Les Portes III - Première pièce

Thank God

Cette femme… elle avait vraiment le chic pour se placer toujours sur mon chemin. Elle me semblait toujours là, en fond, en forme, en tout. Parfois au premier plan, parfois au second, j’en entendais parler systématiquement dès j’allais quelque part. Pourtant, pour la deuxième fois depuis que nous nous connaissions, je n’avais pas envie de la sauter. Ce simple changement équilibrait notre relation d’une manière différente. J’avais couché avec Kaahl pendant qu’il la regardait dans le Miroir. Je m’étais touché en la matant à mon tour. Elle n’en avait pas conscience. Si je lui disais, elle serait en colère. J’avais toutes les cartes en mains pour faire éclater son existence et, surtout, son couple. C’était beaucoup plus clair sans la Luxure. Je n'étais peut-être pas très gentil en réalité.

Un bruit tonitruant coupa net ma réflexion. Je tournai la tête vers celle que j’avais déjà aperçu précédemment. Elle se repérait facilement. Je tendis mon bâton vers Léto (celui que je tenais dans la main, pas l’autre).

« Faites attention, peut-être qu’il y a une malédiction qui s’abattra sur ceux qui profaneront l’endroit ! »

Je l’avais dit avec une voix plus grave, faussement menaçante. Il fallait bien s’amuser un peu. En plus, c’était un jeu amusant que celui de manier l’objet. J’aurais pu me croire monarque avec ce dernier entre les mains. En réalité, je n’étais pas si assuré que ça. Nous étions dans une pièce et d’après les essais de ceux qui m’entouraient, les portes permettant de sortir étaient fermées. En d’autres termes : si nous ne trouvions pas de solution, nous risquions de mourir ici.

Je tournai la tête vers Laëth. Il n’y avait pas que le problème de la pièce. Il y avait celui des gens avec lesquels nous étions. Elias n’avait rien dit et ça ne m’étonnait pas. Le jour où l’Empereur Noir se montrerait agréable n’était sans doute pas arrivé. J'avais peut-être tort. Je savais qu’il avait envie d’une Ère qui ne serait pas celle du chaos total. Il en parlait très peu mais, pour l’instant, il ne m’avait pas confié vouloir entrer en guerre contre qui que ce soit.

« Vous devriez faire attention. »

Je m’approchai d’elle de nouveau. Je ne savais pas exactement ce qui me poussait à vouloir l’aider. Je n’étais peut-être simplement pas jaloux au point de la vouloir morte sur la dalle d’une pièce inconnue, dans un endroit inconnu. C’était surtout elle le problème à mon sens. Je pouvais partager alors qu’elle restait bloquer dans son foutu statut angélique où l’amour était, pour ainsi dire, unique. Si elle m’acceptait comme son égal auprès de lui, je l’aurais peut-être moins en travers.

Le ton de ma phrase n’était pas celui du reproche. Je voulais la prévenir. Je ne pouvais pas lui parler d’Ârès directement mais il y avait quelque chose sur moi qui n’avait pas disparu. L’avait-elle vu ? Que le Baron n’était pas le Baron ?

« Attention à lui. »

Je l’avais murmuré, tout en remontant la manche large de mon gilet. Sur mon avant-bras, il y avait le prénom du Sorcier gravé. Je relevai les yeux vers elle. Parce qu’il s’agissait bien de ça. J’avais moins peur d’Elias que d’Ârès. L’un agissait selon une logique de la moindre perte. L’autre se fichait de tout, à partir du moment où il pouvait faire souffrir autrui. Je n’avais rien contre cette façon de penser mais je me doutais que j’avais plus de chances de me faire enterrer vivant par l’un que par l’autre.

« Je ne sais pas où nous sommes tombés mais l’endroit en lui-même n’est pas le seul à être dangereux. »

Il y avait trop de facteurs incertains. La Luxure en moins, j’arrivais à réfléchir plus facilement. Je n’étais pas sûr d’aimer. Je voyais les failles et, en les voyant, elles me faisaient peur.

« On devrait rester ensemble. Ceux qui ne sont pas habitués risquent de paniquer si ça se complique. Ce genre de situation peut peser sur le moral et amener à des comportements irrationnels. »

Je m’écartai un peu pour toucher les différents objets présents sur les murs et étagères. Certains semblaient plus insignifiants que d’autres.

« Sans parler de ceux qui sont présents. Rien ne garantit qu’il ne cherche pas à tuer tout le monde. »

Je parlais d’Ârès. Il n’avait pas bougé depuis tout à l’heure.

Je refermai mon pouce et mon index sur une représentation miniature du bâton que je tenais entre les mains. Celle-ci se volatilisa sans plus d’explication.

Mes yeux allèrent de nouveau vers Laëth. Je souris.

« Vous avez vu, je suis Humain. »

Elle allait finir par me remettre. J’étais peut-être trop sérieux pour que ses neurones l’éclairent sur la situation. Je ne la pensais pas idiote. C’était elle qui m’avait averti sur Ârès la première fois, au Fessetival. Peut-être que ma jalousie n’était que de la mauvaise foi. J’aurais très bien pu proposer à Kaahl de muer en femme pour satisfaire ses élans de mariage pur. Je n’en avais jamais eu envie. Son existence l’arrangeait. C’était mieux pour lui s’ils s’aimaient. J’avais peut-être pitié d’elle parce que, de nous deux, elle était la moins au courant.

« Coopérons au lieu de nous écharper. »

Je m’étais rapproché pour le lui murmurer. C’était toujours comme ça quand je la voyais : un mélange de répulsion et d’attirance. Là ce n’était pas charnel. J’avais juste envie d’être avec elle sur le moment.

« Léto ? Vous avez une idée sur l’endroit où nous nous trouvons ? »

899 mots:

Cadeau pour Dastan : Le bâton maudit – C’est une version miniature du bâton de la pièce un des Portes III. Il est en or et le bout est arrondi et cerclé de peinture bleutée. Il peut grandir pour devenir une vraie arme, bien qu’il ne serve pas à ça. C’est un bâton qui permet de maudire une zone, soit en changeant l’eau en sang, soit en y faisant s’abattre des moustiques, soit en plongeant l’endroit dans l’obscurité.

Les Portes III
Première pièce

Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 8
- Force : 9
- Charisme : 7
- Intelligence : 7
- Magie : 7

Le vent glacial qui balayait mon visage retomba et un battement de paupières plus tard, le paysage brumeux du petit matin à Fjörd fut remplacé par une vision diamétralement opposée. La végétation avait cédé le pas à une prison en pierre sombre, étouffante, uniquement éclairée par des chandelles. Des fresques étranges ornaient les murs et plusieurs autres personnes étudiaient les lieux ou discutaient entre eux. Par réflexe, je reculais jusqu'à avoir le dos collé à la fresque représentant des vases le temps de mieux appréhender la situation. Qu'est-ce que je faisais ici ? Qui m'avait téléporté ? Pourquoi ? Qui étaient ces gens ? Où étions-nous ? Les questions fusaient dans mon esprit, enflammant mon intellect peu développé. Une main m'effleura doucement l'épaule et je sursautais violemment en faisant un bond de côté. Le Vampire aux cheveux pâles eut un rire bref qui s'éteignit rapidement pour laisser l'inquiétude marquer ses traits. Je laissais un soupir de soulagement m'échapper. Enfin un visage connu. Je n'étais pas seul. Willhelm prit la parole en observant nos alentours, visiblement anxieux. «Je t'aurai bien demandé où nous sommes mais quand je vois tes yeux ahuris, je devine que tu es aussi perdu que moi.» J'acquiescais en silence avant de laisser mes prunelles parcourir la pièce à mon tour. Je n'étais pas à l'aise avec tous ces inconnus. La Soif labourait déjà mes sens, prenant le pas sur mes pensées, exigeant son dû devant l'arôme palpitant de certaines personnes présentes. La transpiration collait la chemise dans mon dos et je jetais le lourd manteau que je portais pour le laisser tomber au sol. «Il faut qu'on trouve la sortie.» «Mais ce ne sera pas aussi simple qu'on le voudrait.» Termina Willhelm en échangeant un regard de connivence avec moi.
Soupirant dramatiquement, j'effleurai la fresque du bout des doigts derrière moi. Je me figeai et posai la main à plat sur la fresque pour voir s'il y avait d'autres anfractuosités. Un homme aux longs cheveux blancs faisait de même de l'autre côté et enfonça son index dans le trou. Voyant que rien ne se produisait, je fis de même avec plus d'hésitation. Je sentais le regard de Willhelm posé sur moi, observant avec curiosité mon doigt disparaître dans la fresque. Je résistai à l'envie de mimer une souffrance intense juste pour l'effrayer mais retirais mon doigt en haussant les épaules. Je n'étais pas d'humeur à faire de l'humour. Cette pièce me rendait presque claustrophobe et je sentais la tension monter un peu plus à chaque minute qui s'écoulait. «Allons chercher des indices ailleurs.» Proposais-je sans conviction. «On pourrait demander aux autres s'ils ont déjà trouvé quelque chose?» Répliqua l'albinos avec espoir. Je me renfrognais aussitôt. Je n'avais pas envie d'interagir avec qui que ce soit ici. Depuis que j'avais vu la grande blonde balancer un marteau et un autre type briser une sorte de cercueil par accident, j'avais déjà émis le vœu de rester dans mon coin et de limiter tout contact avec les autres. «Je ne crois pas qu'ils soient plus avancés que nous.» Enonçais-je dédaigneusement dans l'espoir qu'il oublie son idée d'aller jouer aux sociables. Loin de se démonter, Willhelm m'entraîna pour aller observer les autres fresques tout en cherchant quelqu'un à interroger. Il voulut aller vers une femme à la chevelure auburn et dont le visage paraissait connu mais s'arrêta net après quelques pas. «Des humains.» grinça le Vampire sans cacher son mépris. «Restons loin, je me sens toujours nu quand je m'approche trop près d'eux.» J'acquiescais avec un peu trop d'empressement. Rester loin me convenait parfaitement.
Traînant des pieds derrière mon congénère, je laissais mon regard dériver sur les groupes qui se formaient. Tout ce que je détestais. Willhelm s'arrêta finalement devant quelqu'un avant de l'aborder poliment. «Bonjour. Je m'appelle Willhelm et voici Dorian. Excusez-nous de vous déranger mais nous sommes un peu perdus et j'ai le sentiment que vous êtes plus avancé que nous. Savez-vous où nous sommes et comment sortir ? On peut peut-être vous aider ?» Je levais les yeux au ciel. Pourquoi pas leur lécher les chaussures aussi ? Les Vampires étaient mal acceptés par la majorité des peuples des terres du Yin et du Yang, je doutais que qui que ce soit ici souhaite collaborer avec nous.

Yicali

Comme à son habitude, Daé était en train soit d'étudier, soit de se plaindre de son destin, soit de prier en hésitant s'il devait prier Phoebe ou Ethleba au vu de la tournure que sa vie avait pris récemment. Mais cela n'avait que peu d'importance parce que c'est à un moment au hasard qu'il sentit cette sensation de téléportation non désirée qu'il commençait à connaître. Il eut le temps de se saisir de son carnet, de lever les yeux au ciel et de dire à Synaën qui dormait à ses côtés de ne pas s'inquiéter de regarder avec Yzex pour arroser les plantes de l'atelier avant de disparaître.

Même scénario, mêmes têtes. Pour la troisième fois cette fois. Après avoir été un héros dans une guerre millénaire et une Reine au caractère aussi intense que puissant, Daé se demandait à quelle sauce les gens présents dans cette salle allaient être mangés. Toutefois il abordait ce moment avec une différence notable par rapport aux dernières fois. Il se sentait capable d'affronter ce qui allait lui arriver. D'ailleurs lorsqu'il entra dans la pièce les personnes les plus sensibles à la magie le regardèrent du coin de l'oeil, d'instinct, il se fit disparaître pour aller observer tranquillement les choses et les gens autour de lui. L'umbra ora était devenue plus instinctive depuis le temps. Les gens pouvaient le voir, mais ne faisaient simplement pas attention à lui. C'était un formidable outil. Il profitait également du fait qu'il n'avait jamais eu cette aura que pouvaient dégager des gens comme Jun ou le Marquis Paiberym, il avait toujours ce trait des gens du commun : Un physique banal.

Il arpenta la pièce en regardant consciencieusement chaque porte et chaque mur. Etrangement, alors qu'ici les étoiles ne semblaient pas avoir de pouvoir, il sentait tout de même sa main être guidée par une forme d'instinct vers des endroits de chaque mur.

Son regard se retourna quand un imbécile brisa un des cercueils présent. Il se massa les temps rapidement avant de pester et continua à arpenter les murs. Il faisait ça d'un air laconique, ses doigts parcourant chaque fresque. Il vit le baron Paiberym se diriger vers le labyrinthe et décida de ne pas y aller. Il lui faisait confiance et il se disait qu'il serait bon que les personnes de confiance se répartissent dans les lieux. Au bout de quelques minutes, il arriva devant le lieu où il était apparu et qu'il n'avait pas encore regardé. Une fresque avec huit vases et au-dessous de ces derniers huit trous dans lesquels pouvaient passer des doigts. Il regarda avec une forme d'amusement la personne qui mit ses doigts successivement au-dessous de chaque dessin et désactiva son Umbra Ora au moment où un membre du peuple aux canines longues demanda à la volée si quelqu'un savait ce qui se passait. Daé sourit, sincèrement. Il se força à le faire ne voulant pas que ce mépris qui le gagnait au fur et à mesure que sa compréhension du monde s'affutait devienne son émotion principale dans ses relations. Il souffla un coup et répondit en oubliant que vu la désactivation soudaine de sa magie, le vampire aurait pu avoir l'impression que quelqu'un venait d'apparaître dans son dos : "C'est votre première fois ? Parfois, à des moments que personne ne peut prévoir..." il réfléchit un instant au fait qu'aucun.e.x Rehla ne semblait pouvoir dire le moment où ces halos lumineux apparaissaient et que ces moments ne semblaient pas être attachés à une quelconque ligne du temps et grifonna quelques petites choses sur un carnet. "Excusez-moi ! A des moments que personne ne peut prévoir donc, certain.e.x.s habitant.e.x.s des Terres de Sympan se retrouvent et vivent des choses étranges...qui réunissent ou divisent. Il semble que c'est à nouveau le cas cette fois. Et par conséquent, je crois que peu de gens ont la moindre idée de où nous sommes..." Il sourit, puis éclata de rire devant son propre sérieux "Mais maintenant qu'on est là ! Allons-y !" Il mit un doigt dans un des trous qui était sous le vase tout à gauche de la fresque et invita les gens à la cantonnade : "Si sept autres personnes veulent se joindre à moi !" Il regarda avec un peu plus d'insistances les gens de la pièce qui étaient déjà à côté du mur en espérant que cela attirerait les autres.

766 mots

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Les portes ; Première Pièce.
Sól

Slaves of Fear - Health

D'un geste ferme, la blonde exerça une pression sur le menton du gamin pour le forcer à lui présenter son profil. Il ne s'était pas loupé. Ou, plus vraisemblablement, on ne l'avait pas loupé. Pour les avoir subit durant des années - et parfois même encore maintenant -, la fille de réprouvés reconnaissait sans peine les affres de la colère bipolaire. Elle avait sur le corps des marques indélébiles, souvenirs du désappointement qu'elle avait pu éveiller chez ses parents ou d'autres membres du village. Avec le temps, elle avait appris à dissimuler celles qui continuaient à faire saigner son âme, et à se parer fièrement des autres, les exhibant tels des trophées de guerre. Dastan n'était encore qu'un gamin - bien qu'il aurait détesté se l'entendre dire. Sa croissance décousue le faisait paraître plus mâture qu'il ne l'était en réalité : il n'avait pas eu autant de temps qu'elle pour apprendre à masquer les cicatrices. « Mmh... » L'ancienne Ange haussa un sourcil face à la réponse de l'enfant, peu convaincue. Elle l'écouta cependant se justifier sans l'interrompre, se contentant d'appliquer la compresse imbibée d'alcool sur la plaie du petit guerrier. Ses mouvements étaient rudes, dépourvus de la délicatesse que l'on pouvait retrouver chez les femmes d'autres cultures : ici, on ne s'embêtait pas de précaution. A Lumnaar’Yuvon, on ne trouvait que les meilleurs combattants. Ce n'était pas avec des gestes hésitants et des bisous magiques qu'on les rafistolait. Sól retira la compresse pour observer les dégâts puis l'appliqua de nouveau sur le bleu. Elle soupira. « Je ne dirai rien. » promit-elle. Il mentait certainement. Elle l'avait fait, souvent. C'était devenu comme un réflexe, un second instinct de survie. Mentir pour ne pas accuser ses proches. Elle était la fautive, celle qui avait éveiller le démon en eux. Alors, pour ne pas les accabler davantage, elle avait trouvé  des excuses. Elle tombait souvent, elle aussi. Ou bien, elle se disputait avec Máni. Parfois, elle rentrait dans un mur, parce qu'elle était trop tête en l'air. Laëth avait souvent écouté ses histoires, lorsqu'elle allait se réfugier dans ses bras. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres : est ce que l'Ange avait vu dans son jeu comme elle perçait celui du rouquin ? Sans doute. Leurs peines étaient plus semblables encore que ce qu'elle partageait avec le Kiir’Sahqon. Les rôles étaient inversés, désormais. Comme la brune, la fille de réprouvé garda le silence. S'il ne désirait pas se confier, elle ne l'y forcerait pas. S'il voulait parler, elle l'écouterait ; sinon, elle ne l'emmerderait pas. « Je ne dirai rien, mais il va falloir que tu t'endurcisses. » dit-elle. Elle restait vague, pour ne pas le faire se sentir mal à l'aise. « Te muscler. » ajouta-t-elle en lui assénant une pichenette sur le front. Elle relâcha enfin sa figure pour s'emparer de son bras. Elle épongea le sang puis s'empara d'une pince pour retirer les échardes.

L'obscurité soudaine et sa chute la firent grimacer. Sans qu'elle ne l'ait expérimenté, elle reconnu aussitôt le signe d'une magie puissante qui lui vrilla les entrailles : elle avait la gerbe. Cette conclusion lui arracha un rictus de dégoût. Méfiante, Sól se redressa sur ses jambes, tenant fermement le bras du roux - elle l'aida à se redresser également. « Yu loost agmaer krapt med ek ? » (T'as d'autres conneries comme çaek ?) répliqua-t-elle, hargneuse, à la question du plus jeune. Dans ses veines vibraient une répugnance héritée de sa race. Elle haïssait l'usage de la magie, plus encore lorsqu'elle la subissait, comme c'était présentement le cas. « Yu vaal nid. » (T'éloignes pas.) intima-t-elle au Belegad après qu'il se soit excusé. Agitée, la blonde observa les alentours. Ils étaient dans une pièce vaste et mal éclairée. Il ne fallut que quelques secondes à la Zaam pour décider qu'elle détestait l'endroit - et ce n'était pas seulement à cause du procédé qui les avait balancer dans ce merdier. Il n'y avait aucune fenêtre, et l'endroit était clos. Cela développait chez elle un sentiment d'inquiétude. La fille de réprouvés avait grandit dans les plaines de Bouton d'Or et les chaumières de leur campagne ne l'avaient jamais préparé à des endroits aussi étouffants. Elle s'était déjà confrontée à des espaces restreints et des murs de pierres, lorsqu'elle s'était rendue à Sceptelinost ou à Gona'Halv - aucun cependant ne lui avaient donné l'impression de se retrouver enfermée six pieds sous terre, dans un caniveaux, comme c'était le cas en ce moment. « Mu wen elhen do het. » (Faut qu'on dégage d'ici.) déclara-t-elle, autant pour elle-même que pour son camarade.

Sól suivit le regard du rouquin. Les yeux céruléens de l'ailée se posèrent sur la silhouette familière de la déserteuse. « Laëth... » A ses côtés, elle reconnue l'Edmund'Faasnu, qui s'empara de son arme pour fracasser la porte. Le résultat fut peu concluant, à moins que son but eut été de les abasourdir tous, avec son boucan. La blonde grimaça. Elle éprouvait un désir farouche de se jeter dans les bras de la brune et, en même temps, de lui éclater son poing en pleine figure : pourquoi ne lui avait-elle toujours pas envoyé de signe de vie, après leur dernière discussion ? Ses sentiments contradictoires valsaient en rafales déstabilisantes, oscillant entre sa nature angélique et démoniaque. Lasse, la réprouvée passa une main dans sa tignasse blonde tout en lâchant un grognement. Elle avait remarqué les silhouettes aux côtés de l'Aile Blanche : ils n'avaient rien de Bipolaires. Ils étaient sans aucun doute de ceux qui usaient de magie. Si c'était le cas, ils n'avaient pas besoin de ces tocards. Ils trouveraient un autre moyen de se barrer d'ici. « Mu wen siiv zun. » (Faut qu'on trouve des armes.) dit-elle en jetant par terre sa pince. « Weii pik rek krein mu. » (Viens, avant qu'elle nous voit.) marmonna-t-elle en se mettant en marche vers une pièce contenant ce qu'elle convoitait.

1025 mots
Sol est avec Dastan. Elle voit Laëth et Léto + les gens autour qu'elle reconnait pas. Elle décide de se diriger vers la salle 3 parce qu'il y a des armes.
A : 15 | F : 14 | C : 6 | I : 11 | M : 9

Les portes ; Pièce I
Babelda

Babelda fronça les sourcils, soudainement secouée par la sensation désagréable de tomber dans le vide. Ses jambes vacillèrent et elle tangua. Yüna, à ses côtés, la rattrapa sans grand effort, l'aidant à rester debout. Lentement, elle releva les yeux du parchemin qu'elle tenait entre ses mains - les indications à suivre pour confectionner la nouvelle invention de Camille. « Qu'est ce qu'il vient de se passer ? » demanda la Lyrienne, inquiète. La plus petite soupira tout en se redressant. Elle jeta un regard circulaire sur la grande salle dans laquelle elles venaient d'émerger. L'endroit lui était familier. Elle ne s'y était jamais rendu, pourtant. Après quelques secondes de réflexion, elle se souvint : elle avait rêvé de l'endroit. Les fragments de son futur ici lui arrachèrent une grimace supplémentaire. « Où sommes-nous ? » demanda la titane, sans attendre de réponse particulière. Sa partenaire garda le silence, se contentant de hausser les épaules. Elle ne pouvait pas lui parler de ce qu'elle savait - non pas qu'elle aurait été en mesure de répondre à l'interrogation. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elles se situaient, elle avait simplement connaissance de quelques événements qui les attendaient - et cela ne l'enthousiasmait guère. Parfois, la connaissance de ce qui l'attendait se révélait plus anxiogène que rassurant.

« Est ce que tu penses que l'on est encore à Utopia ? » interrogea la brune. La Rehla ferma les yeux et esquissa un sourire. Elle se sentait fébrile, son corps vibrant soudainement d'un regain brutal de Kan’Ghar. Après un sevrage de plusieurs semaines, sentir la magie recommencer à couler dans ses veines avait quelque chose de grisant. « Non. Pas Utopia. » répondit la Mage en toisant de nouveau les alentours. « Où est Camille ? Elle n'est pas avec nous ? » « Je n'en ai pas l'impression. » « Il faut qu'on la retrouve. » décida Yüna. « On doit réussir à sortir de là. » continua la brune, de plus en plus agitée. Contrairement à bon nombre des autres participants, elle n'était pas habituée à se retrouver propulsée dans des lieux totalement aléatoires. C'était une expérience des plus déstabilisante et plutôt effrayante. Babelda fronça les sourcils. Elle ne savait pas non plus pourquoi est ce que quelqu'un ou quelque chose s'était amusé à les matérialiser dans cet endroit. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle n'avait désormais plus d'autre choix que de s'impliquer dans cette aventure. Yüna regarda autour d'elle, toisant ses voisins sans oser les aborder. Était-ce l'un d'eux, qui les avait invoqué ici ? Dans quel but ? Babelda voulut poser une main rassurante sur son épaule - elle en fut incapable, à cause de leur différence de taille, et se contenta donc de tapoter son biceps. « Ca va bien se passer. » mentit-elle. « Ne paniquons pas. » Elle se parlait davantage à elle-même.

De nouveau, la Caeli sentit son corps chuter dans le vide. La Lyrienne la rattrapa une seconde fois au vol. Lentement, la maladroite baissa les yeux vers l'étrange garnement qui s'était enroulé autour de sa jambe. « Grendel... » répéta-t-elle, incrédule. Ca aussi, c'était une surprise. Une surprise inattendue. La jeune femme avait développé un déplaisir envers tout ce qui était imprévu. Aussi fronça-t-elle une fois de plus les sourcils. « Paquito l'éléphant. Je me souviens. » informa-t-elle l'enfant. Yüna l'observait, incrédule, ne comprenant pas ce qu'il se passait. « Merci. » souffla la petite, s'adressant à celle qui l'avait secourue des griffes possessives de l'énergumène. « Bonjour, je suis Yüna. Est ce que vous sauriez, par hasard, pourquoi nous sommes ici ? » questionna la géante.

Babelda déglutit. Elle observait le garçonnet, ne sachant quoi faire de lui. Elle se concentrait déjà pour ne pas céder à la panique mais s'il l'inondait de questions et de bavardages sans queue ni tête comme ça avait été le cas la dernière fois, elle n'était pas certaine de parvenir à garder son calme. Autant d'agitation la rendait nerveuse. Elle inspira grandement avant de relever la tête vers sa coéquipière. « Je vais tenter de trouver une sortie. » déclara-t-elle avant de tourner les talons. Elle marcha quelques instants avant de se rendre compte que l'arlequin l'avait suivi. Elle se mordit la lèvre inférieure pour retenir un soupir. C'était raté, pour essayer d'inspecter tranquillement les alentours. Tentant de faire abstraction du flot de paroles de l'enfant de cirque, la Mousse déambulant dans la salle, fronçant les sourcils devant le sarcophage déjà abîmé. « Alors, Douceur. Est-ce qu'elle aime ta tente ? » demanda l'exploratrice, pour essayer de recentrer les paroles de l'enfant. La réponse l'intéressait peu mais c'était une façon de recentrer le discours de Grendel.

Après une seconde de réflexion, la Rehla s'engouffra dans des couloirs recouverts de miroirs.

820 mots
Babelda est avec Grendel. Elles se dirigent vers les couloirs/labyrinthe qui mènent à la salle 16.
Yüna a des stats équivalentes à celles de Babelda, en inversant la magie et la force.
A : 10 | F : 11 | C : 11 | I : 19 | M : 20
Babelda a une moitié de relique en scarabée. Si vous lui demandez si elle en a vu un, elle vous donnera sa relique.

Les Portes III
Première pièce

Thème, comme promis Nostra

«Bas les pattes Wendy la moisie !» Criai-je en dégageant brutalement mon bras de la brune. «Chuuut !» Mon cri avait résonné dans la pièce et Daisy semblait mortifiée que j'attire l'attention sur nous. Elle n'éveillait que le mépris chez moi et je lui tirais la langue suivi d'un beau doigt d'honneur pour toute réponse. La Mage inspira en fermant les yeux, semblant rassembler ses pensées. Sur le ton calme qui m'horripilait tant, elle poursuivit avec un sourire faux tordant ses lèvres. «Je m'appelle Daisy. Pas Wendy. Grendel, tu le sais et tu pourrais faire un eff-» Je lui coupais la parole, haussant un peu plus le ton. «Gna gna gna et puis je parle à Jane d'abord, mère castor ! Elle est plus belle que toi en plus.» Je me détournai d'elle après avoir soufflé du nez avec dédain. La Magicienne me mettait de mauvaise humeur mais heureusement, la jolie brune était là avec sa petite bouille surprise de me voir - trop mignonne - accompagnée de... Je levais les yeux, effarée par la taille de la femme à ses côtés. Moi qui avais toujours cru que ce n'était pas la taille qui comptait. J'étais effondrée. Alors ainsi, Jane semblait y accorder de la valeur. La tristesse me pinçait le coeur. C'était pour ça qu'elle ne m'appréciait pas alors. Ce n'est pas très gentil de discriminer les gnomes mais j'allais devoir faire avec et m'emparer de son coeur, d'une manière ou d'une autre. J'effleurai des doigts mon couteau d'une caresse silencieuse, évocatrice d'une promesse. D'un ton sec, je répondis à l'absurde et trop grande Yüna. «Elle en a d'autres des questions comme ça la grande perche ? C'est pas une flèche dis donc ce mastodonte. Tout dans les bras, rien dans la -» «Grendel !» S'offusqua Daisy. Elle était encore la cette pimbêche ? Incroyable la persistance des cafards. «Non, nous ne savons pas pourquoi nous sommes ici, ni qui nous a envoyées ici. Je dois vous avouer que je suis chamboulée par -» «Oui oui, c'est ça on a compris Kaahlimero.» Râlais-je, agacée qu'elle ouvre sa bouche. Il me vint en tête que si je la tuais ici, personne au Cirque ne le saurait et Chichi ne me fouetterait pas. Je rangeais cette pensée dans un recoin de ma tête et suivis d'un pas léger Jane qui avait commencé à arpenter la pièce. J'accélérais le pas pour distancer Yüna, non sans lui adresser un oeil assassin et en laissant mes lippes libérer un bruit peu flatteur. «Euh dis donc Giselle, tu pourrais te retenir non ? T'as pas remarqué qu'il y avait pas de fenêtres Guenièvre ?» J'éclatais d'un rire sardonique alors que Daisy secouait la tête, dépassée par mon attitude. Bande de nouilles.
Je tirais sur la manche de Jane. «Jane Jane Jane ! T'es encore plus jolie qu'avant, t'es amoureuse ? Oh l'allumeuuuuuuseuuuuh, elle est amoureuuuuseuh !» Je fis des cercles rapides en dansant autour d'elle en chantant tout fort ma chanson stupide, ravie de voir l'agacement tendre les traits de son visage. «Tu sais quoi ? Chichi m'a donné une chance pour avoir mon propre numéro, c'est pas beau ? C'est grâce à toi aussi, sans ta tente pour pouvoir accueillir un éléphant, on aurait jamais pu garder Douceur ! On a quitté Megido et vous ? Je pourrais revenir dans ton truc de Yanna un jour ? Vous êtes où en ce moment ? Tu savais que les éléphants ça sait pas sauter ? Les pauvres. Douceur elle a peur des abeilles aussi. Du coup je les tuerais toutes !» J'éclatais mon poing sur ma paume ouverte en grognant. «Oh oui, elle aime beaucoup la tente ! Mais elle est timide alors elle ne fait pas beaucoup d'efforts pour mettre au point notre spectacle. Chichi dit que si notre spectacle n'est pas prêt d'ici deux mois, il revendra Douceur !» «Il ne le fera pas, ne t'inquiètes pas.» Intervint Daisy. «Si il le fera ! Tu connais pas Chichi, espèce de grosse otarie !» Rétorquais-je brusquement et la Mage soupira. Elle ferait mieux de renoncer à me causer celle-là si elle ne voulait pas goûter de mon couteau. Jane finit par se décider et elle emprunta un couloir. Je la suivis en me précipitant sur mes petites jambes asymétriques. «J'irais où tu iras, Margarita !» Criai-je vers elle, le popotin frétillant déjà de vivre de belles aventures avec la fille de Yanna. Des miroirs nous renvoyaient nos réflexions et je m'approchais d'un pour m'y regarder. Petit bonhomme blanc et violet avec un gros nœud rouge sur la poitrine, on pouvait voir mes prunelles briller au fond des étoiles de mon masque et une demi-lune me permettait de parler plus librement que mes autres masques. Malgré tout, mon accoutrement ne dissimulait pas la déformation de mes jambes. En m'approchant, je vis que les miroirs n'étaient pas encastrés dans les murs et je glissais ma main derrière l'un d'eux et agrippai un pied en bois pour le faire glisser de derrière le miroir. Le meuble était plutôt fin et s'ouvrait grâce à deux portes en papier tressé. Curieuse, j'ouvris le meuble pour y découvrir des morceaux de tissu sales. «Beurk.» Grinçais-je en tordant le nez. Puis prise d'une idée, j'enlevais mon masque et le coinçais sous mon bras pour pouvoir recouvrir mon crâne nu et mon visage des bandelettes. Elles sentaient le renfermé et les vieilles huiles. Les sacrifices que je faisais pour faire rire Jane, j'espérais un peu de gratitude pour mes efforts. Puis je couru vers la brune pour la rattraper. «Jaaaaaaaaaaane, regaaaaaaaaarde !» Elle s'était déjà engagée dans un autre couloir, plus étroit, et je dus la bousculer pour passer devant elle et lui montrer mes trouvailles. Je tournoyai sur moi-même, mes bras tendus comme des ailes, plutôt fière de moi. «Tu crois que c'est quoi ? Tu sais où on va ? Hé, c'est pas un chat là ?» Je me précipitais vers le matou au fond du couloir mais gardais mes distances. S'il était à moitié aussi agréable que Mildred, il valait mieux ne pas l'approcher de trop près. Plus fin que mon chat obèse, il avait aussi un air plus distingué, ses prunelles fauves nous observant paisiblement. Des bijoux ornaient son pelage et jetaient des éclats lumineux sur les murs. J'étais légèrement intimidée et le surveillait avec méfiance du coin de l'oeil en me décalant pour observer la boîte à côté de lui. «Ooooooooh !» Remplie de bijoux, je sentis mon coeur s'emballer devant tant de richesses. Avec ça, le Cirque pouvait survivre sans s'inquiéter pendant au moins un an. Et les bijoux que je voyais iraient parfaitement au teint d'ébène de Mademoiselle. J'arrachais mes yeux de la tentation pour regarder à nouveau le chat. D'un geste vif, je récupérais une des bandelettes sur ma tête et le laissais pendre devant la tête du chat. Cherchant à obtenir son attention, j'imposais à la bandelette balancement régulier.

« Les portes fermés, elles le sont pour une bonne raison. »

Musique for Grendel

Le vieillard, tantôt dans la première salle, déambulait désormais dans un couloir vaudevillesque après avoir pris ses jambes à son cou. En jetant un coup d’œil derrière son épaule, il prit soin de s’assurer que cette sauvageonne ne le suivait pas. C’est vrai qu’il avait essayé de peloter cette jeune femme par inadvertance, mais uniquement pour faire avancer le schmilblick. En dehors de cette entorse, jamais il n’aurait osé poser ses mains sur elle. Du moins, pas sans recourir à une formule de politesse. Il n’était pas aussi bestial que tous ces Réprouvés qui manquaient d’arracher une côte à leurs partenaires dès qu’ils pratiquaient le coït en communauté. Il ne retournerait pas dans l’autre pièce de sitôt, car en plus d’avoir été très mal reçu, cet endroit entassait des monstres contre qui il n’avait pas la moindre envie de se confronter. Il avait cru reconnaitre une personnalité incontournable de son peuple, mais James n’avait pas osé la déranger dans ses occupations. Ici, il se sentait nettement plus à son aise, quand bien même l’importante rangée de miroirs fixée aux murs restituait une ambiance un peu angoissante. Sont-ce les Déchus de l’orgueil qui avaient dressés cette partie du monument ? Peut-être avaient-ils mis en place un rituel initiatique réservé à comparer leur pénis au travers de ces reflets déformants ? Ils étaient assez loufoques pour inventer de tels divagations en tout cas. Apposant ses gros doigts sur la surface réfléchissante, le géant se risqua à parcourir les cadres dans l’espoir d’y déceler un mécanisme quelconque. Après quelques tentatives, rien ne semblait y être dissimulé, y compris entre les fissures qu’il s’était fait plaisir à explorer. D’habitude, c’est pourtant bien dans les fentes qu’on résolvait le plus de choses. Arborant un visage complètement à l’Ouest, le vieil homme se frotta la nuque, de toute évidence mécontent.

« Ça me décrocherait presque les balles du typhon, c’t’histoire. Peut-être que si je m’y prends autrement en le faisant bouger de cette façon, je… »

En remuant le miroir dans tous les sens, ce qui devait arriver arriva, puisque l’homme le décolla de son support involontairement. Oups. Encore un godichon qui avait fixé ça à la mords-moi-le-nœud. Tournant la tête de droite à gauche pour localiser d’éventuels témoins, l’ancien s’empressa de le remettre ni vu ni connu à sa place. Ça tiendrait le temps que ça tiendrait, mais impossible pour lui de l’enfiler sous sa veste noire. Se désolidarisant de cet acte de cruauté envers les réflecteurs, James sifflota quelques notes pour détourner l’attention. S’il avait le comportement type d’un coupable, ce dernier se ressaisit immédiatement lorsqu’il croisa le chemin d’une midinette qu’il salua aussitôt en ôtant son Sombrero — un cadeau de sa nièce.

« Eh là qui va là ? Une charmante mam’zelle et personne pour lui prêter main-forte ? La jeunesse n’est plus ce qu’elle était. À mon époque, on couvrait les arrières de la gent féminine, et pas uniquement pour leur mater le derche, croyez-moi. »

Comme un père qui retrouvait sa fille après des mois d’abstinence, le colosse ouvrit grand ses bras pour l’accueillir et lui faire un immense câlin. Toutefois, il reprit ses esprits avant de faire une bêtise qui aurait pu être mal interprétée. À la place, il recouvra les poings de la jolie créature avec ses paumes puis respira un bon coup en fermant les yeux.

« Cette chaleur, elle me rappelle l’innocence de ma première couche jusqu’à mes premiers poils. Z’êtes quelqu’un de bien, alors tâchez de la préserver. T’façon si quelqu’un ose vous toucher ou vous faire du mal, je lui casserais le pif. » Il s’arrêta un instant puis leva le buste. « Qui fait tout ce raffut ? »

Ce n’est pas parce qu’il était vieux qu’il n’entendait plus à une ronde. Au contraire, son ouïe était particulièrement aiguisée grâce au temps passé à écouter aux portes de gentes dames. S’éclipsant en s’excusant par avance auprès de la déité de la pureté, James recouvra bien vite la trace du malandrin, celui-ci s’essayant à la capture d’un pauvre chat noir sans défense. L’amour de la nature ne manqua pas de lui faire dresser autre chose que son engin en la présence du drapeau de la justice. Obstruant le chemin du fauteur de troubles, James souleva aisément l’enfant en l’agrippant par un pan de sa tenue, réceptionnant la bandelette de l’autre main.

« Hop, hop hop, vilain garnement. Pas touche au minouche, il a l’air farouche. Puis si tu fais pas attention, tu vas nous casser un truc. Ca tient pas la route, leurs conneries. »

Il n’avait pas le temps de réparer les erreurs d’autrui. Déjà qu’il n’en avait pas pour les siennes. Quoiqu’il en soit, le panda parcourut rapidement le bras de l’homme pour sentir la chose qui y était suspendue, intrigué et inquiet à la fois.

« T’en fais pas Sacripan. La maladie l’a défiguré, mais c’est bien un sale gosse. »

Portant son index près de ses lèvres, c'est toutefois comme un animal qu'il le sonda.

2ème post | 820 mots:

Les Portes - Partie III

Musique : Umbrella de J2

Encore.

Circë ferma la bouche. Elle était précédemment en train de discuter avec un Ygdraë en charge de l’itinéraire qu’ils emprunteraient bientôt afin d’atteindre l’endroit escompté, à savoir les ruines de l’Empire de ses ancêtres. Son voyage ne faisait qu’être retardé par différents événements. Celui-ci en ferait partie. C’est ce qu’elle comprit aisément, lorsqu’elle regarda autour d’elle. Sa langue passa brièvement sur ses lèvres et une expression embêtée s’installa sur son visage. En tant qu’Élue des Portes, elle connaissait que trop bien la sensation qui l’étreignait à présent. Elle avait, une fois de plus, était appelée dans un traquenard. Énigmes, guerres, pièges ? Elle n’était pas sûre de savoir ce qu’elle trouverait ici. Vêtue d’une robe bien trop précieuse pour convenir à ce qui l’attendait, elle observa longuement les autres protagonistes. Était-il ici ? Si elle songeait à Ezechyel, elle ne put s’empêcher d’émettre d’autres hypothèses, concernant des individus différents, dont un certain Ange à la chevelure blonde. Ils n’avaient jamais eu l’occasion de discuter véritablement mais elle doutait que ce fût dans un tel endroit qu’ils pourraient revenir sur les faits. Étrangement, elle ne désirait pas que ce qu’il s’était passé avec Isiode s’ébruitât. Elle se doutait que, pour les Chamans, il ne s’agissait que d’une broutille sans la moindre importance ; en ignorant l’aspect très peu consenti de l’échange, étant donné qu’ils étaient alors tous les deux dans un état second. Pour les Ygdraë, cela faisait partie des choses de la vie. Elle soupira, chassant ses pensées. Peut-être que le seul qu’elle désirait réellement voir était Ezechyel ? Ils appartenaient au même peuple. Elle se sentait proche de lui et ils s’étaient déjà croisés lors d’un événement similaire, en compagnie d’Elyot et d’Ærya.

« Maman ! » Il fallut un certain temps à Circë avant de réaliser que c’était à elle qu’un garçonnet était en train de s’adresser. Lorsqu’il répéta le mot, plus près, elle tourna les yeux vers lui, surprise. Il devait la confondre avec quelqu’un d’autre et lui faire face l’aiderait à prendre conscience de son erreur. « Maman ! » réitéra-t-il, avec un sourire assuré sur les lèvres. « Pardon ? » demanda-t-elle, incrédule. « Je suis content de te rencontrer. » dit-il, comme s’il n’arrivait pas à concevoir le trouble de la jeune femme aux cheveux d’argent. « Excuse-moi mais… Je ne… » « Papa est là ? » demanda le gamin, soudainement enhardi. Circë se mordit la lèvre inférieure, cherchant une solution à cette étrange situation. Ce pourrait-il que l’une de ses filles ait eu un enfant ? La ressemblance physique avec la mère de l’inconnu pourrait s’expliquer ainsi. Ou alors… un clone ? Elle savait qu’il n’était pas rare d’en posséder un ou plusieurs. « Comment s’appelle ta maman ? » demanda-t-elle. « Je veux vérifier que tu ne fasses pas erreur. » « Circë. » répondit-il, avec un naturel qui la déconcerta davantage. Elle était certaine de n’être tombée enceinte qu’une fois. Était-ce là une épreuve en provenance de Raanu ? Avait-elle oublié ? Les mots lui manquaient. Elle déglutit, cherchant une raison à l’existence d’un garçon d’environ huit ans qui déclarait haut et fort être le sien. « Et… ton papa ? » « Ezechyel. » « … Que… ? » Le rouge lui était monté aux joues instantanément. C’était impossible. Tous les chemins qu’elle envisageait menaient à des impasses. Pourtant, quelques scènes s’immiscèrent dans son esprit malgré elle, du baiser des Labyrinthe aux caresses qu’elle avait fantasmé au creux de ses rêves. Elle savait qu’elle n’était pas seule dans ce cas. Lui aussi avait vécu la même chose. Dans ce cas, ce pourrait-il qu’il l’ait fécondée en rêve ? Que le songe ait eu une suite dans laquelle elle accouchait ? Que le fruit de leur union ait réussi à se frayer un chemin dans la réalité ? Ses théories lui semblaient improbables. « Alors, il est là ? » « Je ne sais pas. » avoua-t-elle. « Tu… Tu es sûr de ce que tu avances ? Si c’est une plaisanterie, ce n’est pas drôle. Tu risques de causer beaucoup de tort à… » Imaginer la réaction de la femme d’Ezechyel à de telles annonces la fit prendre conscience de la gravité de ces affirmations. « Du tort ? Pourquoi ? Papa ne m’aime pas ? » « Si ! Si… Il t’aime. » Elle n’avait pas envie de briser le cœur du petit mais… Que faire ? Il aurait fallu que l’homme fût là, afin qu’ils pussent régler cette affaire au clair. En plus du reste, l’endroit n’était sans doute pas fait pour un enfant.

762 mots

Résumé: