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 [Q] Avant la chasse

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Stanislav Dementiæ
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◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
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Stanislav Dementiæ
Mar 06 Avr 2021, 21:46


Image par Michelle Tolo
Avant la chasse.
Sylbille
Intrigue ; Sylbille s’entraîne au combat, pour essayer de maîtriser ses pouvoirs.

Sylbille inspira profondément. Elle se concentra et visualisa mentalement ce qu'elle voulait faire apparaître. Une hache. Grande, puissante. Avec une lame aiguisée et mortellement tranchante. Un manche robuste mais agréable et simple à manier. C'était une arme banale, sans fioriture, mais esthétique. Si elle avait été réelle et pas issu de magie, on aurait pu voir le travail d'un forgeron acharné, bien décidé à produire un article de qualité, capable de répondre aux attentes de son manieur. L'Orisha sentit le bout de ses doigts s'engourdir peu à peu, jusqu'à lui picoter désagréablement les phalanges. Lorsque la sensation fut la plus intense, la jeune femme serra le poing. Il se referma sur le manche de l'arme qu'elle venait de créer, de faire apparaître du néant. Avec un air surpris et un sourire, la Chasseuse rouvrit les yeux pour observer son oeuvre. Un mélange de satisfaction et de déception l'étreignit. Elle était parvenue à invoquer quelque chose, qui ressemblait globalement à l'image qu'elle avait composé dans son esprit. C'était un succès dans la mesure où une part d'elle même n'imaginait même pas possible qu'elle rende tangible cette bribe de pensée. Pourtant, elle ne parvenait pas à se réjouir, se focalisant avant tout sur les détails agaçants : l'arme était bien plus petite que ce qu'elle avait imaginé, beaucoup moins belle et son aspect avait tout sauf l'air robuste. Cela ne voulait rien dire, néanmoins : lors de son apprentissage pour parvenir à maîtriser cette magie, on lui avait fait comprendre que sa magie n'était nécessaire que pour faire apparaître l'objet, que la force et le temps d'invocation dépendaient d'autres facteurs, sur lesquels elle devrait également travailler... Pourtant, en voyant ce qu'elle avait entre les mains, il était difficile de se dire que l'arme reflétait sa propre force. A moins qu'elle se soit toujours cru plus forte que ce qu'elle était en réalité ? Contrariée, la brune leva la lame jusqu'à son visage pour examiner la lame. Au moins, elle n'avait pas l'air émoussée.

« Quoi, c'est tout ce que t'as ? Tout ce temps à attendre dans le froid pour ça ? » A l'entente de cette remarque, la brune releva la tête vers celui qui l'avait proféré, à l'autre bout de l'arène. « T'as vraiment l'intention de me battre avec un tel cure-dent ? » se moqua Wuld en faisant basculer sa propre hache - beaucoup plus imposante et impressionnante - sur son épaule. Il avait accepté de s’entraîner avec sa partenaire. En temps normal, il exécrait la magie mais il avait un penchant pour tout ce qui se reportait de prêt ou de loin aux armes et au combat – le vrai, celui qui implique le contact, la lutte, le corps à corps, pas ce que les froussards qui usaient de magie ou d'armes à distance qualifiaient de combat. Lorsqu'elle lui avait expliqué qu'elle voulait développer ce don très particulièrement, il avait fini par céder et s'était joint à elle sur le terrain d'entrainement malgré l'heure matinale. « Pour te mettre à terre j'aurai pas besoin de plus. » lâcha l'apprentie avec un sourire semblable à celui du bipolaire. Oui, peut-être serait-elle capable de se mesurer au brun avec une telle arme, mais certainement pas à un monstre ou un véritable ennemi. Elle devait progresser, encore. Mieux maîtriser les invocations - d'un point de vue du temps d'apparition comme de la qualité -, créer des armes redoutables qui feraient reculer ceux qu'elle devrait affronter, contre qui elle devrait se mesurer. Hommes comme bêtes. « Tss, c'est pas une fillette comme toi qui va pouvoir me faire quoi que ce soit. » rétorqua-t-il, mauvais. « Moi qui espérais te voir faire apparaître un truc mastoc pour m'impressionner... Je suis déçu du résultat. » « Tu peux le dire si finalement, tu as peur de m'affronter. Je comprendrai. Je suis redoutable. » provoqua-t-elle. Wuld était bien plus puissant qu'elle ne l'avait jamais été. Il possédait la force brute et la technique. Sylbille en était parfaitement consciente. Il avait été Chasseur bien avant elle et, même avant ça, il avait reçu une éducation guerrière grâce à la race qui l'avait vu naître - il n'existait pas, à sa connaissance, un Réprouvé qui ne sut pas se battre. Il avait ça dans le sang, pour ainsi dire. C'était pour ça que l'Orisha tenait tant à s'entraîner avec lui. Il était l'un des meilleurs. Elle pourrait arriver loin si elle apprenait à son contact. « Dans tes rêves. C'est toi qui devrais trembler. Je te ferai aucun cadeau. » prévint-il en se mettant en position. Il avait fait un rêve étrange, la nuit dernière, où il s'était fait battre au bras de fer par la jeune femme. Il ne l'avait toujours digéré, même si ce n'était qu'un rêve idiot et qu'il n'y portait habituellement aucune importance. Ce jour là, il ressentait le besoin de se venger de cette défaite onirique. « J'espère bien. » bougonna la Chasseuse en se positionnant à son tour. Elle sentait le frisson de l'excitation monter en elle, retenant difficilement un sourire impertinent sur son visage mutin.

Le regard rivé sur son adversaire, la Gandr respira profondément pour se plonger dans un état de concentration intense. Sa prise sur le manche de sa hache s'affermit davantage. Elle jaugea la posture de son opposant puis s'élança. Lâchant un cri, elle brandit son arme et donna le premier assaut. Wuld leva sa propre lame pour parer l'attaque, sans la moindre difficulté. Les deux Chasseurs échangèrent plusieurs coups, parant, esquivant ou ripostant inlassablement. C'était une danse hypnotique, où semblait régner un étrange équilibre. Si l'un commençait à prendre le dessus, l'autre trouvait alors la solution pour le mettre en difficulté et inverser la tendance. Les corps se tendaient, les respirations s'accéléraient. Les mouvements se faisaient tour à tour fluide ou brutaux, le fracas des lames rythmant leurs cabrioles. Finalement, la balance qui se contentait d'osciller jusque-là pencha enfin d'un côté. Épuisée par l'effort qu'elle devait fournir pour suivre cette chorégraphie endiablée, Sylbille s'élança avec trop d'hardeur, comme pour essayer d'en finir avec leur lutte acharnée. Plus agile qu'il ne le paraissait pour son gabarit, Wuld esquiva l'attaque en se déplaçant de côté. Emportée par son élan, Sylbille eut tout juste le temps de se replacer pour lever sa hache, afin de bloquer le coup d'épée du Réprouvé. Malgré sa parade, l'homme parvenait à la dominer, de part sa force et sa taille. Lentement, il fit glisser le plat de son épée contre le manche de bois, pour essayer de déséquilibrer son opposante. Celle-ci grogna tout en replaçant sa main pour essayer de supporter la pression exercée. Le mastodonte apposa sa propre main sur celle de la Chasseuse, lui empêchant toute retraite. Avec un rictus mauvais, il donna une impulsion qui prit de court la jeune femme, la cognant avec sa propre arme. Le bruit du bois contre son nez produisit un étrange bruit. Sylbille partit en arrière et se laissa tomber sur le sol poussiéreux. Essoufflée, elle resta immobile quelques secondes, observant son adversaire pour voir s'il revenait à la charge ou s'il décrétait avoir gagné. « C'est déjà bien, tu as tenu plus de cinq minutes... Je m'attendais pas à ça ! » taquina le brun. Sylbille soupira, soulagée. La douleur qui irradiait dans son nez l'aurait déconcentrée. Essayer de lutter contre Wuld en étant distraite n'était en aucun point une bonne idée. Elle s'accorda le luxe de porter sa main à son nez. Lorsqu'elle la retira, elle était recouverte d'un liquide chaud et poisseux. Son sang, qui coulait jusque dans sa bouche. Elle cracha par terre, sa salive rosâtre se mélangeant avec la terre du sol. « Putain, tu m'as pas loupé ! » râla l'Isemssith entre deux gémissements de douleur. « Ah je t'avais prévenu que j'allais pas te faire de cadeau ! » rappela l'homme en ricanant : il se sentait enfin satisfait, comme si cette victoire lavait l'affront qu'elle lui avait fait subir en rêve.

Le combattant soupesa l'arme, l'inspectant avec un regard expert. « Mmh... » fit-il, songeur, tout en fronçant les sourcils. Il la fit tournoyer en l'air, la rattrapant au vol pour la présenter à la perdante qui se relevait. « Essaye de la lancer sur cet arbre, là-bas. » lui ordonna-t-il en indiquant un arbre à plusieurs mètres de leur position. Grimaçant, Sylbille lâcha son nez pour s'emparer de son arme. Par mimétisme, elle fronça les sourcils. S'il lui demandait cela, c'était qu'il avait remarqué quelque chose. Retenant un soupir, elle s'empara de la hache puis se positionna pour tirer. Elle se concentra pour viser, essayant de détendre ses muscles et d'ignorer la douleur. Elle prit une dernière inspiration, la bloqua légèrement puis expulsa en jetant le projectile. L'arme tournoya dans les airs, fusant vers sa cible... Du moins, c'est ce que croyait la Chasseuse. La hache manqua le tronc qu'elle avait pointé de plusieurs mètres, allant se nicher dans un buisson. La Corbeau grogna de contrariété, croisant les bras sur sa poitrine. Elle était habituellement bien meilleure viseuse que cela. Le combat l'avait épuisé, mais elle n'avait pas pensé à ce point. Wuld, cependant, balaya ses pensées. « Elle n'était pas bien équilibrée. » informa-t-il d'un ton bourru. « Peu importe l'arme que tu invoques, elle doit toujours être équilibrée. Ne te concentre pas sur la taille ou la puissance pour le moment. Focalise toi sur ça : c'est de loin le plus important. » A l'écoute de son camarade - elle n'aimait pas imaginer son coéquipier comme son professeur - elle acquiesça silencieusement. Elle aurait dû se rendre compte de ce défaut plus vite. Qu'il lui ait échappé lui déplaisait, même si elle n'avait pas prit le temps de l'examiner correctement. Wuld, n'avait, après tout, eu besoin que de quelques secondes pour s'en apercevoir, et il ne l'avait pas manié.

« Ton mari, il est pas forgeron ? » demanda le bipolaire en rangeant son épée et sa propre hache. « Si. » confirma la Chasseuse en se dirigeant vers les barrières qui entouraient le terrain d'entrainement - elle ne prenait pas le temps d'aller chercher son arme, sachant pertinemment qu'elle disparaîtrait d'ici quelques dizaines de minutes tout au plus, lorsque sa magie serait totalement épuisée ou qu'elle s'éloignerait trop. « Tu devrais lui demander conseil à lui. » conseillas l'homme. « Et continuer à t'entraîner. Tu dois mettre moins de temps pour invoquer tes breloques. Un monstre aurait eu le temps de t'arracher la tête au moins cent fois. »

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Pouvoir : Imaginaery - pouvoir permettant de générer des armes [une arme tous les cinq points de magie, votre capacité à les maintenir dépend de votre agilité et leur puissance de votre force]



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Stanislav Dementiæ
Dim 30 Jan 2022, 22:17


Image par Michelle Tolo
Avant la chasse.
Sylbille

Ses doigts glissaient sur les cordes à mesure qu'elle fredonnait une mélodie familière. Le son qui émanait de la mandoline était disgracieux, hésitant. La musicienne appuyait trop fortement sur l'instrument, craignant de ne pas réussir à produire un son convenable si elle ne plaquait pas les cordes avec toute la puissance qu'elle possédait, ne réalisant pas que le résultat était aussi dis-harmonique à force de cet empressement. Si elle y avait été plus en douceur, elle se serait évité une douleur inutile aux extrémités des phalanges et aurait évité de faire dénoter ses notes en tirant inconsciemment ses cordes vers le bas. Ses doigts réagissaient lentement à ses ordres, opposant une résistance mécanique à sa volonté. Ils manquaient de souplesse, d'agilité pour produire le résultat qu'elle imaginait en pensé, incapables de suivre un rythme stable plus de quelques secondes ou bien de suivre les mélodies trop complexes. Peut-être était-ce dû au mauvais positionnement de ses doigts, qu'elle plaquait au lieu de crocheter, à des distances aléatoires des frettes. Parfois, elle pinçait par mégarde les cordes voisines, la chanson détonnant subitement. Sylbille cumulait les erreurs. Elle n'était qu'une novice, en tant que musicienne. Elle regrettait, souvent, de ne pas prendre plus régulièrement le temps de s'entraîner avec cet instrument. Car c'était là la clef du succès, pour progresser. Un entrainement régulier et quotidien était plus prolifique que plusieurs heures acharnées dispersées entre plusieurs semaines de chasse. Pourtant, il lui semblait compliqué voire impossible de s'y adonner plus sérieusement. A moins qu'elle n'osa affliger ses coéquipiers de ses piètres performances. Maria l'aurait sans doute encouragée. Broön se serait muré dans son silence habituel, aurait peut-être fredonné quelques airs Orisha avec elle pour la soutenir à sa façon. Fredco et Wuld, cependant, se seraient donné à cœur joie de lui faire remarquer chacune de ses lacunes, se moquant de la néophyte sans aucune once de pitié et d'indulgence. La brune esquissa un sourire à cette idée. Sans doute aurait-elle répliqué en jouant le plus mal possible, pour le simple plaisir de les faire grimacer et de heurter leurs oreilles si délicates - en particulier celles du traqueur Déchu. Le supplice l'aurait peut-être contraint à se boucher les oreilles et à retrouver la paix de sa tente. Seul le Réprouvé se serait peut-être montré moins virulent et moins mesquin.

La Gandr marqua une petite pause pour agiter ses doigts douloureux, soufflant légèrement dessus. Elle en profita pour observer le petit bois dans lequel elle était venue se cacher pour pratiquer de son instrument. L'endroit était apaisant et reposant. Lorsqu'elle revenait sur l'Archipel des Corvus, elle appréciait s'y réfugier, comme une façon de s'y ressourcer paisiblement. En cet instant, les feuilles des arbres semblèrent capable de la libérer de sa frustration naissante. Prenant une longue inspiration, la jeune femme se rappliqua sur sa mandoline, essayant de corriger ses fautes - il était cependant difficile de s'améliorer seule, sans guidance, et en si peu de temps : dès qu'elle se concentrait sur un point, ses autres défauts rappliquaient au galop. Elle n'abandonnait pas pour autant, s'entêtant dans ses efforts. Ses lèvres laissaient échapper la mélodie qu'elle désirait produire - sa voix, grave, était plus stable que ses cordes. A mesure qu'elle chantonnait, d'autres mélodies commencèrent à s'élever dans les airs, accompagnant la chanteuse et musicienne. Le phénomène s'était déjà produit par le passé, lorsqu'elle s'était concentrée sur un son en particulier. D'abord quelques notes diffuses, timides. Puis une rythmique légèrement plus complexe. Les chansons ainsi produites n'étaient jamais longues et éclataient dès lors que la musicienne y portait davantage attention qu'à ce qu'elle chantait ou essayait de jouer. La composition s'étira plusieurs minutes, le temps que la musique jouée par la chasseuse s'achève. Une fois que ses doigts s'immobilisèrent, le silence de la nature l'engloba de nouveau. Sylbille réprima un sourire. Elle voulait développer sa maîtrise, mais force était de constater qu'elle ne parviendrait à rien seule. Elle aurait besoin d'un enseignant, pour lui apprendre à jouer - de son instrument, mais également à maîtriser son don, qui échappait jusqu'à présent totalement à sa volonté.

La brune laissa ses doigts pianoter aléatoirement sur le manche de la mandoline, sa main droite grattant frénétiquement les cordes. Cela sonnait la fin de son interlude musicale. Il était temps de retourner à l’Althiass. Ses coéquipiers l'attendaient pour une chasse d'entrainement et elle devait encore se préparer. Wuld l'engueulerait encore si elle arrivait après lui au lieu qu'ils s'étaient fixer pour se retrouver - le bipolaire prenait à cœur de tout transformer en compétition avec sa rivale et camarade, une manie qui amusait autant qu'elle agaçait la chasseuse. Cette dernière lâcha un soupire avant de commencer à se redresser de la souche sur laquelle elle s'était installée. Pourtant, en plein milieu de son geste, la brune s'immobilisa, alerte. Un étrange frisson venait de dévaler son dos et un irrépressible pressentiment l'étreignit. Elle eut l'impression d'être observée, là, au milieu de sa cachette. A force de ses années au sein de la confrérie, la Corbeau avait développé un instinct de survie, auquel elle avait appris à se fier. Plusieurs fois, il lui avait sauvé la vie. Parfois, il s'était révélé faux et elle s'était elle-même amusée de sa paranoïa, mais elle n'avait jamais regretté d'y avoir fait confiance. Lentement, la Gandr termina de se mettre debout. Le plus naturellement possible, elle analysa les alentours, laissant son regard courir sur la forêt foisonnante. Prétendant rassembler ses affaires avant de se mettre en marche, elle glissa quelques regards par dessus son épaule pour surveiller ses arrières. Peut-être que des frères d'armes s'étaient aventurés jusque là pour leurs entraînements, bien que la forêt des Hauteurs soit loin de la zone dans laquelle elle se trouvait. Peut-être s'agissait-il d'une bête ? Les créatures les plus dangereuses étaient soigneusement enfermées dans les cages des Spécialistes ou sur l'île d'Eös, la brune ne craignait donc, à priori, pas grand chose... Pourtant, elle ne pouvait empêcher son rythme cardiaque de s'affoler
de façon incontrôlable. Gardant un calme de surface, la brune se mit en chemin pour regagner l’Althiass.

Il ne fallut pas longtemps à Sylbille pour entendre les tremblements des fougères et des branches, derrière elle. Son pressentiment se confirma : quelqu'un la suivait. Elle n'en avait plus l'ombre d'un doute, à présent. La Chasseuse continua cependant d'avancer, feignant l'ignorance. Dans son esprit, elle visualisa un couteau acéré, court, fait pour être lancé. Elle ferma les yeux et, aussitôt, le picotement significatif de sa magie commença à engourdir ses doigts. Elle les referma sur un manche approximatif - dans sa hâte d'agir, elle n'avait pas matérialisé plus qu'une lame - puis pivota pour faire face à l'espion. D'un geste vif, elle lança la lame en direction du bruit qu'elle avait repéré. N'ayant jamais suivit de formation de Traqueuse, elle n'avait réussi à localiser que vaguement la source des pas, mais elle était suffisamment confiante pour s'essayer à un lancer. Si elle ne faisait pas mouche, au moins aurait-il l'effet de dissuader le nuisible qui la suivait - du moins, elle l'espérait.

Un cri aiguë s'éleva de derrière l'arbre qu'elle avait visé, en même temps qu'une silhouette se jetait à terre. Sylbille en profita pour courir en direction de l'intrus. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, la Chasseuse fronça les sourcils tandis qu'un mouvement de surprise la retenait de plaquer l'individu au sol. Il s'agissait d'un enfant. « Non mais, ça va pas la tête ! » s'insurgea le gamin. Il n'avait guère plus d'une dizaine d'année mais son visage était marqué par une vigueur farouche. « Tu veux me tuer ou quoi ? » accusa-t-il la brune, qui l'observait, à moitié contrarié, à moitié curieuse et amusée, une main posée sur la hanche, la seconde sur son épée, prête à dégainer. « Si ça avait été le cas, crois moi, tu ne serais plus là pour te plaindre. » répliqua l'adulte, intimidante. C'était faux. Son tir était loin d'être précis et elle n'avait pas même été certaine qu'il existait réellement une cible. « Ouai bah, c'est pas une façon de saluer son fils, qui je te signale, a passé plusieurs semaines sur un rafiot de merde pour te retrouver ! » L'enfant se redressa, visiblement de mauvaise humeur, tout en époussetant ses vêtements. « J'aurais plutôt préféré un remerciement de m'être autant emmerdé pour te rendre visite, maman. » L'Orisha esquissa un sourire moqueur. « Tu t'es cogné la tête contre un tronc en te jetant à terre, pour ne même plus reconnaître ta mère ? » Le minot ne sembla pas trouvé la plaisanterie amusante et s'entêta. « Qu'est ce que tu racontes ? C'est toi qui me reconnait pas... C'est moi. Ton fils. Nir. » répliqua-t-il avec une pointe de contrariété dans la voix, comme si ces mots auraient dû évoquer quoi que ce soit à la brune. Le sourire de cette dernière s'évanouit et fut remplacé par une moue réprobatrice. Elle avait bien un fils, mais il ne ressemblait en aucun point à l'enfant qui se tenait devant elle, et il se trouvait à Basphel. Bien loin de l'archipel de Sorellis. « Ta plaisanterie n'est pas drôle. Et elle a assez duré. » fit la Chasseuse d'un ton sec, tandis qu'elle pivotait pour rentrer au quartier général des Corbeaux. Elle ne prit pas la peine de récupérer la lame qu'elle avait lancé plus tôt : celle-ci se désintégrerait d'elle-même d'ici quelques heures, lorsque sa magie se serait dissoute. « Mais je mens pas ! » insista le brun tout en suivant sa soi-disant mère d'un pas plus assuré - maintenant qu'il ne se cachait plus, il n'essayait plus d'être discret. « Pourquoi vous avez la même réaction, avec Papa ?! » le gamin jeta un coup de pied rageur dans un buisson qui se vengea en le griffant, produisant un chapelet de jurons de la part du plus jeune. « Ah oui, et qui ça peut bien être, ce père imaginaire ? » voulut savoir la Chasseuse, qui sentait l'agacement s'accentuer. Elle trouvait la plaisanterie de mauvais goût. Sans doute s'agissait-il d'un Apprenti - quoi qu'il lui parut un peu jeune pour s'engager au sein des Corvus AEris - ou bien d'un enfant de l'un des membres de la confrérie. Peut-être le marmot d'une Corneille que la brune n'aurait pas eu le loisir de côtoyer, ou bien une nouvelle recrue, car le bambin lui était totalement étranger, son visage ne lui évoquant absolument rien. « Bah, Papa quoi. Enfin, Maximilien. »
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Création de la musique



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Lun 31 Jan 2022, 00:04


Image par Michelle Tolo
Avant la chasse.
Sylbille

« Ouai, vas-y Maman ! » encouragea Nir, à bonne distance. Le jeune réprouvé assistait au combat d'entraînement entre les deux chasseurs. Il n'avait pas vraiment eu l'autorisation de l'Orisha mais le gamin n'en faisait qu'à sa tête. Après leur rencontre, Sylbille l'avait raccompagné à l’Althiass puis avait retrouvé son équipe pour leur entraînement dans la forêt des Hauteurs, pensant que le brun saurait retrouver sa véritable famille. Pourtant, lorsqu'elle était rentrée, épuisée et vidée de toute énergie de leur entraînement, la minot l'avait aussitôt rejointe, assurant de nouveau qu'il était son enfant. N'ayant plus la force de s'énerver contre le têtu, la brune l'avait laissé la coller, répondant à ses questions curieuses sur la chasse qu'ils avaient mené et ses activités de chasseuse. Le jeune bipolaire s'était montré très intéressé par la force guerrière du Chasseur aux côtés de sa mère. Le lendemain, la brune avait cherché à trouver les parents de l'énergumène lorsqu'elle avait constaté que la mascarade continuait. Elle avait interrogé ses confrères et les Corneilles, mais tous avaient eu une réponse similaire : l'enfant s'était à chaque fois présenté comme l'enfant de la Chasseuse et tous l'avaient cru. Beaucoup savaient que Sylbille avait adopté un fils, mais personne ne l'avaient rencontré. Ils avaient donc été ravi que l'occasion se présenta et avaient accueilli le marmot avec bienveillance au lieu d'essayer de découvrir la vérité... La jeune femme ne pouvait pas leur en tenir rigueur. C'était elle la fautive, pour avoir gardé farouchement Maelstörm loin de la confrérie. L'adolescent, pourtant, se serait volontiers joint au groupe si sa mère le lui avait autorisé. L'Orisha s'était cependant toujours montrée réfractaire à l'idée qu'il la rejoigne, craignant trop pour sa survie, le surprotégeant sans doute à cause de son handicap.

« Tu as besoin d'une mascotte, maintenant ? » nargua Wuld, maniant son épée pour intimider son adversaire. « Jaloux de ne pas avoir la tienne pour t'encourager ? » répliqua la brune sans se laisser distraire, elle observait ses mouvements et y réagissait. Ils agissaient tels des aimants : lorsque l'un avançait l'autre reculait et inversement. Parfois, ils échangeaient quelques coups mais ce combat là n'avait pour but qu'à s'échauffer, à mettre les machines de muscles en route. Le Réprouvé ignora la provocation et répliqua avec une des siennes. « Je me demande quelle tronche tirera ton Ange lorsqu'il entendra que t'es allé fricoter avec un autre et que tu lui ramènes un autre bambin. » L'homme pouffa de rire. « Et un Réprouvé, pour couronner le tout. Il va être ravi, je le sens bien. » « Heureusement, en tant qu'Ange, Raedden maîtrise la Tempérance. Je n'aurai pas à subir ses putains de sottes d'humeur comme si j'étais avec toi. » Les colères des Bipolaires pouvaient se révéler catastrophiques. « Et je te le répète. Je ne sais pas d'où se mioche débarque, mais ce n'est certainement pas de mon ventre. » Elle était restée polie. La vulgarité du manichéen déteignait parfois sur elle, mais la présence du gamin semblait la rendre plus responsable, en un sens. « Il a beau s'obstiner, ça ne changera pas ma certitude qu'il se trompe... Je ne sais pas ce qu'à pu lui raconter son père mais... Ce sont de belles âneries. » fit la brune d'un air maussade. Elle avait reporté sa contrariété et sa frustration sur le dénommé Maximilien Eraël. L'Obstiné. Et bien, les chiens ne faisaient pas des chats. Nir était bien le fils de son père et hériterait peut-être un jour de son Titre. Il en avait le caractère, en tout cas. « Je ne sais pas. On aura vu des choses plus étranges... Les Zahiin ont parfois des volontés qui nous échappent. Peut-être que tu ne t'en souviens tout simplement plus. » La brune esquissa un rictus amer. « Je ne sais pas ce que tes dieux auraient à foutre de mon gamin, et pour quelle fichue raison ils m'auraient brouillé la mémoire. » Il était cependant plus aisé et plus naturel de croire qu'effectivement le divin s'était immiscé dans leur situation, tant il n'y avait aucun sens logique aux paroles du petit garçon.

« Bêêêêh ! » L'animal fonça sur les deux combattants à toute allure. La chèvre avait débarqué en même temps que le jeune réprouvé. En réalité, il semblait lui appartenir, puisque le bovidé semblait le suivre de partout où il allait. Quoi que la biquette semblait s'être éprise des deux Chasseurs, courant vers eux à chaque fois qu'ils échangeaient quelques parades et estocades, ou se lançaient dans des défis, les acclamant de quelques bêlements et de galipettes frénétiques. Parfois, ils se retrouvaient enrobés d'une aura intimidante, tandis qu'une mélodie résonnait dans les airs. Sylbille avait d'abord cru que son don se développait de façon incontrôlée, mais avait fini par constater que ce phénomène ne se produisait qu'en présence de l'animal. Nir semblait apprécier ces performances et encourageait alors le duo avec des acclamations enthousiastes. Il n'était pas né réprouvé pour rien... Une caractéristique qui laissait la brune intriguée. Ce fait semblait prouver que l'union entre l'Humain et elle-même était impossible et irréaliste. Leur enfant imaginaire n'aurait tout simplement pas pu être de cette race : il aurait dû arborer des ailes immaculées, ou un troisième œil.

« Tout le monde est là ? » demanda Maria en s'approchant du duo, ébouriffant au passage la tignasse du brun. La magicienne et l'enfant avaient très vite sympathisé, une complicité naturelle s'installant entre eux. Son instinct maternel avait vite pris le dessus et elle s'était occupé du bambin lorsque Sylbille s'était plongée dans le déni. Le rejet n'avait pas affaiblit sa détermination mais il avait sans doute trouvé du réconfort dans la réaction de la blonde. Bien qu'il aurait farouchement nié cette idée si on la lui avait présenté ainsi. Après tout, il était un fier guerrier, comme ses parents, il était fort et indépendant, malgré sa quête de reconnaissance auprès du duo. « Non. Quand on a bougé, Fredco était en train de causer à Mattias, au sujet de l'argent qu'ils ont parié ensemble et qu'il lui doit encore... Tu connais le numéro : je pense qu'on aura plus fait de commencer sans lui plutôt que de l'attendre. » « Rah celui-là... Je vous jure. Bon, dans ce cas, Broön et toi, vous n'avez cas commencez votre entraînement. » Le Traqueur s'amusait à suivre les pistes du Réprouvé, qui s'il se sentait menacé, n'hésiterait pas à répliquer. L'Orisha n'avait pas pour mission d'affronter les bêtes qu'il cherchait, mais il arrivait parfois qu'un spécimen perspicace détecte sa présence. Dans ces cas là, il était alors obligé de se défendre lui-même pour ne pas risquer la réussite de la mission. « Bien. » « Quand à nous deux... » commença la blonde en se retournant vers son amie de longue date. « On va se concentrer sur ton entraînement magique. » fit l'Alchimiste. Nir, qui s'était approché du groupe en suivant Maria, croisa les bras sur sa poitrine. « Pourquoi tu voudrais utiliser ta magie ? » L'intonation dont il usa laissa clairement transparaître son dégoût pour cet art. « Pourquoi tu fais pas comme Wuld ? Lui, il se bat qu'à la force de ses poings ! » Le concerné, qui avait entendu les éloges du bambin, se retourna pour lui adresser un signe approbateur. Sylbille leva les yeux au ciel. « Wuld n'utilise peut-être que ses poings, mais il sait reconnaître les avantages de la magie. » Il ne l'aimait pas, la craignait même, parfois, mais il savait admettre qu'elle pouvait se révéler utile, de temps à autre. La mauvaise-foi l'étouffait cependant et, dès qu'il en avait l'occasion, il n'hésitait pas à cracher dessus. Nir fronça les sourcils. « N'importe quoi... » L'Orisha retint un soupire et reporta son attention sur l'Alchimiste.

La blonde avait commencé à se munir de potions en tout genre. Son attirail de prédilection, et de torture pour ses coéquipiers : si ses élixirs leur prodiguait des compétences vitales, les contre-coups étaient rarement appréciés. Nausées, migraines, fatigue extrême, douleurs musculaires, la liste s'élongeait facilement. Et encore. Ces transformations-ci n'étaient que temporaires, ce qui signifiait que les symptômes finissaient également par disparaître au bout de quelques heures, ou de quelques jours tout au plus. La Chasseuse plaignait sincèrement les Traqueurs, qui devaient apprendre à vivre avec ces contrecoups pour ne pas sombrer dans la folie. Lorsqu'on lui avait expliqué les procédés infligés par les Alchimistes pour la première fois, la Gandr les avait imaginé comme une bande de sadiques sans cœur. Son préjugé s'était renforcé la première fois qu'elle avait goûté à sa première potion. Sa rencontre avec Maria avait légèrement adouci son amertume à leur encontre. « Je préfère essayer sans. » prévint la brune, louchant d'un air méfiant sur les fioles que tenait sa partenaire. Celle-ci esquissa un sourire amusé face à la réaction de sa camarade. « Bien. Voyons ce que tu sais faire, dans ce cas. »

Sylbille se concentra. Elle imagina l'appât qu'elle désirait faire apparaître devant eux. L'exercice, s'il semblait similaire à son don d'Imaginaery, était cependant différent. Tout d'abord, la Chasseuse s'y connaissait bien plus en armes qu'en pièges et appâts. C'était le travail des Spécialistes d'en connaître tout un rayon sur ces choses là. Cependant, la brune avait développé la capacité intéressante d'en matérialiser à sa guise. Erik, constatant cet atout majeur pour leur équipe, avait insisté pour que la brune s'instruise sur le sujet, qu'elle apprenne quelle nourriture attrayait le plus tels spécimen ou un autre. Leur équipe devait parfois se passer du Lyrienn, et sa nouvelle capacité pouvait se révéler importante, peut-être même serait-elle capable de le remplacer, dans une certaine mesure. Sylbille ne croyait pas un instant pouvoir effectuer un travail aussi propre que l'érudit, mais ce n'était pas ce qu'on lui demandait. Sa tâche consistait simplement à combler les lacunes potentielles laissées par son absence. La tâche se révélait ardue étant donnée que l'Orisha était répugnée par ce qu'elle invoquait, et la simple étape de visualisation suffisait parfois à la bloquer.

Après plusieurs minutes de concentration, la brune parvint enfin à matérialiser un appât. « Beurk... Ca sent la viande avariée... » râla Nir en se bouchant le nez et en attrapant sa chèvre - Frangipane, comme il l'avait nommé - par l'encolure pour l'empêcher de s'approcher. « C'est l'objectif. » commenta la Chasseuse, fronçant à son tour le nez à cause de l'odeur. Maria, elle, s'approcha sans ciller et récolta un échantillon dans un fiole magique. Erik examinerait les résultat de l'entraînement, une fois qu'il serait rentré de sa mission.

1847
Pouvoir : Un pouvoir permettant de créer des appâts afin d’attirer les monstres.



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Lun 31 Jan 2022, 21:38


Image par Michelle Tolo
Avant la chasse.
Sylbille


Le réfectoire était anormalement agité, ce soir là. C'est qu'il y avait un sacré événement à célébrer. Ce n'était pas tous les jours qu'un Corbeau était promu au rang de Maître. Un peu plus tôt dans la journée, Tommas avait récupéré son Rìe, une faux construite à partir des éléments qu'il avait récolté lors de ses chasses les plus dangereuses, comme le symbole triomphale de ses victoires sur les Monstres qu'il avait abattu. Le Chasseur avait toujours été un collectionneur, à tel point qu'on le disait parfois sentimental envers les matériaux qu'il avait accumulé au cours des décennies - d'autres lui prêtaient plutôt la réputation de superstitieux. La raison semblait cependant évidente, lorsque l'on observait l'arme absolue qu'il avait faite forger dans les ateliers de l’Althiass : l'arme ressemblait presque à une bête vivante, une monstruosité capable de vous attaquer par sa propre volonté... La vérité n'était pas très loin. On racontait que l'arme possédait une partie de la conscience du Corbeau, et qu'il possédait la capacité d'invoquer et de maîtriser les créatures dont elle était composée... Fantaisie ou réalité, la limite était fine ce soir là, et l'alcool qui coulait à flot entre les tablées n'aiudait pas à y voir plus clair.

Sylbille était assise à une table avec ses coéquipiers et quelques autres camarades. Elle attrapa sa choppe et bit plusieurs longues gorgées du liquide ambré avant de reposer le récipient bruyamment et de rire tout aussi peu discrètement. L'ébriété n'était pas loin. Déjà, elle perdait le contrôle de ses réactions, qui se faisaient disproportionnées, moins maîtrisées et plus franches. Plus bourrues. Ses voisins étaient dans un état similaire. Ce pouvait être une bonne comme une terrible chose : tant que le sourire parait leurs visages enjoués, les choses iraient pour le mieux, mais un ivrogne avait tôt fait de virer et de partir dans une crise de colère. Les plus sages s'amusaient de la situation et veillaient à ce que l'ambiance ne dégénère pas en bataille générale entre les tablées.

« Zaphyron ! » héla la brune en apercevant l'un de ses rivaux de chasse. L'homme s'amusait à arborer fièrement ses trophées de chasse devant le duo de l'Orisha et du Réprouvé, se pavanant régulièrement pour leur montrer sa supériorité. Il ne s'agissait en réalité que d'un jeu entre eux, et les deux mercenaires n'hésitaient pas à répliquer en montrant à leurs tours les quelques reliques qu'ils ramenaient de leurs propres missions. Cette soi-disant rivalité poussait en réalité les trois chasseurs à dépasser leurs limites, comme pour ne pas décevoir les autres. La Gandr s'était levée - titubant à moitié - et s'était élancée en direction de l'homme, qui s'apprêtait à quitter le réfectoire. « Tu pars pas déjà, j'espère ! » se moqua la femme. « J'ai une mission, demain. » expliqua l'homme en grimaçant en humant l'haleine âcre de son interlocutrice, qui avait passé son bras autour de son cou et le maintenait à une proximité déplaisante. « Quoi, encore ? Pff, et puis qui a besoin de dormir, de toute façon, hein ? » ricana la Chasseuse, reprenant une gorgée d'alcool. « On n'a pas tous ta capacité, je te signale. » « Quelle importance ? T'auras qu'à dormir à dos de ta monture, comme tu le fais à chaque fois. » « Tu me confonds avec Wuld. » « Ah... » Sylbille sembla réfléchir puis pouffa de rire. « Peut-être bien que tu as raison, oui... » ricana-t-elle, s'appuyant un peu plus sur l'épaule de son camarade qui flancha sous son poids. « T'en as bu combien, pour être dans cet état ? » voulut savoir Zaphyrion en lorgnant sur la choppe, qu'il essaya de subtiliser mais la brune l'éloigna d'un geste étonnement vif, hors de sa portée. « Boarf, une ou deux... Ou trois... Quatre peut-être ? He, peu importe. » Elle termina le fond du gobelet d'une traite puis soupira d'aise. Le rouquin avançait en direction de la porte, emportant la femme dans son sillage. « Tu vas vraiment te coucher, dis ? » « Oui. » « Très bien, dans ce cas, je veux un bisou de bonne nuit. » répliqua la brune. Le Chasseur laissa un rire bourru lui échapper en voyant la brune tendre les lèvres dans sa direction, comme si elle attendait sérieusement un baiser de sa part. « Renifler ton haleine de bière suffirait à me mettre au tapis. Je vais attendre d'être devant ma couchette pour tomber. » la remballa-t-il gentiment, tout en ôtant la prise qu'elle avait sur lui. « Tu ne veux pas m'embrasser ? » demanda-t-elle d'un air légèrement déçu. « Non. » « Hum... Bien fait pour toi. » fit-elle, un rictus moqueur se dessinant sur ses lèvres avant de tourner les talons. Sur le crâne du Chasseur, deux cornes avaient poussées.

« Eh ! T'es bien trop jeune pour finir dans mon état ! » brailla la brune en confisquant la bière que Nir avait chapardé pour boire en cachette.
839 mots
Pouvoir : Cornes de Bicorne : Une fois par lune, le personnage peut demander à n'importe qui de l'embrasser. Si cette personne ne le fait pas, deux cornes de Bicorne poussent sur sa tête.



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