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 [Q] - Nous resterons une famille | Miles

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Ven 12 Fév 2021, 01:46


Crédit : Inconnu.

« Je prends l’Électricité! Quelqu’un devra faire gaffe, héhéhé », se mit à glousser Toesia après avoir assistée, avec un sourire, à l’échange entre les deux Chamans.

De son côté, Dærion réfléchit un instant avant de porter son choix sur l’armée des Pyx (Terre), tandis que l’aîné de la fratrie jeta son dévolu sur l’anneau de contrôle violet, qui manipulait les pions de même couleur, représentations des Lyrienns de l’Air.

« Maintenant que tout le monde a choisi son Élément, je vais pouvoir vous distribuer votre mission pour la partie à venir », annonça Kaine en mettant fin au mélange des cartes pour enchaîner, aussitôt, sur leur distribution.

Comme Toto leur avait expliqué précédemment, cette mission représentait le cœur de leur stratégie, puisque le premier à remplir sa mission gagnait la partie. Chacun devrait alors jouer dans le seul but d’atteindre l’objectif de sa mission, cette dernière n’étant pas forcément synonyme d’expansion territoriale, bien au contraire. Si certains d’entre eux devront effectivement jouer pour conquérir le plus de territoires possibles, d’autres devraient user de fourberies et de manipulation afin d’écraser un adversaire précis, et ce, dans le secret le plus complet. Après s’être assuré que tout le monde avait prit connaissance de sa mission – et que Toesia Eses avait fini de ricaner dans sa barbe en lançant des mimiques cheloues aux autres joueurs – Kaine mit de côté le reste des cartes pour chercher quelques jetons de jeu, qu’il mélangea rapidement, sans trop se forcer, avant de présenter la petite pile, face cachée, à la jeune Nono.

« Choisis un seul jeton, sans regarder sa face. C’est lui qui déterminera la Souveraineté en place pour les quatre prochains tours. »

De la sorte, les cinq adversaires seraient rapidement fixés sur quel Élément serait gracié par l’Æther dominant. Puis, en réalisant plusieurs changements dans la Souveraineté au cours de la partie, cela permettrait ainsi d’ajouter un peu d’inattendu et quelques retournements de situation. Pensivement, Nörråke examinait chacun des jetons qui avaient été placés devant elle, espérant piger le Dieu qui lui serait le plus favorable, et après de longues secondes de réflexion, elle finit par poser le doigt sur l’un d’entre eux. Kaine lui indiqua de le placer au centre du plateau, là où un piédestal, cerclé par la mer, pouvait être aperçu. Il s’agissait du Trône du Souverain et, dès le premier contact entre le jeton et le siège surélevé, une flamme, d’un rouge incandescent, jaillit de la pièce, étendant son domaine à l’ensemble du plateau, qui se mit à reluire d’une douce lueur vermeille.

« Le Souverain a été choisi. Il s’agit de l’Élu de Shaana, Déité du Feu »

Tous les regards se focalisèrent naturellement sur le visage de Draaskag, dont les lèvres esquissaient un large sourire victorieux. « Les Ætheri veillent sur moi », semblait leur murmurer la confiance dans ses yeux. Faussement menaçante, Toesia lui fit signe de se méfier, tandis que Nörråke restait parfaitement calme, persuadée qu’avoir l’ascendant sur son frère, grâce à son Élément, pourrait la protéger. Une chance que personne n’avait choisi de prendre les armées de la Glace ou celles de la Nature : ce joueur aurait mal commencé sa partie.

« Hop! C’est maintenant l’heure de connaître où seront postées nos armées. »

Distribuant les cartes, en face cachée, l’Orisha leur attribua leurs territoires jusqu’à ce que le paquet entre ses mains soit entièrement vide. Ces cartes leur révéleraient quels seraient les régions de l’Archipel qu’ils devraient occuper dès le commencement du jeu.

« Placez au moins un Régiment sur chacun de vos territoires, leur signala le jeune chasseur en leur présentant une pièce de Mëëkur, avant de montrer l’exemple en dispersant son armée sur le plateau du jeu, en accord aux cartes qu’il avait obtenu. Lorsque vous vous serez assurés que toutes vos régions possèdent au moins un Régiment, vous pouvez répartir le reste de vos pions un peu partout sur vos territoires. »

Tout le monde suivit ses directives et, à la conclusion de ces préparations, la partie put enfin commencer.

Cependant, les hostilités ne tardèrent à s’échauffer, les missions personnelles semblant se chevaucher d’un joueur à un autre, notamment entre Toesia Eses et Nörråke. Les deux jeunes filles semblaient convoitées Su, l’Île de l’Eau, depuis trois tours déjà, et si Toto avait l’ascendant lors des assauts contre les armées de Nono, ces dernières étaient toutefois relativement bien préservées en raison de la protection indirecte dont lui gratifiait Dærion avec son armée des Lyrienns de la Terre qui, eux, avait l’ascendant sur les armées des Lyrienns de l’Électricité. Des fracas titanesques pouvaient être aperçues et entendues sur ce secteur du plateau, les Éléments se déchaînant à chacune des attaques que les adversaires se distribuaient. Des vagues hautes comme la Vigilante, prenaient vie non loin des pions de Nono tandis que la terre tremblait du côté des Régiments de Dærion. Concentrant ses attaques sur l'armée de sa petite sœur, la jeune Orisha lançait, quant à elle, des lances foudroyantes, sa Cavalerie, montée sur des Kirin, ne faisant aucun quartier. En parallèle, Draaskag profitait de ces dissensions territoriales entre ses deux petites sœurs pour rassembler ses Régiments – surtout ses unités de Dragons de Flammes – vers Djomir, l’Île du Métal, dans l’intention de la conquérir. Cependant, devant la progression de ses armées, Kaine entrava subitement son chemin en commandant à ses propres combattants d’attaquer l’ennemi de Feu, la confiance de l’Orisha se gonflant d’un peu plus de témérité en raison de la nouvelle Souveraineté en place, glorifiée par les vents violacés d’Ajrov, la Déité de l’Air.

« Dis, Kaine, est-ce que nous pouvons former des alliances? Se questionna Nono, les yeux pétillant d’un amusement à peine dissimulé.

- Bien sûr! Rien ne l’interdit. »

À cette mention, le visage de la petite Chamane se tordit d'un rictus machiavélique. Aussitôt, son intérêt se porta sur Dærion, et Toesia Eses bondit de sa chaise. Si le majordome acceptait les termes de l’alliance, s’en était terminé de son ascension. C'est pourquoi, face à la menace doublée, Toto n’eut d’autres choix que de reculer ses armées, laissant désormais Dærion et Nörråke, face à face, sur l’Île de l’Eau. Toute la tablée attendait le tour où les anciens alliés se planteraient des couteaux dans le dos. Cependant, en abandonnant Su, les armées de Toesia se rapprochaient rapidement des pions de Kaine. Une idée, maligne, vint alors à son esprit.

« Kéou– Elle se rattrapa à la dernière seconde, consciente qu’il lui faudrait se mettre dans les faveurs du brun pour sa prochaine action. Kewa! Je veux former une alliance avec to… Kewa? Allô? »

L’un des sourcils de la petite fille se souleva, dubitatif. Draaskag semblait écouter le vide et, à un instant, ses lèvres s’ouvrirent pour expirer quelques paroles sans queue ni tête. Cependant, n’étant pas de ceux qui tergiversent pendant mille ans avant d’agir, la jeune fille se leva sur son siège, s’appuyant contre la surface de la table avant de pencher son buste vers l’avant, dans l’intention de se rapprocher de son grand frère.

« La Voix appelle Kewa! » Lança-t-elle en secouant sa main devant la face du rêveur, qui sursauta soudainement.

Si Toto parut perplexe face à l'absence de l'adolescent, elle ne fût pas la seule, Dærion et Kaine examinant Draaskag avec un regard hésitant.

« Est-ce que tout va bien? S’enquit le jeune homme aux cheveux cendrés, posant à voix haute ce que tout le monde songeait tout bas.

- Il parle encore aux… euh… aux Esprits? » Posa Toto en portant son attention vers Nörråke.

Le jeune homme posa alors ses iris dissemblables sur le visage de la petite assemblée. Une expression détendue se profilait sur les lignes de son faciès alors qu’une satisfaction sans pareille avait du mal à être réprimer sur la commissure de ses lèvres.



« C’est ici. »

Main dans la main, entraînant Léto dans mon sillage, je la guidais jusqu’à la roulotte isolée, me permettant de contempler les quelques nouveautés de celle-ci depuis ma dernière visite. Toutefois, l’examen fût brusquement interrompu à l’instant où la porte de la roulotte s’ouvrait sur une Latone suspicieuse. Captant son expression, un sourire vint jouer sur l’arc de mes lèvres, ma main se levant automatiquement dans sa direction afin de la saluer.

« Bon matin! T’es peut-être pas encore bien réveillée pour ça, mais je t’amène une ptite surprise! »

Me décalant sur le côté, je laissais la place à Léto pour qu’elle s’avance. Dès lors, les pupilles des deux jeunes femmes s’illuminèrent, chacune étreinte par un sentiment tonitruant, vibrant, qui mêlait la fierté à la surprise; la joie au ravissement. Bien content de les savoir de nouveau réunies, je ne pouvais réprimer le sourire qui se camouflait derrière les tissus de mon cache-cou, les observant s’appeler, se rapprocher… … … Lentement, le rire sur mes lèvres se fana, mes cils se mirent à papillonner, en même temps que les deux guerrières s’entrechoquèrent violemment, dans un fracas amplifié par le premier coup qu’elles se portèrent au nez. Je restais planté comme un légume en terre, les traits figés durant une fraction de seconde.

« … … Hum… »

Mais les coups pleuvaient, noyant ma vaine tentative de m’incruster afin de savoir ce qui se passait entre elles. Je pense que je vais me taire. Ça me permettra peut-être de comprendre ce qu’elles fichent exactement, pensais-je intérieurement, placardant aussitôt une expression neutre sur les lignes de mon faciès, jusqu’à ce que les premiers rires fusent de leur gorge. Je compris aussitôt. Ah mais… Par les Dieux, elles sont comme des enfants. Cette fois-ci, un regard plus attendri et amusé les couva, le sourire perdu se réinstallant sur mon visage.

« Pfff! Hahaha! Éclatais-je de rire en me rapprochant définitivement de leur position, m’arrêtant à la hauteur de Léto, à qui j’adressais une œillade brillante. Vous m’avez berné pendant quelques secondes avec votre numéro, bon sang. Vous êtes certaines de ne pas être des Réprouvés, toutes les deux? »

Puis, mon regard vagabonda jusqu’à la petite sacoche qui se balançait contre mon flanc. J’avais une autre surprise pour la Marcheuse aux cheveux bleus, qui nous invitait à la suivre sous son toit. Ne regardant pas spécifiquement là où je posais les pieds, je laissais pourtant mes autres sens me guider, extirpant finalement le livre que je recherchais.

« Ah! Le voilà! C’est le fameux recueil de recettes que je t’ai parlé la dernière fois, celui où il y a la recette pour faire des poires séc–

- Aïe! »

Surpris par le couinement étouffé qui résonna dans notre dos, Latone et moi nous retournâmes comme un seul homme. Léto, qui venait à peine de traverser le seuil de la porte d'entrée, avait une main posée sur son crâne, la rougeur résultante de ce fracas entre sa tête et l'encadrement commençant déjà à se colorer avec vivacité. Vous aussi, vous aviez cette drôle d’impression de déjà-vu, n’est-ce pas? À ce constat, je ne pus m’empêcher de sourire, frôlant la joue de ma fiancée du bout des doigts.

« Öm juishi, je te jure, je vais commencer à faire une compilation des meilleures rencontres entre les encadrements de porte et ton front, très prochainement », rigolais-je en lui jetant un coup d’œil audacieux et narquois.

Pourtant, au plus profond de mes pupilles, il lui était possible d’y lire ma véritable inquiétude. Même si je savais que ce genre de maladresses n’était pas grand-chose pour la guerrière qu’elle était, un « Ça va? » silencieux dansait tout de même dans les reflets rubis de mes iris. Après quoi, je me retournais vers Latone pour lui tendre le livre.

« Tiens. Tu pourras le regarder quand tu auras un moment. Pis, autre que la préparation de poires séchées, tu pourras y trouver des recettes intéressantes. Y’en a une, le gâteau au fromage avec colis de fruits rouges, qui a l’air simplement divine. Faudra qu’on l’essaye un de ces quatre! »

En même temps, Léto et moi nous installâmes à l’intérieur de la roulotte, les mires de la Chamane explorant avec curiosité l’habitation de celle qu’elle avait toujours considérée comme sa sœur, sa moitié.


2 017 mots | Post VIII




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Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Jeu 11 Mar 2021, 15:57


" Tu as triché ! " Nörråke bondit de sa chaise, exaspérée de la malheureuse tournure des événements.

Menacée par les armées de la Chamane et de l’Orisha, la proposition de Toesia ne put qu’être émise, et forcément acceptée. L’attaque de Djomir ne fut qu’un leurre pour amener quiconque autour de la table à profiter de l’initiative de Kaine pour prendre ses pions à revers, plaçant innocemment Draaskag en position de faiblesse. Dans tous les cas, Kewa’Enre’O avait comme compris les intentions de Nono vis-à-vis de l’Île de l’Eau, ce qui entraînerait forcément des hostilités à son égard. Grâce à l’alliance avec Toesia, il avait pu tisser suffisamment de conflits entre les frangins de cette demeure pour conquérir les territoires négligés… et convoités par le benjamin. D’un flegme insolent, le Chaman s’accouda au fauteuil et planta ses iris dissemblables sur la descendante des Hǫfðingi.

" J’ai simplement très bien joué et parfaitement anticipé vos manœuvres. " Le sarcasme criait dans leurs oreilles et finissait par échauffer l’esprit de la Taiji, celle-ci levant un index accusateur sur le vainqueur.

" Tu as laissé les Esprits te parler et tu leur as même demandé des informations ! " Il roula des yeux.

" Nono… Tu peux confirmer ce qu’il a fait ? La jeune fille se retourna vers son grand frère. Si c’est vrai, la partie ne compte pas ! "

" Ben… Une mine boudeuse se profila sur son faciès. Je ne peux pas… vraiment voir les Esprits. Cela m’arrive de les ressentir, mais… "

" Tu es encore trop jeune. " L’affirmation lui parût comme un coup dans le dos.

" Tu parlais tout bas, ce n’est pas normal… " Il haussa les épaules.

" Je réfléchissais avec moi-même. " Elle grogna et croisa les bras. Quand il était têtu, la confrontation était ingérable.

" Kewa… Draaskag a pu bien jouer. Kaine commença à rassembler le bazar. Si vous tenez à vous venger, on peut refaire une partie. " Il accorda une brève œillade à Daerion pour obtenir son autorisation.

Silencieux, le Chaman fixa son aîné, sans écouter de vaines critiques de ses petites sœurs s’il y en avait. Il avait du mal à croire qu’il ait pu tirer une telle conclusion étant donné la facilité avec laquelle la partie fut écourtée. Draaskag se remémora un petit moment leur discussion de tantôt, une certaine culpabilité se dessina dans un coin de sa tête.

" Je l’admets, les Esprits m’ont aidé. La bombe lâchée, les deux fillettes se relevaient déjà pour reprendre de plus belle les plaintes. Toutefois, il leva son index en guise de conservation du flambeau. Mais, ils m’ont surtout confirmé quelque chose qui vous intéressera tous. Il capta chacun de leur regard pour être sûr d’avoir leur attention. L’information était importante et risquait de changer à jamais leur quotidien. Il baissa la main et fit mûrir son discours, les iris absorbés par le plateau de jeu. Mère n’est pas venue dans le seul but de vous confier la vérité, elle avait un autre objectif. Il leva les yeux au plafond. Et apparemment, elle a réussi. " Toesia ne se contenait plus.

" Crache le morceau, roh ! " Un demi-sourire apparut et il acquiesça.

" Ils vont se marier. "

La perspective semblait inimaginable. Enfin, l’idée ne leur avait jamais traversé l’esprit tant l’amour qu’entretenaient leurs parents s’avérait si évident, si puissant. En soi, une cérémonie officielle n’était même pas nécessaire. Mais la nouvelle position de la femme ne pouvait qu’amener plus de subtilités et d’interrogations. Les Chamans ne se mariaient guère par intérêt, néanmoins ces cérémonies représentaient un grand symbolisme pour les tribus ; surtout lorsqu’il était question de la Reine en personne. Léto pourrait s’unir à d’autres prétendants si cela les accommodait, il n’en restait pas moins qu’une union toute particulière comptait pour elle.

" Nom d’un Æt— ! "

" Chuuut ! Regard menaçant et index sur les lèvres, Draaskag prenait à cœur son rôle de grand frère. Ne faites pas de bruit, on ne doit pas les déranger… " Edel devait bénir cette union en cet instant précis.

" Tu rigoles ?! Il faut les féliciter ! " Toesia s’était déjà levé et lançait mutuellement des œillades étoilées à Nono.

" Haha, c’est une bonne nouvelle depuis le temps, mais il a raison. On devrait les laisser se remettre de leurs émotions… " Un silence gêné s’installa. Les Chamans ne comprirent pas trop pourquoi.

Quoi qu’il en soit, Kewa’Enre’O en profita pour réfléchir un moment. Les conséquences de ce mariage pourront attendre. Voir sa mère heureuse lui importait bien plus en l’état, et il se pourrait que les enfants aient les cartes en main pour entretenir ce bonheur.

" Hmm, on pourrait leur préparer quelque chose pour célébrer ça. Une sorte de cadeau. Quelqu’un aurait une idée ? " En soi, il connaissait bien les goûts de leur génitrice, ce qui était une toute autre histoire concernant le père.

Songeuse, Nörråke se retrouva à lorgner sur un tableau que la Sùlfr dût peindre pour décorer le salon.

" Une peinture, peut-être ? "

" Personne ne sait peindre ici… " Était-ce si important au final ? Ne disait-on pas que l’intention comptait avant tout ?

~~~

" Aïe ! "

Aussi vive que Miles, Latone observa sa moitié épouser l’encadrement de l’entrée. Elle ne retint qu’à peine un rire moqueur, comme une vengeance pour sa taquinerie de tantôt. Au moins, le Naäzkil était sur le coup pour s’assurer que tout allait bien. Léto couva son fiancé d’un regard à la fois meurtrie et attendrie.

" Maiiis… N’eût-elle que comme répartie à l’idée du répertoire. Quelle idée de les faire trop petites aussi ! Comment tu fais, Latone ? "

" … Je me baisse ? " Les deux femmes s’échangèrent un arc électrique fictif. Ce genre d’interactions fût si lointain.

Sans plus tarder, la Bleue s’apprêtait déjà à servir dignement ses invités, telle une hôte exemplaire. Toutefois, la générosité du Köerta la rattrapa, pour son plus grand plaisir. Depuis qu’elle était confinée ici, Miles s’était assuré de lui offrir quelques présents qui lui seront utiles pour sa nouvelle Vie. Elle n’étant en plein apprentissage et rattraper ses lacunes lui demandera du temps. En soi, être prisonnière ici était une aubaine, et chaque jour s’avérait plus délicieux que le précédent. Ses pupilles bleutées s’illuminèrent en saisissant le livre, elle le feuilleta qu’à la va-vite, déjà intriguée par toutes les possibilités.

" Trop bien, on essayera ! Le fait de l’inclure dans sa découverte finit par le gêner et provoquer un subtil rougissement de ses joues. Son regard se fit un brin fuyant alors que Léto finissait de se remettre de ses émotions et de s’installer. Merci. "

" Vous vous entendez bien, c’est déjà ça. " La tête reposée sur sa main, son coude sur la table, la Chamane observa le duo avec un sourire équivoque.

Latone lorgna sur l’une puis sur l’autre, avant de se racler la gorge et de déposer le bouquin sur une étagère, comme si de rien n’était. Elle s’affaira à dresser un panier de fruits pour la matinée et trois verres de jus de poire. Pendant ce temps, la blonde examina un peu plus l’intérieur de la roulotte, plutôt peinée que l’Orisha ne pût pas profiter de ses véritables quartiers à la Vigilante. Surtout qu’à présent, ils lui appartenaient pour de bon. Léto abandonnait cette vie dans la Marche et la cédait volontiers à la Kirzor, destinée à accomplir de grandes choses. Il n’était plus question de leur imposer – à elle, à lui, et aux enfants – une chimère qui était lasse de son faux rôle.

D’une attitude emplie de fierté, Latone servit un modeste petit-déjeuner et s’installa à leurs côtés, croquant déjà dans une Jun bien juteuse. Le boucan de la mastication trancha en ce silence et poussa la conversation à reprendre.

" Alors, quoi de neuf ? "

" Beaucoup de choses. Prête ? " Entre plusieurs gorgées successives, Léto conta les grandes lignes : son couronnement, la mort de Devaraj, la vérité offerte aux enfants. Ses palabres étaient fluides mais toujours pleines de détails parfois inutiles.

" Wow, c’est… wow. L’Orisha ne sut quoi dire sur l’instant et se contenta de boire pour faire passer tout ça. Que dire, bravo pour ta couronne déjà ! Une fois de plus, tu te surpasses. Son index joua avec une mèche de cheveux ; l’écart entre elles deux lui semblait toujours aussi grand. Donc, si je comprends bien… Elle les regarda à tour de rôle. Je n’ai plus à jouer la comédie ? "

" Exactement. Je suis désolée de t’avoir imposée de telles responsabilités, mais je suis tout de même ravie que tu ais fini par trouver ta place. "

" Tss, tu ne m’as rien imposé. J’ai accepté de le faire. " Même si Latone ne s’était pas attendue aux conséquences ; en l’occurrence, à Miles.

" Il y a autre chose, aussi. La Chamane se tourna un peu plus vers son futur époux, sa main allant chercher la sienne pour la masser avec tendresse. Avec Miles, nous avons décidé de nous marier selon les coutumes de mon peuple. Latone resta silencieuse, quasi inerte, attentive. Officiellement, ce sera pour consolider l’entente avec les Corvus, même si la véritable raison est que nous sommes ensembles depuis si longtemps… Elle coula un regard amoureux sur son partenaire. C’est la suite logique. " Si elle pouvait obtenir du bonheur à tout prix avant le revers de la médaille, ce ne serait pas du luxe.

" Eh ben… Depuis la nouvelle, la Bleue n’osait affronter le regard de quiconque, se perdant dans le contenu de son verre. Les lèvres à peine trempées par le nectar, la Marcheuse émit une maigre politesse : Félicitations. Elle arrêta de boire, sa boisson déjà terminée entretemps. Vos mômes doivent être contents. " La Souriante fit honneur à son titre.

" Oh, ils ne sont pas encore au courant ! On leur annoncera tout à l’heure ? Demanda-t-elle à Miles, la cause étant entendue. Si tu voudras venir à la cérémonie, je peux arranger une escorte. " Ses proches en dehors de l’Île Maudite se comptant sur les doigts d’une main.

" C’est que… je suis coincée ici. S’excusa-t-elle en caressant ses cheveux. Et… Elle hésita. C’était trop tendu à son goût. Trop de choses à faire. " Léto ne retint pas son étonnement, mais ne s’en offusqua pas pour autant.

" D’accord, on pourra en reparler plus tard, si tu veux. Latone ne préférait pas. Sa sœur d’arme se vit sceptique face à son attitude. Ça va ? "

" Oh, euh, ouais ! Elle parut s’extirper d’une longue rêverie. Je ne comprends pas encore très bien ce… genre de choses, tu vois ? Un apprentissage long et laborieux. Mais je suis heureuse pour vous. Vraiment. " Léto la fixa quelques secondes, avant de sourire à nouveau.

" Merci, Latone. "


1837 mots ~



By Jil ♪
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Miles Köerta
Lun 22 Mar 2021, 02:43


Crédit : Inconnu.

« Personne ne sait peindre ici », qu’il dit! S’exclama une Toesia complètement euphorique, les mains sur les hanches, un rire incontrôlable prenant d’assaut l’intégralité de son corps tant la joie l’emplissait, la gavait. Ah! Kaine! Viens m’aider! On aura besoin d’une looooongue toile vierge, et de pinceaux, et il reste encore de la peinture depuis la dernière fois? Elle était surexcitée, décidément, n’attendant pas de confirmation avant de sauter sur le bras de son frangin. On va leur peindre un truc absolument grandiose, génialissime, digne des œuvres du Maître du Jeu, de Piccaro… Non, des Dieux même! Dépêche-toi! »

Avant même d’avoir pu placer un mot, le grand frère se laissa entraîner sans résister, esquissant un sourire contrit qu’il distribua au reste de la fratrie. Lorsque les deux Orishas quittèrent la pièce pour rassembler le nécessaire de peinture, Dærion porta machinalement son attention en direction des enfants chamans.

« Ne nourrissez pas trop d’espoir. Si Kaine parvient à dessiner certains animaux, Toesia est un tout autre cas : c’est à peine si elle peut crayonner un être humain aux bonnes dimensions. »

Au roulement des yeux de Draaskag, à son soupir qui sembla leur crier, dans un désespoir exaspéré « C’était sûr! », l’adolescent aux cheveux cendrés ne put réprimer un léger gloussement, leur proposant une trêve pour les prochaines heures. Si la blonde accepta les termes du majordome, le sentiment d’injustice empoisonnait toujours autant la conscience de Nörråke, qui se retourna vivement dans la direction de son frère.

« D’accord… Mais Kewa devra répondre de sa tricherie! Il commencera directement avec un malus la prochaine fois. »

Comme il se faisait juge de la confrontation entre le plaignant et la défense, Dærion laissa flotter son regard jusqu’au buste du Chaman afin de connaître son avis, le lorgnant calmement pour lui faire comprendre que, s’il désirait apaiser la colère des jeunes filles, qu’il lui faudra certainement se plier à la demande qui, pour le coup, n’était pas totalement injustifiée. Impuissant et ne voulant pas subir plus longtemps encore les jérémiades de ses cadettes, Draaskag céda dans un soupir de résignation, conscient qu’il ne ressortirait jamais victorieux de cet affrontement : ses adversaires étaient acharnées et ne lâcheraient certainement pas leur extrémité du bâton tant et aussi longtemps qu’il conservait son propre bout. Visiblement satisfaite de cette conclusion, Nono hocha vigoureusement de la tête en signe d’agrément, tout sourire, déjà en train de s’imaginer l’annoncer à Toto pour qu’elles puissent planifier leur vengeance sur le tricheur, le félon, le menteur, peuh! Consciencieusement, Dærion tapota avec gentillesse la tête de la petite blonde et adressa un sourire au grand frère, sa naturelle sérénité paraissant avoir quelques effets tranquillisants sur le tempérament des jeunes.

Maintenant que les remous de la dispute semblaient s’être momentanément apaisés, le majordome reporta son attention sur la table à manger, assiégée par le plateau de jeu et ses dizaines de bataillons, prêts aux prochains combats.

« Rangeons pendant qu’ils sont partis chercher le matériel, histoire de faire un peu d’espace. »

Ils se mirent aussitôt à l’action, rassemblant les cartes du jeu, enlevant les pièces du plateau en trois dimensions, les animations s’évanouissant dès que le contact entre les deux surfaces était rompu. Ils retirèrent leur bague de contrôle en même temps, remarquant que les deux autres enfants Köerta s’étaient éclipsés avec les leur, et rabattirent finalement le plateau du jeu, l’Archipel d’Aeden se distordant avant de complètement disparaître à l’intérieur de la planche repliée.

« Un p'tit coup d'main? »

Les têtes se redressèrent simultanément, assez vite pour apercevoir Toto traverser l’encadrement de la porte arrière. Elle et Kaine avaient rapidement enfilé leurs bottes pour se rendre jusqu’au cabanon, dans lequel reposait le nécessaire de peinture de leur mère. Faute de n’avoir d’atelier au sein de la demeure, exprimant son art bien plus souvent hors de Ciel-Ouvert, Léto avait réservé l’un des coins du bâtiment pour y entreposer son matériel, au chaud. Laissant le temps à la furie de secouer ses bottes, Nono alla aussitôt porter main forte à sa sœur, la délestant des pinceaux et de quelques tubes de peinture pour lui permettre d’aider Kaine qui, derrière elle, s’avançait avec la fameuse toile. Pendant ce temps, Dærion avait recouvert la table d’une longue nappe de protection afin de ne pas tâcher le mobilier et récupéra les bagues manquantes du jeu, une fois que les Orishas se séparèrent de leurs chaussures.

« Qu’est-ce qu’on va peindre? Vous avez des idées?

- Euh… on peut écrire un gros « Félicitation!! » et dessiner plein de petits cœurs à côté?

- Naaaan! C’est trop niais, ça! Rigola Toesia, Kaine faisant aussitôt mine de réfléchir.

- Et pourquoi pas « Vive les futurs mariés! »?

- « Il était temps, après plus de quinze ans! »

- « Mieux vaut tard que jamais! » Enchaîna la gamine, le frère et la sœur éclatant de rire.

- Vous ne devriez pas vous moquer… Grogna le Chaman.

- C'est gentillet, t'inquiètes. »

D’un côté, le trio en fête, tandis que de l’autre, le duo Nörråke-Dærion observait les couleurs mises à leur disposition.

« On pourrait dessiner un couple de loups ou des colombes, pour demander la bénédiction d’Isahora et d’Edel.

- Tu sais dessiner de belles colombes? Posa Dærion en cherchant le regard de la blondinette.

- Oui, oui! Regarde! »

Leur nuit, à eux, ne faisait que commencer.



« On a appris à se supporter », rigolais-je à la remarque de ma fiancée, conscient des hauts et des bas qui nous avaient bercé dans ce mensonge singulier.

Puis, je jetais un bref coup d’œil du côté de Latone, souriant sincèrement, maladroitement, alors qu’elle se détournait prestement afin de dresser un panier rempli de victuailles.

« Merci! Je meurs de faim! On a avalé notre petit-déjeuner à vitesse grand V, ce matin », me réjouis-je en étirant déjà le bras pour prendre ma part, jetant mon dévolu sur une poignée de mûres fraîchement cueillies dans les bois environnants.

Je les reconnaissais à l’odeur, les ayant croisés – et les ayant mangés autant de fois! – lors de mes sorties dans la forêt. Silencieux, laissant volontiers la parole à Léto, je buvais mon verre et appréciais le goût sucré des fruits sur mon palais. À un moment, je me pourléchais les babines, m’attaquant à une tranche de pain que je tartinais d’une marmelade orangée, tandis qu’en face de nous, l’étonnement de la Bleue ne faisait que s’accentuer. L’étendue de sa surprise et de son admiration grandissait sur l’ensemble de son visage. Ce n’était guère surprenant. Plusieurs événements s’étaient enchaînés en si peu de temps, et il y avait de quoi avoir un peu le tournis à l’entente de ces révélations. Toutefois, aucune d’entre elles ne sembla autant la choquer que celle qui s’extirpa doucement, tendrement, de la bouche de la Chamane. Je sentis la chaleur de sa main se rapprocher de la mienne et, délicatement, j’accueillis ses doigts dans mon poing, les entrelaçant et les serrant avec conviction. Aussitôt, l’allégresse et la félicité revinrent réchauffer ma poitrine et un sourire irrépressible s’imprima, indélébile, sur la commissure de mes lèvres. Pourtant en me retournant dans la direction de la Marcheuse, je fus légèrement surpris de constater qu’elle était autant… muette. La nouvelle ne paraissait pas lui plaire autant que prévue. Hum…

« Oh, oui. Bien sûr! Répondis-je à Léto lorsqu’elle se rapprocha pour me questionner à propos des enfants. J’entends déjà les moqueries de Kaine au loin. »

J’essayais de détendre l’atmosphère, mais n’aperçut jamais un brin de sourire ou de ravissement sur les traits de Latone. Qu’est-ce qu’elle avait? J’hésitais à outrepasser mes droits et fouiller par moi-même le contenu de son cœur, mais finis par conclure que ce n’était sûrement pas une bonne idée, la plaidoirie de la réincarnée me faisant, néanmoins, arquer un sourcil. Trop de choses? Pensais-je en penchant légèrement la tête sur le côté, curieux et à la fois intrigué. Pourtant, je ne me prononçais pas, Léto la questionnant pour nous deux. Sans mal, nous pouvions percevoir l’inquiétude qui vibrait dans le trémolo de sa voix, alors qu’elle essayait de comprendre les implications de la Bleue vis-à-vis de ses mots. Discrètement, j'échangeais un regard avec ma fiancée.

« C’est dommage… » Finis-je simplement par soupirer, secouant la tête.

J’étais véritablement déçu.

« Par « trop de choses à faire », est-ce que tu fais référence au problème de l'usurpatrice? Je relevais mon regard dans sa direction, sondant les lignes de son visage avec attention. Est-ce que vous vous êtes décidés à vous occuper d’elle? »

Ou attendaient-ils encore pour récolter le plus d’informations possible sur celle qui se prétendait être la fameuse Guide?


1 435 mots | Post IX




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Latone
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Latone
Lun 29 Mar 2021, 17:25


Mais c’était sûr en fait ! Comment de tels hérétiques pourraient maîtriser la subtilité d’un art aussi profond et majestueux que la peinture ? Enfin, lui-même ne saurait ne serait-ce qu’égaler les compétences de la Souriante, mais… Au moins, Draaskag connaissait la théorie sur le bout des doigts, et ça, c’était déjà un grand pas !

" Je n’en attendais pas plus de la part d’étrangers. Confia-t-il à Dærion avec un flegme insolent, avant d’encaisser un coup de coude sur ses hanches de la part de Nörråke. Quant aux accusations éhontées à son égard : Ce n’était pas de la tricherie, simplement un bon usage de mes atouts. Tu en feras autant quand tu seras suffisamment… douée. Il lui sourit, de haut. C’était suffisant pour la mettre dans tous ses états. Mais j’accepte le malus, il ne fera guère obstacle à mon potentiel. "

" Ce n’est pas parce que t’es le chouchou de Zawa’Kar que tu es aussi fort que lui… "
Maugréa-t-elle en croisant les bras, les lèvres pincées.

Fort heureusement, le majordome savait canaliser les tensions enfantines, même lorsqu’ils s’agissaient de Chamans natifs. Sans trop savoir comment – ni sans trop se poser de questions – les frangins se laissèrent apaisés par le calme naturel de Dærion. Aussi, ils obtempérèrent aussitôt pour ranger le fatras qu’ils semassent. Après tout, ils n’étaient pas vraiment chez eux.

Comme convenu, les autres descendants ramenèrent le matériel nécessaire pour leur cadeau improvisé. Les Chamans ne se sentirent guère dépaysés, étant donné qu’ils avaient affaire au matériel de leur mère. Ils retrouvaient la toile, les pinceaux, les mélanges pigmentaires achetés ou confectionnés à sa guise… Ils avaient bien évidemment l’habitude de travailler sur des supports plus primitifs comme la pierre, et user de leurs mains pour donner une touche d’authenticité à leurs offrandes aux Ætheri. Malgré tout, lorsqu’on vivait sous l’aile de la Sùlfr, cet univers artistique s’étendait vers de merveilleux horizons. Chacun alla donc de sa patte. Après tout, il serait judicieux que tous les enfants plaçassent leur pierre à l’édifice. Le fait qu’ils venaient de peuples différents les poussait à écouter et s’adapter afin de trouver le juste équilibre qui conviendra aux futurs mariés. Les Orishas ne possédaient pas la même vision que les Chamans et inversement. Sans l’exprimer à voix haute, cet exercice les galvanisait et nourrissait leur curiosité – plus ou moins vorace – à l’encontre de l’autre partie de la fratrie.


" Le loup éthéré est le symbole de notre peuple. Il s’accordera parfaitement à notre mère couronnée reine. "

" É… thé… ? "
Kaine se massa le crâne, à deux doigts de faire preuve de moquerie devant le papillonnage de yeux de la cadette.

" Éthéré. Cela veut dire "immatériel", comme… si tu voyais quelque chose mais que tu ne pouvais pas le toucher. "

" Vous avez des loups que vous ne pouvez pas caresser ?! Mais c’est horrible ! "
Draaskag soupira bruyamment, se demandant au nom de quel maléfice avait-il pu mériter une telle affiliation.

" J’aime bien l’idée des loups. Ma’ appelle parfois Pa’ son "louloup". Kaine sourit narquois. Toesia éclata de rire, suivi de près par Nono. Pour une fois, Draaskag ne put réprimer un début de gloussement, masqué en partie par une main sur sa bouche. En tout cas, Pa’ est un chasseur aussi féroce qu’un loup ! "

" On a qu’à peindre un couple de loups entouré de colombes ! "
Abonda Nono, de plus en plus convaincue par l’idée.

Voté à l’écrasante unanimité, les garnements entamèrent le dessin sans plus attendre. De temps en temps, chacun y alla de son petit commentaire ou de son interrogation, le tout créant une collectivité unie et conviviale. Pour eux, cela s’apparentait davantage à un jeu qu’à un réel présent, nota Dærion, attentif au moindre écart qui pourrait salir le mobilier ou leurs vêtements. Ils esquissèrent un semblant de fond, comme des steppes enneigées, bien que la représentation fût hautement minimaliste. Le plus important, pour eux, restait le centre et les fameux loups censés présenter leurs géniteurs.


" Non mais tu ne vas pas peindre un loup en bleu et l’autre en rose… " Visiblement agacé, le grand frère pinçait son nez entre ses doigts.

" Et pourquoi pas ?! C’est pour montrer que c’est un mâle et une femelle ! " L’explication hasardeuse n’aida pas plus la jeune fille à se défendre.

" Quelle vision archaïque. " Sur un ton aussi méprisant qu’un appel à l’hérésie.

" Archaïque toi-même ! " Elle tira la langue et il prit une profonde inspiration pour passer outre.

" Le bleu est synonyme d’espoir et le rose… "d’amour". Pourquoi seul l’un d’eux éprouverait de l’amour pour l’autre ? "

Totalement paumée par son explication, Toesia chercha une aide extérieure en se tournant vers Nörråke. Malheureusement, celle-ci ne pût qu’hausser les épaules et sourire de toutes ses dents, car son frère chamanique avait raison.

" À chaque couleur son symbole, c’est ce que Maman dit tout le temps ! "

La commissure des lèvres de Kaine s’étira. Il reconnaissait bien leur mère via cette citation, comme si Nono s’avérait capable de remettre la Sùlfr autant qu’eux, les plus âgés.

" Que suggères-tu, alors ? " Questionna-t-il à l’attention de Draaskag.

Troublé qu’ils attendissent une idée de sa part, à lui, l’inconnu, le jeune Chaman fronça les sourcils et abaissa son regard sur la toile ravagée par leurs méfaits. Il suffisait de se remémorer les mœurs de son peuple pour trouver la suggestion adéquate.


" On peut tenter un mélange, un coup de ça sur ce coin de fourrure, et un coup de ceci pour celui-là… Un instant, ses iris croisèrent celles du majordome et il se résolut à ne pas lambiner. Dépêchons-nous, je pense que Dærion veut nous faire dormir sous peu. "

Comme pour confirmer ces dires, l’Orisha acquiesça doucement de la tête. Dehors, il faisait déjà nuit noir.

" Plus vite vous terminerez votre peinture, moindres seront les risques qu’on découvre votre surprise avant l’heure. " Avec les Esprits alentours, cela s’avérait d’autant plus vrai.

" On n’arrêtera pas tant que ce ne sera pas parfait ! "

" Ouais ! "


~~~

Latone le sentait qu’ils étaient tristes de son timide refus. Mais la Bleue ne parvint pas à détacher ses pensées, à les exprimer avec honnêteté. Elle se mura dans un mutisme qui, elle l’espérait, la sortirait de cette torpeur. Un instant nouveau, ou juste le Troisième Œil, lui fit comprendre que le Köerta cherchait des réponses d’un simple regard. Alors, il lui suffisait de ne pas le croiser, ce fameux regard. Rien ne serait plus gênant que de se plonger dans l’océan écarlate, alors que l’ocre et le sang les dardaient en ce moment. Comme pour se raccrocher à n’importe quelle échappatoire, la Bleue releva la tête à la mention de l’usurpatrice.

" Ouais, c’est… c’est grave compliqué. Elle joua avec ses cheveux, délaissant son déjeuner. Les Guides viennent me voir de temps en temps pour me raconter ce qu’elle fiche. Ils sont dépassés, parce qu’elle me mime à la perfection, apparemment. Ses iris bleutés voguèrent sur la Chamane. Le truc, c’est que cette connasse a décidé de voler ma place alors que je possédais encore le corps de Léto. Elle se fait donc passer pour toi, avec mon nom. Elle fronça les sourcils. C’est un peu fou qu’on se ressemble encore, mais je ne peux pas me ramener à la Vigilante comme ça pour la virer. Et on ne connait pas trop sa puissance. "

Léto demeura muette mais le sérieux sur ses traits démontrait une remarquable concentration et compréhension à l’égard de sa sœur spirituelle. Que cette dernière fût placée dans une telle position, si défavorable, cela n’arrangeait guère sa résurrection, et par conséquence sa nouvelle vie. Cette hérésie était intolérable. Malheureusement – et elles le comprenaient mutuellement – la Sùlfr ne possédait aucun droit à intervenir sans l’accord de la Marche.

" Ah, et Thémis est revenue. " Se rappela-t-elle soudainement.

" Thémis est revenue ?! La nouvelle épata la blonde. C’est formidable ! Elle te sera d’une très grande aide. " Avec la Mord’th, les circonstances seraient très différentes !

" C’est grâce à elle que les autres ont compris la supercherie. Sinon, ils m’auraient sûrement prise pour une folle ; pour pas changer, bwahaha ! Ce rire si caractéristique lui fit reprendre du poil de la bête, tout en provoquant un ersatz d’admiration chez sa camarade. On a pas mal discuté avec elle, et… elle est prête à me soutenir. Elle pense que la Marche Terne mérite de se développer encore plus, que je ferai une bonne cheffe. Rêveuse, Latone s’éperdit sur la table, les prunelles gorgées d’étoiles. Si je peux faire grandir Ciel-Ouvert, alors je me surpasserai. Encore aujourd’hui, la Marcheuse réitérait ainsi son vœu de prendre la couronne de Linos. D’abord, je casse la gueule à cette usurpatrice, et ensuite ce sera au tour des autres. "

Sous cette pulsion quasi enfantine, la Hǫfðingi couva son homologue d’un enthousiasme sans faille. Tant que Latone prenait sa vie en main, Léto ne pouvait en être qu’heureuse. Là représentait les termes de leur pacte de longue date.

Après avoir passé plusieurs minutes à échanger sur tout et rien, les parents reprirent conscience qu’ils avaient une petite escouade d’enfants à gérer au plus vite, et ce, avant leur réveil. Miles et Léto firent alors preuve de raison et remercièrent la Bleue de leur brève entrevue. La souveraine promit de garder un œil sur sa progression, ce à quoi Latone s’attendait déjà. La maîtresse de la roulotte leur dit au revoir, avant de retourner à ses occupations. Sur le chemin du retour, Léto tenait d’une main un petit panier de poires ; la Guide avait tant insisté pour le lui offrir qu’elle ne se risquât pas à refuser. Puis, ce serait un peu comme son présent pour leur mariage, à défaut d’être parmi les convives. De son autre main, la Chamane empoigna celle de l’Orisha. Ce sentier laissait place à un calme apaisant, celui précédant chaque arrivée imminente à la Cité des Chants. Plus loin dans la forêt, des renards des neiges se camouflaient parmi le manteau de neige et se chassaient mutuellement. Ce silence lui fit courir son attention sur l’albinos ; sourire aux lèvres, comme toujours.


" Elle est superbe, n’est-ce pas ? Une seconde après, elle se sentit obligée de préciser : Latone. Je l’ai rencontrée sous les traits d’une furie, d’une entité à peine humaine et rongée par tant de sentiments néfastes. Et aujourd’hui, je la regarde comme une femme. Elle est vraiment devenue quelqu’un, elle mérite cette chance. Léto tenait à elle comme à sa famille, Latone était vraiment quelqu’un de spécial à ses yeux. Tu sais… Cela fait très longtemps que je n’ai pas fusionné avec Latone, que nous n’avons pas partagé nos souvenirs ensemble. Chaque jour, toutes ces coalescences où je pouvais voir à travers ses yeux, penser à l’unisson avec elle, elles disparaissent de ma mémoire. Et ce, depuis son passage au temple de Raanu, ce qui allait de paire avec la renaissance de Latone par Ezechyel. Quelque part, ces deux événements devaient être liés. À présent, je ne le pourrai plus jamais. "

Cela l’attristait, quelque part, de ne plus pouvoir marcher aux côtés de la Kirzor, mais ainsi était-ce la volonté des Ætheri. Peut-être que leurs routes se prolongeront de temps à autres, malgré leurs positions et responsabilités respectives. Léto demeurait une fervente optimiste. Néanmoins, le comportement de la Bleue lui paraissait étrange, d’autant plus lorsqu’elle annonça leur mariage.

" Durant ma longue absence, vous avez passé quelques temps ensemble, tous les deux. Elle ralentit leur marche, amplement attentive aux réactions et dires de son fiancé. Alors je me demande si tu aurais une idée de ce qu’il lui arrive, pourquoi elle est… bizarre ? Fidèle à elle-même, elle ne put s’empêcher de poursuivre ses racontars. C’est peut-être… sa véritable personnalité, finalement ? Peut-être, qu’en réalité, elle est comme ça. Elle était comme ça, quand elle était vivante. Elle songea. Une nouvelle Latone à découvrir, de bout en bout. "


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Miles Köerta
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Miles Köerta
Dim 02 Mai 2021, 18:34


Crédit : Inconnu.

Et ils n’avaient pas arrêté tant que ce n’était pas parfait, fidèles à eux-mêmes. Même s’ils étaient nés dans des circonstances particulières et avaient grandi dans des environnements bien différents, les enfants Köerta possédaient au moins un caractère qui les unissait au milieu de tout ce qui pouvait les séparer : de la volonté – avec une pincée d’entêtement et une grande cuillerée de fidélité. Pendant près de deux heures, ils avaient ainsi esquissé, dessiné, peinturé tout ce qui leur traversait l’esprit. L’adrénaline et la légèreté du moment leur avaient fait oublier la fatigue qui commençait à s’accumuler – surtout chez les deux plus jeunes – tout en les affluant de nouvelles vagues d’énergie à chaque idée qui éclairait leur pensée. Même qu’en ces heures tardives, pour se donner du courage et de la détermination en supplément, Toesia et Kaine s’étaient mis à chanter avec une douceur toute calculée, quelques paroles trouvant, malgré elles, leur place sous l’aile des colombes de la Vie, emportées dans le sillage de leur envolée. À cette constatation, l’archer et sa petite sœur s’étaient regardés avant d’échapper un gloussement, se disant alors qu’il serait d’autant plus beau d’avoir toute la chanson sur la banderole que quelques vers et le refrain seulement, joignant plusieurs notes de musique recourbées, dansantes, agitées, aux paroles retranscrites.

Encadrant les loups amoureux, Nörråke avait ajouté sa petite touche personnelle, faisant le tour de la fratrie pour leur demander de tremper leurs mains dans les peintures et de les placer sur la toile. De tailles et dimensions variées, cinq paires de mains avaient été étampées, brillamment placées de sorte à former une fleur en éclosion. La petite blonde s’était mise à sourire de toutes ses dents devant le résultat, enjolivant la pièce de quelques coups de pinceaux et de couleurs toutes plus éclatantes les unes que les autres.

Non loin, séchant dans un souffle continu l’arc-en-ciel qui recouvrait les deux canidés du chef-d’œuvre, Draaskag adressait quelques œillades en coin en direction de la petite Toto, dont les mains, vives et sales, avaient failli barbouiller son visage dans une impulsion espiègle et totalement volontaire. Si c’était la bagarre qu’elle avait cherché à cet instant, l’œillade qu’elle avait ensuite perçu du côté de Dærion l’en avait dissuadé, l’adolescent aux cheveux de cendre ne voulant pas nettoyer les bavures d’une dispute aussi ridicule. Ainsi, le jeune majordome avait simplement poursuivi son texte, sa simplicité se faisant ressentir dans chacune des courbes de ses lettres. Pourtant, en quelques lignes seulement, il avait su exprimer tout le bonheur qu’il ressentait actuellement pour le couple et pour la famille qui l’avait recueilli.

Ils étaient si fiers, tous et chacun, de cette collaboration; si fiers d’être réunis tous ensemble, ici et maintenant. Les enfants gribouillaient avec passion, les sentiments supplantant le talent bien assez tôt; d’autres dessinaient avec brio, tirant plusieurs sourires de satisfaction face au résultat qui se profilait sous leurs pinceaux; et tous rigolaient avec entrain, aussi légèrement qu’ils le pouvaient, surexcités à l’expectation de la réaction de leurs parents le lendemain. Il était difficile, désormais, de s’imager que, quelques heures plus tôt, ils s’étaient rencontrés pour la première fois. Il était difficile, désormais, de s’imaginer que, quelques heures plus tôt, ils s’étaient regardés tels des étrangers. Cependant, ils étaient une famille et savaient que, peu importe ce qu’il était survenu par le passé, peu importe les mensonges qui avaient éclaté, et peu importe la douleur qu’ils avaient ressenti; ils savaient, désormais, que plus rien ne se mettrait en travers de leur chemin. Après tout, c’est parce qu’ils étaient une famille qu’ils étaient parvenus à tout surpasser.

… Même si le réveil du matin fût un obstacle presque impossible à surmonter. En effet, maintenant que le Soleil s’était levé et que les oiseaux s’étaient remis à chanter, certains regrettaient de s’être mis au lit aussi tard.

« On se lève, les flemmardes! »

La voix de Kaine, pourtant, secoua à peine la conscience endormie des deux jeunes enfants, qui roupillaient paisiblement dans la douceur de leur lit. S’appuyant sur l’encadrement de porte, il les observa d’un œil taquin avant de s’inviter dans leur chambre. C’était la troisième fois qu’il essayait de les réveiller depuis qu’il s’était lui-même extirpé de son lit, l’ouverture des rideaux n’ayant soulevés que quelques grognements étouffés de la part de ses sœurs, avant qu’ils ne soient rapidement remplacés par des respirations assoupies. Le jeune chasseur s’approcha, en premier, du matelas sur lequel reposait la petite Nono. Il tendit ses mains dans sa direction, les déposant fermement sur la surface, chaude, de ses joues. L’effet fût instantané, la petite blonde sursautant violemment au milieu de sa couche, poussant un cri d’étonnement.

« Étant donné que vous ne vous réveillez pas malgré tous mes appels, j’ai décidé de passer aux choses sérieuses. »

Faussement menaçant, il montra l’intérieur de ses paumes à la Chamane. Elles étaient mouillées et très, très froides, quelques cristaux blancs s’accrochant encore à sa peau. Kaine ne prit pas la peine d’expliquer ce que s’était, certain que l’enfant le devinerait par elle-même. Tout ce qu’il demanda, en revanche, c’est qu’elle restât silencieuse, son regard pivotant en direction du lit de Toesia Eses. En catimini, il s’approcha de la couche, laissant Nono revenir de ses émotions. Une fois à la hauteur de sa petite sœur, il la considéra un instant, rigolant de sa pose « étoile de mer ». Puis, il étendit les bras de chaque côté de son corps, prenant une grande inspiration avant d’expulser :

« De… Rapidement, ses mains rejoignirent le visage de sa sœur et se plaquèrent brusquement contre ses joues. … BOUT! »

Toto poussa un hurlement détonant, son corps réagissant de lui-même sous le coup de l’adrénaline. Inconsciemment, sa jambe tressauta et son pied rencontra, avec la force de la surprise, le ventre du jeune archer.

« Qu-Que… Quoi? »

Comme un animal effarouché, la petite Orisha observait nerveusement ses environs. Elle reconnut les mèches blondes de Nörråke, non loin de son lit, et finalement, elle prit conscience des gémissements sur sa droite. Son regard se porta machinalement dans cette direction et descendit jusqu’au plancher. Sur lequel venait de se recroqueviller Kaine. En fait, elle avait certainement visé encore plus bas que le ventre.

« Kaine? C’est toi qui m’as mis de la neige sur le visage?! Mais tu m’as fait peur, bon sang!

- Si j’avais su que tu me foutrais un coup de pied dans les couilles, je t’aurais pas touché », grogna l’adolescent en poussant un râle de douleur.

Toto croisa les bras et redressa le menton. Elle ne ressentait aucune culpabilité, et était même plutôt satisfaite de ses réflexes.

« Bien fait pour toi! C’est l’karma! »

Comme toute réponse, en dépit de la douleur, Kaine lui montra son majeur.

« Dærion et Draaskag nous attendent en bas pour accrocher la banderole et pour prendre le ptit-déjeuner, alors levez-vous.

- Ma’ et Pa’ sont encore couchés?

- N-Non… »

Le jeune Orisha parvint à se remettre sur pied, les dents serrées.

« Ils sont sûrement sortis se promener en amoureux, ce matin. »



« Elle est superbe, n’est-ce pas? »

Ma main avait alors serré la sienne, tandis que mon regard se perdit brièvement sur la surface du paysage enneigé. J’allais confirmer ses dires d’un hochement de la tête. Toutefois, Léto capta de nouveau mon attention en précisant sa réflexion. Je lui accordais aussitôt une œillade en coin, attentif à ses propos, jusqu’à ce qu’un rictus faussement moqueur s’accroche aux commissures de mes lèvres.

« Oh! Je n’ai pas trop de difficulté à croire ça, l’histoire de la furie, rigolais-je avant de prendre une pose plus pensive. Mais je t’avoue que j’ai un peu de mal à me l’imaginer aussi… dangereuse? »

La description qu’en avait fait ma fiancée relançait involontairement mon imagination. Dans ma rétine, Latone apparut alors, bien différente de ce qu’elle était aujourd’hui, bien différente de tout ce qu’elle avait été en ma présence, en réalité. Elle était représentée par un épais brouillard, obscur et suffoquant, où seuls quelques reflets bleutés parvenaient à briller au milieu de la viscosité sombre et impalpable de sa chair. Aucun sourire ne jouait sur ses lèvres; aucune étoile ne scintillait au cœur de ses prunelles. Recroquevillée sur elle-même; un visage éternellement peint dans la fureur et une ire perpétuelle; un animal bestial, indomptable, modelé dans la dureté et la froideur de la pierre… Par tous les Dieux! Est-ce qu’une Latone pareille avait seulement déjà existé? Mais la voix de la Chamane me tira doucement de mon imaginaire, l’illustration fictive de la Bleue s’effaçant tout aussi lentement de mon esprit.

« Elle a grandi, c’est inévitable, lui dis-je en lui adressant un sourire, voyant l’expression légèrement rembrunit de son visage. Vous étiez comme les doigts de la main, unies, inséparables, sœurs de cœur comme sœurs d’armes. Malheureusement, elle ne pouvait être Latone sans être Léto. Ça doit être une situation particulièrement étouffante. »

Je ne me targuais pas de connaître le sentiment, mais je pouvais me l'imaginer. Je détachais brièvement mon regard du sien pour le poser sur l’infinité du ciel. Je savais que ma fiancée comprenait parfaitement cela, qu’elle l’avait réalisée depuis longtemps déjà.

« Mais tu lui as ouvert la voie, tu lui as offert un océan de possibilités pour qu’elle puisse mûrir et forger sa propre identité. Je ne sais pas vraiment c’que ça fait de fusionner son Esprit à celui d’autrui, et je suis certain que c’est complètement différent de nos interactions ordinaires de Mortels, hahaha! Réfléchis-je en caressant sa main. Mais, j’pense que cette séparation est ce qu’il y a de mieux pour elle, comme pour toi. Tu l’as assez dorloté comme ça, alignais-je d’un ton léger, maintenant, c’est l’heure de laisser le poussin quitter l’nid. »

Délaissant sa main un instant, je tendis mon bras jusqu’à son crâne pour lui ébouriffer les cheveux.

« Elle vole de ses propres ailes, mais ça ne vous empêche pas de vous partager le même ciel. Quoi qu’il advienne, vous vous retrouverez en chemin, j’en suis plus que certain. »

Parce que les fils qui tissaient leur union étaient le résultat d’une expérience unique, solide, fusionnelle. Mes yeux d'Orisha le voyaient parfaitement bien.

« D’ailleurs, puisque Latone n’est plus ton Esprit, qui te suis à présent? »

La curiosité, naturellement, vint se lover dans le creux de mon esprit, mais durant le trajet, Léto redirigea mon attention sur l’étrange réaction de Latone.

« Franchement? Je relâchais un soupir. J’étais à deux doigts d’utiliser ma Magie pour essayer de comprendre pourquoi elle avait réagi ainsi. »

Mais finalement, je m'étais abstenu, conscient qu’elle n’apprécierait pas que je pénètre aussi impunément à l’intérieur de son cœur, de ses sentiments, de son jardin secret, pour la mettre à nue. Je finis par secouer la tête.

« Elle a dit qu’elle ne comprenait pas encore ce genre de choses… On l’a peut-être prise au dépourvu. »

J’essayais, par moi-même, de deviner ce qui était hors de ma portée, et finis par enfoncer une main dans ma tignasse.

« Après, peut-être qu’elle est vraiment préoccupée par l’usurpatrice, par le Bleu Roi… Même si elle partage le fardeau avec les autres Guides, être responsable de cette ville, ça fout pas mal de pression. Elle ne peut pas se permettre de partir. Pas pour le moment. Pas avec l’autre qui pose en tant qu’elle – en tant que vous. »

Je pris une grande inspiration, attrapant une nouvelle bouffée d’air frais, plus légère.

« Enfin, elle a ses raisons et ça ne doit pas être bien sérieux. Autrement, elle nous l’aurait tout de suite dit, lui partageais-je d’un ton rassurant, souriant affectueusement à la Chamane. Je suis sûr que ça lui passera. Puis, on pourra toujours lui en reparler quand la situation sera moins tendue pour elle. »

Tout en discutant, nos pas nous rapprochaient inexorablement de la maison, nos silhouettes attirant aussitôt l'attention d’un certain regard.

« Ah! Ils sont là! Ils sont là! »

Toesia Eses se décala aussitôt de la vitre pour rejoindre le reste de la fratrie.


2 008 mots (Sans les paroles de Léto) | Post X




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Latone
Dim 23 Mai 2021, 17:00

De la tendresse se dessina sur ses traits. D'une certaine manière, Miles semblait voir Latone sous un jour totalement différent de toutes les autres interactions de la Bleue. Il ne l'avait jamais connue quand elle n'était qu'un miasme de violence, le fruit d'une agonie aussi profonde. Il ne l'avait jamais vu exploser autant en une folie meurtrière. Il ne l'avait jamais vu être aussi stupide à s'en attirer de mortels ennuis… Quoique ? Léto se mit à rire doucement. C'était exactement comme elle l'affirmait : Latone était à présent une femme aux yeux des Mortels. Les Esprits pouvaient la jalouser ou regretter cette anomalie du Cycle, les Ætheri avaient été fermes sur son cas. Quelque part, ce devait être l'écoulement logique du Destin. Et pas juste leurs propres choix.

" Miles… Son air commençait à être plus grave, même si elle se contenait suffisamment pour rester légère. Même après ma "séparation" avec Latone, sa mémoire a continué de vivre en moi. Une courte pause. Et par "mémoire", je veux dire : ses souvenirs avant sa mort. "

Était-elle vraiment morte ? C'était là tout le problème avec Latone, ce qui démontrait son anomalie parmi les rouages bien lisses du Cycle. Peut-être que les Ombres mentaient ou qu'elles n'étaient point au courant, mais de véritables exceptions échappaient au mécanisme. Ce n'était pas de son ressort à proprement parler, malgré sa haute position. Toutefois, à force d'assister à ces phénomènes, Léto ne parvenait plus à les ignorer et à se les sortir de la tête. Seule Raanu lui avait permise de se détacher entièrement de Latone. Comment les autres problématiques seraient réglées, si ce n'était par la volonté divine ?

" Je savais que la vérité sur Latone dormait en moi, mais je n'arrivais pas à l'atteindre. Encore plus lointain que mes propres souvenirs d'enfance. Elle fronça les sourcils, vivement agacée par cette occasion manquée. Je ne sais pas ce qu'elle était, ni ce qui lui était arrivée. Ni comment elle a pu… apparaître comme ça, avec moi. Du moins, je ne suis plus capable de le savoir. Ses souvenirs se sont effacés, ils n'appartiennent plus qu'à elle. Elle se massa la tempe, ses iris ancrées dans l'écarlate de l'albinos. Je pense que les Dieux ne voulaient pas que je lui facilite la tâche. C'est à elle de se découvrir. Elle demeura silencieuse un moment, avant que sa main recherchât à nouveau celle de son amoureux. Tu l'as très bien compris par toi-même et je suis heureuse que tu vois Latone comme elle est, pas comme une… sorte de copie de moi. Elle sourit, franche. Maintenant, nous sommes des personnes différentes. Accompagne-la dans son aventure à Ciel-Ouvert. Je sais qu'elle peut te faire confiance. "

Une sœur d'arme, une sœur de cœur, et des routes différentes. C'était inévitable mais c'était la seule solution. Raanu le lui avait bien fait comprendre : l'alternative les détruira toutes les deux, et qui sait comment le monde réagira à une telle audace. De toute manière, à une échelle plus petite, son louveteau ne risquerait guère d'apprécier un tel changement. Il semblait bien s'entendre avec la nouvelle Latone, et leurs fiançailles nouaient des liens indestructibles pour le restant de leurs jours. Cette configuration était la bonne, la Hǫfðingi en était convaincue.

" Je ne pense pas que tu apprécieras mon nouvel Hozro. Midos est un ancien Zawa'Kar et il a tendance à exploser. Elle s'immobilisa devant l'incrédulité du Köerta. Littéralement ! " Leurs rires communs firent fuir quelques moineaux de passage.

Ensuite de quoi, le sujet Latone revint à la charge. C'était tout nouveau pour elle après tout. Néanmoins, l'étrange timidité de la Bleue la décontenançait. La Chamane aurait adoré revoir cette folle dingue se retrouver au milieu des danses, se laisser aller à l'instinct artistique qui l'animait, voire l'écouter prêter sa Voix aux rythmes frénétiques des tambours. Sourire face à son rapport incertain à la nudité, l'encourager quand elle s'apprêtait à faire parler ses poings. Vivante, Latone ne risquait plus trop d'être la même. Elle lui manquait déjà.

Léto acquiesça aux suppositions de Miles. Il possédait un instinct analytique plus poussée qu'elle, ce fut pourquoi elle lui faisait totalement confiance. Elle lorgna du côté de la Vigilante, au loin, bien au-dessus de leurs têtes. Qui pouvait à ce point oser usurper leur identité ? À quelques jours près, et cela aurait été Léto en personne qui aurait dû intervenir. Cela n'aurait pas été beau à voir. Malgré tout, lorsqu'il était question de Latone, l'usurpatrice ne risquait pas de s'en sortir indemne non plus. Elle avait hâte d'en entendre parler après coup ; cela devrait faire sensation. Parfait pour confirmer la légitimité de la Bleue au sein de la Marche.


" Tu as sûrement raison. Elle traverse de rudes épreuves, c'est en quelque sorte son baptême du feu. Attendons alors. Haussa-t-elle les épaules, jusqu'à que les murs de la maison se dessinèrent sous leurs yeux. Sa main remonta le bras de l'Orisha jusqu'à encercler ses épaules. D'ici-là… Son sourire s'agrandit, de pleines dents. On a pleiiin de choses à faire ! Ils arrivèrent sur le portique, là où la Chamane l'obligea à pivoter en sa direction pour l'enlacer. Elle frotta son nez contre le sien, affectueuse. … À propos de la Fusion des Esprits. Elle porta sa main sur la joue de son promis. Je te la ferai découvrir. Mystérieuse et taquine, elle n'en dit pas plus. Tu verras : c'est magnifique. "

Le verrou laissa chanter son cliquetis métallique, court et annonciateur d'un grand moment. Derrière cette porte, des âmes bouillonnantes n'attendaient qu'à exploser. Léto ne s'en formalisa guère plus : elle devait juste comprendre que les enfants s'étaient enfin réveillés. L'aimante mère avait hâte de revoir leurs bouilles. Kaine devait être aussi propre et studieux qu'à l'accoutumée, Draaskag s'était sûrement un peu isolé pour communier en silence, Toesia se jetterait sur elle avec son déjeuner – spécialement préparé pour elle – entre ses quenottes carnassières, Nörråke jouerait avec Henos de bon matin. Dærion les saluera et sera ravi de les voir aussi complices. La Sùlfr se montrait déjà euphorique, prête à rester plusieurs jours à Ciel-Ouvert afin de renouer avec ses enfants, de cuisiner avec son futur mari, de faire de la patinoire dans l'arrière-cour et d'aider à déblayer la neige. De câliner sa furie favorite et de lui laisser ses cuisses pour dormir alors qu'elle aurait dû monter dans sa chambre à heure tardive. De s'installer au bureau de son fils aîné pour débattre ensemble sur plein de sujets différents, ou pourquoi pas de partir ensemble à la chasse ; au moins avec le paternel pour compenser son manque de discrétion. Faire le point avec ses enfants Chamans pour confirmer leurs positions vis-à-vis de cette nouvelle famille, d'être sûre qu'ils toléraient au moins un minimum les Orishas. Et pourquoi pas inviter sa toute première fille, Prune, afin de prendre des nouvelles depuis sa dernière Marche en Linos. Toute cette alchimie lui faisait un bien fou…

" SURPRIIIIIIIISE ! "

Ses yeux disparates s'écarquillèrent aussi grands que possible. La Hǫfðingi se figea sur place alors que des confettis volèrent tout autour d'eux. Les enfants s'excitaient juste sous une banderole personnalisée. Mais pas que : ils s'étaient tout autant rassemblés autour d'une grande toile confectionnée par leurs soins. Léto braqua son attention sur le dessin, la mignonnerie du message l'atteignant bien plus que la fameuse banderole qui félicitait leur promesse. Comme prévu, Toesia se jeta en première sur sa mère, visiblement en manque de ses câlins. Son ouïe peina à capter tous leurs doux mots mais chacun d'eux agit comme un baume sur son cœur.

" Tu étais au courant ?! " Se retourna-t-elle vers Miles, qui semblait tout aussi surpris par l'initiative de leurs progénitures.

Touchée au plus profond de son âme, Léto souleva sa chère petite pour lui faire un gros câlin. Elle la couva de puissants baisers sur la joue. Nörråke joua avec les oreilles de Henos pour mimer une ola. Draaskag croisa les bras sans pour autant masquer sa fierté ; après tout, il était celui qui fut le courant en premier, eh oui ! Quant à Kaine, il se moqua de son père qui peinait à trouver les mots face à la situation.

" Vous êtes mes plus grands trésors ! S'extasia-t-elle, rougie par la surprise. Qui a eu l'idée ? " Ils levèrent tous la main en même temps.

" Alors déjà, c'est moi qu— " S'offensa le Chaman en s'avançant, Toesia lui tira la langue.

" Hé, je ne t'entends pas d'ici, la la la ! ♪ " Draaskag grogna face à cette Orisha qui osait le regarder de haut, aussi haute que leur titanesque mère !

" Qu'importe qui a eu l'idée, nous avons tous apporter notre part au cadeau et on espère que ça vous fait plaisir. " La voix de la sagesse avait parlé.

" C'est moi qui ai fait les loups ! " Insista pour autant la plus jeune, sous l'hilarité générale.

Léto semblait enfin en paix, enfin assurée que ce pourquoi elle s'était battue continuait de subsister, malgré ses erreurs, malgré ses doutes. Elle déposa le panier de poires dans un coin. Oui, cette période d'incertitudes se terminait enfin. Elle avait retrouvé sa place. La Sùlfr coula une œillade amoureuse sur Miles, suffisamment forte pour retenir quelques larmichettes de bonheur.


" Merci… Ils resteront une famille. Je vous aime tant, tous. "


1633 mots ~



By Jil ♪
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Jeu 10 Juin 2021, 07:12


Crédit : Inconnu.

« … D’avant sa mort? »

Accentuant ma perplexité, mes sourcils se froncèrent gravement. Léto possédait les souvenirs de Latone, carrément? Pensif, je me permis un moment de silence pour réfléchir, tombant sur la conclusion qu’il me restait beaucoup plus à apprendre sur la Fusion des Esprits que ce que je me l’imaginais. Depuis que je l’avais rencontré, je savais que Léto partageait un lien particulier avec son Hozro, une union des plus singulières qui dépassait même l’entendement du peuple chamanique. Mais là où la fusion m’évoquait une simple mixité des Esprits et des personnalités, comme deux teintes qui se mélangeaient pour former une nouvelle couleur complètement distincte, Léto parlait, quant à elle, d’une entière prise de conscience de la vie de l’autre, l’accès aux rêves et ambitions, aux hontes et humiliations, aux douceurs et aigreurs de son existence n’étant entravé par aucune limite. Continuant de raisonner intérieurement sur ce phénomène, ma fiancée finit par clarifier ses propos avec des commentaires un peu plus explicites, un récit un peu plus garni. Je l’écoutais ainsi avec attention, réellement intrigué par ce phénomène dont elles étaient l’épicentre; ma curiosité n’en devenait, par ailleurs, de plus en plus dévorante.

« … Je vois », lâchais-je en pleine réflexion, allant cueillir la main qui se rapprochait, gratifiant sa propriétaire d’un sourire.

Mais celui-ci se mit à trembler lorsqu’elle me remercia de veiller sur son amie, de la considérer comme un individu à part entière, un individu fait de sa propre chair, de son propre sang, de sa propre personnalité et de ses propres sentiments.

« Je… n’ai pas toujours pensé ainsi, figure-toi, lui avouais-je tranquillement, ressassant le passé. Et… je sais au plus profond de moi que j’ai blessé Latone à cause de ça. »

Parce que je l’avais contemplé comme si j’observais Léto, avant de véritablement la reconnaître, elle, dans mon âme, à la surface de mes yeux. Et, inévitablement, je repensais à cette fois où je l’avais embrassé pendant une mission. J’avais espéré ramener Léto à moi, dans son corps originel, afin de pouvoir profiter d’un instant avec elle. Mais tout ce qu’il y avait eu, à la fin, n’avait été que Latone; Latone et sa colère. En prendre conscience m’avait déçu, jusqu’à ce que le dégoût de mon comportement et la confusion de mes sentiments me fassent réaliser quelque chose d’important. Peu importait la condition dans laquelle se trouvait la Bleue, peu importe le rôle qui lui avait été affublé, bien malgré elle, elle restait sa propre personne, unique et fière. À ce souvenir, le rictus qui chatouillait mes lèvres se stabilisa enfin, alors que ma mémoire me rejouait le combat qui avait suivi notre altercation à ce sujet. Elle avait eu raison de se fâcher contre moi, de vouloir me battre et me gifler jusqu’à l'effusion de sang. Je ne l’avais pas respecté. Je l'avais simplement considéré comme le reliquat brièvement délaissé de la nouvelle Hǫfðingi. Serrant un peu plus solidement les doigts de la blonde, je repris sur un ton plus clair et décidé :

« Mais aujourd’hui, c’est différent. Je la vois vraiment et je suis prêt à lui filer un coup de main n’importe quand pour l’aider à tracer son chemin. Tu peux compter sur moi; elle peut compter sur moi. Je veillerai sur elle, parce que je sais de quoi elle est capable et de quoi elle est fait. »

Emporté dans un élan d’énergie, j’avais levé nos mains vers le ciel. Latone pouvait compter sur nous, quoi qu’il puisse arriver.

« Exploser? Genre Boum comme dans « BOUUM! » ?

- Littéralement! »

Cette fois, le frottement de mes bottes dans la neige s’interrompit, alors que je me retournais dans sa direction pour la fixer franchement. Un gloussement se mit alors à chatouiller le fond de ma gorge avant que l’éclat ne torde mon ventre, se joignant à celui de ma fiancée dans un sursaut spontané. Nous cheminions ainsi à travers la neige, nos voix résonnant dans l’air froid de cet hiver perpétuel, jusqu’à rejoindre l’entrée de la maison. J’étirais mon bras afin d’ouvrir la porte, percevant la présence des enfants au rez-de-chaussée, certainement en train de déguster leur petit-déjeuner. Seulement, avant même que mes doigts ne puissent frôler la poignée, l’étreinte de Léto m’interrompit, mon visage se tournant dans sa direction pour profiter de la tendresse qui effleura le bout de mon nez.

« Ah oui? » Murmurais-je en finissant de pivoter vers elle, pleinement réceptif.

À son instar, je lui soufflais finalement dans un timbre chaud et doux :

« J’ai hâte de voir ce que tu me réserves dans ce cas. »

Je ne nous fis pas entrer tout de suite, retenant son corps contre le mien avant de réduire la distance qui nous séparait. Un baiser, puis un second, et un troisième, plus langoureux que les précédents. En même temps, mes phalanges remontèrent jusqu’à la racine de ses cheveux, cueillant leur blondeur et leur douceur dans le creux de mon poing, jusqu’à ce que je me recule tranquillement, l’admirant des yeux, l’observant comme le plus beau trésor du monde : le regard que je lui adressais était celui de l’amour.

« Rentrons. Je n’entends absolument aucun bruit à l’intérieur et je commence à me demander s’ils ne se sont pas tous entretués. »

Pourtant, si nous avions pu rester ainsi sur le perron de la porte, je ne m’en serais pas formalisé. Mais alors que le verrou laissa chanter son cliquetis, un cri explosa, un vivat rempli d’une frénésie et d’une joie qui nous inonda. Battant plusieurs fois des cils, je restais figé un moment, mon regard braqué sur la silhouette des enfants. Ce ne fût qu’après quelques secondes que je pris conscience des banderoles qui accompagnaient leur frénésie et un sourire, de plus en plus large, se mit à jouer sur la commissure de mes lèvres.

« BRAVO MAMA! PADRYË!

- Tu étais au courant?! Entendis-je non loin de mon ouïe, me retournant, tout aussi surpris.

- N-Non… Autant moins que toi… Balbutiais-je sous le choc, mon cœur fondant sous l’émotion qui l’incendiait.

- On voulait vous faire la surprise, étant donné qu’une source plus ou moins fiable nous a annoncé ce que vous planifiez.

- Comment ça « plus ou moins fiable? »

L’aîné de la fratrie rigola devant la réaction de son frère, rectifiant ses paroles pour lui faire plaisir. Le Chaman se para aussitôt d’une moue légère, mais le sourire en coin qui tremblait sur la bordure de ses lèvres le trahissait.

« Si Nono a fait les loups, c’est moi qui a eu l’idée de la chanson sur la banderole, juste ici! » Enchaîna la furie aux courts cheveux bruns en pointant la toile personnalisée, gonflée par une immense fierté.

Kaine ne préféra pas relever le fait qu’ils avaient été deux à penser à cette idée, se râclant plutôt la gorge avant de commencer à fredonner un air que tout le monde reconnu à l’oreille. Cependant, lorsque les premiers sons se libérèrent de sa gorge, j’étais en train de me rapprocher de Léto. Sous le coup de l’émotion, la titanide refoulait ses larmes, alors que Toto lui ébouriffait gentiment les cheveux, comme j’avais l’habitude de le lui faire.

« Nous aussi on t’aime, Mäma! » Chuchota-t-elle, indiquant, mystérieuse, Kaine du doigt.

Nous nous retournâmes lentement dans sa direction. Le jeune archer savait qu’il n’était pas un chanteur aussi talentueux et complimenté que la majorité des gens sous ce toit, mais il prit son courage à deux mains et exhala une première note, qui se modela en un chant grave et vibrant.

« Quand tu trouveras la clé,
Non jamais je ne te repousserai,
Quand tu trouveras la clé,
Sous la Lune, ardemment je t'aimerai,
Et la Lune lustrera nos corps imbriqués. »

Avec surprise, Toto leva sa main dans une pose théâtrale, son second bras se repliant sur lui-même afin que sa main touche sa poitrine, à l’emplacement de son cœur.

« Alors faisons-nous une promesse,
Que jamais tu ne me délaisses,
Que tu deviendras mon Gardien,
Moi je t'attendrai, mirage caché dans le jardin.

À ta main, librement je m'enchaîne,
Car dans l'ombre de tes yeux,
Je me suis vue Reine,
Car dans l'ombre de tes yeux,
Moi j'ai fait naître le merveilleux. »

Attendez… quoi? Même Dærion s’y met?!

« Alors faisons-nous une promesse,
Que jamais notre Lien ne meurt dans la vieillesse,
Que tu resteras mon Gardien,
Même quand tu seras loin. »

Maintenant revenu de ma surprise, je ne m’étonnais plus lorsque vint le tour de Draaskag, qui se mit à chanter d’une voix étonnamment douce et basse; une voix qui semblait nous bercer par son inflexion modérée.

« Soupir ou éternité,
Agacé par nos ébats,
Le Temps se fait fatalité,
Mais moi je sais que face au trépas,
On nous succèdera, à jamais liés. »

Suivant le rythme donné par son grand frère, la petite Nörråke joignit sa voix au reste de la fratrie, avec un enthousiasme démesuré, poursuivant les vagues de l’ola qu’elle avait engendrée avec les oreilles d’Henos.

« Alors faisons-nous une promesse,
Qu'on se souviendra de notre ivresse,
Que je chanterai notre Lien,
Car à jamais je t'appartiens. »


Auteure de la chanson : Astriid (Encore merci ♪)

« Et bravo aux futurs mariés!! » Crièrent-ils à l'unisson, enhardis par une fièvre qui nous secoua jusqu'à l'âme, Léto et moi.

Cette famille était notre véritable trésor.


1 398 mots (Sans les paroles de Léto et celles de la chanson d’Astriid) | Post XI | FIN




[Q] - Nous resterons une famille | Miles - Page 2 Signat16
Merci Léto ♪:
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