Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

Partagez
 

 [Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Lun 04 Juil 2022, 17:07



Partenaire : Miles
Intrigue/Objectif : Miles et Léto se revoient et carpe diem comme on dit ♪

~~~

" SUNGMANITU (LOUP) ! "

Le hurlement bestial résonna jusqu'aux recoins de Zaowa, le palais tremblant sous la colère palpable de l'intrus. Si Zawa'Kar ne possédait pas la Voix, il n'en restait pas moins un guerrier possédé par les râles des Ours. Rien que par la ferveur de son cri, l'eau des bassins ondulaient et cherchaient à engloutir le moindre insouciant s'y baignant. Takhi, d'ailleurs, se relaxait tranquillement sur le rebord avant cette soudaine et malvenue interruption. À ce constat, les yeux de Léto roulèrent jusqu'au ciel, cette tapisserie dévêtue du moindre cumulus et pourtant assaillie de quelques parasites luminescents ; un tableau céleste qui fut le sujet de sa dernière entrevue avec ses semblables couronnés. Son interlocuteur le plus proche – à savoir celui hélé par Zawa'Kar – pouvait entendre sa lassitude s'échapper de ses lèvres vierges d'artifices. Si l'inquiétude – voire la peur – se lisait sur le regard du moindre Chaman à l'horizon, ce n'était guère le cas de la Sùlfr qui s'y était, hélas, bien trop accommodée.

" J'ai assez souffert du Temps ! Il s'était amené avec une lance de guerre mais la laissa choir à ses pieds. De ce Temps que tu dégustes avec notre Hǫfðingi ! "

Miles était arrivé sur l'Île dans la matinée et venait à peine de retrouver sa belle au sein de l'édifice royal. Très mauvais minutage ou plan finement ficelé, le guerrier enragé s'était présenté au sein de leur cocon à peine une poignée de minutes suivant leurs retrouvailles. Bien sûr, Léto entendait bien que Zawa'Kar ne mentionnait pas ce "Temps" précis, mais subir un tel outrage de son général commençait à la fatiguer. En l'occurrence, Takhi le remarquait bien à la mine de la Reine.

" Je me fous que tu fasses ami-ami avec Mior ! Darka'Mri'Tuor ou non, tu n'es qu'une vermine sur ma route ! Il s'approcha d'un pas aussi lourd que sa musculature et déterminé que sa résolution passionnelle. Nous n'avons plus besoin de toi, tu n'as servi que d'exemple pour soutenir les ambitions de Sùlfr ! Elle pourrait prendre n'importe quel manil (étranger ; dans le sens péjoratif) comme poupée, cela ne fera aucune différence pour le futur de notre peuple ! "

Toujours aussi titanesque, quasiment autant que la femme de son cœur, il s'imposa entre les tourtereaux et leur tourna autour, chacun à leur tour, dédaignant les cicatrices du regard du Köerta. Au sein de sa tribu, de telles marques inspiraient autant le respect que l'érotisme, mais celles de l'Albinos pourront lui servir à le réduire en morceaux plus facilement. Au contraire, en se tournant vers l'ancienne Souw, il renifla les réminiscences de sa peau comme si elles émanaient un parfum. Élevée par les Ætheri ou non, Léto Sùlfr demeurait sa proie légendaire, d'où son tact qui aurait coûté la tête de nombreux audacieux à sa place. En toute réponse à son attitude et aux insultes envers son mari, la Chamane ne fit que lui sourire et le défia point du regard, simplement attentive à l'évolution de cette altercation.

" Elle est une Force de la Nature, un Ouragan que même le Fou estima. Seule une telle véhémence incarnée saurait l'accompagner sur tous les fronts. Il pourrait continuer de la reluquer de la sorte encore longtemps, sans jamais se lasser, sans se préoccuper que son élu se trouvait à ses côtés. Malgré tout, ses yeux rougis par la rage se braquèrent enfin sur l'Orisha. Tu n'es rien d'autre que mon futur repas. Il se pencha de sorte à appliquer une assez forte pression sur son front. Ô que les Ætheri savent que j'ai faim. "

Pour le coup, cette provocation attira l'attention de la Hǫfðingi : pour elle, c'était la première fois que Zawa'Kar exprimait ouvertement sa propension au cannibalisme. Il n'est pas sous l'emprise d'un stupéfiant ou de l'alcool. Il semblerait que ce soit un véritable défi. Léto savait très bien que l'odorat de Miles l'aiguillerait sur cette réflexion, pourtant cette pensée intime fila entre leurs deux esprits. Forcément, une telle tension laissa curieux les Chamans présents dans la cour intérieure, même adonnés à leur baignade et autres frivolités. La Chamane et l'Orisha ne devaient être que de passage, mais il semblerait que leur promenade allait plus s'éterniser qu'escompter… et revêtir un tournant très divertissant.

" Zawa'Kar. De marbre, le général soutint le regard de sa supérieure, résolu à plonger dans une telle frénésie pour être l'homme qui la fera crier davantage. Il s'attendait – comme tout un chacun – à se prendre un savon, pourtant… J'approuve ce duel. "

Takhi retint un hoquet, les commérages se chuchotèrent ici et là, les Esprits compris s'affolaient d'une telle tournure des événements. La Hǫfðingi bénissait un combat entre le guerrier le plus sanguinaire de leur peuple et son tendre amour ? Impensable, jusqu'à aujourd'hui.

" Étant la bénisseuse de cette rencontre, et puisque Miles n'est pas membre de ta tribu, j'imposerai mes propres règles. Hmm… Voix des Dieux, la Souriante songea profondément aux conditions de ce conflit. Pas d'arme, mais magie autorisée. Je veux que ça pétille dans tous les sens ! J'imagine que tu feras fi de mes avertissements, alors tu peux braver les interdits et tuer Miles. "

Si le guerrier parvenait à se débarrasser de son obstacle, il profiterait bien évidemment de sa récompense à juste titre, mais Léto s'assurera personnellement qu'il ne reverra pas la lueur du matin. Conséquences. Zawa'Kar étant ce qu'il était, il cherchera forcément à se délecter de cette occasion et mourra, de ce fait, le sourire aux lèvres.

" Quant à toi. Elle apposa sa main, douce, sur l'épaule de son Sungmanitu'Tehila. Ne le tue pas. "

Kewa'KirZam'O s'avérait sans doute un fou fanatique, doublé d'un imbécile sur certains sujets moins portés sur la guerre et les massacres, mais depuis le règne de son prédécesseur, le Draugr ne les avait jamais failli. En outre, la Sùlfr avait encore besoin de lui ; leur peuple avait besoin de lui. Cela la peinait de l'admettre, mais Zawa'Kar et elle convergeaient sur ce point.

" Celui qui gagne aura le droit de partager mon séjour sur une belle île paradisiaque. Il y a de superbes cocotiers, l'eau est turquoise et le sable si chaud ; surtout, il y aura moi ! Elle en rêvait déjà ; elle voulait y emmener Miles à la base, mais peut-être que les Ætheri en décideront autrement. Implacable, elle éloigna le berserker afin de tisser une certaine distance avant le début des hostilités. Vous pourrez commencer dès que j'aurai trempé mes pieds. Vive, elle déposa un baiser sur la joue de son mari. Bonne chance. " Lui chuchota-t-elle, indifférente des risques.

La Reine rejoignit aussitôt le bassin, plus particulièrement sa Favorite afin d'avoir une spectatrice avec qui, éventuellement, commenter les tenants et aboutissants de ce fantastique duel. Toutefois, le plus troublant dans cette démarche, sur ce visage inlassablement souriant, c'était ce voile d'insouciance qui la couvrait.

" L-Léto, est-ce… une bonne idée ? " La jeune Chamane jeta un regard alarmé vers le Molosse.

Sans plus entretenir le suspense, la Hǫfðingi prit place à ses côtés et plongea de tout son saoul ses jambes nues dans le bassin central.

" Je n'ai jamais affirmé que c'en était une. "


1250 mots ~



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mer 13 Juil 2022, 06:30



« Tu ne penses pas que j’ai mon mot à dire quand tu me jettes comme ça au fond de sa gueule? »

Autre culture, autre façon de faire – je comprenais ça – mais pourquoi accepter à ma place le défi de ce barbare lunatique? Je n’avais pas entendu que des histoires sur ce fameux Zawa’Kar : je l’avais déjà vu à l'oeuvre contre quelques-uns de mes camarades. Ce mec était un fou furieux. Jamais je ne pourrais le battre… Surtout si lui concentrait toute son énergie à me pousser vers les portes de la Mort, alors qu’on attendait de moi à ce que je ne l’arrache pas à la Vie. À quoi pensait-elle au juste? C’était insensé! Et pourtant, la sérénité qui envahissait tout son être se devina au mouvement qui s’était mis à agiter les phalanges de la Reine. De fait, Léto les enveloppa à la surface de mon poing, défaisant doucement l’emprise de ma main autour de son poignet. Puis, sans m’adresser le moindre mot, un sourire infroissable aux lippes, elle reprit son chemin jusqu’au bain duquel l’attendait sa Favorite. Un instant, l’œillade de Takhi et la mienne se croisèrent et s’interrogèrent. Je pouvais apercevoir la Raya échanger quelques mots à l’oreille de l'Hǫfðingi, mais cette dernière ne semblait partager ses inquiétudes, s’asseyant tout bonnement sur le coin du bassin. J’étais perplexe à l’égard de ce qui se passait, mais me retournais lentement vers le Zawa’Kar en ivresse. Il m’auscultait vraiment comme son prochain repas, le carnassier de son rictus tordant les traits de sa figure d’une folie jubilatoire. Seulement, toute aliénation quitta son faciès dès que les jambes de la Reine allèrent s’enfoncer dans les eaux chaudes du bain. En une fraction de seconde, il abandonna le peu d’humanité qui lui restait pour la livrer à la bête exaltée qui l’envahissait. Sa foulée accéléra, le sol à nos pieds se mit à trembler; un rugissement guttural suivit l’impulsion animale qui le projetait vers moi, alors que les veines à mes tempes battaient au flux de ma Magie, acérant davantage la perception de ma vision.

De fait, mon corps réagit par réflexe. Je consolidais la position de mes pieds au sol afin de bondir hors de sa trajectoire, prenant mon envol vers le point le plus haut afin qu’il ne m’atteignît. Pourtant, du coin de l’œil, je perçus un mouvement insoupçonné, le guerrier sanguinaire sautant à ma suite pour me rattraper dans les airs. Son bras s’étira à la manière d’un serpent affamé, l’ongle de ses doigts s’enfonçant dans la chair de ma cheville. Il la tordit pour me la briser, mais je laissais ma jambe suivre le mouvement frénétique : ne pas opposer de résistance ou cette dernière allait définitivement me casser la jambe. Dans tous les cas, Zawa’Kar avait la ferme intention de me garder ci-bas, sa main me relâchant alors qu’il me jetait de toutes ses forces vers le sol, un coup de pied s’écrasant dans mon estomac pour orienter ma descente. Mon corps ne fût plus qu’un projectile qui se broya à la surface du plancher des vaches, la fulgurance de ma chute soulevant la terre et la poussière qui entouraient les bassins extérieurs du campement royal.

« Tu fuis comme un lâche! Hurla le Chaman en hystérie, son poids atterrissant lourdement, son cri engloutissant l’exclamation apeurée des spectateurs des environs. Mais t’es plus résistant que laisse paraître ta silhouette de brindille! C’est au moins ça! »

Je me relevais prudemment, appuyant au sol le pied qui s’était fait prisonnier de ses griffes. Une brûlure mordait ma peau, mais j’étais parvenu à éviter le pire des scénarios, et en considérant rapidement mon corps, je pouvais me réjouir d’être encore en un seul morceau. Du Métal recouvrait désormais les cicatrices de ma chair, langues d’acier qui suivaient les crevasses de mon épiderme déchirée. J’avais réussi à encaisser le choc, mes mutations – couplées au Métal – ayant durci et renforcé mon enveloppe, mais la douleur vrombissait au fond de mon ventre, désagréable.

« Ne m’ennuie pas. »

Son sourire était cruel. Le mien apparut lentement, malsain. Je considérais toujours cette idée de duel comme un putain de cirque, mais que je recule ou que je refuse de me battre maintenant n’allait rien changer : où que j’aille, le Draugr allait me pourchasser afin de pouvoir gagner sa récompense… Eh. Quelle ironie n’empêche. Parce qu’au fond de mon cœur, un chien aboyait, enragé : il était hors de question qu’il touchât à ma femme. Pas comme ça; plus jamais de cette façon. Un crépitement s’anima sur le bout de mes doigts, galopant de plus en plus fort, de plus en plus grand, sur l’ensemble de mon corps : l’Électricité criait.

« J’essayerai de faire de mon mieux », lui susurrais-je, enjôleur, un frisson courant le long de ma colonne.

Parce que si j’étais grand, je me sentais pourtant comme un chérubin devant la stature du colosse.



Mes jointures retournèrent contre son visage; son poing comprima mes côtes; mes phalanges s’accrochèrent à sa mâchoire; ses dents s’enfoncèrent dans ma main en représailles. Je bloquai le cri au fond de ma gorge, dégoûté par la sensation de sa langue qui pourléchait l'hémoglobine de mes plaies, et de ma paume, libérai la foudre dans sa face. Toute sa silhouette vibra au choc du tonnerre, mais il en fallait plus pour faire tomber le représentant de la Guerre. C’est alors que je les sentis entourer ma taille dans une étreinte, serrer et serrer de plus en plus fort mon corps au creux de sa clé. Mes doigts renoncèrent à son menton, l’Électricité perdant de son entrain assassin sur sa chair, parce que mon souffle s’évanouissait dans mon pharynx. Mes os commençaient à se fracturer, alors que ses bras continuaient de me comprimer. Son sourire était cruel et le mien se désagrégeait, maintenant que je réalisais que j’étais coincé.

« Je t’ai averti, Krumkar (Hérétique; insulte), croassa-t-il en me soulevant de terre, ses muscles broyant mon corps, que la prochaine fois que je mettrais ma main sur toi, je sonnerais ton gl– »

BAM! Mon front se fracassa contre son visage, une épaisse couche de Métal couvrant mon épiderme pour me protéger de toute nouvelle blessure. Si le goliath ne tituba d’un iota, malgré le sang qui coulait à profusion de l’entaille à son front, il se figea pendant quelques secondes. Aussitôt, je profitais de l’occasion pour relancer l’appétit de la foudre tout le long de son corps. Il ne pouvait être inépuisable. Pourtant, la prise de ses bras autour de mon torse se raffermit, un premier point à mes côtes m’arrachant un cri. Un cri puissant, pas assez pour casser les Échos environnants, mais suffisant pour perturber, dans une confusion explosive, les sens de ceux m’entourant. Une fois de plus, le guerrier se paralysa, le carcan de ses bras s’allégeant doucement, son équilibre vacillant imperceptiblement. Toutefois, c’était assez pour que je puisse inhaler une grande bouffée d’air, gonfler mes poumons et cette fois, faire tonner mon Hurlement le plus violent à quelques centimètres à peine de ses tympans. D’un geste sauvage, Zawa’Kar me repoussa, mon corps roulant par terre avant de s’arrêter à plusieurs mètres du Draugr, qui plaquait ses mains contre ses oreilles ensanglantées.

« Espèce de monstre… »

Mes jambes tremblaient alors que je me redressais. J’essayais de rattraper ma respiration tout en portant une main à mon flanc, et la seconde à ma bouche, afin d’essuyer le sang. Tch! Si j’avais eu l’idée plus tôt, je ne serais pas dans un tel état… Tant pis. Au moins, je venais de balancer un sacré coup à mon adversaire, après plus d’une quinzaine de minutes à m’échapper de ses griffes. Car si Zawa’Kar avait sa force et sa dextérité à honorer, j’étais particulièrement confiant de mon agilité et de mes aptitudes d’évasion. Clairement, le Chaman se serait attendu à un meilleur duel contre le mari de la Titanide, mais mon style de combat ne ressemblait aucunement à celui, plus brutal, de ma femme ou du fanatique; et en parlant de cet enragé… N’en avait-il pas eu assez?

« T’es vraiment persistant. C’est agaçant.

- Je pourrais dire la même chose de toi, insecte. »

Malgré la situation, je parvins à lui décocher un sourire insolent.

« Parce que c’est mon boulot de descendre les créatures de ton espèce. Et toi? »

Il cracha au sol, répondant par un rictus tout aussi dangereux. Lui comme moi connaissions ses raisons, comme nous savions tous les deux pourquoi je me relevais à chacun de ses putains de coups, malgré la douleur qui me foudroyait les entrailles. Je me fichais qu’il voulut piétiner sur ma fierté en prétextant que je ne me battais pas comme un véritable guerrier, ou que j’étais faible, ou que j’étais indigne d’être aux côtés de Léto. Ce qui m’enrageait, c’était de savoir que cet homme avait déjà touché à ma femme, qu’il souhaitait recommencer, et qu’à mes côtés, Léto ne veuille pas que je le tue…

Mes jointures se mirent à craquer tandis que mon corps se penchait légèrement vers l’avant. Distinctement, il lui était possible d’apercevoir les crocs dans ma bouche se rallonger et les ongles à mes doigts devenir griffes acérées. J’enfonçais mon talon dans le sol, tandis que mes lèvres s’écartèrent, échappant un râle guttural, dégénérescent. Aussi vif et silencieux que le vent, j’arrivais à sa hauteur, enfonçant mes crocs dans sa gorge et mes griffes dans sa poitrine. Violemment, le Zawa’Kar attrapa mon cou à pleine main, arrachant mes canines à sa jugulaire pour fracasser mon crâne contre le sol. Le heurt fit trembler la terre. Pourtant, je lui adressais un sourire en coin, mon profil recouvert d’une résistante couche de Métal. Aussitôt, j’entourais mes jambes autour de son bras, coinçant son poignet entre mes doigts. Le sang à ma bouche enlaidissait plus encore mon faciès, qui ne ressemblait plus à rien entre l’acier, la peau et l’hémoglobine qui le maquillait. Sans sommation, je lui cassais le bras, mais le Chaman ne hurla ni ne recula. Au contraire, il me souleva par la seule force de son allonge avant de m’écraser de nouveau par terre, comme un forgeron tapant son marteau contre l’enclume de sa forge. Néanmoins, je sus éviter le troisième choc, enroulant mon corps de fumée autour de sa silhouette avant de reprendre consistance et de bloquer sa nuque à l’intérieur de mon coude.

Et une seconde fois, je libérais le Tonohr de ma Voix.


1 749 mots | Post I

Pouvoirs utilisés par Miles :
- Maîtrise de l’Électricité
- Création et Contrôle du Métal
- Œil du Traqueur : mutation subie par l’utilisateur qui lui permet d’élargir, à plus de 90%, son champ visuel et d’accroître la perception de ses yeux au point où celui-ci puisse décrypter et copier rapidement les mouvements d’autrui, augmentant ainsi les réflexes de l’utilisateur en fonction de ses points d’Agilité et de Magie. À l’utilisation de ce pouvoir, ses pupilles se rétrécissent et les veines près des tempes gonflent et sont extrêmement apparentes.
- Peau d’Acier : mutation qui renforce la peau de l’utilisateur. Autrement dit, elle deviendra plus dure et résistante. Cependant, plus la Magie de l’utilisateur sera grande, plus sa peau se fissurera, fissures sous lesquelles il sera possible d’y voir ses muscles et ses tendons.
- Confusion : un cri émit par le personnage perturbe les sens de ses adversaires [sa puissance dépend de la force et la portée dépend de la magie].
- Tonohr : avant tout défensif, Tonohr est un cri capable de casser les chants voisins pour se prémunir de leurs effets. Généralement, ce don est utilisé pour renverser la tendance lors d'un duel de Khitarr et permet de renforcer son propre Chant. Avec une bonne concentration et un bon souffle, ce hurlement peut aussi servir à repousser tout autour de soi via une onde de choc ou bien à balayer de face sur un angle donné. La force de la répulsion dépend entièrement de son contrôle de la Voix, le cri peut d'ailleurs être étiré sur la longueur, mais entraîne un épuisement progressif de la Voix.
- Le cerbère : pouvoir de transformer, en partie ou dans son intégralité, le corps de l’utilisateur en un chien relativement grand sur patte, décharné, qui a une apparence se rapprochant beaucoup de celle des Sans-Âmes en raison du peu de fourrure qui recouvre son corps.
- Le Voile : pouvoir permettant de changer son corps en fumée.



[Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mar 19 Juil 2022, 23:31



Visiblement, Léto paraissait satisfaite du duel sous ses yeux ; ou devrait-on dire : pour ses beaux yeux. Ses lippes s'étirèrent davantage face à la tournure du combat, aux rebondissements soudains et aux ingéniosités des deux partis. Elle se pensait au sommet de son Unum Prior, à admirer deux bêtes sanguinaires se jeter sur la gueule pour des raisons aussi triviales que la possession de son corps. Si elle en avait eu le pouvoir, si elle en avait eu le courage, elle aurait très pu les jeter tous les deux dans l'arène… mais cela reviendrait à les perdre, ce qui n'était aucunement son but. Malgré son insolence, la Chamane doutait ne serait-ce qu'en perdre un ici-même. Elle était sereine, forcément amusée et attentive. Son silence lugubre laissait penser qu'elle ne raterait aucune goutte d'hémoglobine, aucun râle de souffrance. À l'inverse, tout le reste de l'assemblée se mortifiait d'une telle barbarie au sein du palais. Ils n'étaient pas des Zawa'Kar, ils ne toléraient guère qu'on troublât leur paix, leurs occupations, leurs coutumes. Les eaux étaient sacrées et la quiétude du harem primait par-dessus tout. Takhi ne devrait guère assister à un tel événement, et leur Reine – même en tant qu'instigatrice du chaos – répondait à quelques devoirs sur cette île. Son règne devait représenter un renouveau, mais fort était de constater que les Fous attiraient les Fous. La Favorite eût beau détourner quelques scènes, espérer que le Molosse s'en sortît, recouvrer un second souffle à chacun des assauts portant ses fruits, elle ne parvint point à écourter une telle folie. Sa Hǫfðingi était, tout bonnement, happée par l'appel du sanglant, imperméable à tout autre phénomène intrusif. La Sùlfr semblait avoir depuis toujours un rapport étroit avec l'élixir de vie, autant par magie que par symbolisme ; son couronnement, par exemple, fut une ode à cet amour pour le breuvage dont raffolaient les Vampires. C'était inexplicable, cela avait toujours été ainsi. Ce serait comme chercher à comprendre pourquoi Miles pouvait muter en une bestiole à la frontière du monstre complet. C'était ainsi. Et si ce ballet entre les farouches guerriers aurait pu s'éterniser ainsi, dans cette pétillante danse enragée et passionnelle, la blonde s'en serait pleinement contenté. Hélas, le Tonohr de son mari balaya d'un coup sec toute son euphorie, la Souriante perdant son titre. Depuis sa plongée dans la tribu Souw, Léto s'était fermée aux Voix. Non pas qu'elle abhorrait celle de son mari ; mais peut-être bien que ceci était plus proche de la vérité.

" Suffit. "

Cela dit, celle de la Sùlfr lui avait octroyé le surnom goguenard de Brise-Tympans durant sa jeunesse, et point pour rien. Autoritaire, implacable, la Titanide s'était élancée hors du bassin et ne redoubla guère d'effort pour séparer les deux hommes en quête de son Temps.

" Par tous les Ætheri, merci, Hǫfðingi… " Takhi ne s'était engagée pas dans la danse pour souffrir de telles bassesses, d'autant plus lorsqu'elles concernaient l'homme qui la galvanisait.

Après avoir repoussé Zawa'Kar, Léto réceptionna Miles et, dans leur embrassade, récolta une portion de son sang pour l'étaler sur sa propre joue. Ce petit rituel magique aura au moins le mérite d'apaiser les maux de son Sungmanitu le temps de régler ce différend une bonne fois pour toute.

" Léto, c'est… Il cracha, tout aussi sanglant. Un affront ! "

La blonde étreignait son mari comme pour le protéger d'une très probable tentative du sauvage.

" Un affront ? Répéta-t-elle, faussement éberluée. Qui dicte les règles ? Qui a permis à ce duel d'exister ? Ses iris disparates soutinrent aisément le regard furieux du guerrier. Ce n'est pas ton combat, Zawa'Kar, c'est le mien. Et je choisis de l'interrompre. L'une de ses mains glissa dans la tignasse de l'Albinos. Je choisis Miles pour mon séjour loin de tout. Son sourire revient, bien plus éclatant, rien qu'à la pensée de ce simili de vacances. Et je choisis qu'on y va maintenant, à bientôt ! "

Un caprice, une téléportation.

~~~


Il y avait de superbes cocotiers, l'eau était turquoise et le sable était si chaud. Oui, rien que ces caractéristiques confirmaient le côté paradisiaque de cet archipel, et plus particulièrement de leur île privée. Forcément curieuse, sa Vigilance lui avait fait envoyer quelques Esprits à l'assaut des bouts de terre voisins afin d'expliquer le phénomène et surtout le but de cet endroit. Hélas, il semblerait qu'un nouveau mystère se dressait sous leurs pieds. Qu'importait en fin de compte, puisque la finalité demeurait de s'y sentir bien. Et c'était le cas : cela faisait si longtemps que Léto n'avait pu respirer ainsi, en plein poumon, baignée par les douces caresses du soleil, le chant si réconfortant des vagues sur la plage et les chatouilles des grains entre ses orteils.

Dès leur arrivée, la Sùlfr revêtait toujours sa robe unique, laissant une totale liberté à ses mouvements les plus primaires et une aération optimale pour ses muscles saillants. Cela dit, son regard fut rapidement accaparé par les serviettes étendues à leurs pieds et la présence de pièces destinées à la baignade, sans parler des multiples accessoires invitant à la récréation de la mer.

" Waouh… Elle s'accroupit sur ce qui semblait lui être destinée. À quand remonte la dernière fois que j'ai porté ce genre de choses ? "

Comme avec des pincettes, elle souleva le maillot de bain tressé en bandeau. Sa question était légitime : les Chamans se contrefichaient de la pudeur et Ciel-Ouvert n'était clairement pas l'endroit le plus idéal pour se baigner. Quoi qu'il en soit, vu que l'occasion se présentait, la blonde n'attendit pas une seconde pour se débarrasser de sa robe et enfila la tenue complète de la parfaite vacancière. Sans surprise, l'île paradisiaque lui avait laissé un maillot qui lui allait comme un gant, malgré sa grande taille et sa musculature en grande partie inhabituelle pour une demoiselle. Toute fière, elle tourna sur elle-même, comme pour se pavaner sous l'attention de son mari, avant de lui faire face, espiègle.

" Il me va bien ? "

Se rendre sur ce coin de paradis avait ses avantages, puisque tous les maux physiques de Miles avaient disparu ; il risquait malgré tout de bien se souvenir de sa rixe avec le général. Sa tenue endommagée et ensanglantée en témoignait.

" Mets-toi à l'aise aussi, nous l'avons tous les deux mériter. " Elle lui indiqua les vêtements laissés pour son mari, et surtout : des lunettes de soleil.

Léto aussi avait les siennes qu'elle ne tardât pas à enfiler, alors qu'elle prenait place sur la serviette et sous l'ombrelle. Le cadre idyllique ne se suffisait pas à lui-même : tant de possibilités leur étaient offertes afin de passer un agréable séjour. Un bungalow les attendait un peu plus en profondeur des terres, renfermant quelques trésors du bonheur accompli. Ils pouvaient tout autant errer sur les longues étendues sableuses afin de s'amuser et discuter. Bien entendu, l'immensité de l'océan les accueillait à bras ouverts afin de laver leurs esprits meurtris par les récents événements. Et qui sait encore quels secrets se terraient dans la jungle en aval ? En bref, le Pärah Dih !

" Oh non ! Elle parut totalement horrifiée derrière les verres teintés. J'ai totalement oublié de quoi on parlait avant que Zawa'Kar te saute dessus. " Une mémoire absolue ne rimait pas avec une mémoire fonctionnelle.


1268 mots ~
Les îles Pärah Dih Ziak : Ce sont des îles, situées dans un endroit inconnu des Terres de Sympan. Tout ce que l'on sait, c'est que chaque île a été façonnée pour l'usage de deux individus, qui pourront rester là-bas une semaine au maximum. Sur l'île, il n'y a personne hormis eux mais tout a été préparé pour que le séjour soit parfait. Il y a donc de la nourriture, de quoi se loger, dormir et s'amuser. Il fait chaud et la mer est merveilleuse (pas une Sirène à l'horizon). Bref, c'est le Pärah Dih ! Les personnages y sont envoyés soit seul, soit à deux pour une durée indéterminée inférieure ou égale à une semaine.



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Jeu 21 Juil 2022, 06:15



Un frisson naquit sur la base de ma nuque, à l’endroit exact où j’avais perçu sa main frôler ma peau. L’instant d’après, je pouvais la sentir sillonner et caresser les mèches de mes cheveux, tandis que sa voix s’égarait dans mes oreilles en raison des halètements qui secouaient ma respiration. Zawa’Kar était un monstre, l’un des plus redoutables que j’avais eu le plaisir – ou le malheur? – de croiser au cours de mon existence… Je n’arrivais pas à y croire, mais en même temps, étais-je réellement surpris par l’issue de cette confrontation? À quelle autre fantaisie m’étais-je attendu exactement? Je connaissais son caractère bestial, je connaissais les histoires qui pavaient son parcours cruel et sanglant et pourtant, avais-je vraiment considéré pouvoir le battre en combat singulier? Malgré tout ce que j’avais déployé pour le mettre au sol, le général était obstinément resté debout. Non seulement possédait-il une force surhumaine, mais en plus, sa résistance physique et magique était, elle aussi, parfaitement incroyable. Rien ne semblait pouvoir le faire fléchir, pas même l’Écho assourdissant de mon Tonohr, si près de ses tympans. Je le réalisais tout doucement, maintenant que l’on m’avait tiré hors du combat et qu’elle m’avait réfugié au creux de ses bras. Je sentais également le regard des Chamans de Zaowa percer ma peau, eux qui avaient certainement prédit la conclusion de cet affrontement avant même que je ne le considère dans mon propre esprit. Dans les yeux de Takhi aussi, remarquais-je cet irrépressible soulagement, maintenant que Léto était intervenue et qu’elle calmait, à sa manière, le feu qui nous consumait, en dépit d’être le combustible qui avait permis à nos étincelles de s’enflammer.

Seulement, avant même que les battements sourds de mon cœur ne laissent sa voix pénétrer mon ouïe, le plat de mes pieds reposait déjà sur le sable doré. Tout autour de nous, le campement royal disparut en un claquement de doigt pour ne devenir qu’une éternelle étendue lapis, entre le ciel et la mer qui se perdaient à l’horizon. Dans un sursaut, je me détachais doucement de l’étreinte de la blonde, cherchant un repère familier à l’horizon, mais compris rapidement que nous n’étions plus que nous deux : nous deux sur une île aux contours merveilleux. Cela étant dit, au son de sa voix, je finis par détacher mon regard du paysage enchanteur pour le porter en direction de mon épouse. Elle troquait déjà l’élégance de sa robe pour le charme du maillot, mon esprit se laissant aussitôt séduire par l’éclat rayonnant qui émanait de son sourire. En cet instant précis, la femme que j’avais épousé réapparut sous mes yeux, sa jovialité et sa lumière m’éblouissant, au contraire de la Souveraine insensible au rictus indolent que j’avais aperçu sur l’Île Maudite.

« Tu es magnifique », lui souriais-je avec tendresse avant que mon attention ne soit orientée vers mon propre maillot.

D’abord hésitant, j’abdiquais finalement en considérant l’état misérable de mes vêtements. Je me délestais à mon tour de ma tenue rapiécée, notant après quelques secondes que les blessures de mon duel n’étaient plus : seuls le Métal de ma Magie élémentaire et les cicatrices de mes mutations persistaient toujours sur ma chair. Même la douleur à mes côtes n’était plus que souvenir du passé, permettant à ma respiration de retrouver un rythme plus normal, régulier.

« Oh non!

- Qu’est-ce qu’il y a? »

D’un geste, je rejetais la chemise sur mes épaules et ancraient les lunettes de soleil sur ma tête, forçant à peine sur ma mémoire pour me rappeler en quoi tenait notre précédente conversation – avant que cet ours ne nous interrompe. Nous parlions des enfants, de leur développement, de leurs aspirations, de ce qui les motivaient et les passionnaient présentement – par exemple, Toto s’intéressait beaucoup à la voie lactée et aux étoiles en raison des phénomènes qui dansaient au-dessus de nos têtes – mais à l’heure actuelle, mon intérêt réel se portait sur un tout autre sujet, alors que l’adrénaline du combat battait toujours plus faiblement dans mes veines. Elle tendait à s’apaiser de manière exponentielle, maintenant que tout était calme et que le son des vagues effleurait calmement aussi bien la berge de la plage que la sensibilité de nos âmes. À pas de loup, je me faufilais à ses côtés, posant mon séant sur la seconde serviette sous le parasol. J’admirais avec affection – et un brin d’égarement – la silhouette de ma femme.

« … Avant ça, lui confiais-je en approchant mes doigts de son visage, le ton de ma voix s’ourlant d’accents troublés : Est-ce que c’était vraiment une bonne idée de partir de Zaowa en laissant Zawa’Kar dans un tel état? Tu ne crains pas qu’il fasse un écart? »

Après tout, s’il ne s’agissait pas de l’Hǫfðingi elle-même, qui serait assez persuasif – et fort – pour raisonner et contenir la colère du guerrier sanguinaire? Avait-il seulement été assagi par son discours? Personnellement, je ne le croyais pas, pas après l’humiliation qu’il avait subi en voyant notre duel se terminer aussi abruptement par un troisième parti. Et en étudiant la Reine, avec son attitude si décontractée – comment pouvait-elle être aussi détendue après qu’elle m’ait arraché de la sorte aux griffes du général? – une nouvelle inquiétude fleurit naturellement sur le bord de mes lèvres, le sanglant de mes iris s’accrochant au rouge et or de ses prunelles.

« Est-ce que tout va bien? »

Je laissais courir le revers de ma main sur le contour de son faciès, ma peau s’imprégnant de la douceur de la sienne. Elle était chaude, en dépit de l’ombre qui nous recouvrait, et une fois son attention capturée, son regard désormais rivé, je lui adressais inconsciemment un sourire sur la commissure de mes lèvres, coinçant distraitement quelques cheveux entre deux doigts.

« Ce qui s’est produit tout à l’heure, ça ne te ressemble pas. Je coupais ma parole d'une courte pause, secouant doucement la tête de gauche à droite. Désolé. Tout le monde était horrifié. J'ai laissé la fièvre du moment m'emporter. »


999 mots (Sans les paroles reprises du post de Latone) | Post II




[Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Lun 08 Aoû 2022, 18:54



Les compliments seuls ne possédaient pas un pouvoir suffisant pour franchir son égide. Il fallait de surcroît qu'ils provinssent d'une voix toute particulière, d'une tonalité réconfortante et avenante. Voir son mari et ses enfants s'épanouir ne semblait rien face à leurs mots à son égard. Ainsi souriait-elle, un brin béat, lorsque Miles lui affirmait avec fermeté sa magnificence à ses yeux. Aussi loin qu'il lui était possible de remonter, le Köerta s'était toujours montré aussi avenant auprès de sa personne. Un jour, elle était belle, le lendemain, elle l'était encore. Si des imperfections ternissaient son portrait, ce devait être un mal qui la rongeait, alors il se démenait aussitôt pour trouver une solution et retrouver le soleil de sa vie. Elle fut pourtant dès leur rencontre un astre terni, meurtri, une étoile ayant perdu son éclat et rongé par de nombreux regrets, des morsures de culpabilité marquaient sa peau, des griffures emplies de chagrin s'immisçaient jusqu'en son âme. C'était comme si, grâce à sa vision d'Orisha ou son propre instinct – elle l'ignorait encore aujourd'hui – le Traqueur savait que la Marcheuse d'autrefois pourrait faire preuve d'un éclat plus intense. Il avait eu raison et la voilà encore aussi fidèle à elle-même, à ses principes, à ses convictions. Être magnifique, c'était atteindre la plénitude de son identité.

Nul besoin d'empathie pour capter le trouble constant de son mari. À vrai dire, Léto l'avait ressentie bien avant son arrivée à Zaowa. En ce sens, la Chamane était convaincue que sa visite n'avait rien de courtoisie, même si celle-ci s'avérait amplement appréciée. La Sùlfr s'était remémorée sa lettre et son absence de réponse. Peut-être que ses occupations l'avaient dévié de leur échange épistolaire, la Hofdingi ne saurait confirmer un tel fait ; les Esprits furent bien plus préoccupés par le phénomène des Étoiles que tout autres. Quoi qu'il en soit, ils n'eurent bien que le loisir d'échanger les nouvelles les plus intéressantes, avant d'être interrompus par le général de ses armées.

" Zaowa n'est pas son territoire. S'il a l'intention de poursuivre son carnage, il retournera sur-le-champ chez lui et ira fracasser quelques crânes de prisonniers ou des siens. Il n'arrivera rien aux Chamans du palais, si telle est ton inquiétude. Elle imaginait qu'il ferait allusion à Takhi, mais rien ni personne n'oserait ne serait-ce qu'effleurer la Favorite sans l'autorisation de la Hǫfðingi. Zawa'Kar est une bête parmi les hommes, mais il est surtout un Draugr. Il ne ferait rien qui me déplaise davantage, ni qui incommode nos pairs. Le verre teinté masquait en partie son regard assombri. Si un tel écart se produisait, ma main ou celle de mon futur Draugr s'en occupera sans tarder. " Les Esprits sauraient l'avertir à temps, même jusqu'en ce coin reculé du monde.

Ce détail la peinait au fond, mais Zawa'Kar avait raison : Miles n'était pas un Chaman, tout au plus toléré par Mior seulement, ce qui en soi s'apparentait à un exploit. En ce sens, l'Orisha ne pouvait comprendre comment fonctionnaient les barbares. Il l'avait traité de monstre et ne voyait pas plus loin. Léto pouvait bien le comprendre, ayant été une descendante directe des Esclaves par le passé. Néanmoins, elle s'était ouverte à des Mondes que Miles ne pourrait jamais atteindre, à moins d'abandonner une bonne fois pour toute son enveloppe actuelle. C'était une question épineuse, mais la Sùlfr s'était préparée à cela dès son engagement avec lui. Si seulement elle pouvait le convaincre de "changer" pour elle, pour leur précieuse famille…

" Oui, tout va bien. Un mensonge. Depuis que tu es là. " Une étincelle de vérité.

Il était trop absent à son goût. Bien évidemment qu'elle comprenait que c'était sa propre faute à l'origine, seulement avec son couronnement, son élévation parmi les Élus des Ætheri, il lui serait quasiment impossible de résider davantage à Ciel-Ouvert. Surtout qu'elle avait faite la singulière promesse de ne plus marcher sur les plates-bandes de Latone afin qu'elle s'épanouît totalement. Entre l'arrivée de la nouvelle Ère et ses préoccupations maritales, il était plus qu'évident que Léto n'allait pas bien.

" Vraiment ? Que penseras-tu alors de moi le jour où j'ouvrirai les jeux d'Unum Prior ? Elle s'appuya contre la main du Marcheur, cherchant à cueillir son affection comme un chaton. Je ne t'ai jamais vu te battre aussi férocement pour moi. Je dois avouer être plutôt surprise de ta performance face au général. Agréablement surprise ! Sans parler de mon excitation… Ses techniques, son endurance, ses sorts, toute cette frénésie ne l'avait point laissée indifférente. À son tour, elle tendit sa main pour caresser les traits de son tendre amour. Tu as beaucoup évolué depuis ton entrée dans la Marche. "

Elle n'avait plus été là pour le voir. Tout comme ses enfants, qui lui échappaient de peu via la vigilance des Esprits et les quelques retours de son mari. Depuis le mariage, il fut avoué à demi-mots que c'était une mauvaise idée de faire revenir Kaine et Toesia sur l'Île Maudite, même si aucun incident notable ne se produisit. C'était tout bonnement… un autre monde à leurs yeux. Ce serait comme envoyer Draaskag ou même Nörråke au Voile Blanc. Ces terres ne portaient pas leurs places, c'était ainsi. Pour autant, Léto se raccrochait à cette idée de retenir Miles à ses côtés, de faire de lui sa plus fidèle âme-sœur. Sa main courut jusqu'à la crinière argentée, l'ébouriffant un chouïa par malice.

" Mon Molosse adoré. Satisfaite, elle cessa sa tyrannie et ancra son attention sur l'horizon, majestueux. Les duels m'ont toujours fascinée. Quelques fois, mon père réussissait à me dégoter une entrée pour l'Arène de Cristal et je passais alors mon temps dans les gradins à évaluer les duellistes, à parier sur le plus fort… à m'imaginer à leur place. Elle haussa les épaules. J'y ai combattu une fois avant qu'elle ne soit engloutie, mais j'ai préféré laisser ma victoire à plus méritante que moi. À l'époque, elle se pensait déjà au sommet de son art avec l'incroyable Hozro. Les Coupes de Nations et les quelques tournois locaux me forgeaient et épanchaient ma soif, mais ce n'était pas suffisant. Avec Unum Prior, j'ai fini par comprendre que j'aimais autant être spectatrice que combattante. Gagner, perdre, ce ne sont que de futiles fatalités. Comme la Vie ou la Mort. Ce qui compte à mes yeux, ce n'est pas la fin du duel, c'est son ensemble, en amont et en aval. Ses iris se raccrochèrent à l'écarlate de ses prunelles, son sourire toujours aussi prononcé. Même si je te l'ai imposé, ce que tu m'as offert face à Zawa'Kar… était divin. "

La comprendrait-il… ? La Sùlfr devrait l'emmener à l'arène, au moins une fois. Il se pourrait que tous leurs malheurs s'épuiseront dès que Miles aura vu de ses propres yeux ce qu'elle avait accompli et ce qu'elle comptait offrir à leur monde. C'était possible, mais si contraire à ses propres vertus. Elle devait encore y réfléchir, d'où son embarras dans sa dernière missive. Réfléchir, ce droit lui était encore accordée, alors autant en profiter un maximum, comme ces vacances improvisées.

Un long silence s'ensuivit où Léto semblait se laisser absorber par la chorégraphie des vagues, par le chant de l'océan, la majesté du panorama. Accoudée sur la serviette, son corps étendu afin de lui laisser un petit moment de répit, la Sùlfr fixait une parcelle de l'horizon sans intérêt notable. Ses lunettes de soleil reflétaient les assauts de celui-ci à la perfection, tout comme le singulier passage de quelques filles des Constellations à travers l'azuré. Elles dansaient tout autant à la surface de l'eau comme des petits poissons. Ce calme olympien la berçait uniquement grâce à la présence du Köerta. Dans le cas contraire, sa hantise risquerait de revenir au galop. Il fallait croire que, parfois, même la Titanide devrait s'en remettre aux bras du Darka'Mri'Tuor au lieu de gainer les muscles face à l'adversité.

" Alors ? Brisant volontairement cette accalmie, la Souriante tourna à moitié la tête en sa direction. De quoi voulais-tu vraiment me parler ? " Il n'y avait plus de raison de temporiser.


1445 mots ~



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 27 Aoû 2022, 08:09



Mes craintes étaient fondées. J’avais vraiment eu raison de m’inquiéter pour elle, de douter de l’authenticité de ses sourires lorsque nous nous tenions encore sous les toits de Zaowa. L’intérieur de mon crâne avait vibré aux premières inflexions de sa voix, le terrible frémissement s’étant aussitôt répandu sur l’ensemble de mon corps. Quelque chose n’allait pas avec Léto, c’était évident, et le mensonge qui venait d’effleurer ses lèvres n’en était qu’une confirmation. Pourtant, comme une lampe que l’on faisait briller au cœur de l’obscurité, son ton reprit en couleur et en assurance, l’éclat de sa voix illuminant les traits de son visage par cette douce étincelle de vérité. Toutefois, aussi sincère avait été les échos de son cœur, ses paroles suggéraient pourtant que tout n’allait pas pour le mieux – et je n’avais pas besoin de mes instincts d’Orisha pour percevoir ce trouble qui la secouait de l’intérieur. J’aurais espéré qu’elle m’en dise un peu plus, mais n’eus jamais l’opportunité d’entendre ses inquiétudes de sa bouche : presque immédiatement, son attention avait préféré le sujet du duel et de son Arène. Pourtant, sans me lamenter ou rouspéter, je décidais de suivre sa volonté, enfouissant, à mon tour, mon visage dans le creux de sa main.

« Le contraire aurait été décevant, tu ne crois pas? Frottant distraitement ma joue contre sa peau, je l’observais derrière la fente de mes paupières semi-fermées. Puis, je ne vais pas te mentir : ça a quand même fait du bien de taper sur sa gueule. »

Et de lui faire comprendre qu’il y a des limites à ne pas franchir… Même si l’issue du combat ne serait jamais connue, je n’avais guère été confiant sur mes chances de gagner ce rixe violent. Zawa’Kar n’était pas qu’un bon combattant : aux yeux de tous – et des miens par extension – sa résilience le couvrait d’une force aux allures d’invincibilité. Ses qualités de guerrier le faisaient paraitre aussi grand qu’imbattable. Je savais que nous avions tous une faiblesse qui saurait nous rendre vulnérable, mais le Chaman semblait se protéger sous une armure impénétrable. Étais-je seulement parvenu à créer une brèche dans cette cuirasse? Je ne saurais l’affirmer… Sûrement nourrissais-je quelque espoir vain, mais je souhaitais sincèrement, qu’avec cette démonstration, le barbare n’oserait plus me prendre à la légère ou prononcer de tels propos sur ma femme devant ma figure. Misère! Je pouvais ressentir l’énervement bouillir en moi rien qu’en repensant à son comportement. Par chance, Léto était là, la tendresse de son toucher sur mon visage réussissant à calmer toute éventuelle effusion. Je laissais ainsi l’accalmie nous envelopper, ne serait-ce que pour profiter de l’instant. Cependant, mon esprit ne pût s’empêcher une petite taquinerie, maintenant que ses mots se répétaient clairement entre mes deux tympans.

« Alors, comme ça, ça t’as excité? »

Tout en la contemplant, le vice chatouilla la commissure de mes lèvres par la même occasion. Mes lèvres se rapprochèrent des siennes pour y déposer un baiser, mais au dernier moment, des doigts s’infiltrèrent à travers les mèches de ma toison, une tempête les hérissant dans un désordre indiscret. Tout naturellement, un grognement se mit à vibrer au fond de ma gorge en signe de désapprobation, mais le sourire qui fendait mon visage lui livrait pourtant un tout autre message : il n’était que des plus bienveillants et affectueux à son égard. Est-il seulement possible que je puisse en aimer une autre? La réflexion s’insinua aussi soudaine que pernicieuse, bloquant toute autre intrusion dans mon crâne, de mes pensées jusqu’au volume de sa voix qui me contait ses souvenirs d’enfance. Bien rapidement, la question trouva sa place à l’intérieur de mon esprit, comme une ancre qui se serait profondément enfoncée dans le plancher des océans pour ne plus jamais s’y décrocher; comme un parasite qui aurait finalement choisi son hôte pour l’écorcher. Mon cœur se mit à battre d’un rythme effréné, tandis que mes pupilles perdaient graduellement leur foyer.

Les sentiments étaient souvent difficiles à maîtriser et pourtant, j’aurais dû savoir les contrôler. Pour ma femme, dont la seule vision me plongeait désormais dans cet état pénible qui mélangeait l’admiration à la culpabilité, l’amour sincère aux doutes inéluctables; pour nos enfants, qui seraient déçus et dévastés par mon comportement; et pour Latone, âme ingénue, qui s’était laissée charmer par la beauté des promesses que je lui avais contées. Bon sang. J’aurais dû arrêter ce qui, au début, m’était apparu comme une plaisanterie. J’aurais dû noyer ces sentiments et simplement être heureux avec ce que j’avais : une femme merveilleuse, des enfants formidables, une maison chaleureuse et un travail qui me passionnait. En dépit de ses absences, Léto… était auprès de moi. Par les vœux que nous nous étions échangés, j’étais sien comme elle était mienne. Malgré la frustration qu’elle pouvait parfois engendrée, notre relation restait charmante, affriolante, et j’aimais ma Chamane comme le tout premier jour…

Et malgré tout ce que nous possédions ensemble, tout ce que nous nous partagions, pourquoi me sentais-je continuellement… insatisfait? Incomplet? Pourquoi avais-je sans cesse besoin de combler ce vide qui me dévorait…?

« […] Même si je te l'ai imposé, ce que tu m'as offert face à Zawa'Kar… était divin. »

Il s’agissait de la seule phrase que je perçu dans son entièreté depuis le début de son discours, comme si la vue soudaine des verres teintées m’avait tiré hors de mes pensées. Instantanément, un sourire s’afficha à travers les cicatrices de mon faciès, faute de connaître le contexte pour formuler une réponse adéquate. Dans ma tête, j’avais l’impression que seul le martèlement de mon cœur se faisait entendre.

Le silence nous engloba de nouveau. Mon regard se portait sur la ligne de l’horizon, sans véritable attachement. En vérité, j’essayais uniquement de donner du sens à mes sentiments, de les rationaliser, et seuls les Dieux pouvaient savoir à quel point rien de tout cela ne m’était aisé. Parce que j’aimais Léto, je l’aimais tellement, et pourtant, cette distance que nous avions dû entretenir au fil des années ne semblait pas s’être réduite malgré le mariage, malgré la vie dans laquelle nous nous étions promis de nous engager ensemble, bien au contraire.

Lentement, je tournais mon visage dans sa direction, capturant au creux de ma rétine la forme de son visage, la sérénité de ses traits. Je désirais perdre mes doigts dans la blondeur de ses cheveux et coller mon corps contre le sien; espérer tout oublier, peut-être, et simplement me contenter de sa présence, de ce qu’elle pouvait m’offrir. Ce serait tellement plus simple et facile. Mais je savais aussi que cela m’était impossible. Toujours, je ressentirais ce vide dès que je me séparerais de ses bras.

« Es-tu heureuse? »

La question fila de mes lèvres plus vite qu’elle ne fût réfléchie. Cependant, dès que la Souriante avait de nouveau fracturé le silence, les mots s’étaient tout bonnement échappés de ma bouche, incapables d’être retenus plus longtemps dans la sécheresse de ma gorge. Glissant finalement ma main dans l’épaisseur de sa chevelure, je la fis voyager jusqu’à la base de sa nuque, esquissant un sourire aussi insipide que le désert.

« Es-tu heureuse avec moi? Avec notre mariage? Désormais lancé, je ne voyais plus l’intérêt de cacher quoi que ce soit : c’était d’autant plus terrible et angoissant, mon cœur cognant, frappant, hurlant. Es-tu satisfaite de cette vie avec moi? »

Je ne savais plus ce que je disais. Était-ce à elle que je posais une telle question ou tentais-je de me faire une raison?

« Nous devrions être heureux. Nous nous sommes mariés, nous avons une famille, avec des enfants incroyables et merveilleux. Mon regard se fit plus triste, mélancolique. Alors pourquoi? Pourquoi j’ai l’impression qu’il nous manque encore quelque chose? Je soupirais. Tu sais, quand j’ai lu ta dernière missive, je me suis senti complètement abattu en réalisant un truc. Je croyais que le mariage nous aurait rapproché, qu’on aurait pu changer nos habitudes du passé… Pourtant, nous nous voyons encore moins souvent qu’avant. »

Dans une impulsion, mes phalanges se retirèrent de ses cheveux et partirent plutôt à la recherche de sa main libre. Encore une fois, je restais muet, caressant distraitement le revers de sa main.

« Reviens à Ciel-Ouvert. Me comprendrait-elle…? J-J’ai fait des rénovations et fait aménagé une toute nouvelle pièce pour toi à la maison. Un atelier de peinture, son cadeau de mariage qu’elle n’avait pourtant pas encore aperçu. Reviens à Ciel-Ouvert. Avec moi. Tu pourrais… Tu pourrais… »

Je fus stoppé dans ma propre lancée. Que pourrait-elle faire? Qu’est-ce que je lui demanderais de faire? Abandonner les Chamans? Abandonner sa Souveraineté? Tout laisser derrière et revenir définitivement auprès de moi et des enfants pour que nous puissions enfin vivre comme une véritable famille? Je souris. Je savais que c’était utopique. Je le savais et malgré tout, je continuais d’espérer qu’un jour, peut-être, sa réponse serait différente.


1 457 mots (Sans les paroles du post de Latone) | Post III




[Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Lun 05 Sep 2022, 01:31



Heureuse ? Pour la première fois depuis fort longtemps, les mots de Miles le décontenançaient. De tous les scénarii possibles, avec toutes les informations qu'elle avait en main, Léto n'aurait jamais imaginé qu'une telle interrogation filerait d'entre les lèvres tentatrices de son mari. Pour une femme de sa trempe, le bonheur lui avait trop de fois échapper des mains. C'était une récompense qu'elle traquât constamment, naïve d'imaginer qu'une telle notion serait de pair avec sa liberté. Pas plus tard que récemment, s'enchaîner avec Miles lui avait procuré bien plus de bonheur que toutes ses escapades à travers les Continents, par-delà les Océans, sur les pas de Mondes mystiques et inconnus. Bien sûr qu'elle était heureuse. Il n'y avait aucun débat, pas une once d'hésitation. Elle l'avait foncièrement assuré lors de leur nuit de noce, avec toute la sincérité du monde. Alors pourquoi son Köerta le lui demandait ? N'arrivait-elle pas à voir au-delà de sa question ? À mesure que Miles précisât cette dernière, la jovialité de la Sùlfr se ternissait. L'ocre et l'écarlate ne reflétaient plus qu'une incompréhension palpable, sa bouche retrouvait une horizontalité fade et dénuée de joie. Léto était perdue, une première depuis son couronnement et son accès à une vigilance absolue. Comment une telle situation pouvait exister, juste là, sous ses yeux ?

" Je suis heureuse avec toi, avec notre mariage. Je suis satisfaite de cette vie avec toi. " Était-ce tout ce dont il avait besoin qu'elle répétât ?

Léto n'était point agacée, oh non. Simplement, elle ne comprenait pas où Miles voulait en venir, et encore moins pourquoi il désirait s'assurer d'un tel fait. Elle ne voyait pas à travers ses mots et c'était bien là son erreur, sa lacune. Si elle en avait été capable, une telle redescente d'enthousiasme n'aurait même pas dû la surprendre. Pour elle, Miles lui était acquis, leurs enfants étaient un cadeau et toutes ces heures à se triturer la tête pour contenter tout ce beau monde démontrait une réelle implication des deux partis. Ensemble, ils avaient réussi à trouver un juste milieu malgré leur pénible situation. Alors, encore une fois, pourquoi ces questions ? Pourquoi se révélait-elle aussi perdue ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui échapper autant ? C'était frustrant, impossible.

Tout le long de la tirade du Zeckea, la Hǫfðingi se retint plusieurs de se pincer les lèvres. Blessante, et pourtant tant gorgée de vérités. Léto le savait, elle le savait très bien, Miles non plus n'était pas né de la dernière pluie. Ils étaient tous les deux lucides, intelligents, en phase avec leurs sentiments mutuels. Pour autant, la Chamane avait la sincère impression de s'être voilé la face jusqu'ici. Et si leurs efforts n'avaient servis à rien ? Et si toutes ces entreprises se vouaient à l'échec ? La Sùlfr était une battante, jamais elle ne ploierait le genou face aux réticences de son mari. Elle avait juré de le soutenir, de l'accompagner dans les moments les plus difficiles, de tout mettre en œuvre pour perpétuer ce fameux "amour éternel". Elle baissa les yeux sur leurs mains liées, soudainement insensible à ses caresses tant ses dires lui brouillaient les idées. Léto avait l'impression de… s'entendre parler à Aëran. L'injonction lui procura un frisson ; celui le plus désagréable. Miles ne lui avait jamais exigé quoi que ce soit jusqu'à aujourd'hui, et sa peine s'amplifiait dans sa voix, étranglée. Ironique pour un Fils des Chants ; ceci démontrait toute la détresse du Köerta. Et maintenant… Léto se tut, son regard vide, perdu quelque part sur les amas de grains dorés à leurs pieds. Elle tourna plusieurs fois sa langue dans sa bouche, consciente que le moindre mot de travers risquait d'apporter son lot de conséquences néfastes. Son empathie pour le Marcheur la tiraillait et la figeait sur place. Malgré tout le temps accordé, Miles ne trouva point le courage de conclure dûment son discours, son supplice. La danse des vagues lui répondit, jusqu'à qu'elle esquissât un sourire si terne.

" C'est impossible. "

Il connaissait très bien la réponse et Léto n'avait d'autres choix que de le lui confirmer cette cruelle réalité. Malgré tout, la Souriante demeurait une femme aimante et attachée à son mari ; elle glissa sa main le long de son bras et se rapprocha de lui afin de coller leurs peaux dénudées. Le contact créé, elle l'enlaça d'un bras et lui sourit tendrement. Il semblerait qu'ils se retrouvaient, une nouvelle fois, face au précipice.

" Je suis navrée que ma dernière lettre t'ait déboussolé. Nous traversons une période complexe, comme Ils s'amusent à nous le rappeler. Elle leva les yeux au ciel : les Constellations et Comètes les suivirent jusqu'à cette parcelle paradisiaque. Mais ça va aller. Le Conseil est passé, je sais ce que je dois faire pour mon peuple, alors nous pouvons… souffler… Sans avoir besoin d'être Orisha, la Chamane entrevoyait très bien ce qu'attendait sa moitié. C'était dur, cependant ils étaient adultes, responsables, ils avaient surmonté des épreuves bien pires. Je ne reviendrai pas à Ciel-Ouvert. Je ne me sens plus connectée à cette ville depuis bien longtemps. Sa main, tendre, remonta jusqu'à la joue de son amoureux. Quand nous nous sommes rencontrés là-bas, il n'y avait que toi dont j'entendais la musique. Si cela m'était possible, je me ficherais bien d'où nous nous trouverons, tant que nous serons tous réunis avec nos enfants. Mais je ne suis plus maîtresse de mon destin. "

Si dramatique, son existence n'aura été qu'une fuite perpétuelle : loin de la pression sociale, loin d'une idylle tyrannique, loin d'un monde injuste et répugnant. Sa foi grandissante l'avait sauvée et l'arrivée de Miles l'avait soignée. Hélas, les Ætheri semblaient avoir de bien plus grands projets pour elle, la couronne devenait alors une chaîne autour de son crâne et elle souriait encore, puisqu'elle mettait à contribution sa puissance, sa gloire, tout cela au nom d'un avenir meilleur pour des hommes, des femmes et des enfants en perdition. En contrepartie, le prix à payer se trouvait juste sous ses yeux.

" Moi je ne peux rien faire, mais ce n'est pas ton cas. Autant optimiste qu'incertaine, la Hǫfðingi prit ses deux mains dans les siennes, à l'instar d'une prière à son attention. Vis avec moi à Zaowa. Viens avec Kaine et Toesia. Vous serez sous ma garde, vous vous plairez ici… Elle se tut une poignée de secondes, avant d'ancrer, résolue, ses yeux dans les siens. Abandonne la Marche. Pour notre famille. "

Là où elle aurait pensé trouver une faille, un moyen de sauver les meubles, une sortie pour ne plus avoir à se retourner face à ces problèmes, Léto se confronta tout bonnement à une impasse. Bien sûr que non, son mari n'abandonnera pas la Marche Terne. Pire encore, il ne délaissera jamais Ciel-Ouvert, car la Chamane connaissait très bien l'histoire de son Orisha. Et que dire de leurs descendants, bercés par les Mélodies et la Musique depuis toujours ? Il n'y avait qu'à les comparer à Draaskag pour constater ô combien ils étaient si différents. Au fond : si incompatibles. L'émoi lui remonta à nouveau à la gorge.

" Pourquoi maintenant, Miles ? Léto se montrait horriblement désemparée. Qu'est-ce qu'il s'est passé depuis la dernière fois ? " Rien ni personne n'aurait dû provoquer un tel tourment.


1277 mots ~



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Lun 05 Sep 2022, 20:28



Impossible. C’était bien le mot auquel je m’attendais, venant de sa bouche, de sa mentalité : impossible. Pendant des années, il m’avait été soufflé à l’oreille pour tout lui excuser en dépit de mes inquiétudes, en dépit de mes amertumes. Impossible… Évidemment, c’était impossible. Déformé par un fiel douloureux, un sourire apparu à la commissure de mes lèvres alors que mon visage disparaissait derrière un rideau de cheveux blancs, plus ma tête s’abaissait vers l’avant. J’avais l’impression que mon cou ne pouvait la supporter, à l’instar d’un nourrisson dont les muscles ne s’étaient pas encore développés. Et comme un enfant, je me laissais lentement transporter dans la chaleur de son étreinte – pourquoi me paraissait-elle si rigide? À moins que ce fût mon corps qui ne parvenait pas à se détendre complètement désormais. Parce que Léto… Le problème n’était pas dans cette lettre que tu m’avais envoyée. Il résidait dans une accumulation des déceptions du passé, il s’agissait d’une addition de tous ces rêves que nous nous étions imaginés, que nous avions souhaité construire, et qui avaient été brisés comme du verre sur un mur en pierre. Il avait fallu que tu fasses un pas loin de nous – loin de moi – pour en réaliser plusieurs autres qui nous éloignaient davantage… Étais-tu vraiment auprès de moi? Car si c’était réellement le cas, pourquoi aurais-je cette impression que tout ce que nous avions bâti ne tenait plus que sur un fil précaire et usé?

Léto était mienne et j’étais sien. Nous avions une famille. Nous avions un amour. Et pourtant, il me manquait autre chose, fruit de ses trop nombreuses absences ou d’un caprice malvenu de ma conscience… Après tout, j’étais le seul qui se laissait dévorer par ce sentiment insatiable. La Hǫfðingi était heureuse, elle était comblée, satisfaite de la vie que nous nous étions créés, malgré ses lacunes et imperfections. Toutefois, je ne l’étais pas de mon côté. Pourquoi je ne l’étais pas? Pourquoi j’en étais venu au point où des questionnements bourgeonnaient au cœur de ma pensée? Des questions qui me faisaient me demander si nous étions véritablement faits l’un pour l’autre en finalité, comme je l’avais toujours rêvé.

« Tu sembles ne l’avoir jamais été, maîtresse de ta destinée… » Lui déclarais-je en la contemplant tristement.

Par le passé, auprès de son ex-conjoint, comme au présent, avec cette couronne qu’on lui avait imposée.

« Pourquoi tu t’enchaînes de la sorte? Tu pourrais vivre pour toi. Tu pourrais laisser ta place à quelqu’un d’autre, ici, et t’émanciper. Je lui offrais une clé, alors pourquoi ne voulait-elle pas quitter sa cage et revenir à une époque où tout était plus facile? Pourquoi restes-tu en otage en prétextant ne plus avoir le contrôle sur ta destinée? Parce que si tu le voulais vraiment… tu pourrais être Libre. Je pourrais t’aider si c’est trop difficile. Je tenais sa main comme si elle allait m’échapper, mais devant sa prière, ma poigne s’affaibli petit à petit. Sous ta garde… Une seconde, mes yeux évitèrent les siens. Tu admets que ce genre de confrontations pourrait se reproduire. Si les Zawa’Kar étaient un problème, je m’imaginais très bien qu’ils ne seraient pas les seuls à notre gorge. Tu veux que j’arrache mes enfants à leur maison, à leurs rêves, à leur Liberté, pour les isoler sur cette île paumée avec des gens qui ne veulent rien savoir d’eux, qui les mépriseront? J’avais envie de hurler, mais ma Voix semblait s’être écorchée à la suite de mon combat avec le général de ses armées – ou était-ce uniquement l’émotion qui étranglait mes cordes vocales? Ensuite, qu’est-ce qu’il se passera? Toto ne pourra plus devenir une Marcheuse, comme elle l’a toujours souhaité. Kaine devra abandonner ses rêves avec Océana – à moins que tu songes à l’embarquer, elle aussi. On l’arrachera à ses rêves, à sa famille, pour qu’elle nous rejoigne, tous, sur cette île maudite! »

Je fulminais. Tout était de la faute de cette île, de ce peuple, de leur putain de sectarisme.

« Et par la suite, on devra tous devenir des Chamans pour être finalement acceptés comme nous le sommes vraiment? »

Il n’en était pas question. Il en était hors de question.

« Pourquoi maintenant, Miles? »

Le feu dans mon ventre s’éteignit brusquement, dès l’instant où je perçus le sonnet de sa voix. Elle était perdue. Complètement perdue. Était-ce si surprenant? De mon point de vue, la conversation aurait dû avoir lieu depuis bien longtemps, mais sous son angle, sous ses yeux, tout avait semblé irréprochable, immuable. C’était comme si je lui jetais soudainement une bombe à la figure.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé depuis la dernière fois?

- Je ne sais pas ce qui s’est passé! C’est simplement… arrivé, chuchotais-je en pétrissant les lacérations de ma peau sous le tremblement de mes mains. Nous avons eu une mission ensemble, pour la Marche : nous devions traquer un pauvre gamin qui espérait fuir les cauchemars du Bleu Roi. Une fois la nuit tombée, nous nous sommes tous rassemblés pour dormir et, bien entendu, elle dormait elle aussi. Comme si on l’avait libéré d’un poids, mon cœur se vida brusquement de son sac. Elle te ressemblait… Non, c’était plus qu’une simple ressemblance. Elle avait tes cheveux, tes yeux, ton visage, tes muscles, ton ventre, tes jambes, jusqu’à tes pieds. Elle avait tout de toi, et elle était à portée de main. Depuis si longtemps, tu n’avais pas été près de moi, à cette époque, et je l’ai embrassé. Dans le vain espoir que leur esprit s’interchange et que ma femme reprenne sa place dans son corps, à me côtés. C’était complètement stupide. Et désespéré. Mais surtout stupide. Je relâchais un soupir. Seulement, elle n’était pas endormie. Ce n’est que bien plus tard que je l’ai appris, une fois la mission terminée et plusieurs jours écoulés. Elle est venue à la maison. On a discuté et on s’est même battu, mais en définitive, on s’est tout de même écouté et on s’est compris. Par la suite, les interactions entre nous s’étaient poursuivis, voire décuplés. Tu te souviens du rêve commun que nous avons eu à notre mariage? J’en ai eu un similaire avec elle. Avec attention, le cœur bondissant, je lui décrivis le songe comme je m’en rappelais, la fin étant toujours aussi vague dans ma mémoire. Elle avait l’intention de m’embrasser, mais tout est devenu noir de mon côté, alors je ne peux me fier qu’à sa parole… Seulement, depuis ce rêve, elle a… changé. Je ne sais pas si elle avait développé quoi que ce soit pour moi avant ça, mais après ce rêve, c’était relativement… clair. Je m’en amusais gentiment plus qu’autre chose, en vérité, parce que je t’ai, toi; parce que je t’aime. Mais j’ai commencé à ressentir des choses pour elle. Je ne savais pas si c’était pour combler le vide de tes absences, si c’était parce que je te voyais à travers elle, mais j’ai commencé à… à aimer sa présence à mes côtés. »

Délicatement, j’approchais ma main de son visage. De peur qu’elle reculât, je la suspendis quelques secondes dans les airs avant de retracer sa route jusqu’à la pointe de ses oreilles.

« Peut-être qu’au début, mes sentiments étaient fabriqués, ersatz de tout ce que je ressens pour toi. Cependant, j’ai finalement Vu qu’ils étaient peut-être plus… authentiques que je le croyais moi-même. Une pause, alors que je retirais calmement les lunettes de soleil qui se tenaient devant ses yeux, me confrontant aux perles rouge et or de ses prunelles. Je suis tombé amoureux d’elle, de Latone. »

Et j’étais heureux. Je me sentais comblé et enchanté auprès de la Bleue. Ce sentiment aurait pu me donner des ailes, aurait pu m’envoyer valser jusqu’au ciel, mais à l’heure actuelle, j’avais surtout l’impression de m’écraser sous une tonne de pierres, alors que le regard de Léto s’attachait au mien. J’avais mal. J’avais sincèrement mal en la regardant.

« Je ne sais plus quoi faire, à part te retenir. Et m’accrocher désespérément aux souvenirs qui nous avaient unis, avant que notre château des merveilles ne s’écroule, avant que l’on tente de le relever sur des fondations fragiles. S’il-te-plaît, reviens. »


1 356 mots (Sans les paroles reprises du post de Latone) | Post IV




[Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Ven 09 Sep 2022, 21:54




" Latone. "

De tous les noms, de toutes les possibilités, la Sùlfr ne se serait jamais doutée que son Hozro fût mêlée à cette histoire. Leur histoire. Absolument d'aucune manière Léto aurait imaginé une telle situation.

" Latone… ? " Répéta-t-elle, véridiquement incrédule.

La mention de la Bleue lui paraissait insensée. C'était impossible. Latone était… guère aussi proche de Miles, n'est-ce pas ? En toute finalité, Léto se montrait bel et bien perdue. Dévêtus de tout artifice, ses yeux recherchaient un point d'accroche en dehors du regard de son Loup. Ou plutôt, ce serait comme si elle cherchait la vérité ailleurs. Comme si elle se retrouvait désemparée et sans moyen de s'extraire de ce brouillard opaque. Les explications du Köerta ne relevaient même plus de l'impossibilité en fait : toutes ces sornettes s'avéraient anormales. Les Esprits. Pourquoi n'y avait-il pas un seul Esprit ici ?! Si on privait un enfant de son jouet, il se montrera incontrôlable, inconsolable. C'était tout autant le cas pour un Chaman dont on lui soustrayait la connexion avec les Défunts. Léto se leva alors en précipitation, toute la féérie de ce paradis se ternissait sous son effarement. Elle ne reste pour autant guère éloignée de Miles, suffisamment proche pour qu'il pût écouter ses réflexions de vive voix.

" Latone… Ça n'a pas de sens… Elle porta sa main à son front, refermant le poing à intervalles. Réfléchir, toujours réfléchir ; il y avait forcément une explication lucide. Si cette… histoire… a commencé bien avant que Latone ait son corps… Pourquoi les Esprits furent si silencieux … ? "

D'un coup, la clarté incarnée. D'une limpidité sans accroc, le fin mot de cette mascarade fit peau neuve à ses idées. Ses paupières s'écarquillèrent, lentement, sûrement, sur cette vérité si blessante. Si honteuse et intolérable à la fois.

" Oh… Je comprends. "

De la confusion, l'austérité prit naissance. Puisque la Hǫfðingi comprenait à présent ce qu'il se passait, son regard se fit plus acérer et s'abattit fermement sur l'écarlate qu'elle chérissait tant. Elle n'était plus perdue, ô non, mais une aigreur sans pareille s'évaporait de sa peau. Peut-être bien que la dernière fois que Miles l'avait vue ainsi, devait être le jour où ils se sont disputés sur le destin de leur poupon, Draaskag.

Si les Esprits furent si silencieux, c'était parce qu'ils n'avaient pas eu le choix. Et qui était le Maître du Silence ? Précisément. Miles n'était pas au courant pour le Silence qui s'abattait sur elle, personne ne l'était en réalité. Pourquoi le dévoilerait-elle ? C'était une faiblesse, une tare dont elle devait se débarrasser à tout prix. Et la seule manière de se soustraire à l'influence d'un Æther, c'était de le défier. Un à un, Léto comptait bien faire comprendre aux Dieux ô combien elle les aimait, ô combien elle les aimait vraiment, et qu'injustement ils lui rendaient mal cet amour. De temps en temps, il était alors primordial – à son humble avis – de leur rappeler que leur existence – son existence – s'avérait aussi importante que la leur. La Hǫfðingi était connectée à eux, elle devrait être leur Élue. Pourquoi se retrouvait-elle autant dos au mur ? Pourquoi même sa vigilance la plus absolue sur l'ensemble des Terres avait pu omettre que son propre mari tissait une histoire d'amour avec nulle autre que Latone Kirzor ?

" De toutes les femmes de ces Terres, il a fallu que ce soit Latone. Elle sourit, plus brièvement qu'escompter ; une euphorie fragile et ironique traversa son être et faillit lui faire échapper un fou rire. Oh, mon Sungmanitu'Tehila… Je te trouvais si sage, si fidèle et vertueux envers notre amour et notre famille. Tu étais l'homme que je n'aurais jamais espéré rencontrer, la lumière d'un phare insoupçonné et pourtant salvateur. J'étais vraiment heureuse, satisfaite. Elle passa une main sur son propre visage, afin de chasser cette véhémence croissante qui grondait en son sein. Mais tout ceci n'était qu'un mirage. Ne te fais pas d'illusion : je ne t'en veux pas de fréquenter une autre personne. Ceci est ton droit, ton désir. Si tu voulais une femme qui me ressemble, tu pourrais bien assouvir tes pulsions dans les maisons de passe les plus sombres d'Avalon que cela ne me ferait ni chaud ni froid ; il devrait y en avoir une dizaine à mon effigie. Même tomber amoureux, qu'est-ce que cela aurait changé, tant que tu conservais cette étincelle avec moi ? Une pause, plutôt longue en vérité, alors que son attention soutenait sans faillir la silhouette du Molosse. Mais que tu ais une idylle avec Latone… Elle s'approcha, le pas lourd sur le sable chaud, avant de s'arrêter à quelques centimètres de cette serviette élégamment étendue par terre. C'est impossible. "

La Sùlfr s'enracinait dans un déni maladif. En tant que Maîtresse des Esprits, aucune information ne lui échappait. Du moins, les plus importantes lui arrivaient à temps, toujours sans faillir. Même à des milliers de lieux de Ciel-Ouvert, elle connaissait sur le bout des doigts les activités extrascolaires de Toesia, elle savait à quel point Kaine nourrissait une véritable passion pour sa petite-amie, leurs projets communs et leurs intimes bouffonneries. Depuis son bassin, Léto Sùlfr voyait tout. Elle avait vu l'ascension de Miles, son investissement pour la Marche Terne et l'alchimie qu'il entretenait avec Latone. Elle les savait amis, toutefois pas amants. Aucun détail en ce sens ne lui fut prodiguer, la moindre source de doute s'était comme étouffée, écartée de sa vigilance absolue. C'était injuste, purement abject. C'était impossible.

" Tu n'es pas amoureux de Latone. J'ignore ce que tu as "vu", mais j'assume dans son entièreté ma responsabilité quant à tes sentiments. Tu me voyais en elle et je t'ai manquée, c'est tout. Si je l'avais su plus tôt… Hmm, d'ailleurs, pourquoi ne m'en as-tu pas parlé depuis tout ce temps ? Elle fronça les sourcils. Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit, elle, alors que je l'ai défendue tant de fois, même devant les Souverains du Conseil ? Plutôt que de montrer sa hargne, elle ravala à nouveau un rire nerveux. C'est… C'est vraiment incroyable, à croire que rien ni personne n'ait voulût que j'aie le fin mot de cette histoire jusqu'à aujourd'hui, hahahahaha ! Vidée, libérée de cette liesse, la Chamane se dévoila à nouveau rembrunie. Qu'est-ce que vous croyiez à la fin ? Que j'allais bénir votre amourette et que tout irait pour le mieux ? Vous aviez… tissé un lien onirique, exactement comme nous deux, et tu ne me dis rien ? Tu étais très bien au fait de l'importance que nous portons pour les Rêves et les Cauchemars. Tu savais déjà à quel point c'était important pour moi ! Le nôtre se mêlait à notre union, d'où son intérêt et sa symbolique ! Enfin… Elle croisa les bras, défiante. Étant donné l'opinion que tu sembles porter pour mon peuple, je ne devrais pas être surprise. " Ses lèvres se pincèrent ; jusqu'à maintenant, elle ne l'avait jamais connu aussi virulent.

Comment avait-elle pu être autant réduite au Silence ? Avec cette confrontation, c'était comme si une partie de sa vie s'était envolée en éclats. Cela remettait tout en cause depuis son départ définitif de Ciel-Ouvert. Toute sa volonté à recoller les morceaux, toutes ses prédispositions afin de maintenir ce qui comptait le plus à ses yeux : sa famille. Quelque part – en vérité – Miles avait raison : en portant la couronne, elle-même avait déclaré que les Chamans devenaient dès lors ses enfants. En agissant comme l'égide de toute une nation, ses valeurs se diluaient dans un trop plein d'ambition. Néanmoins, Léto ne se l'avouera jamais.

" Je ne reviendrai pas, Miles. Si catégorique, imperturbable. Mais toi, dès ton retour à Ciel-Ouvert, tu feras en sorte de mettre fin à cette histoire. Puis nous reprendrons cette conversation. "


1363 mots ~



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 13 Sep 2022, 06:58



Jusque-là, j’avais réussi à encaisser chacune de ses paroles sans ciller, à soutenir – non sans peine et chair de poule – chacun des regards qu’elle m’avait adressé, mais subitement, mes pupilles se mirent à s’agiter violemment, instables et dérangées. Un frisson désagréable couru en même temps à la surface de ma peau, à travers les cicatrices de ma chair. Je pouvais le sentir creuser avidement l’épiderme de mes téguments, percer impitoyablement l’épaisseur de mes muscles, aviver cruellement des douleurs du passé, au point où des lésions se mirent à écorcher mes os – et mon cœur en particulier.

« … Est-ce réellement si impossible que ça? » Répondis-je à sa parole, la portée de ma voix s’essoufflant à la sortie de ma gorge.

Douloureux furent les mots, mais plus douloureuse encore fût la vérité qui martelait ma poitrine. Pendant toutes ces années, la Souriante avait été la seule personne, la seule présence, dont j’avais senti le besoin d’avoir à mes côtés. Elle avait été la seule personne qui avait hanté mes rêves et mes journées pendant si longtemps. Que j’eusse les yeux ouverts, que je me tins à l’intersection entre deux avenues ou sous la devanture d’un petit commerce de quartier, des images me revenaient sans cesse en mémoire, car Ciel-Ouvert avait été pavé de nos souvenirs. Alors que le temps nous souriait, que la passion nous galvanisait et que l’amour nous submergeait, chacun de nos pas au sein de la Cité des Chansons, chacun de ses sourires et de ses regards aux milles artifices avaient marqué mon esprit… Auprès d’elle, j’avais véritablement été heureux.

Léto, ce n’était pas d’une catin dont j’avais besoin durant mes nuits de solitude. Ce n’était pas les bras d’une autre femme dans lesquelles j’aurais voulu me réfugier lorsque le froid de Faugmi venait baisser les températures de notre localité. Tu avais été la seule, l’unique. Durant toutes ces années, tu avais été la seule à posséder ce cœur qui battait à tout-va. Au début, peu m’importait la distance et ce sentiment d’être délaissé; malgré le manque et les souhaits qui s’étaient lentement ternis; malgré les colères et les incompréhensions qui pouvaient nous éloigner et nous fracturer, j’avais continuellement nourri l’espoir qu’un jour, tout redeviendrait comme avant, que nous retournerions à cette époque où le plus gros de nos soucis étaient d’endormir nos enfants. Malheureusement, tu t’es détachée, tu as avancé vers l’avant, emportant Draaskag loin de moi – loin de son propre père! – pour racheter ta place devant ce peuple qui t’avait exilé, qui t’avait humilié de ce brun dégradant. Pourquoi être retournée, alors que tu avais absolument tout à nos côtés? Pourquoi avoir choisi les Chamans à la place de ta propre famille? Qu’est-ce qui t’avais manqué pour que tu ressentes ainsi le besoin de vouloir y retourner? Était-ce de ma faute? N’étais-tu pas suffisamment comblée? Visais-tu plus haut, bien plus haut que je me l’étais imaginé? Tes aspirations étaient-elles si grandes que nous devenions des obstacles à ta progression? Est-ce que nous te ralentissions? Combien de fois m’étais-je interrogé, hurlant ces questions dans ma pensée? Je ne comprenais sincèrement pas. La vie à Ciel-Ouvert était Libre, elle était belle, elle était noble, portée par la poésie des Chants et le doigté musical des ménestrels, secouée par les vents du Nord et ce rêve d’évincer les injustices qui enchainaient encore plusieurs malheureux de ces terres. Pourquoi abandonner tout cela pour… eux? Un frisson naquit à la racine de mes cheveux, mon regard s’accrochant au sien avec conviction.

« Comment peux-tu le savoir, alors que tu n’es jamais là? Même ses Esprits semblaient s’être tus, pour une obscure raison. Tu ne sais pas combien de fois je me suis dit la même chose : que je ne pouvais pas l’aimer, que tout ce que je faisais, c’était l’utiliser pour te remplacer. Mais je… Pourquoi ne pas lui en avoir parlé plus tôt? Parce que j’étais convaincu de ne rien ressentir pour elle – rien d’aussi fort! Parce que ça devait forcément être mon cœur qui pensait à toi, à travers elle. Puis je l’ai Vu et je… »

Mon souffle s’évanouit. Son rire m’avait toujours fait sourire, mais aujourd’hui, il éveilla une nouvelle chair de poule sur ma peau.

« Je veux que tu le saches, Léto! Je veux que tu comprennes que je ne peux plus vivre comme ça! »

Je n’avais rien demandé aux Rêves! Je n’avais jamais demandé à ce que Latone et moi puissions être « liés » ou quoi que ce soit! Un rêve n’était qu’un rêve! Que l’on s’attache ou que l’on joue une pièce, comment reconnaître ceux qui rapprochaient le Destin de deux étrangers à ceux qui n’étaient que des fantasmes de l’esprit…? Oh et puis, elle avait raison. Pour moi, les rêves ne portaient pas la même importance, la même sonorité. Je rêvais et m’éveillais; bien souvent, je ne me souvenais même plus ce qui s’était produit. J’avais une opinion plus terre à terre, certes, mais avais toujours respecté les croyances de ma femme à ce sujet, sans pour autant laisser leurs présences dicter mon quotidien. Pourtant, des mots sortirent de ma bouche avant même que je les eusse réfléchis, l’amertume exacerbant mes émotions.

« En effet, ça ne devrait même plus t’étonner maintenant. Une étincelle d’haine pure aviva brièvement l’éclat rougeoyant de mon regard, alors que je repensais à tout ce qu’ils m’avaient enlevé, à tout ce qu’ils avaient détruit dans ma vie à cause de leur système et société de merde. Tu les as préféré à ta propre famille. Après tout ce qu’ils t’ont fait, tu les aimes pourtant plus que nous. »

C’était bas, petit, mais cette fois-ci, le reproche lui était directement expédié. Toutes ces années, elle avait été la seule, l’unique, mais dans son cœur à elle, nous étions toujours passés second : moi, les enfants – notre maison. À cet instant, j’aurais dû écouter ma tête, j’aurais dû tendre l’oreille à la lucidité que la raison et l’empathie souhaitaient me souffler, mais je les bloquais volontairement. Je ne voulais pas les écouter. Je ne voulais plus les écouter. C’est ce que j’avais fait depuis trop longtemps, c’est ce qui m’avais permis de ne pas vriller, de ne pas l’enfermer à double-tour à la maison la prochaine fois qu’elle y mettrait les pieds. Elle avait sa Liberté, elle avait ses volontés, elle avait ses propres objectifs à accomplir. Qui étais-je pour l’empêcher de vivre de ses ambitions? Qui étais-je pour l’obliger à rester, alors qu’elle souhaitait être à la hauteur de sa deuxième chance? Égoïste. Égoïste et injuste. Égoïste et oppresseur. Je ne voulais pas l’être. Je ne voulais pas le redevenir, injecter mes exigences dans les veines d’autrui pour le retenir. Une fois fût assez; mon amoureuse pouvait s’envoler. Cependant, plus le temps passa et plus malheureux je devins. Toutes ces années, elle avait été la seule, l’unique. Je nourrissais l’espoir que nous puissions retourner à des jours meilleurs et plus tranquilles. Mais je n’en pouvais plus. Je n’en pouvais plus d’attendre. De l’attendre. D’espérer sans jamais qu’il se passe quoi que ce soit. Une lueur était apparue lors du mariage. J’avais cru qu’une fois les anneaux à nos doigts, nous serions plus proches de mes souhaits… En vain.

Toutes ces années, elle avait été la seule, l’unique. Puis, est apparue un nouveau sourire, un nouvel éclat qui ralluma l’étincelle de mes espoirs, qui les érigea de nouveau et les fit vivre sous mes yeux.

« Non. Nous continuons cette conversation. Joignant le geste à la parole, je me tins face à elle. Latone n’est pas le problème. C’est nous. Et le fait que je ne peux plus continuer comme ça. Mon regard se braqua au sien, aussi éploré qu’inflexible. Si cela n’avait tenu qu’à moi, je ne t’aurais jamais laissé partir. Je t’aurais empêché de retourner sur cette île par tous les moyens possibles. J’aurais dû te dire… J’aurais dû te dire de rester. J’aurais dû insister, j’aurais dû me battre, me montrer plus égoïste… Je n’aurais jamais dû te laisser faire un pas loin de Ciel-Ouvert. Je détestais cette part de moi-même et le dévoiler ainsi au grand jour me terrifiais. Tu l’as bien vu durant notre… Rêve. J’aurais dû t’attacher et t’enfermer, parce que c’est au moment où tu as mis le pied dehors que tout est parti en vrille. Je me suis convaincu que je le faisais pour toi, pour ta Liberté, mais à quel prix? Je pris son visage à deux mains. Je me suis enfermé dans cette maison que nous nous sommes bâtis, qui a été fondée sur nos souvenirs et nos sentiments. Elle est devenue immense – pas vrai? – mais je suis seul à l’intérieur, seul au beau milieu des rêves qui nous ont porté et que tu as abandonné. Je n’étais même plus énervé, comparativement à tout à l’heure; uniquement sourd et abattu. Je suis seul, errant, perdu. J’attends que tu reviennes. J’attends dans cette horrible maison que tu reviennes pour que l’on puisse recommencer à l’agrandir, à l’embellir, tous les deux! Mais tu n’es pas là. Tu n’es jamais là. Et j’ai l’impression que la maison, et tout ce qui l’a érigé, est en train de s’effondrer. Je ne peux pas la supporter tout seul. Pas comme ça. Brique par brique, des failles avaient fini par se créer, fissures que Latone m’avait aidé à refermer… Je t’aime. Je t’aime tellement que ça en est indécent, mais, as-tu déjà remarqué cela? Je me reculais de quelques pas, écartant les bras de chaque côté de mon corps. Léto, je ne suis pas heureux comme ça. Je ne veux pas que l’on se voie une fois à tous les six mois. Je ne veux pas que d’autres hommes puissent te toucher. Je ne veux pas te savoir loin de moi. J’aimerais pouvoir partager ton quotidien sans avoir besoin que l’on se planifie une rencontre deux semaines à l’avance. J’aimerais pouvoir t’embêter à toute heure de la journée, t’embrasser continuellement, te prendre dans mes bras lorsque j’ai froid et te parler de notre futur, encore et encore et encore! Était-ce trop demandé, d’avoir une vie aussi simple et sans tracas? Mais je n’ai rien de tout ça! Je ne peux même pas aller voir ma femme sans qu’un imbécile se pointe pour me lancer un duel stupide! Je baissais les bras, un sourire si artificiel, si plastique, aux lèvres. N’as-tu jamais ressenti cela, toi aussi? Suis-je vraiment le seul à me sentir si misérable à chaque fois? »

J’haletais, ma gorge s’asséchant du même fait.


1 754 mots | Post V




[Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Jeu 15 Sep 2022, 23:24



Jamais là. Léto se pinça les lèvres, les humidifiant dans une effervescence désagréable. Miles osait lui jeter à la face qu'elle n'avait jamais été là, alors qu'elle avait tout mis en œuvre pour rappeler sa présence, combler ce vide qu'elle risquait d'abattre sur leurs enfants. Ce double jeu avec Latone avait été une excellente idée, elle n'en avait eu aucun regret jusqu'alors. Son Hozro envolé, il ne lui restait plus que les Esprits pour lui conter toute l'histoire des Köerta. Il n'y aurait pas dû y avoir de telles conséquences, aussi néfastes fussent-elles. La Sùlfr masquait mal son aigreur, l'Orisha serait bien capable de la souligner dans ses yeux. Ces êtres seraient bien incapables de noter la présence des défunts à leurs côtés, mais lorsqu'il était question de sonder le for intérieur d'autrui… Ils y arrivaient beaucoup mieux qu'elle. Malgré tout le discours de son mari, Léto n'arrivait toujours pas à croire que de telles bassesses pussent se produire en dehors de sa vigilance absolue. Perdre le contrôle de son propre amour, il n'y avait rien de plus insurmontable pour la Titanide. C'était comme si, sous ses yeux, l'histoire se répétait. C'était comme si elle se retrouvait en dehors de cette soirée déguisée, au sein des Terres du Lac Bleu. Son sang se glaça à cette perspective : Il me méprise. Le rubis de ses prunelles ne brillait plus de la même manière.

S'il y avait bien une chose à laquelle une Hǫfðingi s'habituait pour son propre mal, c'était d'être obéie. Cette simple et pourtant si juste négation de la part de Miles prouvait ô combien elle se trompait sur les sentiments qui ébranlaient son Sungmanitu'Tehila. Léto mit plus de temps qu'escompter pour encaisser ce manque de maîtrise. N'était-ce pourtant pas normal d'exiger un tel ordre ? Leur liaison, leur union sous la bénédiction d'Isahora, toute leur histoire ne tenait plus que sur un fil et Miles décidait de sauter en dehors. Il aurait pourtant suffi d'une simple chose : écarter Latone, lui faire comprendre que ses sentiments – à elle – n'avaient rien d'authentiques et qu'ils n'étaient que le fruit d'un quiproquo. Elle comprendrait, ça, Léto en était hautement convaincue. Miles devrait l'être tout autant, et il s'y opposait avec fermeté. Muette, la Chamane subissait encore les exactions de leur relation, comme si… elle en était la principale responsable ?

" Je t’aime tellement que ça en est indécent, mais, as-tu déjà remarqué cela ? "

La goutte de trop.

" Tu n'as pas le droit. Elle leva le doigt, foncièrement exaspérée par ce qu'elle venait d'entendre. Tu n'as pas le droit de me dire ça. Tu n'as pas le droit de remettre en doute mon amour pour toi. Depuis notre premier baiser au sein de l'Edelweiss, tu es resté le seul. Elle fronça les sourcils, courroucée d'avoir à retisser ce souvenir qui devrait tout représenter pour eux deux. Nous nous sommes sauvés de nos maux. Toi le premier, tu m'as tirée vers le haut. Tu le sais très bien ! "

Mais à quoi bon s'acharner ? Ses propres mots avaient beau être percutants, sa voix avait beau être puissante, l'ensemble se heurtait à une frontière insurmontable. Un mur derrière lequel semblait s'être refugié Miles, et sa nouvelle révélation. C'était injuste. Cruel. Elle secoua la tête, l'éclat de sa chevelure semblant perdre en intensité malgré le ravissant soleil qui trônait au-dessus de leurs têtes. C'était comme dépérir au beau milieu d'un champ de coton.

" Arrête… Tu me… Tu me fais tourner en bourrique et je déteste ça. Elle s'éloigna d'un maigre pas, afin qu'il ne la touchât plus avant d'en avoir fini avec toutes ces sornettes. Que dois-je comprendre de tes explications ? D'abord c'est ma faute pour vous avoir "abandonner" et l'instant d'après c'est la tienne parce que tu aurais dû me retenir ? Une pause. À qui la faute, Miles ? " Une bonne fois pour toute.

Il était hors de lui. Son sourire était si faux. La naïve Léto aurait pu penser avoir affaire à une pâle copie de son mari, hélas non. Rendue à ce stade, il n'y avait plus aucune raison de s'embourber dans un futile déni. Miles n'était plus heureux, Miles aimait une autre femme, Miles lui reprochait son manque d'implication. Dans toutes ces affirmations, la vérité brillait autant que les astres dansants sur la tapisserie azurée. Durant quelques secondes, la Chamane referma ses paupières, son souffle puissant démontrait un réel agacement et une éreintante envie de retrouver son sang-froid. La Sùlfr ne devrait pas s'énerver autant – pas encore – elle s'était seulement laissée emportée par le choc de la révélation, de ses tenants et aboutissants, des antécédents de ces germes de discorde. Si Miles se débattait dans un brouillard opaque, ce n'était pas le cas de Léto. Non, non, elle saurait être à nouveau son phare ; puisqu'elle, au moins, demeurait encore lucide. Très lucide.

" De toute manière… Elle rouvrit les yeux ; malgré son sourire, elle restait furieuse. Je reviens… et alors quoi ? Elle pencha la tête sur le côté. Qu'est-ce que tu lui diras, à Latone ? Que je serai toujours un obstacle à votre soi-disant idylle ? Que tout revient finalement comme avant et qu'on sera tous bien heureux ? Elle redevint droite, implacable. Tu as déjà pris ta décision à notre égard. C'est maintenant mon tour de me sentir misérable. "

Léto se l'avouait elle-même : elle ne comprenait plus Miles. Que cherchait-il à lui soutirer ? De la compassion ? Des remises en cause ? Des larmes ? La Souriante ne lui accordera rien de tout cela, car elle était bien plus forte. Elle était une tempête naissante qui pouvait prendre de l'ampleur à tout moment. Si ces îles eurent quelques pouvoirs sur leur lien autrefois vivace, ils s'étaient évanouis. Plus aucune influence extérieure ne prédominait ; pas les songes, pas les artefacts, pas les artifices, concrets ou immatériels, ni même les souvenirs, pourtant si chargés. Il n'y avait plus que brut, du concret. Et fort était de constater qu'une fois tous les voiles retirés, l'évidence apparaissait bien plus authentique.

Face au fait accompli, la Titanide serra les poings. Encore un problème qu'elle ne pourrait régler par la force, à moins de tout détruire ce à quoi elle se raccrochait. Elle ne souhaitait pas faire du mal à Miles, pas autant qu'elle aurait voulu en faire à Aëran Númendil. Malgré tout… l'idée avait filé entre ses oreilles. Après tout, n'était-ce pas ce qu'il était en train de faire, de lui meurtrir le cœur avec férocité, sauvagerie ? La Sùlfr paraissait rigide, peut-être hermétique aux accusations du Köerta, mais il lui serait aisé de ressentir cette véhémence qui bouillonnait en elle.

" Est-ce que tu l'aimes plus que moi ? Il n'y avait plus aucune étincelle dans ses yeux lorsqu'il la regardait. Si ce n'était pas le cas, tu ne me vocifèrerais pas dessus de la sorte. Tu ne dénigrerais pas les miens alors qu'ils t'ont accepté, qu'ils t'ont élevé sur un piédestal à mes côtés. Mais à quoi bon, leur diras-tu ? Puisque tu ne te bases que sur une poignée d'entre eux pour forger ton avis biaisé. Elle passa une main dans ses cheveux, chassant quelques mèches rebelles, à défaut de le chasser lui. La vérité, c'est que tu aurais préféré que je sois une Orisha lorsque tu es entré dans cette tente de la Marche Terne. Cela aurait été bien plus simple pour la suite de l'histoire, n'est-ce pas ? Elle secoua la tête. Tu penses que je m'éloigne de vous parce que vous passez au second plan ? Tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai entrepris, tout ce que j'ai dit et répété, tout ce que j'ai prévu d'accomplir, tous ces actes sont pour le bien de ma famille ! À bout, la blonde réduisit la distance entre eux et, accusatrice, abattit son index sur le torse de son mari. Et ça, Miles, tu ne me le retireras jamais ! Je suis la mère de tes enfants ! Je suis la mieux placée pour évaluer l'amour que je vous porte ! Pas toi, pas les Chamans, ni même les Dieux ! Moi seule ! Je suis maîtresse de ma destinée et tu es prisonnier d'un faux amour ! OUVRE LES YEUX ! "

Tonitruante, les échos de sa voix se poursuivirent quelques secondes à travers les terres paradisiaques. Entraînée dans cet impulsif élan, la Hǫfðingi reprit graduellement son souffle. Elle ne pourrait jamais autant se faire entendre qu'un Tonohr, toutefois elle priait que ce fol l'entendît enfin : la détresse de son cœur. Ceci représentant une épreuve bien plus ardue pour l'une des femmes les plus fortes de ces Terres. Ironique par ailleurs, tant elle semblait lutter pour le retenir à elle. Ce cri poussé, Léto ne se sentait pas plus légère. Peu à peu, son expression mua de la fureur à l'incertitude, puis au déni. Le fait que son propre amour la voyait dans cet état la terrorisait.

" Je… Elle ferma les yeux, si forts. Elle lutta, encore, encore. Ses idées se firent fixes, elles se firent claires. L'ocre et l'écarlate revinrent, avec cette nitescence si terne. Je suis heureuse. Réitéra-t-elle, sincère, inflexible. Crois-moi : je mets tout en œuvre pour que tu le sois en retour. Il ne passe pas un jour sans que je pense à toi, à mon prodigieux Kaine et à ma précieuse Toesia. Laisse-moi juste un peu de temps et… "

Et quoi ? Devrait-elle l'enjoindre encore à se détacher de Latone ? De n'importe quelle femme qui aurait pu le faire douter ? Devrait-elle trouver une solution sur-le-champ, le faire entrer dans la confidence ? Je ne sais pas… Si criant, si pénible. Dans ces moments de doute, il n'y avait plus qu'une seule alternative.

" Je t'en prie… Danse avec moi. "

Le geste à la parole : la Chamane tendit les mains. Chez les Köerta – et plus particulièrement pour Miles et Léto – s'unir dans une douce ronde permettait de pardonner, de trouver ensemble un compromis, une solution en tête-à-tête, de montrer ô combien il était possible de s'en sortir. Jusqu'à aujourd'hui, l'invitation ne fut jamais refusée.


1766 mots ~
(sans les paroles de Miles)



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 20 Sep 2022, 04:29



La tempête ne se calma pas, bien au contraire. Dans ses yeux, l’agacement et la fureur trônaient en maîtres, malgré les sourires qu’elle étirait naturellement à son faciès. Toutefois, la voir s’énerver de la sorte ne faisait que me frustrer davantage. À qui la faute, me demandait-elle? N’était-ce pas évident, alors que le coupable s’accordait au pluriel et possédait deux visages? Elle était partie et je n’avais pas su la retenir; elle nous avait enlevé Draaskag pour l’envoyer chez les Chamans et j’avais fini par lui « pardonner » l’affront, malgré tous mes ressentiments; elle avait orchestré cette terrible mascarade avec Latone afin que cette dernière puisse poser, en tant que mère, aux côtés de nos enfants, et je l’avais couvert pendant tout ce temps en cachant la vérité à ces derniers. À présent, elle ne voulait plus revenir à la maison et qu’étais-je censé faire? Accepter la réalité comme elle me la présentait et répéter le passé? Ruminer seul dans la nuit mes frustrations et fermer la porte à un rêve qui m’était pourtant à portée de main? Pourquoi ferais-je ça, après tout ce temps? Ce que nous étions en train de vivre, elle et moi, ne correspondait pas à ce que j’avais voulu créer; ce n’était pas le genre d’histoire que j’avais désiré écrire, le genre de famille dans lequel je croyais pouvoir m’épanouir. Cependant, Léto ne s’en apercevait pas – ou elle ne le voulait pas…

« Si tu possédais véritablement le plein contrôle de ta destinée, tu ne resterais pas coincée sur cette île : nous le savons très bien, toi et moi, rétorquais-je après avoir rétabli mon équilibre, le doigt qui avait été posé contre mon torse, puis le cri qui m’avait été lancé à la figure, m’ayant fait reculer de quelques pas; j’avais même sollicité ma Magie pour réduire la sensibilité de mon ouïe. Rien de tout ce que je t’ai demandé aujourd’hui serait alors impossible… Je la contemplais un instant, l’altération de ses traits s’imprimant sur la rétine de mes yeux. Explique-moi, laissais-je soudainement tomber. Si je suis tant dans l’erreur, alors explique-moi. Explique-moi pourquoi tu t’éloignes de nous, si ce n’est pas parce que nous passons en second plan. J’étais prêt à écouter ses raisons, elles qui me semblaient si troubles et nébuleuses dans ma compréhension. Aide-moi à y voir plus clair. »

En d’autres circonstances, sûrement me serais-je montré plus défiant et indocile, avec un brin de cette témérité et indélicatesse inconsidérées qui m’auraient certainement valu une gifle ou deux. Après tout, me connaissant, l’influence de la colère aurait tôt fait de monter mon adrénaline en plus d’exacerber mon agressivité. Cependant, cette même colère qui avait bouilli dans mes veines avait drastiquement chuté lorsqu’elle avait poussé son cri. Parce qu’à travers sa rage et son exaspération, une note précise avait légèrement vibré à mon tympan. Elle s’était noyée dans la cacophonie de ses émotions et malgré cela, je l’avais capté, ciblé, cette note de désespoir, cette note de misère et de chagrin qui avait fait trembler sa voix d’un soubresaut à peine perceptible. De fait, j’était prêt à lui tendre mon oreille, même si j’étais convaincu d’être plus lucide qu’elle à l’heure actuelle. Parce que j’avais ouvert les yeux; Latone m’y avait aidé et c’est pourquoi je comprenais désormais que je ne pouvais plus continuer sur la voie que nous étions en train de fouler. Léto était heureuse dans cette vie, mais je ne l’étais pas. Elle parvenait à se contenter de ce qui lui était donné, mais je ne le pouvais pas… Avais-je été trop brutal avec elle, dans mes mots, dans ma manière de lui parler et d’interpréter ses sentiments? J’avais cru être le seul à me raccrocher à ces rêves que nous nous étions imaginés par le passé. Cependant, peut-être que ce n’était pas le cas. Peut-être que Léto s’y raccrochait toujours aussi fermement, mais était persuadée que nous avions atteint tous les objectifs que nous nous étions fantasmés…

« Je t’en prie… Danse avec moi. »

Dès lors, je posais mon regard dans le creux de ses mains. Grandes ouvertes, elles m’invitaient à les attraper, à les serrer dans l’étreinte de mes doigts. Pourtant, pendant plusieurs secondes, je ne faisais que les contempler, n’osant bouger d’un iota. Ces mains qui m’avaient fait tant de bien par le passé, qui m’avait caressé et apaisé, qui m’avaient fait sentir aimé avant que je ne me languisse douloureusement de leur toucher, m’apparaissaient moins chaleureuses, aujourd’hui, malgré cet éblouissant Soleil qui rayonnait de mille feux.

« … »

Je redressais doucement mon visage, mon regard tombant aussitôt sur le vairon de ses prunelles. Elles agissaient comme des aimants sur ma personne et instantanément, je fus happé et piégé par l’étincelle qui brillait au fond de ses yeux. Ce fût un mouvement inconsidéré, néanmoins suffisant pour faire frémir de nouveau ma conviction. C’est pourquoi, le rubis de mes mires tomba de nouveau à l’intérieur de ses mains, attentif. Je les contemplais, les admirais, avant d’approcher tout doucement mes doigts et de les déposer contre les siens. S’unir dans une ronde pour pardonner, réfléchir ensemble, discuter… Il s’agissait d’une « tradition » familiale aussi apaisante qu’enfantine, un peu à l’instar du fameux câlin de réconciliation pour sceller la fin des joutes et des conflits. À présent main dans la main, le ballet pouvait commencer.

Lentement et nerveusement, nous esquissâmes nos premiers déplacements. Or, mon corps peinait à se mouvoir avec fluidité, comme porté sur un équilibre bancal et irrégulier, alors que chacun de mes mouvements se dessinait avec une rigidité brute et entrecoupée. Durant un certain temps, le silence nous engloba comme pour nous laisser l’opportunité de rassembler nos pensées et de permettre à nos corps de s’accorder sur une mélodie que nous ne pouvions que nous imaginer. Par le passé, nous n’avions pas nécessairement besoin de musique pour nous harmoniser, trouver un tempo et simplement déchainer nos corps, mais aujourd’hui… Je ne sais pas. Peut-être qu’un Chant nous aurait permis de mieux apaiser nos âmes, de les rassurer et de les illuminer. Seulement, je n’avais pas la tête à user de ma Voix pour instaurer une ambiance particulière – surtout parce que je ne savais pas quel air saurait nous emporter dans une telle situation. Puis, mon esprit n’était envahi que de deux choses actuellement : ma femme et mes sentiments.

« Léto. J’accumulais finalement le courage nécessaire pour me jeter de nouveau à l’eau. J’ai beau t’attendre, qu’est-ce que cela changera? Tu l’as toi-même mentionné : jamais, tu ne remettras les pieds à Ciel-Ouvert. Jamais, tu ne retourneras à la maison. C’est impossible. Dans ces circonstances, est-ce vraiment nécessaire de nourrir un quelconque espoir? Une, deux, trois. La vérité, c’est que nous sommes tous les deux en faute. La vérité, c’est que tu ne sais même plus pour qui tu accomplis tout ce que tu dis vouloir accomplir – tu le fais pour ta famille? Pour les Chamans? Pour les Ætheri? Je fermais brièvement les yeux. La vérité, c’est que je n’ai jamais voulu te dire tout ce que j’avais sur le cœur; mes déceptions et mes colères n'en sont devenues que plus grandes et pesantes au fond de ma poitrine. La vérité, c’est que je me fiche que tu sois Orisha ou Chamane. La vérité, c’est que je ne suis simplement plus capable de vivre comme ça, à fantasmer sur un rêve qui ne se réalisera jamais. Compter nos pas dans ma tête me semblait être un bon moyen pour garder ma concentration. Peut-être que tu es heureuse comme ça. Peut-être qu’il s’agit de la vie à laquelle tu t’attendais, mais moi… ce n’est pas ce à quoi je m’imaginais. Une, deux, trois; une, deux, trois. Et c’est absolument terrible, parce que je sais que je ne pourrais jamais m’épanouir, peu importe le temps que je t’attendrais… Je t’ai attendu et attendu depuis si longtemps déjà. Dans l’espoir que nous puissions revenir à des jours meilleurs, j’en suis même venu à cacher la vérité à Toto et Kaine. Est-ce que tu peux t’imaginer des parents mentir ainsi à leurs propres enfants et prétendre, ensuite, avoir fait tout cela par amour? Je soupirais discrètement. Nous l’avons fait par peur. Peur d’être détestés, peur de les décevoir, peur d’être méprisés pour nos terribles décisions, peur de les rendre malheureux en les confrontant à la vérité : ce n’était pas de l’amour, rien que de la peur. Nous ne l’avons fait que pour nous. Une seconde, nous fîmes une ronde. Et ça, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, malheureusement. Une, deux, trois. Ce n’est clairement pas la vie de famille que je m’étais imaginé à l’époque. Distraitement, un léger rire s’expira de ma gorge. Mais c’est le chemin que nous avons décidé de suivre, non sans regret. Je serrais les dents. Seulement, tu n’as plus été maîtresse de ta destinée depuis que tu es retournée auprès des Chamans et parce que je ne pouvais voir ma vie sans toi, j’ai choisi de l’enchaîner à ton destin. En me raccrochant à notre histoire et à nos souvenirs, je croyais qu’un jour, nous pourrions nous retrouver de nouveau à l’intérieur de notre maison, tous les deux. Cependant, je voyais ce rêve comme une douce utopie à présent. Mais c’est impossible… Encore et toujours. Puis, Latone m’a ouvert les yeux. Elle… Elle m’a permis de faire revivre ce rêve que je croyais mort. Elle est parvenue à me faire penser : « Wow! Alors je pourrais vraiment avoir une vie comme celle-ci, n’est-ce pas? » Pendant quelques secondes, j’examinais son expression, mon cœur aussi lourd que la pierre. Elle est là quand tu ne l’es pas, que ce soit pour moi ou pour les enfants. Elle m'aide à écrire une histoire que je ne pouvais que rêver jusqu’à maintenant. Je ne désirais pas lui faire de mal en lui avouant tout cela, mais la sincérité était parfois plus blessante que le mensonge; et je ne voulais plus lui cacher la vérité. Ce que je ressens pour elle n’est pas factice, Léto. Je le sais. »

Mais était-il plus fort que ce que je ressentais pour ma femme? Je ne pouvais pas répondre à cette question, mon bras enserrant un peu plus fort la taille de la blonde.

« Ce que j’essaye de te dire, c’est que… Je ne pouvais pas prononcer les mots. … C’est que je ne crois pas être celui qui a besoin d’ouvrir les yeux, mais si je suis effectivement dans l’ombre, alors éclaire-moi. Dis-moi pourquoi tu continues de t’éloigner de nous, si l’amour que tu portes pour les Chamans n’en est pas la raison. Qu’est-ce que tu entreprends qui nécessite que tu doives nous repousser continuellement? Doucement, je déposais mon front contre le sien. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu ne me dis pas? »


1 796 mots (Sans les paroles du post de Latone) | Post VI




[Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Sam 24 Sep 2022, 17:52




Ce fut si long. Déjà trop long. Léto se figeait ainsi, les mains en avant, bien présentes, à réclamer un dû qu'on devrait lui accorder par tous les moyens. On ne refusait rien à la Reine et cela lui apparaissait bien normal de persister dans sa léthargie tant que ses doigts n'entrelaceront pas ceux de son mari. Ses iris, éclatantes, dardèrent le visage de Miles et suivait chacune de ses mimiques pour décrypter ses pensées. La Sùlfr n'était plus Orisha après tout, ce type de connexion lui était dès lors inaccessible. Pénible… Il suffit malgré tout d'une étincelle dans leurs regards pour raviver la flamme et enfin démarrer la ronde. L'enveloppe charnelle de la Chamane reprenait des degrés kelvin, cette fois sans les conséquences de son hystérie. Avec toute la délicatesse dont elle était capable d'exprimer avec lui, Léto resserrait son étreinte sur ses mains et démarrait alors la ronde. En le faisant valser ainsi, doucement et instinctivement, il ne lui échapperait pas. C'était le but après tout, n'est-ce pas ? Les mots suffisaient à creuser la distance, contrairement à eux : les pas dans les sables n'étaient qu'éphémères. Tant qu'elle gardait la force, tout lui demeurerait à portée. Seule une gravité contraire suffirait à la faire flancher. Et ses yeux, gorgés de véhémence, rivés sur leurs pas archaïques, voyaient déjà ce tsunami arriver à grandes enjambées.

Son esprit n'était envahi que par deux choses : son mari et ses sentiments. Durant toutes les confessions du Köerta, la Sùlfr se raccrochaient fermement à ces deux idées, même lorsque tout le reste fut englouti dans un Néant sans pareil. Il arrivait. Pour l'avoir expérimenté trop de fois par le passé, Léto avait appris à anticiper ces moments inévitables où elle payait le prix de son existence et de sa condition. On ne décrivait le Silence qu'en le subissant. Sans ça, c'était comme poser des mots insipides sur une feuille vierge, ils se diluaient dans la blancheur fade, sans intérêt, sans saveur ni puissance. Si c'est impossible, il n'y a bien plus d'espoir… À l'instar des assauts marins sur la plage, le courroux allait et venait, à petites doses, s'instiller sur ce qu'il lui restait de concret entre eux. Léto voulait écouter sa Voix, elle souhaitait encore l'entendre, même si elle lui faisait mal ! Au moins, elle le sentait sur elle, elle sentait encore la réaction alchimique qu'ils avaient produit et qu'ils cherchaient à poursuivre. C'était ténu mais encore possible, elle voulait y croire ! Non. Se noyer dans un tel déni ne lui ressemblait pas, elle devait encore l'écouter, mais le Silence l'en empêchait. Si elle continuait de se rythmer sur ses mouvements, si elle tendait suffisamment l'oreille, alors elle le retrouverait. Oui. Oui ! La voilà, sa Voix… Je suis désolée de t'avoir arraché cette vie… L'ironie lui apparaissait si palpable : autrefois, c'était elle de l'autre côté, à se battre pour grapiller une affection qu'elle n'obtiendra plus jamais. La Titanide ne voulait pas croire qu'elle nourrissait autant d'ambitions aveugles que ses détracteurs. C'était impossible. Toute sa condition n'était qu'une conséquence de sa grandeur, elle n'avait jamais cherché à l'obtenir par pur appât du gain et de la gloire. Elle était simplement faite de ce marbre des Grands. Néanmoins, même cela, ses plus grands trésors n'en voulaient pas, puisqu'ils avaient été guidés par une unique personne dans cette ronde ; et cette personne, c'était Miles. Je ne voulais pas vous mentir, mais je n'avais pas le choix… La Hǫfðingi le voyait très clairement maintenant : il était impossible de réchapper à l'échiquier des Dieux. Immuable, cette destinée la fuyait et n'aurait su lui entrelacer le bras qu'à condition de s'en réjouir. Il lui avait suffi d'avoir cédé une seule fois – une unique fois – et son sort fut scellé. Je regrette tout… mais c'est trop tard. Comment n'avait-elle pu voir qu'aujourd'hui son erreur ? Comment avait-elle pu être aussi hermétique aux sentiments de son mari et de ses enfants ? Comment avait-elle pu mettre un terme à son affranchissement par pure dévotion ? Elle était la Titanide, bon sang. Elle était la plus forte ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Les dires de Miles se perdaient encore dans les méandres du Silence. Léto avait beau serrer davantage son emprise sur lui, elle avait beau secouer la tête, toutes ces vaines tentatives ne convergeaient qu'au même résultat : la défaite. Pourquoi ne me suis-je pas battue… ?



Une, deux, trois.



Une… deux…



Une…



" Puis, Latone m’a ouvert les yeux. "

À son instar, Léto se replongeait à corps perdu dans l'océan écarlate. Infaillible en apparence, la Chamane capta toute la tendresse qu'éprouvait Miles pour la susnommée. Tel un éclat d'espoir, il s'y était raccrochée. Telle une étoile, elle se présentait inaltérable au sein du chagrin de Miles. Et jusqu'à la dernière note de cette sérénade, la Sùlfr sut enfin une partie de ses réponses. Peu après, son Silence reprit le flambeau, mais la Chamane n'en avait plus cure : collés l'un à l'autre, elle savait ce que Miles lui demandait en finalité, même si sa Voix ne lui apparaissait plus. On pouvait lui assaillir toutes les malédictions du monde, Léto ne lâcherait jamais ce fil rouge, cette connexion construite depuis Ciel-Ouvert.

Ses pieds nus s'ancrèrent dans le sable, mettant fin à la danse tant réclamée. La requête du Marcheur tomba dans l'oubli, un mutisme que la Reine nourrit de son plein gré. Dès cette trahison, elle ferma les yeux, luttant contre tous les démons qui hantaient son esprit. À quoi bon lui dire ? Que pourrait-il faire de plus ? Léto ne lui souhaitait pas de la suivre dans ces eaux empoisonnées. C'était un sacrifice qu'elle ne saurait tolérer. Puisque contrairement à Aëran à l'époque, si Miles entreprenait une telle folie à ses côtés, ce ne serait qu'à titre compersif. Ce n'était plus possible de tolérer ça. Il était un homme… qu'elle ne voudrait perdre pour rien au monde. Ses décisions drastiques portaient toutes un sens profond ; et une nouvelle fois, elle prit le risque de réitérer la faute. Elle ouvrit la bouche et comprit que Senere l'étranglait encore. Si son aigreur transparaissait depuis tout à l'heure, tout son chagrin enfouie – tous les tourments emmagasinés – remontait le long de sa gorge et exhalait un soupir empli d'amertume. Laissez-moi lui dire ça… Juste ça… Pitié…

En rouvrant les yeux, cette larme lui échappa forcément, prisonnière de sa dénégation. Elle descendit le long de sa joue et rejoignit ses lèvres, une dose supplémentaire d'affliction en cette étreinte fragile.

" Au revoir, Miles. "

D'un coup sec, elle arracha le pendentif autour de son cou et le déposa contre le cœur de son amoureux. En un clignement d'œil, le Marcheur disparut avec son présent, emporté par la magie de la Chamane jusqu'à cette fameuse maison qui lui manquait tant.

Lasse, lente, la Sùlfr laissera retomber son bras dans le vide qu'elle venait de créer. Maintenant qu'elle était, une bonne fois pour toute, seule, le poids sur ses épaules lui apparaissait si lourd. Les Dieux, jamais, ne laissaient de répit à la Hǫfðingi. Elle chuta, genoux à terre et serra les dents. C'était impossible. Ça n'aurait pas dû se passer comme ça. Elle aurait dû… quoi ?

… Elle aurait dû se battre. Non pas sur le sable chaud de l'archipel paradisiaque, mais sur le sable encore froid et assoiffé d'Unum Prior. Preste, la Chamane apposa la bague des Anges autour de son doigt.


1300 mots ~
(sans les paroles de Miles)



By Jil ♪
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34266-latone#672534
Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Lun 26 Sep 2022, 05:38



Un coup contre mon torse, mon regard tombant machinalement sur l’objet qu’elle collait à l’endroit où vibrait péniblement mon cœur. Il n’était point difficile de le reconnaître dans ces circonstances et pourtant, l’étonnement se dessinait sur l’ensemble de mes traits. Agrippant entre mes phalanges le pendentif que je lui avais offert, je relevais prestement la tête, bravant une nouvelle fois ce ruisseau de sel. Il traçait un chemin sinueux, un chemin douloureux, à travers sa souffrance et son chagrin si silencieux. J’aurais voulu la prendre dans mes bras, j’aurais souhaité qu’elle me parlât une dernière fois, mais n’avais aucune idée que ses adieux seraient les derniers mots que j’entendrais de sa voix…

Car j’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche, de tendre ma main jusqu’à elle… En finalité, tout s’éteignit autour de moi : les rayons du Soleil, l’éclat de la mer, le son des houles et des aviaires qui voltigeaient au-dessus de nos têtes. Et là où son corps s’était tenu, là où son visage m’avait scruté, ne restait plus que de l’air et du vide. De l’air et du vide. Comme si elle avait brusquement disparu de ma réalité. Mon bras retomba par à-coup le long de mon flanc, alors que je prenais petit à petit conscience de ce qui venait de se produire sous mes yeux.

« Lé…to? Je réalisais un premier tour sur moi-même, ne percevant plus la chaleur du sable sous mes talons, n’apercevant plus l’étendue de l’océan. Non! NONONONONONONON! Un nouveau vertige, un nouveau trois-cents soixante, qui s’arrêta brusquement devant la fenêtre de la chambre matrimoniale; dehors, les vents du nord soufflaient sans relâche sur le paysage de givre et de neige, sur le paysage qu’était Ciel-Ouvert. Non… Mes yeux s’écarquillèrent davantage. LÉTO! »

Un rugissement retentit dans ma gorge, fit trembler le cadre des peintures ainsi que la fondation même du logement. Toutefois, le tonnerre ne gronda guère longtemps. Il se brisa, se déchira, pour ne devenir qu’une averse silencieuse. C’est alors que je sentis sa présence, son pourtour s’enfonçant douloureusement dans les lésions de ma peau. J’ouvris ma paume, le pendentif de ma femme au creux de la main. Or, je le reconnus à peine sur l’instant. Sa forme pourtant si familière n’était à présent que vagues et contours incertains sous mes yeux. Je fermais mes paupières, les essuyais maladroitement, les rouvris dans un clignement, mais le brouillard était encore omniprésent. Je refermais mes paupières, passais une main plus vigoureuse sous mes cils, puis les rouvris dans un battement, constatant que la pluie s’était muée en de fortes précipitations.

« Putain… »

Avec véhémence, je tentais de repousser les larmes qui dévoraient mon visage, sollicitant désormais le travail de mes deux poings. La chaînette du pendentif avait beau me fouetter les joues, je n’en avais cure. Je voulais simplement effacer la peine. Je devais l’effacer. Après tout, ne cherchais-je pas le bonheur? C’était pour cette raison que j’avais parlé à Léto. C’était parce que je n’étais pas heureux, enchaîné à sa destinée. Mais alors pourquoi avais-je si mal? Pourquoi je ne parvenais pas à supprimer toutes ces larmes?! Partez! PARTEZ! S’il-vous-plaît… Pourquoi continuiez-vous de couler? Pourquoi continuiez-vous d’être là? C’est ce que j’avais voulu depuis le début, sans avoir la force de le formuler de vive voix. C’est ce que j’avais voulu… n’est-ce pas? Malgré tout, elles étaient si nombreuses à dévaler mes joues, si lourdes à porter. Je n’étais pas en mesure de calmer le déluge qui me détrempait de la tête jusqu’aux pieds. Je n’arrivais pas à l’arrêter… Je n’y arrivais pas du tout…

« Putain, putain, putain! Merde, merde, merde! Ma voix se fractura, alors que j’appuyais mon front contre mes deux poings, laissant l’orage affliger mon faciès, les dents serrées. S’il-vous-plaît, arrêtez de tomber. Je vous en prie. »

Mon corps avait froid, palpitait, frissonnait, et je me laissais doucement tomber le long du mur, jusqu’au plancher. La mélopée de mes pleurs n’était plus que la seule musique à mes oreilles, que j’essayais pourtant d’étouffer dans le creux de mes bras.



Cela faisait près d’une dizaine de minutes qu’il attendait derrière le battant de la porte. Kaine écoutait silencieusement mes sanglots, se soulageant sur le fait que Toesia n’était pas présente sous notre toit. Il attendit et attendit, secouant calmement la tête lorsque Dærion l’approcha pour connaître mon état. Après quinze minutes, il se décida enfin à ouvrir la porte, n’entendant plus que quelques hoquets muets. Il traversa la chambre et s’arrêta de l’autre côté du lit.

« Pa– Il se corrigea immédiatement en remarquant la longueur de mes cheveux – et parvint à passer outre le surprenant accoutrement estival dans lequel j’étais vêtu. Ma’…? »

Je redressais le menton, horrifiée. Avant de reconnaître la silhouette de mon fils à travers la bruine et l’amertume.

« K-Kaine… Je reniflais, masquant la honte qui fuitait de mon nez, resserrant autour de ma taille les bordures de ma chemise légère. Q-Qu’est-ce qu’il y a?

- C’est plutôt à moi de te poser la question. »

Tranquillement, le jeune homme tira sur le jeté en fourrures, qui décorait le lit, pour le passer sur mes épaules. Puis, il s’installa auprès de moi, son regard braqué sur le contour de mon visage. Habile, j’évitais de l’observer à mon tour, craignant qu’il parvienne à mesurer tout l’étendu des dommages.

« Qu’est-ce qui ne va pas? À l’instar de Léto un peu plus tôt, j’alimentais volontairement le silence entre nous. Ma’? Tu ne veux vraiment pas m’en parler? »

De nouveau, l’ombre et l’indifférence, ce qui le fit soupirer. Il savait que je me trouvais dans un tel état à cause de Léto : pour quelle autre raison serais-je rentrée à la maison ainsi détruite après tout? Cependant, il savait également que ce n’était pas n’importe quelle conversation qui pouvait m’avoir plongé dans une telle condition.

« Je n’ai pas le choix… L’Orisha se râcla la gorge. Ce sont trois pommes de terre qui traversent la route, mais l’une d’entre elles se fait soudainement écraser. En voyant leur amie, la première pomme de terre ne peut s’empêcher de crier : « Oh, purée!! », ce à quoi la seconde réplique : « Mais non, son nom est Christine! »

Une pause. Une très longue pause, qui s’interrompit au moment où je daignais enfin poser mes yeux sur lui.

« … Elle est affreuse.

- C’est toi qui me l’a apprise, en disant que je devrais la raconter à ma future copine à notre première sortie.

- Je t’ai vraiment dit ça? Moi? Il hocha de la tête d’un sourire défiant. Impossible!

- Tu sais aussi bien que moi que je dis la vérité. »

Nous nous fixâmes dans un affrontement avant de nous partager un sourire complice.

« Elle a ri au moins?

- Pas du tout. Mais! J’ai aperçu un sourire sur le coin de sa bouche.

- Alors, elle avait déjà succombé à ton charme, mon chéri. Mon cœur me semblait moins lourd, maintenant qu’il était à mes côtés. Kaine, est-ce qu’on peut rester comme ça encore un moment? »

L’Orisha acquiesça sans poser de question.

« Bien sûr. Prends le temps qu’il te faut. »

Je fermais les yeux, alors que l’étreinte de ses bras se renforça autour de mes épaules. Et comme promis, nous restâmes dans cette position durant un long, très long moment. Ma poitrine me faisait toujours aussi mal, mais je réussissais de nouveau à respirer, et peut-être s’agissait-il de ce nouveau souffle qui m’avait délesté que ma langue choisit enfin de se délier.

« Je ne suis plus en mesure de vivre comme ça. Je le lui ai dit. »

Mon fils tourna ses prunelles disparates sur mon visage, frottant distraitement mes bras, comme pour m’insuffler un peu de ce courage qu’il me manquait.

« … Qu’est-ce que tu lui as dit exactement, Ma’? »

Je serrais plus fermement le collier dans mon poing avant de prendre une grande inspiration. Pourtant, de nouvelles larmes s’échappèrent de mes yeux au souvenir de cette valse. Un vertige, puis le silence : c’est ainsi que c’était conclu notre dernière danse.


1 353 mots | Post VII | FIN




[Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34827-miles-koerta#679519
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Q] - Plus jamais devrions-nous voler pour atteindre le paradis | Miles

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» « La mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort. Même si au fond, nous ne l'avons jamais avoué nous-même » (Pv Vanille)
» [Q] - Nous resterons une famille | Miles
» Attirons une étoile pour atteindre la lune (pv Dynours)
» [Q] Sans tes ailes pour voler
» [Q] S'il n'y avait que voler pour te plaire | Solo
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest :: Mer Maudite :: Awaku No Hi-