiers à devenir la cible des prédateurs. Cependant, elle s’appliqua dans ses techniques de soulagement pour l’aider à vivre pleinement sa vie, aussi courte fût-elle. Lorsque la séance fut terminée, la jeune femme le reposa sur le sol. Celui-ci prit le temps de s’attaquer à un chou, victime déjà d’une occupation de chenille depuis plusieurs jours qui avait trouée bon nombre de ses feuilles.

L’Ombre eut à peine le temps de se redresser complètement qu’une seconde créature s’approcha de la demeure d’un pas non discret. Le sol vibra sous son poids et son cri, même léger, se fit entendre comme un râlement.  Le vēlōsirā qui venait à elle ne lui était pas inconnu pour l’avoir déjà soigné à plusieurs reprises. La femelle gourmande avait mal jugé une attaque et sa mâchoire s’était refermée sur un rocher plutôt que sur sa proie initiale. La mâchoire démise par le choc, l’animal était voué à une mort certaine à défaut de pouvoir se nourrir ou de se défendre. Les premiers soins n’avaient pas été une sinécure, la créature refusant son approche et ses griffes acérées restèrent des armes redoutables.  Il lui avait fallu des jours pour parvenir à rester assez prêt et assez longtemps à ses côtés pour lui prodiguer les soins nécessaires pour l’aider guérir de sa mâchoire défectueuse. Elle avait même dû se rendre à plusieurs reprises à Alaitihad pour acheter de la nourriture qu’elle lui engouffrait non sans mal au tréfonds de sa gorge. Sous sa forme humaine, ses bras scarifiés portaient quelques cicatrices reçus en s’approchant un peu trop des dents acérés de la bête. Mais l’Ombre n’en était pas à une de plus et la douleur ressenti n’était rien par rapport à la souffrance qu’elle renfermait dans son cœur. Cette dévotion pour apporter le bien-être à chaque animal lui avait valu comme récompense une attente cordiale avec la faune. Fragile, certes, mais suffisamment présente pour que la vēlōsirā revînt spontanément la revoir pour quelques séances de massage lorsque les os de sa mâchoire la relançaient.

Aaliah s’approcha de la créature avec douceur et passa une main sur son museau en signe de respect et de salutation. Chaque geste devait être précis pour ne pas inquiéter l’animal et le mettre en rogne. Un bruit terrifiant ou une gestuelle trop brusque suffisait pour énerver n’importe quel prédateur, même dans l’installation d’une routine. La jeune femme fit glisser ses doigts sur les écailles de la femelle et descendit précautionneusement sous la mâchoire. Elle commença par des massages simples n’ayant pour but que d’apaiser l’animal et de détendre ses muscles. Elle remonta ensuite vers les articulations pour faire relâcher les pressions. Du sang encore présent à commissure de ses lèvres lui fit comprendre que la vēlōsirā venait de dévorer un animal un peu trop récalcitrant qui avait dû réveiller ses vieilles douleurs par un coup de pattes bien ajusté. La peau de la créature étant épaisse, l’Ombre appuya fermement tandis que l’animal posa sa tête sur son épaule. La jeune femme pouvait sentir le souffle de sa respiration tournoyer dans ses cheveux. D’ordinaire, la séance était de courte durée car l’Ombre ─ et ses compagnons animaliers, surtout ─ préférait voir le prédateur à l’abri au cœur de la forêt. Aujourd’hui, le soin fut extrêmement court car une flèche l’évita de peu, accompagné d’une voix forte. L’Ombre eut le réflexe de se laisser tomber pour prévenir de la fureur de vēlōsirā qui fit claquer sa mâchoire à quelques centimètres à peine. Enerver, l’animal s’emporter vers ses assaillants qui l’évitèrent à leur tour en se jetant sur le sol. La furie aveuglant l’animal, celui-ci continua sa course en ligne droite tout en rugissant de mécontentement. Ces abrutis venaient de l’envoyer en direction d’Alaitihad ! L’Ombre se redressa en chassant la main de l’homme qui cherchait à lui venir en aide et s’inquiétait de sa santé.

« Je n’étais pas attaquée, je la soignais ! Répliqua-t-elle courroucée. Il lui fallait immédiatement intervenir pour calmer la vēlōsirā qui se ferait sans nul doute abattre sans même lui laisser la moindre chance.
Soigner ? Mais quel genre de médecin êtes-v… » L’humain n’eut pas le temps de finir sa question que la jeune femme s’était déjà précipité en direction du prédateur.

Aaliah savait qu’elle ne pouvait rivaliser en vitesse, mais elle avait l’avantage d’être encore en capacité de réfléchir contrairement à l’animal. Ce dernier se cognait à chaque obstacle sur sa route, augmentant sa rage. Toutefois, ses hurlements de frustration risquaient d’ameuter le reste de la troupe et en surnombre, l’Ombre ne ferait guère le poids. Il lui fallait donc arrêter la vēlōsirā avant l’arrivée de ses congénères et avant qu’elle ne s’approchât trop près du mur protecteur d’Alaitihad.  L’Ombre ragea à son tour lorsque les cris des humains se firent entendre. Ils se préparaient déjà à attaquer et à défendre la Citée. L’animal énervé et apeuré stoppa un instant sa course pour regarder l’environnement autour de lui. La jeune femme en profita pour lui attraper la queue et la forcer à se retourner vers elle. A vivre en ermite dans une forêt peu accueillante, elle avait acquis de l’expérience et se baissa pour éviter le coup de patte de l’animal.

« Chut, chut, tout doux, tout va bien » fit l’Ombre en essayant de parler de sa voix la plus douce qu’elle pouvait pour aider l’animal à retrouver son calme. Avec la magie, c’était plus facile, sans cela demandait un peu plus de dextérité. A plusieurs reprises, elle essaya de poser sa main sur le museau du vēlōsirā sans se la faire happer. Devant la difficulté à entrer en contact, l’Ombre sortit son unique atout et déposa un morceau de tissu tacheté sur les naseaux de l’animal. La vēlōsirā respira un coup avec énervement, puis secoua la tête hébétée avant de reprendre une respiration plus douce et une posture plus docile. La jeune retira le linge et posa sa main entre ses deux narines. Le contact permit à l’animal de retrouver un semblant d’apaisement, même si les bruits environnements l’énervaient légèrement. L’Ombre pouvait sentir les muscles puissants se contracter, prêt à attaquer. Quelques plaies saignaient ci et là provoquées par les obstacles traversés de plein fouet. Rochers et arbres étaient parvenus à égratigner sa peau pourtant épaisse. Il lui semblait même constater un léger boitement. Une ancienne douleur probablement réveillée lors de sa course folle. La jeune femme soupira, tout son travail pour soulager l’animal de ses peines venait d’être réduit à néant. Il lui faudrait de nouvelle séance pour évacuer les gênes occasionnées tant dans ses muscles que dans son esprit. Aaliah lui donna une tape sur l’encolure pour l’inciter à retourner dans la forêt en s’assurant de rester dans le champ de vison des soldats humains pour qu’ils ne purent viser l’animal sans risquer de la toucher au passage. La vēlōsirā venait à peine de disparaître derrière l’épais feuillage de la flore protectrice que l’homme qui l’avait dérangé durant sa séance s’approcha d’elle, inquiet.

« Vous saignez, vous êtes blessée ! remarqua-t-il. L’Ombre porta un regard nonchalant sur sa main, la paume ouverte celle-ci laissait s’échapper un mince filet rouge vif. Rien de bien vraiment méchant. L’Ombre s’était volontairement fait pire comme blessure. Une dent de la créature avait dû érafler sa peau lors de sa tentative d’approche. Etrangement, en prenant conscience de sa blessure, la douleur se réveilla. Elle ressentit d’abord des picotements insignifiants, puis la sensation de brûlures remonta doucement le long de son bras. La souffrance ne lui déplaisait pas, c’était là un des avantages d’être humaine. Sa chair pouvait souffrir et son esprit subir sans user d’un pouvoir illusoire. Etrangement, elle appréciait cette douloureuse dépendance.
La vēlōsirā aussi est blessée et saigne, cela ne vous inquiète pourtant guère. Répondit la jeune femme en levant la main pour empêcher l’homme de lui procurer les premiers soins. C’est bon, ce n’est qu’une entaille, précisa-t-elle en tirant sur ses manches pour qu’il ne remarquât les autres entailles qu’elle portait sur ses avant-bras.
La ? Comment savez-vous que c’est une femelle ? S’enquit le second homme, visiblement plus intrigué par le genre de l’animal que par sa blessure.
Parce que j’ai pris le temps de l’observer et que ses organes génitaux sont typiquement féminins. Répondit-il sur un ton altier devant la logique de déduction du genre, elle ne lui précisa toutefois pas à quelle occasion elle prit le temps d’observer cette partie de l’anatomie. Et vous, cessez de me toucher la main, s’emporta-t-elle sur l’autre homme qui tentait d’enrouler un  linge propre autour de sa blessure. J’ai des animaux à soigner, dont cette vēlōsirā ! Prenez donc votre trousse de premier soin et allez au port. Sûr qu’avec les navires dégradés présents vous aurez des personnes en demande de soin.  L’Ombre allait se défaire des hommes lorsque l’un de remarqua le tissu qu’elle remit dans sa besace accrochée à sa ceinture.
Ce tissu… Comme a-t-il pu calmer la créature. Il est imprégné d’une huile végétale particulière ?
D’urine de tā'īrēkasa, et ça ne l’a pas calmé, ça lui a donné l’impression que j’étais un prédateur supérieur.
Urine de…
Vous ne voulez pas savoir, coupa court la jeune femme.
Non, effectivement
Bien ! Dans ce cas, bonne journée messieurs. » déclara-t-elle avant de quitter les deux hommes qui se regardèrent encore hébétés par l’échange qu’ils avaient eu avec la jeune femme. Quelques soldats ayant aperçu la scène de plus loin arrivèrent enfin à leur hauteur, mais lorsqu’ils leur demandèrent des détails, les deux hommes étaient bien incapables d’être clair dans leurs paroles. Eux-mêmes n’étaient pas sûrs d’avoir bien entendu certaines réponses de la jeune femme. La seule chose concrète était qu'elle soignait les animaux… sans distinction de gabarit, apparemment.


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Merci pour l'event  nastae


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Maximilien Eraël
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Maximilien Eraël
Ven 12 Mar 2021, 14:20


Dōsatī

Bazaar par aria safarzadegan

Fasl | Oum
La question ne cessait de tourner en boucle dans son esprit depuis que les conversations avaient débutés. Que faisait-il ici ? Il comprenait l'idée en vérité. Seulement, il ne se sentait absolument pas à sa place à cette table. Les affaires de politique lui étaient à peine connues. Elles lui tombaient le plus souvent dessus malgré lui. Peut-être une raison de s'y intéresser un minimum finalement. Au moins ne serait-il pas paumé ou ne se retrouverait-il pas dans quelques situations fâcheuses. D'ailleurs, en parlant de ça, lorsque la mise obtenue lors du Fessetival fut évoquée, il sentit venir la suite à milles lieux. Aussi, à défaut de  ne pouvoir se replier sur lui-même et échapper à une désagréable curiosité, ce furent ses ailes qui se rétractèrent un peu plus dans son dos tandis que son esprit partait à la recherche d'une réponse convenable, toutes celles lui venant en premier lieu n'amenant qu'à plus de questions qu'il préférait éviter pour des raisons de commérages évident. « Si vous le dites, même s'il semblerait que ce soient plus les ailes qui aient joués un rôle ici. » rétorqua-t-il rapidement au commentaire de la Matasif Leenhardt avec un air faussement sérieux. Avec le temps il s'était fait à cette idée de n'être, au mieux, qu'une curiosité pour certains à cause de ces excroissances. Même dans cette pièce on ne pouvait s'empêcher d'y jeter quelques regards indiscrets, qui avaient toutefois l'avantage de ne pas laisser son esprit s'égarer sur cette nuit à Avalon suite à cet aparté. Ce n'était pas vraiment le moment pour ça. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il considérait comme normal les comportements à son encontre le considérant comme tel. Puis, par un étrange procédé, le ton de la conversation vira du tout au tout. Quoi d'étonnant finalement au vu du sujet évoqué. Une part de lui se détendit enfin en comprenant la session arrivée à son terme. Un soulagement qui fût de courte durée néanmoins. Les Sirènes ? Il aurait presque pu rire de la proposition si elles ne se montraient pas si virulente depuis... Et bien depuis que la somme misée leur fût versée. « Je... » ne suis pas persuadé que ce soit une bonne idée ? Évidemment. « J'y réfléchirai. » répondit-il plutôt. Ce n'est pas comme si les détails de la transaction étaient totalement connus. Il était certain cependant qu'un jour il le paierai. Les Sirènes sont bien trop fières pour laisser ce genre de choses sans compensations.

Bien heureux de quitter la place politique, Maximilien se prépara pour rejoindre son nouveau domaine. Après un crochet par chez lui où il y récupéra une liasse de papiers et une enveloppe, Kao en profitant pour changer de perchoir et s'installer sur l'une des ailes du Kaaiji, il alla trouver un chamelier pour quitter le temps de quelques heures la civilisation. En effet, dépourvu de toute habitations, ce "domaine" se trouvait éloigné de la ville, enfoncé dans les Dunes du Désert, là où personne à Utopia ne pouvait être dérangé par les activités y étant menées. Il n'était pas situé au milieu de nul part toutefois. La position avait été mûrement réfléchi. À proximité d'un oasis, le point d'eau était autant une ressource pour les ouvriers qui passaient leurs journées ici - certains même leurs nuits afin de veiller les lieux - qu'un moyen d'éviter la présence des Jhilī dā Kīṛē. Retrouvant les tentes installées, en attendant quelques baraquements plus solides, le Kaaiji posa pied à terre et attacha le chameau à un poteau pour éviter toute tentative de fuite. L'animal, quoi que flegmatique, restait réactif s'il était surprit. « Del Haftavân. » réagit l'un d'eux, un carnet en main. Face à lui, des paniers tressés à partir de feuilles de palmiers étaient remplis de sable. « Sabah... Adeel, c'est ça ? » - « En effet. » confirma l'homme en griffant quelques notes rapides sur le livret avant de le refermer d'un coup sec. Un instant son œil dériva légèrement derrière le rouquin, avant d'être vite rappelé à l'ordre par la chouette qui poussa un hululement strident. « On ne s'attendait pas à vous voir ici aujourd'hui. » - « Je ne savais pas si je pourrais venir non plus. Mais si la Reine semble vouloir m'inclure dans ses projets de médiation politique, j'ai aussi mes propres affaires à régler de mon côté. » - « Qui incluent la collecte de sable ? J'ai cru entendre que vous étiez plutôt dans le travail du matériau bois. » interrogea l'Humain dans l'objectif d'en apprendre plus sur son nouveau patron. « C'est exact. » commença le Kaaiji en croisant les bras, le regard se perdant sur les ouvriers à la tâche. « Je suis censée posséder une terre sur Volatys. Je l'ai délaissé pendant trop longtemps. Je commence à me dire qu'elle pourrait être finalement bien utile au vu des évènements qui se profilent. À condition que ce ne soit plus seulement un territoire sauvage. » - « C'est chez les Magiciens ça, Volatys, non ? » s'assura le comptable en rouvrant son carnet. Maximilien affirma d'un signe de tête. « Pourquoi ne pas demander leur aide pour ces constructions alors ? » - « Parce que je n'ai pas envie de me reposer sur le Kan'Ghar des autres races dès que l'on quitte les frontières Humaines. Contrairement à ce qu'ils peuvent penser, nous sommes tout aussi capable qu'eux, et cette terre en sera une démonstration. » expliqua-t-il d'un ton qui refusait toute contestation. Un rictus glissa sur la commissure des lèvres de son interlocuteur. « Et ça fait quoi comme surface ce territoire ? » - « Ça fait quoi comme surface une baronnie ? ». Le dénommé Adeel marqua un temps, surprit de la réponse. « Beaucoup j'imagine. » rétorqua-t-il. Il y avait quelque chose d'étonnement sincère chez cet homme. Rare étaient ceux admettant leur ignorance, surtout lorsqu'ils se traînaient une certaine renommée derrière eux. Était-ce une bonne chose en tant que Del Haftavân ? Le temps seul le dira.

De retour en ville, il trouva un postier à qui il confia son message. « Transmettez ça à Luam Medhani, à Qaixopia. ». Contrairement à ce qu'il songeait, il n'avait pas tant de temps pour y retourner. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pu voir l'ébéniste et profiter de son savoir-faire donc. Il espérait pouvoir la convaincre de se déplacer ainsi, même si les choses n'étaient pas gagnés. Elle était casanière et ce n'était pas un lieu bien mieux agencé que son habitation qui l'attirerait facilement, il s'en doutait bien. Il l'espérait seulement. Enfin il alla définitivement se poser chez lui. Allongé sur son lit, il exhala un long souffle profond. C'est l'arrivée d'Antonija qui le fit se rasseoir pour lui faire face. « Ça s'est bien passé ? » le questionna-t-elle  dans l'encadrement de la porte. Il sut qu'elle faisait référence à la réunion avec les têtes dirigeantes. « Plus ou moins. » - « Comment ça ? ». Il poussa un soupir. « Entre les divergences d'idées, les confrontations qui enchaînent les accords, c'est pas ce qu'il y a de plus simple à suivre ce genre de réunion. ». Un sourire amusé se glissa sur le visage de l'Ange qui vint s'installer aux côtés de son Protégé. « Où sont les petits ? » - « Ils font la s... ». À peine eût-elle le temps de répondre que des pleurs désespérés retentirent. Aurel. Maximilien fronça des sourcils. Quelque chose n'allait pas, c'était certains. Les sommes de son fils étaient bien trop souvent entre-coupés de mauvais rêves pour que ce soit normal.
©gotheim pour epicode


Mots 1270 | merci pour l'event, ça me force à m'avancer un peu dans mes affaires XD /sbam


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Lun 15 Mar 2021, 20:24

[Évent Top-Sites] Dōsatī Pjew
« Sur un malentendu, ça peut marcher. »




Causer économie, c’était bien beau, mais économiser quoi au juste ? Du temps libre pour le consacrer aux midinettes ? De la main d’œuvre pour les coincer dans des ruelles et les inciter à prendre un verre ? Non, ça devenait contre-productif à ce stade, en plus de transgresser l'éthique. Qui plus est, Logan n'avait pas grand-chose à vendre hormis des techniques de drague rincée, c’est pourquoi il se rendit à Utopia pour la meilleure raison qui soit : le plaisir du vin et du sauciflard. Les Humains profitaient d’assez de fêtes pour justifier de se remplir la panse sans modération, une qualité qu’il appréciait tout particulièrement chez les MOLDUS : Les Mages Oubliés par le Lore Des Ultras Sortilèges. C’est comme ça qu’il aimait les appeler, sans être péjoratif. Quoiqu’il en soit, le dragueur universel deux points zéro augura le ton d’accoster une commerçante toute de bleu vêtue. Son sourire ensoleillé aurait tôt fait d'envoûter n’importe qui après tout, y compris les Vampires les plus en rogne, toujours en vigueur d’après l’article huit cent douze sur les taxes appliquées à ceux qui tiraient indéfiniment la tronche.

Le farouche guerrier s’intéressa alors vivement aux marchandises de la donzelle. « Excusez moi mademoiselle, vous vendez des joyaux en dehors de ces fromages ? » Qui puaient autant que ses pieds soit dit en passant. « Euh. Et bien en fait… non. Pas du tout, pourquoi cette question ? » « Autant pour moi. Vos yeux brillent tellement qu’ils m’ont d'emblée condamné à la cécité.» Elle haussa un sourcil, ses lèvres se tordant sous la répartie. « Hm. Je vois à quel genre de fanfaron nous avons à faire. » « J’ai lu dans un livre quelconque sous-traitant de la famine dans le monde et des conflits géopolitiques qu’il suffisait d’offrir un morceau de fromage à une femme pour la combler. Vous validez cette technique… contre le réchauffement climatique ? » « Climatique, je ne sais pas, mais le vôtre, certainement. Goûtez celui-là et dites m’en des nouvelles. » À Lumnaar’Yuvon, ils vendaient littéralement de la merde séchée à la gloire des plus belles défécations alors… Coutumier des traditions les plus perchées, il s’enfila une grosse portion l’air de rien. « Excellent. Quelle est sa particularité ? » « Atténuer la libido. Certains clients ont même fait vœu de chasteté après en avoir consommé. » Sa réaction ne se fit pas attendre, recrachant l’entièreté de ce qu’il venait d’avaler, le colosse se retint de dégainer son épée pour l’empaler sur place. Il ne pensait pas à l’arme accrochée à sa ceinture, cela va de soi. « C’est inhumain ce que vous faites, vous êtes un monstre. Oppresser la noblesse masculine, c’est digne des chacals. À moins qu’on dise des chacaux ? Enfin bref, on s’en tape. Je vous cracherais bien à la gueule madame, mais je suis en pénurie de salive, il faut que j’aille me désaltérer. À votre aise, s'il vous plait. » Il se leva, manifestement en colère. Une indignation qui s’apaisa presque aussitôt dès l’instant où il vit une magnifique jeune fille passer sous son nez.

Lotie d’un fessier qualitativement supérieur à la moyenne, ses jambes se mouvèrent en même temps que les siennes, tel un aimant attiré par son pôle opposé. « Et puis ma mère doit sûrement m’attendre plus loin. Je sens qu’elle m’appelle. Vous l’entendez ? » Aucun mensonge dans cette affirmation, ou peu. Une voix claire se logeait dans son esprit chaque fois que ses hormones entraient en irruption. Elle lui parlait de sa concupiscence, de ses envies, lui soufflait la façon dont il devait se tenir, et occasionnellement ce qu’il devait dire. « Dans cette direction, juste là. » Des mots qu’il n’écoutait que très rarement, car conduisant irrémédiablement à des situations où il ne choppait jamais personne. À l’instar de ceux qui ne sauraient se passer de drogue, et bien lui ne se voyait pas sans drague, essentiel à sa croissance musculaire. Les femmes étaient son pot de protéines, leurs caresses son beurre de cacahuètes, leurs voix sa mélodie sur la trompette. En résumé, suivre son instinct grégaire ne lui apportait que de bonnes choses. Toutefois, il perdit rapidement la trace ce celle qu’il prit en filature, manifestement trop distrait par la belle brune qui se glissa dans sa zone à risques. À moins que cette blonde aux jambes fuselées lui eût lancé un sort. En tout cas, ses yeux de prédateurs recouvrèrent facilement le chemin de la rédemption auprès d’une créature encore plus céleste que les précédentes. D’après sa marque sur l’épaule, probablement une vierge de la race des Humains. Il s’y connaissait suffisamment en femme de sorte à être capable de distinguer un nombre incalculable de profils parmi les quelques huit cents espèces qui résidaient sur cette terre.

Se mettant à l'aise sur une chaise aux côtés d’un sublime trésor, l’homme s’intéressa d’abord à ce que proposait le patriarche. Il saisit un zibouiboui qu’il fit circuler entre ses phalanges. « Magnifique ce machin. Un porte-bonheur qui permet de conjurer les esprits ? Une statuette à l’effigie d’une guenon accessoirement ? Non, non, laissez-moi deviner… Je sais ! Compte tenu du matériau employé, c’est surement un tire-bouchon. » Le vieux vendeur lui retira brusquement l’objet des mains, replaçant le dentier dans sa bouche. « On vend des informations ici, monsieur, pas de l’esbroufe. » « Cool. Informez-moi sur la nature de ma visite alors. » « Vous êtes venus pour la demoiselle. » « … » Logan le fixa dans le blanc des yeux durant une dizaine de secondes. « Putain, il est fort ce con. » « Et donc, vous êtes ici pour me séduire ? Sachez que je ne suis pas qu’une coquille vide. J’ai des principes et un rêve. Je souhaite apporter la paix dans le monde, sauvez tous les animaux de la planète et puis… » Le néant s’instaura dans son esprit, engendrant un court-circuit dans ses opinions jusqu'ici assez chastes. « Je vous ai rien demandé, faites pas chier. Je voulais uniquement emprunter vos cuisses l’espace de cinq minutes. » « Pardon ? » « Bon, OK, une minute. C’que vous êtes relou. Je préfère encore me casser de là. » Agrippant, son épée, le Réprouvé se tira à la hâte. Les gens d’ici se compliquaient la vie pour un oui ou pour un non. Ils distribuaient de bons produits et détenaient une grosse part du marché actuel, mais passaient leur tour dès qu’il s’agissait de pratiquer le touche-minou. À croire qu’ils étaient tous venus dans un but autre que celui de pécho ; une fantaisie avant-gardiste qu’il ne cherchait même pas à comprendre. Déçu par la marchandise, il se tira de la ville. Personne ne lui proposait de vendre son cœur de toute façon. À côté de ça, l'air ambiant lui grattait les bourses.



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Kitoe
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Kitoe
Mar 16 Mar 2021, 01:00

Kitoe & Toki
Dosati
-Bien bien bien ! Chantonna Kitoe avec l’enthousiasme d’une petite fille essayant de se comporter comme une adulte. J’annonce officiellement le commencement de la première vraie réunion de la société Le Goût de l’Idéal.

Elle s’assit à son bureau, en face de son associée nouvellement officielle, Toki, dont la fierté était encore plus prononcée que son modèle. Et pour cause : elle avait enfin une place équivalente à celle-ci. Un tel gonflement des rangs – elles passaient tout de même de quatre à huit personnes, d’une certaine manière – méritait amplement une clarification du fonctionnement de leur petite entreprise. Maintenant que le Reflet était indépendante et libre d’agir de son bon vouloir, il était important de mettre les choses à plat. Quand bien même elles étaient la même personne, elles savaient toutes deux que leurs expériences personnelles les amèneraient à changer – c’était déjà le cas – et qu’il fallait dès à présent prendre les mesures nécessaires. De son côté, Toki avait ramené une pile de parchemins afin d’effectuer un compte-rendu de la réunion. Oui, elles avaient l’intention de faire ça propre – pour une fois.

-Je pense que nous pourrions commencer par un état des lieux de l’échoppe. Proposa la Démone en reprenant son sérieux. L’inventaire et la situation économique.

Toki s’éclaircit la voix. Elle avait préparé son compte-rendu comme pour l’énoncer en public.

-Concernant l’inventaire, tout va bien. Nos fournisseurs de matières premières restent les mêmes, on a même des animaux chez nous et un serviteur ! Niveau chasse, Daryl fait la gueule, mais il y a moi. Et de toute manière, les prestataires ne manquent pas. La boulangerie et la boucherie tournent comme n’importe quelle boutique de n’importe quel patelin un peu paumé des Terres d'Émeraude. On a l’arbuste, heureusement.

-Hum hum. Répondit Kitoe.

Elle était encore un peu déçue pour Daryl, mais elle évitait de mettre le sujet sur la table, auquel cas son Reflet lui aurait craché tout son venin au visage.

-En bref, c’est un petit peu chiant. Conclut Toki après s’être assurée de n’avoir rien oublié.

-Ah, merci.

Kitoe avait presque cru devoir interpréter tout cela comme une bonne nouvelle. Leur boutique tournait normalement. Elle était simple et modeste, et accueillait des clients qui avaient su prendre leurs petites habitudes. Les deux femmes travaillaient à améliorer leurs recettes de gâteaux de temps à autres. Régulièrement, elles se défoulaient sur une ou deux victimes pour rajouter un peu de confettis à leur quotidien pour le moins calme et routinier, en ce qui concernait des habitantes de l’Enfer. Ça commençait à être pesant, surtout maintenant que le Reflet maitrisait sa copie. Elles avaient les moyens d’aller plus loin, et il allait sans dire que la Vile n’était pas dépourvue d’ambitions.

-Il faut qu’on devienne plus intéressantes.

La déclaration sonna comme une provocation qui les fit toutes les deux se redresser.

-On devrait renvoyer des colis, c’était marrant. Qu’on essaie de nouvelles recettes et qu’on les envoie.

Kitoe acquiesça. Elle attrapa une mine de graphite pour noter leurs idées.

-Je pense que nous devrions réfléchir à une stratégie avant. En bas de la feuille, elle dessina un carré, repassant plusieurs fois sur ses traits pour bien les marquer. Il faut conquérir le monde. Ça, on le sait. Maintenant, comment faire ? En améliorant la qualité des gâteaux et de la viande pour que les gens nous aiment. Ça, on le sait aussi. On fait les colis et c’est chouette. On essaie d’innover, et c’est chouette. Mais il nous manque un truc… Il faut faire parler de nous, plus.

Au fur et à mesure, elle ajoutait différents symboles autour de son carré initial. Le tout était agencé avec une attention qui laissait penser que c’était calculé, mais en réalité, ça n’avait d’autre utilité que de rythmer ses propos.

-On peut construire d’autres établissements ailleurs pour être plus visibles. On pourrait créer une chaîne.

Cependant, pour se faire, il leur fallait plus d’argent et plus de moyens. Ce qu’elles n’avaient pas et ce qui les faisait revenir à leur problématique initiale : devenir plus intéressantes.

-On devrait mettre en avant les différentes choses qu’on fait. Pour la viande, notamment. Les gens aiment avoir la sensation de consommer quelque chose de différent. Là, on ne fait que remplacer le bœuf par la viande humaine. On pourrait inventer des sortes de variétés, comme avec les farines ou les levures pour le pain, ou euh… les pommes rouges ou vertes.

Réfléchir à la proposition leur demanda une seconde supplémentaire, avant que, tout à coup, leurs cerveaux ne semblent fusionner. Elles se regardèrent avec les mêmes yeux écarquillés. Elles avaient la même idée en tête, et assurément, elle était géniale.

-Des labels. Articulèrent-elles en même temps.

Différentes races et différents types de torture donnaient des saveurs et des textures très variées. Les gens aimaient les labels. Ils aimaient manger des produits classés, gage de qualité et dont la provenance était assurée. Des gammes leur permettraient de spécialiser leur échoppe, qui vendrait alors une viande publiquement unique au monde, sans pour autant qu’elles n’aient besoin de révéler le subterfuge.

-Des labels ! Répéta Kitoe avec assurance.

-Est-ce que ça veut dire qu'on va inventer des noms ? S’extasia Toki – Lia – en tapant dans ses mains.

-Oh oui.

La gamine poussa un cri de joie.

-Par où est-ce qu'on commence ?

-Par ce qu'on connaît le mieux.

Elles passèrent en revue les viandes qu'elles maîtrisaient le mieux, à savoir le Démon, mais aussi l'Ange et le Déchu. Lia lista tout un panel de noms farfelus - Padokrokus, Mitericsador, Tugludu... - dont la candidature ne fut jamais retenue. Lorsqu’elles eurent listé les caractéristiques, notamment organoleptiques, de chacune, elles passèrent aux aliments qu’elles connaissaient le moins. Parmi eux, il y avait le Vampire, L'Alfar, l'Ondin, et plus inattendu…

-Les Humains ?

La bestiole était difficile à attraper, compte-tenu de son habitat - Haute-Terre n'était pas assez vaste pour pouvoir en faire une source d’approvisionnement durable - et de son Anti-Magie. Les fois où elles en avaient eu, c'était principalement en achetant des esclaves. Elles s'efforçaient d’utiliser de moins en moins ce fournisseur, à moins que ce ne fut à titre expérimental, pour tester de nouvelles recettes. Car il n'y avait pas à tortiller du cul : comme le saumon, c'était bien meilleur à l'état sauvage, toute race confondue.

-Compliqué.

Toki posa son menton dans sa paume, pensive.

-On pourrait trouver des collaborateurs pour nous aider. Des gens qui s'y connaissent en Humains. Pourquoi pas un Humain qui veuille bien traiter avec nous ?

La suggestion fit rire Kitoe. C’était pourtant une solution tout à fait envisageable en l’état.

-Reste à savoir quel genre de personne pourrait bien s’adonner à du trafic d’organes par là-bas.
_

En silence, Ihja referma la porte de son bureau. Il attendit que le verrou cliquette à la rotation de la clef pour pousser un soupir. C’avait été une longue journée. Soigner les gens n’était pas de tout repos, mais comme ses collègues, il trouvait sa gratification dans le soutien et l’aide qu’il apportait à ses patients. C’était ce qui rendait son travail si bon. Lorsqu’il rentrait chez lui, comme ce soir-là, c’était avec l’ombre d’un sourire: la joie d’avoir accompli son devoir mêlée à la hâte de retrouver sa femme et ses trois enfants. Ils l’attendaient avec impatience, il le savait et ça l’adoucissait encore plus. Il voulait embrasser les lèvres de sa femme, manger un bon dîner avec sa famille puis jouer avec ses enfants avant d’aller les coucher, en leur racontant une histoire. Le père n’attendait plus que ça à présent. Il avait promis à ses enfants qu’il ne rentrerait pas tard, mais il devait avouer, avec un certain remord, qu’il avait encore une fois menti. Quittant l’hôpital, l’homme prit, comme à son habitude, le chemin le plus court pour rentrer chez lui. Le soleil s’était couché et il faisait sombre. Les rues fraîches n’étaient plus très animées à cette heure-ci. C’était normal. Ihja était souvent l’un des derniers à quitter son poste.

-Ihja Abhijit ?

La voix avait retenti dans son dos, discrète, mais suffisamment forte pour qu’il y prête attention.

-Oui ?

Naturellement, il s’était retourné. Néanmoins, il n’eut jamais l’occasion d’apercevoir le visage de celui qui l’avait interpellé. Avec une vitesse et une force fulgurante, le médecin se retrouva happé et entraîné dans un coin de rue. Aussitôt plaqué contre le mur, une main s’écrasa contre sa bouche.

-Si tu cries, je serai contraint d’y mettre fin d’une façon différente. Murmura l’inconnu en lui dévoilant un couteau.

Effrayé, Ihja hocha la tête pour lui signifier qu’il allait obtempérer. Son agresseur était un peu plus petit et costaud que lui. Il voyait à peine son visage, caché dans l’ombre d’une capuche. Il devina cependant la confrontation de leurs regards avant que sa bouche ne fusse libérée.

-J’ai une proposition intéressante à te faire. Sachant que tu as quelques soucis d’argent en ce moment, j’imagine que ça ne devrait pas te poser de problème.

-Comment pouvez-vous…

-Je sais beaucoup de choses sur toi. Le coupa l’inconnu. Mais ça n’a pas d’importance. Du moins, pas tant que tu accepteras ce que j’ai à t’offrir. Ca pourrait te rapporter gros, crois-moi. Un bon chirurgien comme toi… Tu as déjà entendu parler du trafic d’organes ?

Difficile de définir la réaction du médecin. Entre la paralysie du choc, l’offuscation et l’horreur, il oublia de respirer.

-Je ne veux pas baigner dans ce genre de magouilles. Laissez-moi.

Il tenta un mouvement pour se dégager, jusqu’à ce qu’il sente la pointe froide et acérée de la lame sous son cou.

-Tu ferais mieux d’y réfléchir à deux fois. C’est simple : il n’y a que des avantages. Pour quelques commandes, ton silence et ta coopération, tu gagneras une belle somme.

Il lui présenta une bourse d’une taille conséquente. Le regard d’Ihja s’intensifia. Ce n’était pas rien, et ce voyou, qui qu’il fût, avait raison : il manquait cruellement d’argent. C’était ça de s’occuper d’une femme sur le point de devenir aveugle, de soutenir une soeur en difficultés et d’avoir trois têtes blondes à nourir. L’homme souhaitait, plus que tout, contribuer à la prospérité et l’épanouissement de ses proches. Mais ce qu’on lui proposait était un crime. Il pouvait risquer gros, perdre son travail et terminer sa vie au fin fond d’une prison. Si on ne le tuait pas avant.

-Non. Je ne veux pas.

Sa gorge était nouée. Il s’attendait à ce que son agresseur la lui tranche, mais finalement, celui-ci rangea son couteau.

-Très bien. Mais pense à tout ce que tu pourrais offrir à ta famille. Pense à Fahama et aux enfants. Pense à Mori.

-Comment vous… S’étrangla le médecin, aussitôt cloué sur place.

-Je sais beaucoup de choses, je t’ai dit. Je sais que ta maison se trouve à exactement cinq cent trois mètres d’ici. J’ai compté. Je sais aussi que ta fille Anjali est tombée cet après-midi et s’est fait un bleu au genou. Oh, et vous allez manger du poulet au curry ce soir. Ihja devînt blafard. Tu recevras tes instructions au moment venu. Ne t’avises pas à en parler à qui que ce soit.

A défaut, il savait pertinemment ce qui attendait ses proches. Et dans le cas où il refusait de collaborer, le sort serait le même.

En rentrant chez lui, Ihja embrassa sa femme, comme il l'avait si longtemps souhaité. Il passa un bon repas autour d’un curry préparé avec amour et écouta, en silence, l’épopée d’Anjali et l’origine de son bleu au genou. Il joua avec ses enfants, puis les emmena dans leur chambre, plus tôt que d’habitude et sans histoire, car lui-même prétendait être épuisé. Lorsque Fahama le rejoignit enfin dans leur lit, avant qu'elle ne ferme les yeux, il lui rappela qu'il l'aimait. Elle lui répondit qu’elle aussi, et qu’elle ne cesserait jamais de l’aimer. Puis, après s’être blottie dans ses bras, elle s'endormit en quelques minutes. Lui, en quelques heures.

_

Il était assez particulier de recevoir un corps en pièces détachées. Kitoe n’avait, de mémoire, jamais autant sauté de joie, ni ri aussi fort. A genoux devant le colis qu’elle venait d’ouvrir, elle jubilait. Ça avait marché. Elle n’avait pas cru cela possible. A vrai dire, avec le temps que ça avait pris, elle avait failli demander à appliquer la punition. Elle aurait commencé par sa soeur, puis sa femme, avant de terminer par ses enfants. Elle les aurait fait venir ici pour pouvoir les cuisiner chacun leur tour, avant de les renvoyer chez Ihja. Heureusement, il avait fait un excellent choix, celui où ils gagnaient tous les deux. Le médecin recevrait le reste de l’argent qu’elle lui avait promis dans le cas où il remplissait sa part du contrat. Ainsi, elle et lui pourraient prospérer dans une relation saine et honnête.

C’était avec pas mal de fierté que Toki et Kitoe observaient le panier qu’elles venaient de confectionner. Dans le contenant en osier, emmitouflé dans un tissu ocre pourvu de motifs floraux, se trouvait le fruit de recettes simples, mais qui avaient incité la boulangère à sortir de ses sentiers battus. Ici, le foie et les poumons avaient été broyés afin de faire une garniture, très fine, pour des naans qu’elle avait choisi de réinventer. Il y avait aussi des nankahtai, où le ghee avait été remplacé par de la graisse humaine. Pour donner de la légèreté au panier, Kitoe avait pris le soin de rajouter quelques fruits frais. Le tout était plus sobre que la dernière fois, la Démone avait décidé de lever le pied sur la décoration. Néanmoins, l’initiative restait parfaitement reconnaissable, notamment grâce à la petite carte écrite en Naciaze qui avait été soigneusement déposée sur le tissu :

« A Neah Katzuta,

Nous sommes très heureux·se·s de pouvoir, une nouvelle fois, vous offrir quelques-unes de nos créations. Il s’agit de toutes nouvelles recettes, qui, nous l’espérons, sauront ravir vos papilles ! N’hésitez pas à nous faire un retour sur vos impressions, et même à partager ! Toutes les critiques, positives comme négatives, nous permettront d’améliorer la qualité de nos produits et de nous rapprocher des attentes de nos clients. Comme la dernière fois, la description du panier se trouve au dos de la carte. Bon appétit !

Le Goût de l’Idéal
»


Bien entendu, Ihja avait aussi reçu un petit présent pour sa participation active. Elle lui avait même dessiné un coeur.

2392 mots
Zoubi Neachou nastae



Bijin
nastae:
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Kyra Lemingway
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Kyra Lemingway
Ven 19 Mar 2021, 17:48

Dōsatī

In the Bazaar, Constantinople par Charles Robertson

Ban Koulchi | Souad Massi
Installée à la table d'un salon de thé, j'y avais disposée divers échantillons de spécialités locales, ceux-ci y prenant toute la place. Il aurait été plus simple de faire ces essais dans mon nouveau chez-moi. Mais le fait étant qu'après état des lieux, j'avais pris la décision d'y investir quelques travaux, à l'égal de ce bâtiment dans lequel j'y avais mis toute ma fortune pour l'habiliter en ce que je désirais y faire. Cette fortune prévue initialement pour ce magnifique bar à vin à proximité des Halls des Titans. Un soupir m'échappa. Parfois mes propres lubies échappaient à ma propre compréhension après coup. De toute manière, il était bien tard pour reculer à présent. Un carnet de note et une mine de plomb à ma droite, de ma main gauche je me saisissais des différents aliments et les savourais longuement pour en comprendre les divers arômes, notant à chaque fois mon ressentit pour chacun dans le livret afin de ne rien en oublier. C'était important pour être certaine de moi et commencer mes sélections et ça m'éviterai de réitérer trente-six fois l'opération pour me décider. Je savais par exemple que le fromage de Weltpüff se mariait parfaitement avec n'importe quel vin. Le cacao des Sirènes prenait une saveurs particulièrement onctueuse avec un bon vin rouge. N'importe quel chocolat n'allait cependant pas avec n'importe quel rouge. Après réflexion, il aurait été plus simple de s'implanter chez les Ondins finalement, ils ont bien plus de produits qui s'accordent avec le vin. Je souris à cette idée. Le challenge aurait été tellement moins important. Mon regard se posa sur le kiwi. Il était un bon candidat. Je n'appréciais pas vraiment le kumquat. Ce n'étais qu'un avis personnel cependant. La noix de coco pouvait être intéressante à travailler. Il y avait également quelque chose à faire de leurs pâtisserie, j'en étais certaine. Sans compter la diversité de saveurs que l'on pouvait obtenir avec les épices. Je me questionnais cependant. Est-ce que ça ferait un bon mélange, le vin et les épices ? Ça valait peut-être le coup d'essayer. La cannelle ou la muscade avait un bon potentiel éventuellement. Il y avait également toujours la possibilité d'importer évidemment. Le vin le serait de toute façon. Ce n'est pas comme si la vigne pouvait pousser dans le coin. Ou alors, je n'imagine même pas ce que rendrait un vin ayant grandit sous ce soleil.

Mon flux de pensée s'arrêta net lorsque l'ombre d'un serveur mécontent me fit face. Je papillonnai des yeux, sans trop comprendre l'objet de son courroux. « Si vous ne consommez plus, je vous prierez de quitter la table pour laisser la place à ceux qui souhaiterai venir mais qui ne le peuvent pas parce que certains sont égoïste. » me fit-il sèchement. Mon regard glissa rapidement vers les autres tables où j'y découvris quelques œillades indiscrètes mais peu compatissantes. Je me pinçais les lèvres, mais ne dit rien, déposant seulement quelques pièces sur la table afin de payer mon dû et remballant mes affaires avant de me lever. « Excusez-moi. J'étais perdue dans mes pensées et je n'ai pas vu le temps passer. Passez un bonne journée. » conclus-je avec un froissement dans la poitrine avant de tourner les talons et quitter l'établissement rapidement. Je savais que ce serait dur. Je n'imaginais pas ainsi. J'avais peut-être gagné la reconnaissance des têtes dirigeantes pour avoir été entraînée - quoi qu'involontairement - dans ce qui fût nommé le Pardon de Sympan. Ça n'avait guère d'importance aux yeux du peuple. C'était le cœur des habitants d'Utopia qu'il me fallait gagner et c'était une autre paire de manche que de réussir un tel objectif. On me tolérait parce que j'étais Devâdary dā Sipāhī. On ne m'acceptait pas - encore - pour autant. J'avais déjà eu de la chance qu'on accepte de venir travailler dans mes appartements. C'était dur, oui. Ce sentiment de rejet perpétuel, je n'arrivais que difficilement à l'encaisser. Je m'y étais préparée pourtant. Alors quoi ? Était-ce parce que, pendant ces dernières années, j'avais eu la chance d'être plus souvent acceptée que rejetée ? Qu'il y avait toujours eu quelqu'un à mes côtés même dans mes moments de faiblesses ? Non, ce devait être autre chose. Depuis l'acceptation de ma condition Déchue, j'avais continuellement vécu avec cette idée que la perfection n'existait pas. Qu'il n'existait pas de blanc immaculé ni de ténèbres insondables. Même la personne supposée la plus pure cachait en elle une partie obscure qu'elle ne voulait se révéler comme la personne la plus mauvaise vivait avec un éclat lumineux qu'elle se refusait à laisser filtrer. J'en étais persuadée. Les Anges Déchus ou les Magiciens tournant Sorciers - et inversement - en était la meilleure des preuves. Il en était de même pour les Humains. Chaque Humain avait, ou aura, sa part de péchés inexcusables comme ses actions encensées par son peuple et ses alliées. C'est d'autant plus évident encore que leur cœur n'est régit par aucune magie, seulement leurs idées, leur volonté et leur passif. En bref, leur passion. En quoi étaient-ils donc différents de moi, Déchue ? Rien. Absolument rien. Pourtant ils me dévisageaient comme une anomalie, quelque chose qui n'avait rien à faire ici, une brebis galeuse à exclure dès lors du troupeau. Je poussais un soupir. La solitude était vraiment pesante.

Le visage fermé, je me dirigeai vers ce qui serait mon bar à vin. C'était la pause et les ouvriers étaient parti déjeuner. Le chantier était donc vide. J'en profitais pour voir l'avancement. En vérité, c'était beaucoup des travaux d'aménagement, notamment une cavité afin de garder les bouteilles et amphores à bonnes température. Toutefois, c'était encore le bordel, clairement. Je n'étais pas prête de pouvoir ouvrir. Tant mieux d'une certaine manière. Je me serais retrouvée avec de la marchandise sur les bras sans personne pour consommer. Un bruit derrière moi me fit me retourner. C'était Vehadi qui passait la tête par l'entrebâillement de la porte inexistante. Je m'approchais d'elle et lui câliner la tête. Non, je n'étais pas seule, c'est vrai. Elle était là, elle. Choupette aussi. Elle faisait d'ailleurs moins la maligne depuis que la Simurgh avait prit quelques mètres. Ma tête contre le doux plumage de la sienne je me rappelais une phrase que j'avais entendue. Ou lue. Je ne savais plus. Ca n'avait plus d'importance. Le fait étant qu'elle me serait des plus utile pour atteindre mon objectif sans finir par plonger dans la déprime. Le pessimisme est d'humeur ; l'optimisme est de volonté. Je décidais en faire mon mantra. Je ne laisserai plus personne ici me faire perdre ma motivation.
©gotheim pour epicode


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Sam 20 Mar 2021, 22:11

[Évent Top-Sites] Dōsatī N0sq
« Je mets les pieds où je veux, et c'est souvent dans la gueule. »



La vente amenait à la reconnaissance, une reconnaissance justifiée par la quintessence de ses marchandises. En braquant les projecteurs sur ce qu’il convoitait de leur apporter, sans doute gagnerait-il aussi en notoriété. En tant qu'homme d’affaires d’envergure, le Démon disposait d’un large panel de services visant à tirer le meilleur parti de son séjour dans les limbes Humaines. Cela faisait la deuxième fois qu’il s’exposait ainsi sous son plus simple appareil. Décousue par l’omniprésence des sans magie, le corps de Deccio embrassait son apparence originelle, détestable et détestée par les regards injurieux prompts aux plus arides des jugements. Il n’en avait que faire, le racisme et l’intolérance étant des valeurs sociales à toutes les nations. S’il incarnait l’ennemi suprême qu’ils se feraient une joie d’abattre au détour d’une ruelle, le Vil ne s’en offusquait point. En bon commerçant, il aménagea son stand en plein centre, se débarrassant de toute tergiversation à propos de l’emplacement. De bonne humeur, l’homme installa des fioles qu’il complémenta à l’aide de poudres bigarrées et d’un liquide qui changea de teinte en fonction du mélange. S’il semblait les préparer à l’improviste sans aucune considération, il n’en fut rien, car chaque concoction était non seulement cohérente avec ce qu’il cherchait à appliquer, mais aussi testé et approuvé en amont. Toutes ces concoctions apportaient des effets divers et variés à son consommateur. Rien de ce qu’ils claustraient ne causerait du tort à quiconque. À quoi bon se mettre la corde au cou de toute façon ? Son approche, purement bénéfique en ce sens, convoyait de combler n’importe qui. Toutefois, ces mixtures n’avaient qu’un but vicié : celui de rendre son stand plus attractif et intrigant, menant les privilégiés à le rencontrer pour une seule et unique raison ; lui-même. S’il vendait bien de la drogue pour des profits personnels, le vrai produit portait une crinière blonde surmontée d’un joli diadème. C’est bel et bien comme professeur d’arts martiaux qu’il se concrétisa avec de tels harnachements.

Les armes disposées autour de lui ne cernaient aucun cou en particulier, mais les mannequins composés de pailles qu’il installa sur la piste. Quant au stupéfiant et bien, elle fournirait certains arguments aux plus frileux. Pour faire ses preuves, rien ne valait une démonstration sur la place publique. « Mon apparence vous effraie autant qu’elle vous répugne ? N’ayez aucune crainte et laissez-moi vous enseigner l’art des poings et des sabres. N’importe qui peut réussir à broyer la pierre s’il y met de la bonne volonté. » Un jeune garçon passa par là. Il ne devait pas dépasser la douzaine. « Toi là. Approche. » Tournant la tête de gauche à droite afin de s’assurer qu’on lui adressait bien la parole, le petit approcha précautionneusement. Sa frimousse débordait à peine la hauteur de la table sur laquelle reposaient les différents produits. « T’y connais-tu en arts martiaux, gamin ? » « Euh… non. Je… je ne crois pas. » « Bien, alors avale-moi ça. N’aie aucune crainte, je serais exécuté si je commets le moindre impair. » En l’absence de magie, il fallait savoir pallier cette carence par d’autres atouts. Deccio donna le flacon au jouvenceau ; une solution bleu marine saupoudrée de paillettes dorées et dont la consistance rappelait la viscosité d’une méduse. Une simple gorgée l’amena à déjà penser différemment. Il ne s’en rendait peut-être pas compte dans l’immédiat, toutefois la divergence serait marquée lors de la ostentation qu’il allait étaler en direct. Un Eversha taureau se tenait prêt pour un combat d’anthologie. Ce dernier avait été payé en conséquence afin de fournir le meilleur. En qualité d’adulte doté d’une force redoutable, le match n’aurait en règle générale aucun enjeu sinon celui de regarder un garçon soutenir la férocité cruelle d’un bête enragé. La drogue ingurgitée par le gamin intervenait à ce moment-là, car elle lui procurait une incroyable faculté de concentration. Désormais, tout ce qui l’entourait n’existait plus à ses yeux. Il ne voyait et n’entendait que deux choses ; son adversaire et Deccio, qui dans ce contexte ne serait rien d’autre que son mentor, son professeur.

En tant qu’arbitre, le Démon se tint au milieu des deux combattants aux caractères opposés. « Vous êtes prêts ? Dans ce cas, que le duel commence ! » Son bras trancha l’air dans le but d’entamer les festivités. À partir de cet instant, le garçon qui n’y connaissait absolument rien en lutte ne fit qu’un avec son enseignant. À côté de ça, le Vil lui prodiguait des conseils sur la marche à suivre, utilisant la petite taille de l’individu à son avantage. Les instructions de son maitre exigeaient une précision chirurgicale qu’il n’aurait pas été possible de respecter sans l’apport des psychotropes. Son attitude dominait largement celle de son adversaire, décontenancé par les feintes et l’assurance qu’il dégageait. Quelques secondes plus tard, Deccio reproduisit les techniques qu’il devait employer pour l’emporter, menant les deux protagonistes à maintenir une harmonie sans failles. D’un point de vue extérieur, l’on avait l’impression que le Démon manipulait les mouvements du garçon à distance, mais il n’en fut rien. La victoire qu’il cueillit à la toute fin découlait uniquement de lui et de sa contention considérable. Le coup final se traduisit en un horion ardent au centre de l’abdomen, renversant le Minotaure comme un moins que rien. Les mains jointes, ils se courbèrent légèrement pour remercier l’ovation des spectateurs. Les effets de la drogue s'estompèrent quelques instants plus tard, le jeune homme courant dans la direction du Vil, sa joie se passant de commentaires. « Monsieur, monsieur ! C’était incroyable ! Vous avez vu comme je l’ai étalé ? C’est troooop cool ! Apprenez-moi à me battre ! Je veux continuer à être fort. » Deccio se baissa pour être à sa hauteur, sa main tapotant son crâne, un sourire déformant es joues. « Contrairement à ce que tu penses, tu as pas mal progressé grâce à cette expérience. Toutefois, mes services ne sont pas gratuits, il faudra demander à tes parents. » Des étoiles dans les yeux, il sautilla dans tous les sens, se détachant de la place probablement pour aller en parler à ses géniteurs. La preuve ayant été apportée, le Saraṇi retourna à son lieu d’exposition, une lueur de défiance dans le regard. « Alors ? Des intéressés en ce qui concerne ma formule pour inhiber votre langueur ? Profitez-en, des promos sont envisagées pour les premiers prestataires. » Une once d’hésitation, jusqu’à ce que le premier client ne se présente, suivi du second et du troisième. Très vite, la popularité de son stand prit une ampleur insoupçonnée. Aucune allégorie n’aurait pu mieux désigner l’expression « vendre son âme au Diable. »


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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Lun 22 Mar 2021, 21:46




De l’eau, encore. En dehors des aléas du combat, Latone ne s’était jamais senti aussi proche de la mort. C’était comme si elle voyait Ezechyel tournoyer au-dessus de sa tête et lui rire au nez, dans l’espoir de la faire grogner, de dévoiler ses canines voraces. Cela aurait pu être un mirage raccord, après tout ils s’étaient paumés au beau milieu du Désert de Näw. Enfin, pas vraiment "paumés", la caravane avait bien réussi à atteindre les contrées plus accueillantes d’Utopia. Guides de tout horizon, les Marcheurs ne voyageaient pourtant que très peu au sein de ces étendues voisines. Pour une raison qui transparaissait sur la peau suintante de l’Orisha : la chaleur. Passer du Voile au Désert représentait un baptême du feu. De rares Oklilleirro s’aventuraient au gré des territoires Humains pour étendre leur influence, car ils étaient tout autant parés à contrer les affres de Jeriel. Ou alors, ils appartenaient eux-mêmes aux Enfants de Sympan. Dans la Marche, Latone ne faisait pas du tout parti de ces courageux.

Avachie sur un fauteuil rembourré de coussins, diablement confortable, la Bleue laissait sa langue pendante, sa tête basculée en arrière, afin de capter le maximum d’humidité environnante. Latone détestait les climats arides. Le chaud faisait parti des sensations dont elle ne raffolait guère. Forcément, fille des Chants, cela revenait à être née à Ciel-Ouvert. Non seulement les températures ne lui convenaient pas, mais de surcroît l’Antimagie rajoutait au cocktail un goût plutôt infect. Ses iris bleutés dérivèrent sur son voisin, Blarorkh Wren, l’Orisha chargé – d’ordinaire – de gérer l’une de leurs plus grandes fiertés : l’établissement pénitencier de Verillon. Lui non plus ne supportait guère la chaleur, son visage encadré par sa longue crinière de blé. Afin de faire fi de ce supplice, il se jetait volontiers sur les pâtisseries sucrées mises à leur disposition. Le Grand Geôlier se faisait violence pour ne pas finir torse nu. Lui et elle avaient fini par discuter de cette épine dans le pied que leur infligeaient tous les Humains, plus ou moins de manière flagrante. L’un soutenait qu’ils seront un frein à leurs Chants et que cela allait à l’encontre de leur philosophie de vie, l’autre en revanche pensait que la Voix pouvait passer outre cette barrière et que même avec ce malus, quiconque pouvait se faire entendre. Après tout, des Humains rejoignaient la Marche. Leurs Khitarr s’avéraient cependant moins… perceptible. De toute façon, il n’y avait qu’un moyen de soutenir l’une ou l’autre hypothèse : creuser toujours plus dans les méandres de Linos. Leur visite à Utopia prenait alors tout un sens : tisser encore plus de liens diplomatiques afin d’affirmer, jour après jour, leur emprise sur ce territoire convoité. Malgré son appartenance raciale, Latone ne se targuait pas d’être une envoyée des Orishas de l’Edelweiss, alors Blarorkh s’en chargera, étant originaire de ces contrées montagnardes. À sa droite, la jeune femme pouvait admirer le calme olympien de la Mord’th, Thémis Colechæ. Celle-ci sirotait son thé avec une attitude noble et détendue. Sa jambe croisait la gauche et son dos restait droit comme un piquet. Certes, sa tenue se présentait comme plus légère, mais pas moins élégante comme à l’accoutumée. Sans parler de son couvre-chef qui ne la quittait jamais. Pour la femme aux teint crayeux, c’était comme si les afflictions ambiantes ne l’atteignaient pas. Thémis était vraiment effrayante. Bien évidemment, sa présence représentait une aubaine, car le jeu des négociations faisait parti de ses cartes. Chuchoter à l’oreille des Grands, c’était le passe-temps des Mord’th.

La caravane à peine arrivée, on les avait guidés jusqu’au palais, les faisant patienter dans un salon gigantesque. Thémis leur avait arraché les vers du nez pour obtenir l’identité de leur interlocuteur : Jakeem Bacri. Le serviteur leur assura qu’il ne tardera pas à les rejoindre. Ce qui était vrai, Latone et Blarorkh n’ayant eu le temps de se remettre de leurs émotions que durant une poignée de minutes. L’homme au teint mât parut souriant, les mains jointes contre son poitrail, ses phalanges parsemées d’étincelants joyaux. Malgré sa propre anomalie capillaire, Latone se permit de l’observer avec intérêt, peu habituée à converser avec quelqu’un ayant la peau aussi foncée. Ses longues tresses happèrent tout autant son attention. Le négociant aux lèvres charnues ne s’en offusqua point – ayant lui-même quelques répliques sous le coude concernant son céruléen naturel – et prit place face à eux. Le servant l’accompagnant lui chuchota encore quelques mots en Alikir avant de disposer. Il se racla tout bas la gorge, afin de passer au langage commun.


" Srīmatī (Mesdames), Srī (Monsieur), soyez les bienvenus à Utopia. Les protagonistes esquissèrent ensemble une douce révérence. Sa voix était à la fois grave et chaude. Je me nomme Jakeem Bacri, je serai votre porte-parole auprès de la Sūrakan afin de valoriser vos intentions aux égards de notre peuple. "

Latone se pencha, guère discrète, vers Thémis pour lui demander ce que signifiait "Sūrakan".

" Reine. " Se contenta d’expliquer la Mord’th.

" Ah oui. " Elle se redressa aussitôt.

" Si j’ai bien suivi les rapports vous concernant, je m’adresse présentement à deux Hurabis et à la Mord’th Colechæ ? "

" Tout à fait. Ravie de vous rencontrer, Srī Bacri. Je vous présente notre Grand Geôlier de Verillon, Srī Wren, et notre Hurabis en chef, Srīmatī Latone. "
L’accent de Thémis était parfait.

Depuis la déchéance de l’usurpatrice, la popularité de la Kirzor au sein des Guides l’avait propulsée – à juste titre, selon elle – comme la candidate idéale pour la couronne de Linos. N’était-elle pas l’obligée de Tlaalee-Aan, après tout ? Là d’où il se reposait, il devait être fier de la voir à sa place. Bien évidemment, le conseil des Hurabis était maintenu en l’état, mais sa légitimité vis-à-vis des autres nations lui sommait d’affirmer sa position. Mis à part Narn, personne ne s’y opposait à la Vigilante ; au contraire, elle possédait des soutiens de poids, dont Thémis.

" Avant d’écouter vos revendications, permettez-moi de vous soumettre nos considérations vis-à-vis de la Marche Terne. Requête acceptée, bien entendu. Notre histoire avec la Marche est on ne peut plus courte. Les vôtres ont arpentés de nombreuses contrées depuis leur rassemblement originel. Nous avons suivi de loin la naissance de Ciel-Ouvert et de vos premiers accords avec les Orishas. Depuis, de rares Marcheurs se sont aventurés sur les dunes. Des archives mentionnent la visite d’érudits, souhaitant quérir nos écrits afin d’élucider le mystère des ruines sur lesquelles Ciel-Ouvert fut bâtie, en vain. Un ami proche m’a également raconté comment des Marcheurs se sont défendus face aux Démons, la scène décrite par ses aïeuls ; tout ceci n’étant, malheureusement, qu’un concours de circonstances, puisque les vôtres ne se présentaient à Utopia que par visites charitables. Thémis connaissait ce fait, puisqu’il impliquât l’Humaine Alix Mohr, une époque précédant le Rexhnou. Ce n’est bien que tout ce que je peux vous conter. Vous comprendrez alors, de manière générale, les Humains apprécient la présence des Marcheurs. Latone ne put réprimer un sourire, comblée que leur organisation fasse des heureux. Au vu de tout ce que je viens de vous confier, je ne vous poserai qu’une unique question : en quoi pouvons-nous vous aider ? "

Les Orishas échangèrent une œillade complice, à présents confiants quant à la tenue des négociations. Bien sûr, il ne faudra pas non plus trop se raccrocher aux griffes de la Mord’th, car celle-ci comptait bien tester leurs propres pourparlers.

" Nous avons entendu dire que vous menez différentes négociations économiques. Étant donné l’évolution de notre nation, nous aimerions engager des échanges avec nos voisins afin de mettre en lumière notre degré de relation. Degré, en étant soumise à une telle chaleur, elle ne le faisait même plus exprès. Comme vous le sous-entendiez, nous n’avons aucun grief contre les Humains. Cependant, le Désert de Noh… "Noh" ? "Näw" ? Pardon ! Le Désert de Näw borde le Voile Blanc avec ses frontières sud-est. "

Réactif, Blarorkh dressa une carte à côté des plateaux à thé et sucreries, afin de remémorer à tous les enjeux actuels. Jakeem démontra un intérêt palpable concernant cette représentation de leur continent.

" Il faut rappeler que les contrées du Voile Blanc n’appartiennent pas à la Marche, ni à quiconque d’ailleurs. Étant un territoire difficile à conquérir, les nôtres se contentent de le sécuriser pour établir des routes aussi bien utiles aux voyageurs qu’aux commerçants, ainsi que pour faciliter les expéditions de nos caravanes. Malgré tout, cette portion où les deux déserts se rejoignent serait propice à un projet dont nous aimerions vous soumettre. " Ses iris s’arquèrent sur son voisin Orisha, car les germes de l’idée provenaient de lui.

" Ici. Son index calleux se planta sur une section particulière de la frontière. Nous souhaitons établir un avant-poste, qui serait le fruit d’une coopération entre la Marche et l’Armée Humaine. Depuis ce point, nous pourrons construire des routes commerciales afin de faciliter les déplacements entre Ciel-Ouvert et Utopia ; comme vous le voyez, nous devons franchir la chaîne de montagnes en guise d’itinéraire plus rapide et sécurisé. L’autre alternative est de contourner les montagnes, ce qui nous oblige à traverser le Voile de bout en bout, plus compliqué en somme. Nous envisageons alors d’ouvrir un dialogue avec l’Ubaël afin d’étendre les points de passage jusqu’à cet avant-poste. Nous ouvrant donc, mutuellement, un chemin tout tracé entre nos peuples. Une pause après avoir indiqué quelques itinéraires potentiels à juxtaposer. Concernant cet avant-poste, au lieu d’en faire simplement une garnison frontalière, nous suggérons d’y ouvrir quelques commerces pour initier les échanges et attirer touristes et commerçants vers nos capitales. De plus, vous n’êtes pas sans savoir que les températures chutent drastiquement lorsque nous passons d’un désert à l’autre… "

" Oui, cette frontière est une drôle de curiosité.
Il rit en désignant du regard la Kirzor. Srīmatī Latone en est la preuve vivante. " Gênée, elle accompagna l’hilarité toute basse. Haha, quel salaud.

" Les risques de choc thermique sont élevés, d’autant plus lorsque la saison de Faugmi s’abat sur le Voile. Les Hurabis conseillent alors de faire rencontrer nos sages et médecins respectifs, et de dédier une partie de l’avant-poste à un système médical. Un établissement d’hébergement, comme une auberge, serait adéquat pour laisser le temps aux passants de s’habituer au changement de climat. "

Jakeem acquiesçait mais ne commentait guère plus. Parfois, il prenait des notes en sa langue natale. Le fait que Thémis ne bougeait point, ni pipait mot avait tendance à rassurer l’Orisha. Latone ne discernait aucune utilité à intervenir, car ce qui les attendait l’intéressait bien plus.

" Très bien, je ferai remonter ce projet aux oreilles de la Sūrakan. Un silence s’installa, alors que l’Humain les dardait un à un. Auriez-vous un autre sujet à aborder ? "

Latone lorgna du côté de la Mord’th, qui réaffirma sa position sur l’assise.

" Vous mentionniez des Marcheurs s’étant aventuré sur vos terres et ayant combattu des Démons. Cette "visite charitable", comme vous le signifiez, devait effectivement s’écourter par un simple réapprovisionnement de la population d’Utopia, et ce sans la moindre contrepartie. Les circonstances militaires ont poussé nos Marcheurs à se défendre lorsque les Démons ont attaqué Utopia. Ils auraient pu simplement repartir, mais ils ne l’ont pas fait. La Crayeuse marqua volontairement  une pause pour qu’il comprît où elle voulait en venir. N’importe où ira la Marche, elle défendra la liberté. En guise de votre bonne foi, nous ne vous demandons pas de répondre positivement à nos attentes, mais de prendre en considération les envies d’une grande passionnée. " Ses yeux pivotèrent vers la Bleue, étonnée par cette tirade qui lui servirait de belle transition. Elle fit mûrir un brin son projet avant d’affronter le regard du négociant.

" Je vous ai apporté des fleurs. Et puisque l’Humain commençait déjà à s’étonner d’une telle galanterie, elle leva la main en guise d’avertissement. Et laissez-moi finir. Elle extirpa le bouquet de son paquetage, soigneusement préservé de toute affliction. Elles ont survécu au voyage, c’est déjà ça ! Elle les fit admirer un temps. Ce sont des gentianes bleues. Elles poussent à plus faible altitude et fleurissent durant les périodes estivales. Je les ai choisies en pensant aux Humains et aux dunes… "

" Bleues comme vous, je note. "
Se gaussa-t-il tout de même, ne s’étant pas attendu à un tel virage des négociations.

" Vous savez, je suis quelqu’un de très direct. Alors j’irai droit au but : j’ai un jardin et je veux y faire pousser d’autres fleurs. Vous êtes réputés pour cultiver des fleurs de safran. Elles m’intéressent, et donc je les veux. " Thémis effaça un probable sourire, on n’était pas encore proche de la fine négociatrice.

" La Hurabis Latone pourrait ouvrir un nouveau commerce à Ciel-Ouvert qui mettrait en avant, entre autre, vos spécialités florales. Elle aimerait être mise en relation avec des piliers de cette exploitation et peut-être engager du personnel. "

Le Bacri tendit la main pour saisir le bouquet et les sentir à son tour. La fraîcheur des montagnes frappa son esprit et le dépaysa aussitôt.

" Je vous fournirai quelques référents à la fin de notre entrevue. Ils vous aiguilleront mieux que moi pour entrer en contact avec des fournisseurs. Qui sait, vous me ferez peut-être venir jusqu’à votre jardin ? Heureusement que Latone ne captait pas le double sens, car il était non seulement involontaire mais plutôt maladroit. Puisqu’aucune déconvenue ne s’ensuivit, Jakeem décida de clore les négociations. Bien. À propos de toutes ces propositions, nous aurons besoin d’un nom à qui parler directement. Il se tourna vers la Mord’th. Je suppose que vous serez notre intermédiaire ? "

" Un tel honneur me conviendrait. Néanmoins, mon rôle au sein de la Marche n’est que temporaire, le temps de bâtir les fondations solides de son Empire. Il serait préférable que ce soit Latone, ci-présente, qui élise un meilleur candidat. "


Face à cette charge, la Marcheuse songea à quelques têtes, sans pour autant être bien convaincue.

" Les Hurabis décident ensemble, mais… En attendant de mieux, je me chargerai de la diplomatie. " L’intermédiaire sourit, se leva et tendit une main prête à être serrée.

" Entendu, Srīmatī Latone. Bienvenue dans notre merveilleuse sphère politique. "


2469 mots ~
Merci pour l'évent, tu me diras s'il y a quoi que ce soit à modif' ♪



By Jil ♪
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Kitoe
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Kitoe
Lun 22 Mar 2021, 23:11

Leigh
Dosati
Nightmare - Halsey


Les bras croisés, la femme qui se trouvait devant elle la considéra de la tête aux pieds comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire détritus tout droit sorti des égouts. Malgré l’endroit bruyant, il régnait entre elles un silence lourd et assourdissant qu’aucun gémissement ne parvenait à briser. Celle qui lui faisait face, Claretta – probablement un faux nom pour la clientèle – n’avait pas encore dit un mot quant à la demande de la nouvelle venue, mais en soi elle n’en avait pas besoin. Ses yeux et son visage parlaient pour elle. Le message était clair. Leigh n’était pas orgueilleuse ou susceptible, mais elle était tout de même surprise par le si peu de considération que lui portait cette cruchasse. Elle voulait bien ne pas être la personne la plus belle, la plus séduisante ou la plus charismatique du monde, mais à son humble avis, elle n’était pas non plus dégueulasse. En plus, elle avait fait un effort : elle s’était bien habillée – un haut noir au large décolleté et une jupe courte et moulante de la même couleur – et avait pris son apparence humaine – l’Œil savait qu’elle avait un beau cul. Maintenant, elle regrettait d’avoir eu recours à cette dernière. Être aveugle lui aurait permis de ne pas voir le regard condescendant que cette peste posait sur elle. Il y avait quelque chose chez cette femme qu’elle n’appréciait pas. Ce n’était pas seulement une histoire d’apparence physique ou de caractères divergents ; Claretta lui donnait véritablement ce sentiment d’être stupide, à côté de la plaque et périmée. Ça lui sortait par les yeux. Finalement, la blondasse ouvrit la bouche.

-Et tu crois pouvoir en être capable ? Lâcha-t-elle avec moquerie. Il était évident qu’elle avait réfléchi à la meilleure manière de l’humilier. Elle ricana. Nan, ça ne nous intéresse pas. On a déjà assez de personnel.

Sans surprise, bien entendu. L’esquisse d’un sourire étira les lèvres de Leigh.

-Est-ce que je pourrais parler à votre patronne ?

Elle n’allait tout de même pas se laisser recaler par une vulgaire employée de pacotille. Ses formes et ses artifices ne lui faisaient pas peur, et encore moins sa jolie tenue rouge et provocante qui lui allait parfaitement au teint, ni ses longs cheveux blonds qui ne s’emmêlaient jamais. C’était de loin la pute la plus superficielle qu’elle avait jamais rencontré.

-C’est moi la patronne.

C’était faux, bien sûr, Leigh en était persuadée. C’était surtout que Claretta n’avait pas envie de bouger son cul et de solliciter sa supérieure.

-Très bien.

La réplique surprit l’employée, qui s’attendait probablement à une réponse plus insistante de la part de la nouvelle venue. Que Leigh réagisse aussi bien l’énervait presque davantage que si elle avait dû se battre avec elle. Le tirage de cheveux entre filles très légèrement vêtues, ça attirait les clients.

-Maintenant, à moins que tu ne veuilles prendre une chambre, tu ferais mieux de dégager. Il y a des clients qui attendent leur tour et je travaille, moi.

En relevant la tête et replaçant ses épaules en arrière afin de mettre sa généreuse poitrine en avant, Claretta de para de son plus beau faciès pour aller aborder les autres clients. Gardant son sang-froid, Leigh s’éloigna à son tour. Remontant la petite file de clients qui s’était formée derrière elle, elle passa finalement la porte de l’établissement. La Démone s’éloigna de quelques mètres avant de se retourner, pour admirer la devanture. Elle venait de se faire recaler du « Croque-Salope », un bordel parmi tant d’autres au cœur de l’Enfer. Leigh poussa un soupir. Elle était à la fois fatiguée et énervée. Fatiguée de sa situation, de sa précarité autant physique qu’émotionnelle, ou encore sociale. Enervée par le comportement de cette pute qui avait refusé de la prendre comme nouvelle recrue. Le souvenir de cette cruche hautaine et arrogante lui donnait envie de baiser, de faire ses meilleures performances dans cet établissement précis et de la broyer sous l’humiliation. Oh, si elle en avait eu les moyens, elle aurait racheté ce bordel sur-le-champ pour lui montrer qui était la patronne. Elle aurait voulu que Claretta devienne son esclave. Son pantin. Elle aurait tout fait pour la détruire doucement, pour la voir pleurer. Mais elle ne pouvait pas, et quand bien même elle pourrait se le permettre plus tard, elle aurait tout oublié de cet incident. Leigh n’était pas assez rancunière. Après avoir soufflé un petit peu, ses yeux balayèrent la rue dans laquelle elle se trouvait.

-Hé, toi. Héla-t-elle à l’attention d’un homme qui s’apprêtait à prendre son pied à l’intérieur. Je te fais la prestation à moitié prix.

-Vraiment ? Tu fais quoi exactement ?

Méfiant, il l’était, et c’était normal.

-Ce que tu veux et où tu veux, sauf là-dedans.

L’inconnu leva les yeux vers la vitrine où étaient exposés des hommes et des femmes en petite tenue, qui se déhanchaient pour l’attirer à eux. Il passa sa main sur son menton. Il ne réfléchit pas longtemps. Cet homme, dont elle ignorait le nom, fut le premier d’une petite suite de clients qu’elle pêcha devant ce même bordel. Une provocation bien méritée. Leigh, « l’incapable » leur vola ainsi quelques clients. Très peu, mais quand-même. C’était pas cool.

_

-Comment tu t’appelles au fait ?

Encore haletante, la jeune femme esquissa un sourire moqueur. Elles étaient allongées dans un lit simple, collées l’une contre l’autre et entièrement nues. L’appartement de sa cliente était sombre, un peu miteux. L’isolation était si mauvaise que les voisins avaient dû les entendre jouir comme si elles avaient crié tout près de leurs oreilles, mais l’inconvenance ne dérangeait ni l’une, ni l’autre.

-Tu auras dû me demander ça dès le début, ou alors pas du tout. Mais pas à la fin, vraiment… ça gâche tout.

Leigh ne répondit pas, reconnaissant son erreur. Elle n’était pas une professionnelle, certains secrets du métier lui échappaient. Heureusement, chaque client la rendait plus habile.

-Chelsea. Et toi ?

-Leigh.

-Leigh ? … ça me dit quelque chose. On se connait ?

La brune ne répondit rien. Elle n’était pas particulièrement fière au point de vouloir ramener le sujet sur la table à tout prix. Elle préférait laisser les choses venir si elles étaient amenées à cela.

-Oh, si, je sais ! Coupe des Nations ?

Les réactions de la jeune femme étaient amusantes c’étaient comme si elles étaient amies depuis longtemps.

-Oui. A Amestris.

-Je vois... Et alors ? Comment c’est d’être avec l’Empereur Noir ? Plaisanta Chelsea en se redressant.

-Je pourrais te faire payer plus pour toutes les questions que tu me poses.

-Oh, ferme-la et répond ! Le sexe était pas terrible alors tu m’en dois une.

Et c’était vrai. Leigh n’était pas toujours aussi bonne que ce qu’elle imaginait. Pourtant, cela n’avait pas empêché le personnel du « Croque-Salope » de venir la tabasser pour la faire arrêter de faire le trottoir juste devant leur enseigne.

-Nous ne sommes pas encore mariés, officiellement.

Un frisson la parcourut et sa gorge se serra. Leigh ne quittait plus le plafond des yeux. Elle ne se sentait plus très bien tout à coup. Indifférente, Chelsea se recoucha pour l’imiter.

-Coucher à moindre coût avec l’une des catins d’Elias Salvatore. Ma pauvre, tu dois être désespérée pour faire ça.

Leigh se contenta de sourire, alors qu’elle retombait pourtant dans la part sombre de son esprit. Désespérée, peut-être pas, mais il était inutile de mentir sur le fait que la brune traversait une très mauvaise période de son existence. Son état, à bien des égards, se rapprochait dangereusement des symptômes de la dépression… si elle n‘était pas déjà en plein dedans. La jeune femme n’était pas heureuse de sa situation. Elle était un marin à bord d’un bateau à la dérive. Elle avait décidé de se laisser porter par un courant qu’elle ne voulait pas contrôler. Quelque part, elle aimait ça. Elle aimait se sentir médiocre et se morfondre dans sa détresse à l’abri des regards. Elle aimait être perdue, seule au milieu d’un bouillard gris et opaque. Elle aimait se haïr, elle aimait songer à la manière dont elle pourrait mettre fin à ses jours. Elle aimait ce lyrisme et cette théâtralité. Elle aimait la dramaturgie de sa vie, l’observer s’écrire, se construire et se détruire de façon aussi chaotique que les gestes d’un pantin désarticulé. C’était un hymne à Haroûn.

-Il y en a qui veulent ta mort.

Comme piquée par un moustique, Chelsea bondit et passa par-dessus la prostituée. A cheval sur son corps, elle avait récupéré le poignard attaché à sa ceinture, qu’elle avait abandonnée par terre. L’atmosphère s’était alourdie.

-Si je te tuais maintenant et que je ramenais ta tête à ceux qui l’ont souhaité, je me ferais un beau pactole.

Sa cible ne réagit pas. Leigh n’avait pas peur. Mourir ne la dérangeait pas. Cela n’affecterait personne et on finirait simplement par l’oublier. Alors qu’elle y aille, qu’on la tue. De toute manière, aucune d’entre elles n’avaient rien à y perdre. Agacée, Chelsea fit claquer sa langue contre son palais.

-Ça ne te fait rien ?

-Non.

-Par l’Œil, donc tu es vraiment désespérée… Chelsea quitta le lit et se rhabilla. On se reverra ?

-Je croyais que tu n’avais pas aimé.

-Bof. Mais t’es pas chère et si j’attends que tu te marie, ta tête aura plus de valeur. Il me sera plus facile de te tuer si on traine ensemble. Maintenant, dégage de chez moi.

Leigh eut à peine le temps d’enfiler ses vêtements qu’elle se retrouva à la porte. Son sourire chaleureux disparut instantanément. Elle termina de s’habiller sur le palier, ramassa l’argent que Chelsea lui avait balancé par terre, puis quitta le logement de sa cliente.

Vide. Blasée. Fatiguée. En contemplant les toitures des bâtiments autour d’elle, Leigh eut soudain envie d’y grimper pour se jeter dans le vide. Elle ne le fit pas. Elle n’avait pas la force de monter jusque là-haut. Elle voulait juste se coucher. Elle voulait être dans un lit, avec quelqu’un, et ne plus se poser de questions. Elle voulait s’endormir et ne plus jamais se réveiller. La Démone compta combien elle avait sur elle. Suffisamment pour se payer une prostituée bas de gamme – un esclave. Ça ferait l’affaire. Machinalement, elle se dirigea vers le bordel miteux du coin, puis changea d’avis : ce ne serait pas une, mais un. Arrivés dans leur chambre, elle se perdit dans ses bras. Ce ne fut pas particulièrement jouissif, mais elle n’en tînt pas rigueur. Elle en était à ce stade où elle s’en fichait de tout, ou presque.

-Tu viens d’où ? Murmura-t-elle à l’homme qu’elle avait entouré de ses bras.

-Utopia.

Un Humain, c’était exotique. Elle était surprise qu’il n’ait pas été plus cher. Il devait être mauvais.

-Tu n’as pas d’Anti-Magie ?

-Je ne sais pas si je serai encore en vie si j’en avais eu beaucoup.

Il était vrai qu’avoir un esclave handicapant n’était généralement pas ce qu’on demandait d’un esclave. Leigh n’avait jamais couché avec un Humain. Cette race faisait partie de celles avec lesquelles elle rêvait d’expérimenter. Au même titre, elle se demandait quelle sensation promettait la morsure d’un Vampire.

-Je me demande quel effet ça fait.

-Il parait que ce n’est pas agréable.

Elle sourit. Ce rapport de dominance et de soumission devait être excitant. Se sentir démuni, au plus profond de son être – la notion de profondeur était ici importante – devait être aussi effrayant qu’exaltant. Toute cette histoire lui rappela les rumeurs sur l’origine de son sang, que l’on soupçonnait prendre ses racines chez les Humains. A une époque, cela lui avait valu la perte de beaucoup d’amis, lors de ses études.

-Tu penses que tes compatriotes seraient intéressés de bénéficier des services d’une Démone ?

-Je ne sais pas. Il haussa les épaules. Ce ne doit pas être impossible.

Elle songea qu’elle devrait se rendre dans le Désert. Pas seulement pour expérimenter la chaleur accablante qui y régnait, mais pour y travailler. Oh, bien entendu, elle ne se pointerait pas à Utopia comme une fleur avec l’espoir qu’on tolère sa présence. Cela ferait partie de l’expérience et de ce qui la rendrait excitante. Elle voulait sentir les regards lourds posés sur son corps lacéré et affreux, brûler sous le soleil de plomb, ressentir l’angoisse de perdre une partie de son essence. Espérer une collaboration avec cette race lui permettrait de s’extirper de son ennui.

En rentrant chez elle, Leigh se renseigna sur les maisons closes humaines. Les lieux de débauche n’étaient pas aisés à trouver. Les esclaves Humains devinrent ses informateurs. Elle écrivit à plusieurs bordels, proposant à chacun ses services. Une visiteuse quelque peu exotique avait des chances d’attirer de la clientèle, ou au contraire, de la repousser. Le plus important était qu’elle ferait jaser. Elle ne demandait rien de plus que de passer quelques temps au sein d’un établissement. Ensuite, si l’expérience était fructueuse, elle accepterait volontiers de garder un lien avec ces correspondants. De son côté, Leigh comptait également agrandir et pérenniser son activité en Enfer. Dans le cadre où son affaire fructifiait, elle serait ravie d’approfondir leurs liens afin de créer une collaboration solide.

2187 mots



Bijin
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 01 Avr 2021, 22:18




Dōsatī

Evénement | Priam, Laëth & Hélène



« Typhon Gargantua ? » - « Aussi connu sous le nom Dhavala Himsaru. » - « Ah, oui. Il est arrivé deuxième à la Coupe des Nations des Déchus, c’est ça ? » Juste derrière Priam. Ironique, pour un Ange, de parvenir à séduire les papilles des Ailes Noires. « Oui. Et maintenant, il veut mener une guerre contre les Vampires. » Le Petit Pigeon arqua un sourcil, à mi-chemin entre la moquerie et le doute. Que voulait-il ? Qu’il lançât une guerre, lui aussi ? Il ne réagit pas à sa supposée pique. Elle n’existait peut-être que dans son esprit. Ces derniers temps, il prenait particulièrement à cœur tout ce qu’on lui disait. « J’ai entendu parler de ça, oui. Pour récupérer Durienrisda. Il paraît que les Evershas ont réussi à former une véritable armée, répartie aux quatre coins de l’Antre des Marais. » - « Oui, c’est vrai. Eux comme les Vampires cherchent des soutiens. » Priam acquiesça. Il était tourné vers la fenêtre et observait la vie au dehors, contemplatif. Il avait parfois l’impression que le monde tournait sans lui. Mille idées le submergeaient mais il peinait à les faire émerger dans la réalité. Ses tourments les battaient en brèche. Son indécision et sa peur le tenaient à l’immobilisme.

Il n’avait pas revu Aliénor depuis qu’il avait lu le contenu de ce satané conte. Ce ne sont que des conneries ! avait-il dit à sa sœur. Pourtant, elle s’était effondrée. Elle s’était effondrée, et il s’était demandé si la Magicienne avait souffert aussi, de ces quelques lignes sans importance. Ce n’était pas eux, pas vraiment eux. On leur avait attribué des rôles, et ces rôles avaient pris le dessus. Il y avait eu, parfois, des réminiscences, des luttes intestines entre la conscience et la magie du théâtre ; mais leurs geôlières avaient bien veillé à ce qu’ils ne pussent s’en détacher. Il n’avait pas, en lui, la noirceur de Scar. Jamais il n’aurait essayé d’attenter à la vie de ses proches pour se rapprocher du pouvoir. Jamais. Jamais il ne se serait amusé des douleurs d’un cœur qui aime, comme celui d’Aurore aimait. Jamais il n’aurait couché avec une putain de Sorcière. Jamais Aliénor n’aurait couché avec Lhéasse – jamais. Jamais sa sœur n’avait été attirée par des bêtes. L’homme qui l’avait violée n’aurait probablement jamais fait ça dans la réalité. Dans cet écrit, tout le dégoûtait. Et c’était parce que tout le dégoûtait et tout l’affectait qu’il préférait se convaincre que c’était purement faux. Les Faes s’étaient jouées d’eux. Le véritable problème, c’était que ce livre connaissait un grand succès, et que les gens étaient assez bêtes pour confondre la fiction et la réalité. Quant à sa cadette, elle était déjà fragilisée par ce qu’elle traversait. Lire ce récit n’avait fait qu’ajouter à sa peine. Si elle ne s’était pas trouvée dans un tel état, elle aurait sans doute été du même avis que lui.



Laëth se sentait profondément souillée. Ce que Belle avait vécu, elle l’avait vécu à travers son corps. C’était son corps qui avait été pénétré, bafoué, violé. Le sien. Et, comme Belle, les souvenirs qu’elle y rattachait étaient la masse monstrueuse de la Bête et le visage de l’être aimé – Kaahl, ou le Prince Adam, selon les versions. Ces rappels avaient fait écho à ce rêve dans lequel il l’avait violentée, sur cet autel couvert de ronces. Cela avait amplifié sa douleur. Le bonheur final de Belle aussi. Là où la magie du Conte avait opéré et ainsi permis à l’héroïne de faire fi de son vécu antérieur, la réalité amenait l’Ange à souffrir d’une dissonance profonde. D’un côté, elle voulait voir Kaahl, lui parler, le toucher. De l’autre, la simple idée de sentir son souffle contre sa peau lui donnait la nausée. Elle avait peur qu’il ne s’en prît à elle comme son image l’avait fait, à deux reprises. Rationaliser n’y faisait rien. Elle avait beau savoir que ce n’était qu’un rêve, que ce n’était qu’une histoire, et que ça n’avait jamais véritablement été lui, elle craignait sa violence. Elle avait de plus en plus nettement conscience de ce qui sommeillait en lui, derrière ses sourires et sa tendresse apparente. Elle voyait le Monstre caché sous la cape de l’Honorable. Sa noirceur la répugnait et l’attirait. Ils étaient un jeu d’ombres et de lumières. Cela la révoltait sans qu’elle voulût pour autant s’échapper. L’amour pardonnait tout. Elle avait besoin d’y croire, pour lui, et pour elle.



« Les Humains ont choisi de soutenir les Evershas. » Priam pivota vers Nalim. « Logique. » Leurs relations avec les Vampires ne laissaient guère présager qu’ils leur accordassent du crédit dans cette querelle. Quant aux Anges, ils n’avaient, à sa connaissance, pas encore pris position. « Ils sont eux-mêmes demandeurs d’alliances et de partenariats. Ma sœur doit justement se rendre à Utopia pour potentiellement redonner vie à un partenariat économique. » - « Ah oui ? Cela concerne-t-il la marbrerie de Hena Lilayel ? » - « Oui. À l’époque, elle avait passé des contrats avec plusieurs constructeurs et artisans humains. Laëth va profiter du renouveau qui saisit le peuple pour savoir ce qu’il en est. » Le diplomate acquiesça. « C’est étrange, ce qu’il s’est passé chez eux. » Les rêves. La danse. Les blessés. Comme beaucoup, la fratrie Belegad s’était réveillée pour découvrir ses pieds en sang. « Et le fait que nous ayons pu les soigner. » Nalim posa un doigt sur sa plume et la fit doucement rouler contre le bois du bureau. « Les Ætheri semblent disposés à lever peu à peu les fardeaux qui pèsent sur les peuples. Les Réprouvés, et maintenant les Humains… » Il releva les yeux vers son disciple, qui l’observait avec attention. « Chez les Anges, les conquêtes territoriales, le regain économique, la forme angélique… » Son regard bleu croisa celui du brun. « Peut-être que nous aurons bientôt autant de chance que ces deux peuples. » Priam demeura muet quelques secondes, puis souffla : « Je l’espère. » En son for intérieur, il se questionnait. Ces changements avaient des fondements religieux. Comment se dérouleraient-ils, au sein d’un peuple qui priait une fausse divinité ? La vérité sur Ahena leur serait-elle révélée ? Qu’adviendrait-il des croyances sur lesquelles reposait en partie le pouvoir gouvernemental ? Le système actuel subsisterait-il ? Fallait-il attendre ou, comme Laëth l’avait affirmé lorsqu’elle avait appris la vérité, essayer de changer les choses par soi-même ? Fallait-il demeurer passif ou devenir acteur ? Si le Petit Pigeon avait pris les devants dans bien des domaines de sa vie, il n’était pas certain d’être prêt à bouleverser une société entière. Comment s’y prendre, sans être mis au fer ou, pis encore, envoyé à l’Agbara ? Combien de personnes au courant étaient-elles silenciées par la crainte d’être arrêtées, le sentiment d’être seules à savoir ou plus généralement l’impossibilité d’entrer en rébellion ? Ses iris détaillèrent Nalim. Savait-il quelque chose, lui ? Si non, qu’en penserait-il ? Était-il à ce point digne de confiance ? Priam avait le sentiment qu’au moment où son interrogation serait formulée, elle deviendrait une question de vie ou de mort. Comme tous les autres, il se tut.



« Devâdary dā Sipāhī. » la salua l’Humain, une lueur espiègle dans les yeux. Il était vêtu d’un large pantalon brun et d’un haut crème, stylisé selon la mode d’Utopia. Ses cheveux noirs rejoignaient une barbe parfaitement taillée. Elle soulignait les traits marqués de son visage, et notamment ses hautes pommettes ciselées. En le voyant, Laëth eut l’impression de voir l’une de ses statues en marbre noir, exposées à l’avant de sa boutique. Elle lui sourit. « Monsieur Astahana. » Il s’approcha. « Je l’ai déjà fait par écrit, mais je tiens à vous exprimer en personne mes sincères condoléances pour le décès de Hena Lilayel. Je ne l’ai pas connue longtemps, mais c’était une personne agréable et honnête. » L’Ange frémit, ses yeux verts rivés sur lui. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il revînt là-dessus quand lui, de toute évidence, avait réfléchi à ce qu’il allait dire. Quoi qu’elle devinât une question demeurée en suspens sur l’ourlet de ses lèvres, elle ne fit rien pour qu’il la posât. Elle n’avait pas envie de parler de cette mort qui l’avait ravagée. « Merci. » Elle se savait vulnérable. Les épreuves qu’elle affrontait l’ébranlaient au plus profond d’elle-même. Néanmoins, avec le temps et l’expérience, elle avait appris à porter des masques. À faire semblant. Un peu. Juste pour avancer, continuer, persévérer – survivre. Devant Zéphyr Astahana, elle ne laisserait rien transparaître. Elle ne s’effondrerait pas comme elle pouvait le faire dans l’intimité, auprès de Priam. Si elle se révélait incapable de se voiler face à son frère, elle comprenait la nécessité de paraître calme et sûre d’elle devant les étrangers – et surtout dans cette situation. La proximité éveillait sa vulnérabilité, quand la distance réinstaurait sa force. « J’ai retrouvé les papiers que vous m’aviez demandé lors de nos échanges épistolaires. » Elle les lui tendit. C’étaient les clauses du contrat qu’il avait passé avec Hena, autrefois. « Merci. Avant de prendre une décision, je vous propose de faire un tour de mon atelier et de ma boutique. » Elle acquiesça. « Avec plaisir, merci. »

Au terme de leur visite, l’Immaculée se tourna vers lui, à la fois émerveillée par toutes les pièces d’art qu’elle venait d’admirer, et curieuse de connaître les secrets de la maîtrise de Zéphyr. « Votre travail est vraiment fascinant. Je vais rester quelques jours à Utopia. Je me demandais… est-ce que vous seriez d’accord pour m’apprendre à sculpter le marbre ? Ça me trotte dans la tête depuis quelques temps, depuis que j’ai la marbrerie, en fait. Je ne sais pas si ça me plairait, mais je me dis que… enfin… j’aimerais bien essayer. » Dans une petite grimace, elle se frotta le nez avec la tranche de l’index, gênée. Toutefois, l’Humain parut ravi de la savoir intéressée par son travail et accepta avec enthousiasme.

Ils discutèrent encore un peu, puis le commerçant revint sur la possibilité de poursuivre le contrat établi avec Hena. La défunte soldate avait consigné tous les détails de ses échanges avec chacune de ses entreprises partenaires, et celle d’Astahana était définitivement l’une des plus prometteuses. « Je ne repartirai pas les mains vides, c’est sûr. » lui certifia l’Aile d’Acier, le sourire aux lèvres. « Mais j’ai réfléchi, et j’ai une autre offre à vous faire. » L’Humain leva le nez, les sourcils haussés, et la dévisagea. « Je vous écoute. » - « Je vais développer la marbrerie. Pour le moment, elle n’a que des activités d’extraction et de commerce de marbre brut, mais je compte y ajouter des activités d’art et de construction. » De ce qu’elle avait vu et entendu du travail de l’homme, ce qu’elle s’apprêtait à proposer pourrait leur rapporter à tous les deux. Attentive aux réactions de son interlocuteur, elle poursuivit : « Jusque-là, vous bénéficiiez d’un partenariat concernant les livraisons de marbres. Je vous propose de l’étendre à la vente de vos œuvres. Mon entreprise vous livre le marbre à prix réduit mais récupère une partie des recettes de vos ventes. Si vous acceptez, nous discuterons évidemment des chiffres ensemble. » Sa façon d’être la troublait elle-même. Grâce à cette marbrerie, elle se découvrait une assurance qu’elle ne se connaissait pas. « C’est peut-être un peu précipité et soudain pour le moment, mais à terme et si cela vous intéresse, je vous proposerai sans doute de faire partie intégrante de l’entreprise. » Durant un petit instant, il la détailla. « C’est assez inattendu. » finit-il par lâcher. Elle lui sourit, désolée, et avoua : « J’y ai pensé sur le trajet depuis les Jardins jusqu’ici, et en voyant votre travail, je me suis vraiment dit que ça pourrait être une bonne idée… » - « Il n’y a pas de mal ! Les affaires sont les affaires. Je me demande juste ce que j’y gagnerais ? Si mon entreprise est intégrée à la vôtre, je veux dire. » - « Déjà, je vous la rachèterai, en partie ou en totalité. Vous réaliserez plus d’exportations et donc plus de ventes, et vous aurez un salaire fixe, des congés payés, et un peu plus d’employés. » - « Mais forcément, moins de libertés ? » Il lui sourit, amusé. Elle le lui rendit et glissa sur un ton plus taquin : « Oh, en général, les Anges ne sont pas très partisans des mesures liberticides. » S’il savait.



Hélène éclata de rire. Elle venait de souffler sur une coupelle de curcuma. La poudre jaune avait jailli dans les airs jusqu’à retomber dans un doux nuage de poussière colorée. « Hélène ! » la réprimanda Maxianna. « Ne souffle pas sur les épices. Elles sont à vendre. » Sa voix était douce mais ferme. La petite fille ouvrit la bouche, penaude, mais avant d’avoir pu formuler le moindre mot, elle loucha sur son nez. Un doigt venait de s’y poser prestement et y avait laissé une empreinte rouge vif. « Ce n’est rien, j’ai l’habitude de ce genre de petits fripons ! » Lorsqu’elle releva la tête, elle rencontra le regard anthracite d’une femme d’une quarantaine d’années. Ses mains étaient peintes des couleurs des épices de son étal. L’enfant trouva ceci formidable. « Eh ben même que moi, plus tard, je ferai comme toi, madame ! Je vendrai des épices ! » - « Et tu souffleras dessus ? » - « Oui, parce que c’est joli ! » Maxianna sourit en levant les yeux au ciel. « C’est vrai que c’est tentant. Mais tu sais, récolter certaines épices demande beaucoup de travail, alors quand on a l’occasion de souffler dessus, on n’est pas forcément tenté de le faire. » - « Ah bon ? Pourquoi ça demande du travail ? C’est toi qui les fais ? » La femme sourit. « Non. Mais je prends soin des plantes grâce auxquelles je peux les récolter. » Hélène s’étonna : « Oh ça vient de plantes ! Je pensais que c’était sur le sol, comme le sable. Ça ressemble à du sable. » Elle baissa le nez vers les différents paniers. Le safran ne ressemblait pas beaucoup à du sable. En revanche, le curry ou le cumin… « C’est quoi celle-là ? Elle sent bon. » - « De la cannelle. Elle est issue de l’écorce de cannelier. Tiens, ça ressemble à ça, quand elle n’est pas moulue. » La commerçante lui tendit deux bâtonnets de cannelle. La petite fille les huma avec délice. « Et ça ? » - « Du gingembre. On le récolte à partir de son rhizome. C’est une partie de la plante qui pousse sous la terre. » Maxianna observait les deux Humaines avec attention. La gamine s’était visiblement prise de passion pour les épices, et la femme paraissait ravie de partager son savoir. Entre questions et explications, le temps fila jusqu’à ce que l’Enfant des Cieux et sa gardienne ne dussent partir. Elles étaient attendues autre part.



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Babelda
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Babelda
Mar 06 Avr 2021, 19:57


Image par Laurin Crozier
Dōsatī
Babelda

Babelda soupira tout en s'adossant au fauteuil sur lequel elle était assise. Elle passa une main sur sa nuque pour essayer de faire passer la douleur qui se répandait le long de ses épaules et sur son cou. Elle avait passé les dernières heures à analyser l'épais livre de compte que lui avaient fait parvenir les fonctionnaires de l'exploitation. Dans quelques jours seulement, elle devrait leur présenter un plan à suivre pour les prochains mois durant lesquels elle s'absenterait loin du Désert. Heureusement, elle avait toujours été à l'aise avec les chiffres et les trouvait bien plus réconfortants que le laissait penser sa réluctance à se plonger dans la comptabilité de son entreprise. C'était davantage l'idée de son nouveau libre arbitre qui la déstabilisait et la paralysait. A sa propre surprise, l'intellectuelle se retrouvait totalement idiote face à cette liberté qu'elle subissait. Elle s'était toujours considéré comme intelligente, ou du moins, elle avait bénéficié d'une éducation tout à fait respectable lui ayant octroyé les bases nécessaires pour se débrouiller dans de nombreuses situations comme celle dans laquelle elle se trouvait désormais. Pourtant, maintenant que le problème n'était plus théorique, elle se heurtait à la réalité. Sans le chant des étoiles pour la guider, elle devenait une véritable coquille vide. Comment les gens faisaient-ils pour prendre des décisions aussi importantes sans savoir au préalable ce que l'on attendait d'eux ? Cela lui semblait désormais impossible - pourtant, il existait une époque à laquelle la Rehla n'avait pas encore recourt à sa magie, un temps où la Lune et ses filles lui étaient encore inaudibles. A plusieurs reprises, elle avait essayé de se remémorer cette ancienne vie, se disant que le souvenir de son expérience dans le désert, au sein des Voyageurs, pourrait lui permettre d'avancer et de finalement prendre une décision à suivre. L'exercice n'avait pas été très concluent. Sa nouvelle approche - qu'elle aurait sans doute dû suivre depuis le début - était désormais plus détachée, analytique, simplement basée sur les nombres fournis dans ce recueil d'activité. Elle commençait enfin à avancer. L'analyste savait cependant qu'elle se heurterait bientôt à une nouvelle difficulté : présenter ces plans à ses employés lui demanderait une nouvelle dose de courage - une force qu'elle n'était pas certaine de posséder.

La Caeli s'empara du pichet fumant qui avait été posé sur le coin de son bureau et se versa une grande tasse du liquide sombre. Elle en huma le parfum amer, un sourire se dessinant sur ses lèvres, puis en bu plusieurs gorgées. « Qu'est ce que c'est ? » demanda une voix tout proche d'elle. Surprise par cette intervention, la jeune femme recracha ce qu'elle était en train de boire puis se redressa pour voir qui l'avait interrompu dans son court moment de relaxation. Le visage de Kiana lui fit face. « Comment es-tu entrée ? » questionna l'adulte en s'épongeant le visage avec un tissu. « La porte était ouverte. » répondit la gamine d'un air distrait en s'approchant du pichet pour en observer le contenu. « C'est quoi ? » répéta-t-elle. « Je t'ai vu en boire presque tous les jours. Je crois que les autres domestiques ont commencé à en boire, aussi, mais je n'en avais jamais vu avant de venir ici. Et puis, eux non plus ne connaissaient pas avant de travailler là. » informa la fillette. « C'est du café. » répondit finalement la fille de Yanna. « Est ce que c'est bon ? » « Tu veux goûter ? » proposa Babelda en tendant sa tasse. Curieuse, l'Humaine accepta le récipient puis inspecta son contenu - elle l'observa en le faisant tournoyer, le renifla, souffla dessus. Finalement, elle se décida à le porter à ses lèvres. Elle retira prestement la tasse dès que sa langue fut recouverte du liquide amer, une grimace déformant ses traits. « Beurk. » laissa-t-elle échapper, ce qui amusa la Rehla - son visage resta cependant impassible devant ce spectacle. « Certaines personnes rajoutent du sucre ou du lait, pour adoucir le goût. » informa-t-elle en récupérant sa boisson, l'appréciant visiblement plus que l'enfant. « Mmh, peut-être que je goûterai une prochaine fois. » Babelda n'avait pas besoin de demander aux Célestes pour deviner que la petite ne s'y retenterait pas avant un long moment, ce qui cette fois-ci lui arracha un sourire. Les enfants parvenaient rarement à savourer ce breuvage pourtant bien utile : la Mousse, comme de nombreux membres de le Tellus, était devenue accro à ses effets excitants. Sans doute en abusait-elle d'ailleurs un peu trop, particulièrement depuis qu'elle était venue ici. Heureusement pour elle, elle en avait importé une quantité conséquente avant d'entamer son voyage jusqu'à la cité des Humains.

« Pourquoi voulais-tu me voir ? » demanda finalement la Mahdif. « Camille m'a envoyé te chercher. » informa Kiana. « Vos invités sont arrivés. » Babelda acquiesça lentement. Plus de gens avec qui dialoguer. Cela ne l'enchantait guère mais les deux Maîtresses d'équipage avaient la ferme intention de passer quelques contrats pendant leur séjour à Utopia - ce n'était pas tous les jours qu'elles pouvaient bénéficier d'un entretient avec des entrepreneurs de cette race reculée. Au grand désarroi de l'Isemssith, les hommes et femmes d'affaires avaient accepté de s'entretenir avec ses deux supérieures, à condition que la gagnante de la Coupe des Nations soit présente lors de ces échanges. Babelda avait bien failli refuser mais, devant l'insistance de Yüna et après avoir obtenu sa promesse de ne pas avoir à parler, la jeune femme avait fini par céder. La Tilluiel soupira une fois de plus avant de se servir une seconde tasse de café. « Je vais en avoir besoin pour ne pas piquer du nez pendant les négociations... » grommela-t-elle en se relevant de son fauteuil. « Où sont-ils ? » questionna la maîtresse de maison. « Dans le salon, au rez-de-chaussé. » « Bien. Assure toi que l'on ai apporté de quoi nourrir tout le monde. Et fais nous envoyé une carafe de café. » demanda l'inventrice en quittant le bureau. Peut-être trouverait-elle également un moyen de vendre du café à ces nouveaux futurs collaborateurs.

1046 mots
Merci pour l'event.  nastae
Kiana = cc9966
Economies : Sable, café, partenariat avec Yanna


Merci Kyra nastae

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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Jeu 08 Avr 2021, 20:17


Illustration - Yuhong Ding
Dōsatī

Tu as devant toi la nouvelle collaboratrice du Mahestan Farahani !

Comment ne pouvait-elle pas rentrer au sein de sa demeure en étant enchantée de cette soudaine prise en fonction ? Réalisant une entrée triomphale dans le salon, elle avait vu Neah relevé ses mires surprises dans sa direction, autant devant ses manières qu'à l'écoute de cette nouvelle. Ihsan, assis sur ses genoux, essayant d'apprendre de nouveaux mots, avait regardé sa maman avec des yeux agrandis et une expression si mignonne qu'elle aurait fait fondre la glace. Il comprenait que c'était important et joyeux, sans en saisir le sens, mais il le fit savoir en tapant dans ses mains.

Ouiiii, Maman, bravo !

Avant qu'un mot ne traverse ses lèvres, les paroles de Neah se transformèrent en un rire incontrôlable vu la réaction de leur fils. Quelle Famille ! L'Humaine eu un sourire attendrit à son encontre, au-delà de cette charge supplémentaire, revenir à la maison et savourer un moment de plénitude en compagnie des siens enlevait tout le poids sur ses épaules. Souriante, apaisée, elle s'approchait des hommes de sa vie, embrassant le front de son fils et les lèvres de son fiancé, un peu plus longuement.

Félicitations, Alakoso !

L'Humaine s'essayait à ses cotés sur la méridienne après que leurs lèvres furent descellées.

Ihsan, dit bravo à Maman. Bravo, Maman !
Bravo, maman, bravo !
... Ce qui veut dire que tu seras en charge des relations diplomatiques avec les Anges ?

Souriante, elle acquiesçait, sous les applaudissements maladroits du petit. Neah ne pouvait que la complimenter et être ravi de cette nomination. Pour lui, comme pour elle, c'était une excellente nouvelle.

Merci ! dit-elle en observant les alentours. Et les filles ?
Avec ta mère et Mithra pour une session pouponnages où les messieurs sont interdits, hein, Ihsan ?
Rah ! dit-il en fronçant ses sourcils, mais loin d'être véritablement en colère.
... Rakhshan ?

L'Ange eu un instant d'hésitation à l'émission du nom de l'aîné. Ils étaient inquiets, en ce qui le concerne.

Dans sa chambre, en train de réviser. Je lui ai proposé mon aide pour ce soir, mais il voulait s'en sortir seul. J'ai préféré ne pas insister. Écoute, je pense qu'il se met la pression à cause de nos statuts respectifs, sans parler qu'il ne cesse de se comparer à sa soeur, qui a plus de simplicité que lui dans les études. On ne devrait pas s'inquiéter, son Instructeur nous a bien dit qu'il était doué dans d'autres domaines, pas vrai ?
Je sais que c'est idiot, mais, raaah, je n'ai pas envie qu'il se sente mal ...
Il est comme moi ... très manuel.

Un sourire assez fier apparu sur le faciès de l'Aile Blanche. Mancinia s'en souvenait avec une aisance déroutante.

Être manuel m'a tout de même conduit à un poste important dans l'Armée, Mancinia.
Je n'ai pas brillé non plus, à l'époque. Sans la Joaillerie ... Je ne sais pas.
Notre fils nous ressemble, me voilà rassurer !

Neah n'avait pas été un élève médiocre, mais il était loin d'être le meilleur. Dans la moyenne, en somme. Quant à elle, ses études se résumaient à l'apprentissage de ses parents et l'accès au savoir ne lui était venu que tardivement. Ce sont ses possessions et son rang qui le lui avait permis, même si la Fille du Soleil était loin d'être idiote. Quant à Neah, il avait évolué pour le bien de la Compagnie, pour maintenir son rang et guider ses subordonnés. Au final, les Écuyers de l'Aurore étaient devenus ce qu'ils étaient par nécessité, mais aussi parce qu'ils avaient un but. Peut-être était-ce ce qu'il manquait à Rakhshan ? Elle observait son compagnon. Toutes ces petites remarques envoyaient du bonheur, après tout, il avait émis le souhait de donner son nom à leurs enfants, là où elle ne le pouvait pas vraiment.

Dans tous cas, te voilà pleinement dans la Politique.

Le Capitaine se demandait pourquoi cela n'avait pas été le cas auparavant, vu son travail avec le Mahestan Lenclud à Haute-Terre et la reprise en charge de l'alliance sur ce territoire allié, après les dommages successifs qui avaient mis à mal leur alliance. Visiblement, c'était ce que la Reine avait souligné.

Je ne m'attendais pas à cette soudaine nomination ! admit-elle. Je dois aller voir le Mahestan demain matin pour que nous en discutions plus posément. Ça va aussi changer mon emploi du temps ...

Ébouriffant les cheveux d'Ihsan, elle le prit également dans ses bras. Il était sage et écoutait distraitement.

J'ai entendu dire que votre économie se portait mieux ?
Oui et non. On sort la tête de l'eau.
J'ai terminé mes charges annuelles et comme il y a une progression dans l'entreprise de tes parents, il est temps de mettre mon projet sur le devant.

Neah l'embrassait soudainement sur le front.

Je suis tellement fier de toi !



Comme vous pouvez le constater, nous avons rénové une vaste partie de l'établissement. Nous attendons la livraison des boiseries que vous aviez commandées, mais nous devrions tenir les délais.
Vous faites de l'excellent travail.

Mancinia était en tournée d'inspection quant à ses établissements au sein d'Utopia, elle avait démarrée sa matinée avec ce bâtiment racheté à bas prix et pour lequel elle avait entreprit des travaux importants pour le transformer en Cabaret. Pourquoi ? Parce que l'Humaine en avait rêvé, tout simplement. Avec des détails si précis que sa main avait été en mesure de noter, voire de reproduire les plans avec exactitude. Depuis son premier voyage sur Boraür, elle désirait faire de cet endroit, Le Rayon Solaire, une réalité au sein de l'ancienne Capitale. Tous pourraient venir boire un verre, déguster un repas et apprécier les talents de ceux qui se produiraient sur scène. Il y avait ce genre d'établissements un peu partout, certains étant ouvertement à connotation charnelle devant les tenues de ceux qui dansaient là-bas ... Ce serait sans doute dur d'attirer les hommes et les femmes en manque de compagnie, mais la nouveauté attirait inévitablement et des lieux où les familles et les étrangers pouvaient venir sans crainte étaient plus rares. Elle ferait passer des auditions prochainement pour sélectionner ses futurs artistes. Après avoir salué Amesh, elle prit congé en observant une dernière fois l'endroit, poussiéreux et bruyant. En sortant vers l'extérieur, le Soleil broyait irrémédiablement ses yeux avec une clarté détonante. Il était temps de se rendre vers l'endroit le plus illustre de la Cité, celui qui résistait à toutes les tempêtes, celui qui l'avait vu naître en tant que Sertisseuse et dont elle avait racheté les droits à Darren. Non sans quelques prises de tête.

Soyez le bien ... Oh, Mancinia !

Jean sourit lorsqu'elle franchi le seuil de l'établissement. Cela faisait quelques jours qu'ils ne s'étaient pas vus.

Salut, Jean, comment ça se passe aujourd'hui ?
C'est assez calme, mais nous avons énormément de commandes en cours, alors le travail ne manque pas.
C'est une bonne chose !

Certaines d'entre elles venaient désormais de l'étranger, conséquence de la réputation de Mancinia dans le métier, qui se reflétait sur la rigueur et la précision du travail de ses collègues.

Aucun retard, ni aucun problème ?
Non, tout est impeccable. Que les Aetheri remercient la Reine de l'ouverture des frontières et de notre facilité à concurrencer des Maisons comme Leipani ou Kaelaria.

Leipani. La Maison Joaillière dominant très largement le marché chez les Mages Blancs et qui voyait très clairement Mancinia comme une menace. Le Lux'Or était sa Maison Mère, au sein d'Utopia, mais la Sertisseuse envisageait d'ouvrir d'autres commerces, ce qui la mettait comme cible à abattre en premier sur la piste commerciale si ses ambitions se concrétisaient. Quant au Kaelaria, ils étaient des Joailliers Ondins impitoyables et exigeants, mais inatteignables dans les profondeurs abyssales. Là où elle pouvait causer du tort à leur entreprise, ce sera au niveau de sa future politique des prix. Si les bijoux restaient dans le domaine du luxe que l'on offrait couramment à la Noblesse, on s'en offrait plus rarement dans les classes moyennes, quant à la basse classe, elle était négligée, voire oubliée et c'est là où elle irait chercher ses prochains clients. Par ailleurs, que se passerait-il si elle s'unissait à Leipani ? ...

Comment se débrouille Lancinia ? demanda-t-elle avec curiosité.
Elle a tendance à me remémorer une certaine Sertisseuse à ses débuts.

Ce n'était guère étonnant, mais si elle parvenait à se hisser dans le milieu Joaillier tout comme son Originale, ce ne serait qu'un argument de poids.

Je ne doute pas qu'elle atteindra mon niveau, sourit Mancinia. Elle travaille avec une volonté inébranlable.
C'est certain. Elle avait une très bonne base au départ, mais peu de pratique, on voit qu'elle gagne en vitesse ... Tu veux que je l'appelle ?
Non, ne la dérange pas.

Mancinia détestait qu'on l'interrompe en plein travail, alors son double le devait probablement aussi.

J'ai besoin du bilan annuel que je t'ai demandé. Parvaneh le réclame à toutes les entreprises depuis sa reprise de la Cité. Je peux encore te laisser quelques jours, mais ...
Je l'ai terminé il y a une heure, tiens.
Quel efficacité, Jean, soupira-t-elle en riant.

Elle s'en voulait de lui mettre une telle pression, mais il était le gestionnaire de l'endroit en son absence, le trait d'union entre la tête dirigeante et les employés. Il prenait son travail très à coeur, surtout que le Lux'Or aurait dû lui revenir, mais les Favaro savaient que si leur commerce devait survivre, ce serait entre les mains d'un illustre personnage.

On a augmenté notre chiffre l'année dernière d'environ trois pour cent. On pourrait doubler ça cette année avec nos exportations ! Et si l'alliance avec les Orines se conclu et que nous avons une ristourne sur les pierres ... J'ai la tête qui tourne.
Ahahaha.
D'ailleurs, tu vas ouvrir un nouvel établissement ?
J'étudie encore la question, mais il sera probablement à Vervallé.
... Nous serions en concurrence avec la Joaillerie de Leipani située là-bas.
C'est exact. Néanmoins, avant de nous étendre, tu sais ce dont nous avons besoin.
Du personnel qualifié répondant à nos exigences, compléta-t-il. Ça te dirais de formé de nouveaux apprentis ?
... Non. Ils vont périr sous ma main. Je te les laisse.
Oh, tu serais bien surprise, Sertisseuse. Un jour, Mancinia a passé cette porte d'entrer et affronter le Diable en personne.
Qui traites-tu de diable ?!

Et une pantoufle vola.



Comme nous vous le disions, Marquise, notre situation économique n'a jamais été aussi bonne ces dernières années.
Merci de votre travail, Alan, comme toujours. Je suis encore désolée de vous faire déplacer.
Ce n'est rien, Marquise, dit-il en s'inclinant, souriant.

Alan avait réalisé un long trajet depuis le marquisat pour venir lui rendre les rapports demandé. Elle s'en voulait à chaque fois, oubliant l'utilité des Pontons du Lac Bleu sur ce point, de leur rapidité et du fait que pour le Majordome, ce n'était que trois heures de trajet. Elle qui voyageait sur des montures, ou à pieds, avait pourtant découvert le bonheur de la téléportation avec Neah. Son estomac avait du mal à supporter les premières fois, mais son corps s'était habitué à ces curieux transferts. Désormais, en l'absence de Neah, elle pouvait compter sur sa majestueuse alliée, Chartiana. Le Simurgh avait pris en poids et en taille, mais il n'était pas mauvais et s'amusait bien avec les autres animaux des environs. Elle était convaincue de la voir tenir une conversation avec Marguerite, paru étrangement depuis un oeuf, voire à Kamiya et Fran, voire encore le Bicorne sans nom de Neah. Ou alors, elle était tellement fatiguée que son esprit lui jouait de vilains tours. Se redressant et observant depuis la fenêtre son domaine, où l'on pouvait voir quelques épis qui débutaient leur ascension, un nouveau sourire naquit sur ses lèvres. Mancinia savait aussi que les paysans d'Haute-Terre avaient engrené des bénéfices. Comme sur le marquisat, ceux qui s'étaient mis à son service avait reçu un petit supplément pécuniaire à la hauteur de leur travail, pourtant, ses coffres débordaient d'argent. C'en était aussi génial que terrifiant.



Certains diraient que son attrait soudain pour ses richesses était toxique, ou que ses succès lui montaient à la tête, mais ils étaient loin de se douter des véritables raisons. En arrivant au milieu de l'après-midi au sein de l'établissement Construitoit, elle pouvait voir la Magie s'opérer avec admiration dans les alentours. Les murs qui se repoussaient, le toit qui s'agrandissait pour créer un second étage ... Les Anges ne souffraient pas de sa venue, heureusement. Son Ma'Ahid aurait fait s'effondrer le matériel qui se soulevait par lévitation sans le moindre effort. Curieux s'il en est, les employés travaillaient ... à l'agrandissement de leur propre entreprise. Des Katzuta et de leurs trois ouvriers, leur équipe était désormais composée d'une quinzaine de personnes. D'autres viendraient sûrement la compléter à l'avenir si les contrats se suivaient.

Mancinia !

Suna vint la serrer dans ses bras, avant même qu'elle ne se retourne pleinement, avant de la saluer à son tour et de prendre des nouvelles de la situation.

Tout devrait être prêt dans la semaine ! Je ne sais comment te remercier de ta gentillesse !
C'est moi qui vous remercie de me faire confiance, sourit-elle.

L'Ange eu une moue amusée devant sa modestie. Tout cela ... de l'emploi de nouveaux salariés, cet agrandissement et l'achat de matériaux plus conséquent à leur fournisseur habituel, il le lui devait. C'était elle qui finançait tout ceci. Et il n'y avait pas qu'investir dans l'entreprise de constructions de ses beaux-parents ...

J'ai vraiment toujours eu le désir de transmettre mon savoir et le fait que Neah vienne de temps en temps prendre des cours avec moi m'enchante véritablement ! ... Ça ne m'est pas assez !

Suna avait alors mis sur la table son désir de voir son Atelier devenir un lieu d'apprentissage. Les Anges comportaient de nombreux noms et étaient réputé dans le domaine du marbre, mais combien étaient-ils désormais ? Tout semblait s'être réellement perdu. Ils devaient se réapproprié cette réputation, pour leur bien.

Je suis heureuse de concevoir ce rêve du bout des doigts grâce à toi.
Cet Atelier va devenir encore plus animé !
Je donnerais mes premiers cours à trois anciens prisonniers dans moins d'un mois. J'ai hâte de les rencontrer !

Il restait du travail, mais, pas à pas, les Anges s'en sortiraient. Comme les Humains. Main dans la main, ils y arriveraient ensemble.

2407 mots


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Mancinia Leenhardt
Jeu 08 Avr 2021, 23:57


Illustration - Kittichai
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Comment se passe l'extension de l'atelier ?

Passant ses mains dans ses cheveux salis de plâtre et de poussière, Neah se retournait vers sa compagne. Il se sentait bien plus apte à soulever des charges lourdes à mains nues qu'avec sa Magie et ne manquait pas l'occasion de le réaliser malgré les regards et les souffles des autres travailleurs, partagé entre la stupéfaction et l'incompréhension. C'était l'un des patrons, après tout, autant ne rien dire. Cette session d'entraînement improvisé ne causait de tort à personne, si ce n'est les salissures qui auraient pu se coller sur une Mancinia empressée de lui voler un baiser. L'Humaine n'était pas idiote au point de mettre des étoffes précieuses là où elle était certaine de se salir. Ça ne ferait que les abîmer et donner plus de travail à ses subordonnés. Dans un état déplorable, l'Ange avait des traces blanches et grises sur le visage, mais cette allure bestiale arrachait un sourire amusé à sa fiancée.

Un bazar ... Un véritable bazar.

Mais sous la bruyance du travail des autres ouvriers et sous les regards curieux de l'Iskandar à droite et à gauche pour observer l'évolution progressive de l'endroit, les mains nouées dans le dos comme une petite fille qui promettait de ne toucher à rien, le Gardien devait admettre quelque chose ...

Comme tu le vois, les choses se présentent au mieux avec ton aide.
Que dis-tu, cette entreprise est dans la Famille, soupira-t-elle en riant. Ta mère m'a même dit vouloir transmettre son art à nos enfants dès qu'ils atteindront l'âge de raison !
Je crois que c'est moi le responsable de cette soudaine lubie ...

Ses lèvres étaient pincées, comme un coupable qui admettait un crime.

... En lui disant que ça m'intéressait vraiment de transmettre, moi aussi, tout mon savoir.
Oh, mais si un de nos enfants le veut, tu sais bien que ça me va ! répliqua-t-elle avec une tape sur l'épaule. Après tout, ils auront une grand-mère de talent et un père plein de surprises !
Je parlais de l'Armée.

Sous le regard arrondi de sa partenaire, il se retenait de rire. Contrairement à elle, qui apprenait encore dans le domaine médical et n'enseignait pas en Joaillerie, pas encore, du moins, Neah se trouvait être Capitaine depuis plusieurs années. Il avait eu de nombreuses Recrues dans sa carrière, autant que de collègues et d'Instructeurs. Il avait eu ses premières années, mais c'était désormais lui qui commandait. Si son métier avait des aspects déplaisants, durs, voire atroces, cela n'enlevait rien à sa volonté d'être le meilleur et de transmettre tout ce dont ses subordonnés avait besoin pour survivre. Il n'y avait rien de plus gratifiant que de les voir réussir. Un sentiment d'accomplissement, ou d'être utile dans un monde qui semblait vriller. Qu'il était heureux de voir des Enfants de Réprouvés devenir de vrais Anges. Fiekce était sa dernière réussite, en la matière et, curieusement, Mancinia l'avait aidé sur quelques points. Ils n'étaient pas tous perdus.

Je transmets mon savoir à mes subordonnés et c'est quelque chose qui me plaît beaucoup ... alors, je disais qu'on avait ça dans le sang, dans la Famille.

Un léger silence s'ensuivit, mais un sourire ne cessait de barrer le visage de sa Protégée.

Qu'est-ce qu'il y a ?
Vous êtes incroyable, Capitaine Katzuta.
Aaaah, soupira-t-il. Vos flatteries ne conduiront nulle part Matasif Leenhardt, d'autant plus lorsque je suis dans un état aussi déplorable.

Elle lui donnait un léger coup de coude sur le bras, accompagné d'un air innocent.

J'aime bien, moi.



Vous allez bien, Père ?

Mitsuya venait de relâcher un soupir si long et si profond qu'il en avait surpris son fils. Neah venait d'entrer dans leur nouveau bureau de travail, un cadre plus propre et professionnel que le comptoir de la boutique, avec trois caisses compilées les unes sur les autres, contenant les dossiers en cours et qu'il valait mieux ne pas abîmer. L'Ange n'avait pas entendu l'arrivée de son unique enfant, qui était la discrétion assuré et ne manquait jamais de le surprendre au dernier moment. Les années avaient beau passées, lui et Suna étaient loin d'être habitué à son attitude calme et discrète, mais sa présence rayonnait tout de même lorsqu'on en prenait conscience. L'Architecte sourit.

Oui, ne t'inquiète pas. Je suis simplement ... soulagé, peut-être ? Grace à Mancinia, les choses vont s'améliorer pour l'entreprise.

Il mesurait la chance d'avoir une bru aussi investie dans la vie de leur Famille, surtout qu'elle n'avait pas agi avec pitié à leur encontre, mais avec un projet cohérent et commercial, exactement comme les époux Katzuta aimait. Mancinia était loin de pratiqué la Charité, elle comprenait la nécessité du développement des entreprises des Ailes Blanches, qui allaient être en expansion à l'avenir et serait sans aucun doute une des heureuses bénéficiaires, pour autant, elle agissait réellement dans l'intérêt de toutes les parties.

Nous avons fait du chemin ... Ça a vraiment été difficile de reprendre depuis le début ...

Neah s'était arrêté dans sa manoeuvre de déplacement de l'outillage et de réorganisation, son regard dans le vide un instant, avant de se retourner vers son paternel. Oui, ça avait été dur de reprendre une activité après le Czírnúma, pour lui, comme pour eux. Se perdre dans le travail était un moyen d'oublier la douleur, de la mettre de côté et d'avancer. Son Père était parvenu à rétablir une certaine situation et ils avaient réussis à tenir la tête hors de l'eau bien mieux que d'autres ... Et pourtant.

Si vous étiez si inquiet de la situation, vous auriez dû m'en parler.
Tu en fais assez, Neah. Tu as ta propre vie à mener et ton propre travail à accomplir.
Je tiens tout de même à l'entreprise.
Je le sais. Tu nous aides au quotidien et tu réalises le rêve de ta mère d'apprendre la marbrerie.
Ah bon ? rit-il.

Il y eu un silence, mélangeant curieusement la gêne et les non-dits. Le Capitaine en avait bien conscience, plus que quiconque. Avait-il négligé ses parents, ces dernières années ? Entre l'époque trouble de la perte de Mancinia, son engagement militaire de plus en plus prenant et ... La Terre Blanche. Cette étape l'avait conduit à revoir ses priorités. Mancinia l'avait conduite à se retourner vers sa Famille, toujours présente, là où des milliers d'autres étaient dévastées à jamais.

Fils.
Oui ?
Quand est-ce que vous allez vous marier ?

Cette question soudaine surprit Neah, l'interrompant dans sa démarche de venir près de lui, alors que Mitsuya croisait ses mains sur sa poitrine.

Ta mère et moi sommes curieux. Vous vous aimez terriblement, c'est un fait. Et tu lui as demandé sa main depuis trois ans ... quelque chose vous retient ?
Nous voulons construire une ville.

Cette déclaration, aussi sérieuse qu'inattendue, laissait un moment le temps suspendu.

Une Cité qui serait une union de nos deux races, même en appartenant aux Humains, elle serait dédiée aux personnes comme nous.

Aux Paires, aux Amoureux. À ceux qui ne voulaient pas se séparer et progresser main dans la main.

Cet idéal est devenu nécessaire après tout ce qu'il s'est passé et je voulais aussi ...

C'était dur de le demander, alors il choisit le silence. Mitsuya le vit, mais le rassurait.

Tu peux parler sans crainte, sourit-il.
Mithra, Rakhshan, Emelyn, Ihsan, Idril et Sif.

C'était le nom de ses enfants, de ceux que Mancinia avait adopté, mais qu'il considérait comme les siens.

Lorsque Mancinia et moi serons mariés ... J'ai l'intention de les prendre à mon nom.

Ses intentions étaient claires.

Oh, Neah ...

C'était un acte d'amour sincère à l'encontre de ces petits êtres sans la moindre Famille, comment Mitsuya aurait-il pu être contre que ces derniers portent le nom de sa lignée ?

Si c'est ce que tu voulais ... Tu as mon accord. Ce sont des enfants merveilleux. Avec toi et Mancinia comme parents, ils seront certainement heureux.

Il mit la main sur l'épaule de son fils. Ce geste, plus que tout le reste, le rendait heureux.

Et se sont nos petits-enfants aussi.

1343 mots


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Lexa Blaise
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Sam 10 Avr 2021, 22:23


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« Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas retourner à Extalia. » Je regarde Meredith attentivement avec un air désespéré. « Tu le sais bien, je me suis faite bannir devant toute notre famille … Cette marque le prouve ! » Je lui montre la marque en forme de losange à l’intérieur de mon poignet gauche. Je la laisse regarder un instant la marque des bannis avant de m’affaler de nouveau dans mon fauteuil. « Je vais te dire ce que je pense moi ! » Elle débarrasse son poignet gauche des bracelets qu’elle porte, pour ensuite me le montrer. « Regarde ! » Je me redresse pour poser des yeux attentifs sur son poignet. Je suis stupéfaite d’apercevoir la même marque que la mienne, exactement au même endroit. « Mais comment ? » Je n’arrive même plus à parler tellement que cela me choque. « Je l’ai depuis que je me suis réveillée en tant qu’ange. » Je ne comprends toujours pas. « Je pense que cette marque montre juste que l’on fait toujours partie de notre famille, juste que l’on a une essence différente de la leur. Que l’on a cette marque juste parce que l’on est des Blaise non Lyrienns. » Je regarde la marque des bannis en reproduisant son contour avec mon doigt. Je me souviens d’avoir eu cette réflexion là, mais je la trouvais tellement insensée la première fois que je l’ai vite abandonnée. « Tu feras attention la prochaine fois au poignet d’Irysïa, elle a aussi le losange alors que cela fait depuis de nombreuses générations que sa branche sont des humains, au moins dix je dirais ! Et elle a toujours la marque. » Je souffle un bon coup pour me remettre les idées en place. Je décide de me lever pour sortir dehors, divaguer dans les rues d’Alaitihad, pour couper court à la discussion.

Depuis que je suis une apprentie danseuse, depuis que je suis devenue une danseuse du pardon, j'apprécie de plus en plus m’habiller avec une longue jupe bien colorée avec une chemise blanche et un corset assorti avec le bas. Cependant, lors de la Danse du Pardon, enfin quand je suis sortie de la transe, j’ai retrouvé mon corps recouvert d'ecchymoses, ma cheville gauche très enflée et de micros fractures au niveau des tibias. Je n’ai pas pu bouger de mon lit pendant au moins une vingtaine de jours. Heureusement que mon ange gardien, enfin ma soeur Meredith était là pour prendre soin de moi. Vous allez me dire que depuis le temps je suis parfaitement rétablie, sauf que non. J’ai voulu me remettre à la danse trop tôt et ça a ralenti la guérison de certaines blessures. Tout ce que j’ai gagné c’est un temps de repos obligatoire multiplié par deux … Un mal pour un bien en quelque sorte puisque je ne vadrouille plus à droite à gauche avec toujours mille choses à faire. J’ai pu prendre le temps de me recentrer sur moi, de visiter Alaitihad pour en connaître les moindre recoins et non pas juste le trajet entre chez moi, la caserne et le port. J’ai pu prendre le temps de me faire une place au sein des humains et ne plus avoir la sensation d’être une étrangère. Je me sens en harmonie avec eux maintenant, chose que je pensais impossible lors de mes premiers pas chez eux.

Dans toute la cité d’Alaitihad, j’affectionne tout particulièrement la place du marché. C’est ici que j’ai revu ma soeur Meredith pour la première fois depuis sa mort, mais également où j’ai pu faire la connaissance de la branche Blaise-Linn’Aster, la partie humaine de ma famille comme l’avait souligné mon ange gardien tout à l’heure. D’ailleurs, c’est Irysïa qui m’a proposé de l’aider à tenir son commerce d’encens, de bougies et autres ustensiles de cérémonie. Au début, j’étais un peu sceptique, mais elle m’a convaincue avec un argument très convaincant, que cela me permettrait d’être encore plus proche des humains et tisser de nouveaux liens encore plus étroits avec eux. « Sabah Rysi ! » saluais-je ma cousine en la rejoignant à son stand. « Sabah ! » Je l'enlace dans mes bras, heureuse de ne plus avoir cette barrière qui m’empêchait d’être moi-même, qui m’empêchait de vivre. « Tu es prête pour cette nouvelle journée ? » Un rictus s’échappe de ma bouche. « Bien sûr ! Quelle question ! »

Plusieurs clients sont venus pour acheter de l’encens et des bougies parfumées. Plusieurs d’entre eux m’ont reconnu. Soit il m’appelle Muais Alaitihad, vu que je fais partie des pionniers de la fondation de la cité. Soit c’est Del Haftavân, vu que je suis une élue d’Hel’Dra et on pouvait facilement le savoir vu que je porte en permanence le bracelet prouvant cette identité là. Parfois on m’appelle aussi Isemssith Lexa, parce que j’ai représenté les humains lors de l’épreuve des Lyrienns de la Coupe des Nations. Et plus récemment, on me nomme Devâdary dā Sipāhī, puisque je suis maintenant une Danseuse du Pardon. Bref ! Tout cela pour dire que je commence à avoir une certaine notoriété au sein des Humains et cela me rend heureuse. Je deviens enfin quelqu’un.
« Sabah Alkhyr » souhaitais-je au dernier client. Épuisée, je me retourne vers ma sœur et ma cousine avant de m’asseoir sur l’un des sièges. Je me masse les jambes pour tenter d'atténuer la douleur. « Tu as toujours mal ? » me demande Meredith, inquiète. « Oui toujours, mais ça va aller ne t’inquiète pas. Cette fois je ne vais pas faire la même erreur que la dernière fois. » Je pose mon regard sur Irysïa. « Tu peux prendre le relais pour servir les clients ? » Heureuse de pouvoir apporter son aide, elle se lève immédiatement et part servir un client qui vient juste d’arriver.

Pendant ma pose, je repense à ce qu’elle m’a dit Meredith, au sujet de la marque et de notre statut au sein de notre famille. Peut être qu’elle a raison après tout, peut être que l’on fait toujours partie des Blaise. Cela fait naître un besoin en moi, un besoin d’aller encore plus loin dans mes relations avec mon peuple. Peut-être que je pourrais faire le lien entre les Lyrienns et les Humains, de pouvoir commercer avec eux à travers mon nouveau métier de commerçante.

Une fois la journée terminée, avec Meredith et Isyrïa nous sommes allées sur la grande place où a eu lieu la Danse du Pardon. J’admire le soleil descendre sur l’horizon et laisser place à de merveilleuses couleurs crépusculaires. Sous ce magnifique décor, je n’ai pu m’empêcher de prononcer mes idées à voix haute. « Dites les filles … Et si on essayait de renouer les liens avec notre famille ? La partie Lyrienne … » Meredith me fixe d’un air enjouée et Irysïa, quant-à-elle, est plus sur la réserve et cela se confirme lorsqu’elle se met à poser des questions. « Comment comptes-tu t’y prendre ? Ce n’est pas risqué ? Et si tu te prends encore la porte ? … » Un long soupir sort de ma bouche. « Tu as raison … mais j’ai envie d’avancer ! Je ne peux plus rester dans le passé, dans la peur de notre famille ! Et comme l’a dit Meredith … » J’expose ma marque en forme de losange pour appuyer mes propos. « ... Cette marque n’est pas le signe d’un bannissement définitif ! Mais plutôt comme étant la preuve que l’on fait toujours partie des Blaise ! Que l’on a toujours notre place au sein de notre famille ! » Ma soeur est visiblement très heureuse de me voir m’affirmer de plus en plus. Mais ma cousine est encore sur la défensive. « Ok, mais comment comptes-tu t’y prendre ? » Je me lève, faisant les cent pas pour mieux réfléchir.

Mes pensées ont mis un certain temps à se coordonner, mais maintenant mon plan est fait ! « Je sais ! On ne va pas directement se présenter à eux avec un simple Bonjour, nous sommes des Blaise regardez la marque ! … Non c’est une mauvaise idée. Je pense qu’il faut que l’on montre que l’on est devenu quelqu’un. » “Mais tu es déjà quelqu’un, en plus tu as participé à l’épreuve des Lyrienns ! »[/color] « Oui, mais ce n’est pas assez. Je pense que l’on doit jouer dans la diplomatie et la subtilité ! » lançais-je. « Je vois où tu veux en venir annonça Meredith toute confiante. « En gros tu voudrais que l’on commerce avec eux ! » « Oui ! Tout à fait ! Mais pour cela, il va d’abord falloir agrandir notre commerce, s’investir à fond dedans pour être un pilier fondamental du commerce de la Cité ! » Irysïa commence à mieux comprendre. « Et donc pouvoir susciter l’intérêt de nos Souverains pour, quand on voudra leur faire part de notre idée de commerce avec les Lyrienns que l’on puisse avoir un atout de notre côté ! » Au fur et à mesure que les idées fusent, je deviens de plus en plus enthousiaste. « Oui ! Et on pourra même mettre en avant notre lien de parenté avec les Blaise Lyrienns ! » Meredith ajoute une autre idée pertinente. « Comme cela on pourra carrément proposer une alliance entre les deux peuples ! » Un large sourire se dessine sur le visage d’Irysïa. « Et toi Lexa tu pourrais même te présenter en tant qu'ambassadrice des humains à Extalia et même à Aeden ! » Je retourne poser mon postérieur sur la petite muraille où les filles sont assises. Je n’en reviens pas qu’une simple petite idée de renouer avec notre généalogie puisse aller jusqu’à développer davantage notre commerce, puis proposer des échanges économiques entre les Humains et Lyrienns, et terminer sur une alliance et que j’en sois l’ambassadrice. Cela serait tellement énorme si j’en arrive à ce niveau là ! Mais cela prendra beaucoup de temps et il y a de fortes probabilités que je ne devienne jamais ambassadrice, mais comme on dit qui ne tente rien n’a rien ! Je me relève en demandant. « Alors ? Qui est partante ? » Sans hésitation, ma sœur et ma cousine se levèrent d’un coup. « Bien sûr ! » « Quelle question ! »

On se dirige vers ma modeste maison pour que l’on puisse travailler sur notre nouveau projet, assez démesuré je dois dire, mais qui me tient à cœur. « Bon, il va falloir que l’on trouve un commerce plus grand pour que l’on puisse proposer davantage de produits, mais également produire nos propres encens et bougies ! » « On pourrait également entrer en contacte avec la Sertisseuse pour savoir si elle souhaite travailler avec nous, voire si elle souhaite qu’on s’occupe de la vente de ses créations. » propose Irysïa. « Mieux vaut que l’on s’occupe déjà de notre production avant de s’occuper de celles des autres, même si elle est très réputée et qu’elle pourrait nous faire monter rapidement en notoriété … mais je préférerai que l’on arrive à se faire un nom seules. » C’est la meilleure des façons, je pense, pour se faire une place pérenne et ne dépendre de personnes, surtout si on projette de commercer avec les Lyrienns.

Arrivée chez moi, je me déshabille avant de faire un brin de toilette et enfin m’allonger dans mon lit. Toutes les idées continuaient de virevolter dans ma tête. Il y a tellement de choses à faire, de choses à penser que je ne sais pas si cela sera réalisable ou non. Quoi qu’il en soit, c’est un véritable défi que l’on s’est lancé !
Mes pensées commencent à s’évanouir de fatigue, ce qui est normal avec la journée riche en émotions que je viens de passer. Il sera plus facile pour moi demain de tout mettre au clair et d’avoir l’esprit plus reposé. Après tout, la nuit porte conseil !

Inconsciemment j’ai hâte d’avoir une grande renommée et de pouvoir me présenter devant ma famille, à Extalia, leur montrer que je suis devenue quelqu’un malgré l’absence de magie en moi, enfin de Kan’Ghar c’est ainsi que l’on nomme la magie chez les humains. Je suis fière de la personne que je suis devenue et j’ai hâte de connaître la Moi du futur. Je sais qu’elle sera bien différente de celle que je suis aujourd’hui. Je la pense bien plus charismatique, bien plus puissante, bien plus assurée, surtout avec beaucoup de responsabilité. Est-ce que je serais cette personne ? Je ne sais pas … Seul le temps nous le dira !



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