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 Tu es tel ce fantôme qui me saigne

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ Parchemins usagés : 4042
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Lun 17 Aoû 2020, 14:03



C'est toujours cru et violent.

Un petit sourire apparut sur mes traits. Une seconde plus tard, je n’étais plus là. Ceux qui me suivaient redevinrent visibles, ne détectant plus ma présence. « Où est-ce qu’il est ? » chuchota l’un d’eux. « Il a dû se téléporter. » Oh non, ce n’était pas du tout ce que je venais de faire. Je me foutais de leur réalité. J’avais simplement effectué un léger voyage dans le temps.

Ils me suivaient ou, plutôt, ils suivaient la version de moi-même qui s’apprêtait à créer un paradoxe temporel. Je leur emboîtai le pas, silencieux, jusqu’à ce qu’ils notent une nouvelle fois ma disparition. « Où est-ce qu’il est ? » « Il a dû se téléporter. » Des scalpels coulèrent doucement entre mes doigts. « Je n’aime pas être suivi. » annonçai-je, au bon moment. Il fallait être précis. Ils n’eurent pas le temps de réfléchir à quoi que ce fût. Des lames affûtées, de la télékinésie, et les corps tombèrent en cubes au sol. L’ensemble me fit penser à des dés de fromage, découpés avec soin et prêts à l’emploi pour garnir une salade. Pourtant, l’aspect sanguinolent du tout et les os mal dégarnis n’avaient rien d’appétissant. La matière, privée de vie, se fondit au sol.

« Comme vous pouvez le voir, les parois portent les traces d’anciennes civilisations. Les peintures, façonnées par la magie sont encore bien visibles et témoignent… » Un cri aigu retentit. Le guide se tourna vers l’une des femmes du groupe. Son index tremblant était pointé vers l’une des cavités. L’homme regarda dans la direction ainsi montrée. Il n’y avait rien. Comme si elle cherchait à se justifier, face aux silences circonspects de l’ensemble du groupe, elle commença à expliquer, bégayant sous le coup de l’anxiété. « J’… J’ai vu une si… silhouette ! » Une petite boule d’angoisse commença à atteindre l’estomac de quelques participants à l’excursion. Le guide se voulut rassurant. « Ne vous inquiétez pas. Il n’est pas rare de croire apercevoir quelque chose mais je vous assure qu’il n’y a que vous et moi ici. Le site est vérifié chaque jour et ne présente aucun autre intérêt qu’historique. » Elle hésita. Elle en était sûre pourtant. Néanmoins, l’esprit est idiot et le fait qu’elle capitulât si facilement me fit sourire. Lorsqu’un monstre est caché sous le lit, il vaut mieux se convaincre qu’il n’en est rien et se blottir dans le confort rassurant de ses draps, n’est-ce pas ? Mauvaise nouvelle : je n’étais pas le genre de monstre à rester sagement sous le matelas, immobile, à attendre qu’un pied ou une main arrivât à ma portée pour le dévorer. Non. Je sortais de ma cachette et je torturais mes victimes, jusqu’à ce que leurs jolis draps blancs fussent teintés de rouge et recouverts de morceaux de chair.  

« Où est Abel ? » demanda soudain l’un des hommes. Tous se regardèrent, ainsi que les alentours. « Abel ? Vous êtes là ? » interrogea le guide. « Mon mari est parfois curieux… Il a pu quitter le groupe pour admirer quelque chose qui l’intriguait. » Le déni. Les hypothèses. La perte. Abel n’était pas en train de contempler une œuvre d’art. Il était à genou devant moi, réduit au silence, ses oreilles, son nez et la peau fine de ses joues trônant mollement entre mes doigts. J’avais envie de créer, aujourd’hui, créer une œuvre d’art mais plutôt une œuvre de cauchemar. Cet homme, à la silhouette musculeuse, serait parfait pour servir de base. J’allais revisiter le concept de patchwork. En violant, en torturant et en tuant ce groupe d’idiots sans intérêt, je pensai à l’Empereur Noir. J’espérais qu’il m’enverrait des espions bien plus compétents que les précédents. S’il désirait m’enchaîner de nouveau, il allait devoir venir lui-même. Je me réjouissais de nos retrouvailles. Après mon petit message, s’il ne me faisait pas le plaisir de se déplacer, il me faudrait sévir.

Lorsque les cris cessèrent, ma statue était terminée. Il ne restait qu’une adolescente encore vivante. J’avais utilisé un morceau de chair de son père pour la faire taire. Elle avait fini par s’évanouir. Mon art créait souvent ce genre de réactions. C’était un Ange, constitué de toutes les victimes. Il y en avait dix-sept. J’étais certain que ceux qui découvriraient la chose penseraient à un Réprouvé mais ce n’était pas le cas. L’horrible monticule de chair et d’os était le mix parfait entre deux êtres chers au cœur de mon double. Lui, comprendrait. Une aile blanche et une aile noire, j’avais d’ailleurs fait avec ce que j’avais trouvé de matière pour lui donner l’aspect noirâtre, l’individu se tenait debout, soutenu par des os. Une main tendue en avant, son expression était celle de l’horreur. Sur sa joue reconstituée, j’avais tracé deux traits pour les yeux et une courbe pour le sourire. Sur l’autre, j’avais fait exactement la même chose, la courbe inversée pour créer une face mécontente. Ça le représentait : un faible, incapable de laisser les ténèbres faire leur travail. J’allais le libérer de ses chaînes. Lui aussi, serait le monstre sur le chemin duquel personne ne voudrait se trouver.

Je m’approchai de l’adolescente. Elle allait vivre une agression autant physique que psychique. J’allais la détruire. J’allais lui voler tout ce qui rendait sa personnalité stable, la traumatiser pour le restant de son existence. Même lorsqu’elle serait adulte, si elle survivait à mon cadeau final, qu’elle se croirait heureuse, il lui arriverait de penser à ce qu’il s’était produit dans cette caverne. Elle ne serait jamais totalement soignée et ce serait le cas tant que ses souvenirs demeureraient.

Une fois que j’eus fini, vidé et satisfait, je déployai Lux in Tenebris, afin de la contaminer. La Rubrum était une maladie particulière. La chair se regroupait en de petites billes sans que le sujet ne s’aperçût de son état au début, si ce n’était par l’apparition d’une fatigue de plus en plus importante. Les billes finissaient par se multiplier et par pousser la peau, jusqu’à la déchirer. Le seul moyen de la soigner sans magie était d’enlever les zones contaminées. C’était douloureux et parfois le soin entraînait la mort. Je souris, en regardant son corps dénudé. J’avais peut-être coupé quelques morceaux. Elle ne ressentirait plus jamais de plaisir. J’en étais certain, à moins de trouver un mage suffisamment puissant pour s’adonner à de la reconstruction. « Dès que tu pourras marcher, et si personne ne te trouve d’ici là, tu iras au premier village qui se présentera afin d’expliquer qu’un monstre a habité cette caverne et qu’il y a laissé un présent pour Kaahl Paiberym. » Si les trois Kaal se déplaçaient, ça arrangerait mes affaires. Je devais toujours m’occuper du gros et prendre sa place. Nous allions jouer, Élu de la Lune Noire contre ancien Élu de celle-ci, et il perdrait, parce que le Bien n’avait jamais cessé d’être faible, incompétent, passif. Il devrait se plonger entièrement dans le Mal s’il souhaitait m’anéantir avant que je ne fisse de sa vie un champ de ruines. Moi, contrairement à lui, je n’avais aucune limite. Je pouvais torturer des enfants sans en éprouver le moindre remord, les siens si nécessaire. Le Chaos était mon seul amour. Je n'existais que pour lui.

1181 mots

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