« Ces impertinents ont réellement cru pouvoir prendre le phare abandonné ! Quelle blague ! J'ai moi-même mis des jours avant de pouvoir le visiter dans son entièreté. Ils ont pensé, bien que le mot soit grand, qu'ils pouvaient attaquer ma nation de la sorte ? En entrant dans un phare en suivant de stupides rumeurs sur ma prétendue culpabilité ? ». Ma voix avait claqué au beau milieu du temple de Drejtësi, la déesse n'étant pas là ou, du moins, pas encore. Elle ne pouvait être nulle part ailleurs, mes informateurs étant formels. Et, quand on avait tous les morts de ces terres qui « travaillaient » à son service, on ne pouvait que difficilement ne pas leur faire confiance. Aussi, puisque Mitsuko n'était pas en territoire mortel, elle était forcément dans un lieu de culte, duquel elle entendrait mon appel parmi des milliers d'autres, probablement. Mais je savais que j'étais spécial, je savais qu'elle attendait quelque chose de particulier de moi, comme les esprits du temple visiblement. En réalité, j'avais l'impression qu'ils construisaient mon Destin tout comme une araignée aurait minutieusement tissé sa toile, prenant les insectes sans aucune difficulté. La question restait de savoir si j'étais un insecte ou non, si ce qu'ils me préparaient me serait profitable ou pas.

Un léger courant d'air m'apprit que la femme que j'attendais venait d'apparaître, l'une de ses mains frôlant mon dos avant que l'Æther se retrouve devant moi. Elle m'observa un instant avant qu'un fin sourire ne vienne magnifier ses traits. « Eh bien, je vois que, malgré ta révolte quant aux faits de certains, tu as su parfaitement tirer avantage de la situation. Quoi demander de plus, Jun ? Après tout, certaines cités ont connu bien plus de dégâts que ton phare. Et puis, ce n'est pas comme si les chamans y vivaient depuis des siècles. ». Elle se moquait légèrement de la situation dans laquelle je me trouvais, me faisant comprendre par là que mon irritation n'avait guère lieu d'être. Elle avait raison. En ces temps, n'importe qui pouvait se faire accuser de crime contre l'humanité au moindre faux pas. Il était évident qu'en observant mon passif, je faisais un coupable idéal, même si, pour une fois, je n'y étais pour rien. Mon regard fixa la déesse un instant avant que l'une de mes mains vienne se poser sur sa joue. Me rapprochant, je lui souris, un brin moqueur moi-aussi. « Je crois que tu t'es bien amusée au conseil des grands, non ? J'espère t'avoir diverti plus que les autres, bien que tu aies semblé plus encline à parler avec ce déchu qu'avec moi. ». Elle rit. « Allons mon cher, ce n'est pas comme si je ne connaissais pas chaque bribe de ton esprit et de tes intentions. Cet homme me semble intéressant. Son avenir est grand. ». Elle marqua une pause, posant à son tour l'une de ses mains sur ma joue. « Certes, pas aussi grand que le tien dans l'immédiat mais... il faut bien que je me fasse des amis. ». « Des amis. ». Ce fut à mon tour de rire. Cette femme était infernale. Je savais parfaitement que son cœur ne supporterait pas l'amitié. Non, il n'y avait qu'une forme de respect qu'elle entretenait envers certains individus, mais ce respect était aussi fragile que les intérêts qu'elle pouvait obtenir, intérêts matériels ou simple contentement personnel. « Et comment se porte ton cher époux ? ». Elle se recula, finissant par annoncer simplement : « Oh je suppose qu'il se porte comme un charme. Mais parlons plutôt de ce qui t'amène ici, cela me semble bien plus intéressant. ». Néanmoins, je posais une autre question, m'amusant de la situation comme elle avait pu le faire quelques minutes plus tôt. « Toujours aucune nouvelle de mon jumeau ? ». « Ton jumeau? Crois-moi Jun, il n'y a que toi pour croire que vous vous ressemblez comme deux goûtes d'eau. ». « J'oubliais que tu es devenue experte pour nous différencier... ». C'était une boutade car, après tout, elle nous avait confondu en haut du rocher au clair de lune. Pourtant, il sembla que cela ne demeure guère à mon avantage. Elle s'approcha de nouveau, collant presque son corps au mien pour me souffler doucement. « Oh oui, il est vrai que je sais différencier un homme qui a su créer en ma compagnie mille merveilles idylliques d'un homme qui a souhaité me faire vivre le pire cauchemar. »

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Je restai un instant à la regarder avant de l'enlacer. « Je me demande, dans ce cas, ce que tu fais encore à tourner autour de moi. Serais-tu éprise plus que tu ne saurais l'avouer ? ». Mon sourire devint amusé alors qu'elle répondait : « Oh, est-ce une question à poser de la sorte ? ». Elle rit, puis remonta son regard vers le mien, un air effrayant illustré sur ses traits, sa voix beaucoup plus basse et chaude qu'à l'accoutumé, presque envoûtante : « En réalité, je me prend pour un vautour, attendant patiemment que la mort vienne te chercher pour me délecter du spectacle. ». Je ne savais pas encore à quel point ses paroles étaient véridiques. Peut-être était-ce cela la force de cette femme ? Avoir la faculté de dire des vérités de façon à ce que notre esprit ne puisse pourtant pas les envisager comme vraies. En attendant, et contrairement à ce qu'il se passait la plupart du temps quand nous nous rencontrions, se fut moi qui me soustrais à son étreinte. Elle finit par me murmurer. « Ta malédiction étant brisée à jamais, je ne devrais plus avoir autant d'effets sur ta personne. ». Je ris. « Je suis un homme, tu es une déesse, les faits parlent d'eux-mêmes. Néanmoins, au cas où tu ne le saurai pas, je suis marié. ». « Oui, c'est amusant n'est-ce pas ? ». Cela dit, d'ici quelques temps, nous serions de nouveau sur un même pied d'égalité, chose que je ne savais pas mais qu'elle n'ignorait guère. « Et oui, j'ai assisté à ton jeu d'acteur au conseil des Grands. C'était très... distrayant. Et puis,  à présent que ta première femme n'est plus de ce monde, tu n'as plus à t'inquiéter de tes tendances polygames. ». Elle rit avant de me tourner le dos, faisant quelque pas dans l'enceinte de son temple avant de me faire de nouveau face. « Mais cesse de bavardages. Explique-moi pourquoi tu es ici ». Oui, il fallait que je lui en parle. Je ne pouvais plus garder pour moi les impressions que j'avais sur ce qu'il se passait autour de moi, sur son comportement, celui des esprits du temple, celui du monde entier. Car, certes, j'avais été enfermé dans un monde de cauchemars par Naram pour ce qui m'avait paru être un ou deux siècles, mais la sentence, bien que terrible, n'avait eu aucun impact véritable sur la réalité de ce monde. Les êtres des terres du Yin et du Yang croyaient encore que je n'avais reçu aucun châtiment. Si j'avais été Orion ou bien Delix, je serai mort depuis longtemps. Or, depuis que j'avais remarqué cela, j'avais tendance à jouer avec le feu, à provoquer la mort sans que jamais celle-ci ne semble vouloir me rendre visite. J'étais même certain qu'en défiant les Ætheri les choses ne changeraient pas. « Lors du conseil des chefs, Edwina m'a pétrifié. J'aurai sans doute dû en mourir puisque cette femme possède une magie impressionnante, mais au lieu de cela, je l'ai vu... lui. Plus précisément, je me suis vu, comme j'aurai pu admirer mon reflet dans un miroir. Au début, j'ai pensé qu'il s'agissait de Naram mais, comme tu l'as si bien dit, nous ne sommes pas si identique que cela, notre essence est différente, nos pensées sont différentes. ». Et puis, là n'était pas la question, j'étais certain que cet homme n'était autre que moi. Aussi, je finis par poser ma question. « Qui est-il ? ».

Le rire de Mitsuko m'apprit qu'elle n'avait pas perdu ses mauvaises habitudes. Elle ne me répondrait pas directement. La jeune femme devait juger que l'information était trop capitale pour que je puisse l'obtenir sans me fatiguer. Le soucis c'est que, fatigué, je l'étais. Elle me demanda : « Ainsi donc, les calculs hantent ton esprit au point que tu ne puisses plus en dormir ? Allons Jun, tu sais comme moi que certains mystères ne peuvent être résolus avant un certain moment. Et celui-ci le sera très bientôt, je te le garantis. ». Elle resta silencieuse un moment, songeant probablement au meilleur moyen de me faire découvrir ce que je cherchais à savoir. « Bien. Je ne peux te répondre mais si tu veux entrevoir la vérité, sache qu'en ce moment même, des hommes et des femmes prévoient d'attaquer le Royaume des Abîmes. Je dois m'y rendre pour certaines raisons mais tu ferais bien de le faire également, d'autant plus que tu y trouveras des informations capitales... ».« Qu'attends-tu de moi ? ».« Simplement que tu m'emmènes là bas. Nos chemins se sépareront une fois sur place. Toi tu lutteras contre les envahisseurs et moi je vaquerai à mes occupations. Marché conclu ? ».

Y avait-il seulement une possibilité de refuser ?

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L'Antre des Damnés avait toujours eu ce petit côté familier dans mon esprit. Il faut dire que j'y avais passé une grande partie de mon existence, du moins, de ce que je me rappelais. De nouveau réuni dans le lieu de tous les maléfices, je trouvais l'instant des plus intéressants, fixant Mitsuko, comprenant ce que cette femme avait réussi à faire. « Cela te surprend réellement ? ». Oh oui, j'étais des plus surpris, agréablement surpris pour tout dire. Rapidement, je me saisis des poignets de cette dernière, la forçant à demeurer immobile alors que je glissais ses mains derrière son dos, me collant à elle. Elle était si frêle, c'était d'un plaisant presque malsain. « Et puis-je savoir quelle est donc ton essence ? ». Malgré la situation, elle ne cessait de sourire. « Il me semble appartenir au même peuple que ta très chère amie, la même qui est à l'origine de ta décision de te marier. ». De plus en plus palpitant. Aussi, à présent mortelle, elle me semblait bien plus attirante, comme si, jusqu'ici, elle avait usé d'artifices divins pour me repousser. Je doutais. « Es-tu sûre que ma malédiction est brisée ? ». Elle rit. « Voyons Jun, ce n'est pas parce que tu me désires que cela veut dire que tu m'aimes autant que par le passé. ». Elle me cachait quelque chose et son état ne mit pas longtemps à m'être révélé. Je la lâchais, la bousculant légèrement. « Ne joues pas avec mes sentiments, Mitsuko. ». « Et pourquoi pas ? Je trouve ça très... excitant de te voir perdu dans des interrogations diverses et variées. ». Violemment, je finis par revenir vers elle, agrippant ses cheveux pour l'amener à moi. J'étais furieux. « Ne joue pas avec le feu... ». « Allons allons. Tu es peut-être d'une force physique supérieure à la mienne, mon cher, mais tes avantages s'arrêtent là. ». C'était étrange mais je me vis l'embrasser, comme s'il n'y avait plus que cette seule idée qui hantait mon esprit, comme si ce qu'elle voulait que je fasse, j'allais le faire sans broncher. « Je sais que tu en rêves... ».

♦

Je n'en revenais toujours pas. C'était... Elle était réellement infernale ! Debout au milieu de l'Antre des Damnés, j'étais à présent seul, la jeune femme m'ayant expliqué qu'elle avait quelqu'un de particulier à rencontrer sans que je ne puisse en savoir plus. Je n'avais pas chercher à comprendre le reste même si je n'arrêtais pas d'y penser. Elle avait osé. Passant mes mains sur mon visage, je finis par fermer les yeux quelques temps, afin de me plonger dans ma mission. Il n'y avait qu'à cette dernière que je devais songer. Aussi, usant de la vision des probabilités, je ne tardai pas à savoir qu'ils arriveraient bientôt. Les pauvres. S'ils savaient.

Néanmoins, alors que le premier homme me devenait visible, sorti de la brume comme les autres ne tardèrent pas à le faire, je pris conscience de la présence d'une forme des plus hideuses et horribles à mes côtés. Un seul regard sur la silhouette de l'inconnu me fit frisonner, d'autant plus lorsque je l'entendis fredonner le Requiem. Néanmoins, même si cela était d'une certaine logique qu'il commence par le morceau du gardien du rêve, cela attira mon attention. Je l'avais été jadis, celui que l'on nommait Kyrie, celui qui hantait les songes afin de provoquer la mort de la cible dans ces derniers. Ce chant semblait m'être dédié, même si j'étais très loin d'être fou. J'avais été ombre, certes, mais, à présent, je répondais exactement aux mêmes principes que les autres mortels. Autrement dit, si j'écoutais trop longtemps le Requiem, j'allais mourir. A moins que... Je finis par sourire. Non. Je sentais qu'il n'était pas l'heure de faire quoi que ce soit pour mettre ma vie en danger. Je préférai admirer ce qu'il se passerait d'ici quelques temps, quitte à ne jamais avoir confirmation de ce que j'avais avancé quelques instants plus tôt à Mitsuko. Aussi, afin de profiter au maximum du chant et de la scène, je mutai en esprit, mon corps disparaissant dans la brume de l'Antre des Damnés, devenant invisible aux yeux du monde. Les Ombres, les Chamans et les personnes possédant des dons spéciaux étaient les seuls à pouvoir encore me voir.

L'étrange forme continua de chanter, plus fortement et, en chœur, je l'accompagnais, fredonnant l'air que je connaissais à la perfection sans qu'aucun vivant ne puisse m'entendre. La scène était si parfaite, les corps tombant au fur et à mesure que nous les bercions dans une douce complainte. La mort était fascinante, merveilleuse. Les cadavres semblaient paisibles, autant que mon visage était serein. Puis, une fois qu'ils furent tous à terre, que le Royaume des Abîmes ne connaissait plus aucune menace, si tant est qu'il en ait un jour connu une, nous continuâmes à chanter, sans doute pour notre plus grand plaisir. Ce chant était un chant de puissance, une musique qui emportait au delà du prestige que pouvait offrir une couronne. Oui, j'étais roi, mais à ce moment précis, je me sentais bien plus que cela. Je le savais, comme une évidence, mon Destin était bien plus grand.

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Plusieurs minutes plus tard, le Requiem cessa. Je tournai alors les yeux vers la forme affreuse. En tant qu'esprit, je ne ressentais plus aussi nettement son influence. Mais, après tout, le monde des morts était différent de celui des vivants. Les sentiments étaient moindres à cause de l'impossibilité d'agir sur le dernier. Néanmoins, cela ne les excluait pas pour autant. Je repris cependant ma véritable apparence, faisant à présent face à celui qui m'apparaissait telle une ombre effrayante, une ombre à laquelle on ne pouvait fuir, jamais. Et puis, je sentis cette sensation étrange naître en moi, cette sensation de déjà vu. Je l'avais déjà rencontré par le passé... mais où ?

Et, alors que je m'interrogeais, un rire se fit entendre, son rire, celui-là même que j'avais déjà entendu auparavant, celui-là même qui avait retenti lorsque, au temple des esprits, l'Ultimage m'avait changé en statue. Le paysage autour de nous s'assombrit, chose que je n'aurai guère pu croire possible. Néanmoins, je sus à cet instant que l'homme qui se trouvait à mes côtés était d'une puissance qui défiait tout ce que je pouvais envisager, une puissance semblable, sans doute, à celle des esprits du temple. Et alors que mon regard se perdait dans la contemplation de sa silhouette chimérique, cette dernière muta pour prendre mes traits, mes exacts traits, ceux là même que j'avais pu contempler de mon regard de pierre quelques temps plus tôt. Le temps sembla s'arrêter et le paysage défila devant mes yeux pour me propulser dans un scène de mon passé, une scène que j'avais vécu, certes, mais d'une façon toute différente de sa réalité propre. J'allais prendre conscience de la vérité, j'allais la faire mienne comme jamais auparavant. Cette scène était celle de l'enterrement d'Haruki, le fils que j'avais eu avec Mitsuko, ce fils qu'elle avait façonné de toutes pièces avec mon adn et qui, malheureusement, avait connu la mort. Seulement, ce même enfant, mien, était par la suite revenu du futur sans qu'aucune explication ne me soit confiée sur ce mystère, celui de sa nouvelle vie. Peut-être avais-je cru un instant en une erreur des Ombres, en une réincarnation étrange, mais, finalement, j'allais, enfin, savoir.

Devant mes yeux, je vis Mitsuko, en deuil. Elle me semblait bien plus fragile qu'à l'époque des événements. Je pouvais m'observer, moi-aussi, présent, la haïssant pour ne pas avoir sauvé notre enfant, la haïssant pour son incompétence à être une bonne mère ou, du moins, à protéger ceux qui faisaient à présent partie de la famille Taiji. Ces enfants, je les avais vu grandir, les surveillant jour après jour alors qu'elle s'élevait, atteignant le statut de divin. Alors qu'elle illuminait le monde, j'avais sombré, dans un amour trop grand, mu par une malédiction que je ne pouvais contrôler. Pourtant, quand je l'entendis parler, ordonnant que l'on fige les invités afin que le Requiem soit joué, je compris. Ce jour là, j'avais été trop idiot, trop naïf. Car la jeune femme avait eu une idée qui jamais n'aurait pu me traverser l'esprit. Là, parmi la foule, la même silhouette que celle de l'Antre des Damnés apparut, faisant face à la déesse de la justice. Moi, invoqué par le Requiem. Mais je n'étais pas une ombre, non, j'étais un Æther. Ainsi donc était-ce cela le secret, ce fameux Destin qui m'empêchait de sombrer dans la mort la plus totale. J'étais l'Æther de la mort... Non. Je serai l'Æther de la mort. Mitsuko le savait... depuis tout ce temps. Elle l'avait toujours su... Traîtresse. Aussi, je me remémorai ses mots, ceux qu'elle avait prononcé quelques instants plus tôt : « En réalité, je me prend pour un vautour, attendant patiemment que la mort vienne te chercher pour me délecter du spectacle. ». Tout me semblait logique, infiniment logique. Bien sûr, j'étais très loin de me douter que des éléments de mon passé m'échappaient encore, des éléments capitaux. Pourtant, je comprenais mieux certaines choses. Cet enfant qui me suivait, ma transformation en Ombre, ma transformation en chaman, des centaines d'actions guidées par les soins de Mitsuko et des autres Ætheri. Là était leur but, me guider dans les pas qu'avait emprunté l'homme qui se trouvait à mes côtés, afin que le futur ne change pas, afin que je refasse exactement les mêmes actions. Tout était écrit. Peu à peu, un sentiment étrange s'installa dans ma poitrine, comme si j'étais le plus insignifiant des êtres. Ma vie était tracée. Mon échec à récupérer le cristal maître, la mort de Svana, mon mariage avec Lily-Lune, cette rencontre... tout était écrit. Aussi, je ne posai qu'une seule question à l'Ombre qui me ramena à l'Antre des Damnés : « Quand ? ». Elle me répondit doucement : « Bientôt, dès que tu auras accompli ce qui doit être fait. Je viendrais te chercher. ».

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