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 Les frimas dans ton cœur | Miles

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Sam 11 Jan 2020, 16:58

Dans le corps de Léto.

Cette chambre respirait toujours cette monotonie qu’elle exécrait. En vérité, Latone n’appréciait que le côté têtu de Prune, l’aînée des Sùlfr, tandis que toutes les couches de son âme lui donnaient envie de la fuir. Parfois, pour rigoler, l’Hozro se faisait comme réflexion qu’elle était l’une des raisons de la prise de distance de Léto. Grâce à ses moqueries, Latone pût noyer toute cette réalité qui lui déplaisait ; chaque fois qu’elle entrait de nouveau en contact avec cette enveloppe charnelle, ce point d’ancrage sur le monde des Vivants, cette situation empirait. De plus en plus, la vérité s’illuminait sous ses yeux : elle n’était pas Léto Sùlfr. Elle était Lolaha Kirzor, une Linèsienne. Comme Tlaalee-Aan lui dît, un jour ou l’autre, il sera de son devoir de faire apprécier ce passé aux autres Guides, et, le moment venu, au monde entier. Pas si simple au final, étant donné que le principal problème était son décès de longue date. En renaissant à travers Léto, cette dernière était-elle destinée à un rôle plus important ?


" Mäma (Mère) ? La voix de Prune était faiblarde, inquiétante pour beaucoup. En s’approchant du lit de la convalescente, l’Orisha comprit son erreur et ne s’en formalisa pas plus que cela. Latone la fixa sans gêne : la Sùlfr n’était aucunement blessée physiquement, le Bleu Roi s’était contenté de lui infliger des supplices psychiques. Du moins, c’était ce qu’ils figuraient sur le rapport final de leur deuxième passage en Linos. Prune restait au lit sous l’insistance de ses camarades, et c’était mieux ainsi.
- Léto m’a dit ce que tu as fait. Infaillible, la jeune blonde tourna la tête vers l’Esprit dans le Corps. On ne négocie pas avec lui. La colère sifflait entre ses dents, elle n’apprécierait aucune entourloupe et encore moins de la traîtrise de la part de son entourage.
- N’est-ce pas ce que ma mère a tenté de faire pour me "sauver" ? Tu n’es pas ma supérieure, Latone. Chaque Guide est libre d’agir au nom de la Marche.
- Il n’a rien voulu écouter, je suis même sûre qu’elle n’a agi ainsi que pour nous accorder un sursis. Au final, oui, son plan a marché. Et le tien, c’est quoi ses résultats ?
- Vos vies.
Aucune ne daigna affaiblir son regard. Ses voix sont puissantes. Je ne dis pas qu’il n’a pas réussi à me… manipuler. Mais c’était une chance que je ne pouvais laisser passer. Ses yeux vairons allèrent chercher la douceur dans la chute des flocons. Quelque chose l’obsède à propos de toi. Je l’entendais parfois murmurer et j’entendais distinctement ton nom, bien avant que Mäma et toi ne soyez venues. Latone fronça des sourcils, il semblerait que le moment soit venu. Elle soupira longuement, ce qui étonna d’ailleurs l’autre Guide, plus habituée à la voir plus combative. L’Hozro saisit un tabouret dans le coin et le posa aux côtés du lit.
- J’ai un long récit à te confier. "

~~~

Après s’être fixée très longtemps dans le miroir et convaincue par des centaines d’arguments que c’était une très mauvaise idée, Latone céda à cette sortie du soir. Ce qui marquera sûrement l’une des pires soirées de sa "vie" se trouvait entre les murs des Köerta. À l’extérieur, le froid ne les frappait que peu, les chants réchauffaient tout autant l’atmosphère. Une chance, se dit-elle, en extrayant une nouvelle fois la lettre de sa poche. L’écriture de Kaine était soignée et son contenu lui procurait une étrange sensation de bien-être. Tout ce que les enfants de Miles – à part celui sur l’Île Maudite – lui transmettaient, c’était pour elle, la bleue. Bien sûr, parfois, Léto en eut vent, mais seulement lorsque ses véritables venues à Ciel-Ouvert le nécessitaient. Une surprise pour Toesia, hein. Un sourire fendit son visage : chacune de ses visites semblaient être une vraie surprise pour la petite Orisha, mais l’aîné de la fratrie avait raison : celui lui fera sûrement plaisir de la voir dans les tribunes, d’autant plus que la titanide ne passait guère inaperçue, même avec les mèches cendrées de la Chamane, sans les bleutées. Un concert au Coryphée, puis un retour à la maison. Hahaha, la maison des Köerta. Pire plan possible. Néanmoins, si la Marcheuse se défilait juste après le spectacle, le courant ne risque de plus très bien passée entre les enfants et elle ; Léto lui en voudrait et sans le corps de Léto… En fait, mise à part tout ça, elle risquera quand même d’y aller. Pourquoi ? Car le Molosse.

Rangeant la missive, elle bifurqua par une rue un peu moins fréquentée pour ne pas avoir à se faire interpeller trop de fois. On prêtait à Latone autant un caractère de cochon qu’une véritable âme avenante et euphorique. En cette soirée, elle laissait transparaître le second état, alors qu’elle passera sûrement le plus clair de son temps à grincer des dents intérieurement. Sa longue chevelure filait au rythme de la brise montagnarde, Latone avait volontairement détachée le tout ; ce n’était, disons, pas une coupe qu’elle portait dans la vie de tous les jours, l’originale non plus d’ailleurs. Un grand manteau aux teintes immaculées cernait ses épaules et son haut du corps, encadrant tout autant ses jambes et bottes en cuir. Si elle se souvenait bien, cette fourrure fut chassée, traitée et offerte par le juishial (amoureux) de Léto en personne. Latone ne savait concrètement pas pourquoi elle s’était rabattue sur cette forme d’ironie, malgré tout, elle y plongeait à pieds joints. N’était-ce pas ce qu’il fît ? Plus elle y pensait, plus la Conservatrice devinait un semblant de défi, à qui le premier croulera sous la pression. En le voyant ainsi, oui, cela serait mieux. L’usurpatrice n’avait de toute manière plus le choix, maintenant qu’elle se trouvait face à la porte d’entrée.

Son poing se leva et stoppa sa course à mi-chemin. Ses iris de bleu profond admirèrent les lumières qui se dégageaient des interstices, des fenêtres. Là, derrière cette porte, il y avait de la vie, il y avait une famille heureuse malgré les obstacles. Et pour une fois depuis son acceptation en tant que porte-étendard de Ciel-Ouvert, Latone ne se sentait plus à sa place. Un grognement tout bas lui échappa, c’était plus qu’énervant, c’était… Elle frappa la porte d’un bon plat du pied. L’aquilon se fraya un passage à l’intérieur, et elle y apparut à ses côtés.
" Kaine ! Viens me faire un câlin ! Dans toute sa splendeur, son entrée fracassante remontera sûrement le moral dans toute cette pagaille. On se dépêche, je n’ai pas envie de rater le spectacle de la petiote ! Ses mains filèrent sur ses hanches, seul Dærion se tenait présent dans la pièce au moment de son arrivée, plus tôt que prévue. Elle capta son regard et examina d’un coup d’œil le battant de la porte, avant de se retourner à nouveau. Je ne l’ai pas cassée. Enfin, en dernier lieu, elle vit le père débarquer, avant que le fils ne se manifestât. Un instant de flottement passa lorsque leurs regards se croisèrent et l’Esprit prit l’initiative de s’approcher. Miles. " Elle l’entraîna dans son accolade, plus fraternelle que l’on attendrait d’un couple. Elle n’avait vraiment rien cassé. Pas encore.


1278 mots ~



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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
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◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Dim 12 Jan 2020, 01:12





~ Musique du Yicaly : REMEMBER THE WAY OF LIFE par Ghostwriter Music
~





« OUAAAAH!! »

Après ce grand cri de guerre, la petite Toesia Eses se frappa brutalement les joues pour se donner du courage, pour se redonner un peu plus d’aplomb, en prévision à ce grand moment. Elle s’était pratiquée sans relâche pour ce concert, pour cet instant qui lui paraissait, pour ses yeux d’enfant, être le plus important et stressant de sa vie. Avec les autres élèves de sa classe, elle avait tout donné durant les sessions d’entraînement, allant même jusqu’à réchauffer sa voix à la maison, devant le miroir, pour ajuster sa posture notamment, ou simplement pour s’admirer étirer les notes qu’elle avait apprise par cœur au fil du mois. L’échec n’était pas envisageable et elle ne voulait surtout pas laisser l’opportunité à la nervosité et aux doutes troubler son esprit. C’est pourquoi elle accomplissait ce qu’elle savait faire de mieux : souffler haut et fort ses anxiétés afin de s’en libérer. Il suffisait qu’elle gonfle ses poumons, qu’elle les remplisse de ses inquiétudes avant de les exhaler et de les repousser le plus loin qu’elle le pouvait. Pouf! Pouf! Instantanément parties et envolées, hésitations de l’esprit!

« OUAAAAAAAAH!! » Cria-t-elle avec plus d’énergie, sautillant sur place, à pieds joints, comme si elle s’apprêtait à entrer dans une arène pour y affronter une bête. Tu peux le faire, Toesia! Tu peux le faire! Tu seras excellente! Rappelle-toi ce que Madame Wanda a dit la dernière fois! »

Fermer les yeux si la foule les effrayait. Fermer les yeux et lever légèrement la tête vers le ciel, afin de donner l’impression, malgré toute la nervosité qui pouvait leur nouer les entrailles, de chanter avec confiance, de chanter avec passion, de chanter son âme dans les vers et les rimes de la chanson. Petit à petit, alors, elle leur avait assuré que l’angoisse desserrerait son emprise et ils n’auraient plus l’impression de chanter pour un rassemblement venu les admirer, mais plutôt pour leurs proches, leur famille ou tout simplement pour eux-mêmes. Vu sous cet angle, soudainement, tout était sans conteste plus rassurant. Peut-être qu’au début, elle hésitera sur certaines notes, sur le rythme, voir sur l’inflexion de sa propre voix, mais elle était confiante sur une chose : elle parviendra, avant même la fin de la chanson, d’ouvrir les yeux pour contempler le visage des gens qui avaient fait le déplacement que pour eux. Cette unique réflexion fit monter l’adrénaline jusqu’à son cerveau, qui l’entraîna presque instinctivement à ouvrir grand la bouche pour échapper une nouvelle exclamation.

« OUAA…!

- Ohla, ma chérie, si tu pouvais descendre d’une octave, s’il-te-plaît?

- Ah! euh! Oui! Désolée, Pa’! » Bafouilla maladroitement la jeune enfant lorsqu’elle m’aperçut au pied de sa chambre.

Je la gratifiais d’un sourire, ce qui fit plisser quelques-unes des fissures qui composaient mon faciès.

« Tu devrais commencer à te préparer. Maydon et Chia seront là d’une minute à l’autre. »

Ayant complètement perdue la notion du temps, la petite Toesia sursauta à cette mention, filant droit vers la fenêtre de sa chambre pour constater par elle-même de l’avancée de l’astre solaire.

« Kish! (Zut!) J’avais pas remarqué qu’il était déjà si tard! »

En flèche, l’Orisha attrapa sa veste, abandonnée sur le coin de son lit; enfila sa paire de chaussettes dans les pieds avant de partir en trombe à l’extérieur de sa chambre, risquant même de foncer sur moi dans sa tentative de dérapage plus ou moins contrôlée. D’un pas plus posé que celui de ma fille, je la suivis dans les escaliers, puis jusqu’à l’entrée de la maison, devant laquelle l’enfant tirait sur ses bottes pour les faire entrer dans ses pieds.

« Et voici votre manteau. »

Apparaissant à ses côtés, Dærion tendit le vêtement à la fille, qui se releva dans un bond, souriant de toutes ses dents à l’endroit du majordome.

« Merci beaucoup Dærion! »

Reconnaissante, elle sauta au cou du jeune homme, lui collant un baiser sur la joue pour le saluer. L’adolescent à en paraître ne s’habituait décidément pas à l’excentricité de la jeune fille, rougissant toujours autant à la proximité que Toesia entretenait avec lui et tous ceux qu’elle appréciait.

« Tu viendras aussi au concert ce soir, pas vrai?

- Bien sûr, jeune maîtresse. Vous m’y avez invité.

- Génial! »

L’enfant rayonnait de mille feux, c’était incroyable.

« J’aurais aimé que Mäma soit là… »

Brièvement, il nous fût possible d’apercevoir une lueur d’inquiétude et de mélancolie, mais celle-ci disparut bien rapidement de ses prunelles disparates alors qu’elle pivotait d’un bloc dans ma direction. Resté sur les marches de l’escalier, je m’étais appuyé contre la rampe de celui-ci.

« BON! J’y vais!

- Es-tu prête?

- O-Oui…! »

Je roulais des yeux, feignant la déception.

« Quoi? Rien que ça? Même Henos jappait plus fort quand il n’était qu’un chiot! »

Cette fois, Toesia Eses serra les poings avant de les lever bien haut vers le plafond.

« Je suis prête Padryë! (Papa) Je suis née prête! »

J’étirais un sourire, chaleureux et doux.

« Voilà! Ça c’est ma nilsal aksoloök! (petite guerrière) »

D’un saut, j’atterris juste en face de ma fille, la prenant dans mes bras pour la serrer affectueusement contre moi.

« Amuse-toi bien, ma chérie! »



« Content que tu aies pu te déplacer. »

Je lui rendis son accolade avec la même énergie, mon sourire se fanant momentanément alors que je la tenais dans mes bras.

« Oh! Salut Mäma! »

La voix de Kaine fut le déclencheur et je finis par reculer doucement de quelques pas, rehaussant les pommettes de mon visage pour adresser un sourire à la titanide. Mon regard, irrémédiablement, s’ancrèrent dans les pupilles dissemblables de l’Horzo, dont les bras entourèrent, cette fois-ci, les épaules du jeune chasseur. Ce dernier souriait chaleureusement devant sa figure maternelle, l’enlaçant comme n’importe quel enfant qui retrouverait sa mère après des jours et des jours d’absence. Si sa joie était moins explosive que celle que l’on s’attendrait de la part de Toesia, le jeune homme était ravi de la revoir, mille pensées et mille paroles désirant faire chemin jusqu’à sa langue. Il avait envie de lui parler de son futur, de sa dernière chasse, de ses progrès, par ailleurs, au tir à l’arc – oh! mais elle revenait de sa campagne pour Linos en plus! Comment cela s’était passé? Il paraît qu’elle avait été éclatante, sauvage et pourtant magnifique dans son échange – mais ce n’était pas le moment et il savait parfaitement qu’il pourrait lui en parler en chemin pour le Coryphée ou ce soir, avant d’aller se coucher… Parce qu’elle resterait cette nuit aussi, n’est-ce pas? Il l’espérait en tout cas. Se décalant vers l’arrière, il mit fin à l’accolade pour partager un sourire avec la Marcheuse.

« C’est génial que tu sois là. La tête que va tirer Toto en t’apercevant!

- Jeune maître, enfilez votre manteau, s’il-vous-plaît. Nous serons en retard si nous traînons trop.

- Ouais, sxïshh… (désolé...) » S’excusa l’Orisha en attrapant le vêtement.

Ayant déjà enfilé mon manteau, je considérais la bleue du regard, pressentant une sorte d’animosité, une sorte de tension en elle, que je n’arrivais pas à m’expliquer – ou pas… Disons que j’avais peut-être ma petite idée et, à cette pensée, je me frottais la nuque, légèrement mal à l’aise : à l’utilisation du Nesh'Baäsa, j’avais rapidement compris que le lien qui unissait l’entité et moi n’était plus autant affectueux qu’auparavant.

« Si tout le monde est prêt, allons-y! »

D’un pas, nous nous dirigeâmes tous à l’extérieur de la demeure, la porte se refermant doucement d’elle-même dans notre dos. Kaine marchait côte-à-côte auprès de la bleue.

« Eh Mäma… Hum… »

Il se tut, hésitant soudainement. Il désirait lui poser des questions à propos de sa dernière exploration au sein de la Cité Miroir, mais en même temps, il ne voulait pas assombrir l'atmosphère en faisant remonter d'obscurs souvenirs dans l’esprit de sa mère. La mort de Blith et de Tlaalee-Aan remontait à plusieurs jours maintenant, mais l’Orisha ne savait pas exactement comment aborder le sujet sans paraître soudainement triste et sombre, plombant pour sûr l’ambiance qui se prêtait non pas aux visages tirés, mais aux sourires et au repos. C’est pourquoi, après une rapide consultation entre lui et soi-même que Kaine préféra la questionner sur Prune : comment se portait leur demi-sœur? Selon les rumeurs, il se disait qu’elle aurait été prise en otage par le Bleu Roi et qu’à la suite d’une retraite stratégique, l’Éclat serait revenu pour la récupérer des griffes du Souverain déchu.

« Comment est-il, le Bleu-Roi?  »

Les prunelles du jeune homme s’ancraient dans les iris de la combattante, cherchant à y déceler un fragment de cette férocité, un éclat de cette volonté, un brin – qui sait? – de cette peur et de cette colère qu’elle avait certainement dû ressentir une fois en face de cette entité qui torturait les âmes libres et fières de Ciel-Ouvert. Progressant à leurs côtés, Dærion et moi gardions le silence, intérieurement curieux de connaître, également la réponse.


1 499 mots



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Latone
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Latone
Mar 14 Jan 2020, 16:35

Dans le corps de Léto.

La "Souriante" en dessina un en demi-teinte sur ses lèvres. À l’approche du jeune Orisha, Latone tendit naturellement les bras pour accueillir le petit gaillard – qui avait tout de même hérité de la remarquable taille de ses parents biologiques – comme Léto l’aurait fait. Enfin, il fallait noter que la bleue s’était habituée à jouer la carte du naturel : même si Kaine et Toesia Eses n’étaient pas ses enfants, une partie de son cerveau s’était convaincue qu’elle possédait une place de choix dans leurs cœurs respectifs ; pour Draaskag, c’était relativement différent, le fameux Chaman étant dans la confession. Elle les aimait à sa manière.
" Faudrait pas que Toto se déboîte la mâchoire pendant sa prestation, si elle me voit. Elle porta son doigt sur son menton, le regard à la fois fuyant et malicieux. Quoi que… " Suivit d’un petit ricanement caractéristique. Après quoi, Dærion s’interposa pour les presser, le temps passait si vite pour ces mortels. Elle adressa une brève œillade du côté du maître de maison, ressentant une sorte de picotement entre eux, comme quelque chose de magique. Ses yeux se plissèrent légèrement, essayant de comprendre ce qu’il tramait, mais l’heure du départ sonna bien trop rapidement.

Latone sortit en première, talonnée de près par le jeune chasseur. Maintenant qu’elle y pensait, c’était vrai que la dernière fois qu’ils s’étaient vus… remontait à trop longtemps. En même temps, le Bleu Roi avait bousculé leur quotidien, de même avec la découverte de Linos. Latone n’était censée qu’être une suppléante pour la Sùlfr, une Marcheuse qu’on daignera utiliser pour quelques raids, sans plus. Néanmoins, la bleue ne pouvait pas rester passive face à toute cette agitation interne, d’autant plus que le choix ne lui revenait pas : elle y était étroitement liée.
" Prune… Souffla-t-elle en écho aux interrogations de l’adolescent. Elle va mieux, c’est une battante. Mais elle doit rester encore quelques jours à la Vigilante. Il serait mal avisé d’exprimer les véritables raisons, de toute manière le plus important restait de communiquer le bon état de l’Orisha. Elle aurait voulu venir avec nous, elle vous salue d’ailleurs. Peut-être une autre fois ? Enfin… L’autre question de Kaine laissa un certain froid, un mutisme où Latone laissait transparaître à la fois toute l’intimidation et la hargne que provoquait cette entité. Un instant seulement, le corps de Léto fut parcouru d’un frisson, avant que l’Hozro ne laissât échapper un grognement discret. Il est… Une pause, alors qu’elle mûrit toutes ses pensées sur sa Némésis. Moche. Mais qu’est-ce qu’il est moche ! Tu vois ta main ? Son visage est aussi plat qu’elle. Et ses yeux, énormes et globuleux, brillants comme des perles ; on pourrait racheter Avalon avec. Et ses cheveux, on dirait des… comment on dit ? "Tentacules" ? Un mélange entre le bleu nuit et le noir charbon, comme sa peau. Il est grand aussi, tu peux me rajouter deux têtes au moins pour l’imaginer. Cette chose n’a rien d’un roi. Elle se tut, aussi bavarde que sa Chamane, explosive à sa manière. Son faciès trahit malgré tout une certaine fatalité, ses prunelles aussi ancrées dans celles de l’aîné Köerta. Mais elle en a largement le pouvoir. On ne l’a pas encore vaincue, mais j’ai pu en profiter pour sortir Prune de là. Tout ça grâce à Léto et leur plan rocambolesque, une stratégie qui ne fonctionnera pas deux fois ; d’autant plus que la Souriante n’y était pas destinée. Sa tête se tourna sur les bâtisses vertigineuses d’Ode, ses habitants aussi mélodieux que mélancoliques. Tout ce que je peux vous dire, c’est que la Marche a enfin un pied sur Linos. Il ne reste plus qu’à insister. Sur la conquête, sur l’exploration, sur les ressources, sur les souvenirs de Vertigo. Et toi, qu’est-ce que t’as à me raconter depuis ? " Lui demanda-t-elle avec un sourire en coin, curieuse de savoir ce que ce petit comptait faire de sa vie.

Quasiment arrivés au Coryphée, Latone rabattit sa capuche sur son visage. On aurait pu mettre ce geste anodin sur le compte de la chute des flocons, mais en réalité, l’attroupement en ce lieu ne lui donnait guère envie de se manifester. On la connaissait, on pouvait facilement la reconnaître, certains pourraient même demander des comptes, tout leur serait permis tant qu’il n’y aura pas de réelles bonnes nouvelles à transmettre. Cependant, la Vigilante patientait : tous les Guides n’étaient pas présents à Ciel-Ouvert et ils étaient, tous, indispensables pour la suite de la Marche sur Linos. En outre, l’Éclat ne désirait voler la vedette aux véritables stars de cette soirée, surtout Toesia.
" Il y en a du monde. Constata-t-elle, ne quittant pas d’une semelle ses compagnons. Toesia va faire fureur. L’heure n’était pas assez tardive pour laisser les Immolées envahir le terrain, mais ce genre d’événement nocturne demeurait rare, surtout en ces temps incertains. D’où l’affluence, supposa-t-elle. Latone épia du côté de la scène, elle n’aperçut aucunement Koe Zìyóu et sa longue crinière rose ; ce devait être sûrement quelqu’un d’autre qui gérait le concert, cette fois-ci. La Guide préférait sûrement éviter de trop se dévoiler ces temps-ci, un luxe que seul son maître, Blarorkh Wren, pouvait se permettre, en se terrant dans les dédales oppressants de Verillon. Vas-y, Kaine, trouve-nous les meilleures places. " Ils ne devraient tarder, ce sera bientôt le début et les spectateurs commençaient déjà à s’installer. Une fois leurs places choisies, Latone s’assit entre le fils et le père, son regard scruta un brin autour d’elle, quelque peu méfiante. L’aspect ciel ouvert du terrain leur laissait apprécier un ciel étoilé et finement dégagé, la neige ne flottant autour d’eux qu’au compte-goutte. Le froid, ici, n’était aucunement problème : les chants finiront par leur apporter à la fois chaleur, confort et quiétude, tel était le pouvoir des Marcheurs.

Lorsque toutes les têtes furent tournées vers la scène, Latone retira momentanément sa capuche, les mèches blondes de Léto s’abattant sur ses épaules et son buste. Non sans retenue, son coude vint trouver son chemin contre la hanche du Molosse, une fois assurée que la voie était libre.
" Je resterai cette nuit. Murmura-t-elle à son attention, braquant son regard en biais sur lui. Si t’as quelque chose à me dire, t’attendras. Alors arrête de me regarder comme ça ou je te balance par-dessus les estrades. " Puis, elle sourit à Kaine et se fixa sur toute son attention sur la distraction du moment : Toesia et son spectacle.


1150 mots ~



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Miles Köerta
Dim 19 Jan 2020, 08:17

Musique du Yicaly : Anchor par Novo Amor

« Ouf! Tant mieux dans ce cas, soupira l’Orisha, ravi et soulagé à la fois par la réponse de la Marcheuse. Qu’elle se concentre d’abord sur sa guérison, c’est ce qu’il y’a d’mieux à faire. Tu la salueras de notre part également, à ta prochaine visite. », poursuivit-il en la gratifiant d’un sourire, remarquant, peu de temps après, la réaction que son interrogation, concernant le Bleu Roi, suscita chez sa mère.

Dans les yeux bicolores de sa génitrice, il parvint à déceler tout ce qu’il craignait, la description qu’en fit la bleue ne confirmant que ses suppositions. C’est pourquoi, sans détacher son regard de celui de sa mère, il hocha doucement la tête à ses dires.

« Tant qu’il en a le pouvoir, peu importe son profil, il pourra se targuer d’être le porteur de la couronne, avança l’Orisha avant d’étirer un sourire insolent, à la manière de son paternel. Mais votre dernière victoire prouve au moins un truc : qu’il n’est pas invincible. Roi ou pas, on peut toujours le faire tomber de son piédestal. »

Ce fut à mon tour de sourire à ses paroles. Puis, jusqu’au moment où nous arrivâmes aux pieds du théâtre, Kaine s’était lancé dans ses histoires, bien heureux de profiter de ces quelques instants épars pour rattraper le temps perdu avec sa mère. Il lui parlait de la chasse, notamment des sessions qu’il réalisait auprès d’Asche et de ses chiens de traque. Il enchaîna rapidement sur la suite de sa scolarité, sur ses doutes et hésitations, quant à savoir s’il désirait vraiment la poursuivre dans une université étrangère ou si, au contraire, son attachement à Ciel-Ouvert finira par l’amener à rester. D’un côté, il aimerait remplir son bagage de nouvelles expériences mais de l’autre, il se savait également profondément attaché à sa famille.

« C’est un peu le flou dans mon esprit, et je sais que la décision me revient, mais… Je veux être sûr de moi, tu comprends? Je veux être certain de mon choix, certain que je ne le regretterais pas. »

Lorsqu’il prononça ces mots, nous nous étions assis dans les estrades. Latone d’un côté et Dærion de l’autre, j’eus à peine le temps d’examiner mes environs que je sentis un coude s’enfoncer dans ma hanche. Surpris, je sursautais légèrement tournant mon visage vers la bleue, qui me fixait du coin de l’œil. Je soupirais, appuyant ma joue à l’intérieur de ma paume tout en continuant de l’observer, malgré sa menace.

« Je ne pourrais pas y échapper, hein? »

La question était rhétorique et, d’un mouvement, je finis par me décaler, portant mon regard vers le reste des estrades qui se remplissaient petit à petit.

« Très bien. Nous en reparlerons une fois à la maison. C’est le grand moment de Toesia après tout. J’ai pas trop envie de penser à ça pour l’instant. Et puis… »

Je me penchais dans sa direction, esquissant un léger sourire.

« Je dormirais sur le canapé, ce soir, si ça te dérange vraiment. »

Peu de temps après, le silence, progressivement, s’imposa dans le théâtre. Les yeux des spectateurs se rivèrent d’eux-mêmes en direction du centre de la scène où apparut, dans un bel uniforme, le directeur de l’école de Ciel-Ouvert. Homme à l’air sympathique, il lissait mécaniquement sa moustache, saluant chaleureusement les parents qui avaient pris la peine de se déplacer pour le spectacle annuel de l’établissement scolaire.

« Je sais que ces derniers temps, la vie n’est pas facile pour nous, pour les enfants. La menace qui plane sur notre cité semble nous accaparer de jours en jours, mais la Marche Terne veille sur la communauté, veille à ce que rien ne nous soit injustement dérobée : la preuve est que nous avons désormais conquis une partie de Linos au nez et à la barbe de ce prétendu Roi bleu. Et c’est pourquoi nous devons continuer de vivre dans la gloire et la fierté de notre cité. Cette ville est notre domaine, notre maison : cette ville est nôtre et nous prouverons à cette entité que nous la méritons à juste titre. Nous y avons bâti notre prospérité ainsi que le leg qu’hériteront nos enfants, ces mêmes enfants qui, ce soir, vous présenteront des pièces, des danses et des chants qu’ils ont pratiqué inlassablement depuis un bon mois déjà. Applaudissez-les et faîtes entendre vos voix, parce que les leurs, à coup sûr, vous atteindront aujourd’hui. »

Une vague d’ovations suivit son discours engagé tandis qu’il levait théâtralement les bras vers le ciel, annonçant ainsi le début des festivités.

« Bonne soirée à vous tous! »

Le directeur quitta alors la scène sous une pluie d’applaudissements, les lumières s’éteignant subitement dans le Coryphée pour nous plonger dans le noir absolu. Quelques chuchotements s’éveillèrent ici et là, plus curieux qu’inquiets, tandis que des mouvements sur la scène rappela le public à l’ordre, qui se tut définitivement. Je pouvais, sans difficulté, apercevoir les silhouettes des jeunes qui s’étaient mis en place sur celle-ci, distinguant un peu moins leurs visages. Ils ne bougeaient pas, immobiles comme des statues, attendant la première note qui tomba. Dès cet instant, deux voix, captivantes et puissantes, s’élevèrent jusqu’en haut des estrades : la magie faisait son œuvre, accentuant la portée des sons que produisaient les enfants pour que toute la foule puisse les entendre.

Je me sens si bien dans le noir
Ils veulent me cacher
Mes blessures, ils ne veulent pas les voir
Ils m'ont appris à avoir honte de moi
Je dois m'en aller
Jamais personne ne m'aimera
Mais

Je ne les laisserai pas me détruire
On a tellement de choses à dire
Un Monde à conquérir


Soudainement, l’éclat de la lumière reprit la scène d’assaut, dévoilant au grand jour le visage des élèves aux spectateurs, ravis et conquis par les premiers vers du morceau. Les yeux grands ouverts, je battis rapidement des paupières, baissant ma tête en direction de Dærion, qui tendit distraitement son oreille.

« T’étais au courant que Toesia allait être la tête d'affiche?

- Je viens de l’apprendre en même temps que vous… »

Mon regard, dès lors, pétilla de surprise et de ravissement alors que je reportais promptement mon attention sur la scène, de laquelle les enfants s’étaient harmonieusement déplacés pour entourer la jeune Orisha ainsi que la seconde chanteuse en herbe, une fillette à la magnifique chevelure noire nacrée. Les autres étudiants feignaient de parler dans leur dos, s’échangeant des messes basses et des moqueries semblant mesquines et cyniques.

Lancez toutes vos flèches contre moi
J'enverrai un déluge qui les détruira
Je suis forte mais blessée
Et non je ne veux rien changer
Je suis moi

Regardez, je suis là
Je suivrai les battements de mon cœur
Je ne veux plus avoir peur
Non je ne m'excuserai pas
D'être moi!


D’un même pas, alors que le reste des enfants chantaient les chœurs tout en ricanant, les deux filles zigzaguaient entre les groupes de gamins pour taper sur l’épaule de certains protagonistes, les invitant à se joindre à elles, à leur lutte.

Une rafale de balles heurte ma peau
Continuez à tirer
Vous ne pouvez plus me toucher
On cassera toutes vos barricades
Pour gagner le royaume (des guerriers!)
C'est ce que nous sommes

Je ne les laisserai pas me détruire
On a tellement de choses à dire
Un Monde à conquérir!


Bientôt, deux clans se formèrent sur la scène, le premier constitué de Toesia et de son amie aux cheveux noirs tandis que le second regroupait l’ensemble des étudiants qui n’avaient pas voulu prendre la main qu’elles leur avaient tendue.

Lancez toutes vos flèches contre moi
J'enverrai un déluge qui les détruira
Je suis forte mais blessée
Et non je ne veux rien changer
Je suis moi

Regardez, je suis là
Je suivrai les battements de mon cœur
Je ne veux plus avoir peur
Non je ne m'excuserai pas
D'être moi!


Si les paroles, désormais, étaient chantées à l’unisson par l’ensemble de la classe, les deux clans semblaient pourtant s’affronter dans une joute musicale, des gestes de bras et des jeux de pieds, enchaînés et menaçants, faisaient résonner la scène sous leurs pas, sous la tension et sous l’extrême énergie qui liait les deux entités en mouvement. Et c’est alors que, brisant volontairement le rythme, Toesia s’immisça entre les deux groupes, levant bien haut la tête, ses poumons se gonflant d’air et de courage. C’était son moment. C’était son moment.

Je sais bien que je mérite mieux
Je ne veux plus voir de haine dans vos yeeeux!


Mon cœur se décrocha soudainement à l’entente de sa voix, une joie immense bouffant ma poitrine d’un sentiment qui fit vibrer l’intégralité de mon être, un sourire béat accroché aux lèvres. Est-ce que je regardais vraiment ma gamine? Est-ce qu’il s’agissait vraiment de mon enfant, cette jeune fille, paraissant soudainement si forte et puissante par la seule expiration de ce couplet? Emporté par la mélodie, je me mis simplement à frapper des mains.

Lancez toutes vos flèches contre nous
Nous enverrons un déluge qui les détruira
Nous sommes forts mais blessés
Non, nous ne voulons rien changé
Nous sommes un


Et dans un saut, les deux clans se joignirent pour ne former qu’un, tous mains dans la main.

Regardez, nous sommes là
Nous suivrons les battements de nos cœurs
Nous ne voulons plus avoir peur
Non nous nous excuserons pas
D'être nous


Au dernier chœur, le public se joignit, avec joie, aux élèves, qui levèrent les bras vers le ciel, tapant le rythme, tapant l’allégresse de l’instant, qui entraîna les plus petits comme les plus grands.

Nous ne les laisserons pas nous détruire
Nous avons le Monde à conquérir

Nous sommes un!


Ce sont les paroles de la chanson This is Me du film The Greatest Showman (cliquez pour la version originale) adaptée en version française par Sara’h et légèrement modifiée de mon crue ♪


Le Coryphée n’était plus que silence et vibrations extatiques, les dernières notes de la chanson s’éteignant en même temps que les corps des jeunes s’interrompaient dans leur danse frénétique. Durant quelques secondes, les spectateurs restaient sans voix, secoués et encore absorbés par l’énergie libérée, par toute cette fureur passionnée qu’avait dégagé la prestation de la jeune classe. Les enfants observaient les estrades, sourires aux lèvres, la nervosité, pourtant, faisant trembler leurs petites mains qu’ils tenaient toujours en l’air, attendant une valse d’applaudissements qui tarda à s’exécuter…

Cependant, dès que les premières mains se mirent à battre entre elles un tempo d’une ardeur ivre, plus rien ne semblât pouvoir arrêter l’engouement fiévreuse du public à l’égard de ses nouvelles idoles. Excité comme une puce, je me permis même de me lever pour applaudir la scène que venait de nous faire partager les enfants, criant le nom de Toesia à travers la foule pour la louanger et la féliciter.

« Putain, Pa’! Ta gueule et assis-toi! S’énerva Kaine qui sauta presque immédiatement de son siège pour me forcer à me rasseoir afin que je ne commence pas une scène.

- Tu l’as fait TOESIA! M’exclamais-je en faisant volontairement abstraction à la tentative désespéré de mon fils pour me la boucler. WOUHOU!! » Continuais-je de crier, ce qui eut tôt fait d’attirer l’attention de la jeune fille qui, loin de paraître gênée par les exclamations de son père puéril, étira un grand sourire avant de lever bien haut ses pouces dans les airs, fière comme un paon.

Un éclat de rire incontrôlable, que nous pouvions difficilement distinguer dans le reste du tumulte et des acclamations, pu se deviner sur les traits de son visage rayonnant et ce ne fut pas bien long avant que son regard se porte sur la silhouette assise auprès de moi. À ce constat, elle se figea de surprise, ses amis Maydon et Chia l’incitant, par quelques pousses amicales, à quitter rapidement la scène : il fallait laisser les lumières pour la prochaine classe. Comme tirée de sa torpeur, la jeune fille balbutia des excuses maladroites à l’endroit de ses camarades, son visage se reportant rapidement en direction de sa mère, qu’elle contempla. En remarquant le visage aussi ravi de sa sœur, le faciès basané de Kaine arbora un air satisfait et tendre tandis que les lèvres de Dærion, habituellement scellées, se retroussèrent pour former un sourire discret. Mille étoiles brillaient dans les yeux de la fillette et, aussi naturellement que cela, Toesia adressa un grand sourire à celle qui arrivait, par sa seule présence, à faire battre ainsi son cœur.

Aujourd’hui, la classe de Toesia venait de conquérir un Monde, c’était certain, mais il restait encore d’autres classes qui allaient certainement faire vibrer autant nos cœurs que nos esprits.


1 778 mots (sans les paroles de la chanson)



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Latone
Dim 02 Fév 2020, 17:41

Dans le corps de Léto.

" Tu finiras sous le canapé à cette allure. " Il n'y avait aucune plaisanterie, cette situation commençait sévèrement à la déranger ; et aux grands maux les grands remèdes, à la Latone. Sourcils froncés, elle sembla ronger son frein pendant le discours d'introduction. Non pas à cause de la désinvolture du Köerta mais plutôt vis-à-vis des révélations publiques : la nouvelle de la conquête de Linos avait déjà fuité. Bizarre, c'était Ykürr qui lui avait conseillé de rester discrète pour le moment. Est-ce qu'un autre Guide ou un Marcheur avait pris l'initiative ? Elle pensa, instinctivement, à Narn, mais celui-ci n'apprécierait guère relater la victoire de Léto face au Bleu Roi. Le directeur de l'école venait à peine de terminer sa tirade que Latone bouillonnait déjà. Elle entremêla ses doigts entre eux, impatiente. Ce n'est pas en subissant autant de retard qu'elle pourra prouver sa légitimité à Linos… Avec ses lacunes actuelles, son seul atout face aux prétendants demeurait les souvenirs de Lolaha. Elle devra creuser, encore et encore, jusqu'à trouver la révélation, l'outil qui fera couler une bonne fois pour toute le despote.

Le silence s'installa jusqu'aux premières notes. Ses yeux azurés fixèrent la scène, tentant d'oublier sa paranoïa ; elle serait capable de faire une scène à l'insu de Toesia et sa famille. Enfin, comme pour tout Marcheur, les vers eurent aussitôt effet sur son esprit, lui procurant un bien-être comme nulle part ailleurs. L'œil agile, la Guide chercha la petite battante dans le lot, guère longtemps étant donné les circonstances. Apparemment, la jeune Orisha fut élue vedette de leur classe, l'une des deux étoiles montantes. À cette nouvelle, Latone étira un grand sourire, elle héritait bel et bien des gènes de sa mère. Tu rates quelque chose, Léto. Ou peut-être voyait-elle déjà tout de là où elle était ? L'emprise de la Chamane sur leur monde lui paraissait aussi effrayante qu'incroyable. Le plus discrètement possible, elle jeta une œillade du côté de Kaine, puis de Miles, constatant leur fierté on ne peut plus palpable. Ces mortels chérissaient tant la Vie, que ces moments de béatitude mutaient en hommage à Edel. Elle qui était une fille d'Ezechyel égarée, devrait-elle vraiment continuer cette mascarade ? La bleue baissa la tête un moment, perdue, jusqu'à que la voix solitaire de Toesia prit le pas sur tous. En relevant vivement le regard, toute l'énergie de la petite l'envahit, comme pour la rassurer. Oui, au final, ils seront un, jusqu'au coup de théâtre.

Lors du silence, tout lui parût ralentie, et diablement oppressant. D'ordinaire, Latone serait l'une des premières à se lever pour faire éclater les ovations, mais sa position actuelle la cloua un chouïa sur place. Il lui semblait avoir vu des silhouettes familières sur la scène, dans les cercles de danse, sans trop savoir comment ni pourquoi. Finalement, le début des applaudissements la ramena dans les bottes de Léto. Surtout, l'euphorie de Miles l'étonna, insouciante des liens forts qui unissaient un père à la chair de sa chair. Sur le coup, Latone fut presque de l'avis de Kaine, pour autant elle fixa l'Orisha féliciter sa fille longuement. Il était heureux. C'était… différent. Déconcertant, au fond. L'Hozro se détourna, prête à contribuer aux félicitations, néanmoins son regard capta très vite celui de la petite. Oh, on dirait qu'elle l'avait reconnue. Latone ne cacha pas sa propre joie et retira la capuche ; de toute façon, l'ensemble du Coryphée était au courant de leur victoire maintenant, cela aura le mérite d'apaiser les détracteurs.


" Alors ?! Latone se leva, la voix plus forte. T'as plus assez de souffle pour monter jusqu'ici ?! Lui cria-t-elle pour lui faire accélérer la cadence, forcément Toesia se mit de suite à courir et se jeta dans les bras de sa prétendue mère.
- Tu es venue ! Son sourire était encore plus grand, mais l'envie de la serrer indéfiniment dans ses bras fut plus importante.
- Je ne pouvais pas rater ça. Elle resserra son étreinte, mimant au possible l'affection gestuelle de Léto. Et t'as assuré comme une championne ! L'Orisha se dégagea, toute heureuse.
- Toi aussi t'as assuré, c'est ce qu'ils ont dit ! Je veux que tu me racontes TOUT ! Puis elle se tourna vers Kaine, le torse bombé et les mains sur les hanches. Hein j'ai assuré ? Le grand frère fuit la tentative de vol de compliments.
- Oui, tu étais… potable. Ponctua-t-il sur un sourire espiègle.
- HÉÉÉ ! La cadette se jeta sur son père, dans son cocon protecteur et affectif. Je suis une championne, pas vrai ? Pas vrai, Pa' ?! " Latone laissa échapper un rire, se rappelant son propre tourbillon de furie lorsqu'elle était encore "jeune".

Des tapes des mains se firent entendre du côté de la scène, annonçant la suite imminente des festivités. Il était vrai que la classe de Toesia avait assuré comme jamais, mais les autres aussi avaient le droit à leur chance de briller. Si cela ne tenait qu'à elle, Latone aurait emporté la petite avec elle pour discuter toute la nuit. L'Esprit prit sur elle-même pour se contenir, et également contenir la petite furie ayant pris place sur ses jambes. " On parlera après les prestations, d'accord ? " Il faudrait tout de même qu'elle consolide sa position de Guide, n'en faire plus qu'à sa tête… lui semblait de moins en moins envisageable.

D'autant plus que le prochain spectacle attira toute son attention.
" Les petits filous… " Laissa-t-elle échapper lorsqu'elle remarqua une mini-Latone sur la scène. Apparemment, la prochaine classe avait décidé d'opter pour une succession de scènes musicales, dépeignant leur conquête de Linos avec leur regard enfantin. On reconnaissait ici un enfant déguisé en Blarorkh, une autre en Koe… Quelques Marcheurs en herbe, des plus connus, des trépassés comme Tlaalee-Aan… Et le clou du spectacle : un ersatz de Bleu Roi reclus dans l'ombre. Pauvre bambin qui dût se coltiner le rôle du méchant ! D'ailleurs, c'est lui qui avança en premier, l'attention générale braquée sur lui.

" Je suis le Bleu Roi ! "

Les autres déguisés le huèrent.

" Vous, dont mon nom vous hante, entendez ma voix ! "

"Latone" s'avança à son tour.

" Vos menaces, on en fait fi ! C'est votre tour, d'entendre notre cri ! "

Puis ce fut au tour de "Narn".

" Préparez-vous à rugir ! Notre courroux, vous allez le subir ! "

Et les petits Guides se succédèrent dans une bataille rythmée, où le Bleu Roi se fit assaillir, cerné. Parfois, il tenta de reprendre le flambeau, mais les Marcheurs firent échauffer leurs voix pour ne pas lui laisser un répit, lui montrer que la Marche était unie et plus forte. Par ailleurs, "Kerby" s'était engagé à soutenir le chant par d'habiles notes de mandoline. De manière générale, tous les rôles furent respectés, autant par la gestuelle et les pas de danse, que par le discours encensé par la chanson. Malgré tout, toute l'étincelle de la prestation reposait sur le public : pour le bouquet final, le petit – mais pas moins grandiose – Tlaalee-Aan enjoignit les spectateurs à prêter leurs voix, à répéter en chœur le nom de leur cité pour assaillir et vaincre, une bonne fois pour toute, le Bleu Roi. " Ciel-Ouvert ! Ciel-Ouvert ! " Une répétition qui fut enhardie par les autres enfants de la classe, les mains levées au ciel pour accompagner le public et inciter les plus timides à se laisser aller. À, tout simplement, contribuer au futur de leur peuple.

" CIEL-OUVERT ! CIEL-OUVERT ! CIEL-OUVERT ! CIEL-OUVERT ! CIEL-OUVERT ! "

Et le Bleu Roi périt. Un instant de silence le temps de reprendre leur souffle, un nouveau moment trop long au goût de Latone qui avait énormément adoré l'histoire imaginée par les enfants. Entre rire et chagrin, son cœur balança. Et les ovations finirent par détoner encore une fois à son insu.

" C'est comme ça que ça s'est passé ? Questionna soudainement la petite crédule sur ses jambes, sans pour autant couper ses propres applaudissements.
- À peu près. Tu auras la version officielle, ce sera notre petit secret. Toesia lui offrit son plus beau sourire, les joues un brin rougies.
- Ah ! L'adolescente fit un signe à son frangin. Mäma va me raconter son combat, et tu n'auras pas le droit d'écouter ! Kaine, dans toute sa splendide irrévérence, lui rendit son regard de défi.
- Elle m'a déjà tout dit avant de venir.
- QUOI ?!
Que ce soit sur le devant de la scène ou dans les tribunes, Toesia savait se faire remarquer, bien souvent sans le vouloir. C'est pas juste ! Latone ricana entre ses dents, s'apprêtant à couper la poire en deux.
- Sauf que tu n'as pas eu tous les détails, Kaine. Oh, j'ai oublié de te parler de "ça"… Précisa-t-elle en étirant une mine moqueuse, lui instillant mille scénarios possibles en tête. Je raconterai des bouts à toi, d'autres à Toesia… Une œillade de l'autre côté. D'autres à votre padryë. Latone lui accorda un échange visuel, un bref moment où elle désarmait encore ses bravades. Bien évidemment, cette idée ne plût guère à la fratrie qui manifesta son désaccord ; pas question de jouer aux puzzles sur l'un des instants les plus marquants de la Marche. Au début, Latone fit la sourde oreille, plongée dans les iris carmines du paternel. Elle voulait lui sauter dessus, le secouer pour lui remettre les boulons en place. Là, maintenant. C'est bon, je vous raconterai à la maison, tous ensemble… " Pour leur plus grand bonheur, devenu les prémices de sa hantise.

Timidement, la prochaine classe se prépara à grapiller la gloire, du mieux qu'elle pourra.



1657 mots ~



By Jil ♪
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Dim 09 Fév 2020, 02:48

Un grand sourire aux lèvres, j’attrapais en plein vol la petite survoltée, la serrant bien fort dans mes bras tout en lui ébouriffant sa courte tignasse. J’exhalais une franche cascade de rires, encore secoué par l’adrénaline du spectacle et de cette charmante performance, lorsqu’elle m’interpella de sa voix toute aussi émue que vibrante. Elle était fière de son exploit, de sa vaillance, mais surtout du chant qu’elle avait partagé avec ses camarades de classe, dans une harmonie aussi fougueuse que déjantée alors qu’ils tapaient des mains et frappaient des pieds. Ils s’amusaient déjà beaucoup durant les séances de pratique, mais alors là… LÀ! Comment pouvait-elle définir cela? Ce fut magistral! Éblouissant, même pour eux, qui ne voyaient pas, mais qui vivaient littéralement cet instant! Le summum du fun! Y’avait rien d’autre à dire à ce sujet! Puis, mélangé à cette frénésie, à cette puissante énergie qu’elle avait fait monter en elle au cours de la danse, il y avait maintenant cette explosion de joie qui lui avait couper le sifflet dès l’instant où son regard d’Orisha, parmi la foule, avait cru voir le visage et les prunelles de sa mère. Ce fût de la même force qu’un ouragan, son cœur manquant un battement et sa tête s’enflammant soudainement. Et cette même force l’avait entraîné, comme des ailes qui lui avait poussé, à monter, trois par trois, les marches la menant jusqu’à nos assises pour lui sauter dans les bras.

Et désormais au creux des miens, je ne pouvais que me réjouir du bonheur qui adoucissait le cœur de la jeune fille. Pour un père, il n’y avait rien de plus beau que de voir les étoiles pétiller dans le regard de son enfant, plus encore de ressentir sa joie et son émotion maintenant qu’elle avait celle qu’elle admirait juste à ses côtés. L’embrassant sur le front, à quelques centimètres de son Troisième Œil, je reculais doucement mon visage du sien pour la gratifier d’un grand sourire.

« T’as mis le feu au plancher ce soir! C’était absolument magnifique, championne!

- Héhéhé, ricana l’enfant avant de m’en taper cinq, pleine d’entrain. Y’a que Kaine qui dit des conneries, parce qu’il est jaloux…

- Eh bah! En même temps, tu l’as entendu chanter? Lui glissais-je à l’oreille, comme dans l’intention de lui souffler un secret, alors que Kaine était parfaitement en mesure de m’entendre depuis sa position. La dernière fois, sans déconner, Henos s’est mis à hurler dans toute la maison. »

Toto éclata de rire, portant aussitôt son visage en direction de son frère pour lui lancer un sourire ridicule et moqueur.

« Eh bah? On fait peur au chien maintenant?

- C’est ça, c’est ça, moque-toi, demi-portion. »

Kaine me lança une œillade en coin. À charge de revanche, semblait-il me dire, alors qu’il tirait la langue à sa petite sœur et que celle-ci rétorquait par la même maturité. Cela étant dit, si les chamailleries auraient pu se poursuivre longtemps, nous reprîmes rapidement place sur nos sièges, Toesia Eses allant directement rejoindre sa mère pour s’installer sur ses cuisses afin d’admirer le second spectacle. Par ailleurs, ce dernier ne tarda pas à s’illuminer brusquement sous les projecteurs : des costumes, des cheveux et un parlé que nous reconnûmes tous relativement bien, entrant en scène. Mes oreilles cillèrent doucement à la remarque de Latone. Eh bien, eh bien, cette pièce méritait d’être intéressante.

Et dès le premier fracas, la première intonation de voix, on comprit rapidement qu’une confrontation s’engagea. Le Bleu Roi soulevait ses voix, espérant enterrer l’inflexion des Marcheurs et des Guides qui se mouvaient et se succédaient pour le nuire. Cependant, lorsque la troupe fut accompagnée de Ciel-Ouvert – littéralement – l’autoproclamé s’effondra au sol dans un râle guttural, un entortillement qui semblait faire souffrir chaque morceau de son âme. C’était la fin. La fin d’un règne, d’une histoire, qui fut accueilli et acclamée par toute l’assemblée dans de grands vivats, le nom de « Ciel-Ouvert! Ciel-Ouvert! » résonnant encore quelques instants à travers le Coryphée. Un sourire s'était dessiné sur mon visage, alors que mes bras se soulevaient, plus haut encore, pour féliciter les enfants sur la scène. Ils avaient envoyé du lourd, une performance électrisante qui avait éveillé des frissons dans mon dos.

« Wow! Ils ont vraiment assuré, hein?

- Grave! » Siffla le jeune Orisha, jusqu’à ce que l’interrogation de la petite Toto n’accapare toute notre attention, même celle plus ou moins évasive de Dærion.

Une fois encore, la guerre s’était engagée entre Toesia et Kaine, mais Latone parvint à donner sa part à chacun, après, cela étant dit, quelques vives protestations de la part de la marmaille, tandis que ses yeux bicolores s’accrochaient férocement au mien. Je soutins l’implacabilité de son regard sans mot dire, voyant à travers les pupilles de Léto toute la tempête qui soufflait dans l’esprit de Latone. À ce constat, je me permis un léger sourire en coin. Décidément, il me faudra m’excuser deux, trois, quatre, vingt fois, ce soir, pour qu’elle cesse, enfin, de m’adresser un tel regard. Ce qui s’était passé la dernière fois, durant la chasse à Sauzin, était un… incident, un moment d’égarement. Je ne comprenais pas pourquoi elle m’en tenait encore rigueur. Néanmoins, ce fut sa voix qui sembla couper court à cette étrange atmosphère qui vibrait entre nous, mon visage se détournant brièvement du sien pour embrasser l’ombre de la nouvelle classe qui se glissait sur la scène. Je perdis mon sourire, relâchant un soupir dans la volée, avant de reporter mes yeux sur le visage de Léto tout en contemplant la jeune adolescente qui se tenait sur ses genoux. Il était évident qu’elle passait le plus beau moment de sa soirée, ici et maintenant, sur les jambes de sa mère.

Et pourtant, ce n’était pas… Enfin, c’était tellement compliqué, en réalité, la situation m’étant des plus incongrues et étrangères, et je ne savais pas du tout si je devais me sentir mal à l’aise qu’une autre profite ainsi de tout cet amour, de toute cette affection qui ne lui était pas destinés, ou, au contraire, me réjouir que mes enfants eussent un modèle, une mère qu’ils pouvaient admirer et tenir dans leurs bras lorsque l’absence se faisait attendre plus que de raison.

« Ils ont beaucoup de chance de t’avoir », laissais-je soudainement tomber, sans autre forme d’introduction ou de contexte, rien qu’un sourire en coin avant de reporter mon regard sur la scène, où les enfants, affublés d’instruments, venaient de faire leur apparition.

Je le pensais. Ils avaient de la chance d’avoir Latone, à défaut de ne pas toujours avoir Léto. Au moins, quelque part, la petite fille continuait de nourrir tout cet amour pour sa mère, mais en contrepartie… Je me demandais ce qu’en pensait Latone de toute cela. Elle n’était pas leur véritable génitrice et son rôle de substitut avait découlé d’une certaine nécessité, mais...

« T’as dit quoi, Pa’?

- Que t’avais beaucoup de chance que Mäma soit là, rien que pour toi.

- Héhéhé, ouais! Sourit la gamine tout en renversant sa tête vers l’arrière pour admirer le menton de sa maternelle. On rentrera bientôt à la maison? J’ai hâte d’entendre ce qui s’est vraiment passé là-bas.

- Chut. Ça commence, attention. »

Consciente du respect qui devait être adressé à tous artistes dignes de ce nom, Toesia se tut et reporta son attention sur les enfants, qui s’étaient installés non pas pour expirer un chant, mais une musique. Dirigée par leur professeure, qui faisait office de chef d’orchestre, les jeunes étudiants avaient pris leurs instruments en main et un, et deux, et un, deux, trois, quatre!

♪♪♪♪

« Ce sont les étudiants du programme particulier de musique », spécifia la petite Orisha à sa mère et moi, comme pour justifier à la hâte pourquoi ils étaient aussi doués pour leur âge.

Et il y avait de quoi les admirer. La mélodie était douce, sans artifice, et chaque instrument s’accordait parfaitement à celui de son voisin, comme un ensemble, comme un tout indissociable, qui unissait chacune des notes qu’expiraient la musique. Il n’y avait pas de tambour à grands fracas de pieds et de mains, ni même de chant à proprement parlé, si ce n’était celui de ces ritournelles qui s’enchaînaient harmonieusement et joyeusement depuis l’intérieur des instruments. J’écoutais attentivement, enchanté par le son qui berçait mes oreilles. L’air tranquille, dès lors, s’amusa à tendre et à étirer le rire qui jouait sur la commissure de mes lèvres, et en gardant la tête haute, je me mis à songer à Léto, à cette vie tranquille que j’avais toujours souhaitée que nous puissions partager. Et j'espérais, où qu'elle soit, qu'elle puisse entendre ces échos qui nous liaient ensemble.


1 444 mots



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Latone
Jeu 19 Mar 2020, 15:16

Dans le corps de Léto.

Inflexible, le regard de Latone ne quitta pas une seule seconde la scène. Les mots de Miles auraient pu la déstabiliser, de par leur sens caché, lourd et tranchant. Quelque part, c'était vrai. Avec les responsabilités de Léto par-delà les Mers, ses allées et venues sur les sentiers chantonnants se raréfiaient. Et qu'en était-il de ses devoirs de mère ? Latone fut sa solution, une réponse qu'elle usa jusqu'à la moelle pour le moindre prétexte. Une arme redoutable, une amie de toujours. Elle était son anomalie à elle, cette carte-maîtresse dont elle pouvait être fière. Néanmoins, cette simple conclusion de Miles prouvait ses limites. Latone, à travers ce corps, ne pouvait plus se permettre d'être inaccessible. En tant qu'Esprit, jamais elle n'aurait parié avoir un impact sur des vies. Mais hé, il était déjà bien trop tard. Est-ce que je regrette ? Elle l'ignorait. L'embrassade de la petite Toesia et le franc sourire de Kaine la clouaient sur place. C'était donc ça, avoir de la "chance".

Les premières notes filèrent en douceur jusqu'aux tympans de la titanide. L'école souhaitait donc finir sur leur plus belle prestation. Quelle ironie, justement… Latone n'accueillit guère bien cette cerise sur le gâteau, se contentant d'attendre que le temps passe en observant les réactions tout autour d'elle, sans une discrétion particulière. Toesia était attentive, comme s'ils représentaient un objectif à atteindre durant ses cours pratiques. Kaine, avec respect, ne rompit pas une seule note avec le moindre mouvement futile, immobile telle une statue. À vue d'œil, le message que souhaitait passer cette classe fut bien réceptionné : l'ensemble des spectateurs écoutèrent, se laissèrent transporter simplement ailleurs que dans ce cauchemar en sursis. Latone voulait leur promettre. Elle le voulait tellement qu'elle serait prête à sacrifier bien plus. Ce n'était pas tant le fait de savoir ses liens avec Linos qui l'animaient : Ciel-Ouvert était son berceau, quoi qu'il ait pu arriver. Et sera le tombeau de l'actuel souverain sous la montagne. Dans ce torrent en ébullition, un rire la tira de la noyade : celui de Miles Koërta. Sans gêne, elle le fixa à nouveau, alors que l'orchestre poursuivait. Point d'animosité, ni même de réelle émotion, son regard semblait propre à son essence : dénué de toute étincelle de vie. Il lui faisait penser à une question essentielle : Et après ? À supposer qu'elle gagnera – ce qui arrivera forcément ! – en admettant qu'elle soit sacrée vainqueur, que Linos leur revienne enfin… Que sera-t-elle au final ? Qu'arrivera-t-il pour chacun ? Il lui était étrange de penser au futur, ce n'était pas le lot des Défunts. Un sentiment étrange l'assaillit, une incertitude, une brume épaisse autant sur son passé que son avenir. Cela l'irrita, au fond. Les Vivants se posaient trop de questions, et la voilà à rejoindre leur cortège !
" Tss. " Laissa-t-elle filer en tout et pour tout, alors que le climax du spectacle cloua l'ensemble des témoins. Un tonnerre d'applaudissement masqua son état, qu'elle accompagna nonchalamment lorsque la cadette s'empressa de féliciter ses camarades.

" Allez, on rentre !
La bleue se comporta comme une enfant impatiente, alors que le directeur de l'école s'apprêtait tout juste à inaugurer son discours de conclusion. Bien évidemment, la flamboyante Toesia accompagna la désinvolture de sa "mère" en se relevant tout aussi vite.
- Ouiii ! Raconte-moi tes aventures à Linos ! Et je veux tous les détails ! Kaine leva la main pour tenter de canaliser ce duo, mais les deux filles s'étaient déjà éclipsées entre les rangées. Latone céda à l'envie de l'Orisha de lui tenir la main, pour ne plus jamais la lâcher, tel un souhait d'une enfant vis-à-vis de sa génitrice : ne me quitte plus jamais. Dans ces moments-là, l'Hozro pouvait tout autant exploser intérieurement et maudire sa Chamane de ne pas pouvoir en profiter à sa place. Un jour, ça se saura. À moins d'un miracle. Les deux complices ralentirent la cadence au bout de quelques rues, afin de laisser les autres les rattraper. Toutefois, la Guide ne s'était pas gênée pour satisfaire la curiosité de la petite.
- Nous n'avons rien pu faire la première fois, on ne savait pas vraiment à quoi s'attendre non plus. Je n'ai pas pu sauver Tlaalee-Aan, ni les autres… Un silence de poids entrava la petite Toesia, consciente de la gravité de la situation. Mais quand nous y sommes retournés une seconde fois, c'était la bonne : je l'ai repoussé. Pas vaincu, il a fui, et voilà où on en est. Grâce à Léto, mais ça, impossible de le confier. Et les prochaines fois, la Chamane ne sera pas présente. C'était elle-même, l'arme, pas la Sùlfr.
- Alors il y a de l'espoir si tu as pu le battre ! Tu es trop forte, j'étais sûre que tu y arriverais ! La jeune Orisha ne confia point sa peur de la perdre par-delà la Porte, hors de question de démontrer son inquiétude alors que sa mère s'échinait corps et âme pour leur sauvegarde. Latone la remercia de manière indirecte par un franc sourire, une lueur nouvelle dans son regard. Elles remarquèrent alors enfin que les hommes de la clique avaient fini par les rattraper.
- Il y a encore beaucoup de travail avant de conquérir Linos, mais maintenant que je sais que le Bleu Roi n'est pas invincible, ça va s'accélérer !
- On croit en toi, Mäma.
Assura Kaine, même s'il venait tout juste d'arriver.
- Hééé, c'était à moi de dire ça ! Il lui tira la langue, ce qu'elle fit aussi en retour.
- Ce n'est pas juste mon combat. Ponctua-t-elle en se retournant pleinement vers eux deux. Ce souverain de pacotille est à moi, et après ce sera à vous de prendre la relève ! Toi, toi, toi… Son index fila enfin vers Miles. Et toi. Avant de se diriger vers les cieux. Tout le monde ! Ciel-Ouvert ne va pas chantonner toute seule, hein ! Enhardis par les mots de la Guide, les frangins se tinrent droits comme des piquets et soutinrent son regard.
- Da llikyoo (Oui, cheffe) ! " Latone ignorait fichtrement ce que signifiait le second mot, pourtant elle se contenta bien de leur témérité.

~~~

Guidée par toute la troupe familiale, l'Hozro pénétra à nouveau au sein du foyer ; et cette fois sans avoir à détruire l'entrée. Elle eut comme l'impression de n'avoir jamais profiter de cet endroit, après tout les rares fois où elle s'y rendait, n'étaient que de fugaces passages. Là, c'était telle une première visite. Léto devait connaître cette maison comme sa poche, pour y être entrée timidement les premières fois, puis s'y rendre pour dîner en tête à tête ou avec leurs amis communs, et enfin pour y faire sauvagement l'amour dans les recoins les plus attrayants. Ouh, cette dernière pensée ne l'enchanta guère. Quoi qu'il en soit, Latone fit en sorte de ne pas paraître trop perturbée par l'inconnu, ne se risquant à faire croire que c'était sa seconde résidence. Ce qui était loin de l'être, et à priori ne le sera jamais. " Votre manteau, je vous prie. " Latone réagit au quart de tour en abandonnant le confort et la chaleur de cet habit, afin de s'imprégner davantage du cocon familial. Dessous, elle ne portait qu'un simple haut sans manche, elle l'appréciait pour cette liberté offerte aux muscles saillants de la Souriante. Kaine et Toesia s'étaient précipités à table, entièrement emportés par leurs propres sujets enfantins, malgré tout impatients de voir leur mère prendre place avec eux.

" Bon, il y a quoi au menu ? J'ai très, très faim. " Difficile de vivre dans le corps d'une ogresse, tant son métabolisme réclamait constamment de l'énergie à dépenser. Et les Ætheri savaient combien ils en auront mutuellement besoin pour les prochaines heures.


1360 mots ~



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Miles Köerta
Lun 23 Mar 2020, 04:59

« …

- …

- … »

Le discours continuait et continuait sans que nous puissions y supposer une quelconque fin. La jambe tremblante et piétinante, témoin de mon impatience, j’avais reposé ma tête à l’intérieur de ma paume, coude appuyé sur le bras de mon siège, me demandant pendant combien de minutes, encore, cela durera. Pourtant, j’étais parfaitement concentré sur les propos du directeur d’école, mémorisant, relativement bien, chacune de ses paroles, mais je ne pouvais m’empêcher de me demander combien de temps les deux « enfants » auraient à nous attendre à l’extérieur. À moins qu’elles étaient déjà en chemin pour rentrer à la maison? Et que, dans quelques minutes, elles sauteraient directement sur la nourriture que l’on conservait dans le garde-manger? Je soupirais discrètement, jetant quelques œillades autour de moi pour constater que j’étais le seul dans cet état, il semblerait. Était-ce moi qui trouvais ce discours beaucoup trop long ou bien étais-je simplement incapable de rester assis plus longtemps? Je grognais, soupirais de nouveau, et ce dernier signe de résignation n’échappa pas à l’attention de Dærion, qui observait, depuis plusieurs minutes déjà, les tressautements qui secouaient présentement ma jambe. Aussitôt, l’adolescent aux yeux améthyste parvint à capter mon attention d’un vague geste de la main.

« Devrions-nous les… »

Sa question resta en suspens, la voix du directeur continuant de s’élever à travers tout le Coryphée. Cependant, comme si elle fût le signal de départ, je me redressais rapidement de mon siège, imitant la mère et sa fille, plus tôt, afin de m’éclipser du théâtre.

« Eh mais…

- Allons-y. Ne faisons pas attendre ta mère et ta sœur plus longtemps. »

Le garçon aux yeux bicolores ouvrit la bouche, la referma, réitéra le geste avant d’abdiquer, à son tour, d’une profonde expiration. Traçant notre chemin jusqu’aux marches qui menaient à l’extérieur, nous pûmes remarquer les silhouettes de Toesia et de Léto dans la pénombre. D’un bon pas, nous les rejoignîmes aussitôt, remontant les cols de nos manteaux afin de nous préparer à notre voyage de retour, à travers la froideur de l’hiver éternel de Ciel-Ouvert. Pourtant, entouré de mes enfants, observant, en témoin discret, le bonheur que l’on pouvait facilement reconnaître dans leurs yeux, ni mes cicatrices et ni les morsures du froid ne dérangeaient une quelconque partie de mes réflexions. Au contraire, je me concentrais uniquement sur eux.



« Alors, au menu ce soir! M’exclamais-je en présentant, à la tablée, les victuailles de la soirée. Nous avons des tranches de porc, de la viande de lapin et de yack, accompagnée de crudités, avec leur trempette, de pain et de morceaux de pomme de terre, tout cela, que vous pourrez trempez à votre aise dans de la…? »

Aussitôt, je pointais la jeune fille du doigt, dont le regard se mit à briller instantanément.

« FONDUE AU FROMAGE!! »

Et, comme s’il n’avait attendu que ça, Dærion apparu dans la salle à manger, tenant dans ses deux bras une partie de la nourriture. Rapidement, je vins lui prêter main-forte en allant chercher le reste des aliments, et il conclut l’assemblage du repas par la pièce maîtresse de celui-ci : la petite marmite dans laquelle mijoterait le fromage fondu. Toesia se frotta les mains, avide, alors que Kaine demandait à sa mère de lui passer la cruche d’eau potable. Un par un, je leur donnais leurs fourchettes, gratifiant Latone d’un petit sourire en coin lorsque ce fût son tour.

« J’espère que tu apprécieras, lui avouais-je doucement, mon attention soudainement portée vers Toesia. Eh non, ma chérie : il faut remercier ton frère pour la viande de lapin! »

Nous terminions les derniers préparatifs, activant le brûleur sur lequel reposait la marmite. Cependant, avant de manger, nous récitâmes une brève prière à l’endroit d’Ësse'Aellun pour que le Dieu puisse bénir notre repas. Et, à l’instant où nos doigts se décrochèrent les uns des autres, tout de suite, les petits ogres se mirent à manger, laissant tremper leur viande et leurs morceaux de pain. Bien rapidement, les conversations s’entamèrent, naturellement. Comment Kaine était parvenu à tuer son lapin? Quand est-ce que Papa partirait à sa prochaine Chasse, chez les Corvus? Et quand est-ce que Maman retournera, quant à elle, à Linos pour affronter le Bleu Roi? Et Dærion, la prochaine fois que tu devras acheter les carottes, achètes-les au petit commerce de Déston, et non pas à celui d’Arund : les prix étaient bien moins chers chez le premier! À un moment, Toesia attira toute notre attention, alors qu’elle retirait, d'un mouvement ample, l’une de ses fourchettes de la marmite à fondue.

« Mais en fait, j’y pense depuis longtemps déjà! »

La jeune fille soufflait sur son morceau de lapin, impatiente d’en dévorer la chair, tant la gourmandise la prenait.

« Mais on devrait essayer d’innover en faisant quelque chose d’un peu différent de la fondue…

- C’est-à-dire? Lui posais-je en l’incitant à poursuivre sa pensée, alors qu’elle enfonçait – enfin! – la viande dans sa bouche.

- C’est à cause de Chia! Chez elle, elle a une espèce de plateau chauffant, tu vois un peu le genre? Et puis, sur des plaquettes plus petites... »

L'Orisha déposa l’ustensile qu’elle était en train d’agiter devant son nez, décrivant, à l’aide de ses mains, les dimensions des fameuses plaquettes.

« C’est des sortes de petits poêles en fait…

- Des poêlons?

« C’est ça! Des poêlons! Eh bien, dans ces poêlons, elle met directement ses morceaux de fromage, qu'elle laisse fondre. Et ensuite… »

Toesia Eses mimait chacune des étapes de ses mains, faisant alors le geste caractéristique de quelqu’un qui laissait doucement glisser le fromage sur une surface plane.

« Elle en recouvre sa nourriture avec… »

Rien que d’en parler, elle avait la salive à la bouche.

« On devrait tellement essayer ça, la prochaine fois!

- Ah mais on n’a pas l’équipement pour…

- Je pourrais demander à Chia, de demander à ses parents, de nous prêter le leur! »

J’étouffais un rire dans mon poing, poussant un soupir d’amusement avant de reporter mes yeux dans les siens.

« Tu es à ce point fatiguée de la fondue? »

Elle me regarda d’une expression choquée.

« Mais nooon, rooooh! »

À son tour, elle rigola légèrement, tout en se tournant vers sa mère.

« Demande à Mäma! La dernière fois qu’elle m’a accompagné chez Chia, elle l’a vu! Et ça avait l’air trop bon, hein! »

Et les discussions se poursuivaient comme tel, sans queue ni tête pour certaines, chacun passant du coq à l’âne selon son envie et selon son inspiration de l’instant.

« Oh! Oh! Et Mäma! »

Repoussant soudainement sa chaise, Toesia se précipita dans la pièce adjacente pour récupérer une boîte, qu’elle ramena en vitesse grand V pour la présenter à la titanide.

« Regarde qu’est-ce que Papa m’a acheté, hier? »

Ah! Mais c’était le jeu du Hagydz.

« On peut se faire une partie tous ensemble?

Elle écarta en grand les coins de ses lèvres pour lui adresser un sourire éclatant, où Latone pouvait y voir toutes ses dents. Elle était prête à user de tous ses charmes pour faire flancher sa mère.

« Je vous expliquerais les règles, et tout! C’est super facile! À comprendre, hein, parce que, des fois, il y a des personnalités qui sont fichtrement dures à deviner par contre! »


1 199 mots | Toesia parle de raclette en fait xDD



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Latone
Jeu 09 Avr 2020, 20:09

Dans le corps de Léto.

" Oooh, fromage. Latone connaissait déjà ce met, forcément quand on accueillait les Yacks à Ciel-Ouvert. Par contre, l'idée de le faire fondre… Elle ressentit une ébullition sous ses lèvres, et un singulier gargouillement se fit entendre du côté de son abdomen. Avant tout, l'Esprit participa aux préparatifs de ce qu'il s'avérera être un festin royal, suivant les indications qu'on lui transmettait. Rares furent ces moments où elle s'avéra docile ! Elle céda à un échange visuel avec le paternel lorsqu'il lui confia son souhait d'un dîner de bon augure. Hmm, elle était persuadée que ce n'était pas ce moment-là qu'elle dépréciera, bien au contraire. Tant que les enfants seront dans les parages, aucune étincelle ne prendra. D'ailleurs, elle accompagna toute la troupe dans la prière pour la Famille, même si ce concept semblait encore nouveau pour elle. Lolaha et ses sœurs… Le moment spirituel conclu, ils se jetèrent comme des bêtes affamées sur les victuailles. Tellement de choix s'offraient à Latone ! En se rabattant justement sur la viande de Yack, cela lui évoqua une anecdote qu'elle confiât à Miles. Il y a Cicataz qui travaille sur une potion à base de lait de Yack. C'est ce que m'a dit Ykürr, il garde un œil sur elle. Il ne faudrait pas qu'elle casse tout son matériel comme la dernière fois… " Une affaire à suivre de très près, quoi qu'il en soit, le génie de la Marcheuse n'étant plus à prouver.

Prise de court par la cadette, Latone faillit s'étouffer lorsqu'elle évoqua leur fameuse aventure chez les parents de Chia. Sa connexion avec Léto fut révolue depuis bien longtemps, d'ailleurs elle n'avait jamais été réellement complète ; en dehors des périodes de coalescence, évidemment. Elles partageaient tout au bouche-à-oreille, rarissimes furent les moments où les mots semblaient vains. L'Hozro s'essuya le coin de la lèvre. " Ah, euh. Oui. Oui, les poêlons. Bien sûr. Ses prunelles firent part de sa détresse aux cieux, priant que la situation se dégoupillât sans encombre. Soudain, une lueur fugace et bleutée traversa ses iris, brève et discrète. Raclette ? Émit-elle en guise de réaction.
- Oui, c'est ça ! Ils appelaient ça une "raclette" ! Toesia semblait ravie de cette trouvaille, mais Latone, elle, était décontenancée par ce qu'elle venait de dire. Comment avait-elle pu avoir accès à ce souvenir ?
- Rien n'égale la fondue… " Se borna Kaine en trempant un nouveau morceau de pain dans la marmite entamée. Latone demeura un temps interdite, elle détestait ne pas être maîtresse de ses moyens. En fin de compte, elle se laissa transporter par le fil des sujets, consciente qu'éveiller le moindre soupçon ne leur servira en aucun cas. Encore combien de temps avant que ce cauchemar ne prenne de l'ampleur ? Léto avait le chic de jouer avec les nerfs de tout le monde !

" "Haglisse" ? Répéta la prétendue mère, maladroite. Ses grands yeux vairons s'attardèrent sur l'étrange boîte, qui ne lui évoquait absolument rien de connu.
- Mais non voyons, HA-GYDZ. Tu verras, c'est super simple et super bien ! Accoudé à la table, Kaine lui gratifia un sourire moqueur. Il l'avait bien humiliée la dernière fois. Enfin, nul besoin de se vanter, maintenant que leurs parents rentraient dans l'équation. Latone soutint sa tête avec sa main, l'air abattue.
- Graah, je digère moins vite la fondue que vous, j'ai besoin de me dépenser ! Durant un bref instant, ses yeux rivèrent sur Miles. Bon sang qu'elle voulait se le faire !
- Ce jeu fait réfléchir, c'est une sorte d'exercice, non ? Elle devait convier que c'était la meilleure option. Alors Toesia, toute enthousiaste, lui expliqua peu à peu les règles et subtilités du jeu, tandis qu'ils dispatchaient le matériel sur la table et auprès de chaque joueur. À mesure que les explications s'enchaînèrent, la tête de Léto se décomposa en une mine affreuse.
- Je comprends pas : si j'ai la carte, je sais qui c'est ! Kaine lui montra le plateau et la pioche, patient.
- Non non, si c'est toi qui as la carte, ce n'est pas toi qui dois deviner, ce sont les autres avec leurs plateaux respectifs.
- Et ils doivent deviner quoi ?
- Ta carte.
Sa tête se pencha sur le côté, ses paupières à moitié fermées.
- Et comment ? Léto ne brillait pas par sa finesse d'esprit, les enfants ne devaient pas être dépaysés. Malgré tout, Latone se sentit désarmée, comme si elle faisait tout capoter sans le vouloir.
- En te posant des questions sur la carte, et tu leurs réponds. Un plan d'attaque germa dans la caboche de la Conservatrice.
- J'ai le droit de mentir ?
- Non !
S'offusquèrent les deux enfants, en chœur.
- Mais comment je gagne si j'ai la carte, est-ce que c'est quand personne ne trouve ? Toesia se tourna vers son père, en totale détresse. Kaine soupira, se frottant la tempe.
- Je propose un tour de chauffe pour montrer une partie à Maîtresse Léto. " La proposition de Dærion régla le souci, Latone dût donc s'y plier malgré elle. Pour une fois, elle ne partait pas confiante.

~~~

" Non, Pa', elle n'est pas blonde. Les pions furent abattus les uns après les autres, la sentence arrivait à grands pas. Kaine se tourna vers Latone. À toi, Ma'. La concernée fixa son plateau comme si elle avait affaire à une stratégie de guerre. Ses dents mordillèrent la première phalange de son index. Depuis le début des parties, elle n'avait trouvé aucune personnalité.
- Est-ce qu'elle… est… musicienne ? Les lèvres du fils s'étirèrent, il fallait dire qu'elle avait rarement touchée juste.
- Oui. C'était une bonne chose, mais Latone ignorait fichtrement qui était musicienne dans le lot. Pourquoi avait-elle posé cette question ?!
- Est-ce que c'est la Chrysalide ?
- Oui.
La petite Orisha se levait déjà, triomphante.
- C'est Callidora Raven !
- C'est ça.
Il laissa filer la carte qui révéla bel et bien le portrait de la Vampire. La jeune fille courut dans tous les sens pour célébrer sa victoire, et attrapa la révélation au vol qui racontât que cette femme était capable de, littéralement, transporter ses interlocuteurs dans ses histoires, simplement avec le son de sa voix. Pendant ce temps, Latone désespérait une nouvelle fois face à son manque de déduction. Léto pouvait être fier de ses enfants, c'était une certitude. Kaine lui tapota l'épaule pour la rassurer. Ne t'en fais pas, tu vas bien finir par y arriver. Ce n'est pas facile pour les débutants. Le déclic s'opéra et l'Hozro se redressa d'un seul coup, déterminée.
- Je ne suis plus une débutante ! Elle pointa le majordome du doigt, dents resserrés et bien visibles. Tire la nouvelle carte, allez ! L'empressement de la femme ne le dérangea point, sauf lorsqu'il eut à peine le temps de voir sa propre pioche. C'est Aylivae Song ! Un silence, plutôt gênant. Latone ne se découragea pas et attendit une réponse ferme.
- Mäma, ce… ce n'est pas comme ça qu'on joue. Il ne faut pas dire au hasard ! Son regard tomba sur la victorieuse de la précédente partie.
- Je n'ai pas dit au hasard, je suis sûre que c'est elle !
- Ce n'est pas le cas… "
Dépitée, la bleue resta immobile avant de finir par s'assoir, résignée à continuer la partie dans les règles de l'art. Tout autour d'eux, des Esprits se moquèrent de leur Conservatrice. Attends un peu. Ils étaient invisibles à leurs yeux. Si elle se servait d'eux, en toute discrétion, par exemple en leur indiquant l'une des possibilités sur le plateau, peut-être qu'elle reprendra l'avantage ? Ses sourcils se froncèrent, la battante comptait bien tenter cette carte-maîtresse.


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Miles Köerta
Jeu 23 Avr 2020, 17:03

Au rappel de la fameuse potion, je gratifiais la Bleue d’un regard en biais, les mémoires d’une conversation semblable se jouant automatiquement dans mon esprit.

« Oh oui, je suis au courant : Cicataz est particulièrement fière de sa toute nouvelle idée, riais-je en avalant une première gorgée de ma boisson. Après l’huile d’Irtensiès pour éviter la rouille sur le métal, je me demande à quoi elle a pensé maintenant. Je t’avoue que j’ai pas trop suivi l’affaire, mais les gars me tiennent au courant, comme pour l’histoire dont tu parles. Il paraît que ça a été une véritable catastrophe : du lait partout, même sur le plafond! Une histoire de température trop élevée, quelque chose dans l’style : y’aurait eu une réaction loin d’être escomptée et puis… »

J’avais rejoint mes mains, entrelacé mes doigts, comme si j’essayais de contenir une crépitation, un éclatement.

« Boum! »

Mais l’explosion était trop forte, mes mains s’écartant vivement l’une de l’autre à la suite de la détonation imaginaire. De nouveau, un rire fendit la barrière de mes lèvres tandis que je continuais sur une lancée un peu plus sérieuse, informant la Marcheuse que les vandales ayant saccagé – et détruit – la taverne du bon vieux Rupert n’avaient toujours pas été retrouvés. Je me demandais sérieusement ce qui s’était passé là-bas, à la Hâte Valse, un établissement de restauration qui se situait dans le quartier Aria. J’y avais déjà mis les pieds quelques fois, mais, sans mentir, j’avais toujours préféré l’ambiance du Bar des Cent Hurlements.

« Par chance, tout le monde file un coup de main à ce cher Rupert. C’était son bébé, ce commerce… Murmurais-je en soupirant, passant ma paume contre ma nuque pour la malaxer alors que ma seconde main attrapait l’une de mes fourchettes à fondue qui se trouvait dans la marmite. Si les réparations de l’établissement sont terminées, il va quand même devoir racheter pas mal de stock pour remplir de nouveau ses réserves. »

J’exhalais un grognement. Bon sang… C’était hallucinant, l’ampleur des dommages qui avaient été causés à l’endroit, et pourtant, personne ne semblait se souvenir des événements, tous trop bourrés pour reconnecter leurs neurones ou alors ils avaient fini par perdre connaissance à un certain point de l’histoire. Je mordis dans un morceau de pomme de terre, attendant la réponse de la Marcheuse. Et mon attention, à un certain moment, se tourna lentement en direction du jeune majordome. Ce repas, ces petites attentions du quotidien suffisaient à me réchauffer le cœur. Avant d’avoir mes propres enfants, avant même d’être un adulte, il n’y avait jamais eu que ma mère, mon père et moi. La première, cependant, nous avait quitté beaucoup trop tôt, alors que le second… … Je préférais ne pas y songer. C’était mieux de ne pas y penser. Je soupirais, voyant alors Toesia revenir en trombe dans la salle à manger avec une boîte dans les mains. À cet instant précis, je me mis à sourire.

Un silence de plomb avait suivi la soudaine agitation de la Marcheuse, dont l’allure désappointé n’échappa pas aux deux enfants. Ces derniers se dévisagèrent brièvement avant de reprendre doucement la partie. Dærion, quant à lui, ne faisait pas grand cas de ce qui venait de se produire, restant fidèle à lui-même, c’est-à-dire imperturbable et silencieux. Alors que nous observions notre plateau afficher de nouveaux visages, mon oreille se tendit, curieux, aux paroles de Kaine, qui venait de se pencher à la hauteur de sa sœur pour lui souffler quelques mots :

« Mäma est vraiment nulle à ce je–

- Oh! Tu dis n’importe quoi! Elle est pas habituée, c’tout! Riposta véhément la cadette en enfonçant son poing dans le ventre de son frère. Regarde-la bien, elle va t’époustoufler! Elle n'est pas nulle : y'a eu que des mauvais départs. »

Kaine souleva un sourcil dubitatif, tandis que je levais les yeux vers le ciel, reportant, cependant, mon attention vers mon propre plateau.

« Est-ce qu’il s’agit d’un homme? Repris l'archer aux yeux vairons en se repositionnant sur sa chaise.

- Oui. »

Les premiers portraits disparurent du plateau, nous laissant encore dans le flou absolu. Le domestique porta son regard violet sur la jeune Köerta. Elle s’était murée dans un silence insondable, profondément concentrée. Elle devait poser une question qui permettrait de retirer un maximum de personnalités. Qu’est-ce que la majorité de ces hommes avaient en commun? La couleur des cheveux? Des yeux? Les métiers, elle y penserait plus tard, ne connaissant pas la moitié des emplois que ces gens pouvaient exercer de toute façon.

« Est-ce qu’il a les cheveux… Elle marqua une pause. Foncés?

- Hum… Oui.

- Est-ce qu’il est ou a déjà été Roi?

- Non. »

Mes sourcils se froncèrent alors que je cherchais qui pouvait correspondre à cette description. L’adolescent aux yeux améthyste chercha le regard de la Bleue.

« À votre tour, Maîtresse Léto », l’invita-t-il, les enfants détournant momentanément leurs mires de leur plateau respectif.



« Et elle s’est finalement endormie… » Chuchotais-je en étirant mon bras au-dessus du visage de l’enfant, caressant tendrement la ligne de sa joue pour repousser quelques mèches de cheveux qui lui barraient le visage.

Toesia s’était, en effet, assoupie en appuyant sa tête sur le bras de la titanide au beau milieu de la partie. Depuis une dizaine de minutes, nous l’apostrophions pour qu’elle aille se coucher, mais elle avait voulu rester malgré la fatigue qui commençait à s’étendre dans l’intégralité de son corps. Pour l’enfant, chaque seconde qu’elle passait auprès de sa génitrice était une seconde merveilleuse qui valait bien plus que les heures de sommeil qu’elle pouvait perdre dans le processus. Pourtant, le spectacle, le repas, le jeu… Ce n’était pas surprenant qu’elle soit complètement vidée à l’heure actuelle. Malgré toute l’énergie qui courrait dans ses veines, ses réserves n’étaient guère inépuisables et elle avait fini par les dépenser, jusqu'à la dernière goutte, après cette journée bien chargée : elle méritait son repos. Doucement, je remontais mon regard dans les iris dissemblables de Léto.

« J’pense qu’on peut dire que la partie est terminée pour ce soir… »

Kaine ne prononça aucun mot, mais le bâillement qu'il souffla répondait de lui-même.

« J’vais aller me coucher, moi aussi, finit-il, cependant, par dire en s’étirant. J’dois me lever de bonne heure, demain matin.

- Ton rencard? Plaisantais-je, faisant aussitôt monter le rouge à ses joues.

- Mais t’es lourd! C’est pas un rencard, j’te dis! Elle veut seulement que je l’aide à choisir la meilleure arbalète pour son père. »

Mes iris pétillaient de malice et, devant ce fait, mon fils ne put retenir le grognement qui vibrait dans sa gorge.

« C’est bon, tu m’soûles, répliqua-t-il en s’approchant de sa mère et de sa sœur. Je peux l’amener jusque dans son lit, si tu veux. »

J’engouffrais ma main dans ma tignasse, me retirant également de mon siège pour ramasser le reste des grignotines que nous avions conservé sur la table durant le jeu. Dærion avait fait de même, commençant à ranger les cartes et plateaux du Hagydz dans leur boîte.

« Bonne nuit!

- Bonne nuit à toi aussi. »


1 199 mots | Kaine peut avoir amené Toesia à son lit ou pas du tout, à toi de voir =D



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Lun 27 Avr 2020, 19:51

Dans le corps de Léto.

" Laisse. Intima-t-elle lorsque le jeune homme proposa de donner sa personne. Je vais le faire. " Elle lui tapota le haut de son crâne, prenant énormément sur elle pour ne pas lui faire le moindre mal, malgré elle.

Son sourire était crispé, la commissure de ses lèvres tressautait alors qu'elle riait à intervalles réguliers bien trop bas. Depuis la fin de ces parties, Latone n'avait de cesse de fixer Miles, de plonger son regard au plus profond de son âme. Car, il le savait, le moment était venu. La fondue qui la pesait, le fait que les Esprits ne l'aient pas DU TOUT aidée pendant le Hagydz, la simple présence du fouteur de troubles… Tout ce cocktail la faisait bouillir. Et c'était déjà le cas depuis qu'elle était entrée dans cette maison, alors autant dire que la température montait encore d'un cran. Latone souffla, visiblement agacée, elle n'en avait strictement plus rien à faire de ce qu'on lui dirait. Tant pis pour Léto si elle se fait grondée ou détestée par sa famille. Son bras glissa sous le corps chétif de la cadette, même l'Hozro était capable de la soulever. Et ce n'était pas du tout grâce à la musculature de la Chamane, non ! Latone était dans le déni. Pourtant, elle continua d'insuffler un grand bol d'air à ses poumons et de marcher droit vers la chambre de la petite. Quoique non, les pas de la titanide s'arrêtèrent net et elle pivota vers Daerion. " Bonne nuit. Dit-elle sèchement avant de fixer quelques secondes l'Orisha. Je t'attends dans notre chambre. " Elle retint un sourire carnassier, comme si elle allait le bouffer. Mais non, pour le moment, elle se contenta de ramener l'endormie dans sa chambre. En passant devant celle de Kaine, Latone hésita. Ses yeux descendirent sur la petite Orisha et les paroles de Miles résonnèrent dans son esprit. En quoi cette situation était une chance ? L'absence de Léto pesait énormément sur cette maison, même sur cette ville en fait, et tôt ou tard, ça se saura. Latone en avait ras-le-bol de se cacher, ras-le-bol de devoir imiter un rôle qui ne lui collait pas, et encore moins de voir Prune ou Miles déraper sur son cas. Ses doigts se resserrèrent sur le corps frêle de la fillette et auraient très pu aller jusqu'au sang si Kaine n'était pas arrivée dans son dos.

D'ailleurs… " Kaine. Le jeune homme frémit, voyant bien que sa "mère" souhaitait lui dire quelque chose. À propos de cette fille… Il soupira, déjà lassé par les moqueries de ses parents.
- Oh non, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi…
- Laisse-moi finir !
Cria-t-elle, énervée. Autant dire que cela lui coupa le sifflet et Latone ne sut pas vraiment si c'était la bonne façon de procéder. Hum hum… Elle abaissa son ton, constatant le regard fuyant du chasseur. Propose-lui une arbalète bien lourde. L'idée l'étonna, et cela se lit sur son visage. Parce que… C'est puissant. Elle leva les yeux au plafond. Et les filles aiment bien les grosses arbalètes.
- Euh…
Il n'était pas convaincu et Latone non plus, dire qu'elle essayait simplement d'aider, d'aiguiller les enfants à la place de LEUR MÈRE. La taille n'a rien à voir av—
- Tu as bien raison. Bonne nuit, mon grand ! "
Et elle détala, laissant un pauvre Kaine tout circonspect. Ce n'était pas vraiment sa faute, Léto devait sûrement paraître bizarre parfois, la connaissant. À la différence que Latone, elle, n'avait pas du tout la fibre maternelle. Elle aimait bien ces garnements, mais ne les voyaient que comme des hommes et des femmes juste plus petits. Ce devait être sûrement à cause de son expérience avec autrui qu'elle les traitait ainsi, comme leur égal. Parfois, même un adulte ne l'impressionnait pas.

~~~

La porte se referma derrière elle, sa main relâcha la poignée alors qu'il lui venait à la réflexion que la petite Toesia devait être très fatiguée pour ne pas avoir ouvert les yeux. Son cri de tantôt, tout ce périple pour la déposer dans son lit, pas un mot avant de se coucher. Bon, peut-être que… Latone se disait qu'elle ferait mieux de rester au moins jusqu'au matin pour ne pas blesser l'adolescente. Toutefois, rien que cette entrée dans le cocon conjugal ne lui plaisait pas. Les iris dissemblables balayèrent la pièce, découvrant pour la première fois cette intimité dont partageaient Miles et Léto. Ce qui la frappa tout de suite, c'était cette odeur. Ce mélange des fragrances, des présences. Faisant fi des Esprits un peu trop curieux – tiens, ils devaient bien se rincer l'œil quand la Souriante s'y présentait – elle s'avança à l'instinct de son odorat, ses doigts frôlèrent le mobilier, les tissus. Elle reconnaissait l'odeur de Léto, ce caractère un peu fort, à la fois boisé et floral, et puis il y avait cet autre effluve, ce côté plutôt… sauvage, animal. Sans comprendre comment, cela lui fit revivre ce souvenir dans la tente, ce baiser que Miles déposa sur ses lèvres. Oui, c'était bien son odeur. Ses sourcils se froncèrent : était-ce à cause de cette ambiance, de ce fait que, quelque part, Léto était toujours là, chez lui, qu'il se sentit pousser vers elle ? Sa tête se secoua : non mais quelle idée ! Pourquoi cherchait-elle des explications rationnelles à son acte ? Qu'est-ce qu'elle en avait à faire à la fin ? Cela ne lui ressemblait pas d'être empathique, tout ce que Latone voulait, c'était de lui faire payer.

Et justement… Miles pénétra enfin dans la pièce doucement éclairée par une bougie sur la table de chevet, le reste plongé dans les ténèbres d'une soirée tardive. Il y trouva une Latone plutôt chapardeuse, qui fouillât sans embarras les affaires laissées par la Chamane.
" Ça fait très longtemps qu'elle n'a pas porté ça. Commenta-t-elle en extirpant un grand châle blanc, forcément possession d'une femme très grande. Son regard pétilla lorsqu'elle découvrit quelques secrets au fond de ce tiroir. Tiens donc… De la lingerie plutôt osée, rien de très sophistiquée mais dans ces montagnes, c'était plutôt une mine d'or pour les couples. La Conservatrice en tira un sous-vêtement très suggestif et l'agita du bout de son index sous le nez de l'Orisha. Ça aussi, ça fait longtemps qu'elle n'en porte pas. Du tout. " Il se balança quelques secondes, un sourire provocateur s'étira sur les traits de Léto avant qu'elle ne rît aux éclats et ne jetât cette chose à l'autre bout de la pièce. Suffisamment amusée, Latone se releva, dominant Miles. Enfin, il était quand même assez grand, c'était peut-être l'un des critères qui fit tomber Léto raide dingue de lui. Et les cicatrices. Et… Tss, Latone n'avait pas que ça à faire d'étudier l'animal, puisqu'elle comptait le mettre en pièces. Soudain, le corps de Léto vacilla et chuta sur le lit. À sa place, Latone apparaissait sous sa forme originelle, ses cheveux bleus se balançant dans l'atmosphère particulière de l'outre-monde.

" Écoute-moi bien, Molosse. Tu vas me laisser parler, car si tu m'en empêches, je vais la laisser crever ici et tu ne pourras rien faire pour la ramener. Avec de la chance, la Draugr se trouvait dans l'Au-delà, et un aller jusqu'ici lui prendrait des jours, juste assez pour que son corps pourrisse si son Hozro ne faisait rien. Regarde-la ! Elle lui présenta le corps sans vie, encore beau à admirer à ses yeux sans doute. Je ne suis pas elle, et rien ni personne ne me fera devenir comme elle ! Son index se colla sur le torse du fiancé. Tangible, il pouvait ressentir le froid de la Mort le toucher. Vous finirez par le comprendre tous les deux, tôt ou tard, mais je ne deviendrai jamais comme elle, car je n'en ai pas envie ! Et finalement, ça te concerne aussi. Car tu as osé. Son front se plissa davantage sous l'impulsion. Tu as osé me prendre pour elle, alors que ce n'était pas nécessaire ! PERSONNE NE NOUS REGARDAIT NI NE NOUS ÉCOUTAIT ! Son poing se resserra, elle voulait tellement l'abattre. Je ne veux pas que tu m'embrasses ! Non, que tu l'embrasses… Que… tu… Elle recula, son regard virevoltant entre Léto et Miles. Bon sang, comment devrait-elle réagir ? Comment devrait-elle régler cette situation ? C'était étrange de se sentir viser par le geste de l'Ashkaä alors que, de toute évidence, ce n'était pas le cas. Ce n'était pas elle. Sa main se porta à son visage, cette sensation fut à nouveau perceptible : la caresse de Miles sur sa joue, le baiser sur ses lèvres. Milesss… ! " Grogna-t-elle à la limite du sifflement. Cette fois, son regard fut injecté par son vice pur.

Latone fondit dans le corps de Léto. Pendant quelques secondes, celui-ci ne mouva pas d'un pouce. Pourtant, l'Esprit continuait de bouillir à l'intérieur. Oui, elle était marquée, dans la Vie comme dans la Mort. Sans crier gare, Latone se releva et se prépara à lui sauter à la gorge :
" Je vais te buter ! " Des éclairs sortirent de ses yeux, illuminés par la colère bleue.


1602 mots ~
J'espère que la chambre est grande, sinon bonne chance 8D



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Miles Köerta
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Miles Köerta
Sam 16 Mai 2020, 20:47

« Un problème, Dærion? L’interpellais-je en regroupant, dans ma main, le reste de la vaisselle qui traînait sur la table à manger.

- Avez-vous fait quelque chose à Maîtresse Léto? »

Je ne répondis pas, poursuivant mon rangement.

« Quelque chose qui aurait pu la mettre en colère? »

Je soupirais, relevant finalement la tête dans sa direction pour le fixer franchement.

« Honnêtement? J’ai ma petite idée… Répondis-je tout en esquissant un vague sourire, dont les commissures hésitaient entre l’ennui et la tension. Elle est peut-être amère maintenant, mais ne t’en fais pas. Elle se calmera. Il faut juste que je lui explique… comme il le faut? »

Même si je n’avais aucune idée de comment désamorcer la bombe que j’avais activé. Pour la deuxième fois, nouveau soupir.

« Tu sais quoi? Va te reposer. Tu as beaucoup fait aujourd’hui, pour Toesia, pour Léto, et ce délicieux repas…

- Vous êtes certain? »

J’acquiesçais en hochant de la tête tout en le gratifiant d’un grand sourire à la volée.

« Bonne nuit, Dærion. Et encore merci pour ton travail. »

Si l’adolescent hésita quelques instants, il finit par se plier aux ordres en abaissant son buste vers l’avant. Il abdiquait maintenant, mais les interrogations courraient toujours entre ses deux oreilles.

« Comme vous voudrez, Maître. J’espère que vous passerez une belle nuit. »

Sincèrement, moi aussi.



… Mais l’espoir que je nourrissais n’était décidément pas suffisant pour ce qui m’attendait. En refermant la porte derrière moi, un haussement de sourcil vint soulever mon front. Que faisait-elle à fouiller dans les tiroirs de Léto?

« Si les habits te plaisent, tu n’as qu’à les porter », ironisais-je.

Mais elle ne semblait pas m’écouter, retirant des vêtements dans une première main, agitant un sous-vêtement de la Chamane dans l’autre, et lorsqu’elle préféra rejeter ce dernier à l’autre bout de la pièce, j’avais simplement suivi son mouvement des yeux, découragé par son comportement puéril.

« Tu as terminé? » Lui lançais-je comme toute répartie alors qu’elle expirait un rire de pur plaisir entre ses lèvres et qu’elle vint chercher d’elle-même mon regard pour ne pas que je me dérobe sous son injonction.

Cependant, mes yeux ne restèrent pas bien longtemps dans les mires de la Chamane, le corps de celle-ci s’effondrant soudainement au-dessus du lit. La silhouette ne bougeait pas, raide et sans vie, alors que l’Esprit qui la possédait, quelques secondes plus tôt, se tenait désormais face à moi, baigné dans son caractéristique éclat bleu. Je l’écoutais sans broncher, conservant désormais mon attention dans sa direction, même si, durant un certain temps, tout mon intérêt s’était instinctivement porté vers le corps inanimé de la blonde. Malgré les menaces et la colère qui suintaient de chacune de ses paroles, j’étais persuadé que Latone ne ferait jamais ça. Pas à Léto. Pas après tout ce que cette dernière lui avait offert dans cette « seconde vie. »

« On ne te demande pas de… »

Mais elle continuait, sans relâche, sans me laisser en placer une, et, à un certain point, je finis par me murer dans un silence brut et insondable.

« Alors que ce n’était pas nécessaire? Murmurais-je, d’un timbre à peine audible, semblerait-il, puisqu’elle poursuivait sur sa lancée surprenante et déroutante. Tu… »

Plus les mots se succédaient à la sortie de sa bouche et plus la dimension de mes yeux, à l’intérieur de mes orbites, s’agrandissait. Tout à coup, je ne savais plus ce qu’il me fallait pardonner : le fait de l’avoir embrassé, celui de l’avoir prise comme ersatz de Léto, voire même les deux… Cette dernière option étant vraisemblablement la plus probable. Je baissais brièvement les yeux vers le sol, considérant mes pensées antérieures, celles-là mêmes que j’avais voulu aligner plus tôt pour lui énoncer qu’on ne lui demandait en rien de ressembler à Léto. Je… Non, bien sûr qu’elle n’avait pas à devenir comme elle! Juste… pour les enfants… Pour la famille… Je me pinçais l’arête du nez, soufflant un faible « Latone… » entre mes lèvres, mais les événements s’enchaînaient rapidement.

Et cette fois-ci, l’Horzo disparut sous mes yeux, mon regard pivotant directement jusqu’à la silhouette de la Souriante. S’il n’eut aucun mouvement, aucune respiration pendant un moment, le corps de la titanide finit par frémir violemment avant d’être parcouru par une animation nouvelle, par la Vie grouillante et bouillonnante de la Bleue. Imperceptiblement, je laissais un sourire s’étirer sur la commissure de mes lèvres, alors que je relevais la tête, ancrant finalement mon regard dans le sien.

« Latone… » Répétais-je, bien plus fort que précédemment.

Ma voix prenait des accents doux mais graves à la fois, un grondement s’élevant et s’étirant de plus en plus à chacune des syllabes de son nom.

« Calme-toi, tu veux? »

Mais elle était possédée par la colère. Celle-ci semblait la rendre inapte à toutes formes de discussion tandis que la foudre commençait à la parcourir de bas en haut. Mes sourcils se froncèrent à ce constat, mes poings se contractant férocement. Au diable les pourparlers, au diable la diplomatie. Elle voulait régler ça aux poings? Très bien.

« Amènes-toi », grognais-je avec la même véhémence, des éclairs crépitant sur l’épiderme de mes bras, de mes jambes et de mon visage, à l’instar de sa fureur à elle.

Cependant, si mes dernières paroles lui étaient offertes comme une invitation, je fus le premier à initier le mouvement, me déplaçant d’un pas vif pour me rapprocher de sa position. Depuis des années, j’avais pris pour habitude d’attaquer sournoisement, d’attaquer rapidement, les longs et éreintants combats n’ayant jamais formé ni endurci mon corps, bien au contraire. C’est pourquoi je m’étais toujours entraîné dans les assauts furtifs et discrets, véloces et sans bruit, appréciant le travail net et sans bavure qu’une véritable boucherie d’os cassé et de sang giclé. Mais, je connaissais le style de Latone, pour l’avoir admiré et observé à plusieurs reprises. Elle était une bombe qui pouvait détoner à tout instant; une explosion qui envoya sa première déflagration dans ce coup de poing qui visait à arrêter ma brutale tentative de rapprochement. Elle avait toujours eu une force de brute et le fait qu’elle possédasse le corps de la Chamane ne ferait certainement que rendre encore plus douloureux chacun de ses assauts.

Ainsi, dans un jeu de pieds adroit, soutenu par ma vision du Traqueur, je me décalais promptement sur le côté, attrapant son poignet à deux mains, les étincelles de la foudre galopant et se mêlant sur nos deux peaux en contact. Profitant de la vitesse qu’elle avait insufflé à son offensive, je tirais brutalement son bras vers l’avant, levant ma jambe dans les airs, dans le même mouvement, pour fracasser mon pied dans son dos : dans le meilleur des mondes, elle tomberait au sol, emportée par le choc, autrement, elle serait déséquilibrée, suffisamment longtemps pour que je prenne rapidement l’avantage. J’avais surtout en tête de la maîtriser avant de passer à l’action de sorte à pouvoir la plaquer, l’immobiliser et m’éviter au possible ses coups de furie enragée. Et c’est pourquoi l’enchaînement ne se fit pas attendre, tandis que je me rapprochais à nouveau de sa position.

Mais avant que je ne puisse réagir, la Bleue avait soudainement freiné sa glisse, pivotant son corps à la manière d’un tourbillon, sa jambe s’étirant pour rencontrer mon flanc de plein fouet. Je serrais la mâchoire, refrénant la douleur qui vrillait dans l’intégralité de mon être. Pendant ce temps, Latone bondit sur moi, nos deux silhouettes se mélangeant aux draps du lit, alors que les étincelles de la Foudre marquaient les tissus de rayures brunâtres.

« Tu veux qu'on arrête cette mascarade? Tu veux te libérer? » M’emportais-je en retenant ses poings, mais ma prise m’échappa soudain, permettant à l'Horzo de me repousser sur le côté et de me faire rouler par terre.

Je m'écrasais au sol. Je voulus me redresser. Elle s'effondra au-dessus de moi, me comprimant la cage thoracique en me rejoignant au sol. J’évitais une première valse de phalanges, mais l’une de ses jointures se craqua violemment contre ma mâchoire. J’expirais un râle, braquant vivement mes yeux dans les siens.

« Latoneeeee! »

À sa rage, je répondis par un grognement encore plus bestial, guttural, soulevant prestement mon buste dans l’intention de la faire basculer, mais son poids m’empêchait de la chasser et je fis la première chose qui me traversa l’esprit. Je renversais tout le haut de mon corps vers l’arrière, et, serrant les dents, serrant les poings autour de ses bras, je fracassais avec sauvagerie mon front contre son visage. Le choc vibra, courut, explosa dans l’intégralité de mon crâne, la palpitation se heurtant jusqu’aux tréfonds de mon âme.

Sonné et chancelant, je parvins néanmoins à m’extraire de son obstruction, envoyant un nouveau coup de pied dans sa direction pour la faire chuter avant de lui sauter à la gorge, enserrant bien fortement ses avant-bras, bloquant bien solidement mes genoux à sa taille pour l’empêcher de bouger. Mon front saignait. Ma bouche me faisait mal. Des fissures s’étaient légèrement ouvertes à la suite de la collision. Pourtant, je m’en contrefichais. J'avais connu pire. Je pouvais encore supporter.

« Me regarde pas comme ça : tu l’as bien cherché, ricanais-je tout en lui adressant un sourire, mais ce dernier s’effrita après quelques secondes à peine, retombant comme la Foudre qui léchait nos chairs. Es-tu plus encline à parler, maintenant? J'approchais mon visage du sien pour ancrer mes yeux dans ses prunelles. À me dire clairement ce que tu veux, Kaosh mhel Keajiak? (Fille des Chants?) »


1 597 mots | Du coup, Latone peut se défaire de la prise de Miles, si tu veux; la suite est à ton bon vouloir 8D

Sinon, il utilise les pouvoirs suivants :
- Maîtrise élémentaire de l’Électricité
- Œil du Traqueur, qui lui permet de décrypter et de copier rapidement les mouvements d’autrui, ce qui augmente ses réflexes. À cause de cela, les veines de ses tempes gonflent et deviennent extrêmement apparentes, tandis que les pupilles de ses yeux rétrécissent pour devenir des fentes.



Les frimas dans ton cœur | Miles  Signat16
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Latone
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Latone
Ven 22 Mai 2020, 17:04

Dans le corps de Léto.

Latone n'écoutait pas. Les lèvres de Miles se mouvèrent sous ses yeux embrumés par la colère, mais aucun son ne lui parvenait. Seul le cœur de Léto, à l'instar d'un tambour de guerre, résonnait au sein de l'Esprit. Les éclairs de Miles filèrent aussi tranchants que les siens, son instinct l'obligea à réagir sur-le-champ. Néanmoins, son ivresse combattive lui fit totalement omettre la dextérité de l'Orisha, qui la maîtrisa sans grand mal au début. Latone ne lâcha pas prise pour autant : le corps de la Chamane pouvait largement encaisser, alors elle renversa la cadence et fit en sorte de lui infliger le maximum de corrections possibles. Qu'importe leur lit, le mobilier, et même les enfants : ils se réveilleraient et pleuraient qu'elle s'en ficherait ! Tout ce qu'il lui importait, c'était de prendre sa revanche sur la désinvolture du Molosse.
" Ferme-la ! " Cria-t-elle entre deux attaques avant de le jeter à terre et d'en profiter pour l'écraser. Il était sa proie maintenant ! Son subconscient jubilait, alors que son enveloppe charnelle transpirait toute la véhémence du spectre. En préparant un nouvel assaut, elle laissa une trop grande ouverture, dans laquelle Miles s'engouffrât pour lui asséner un coup fatal. Si la caboche de la Draugr s'en remit assez vite, ce n'était pas le cas de l'Hozro à l'intérieur qui vacilla et faillit perdre le contrôle. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, c'était elle, la proie.

" Ce que je veux ? Répéta-t-elle, en accentuant bien sur le pronom. Qu'est-ce que Léto voudrait ? Qu'est-ce que Lolaha voudrait ? Bon sang, pourquoi pensait-elle à ça ? Toute cette mascarade la tiraillait, la gonflait pour être clair. Cette question l'emmerdait, qu'est-ce qu'elle en savait ? Elle n'était pas censée réfléchir à ce genre de choses trop vagues. Et puis… Arrête de parler en Orisha, j'ai l'air d'une timbrée à trois yeux ?! Son réceptacle se rapprochait davantage de l'ancien peuple aux yeux vairons, aussi. Léto ne connut jamais le Troisième Œil et ne l'éveillera jamais. Si Latone concédait cet aparté, c'était simplement parce qu'il était en position de force. Une partie de sa cervelle cherchait un moyen de s'en sortir, et, avec un peu de chance, ne plus avoir affaire avec lui ; tandis que l'autre modelait une réplique acceptable. Ce qu'elle voulait. Un silence s'ensuivit où Latone fixait l'Ashkaä, comme pour comprendre son intention. … Je ne sais pas. Elle était ferme. Je ne sais pas ce que je veux. Claire et concise. Pourtant, soudainement, elle souriait comme une démente. Eh oui : elle allait se libérer. Un flash se produisit entre eux et Latone se retrouva dans son angle mort. C'était stupide de parler, là ! Il voulait ses mots, alors soit, mais ensuite… Je vais te faire oublier que Léto est là, tu vas détester la voir et ne plus jamais me regarder comme ça ! " Son discours était ambigu, involontairement confusant du fait de son état. Consciente que le Gène ne s'activerait qu'une seule fois, Latone replongea illico dans la valse mortelle.

D'une poigne de fer, elle agrippa l'Orisha des deux mains et usa de la force de son réceptacle pour le soulever au-dessus de sa tête. Latone calibra mal son action : ses jambes firent face au lit, alors qu'elle comptait bien l'écrabouiller au sol. Tant pis, ce serait trop risqué de tenter une rotation, surtout avec l'irritante agilité du chasseur. Avec le plus de puissance possible, elle accompagna son geste pour enfoncer l'Orisha dans le matelas, de sorte à en retester les lattes et la structure. Sans le lâcher, elle s'apprêta à le rejoindre dessus afin de consolider son emprise, toutefois le Molosse n'en resta pas là et lui attrapa la cheville pour la déséquilibrer. Elle chuta à moitié sur le rebord du berceau conjugal et reçut un revers du pied en pleine face. La guerrière se laissa tomber sur le sol et entreprit un ersatz de roulade pour se ressaisir : trop tard, le Köerta s'éjectait déjà sur elle et la plaqua contre le mur adjacent. Leurs masses respectives et la cinétique engendrée par l'élan firent vibrer les murs, et sûrement une bonne partie de la demeure à bien y réfléchir. Latone serra les dents, le tonnerre crépitait au niveau de ses iris bleutées ; Miles avait affaibli ses jambes par des coups bien placés et maintenait tant bien que mal ses bras. La bleue refusa d'en rester là et lui rendit son dû : un coup de boule, en retour du sien de tantôt ! Si cela la libéra un instant, cela ne lui suffit pas à esquiver la droite de l'Orisha. Surprise, le corps de Léto s'était à moitié tourné, Latone n'eut pas le temps de s'en remettre que Miles tenta à nouveau de l'immobiliser contre le mur, cette fois en usant de tout son corps pour la plaquer dessus. L'Esprit ressentit son souffle chaud sur sa nuque, son buste contre son dos et son emprise sur ses mains qu'il joignit entre ses doigts. Latone grogna de plus belle, il était hors de question qu'elle soit encore en position de faiblesse ! Elle s'agit, comme démente, afin de masquer son véritable but : relever son pied pour le déposer contre le mur et pousser avec afin de l'emporter avec lui. Pour la troisième fois consécutive, ils se retrouvèrent sur le lit ; décidemment, celui-ci fut confectionné avec une matière bien solide. La propulsion fit presser l'Orisha entre les draps et elle, cependant elle ne maîtrisa pas le bond et termina de l'autre côté de la couche. Un bruit sourd se fit entendre.

Sa vision se flouta. Ce n'était pas le corps de Léto qui fut malmené mais l'Hozro le possédant. Latone peinait à se relever, du sang s'écoulait sur sa nuque mais elle savait que ce "petit" coup à la tête ne serait qu'une broutille pour la battante ! Malgré tout, cela lui prit un temps fou à se remettre sur ses deux jambes. Elle faillit basculer en arrière, sa main se rattrapa au rebord de la fenêtre. De l'extérieur, ce devait être un spectacle explosif, si on omettait le blizzard naissant.
" En… core… Exigea-t-elle, son attention tournée vers le lit. Sauf que lorsqu'elle reprit suffisamment ses moyens, l'Orisha n'était plus là. Celui-ci profita, en effet, de cette pause pour l'embusquer et la plaquer par terre comme tout à l'heure. De nouveau prisonnière, les yeux de la bleue s'écarquillèrent, d'abord abasourdie, puis exacerbée. Milesss... ! Enfin, noyée dans le déni. Totalement allongée sur le dos, la Conservatrice ne sembla plus exprimer la moindre étincelle de révolte. Miles fit bien, quand même, de maintenir son emprise sur elle. Les yeux rivés sur le plafond, Latone écouta les derniers crépitements de la lutte s'éteindre au fur et à mesure. Ses joues étaient rouges, sa respiration plus forte. Ça fait du bien… Admit-elle sans trop le vouloir, presque trop bas. Et maintenant, une seule chose comptait pour elle. L'Esprit était incapable de répondre aux questions du chasseur, cependant elle entrevit une porte. Un moyen pour tous les deux d'arriver à leurs fins. Ses prunelles retournèrent sur lui, inflexibles. Doucement, les coudes de Léto remontèrent le long du plancher jusqu'à elle, afin qu'elle puisse en partie redresser son buste et faire face à lui. Ses poings n'étaient plus resserrés. Qui suis-je pour toi ? "


1292 mots ~

Le Gène de Protection : Le Gandr/Sùlfr est capable de se libérer de toute contrainte physique, mentale ou magique. Utilisable qu'une fois par jour in RP



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Miles Köerta
Mer 27 Mai 2020, 20:45

Le dernier coup de boule avait été fracassant, renvoyant tout mon corps vers l’arrière. Si je n’avais pas perdu l’ascendant sur la furie pour autant, mon nez en disait autrement, les gouttes de couleur vermeil dégringolant sans arrêt le long de mon menton. C’était emmerdant.

« Mais calme-toi… » Sifflais-je, exaspéré, tout en balayant rapidement la rivière écarlate qui prenait sa source depuis l’une de mes narines.

Pourtant, je m’élançais de nouveau sur elle pour la rejeter au sol, quittant le pli des draps dans un saut. À mon tour, je la coinçais sous mon poids, amenant ses bras au-dessus de sa tête tout en comprimant le haut de ses cuisses sous mon bassin.

« T’as repris tes esprits, maintenant? C’est bon à savoir. »

Malgré tout, je ne la délivrais pas immédiatement, jugeant son regard et le rythme de sa respiration un certain temps. La foudre avait quitté ses prunelles et ses inspirations comportaient simplement les halètements subsistants de l’énergie qu’elle avait déployée au cours de la confrontation. À ce constat, je me permis de la libérer, retirant finalement l’anneau que j’avais maintenu autour de ses poignets pour la restreindre au mieux. La laissant se redresser, je profitais de ce statu quo pour expirer une grande bouffée d’air à mon tour, essuyant pour une énième fois le sang qui s’écoulait de mon nez. Je pouvais sentir mon cou qui me lancinait, tout comme mon dos, qui n’avait eu de cesse de rencontrer le sol, le mur ou le matelas désormais désarticulé du lit. Instinctivement, je m’étirais, sentant la morsure des courbatures endolorir mes muscles. Jusqu’à ce que je suspende soudainement tout mouvement. Je regardais la bleue dans le blanc des yeux. Elle était sérieuse?

« Eh bien, ça, c’est une question à laquelle je ne m’attendais pas du tout », lui admis-je en haussant un sourcil, remarquant aisément une toute autre sévérité dans les lignes de son faciès.

Je fis mine de réfléchir, levant les yeux vers le ciel, laissant un silence planer vaguement entre nous pour quelques secondes.

« Hum… Le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à toi, c’est enragé : t’es une folle enragée. Je ne connais personne d’aussi gueularde, violente, têtue et inconsciente que toi. »

J’en mettais des tonnes pour le plaisir de la voir grogner. Ainsi, en reposant mes yeux dans les siens, je fis apparaître une expression badine placardée sur l’intégralité de mon visage. Assez rapidement, d’ailleurs, pour voir l’un de ses poings voler droit jusqu’à ma face. En un instant, j’évitais le coup en me décalant vers l’arrière, attrapant son bras sur la fin de son mouvement. Mes veines n’en étaient que plus proéminentes de chaque côté de mon visage.

« Laisse-moi fini– »

Elle ne me laissa pas finir, sa seconde main venant se plaquer contre ma joue. Cependant, à l’absence de ce dernier précieux support, nous perdîmes tout le semblant d’équilibre sur lequel nous nous étions reposés, dans une telle posture. Le dos de Latone retourna au sol dans un fracas, mon corps, lui-même entraîné par l’attraction de la gravité, tomba contre le sien et je me retrouvais de nouveau suspendu au-dessus d’elle, mes mains autour de ses poignets. Je percevais les respirations qui soulevaient sa poitrine tout comme les fol émois qui faisaient palpiter son rythme cardiaque sous mes doigts. Sans hésiter, pourtant, je me redressais, restreignant complètement tous ses gestes de mes mains et de mon poids.

« Tu vois? Enragée, lui répliquais-je en esquissant un sourire mutin. Tu m’excuseras, nöumalk (rebelle), mais tu es plus facile à dompter comme ça. »

Cette fois, pourtant, le sourire se mua en soupir. La lueur, qui brillait dans mes pupilles, s’altéra pour masquer toute moquerie de mes yeux.

« Décidément, tu es vraiment impossible, riais-je doucement, l’observant avec affection. Sauf que, sans tout ça, tu ne serais pas Latone. »

Je relevais l’une de mes mains jusqu’au milieu de sa figure, lui envoyant une pichenette sur le front sans préavis.

« Tu t’imagines? Une Latone sans ses coups de poings, sans sa fougue inconsciente et son exubérance? Je grimaçais. Là, je me demanderais si tu n’es pas devenue complètement dingue. »

Je me tus, laissant le silence nous envelopper un instant. Mes mires se plongeaient dans les iris dissemblables de la guerrière, dans lesquels il m’était pourtant possible d’y voir la vague céruléenne qui composait l’Horzo. Je fermais les yeux quelques secondes, les rouvrant pour fixer la jeune femme.

« Je suis désolé pour ce qui s’est passé la dernière fois, finis-je par croasser, la gorge soudainement sèche. Tu possèdes son corps, son visage, ses yeux et j’ai… Doucement, mes doigts se mouvèrent jusqu’à suivre les lignes de son profil, rêveusement. Je sais pas. Je dois sûrement être aussi paumé que toi. Je croyais pouvoir l’appeler. Je pensais pouvoir la ramener auprès de moi ne serait-ce qu’une seconde et je… Mes sourcils se froncèrent, ma caresse se faisant alors légèrement plus rude, mais je défis rapidement le contact en sentant monter en moi une irritation palpable. J’ai besoin de la sentir près de moi, de la savoir à mes côtés, mais elle est tellement loin que… Elle me manque. Ça ne peut pas tout justifier – je sais, je suis un gros con – mais je me suis perdu à ce moment-là. »

Je me tus un instant. Pourquoi je lui disais tout ça, au juste? C’était complètement débile.

« Bref. »

D’un geste, je retirais définitivement mes mains autour de ses poignets, les plaquant de chaque côté de sa silhouette tout en lui offrant un sourire. Si elle voulait me frapper, elle pourrait le faire sans aucune limitation.

« Je ne pourrais jamais détester Léto, lui dis-je sans ciller. Et je ne pourrais jamais l’oublier, parce que je l’aime, renchéris-je. Cela dit, je te vois Latone. Je posais sur son visage une œillade insistante. Ne crois pas le contraire. Pour moi, tu restes quelqu’un de spécial. »

Lentement, je me penchais vers elle.

« Sinon, je suis qui pour toi, hum? »

Au lieu de m'écarter, je réduisis encore plus la distance, déposant mes lèvres contre les siennes, l'embrassant à la volée.

« Celui-là est pour toi, riais-je en lui adressant un sourire volontairement espiègle. Pas pour Léto. Juste pour toi. T’en fais ce que tu veux. »

Je devais être tout aussi inconscient qu'elle en réalité.


1 057 mots



Les frimas dans ton cœur | Miles  Signat16
Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Sam 30 Mai 2020, 18:50

Dans le corps de Léto.

Bien sûr qu'elle était sérieuse ! Qu'étaient-ce ces insinuations silencieuses ? Latone ne déblatérait pas pour rien, directe dans la plupart des cas. Elle rassembla ses efforts pour se contenir, mais l'attitude décontractée du Köerta ne l'aida guère à se calmer. Elle devrait lui en coller une autre, elle avait sûrement encore de la réserve pour… Et cela ne rata point : d'instinct, ses poings se resserrèrent et filèrent à vives allures vers le visage de l'Orisha, dans un rythme calculé et triomphant. Malgré tout, Latone ne profita que trop longtemps de ce succès et se retrouva à nouveau en désavantage. Le combat n'aurait pas dû se prolonger aussi longtemps : si elle était parvenue à sonner Miles, alors la victoire aurait été sienne. La voilà démunie, aux prises d'un homme qui savait comment traquer et immobiliser ses cibles. C'en était humiliant pour elle, d'être ainsi réduite à l'état de proie abattue.
" Je ne t'excuserai pas, arrête d'utiliser l'Arshalà ou je t'empale les tympans ! Il était vraiment proche d'elle maintenant. Elle avait pu sentir son souffle plus tôt, mais là c'était un constant accablement qui pesait sur son réceptacle. L'Hozro ne comprenait que peu pourquoi elle était devenue si sensible à cet aspect, aux mots – même débiles – qu'il lui partageait. Elle ne comprenait pas, tout autant, si c'était à cause de lui. Elle l'énervait. Ce baiser l'avait mise dans tous ses états, comme si Miles l'avait arraché trop violemment du royaume des Morts. Ce simple geste – anecdotique pour beaucoup – ne se rapprochait que trop de l'emprise d'Edel. Ce n'était pas un monde dans lequel Latone pouvait errer. Quoi encore ? Maugréa-t-elle lorsqu'il garnit son discours, alors que Miles l'avait déjà bien assez enragée comme ça. Malgré tout, la patience de l'Esprit sembla payer et elle trouva une réponse qui, si ne la satisfaisait pas, au moins la touchait. Pour une fois, les palabres de l'Orisha lui parurent clairs. C'est vrai… Concéda-t-elle. Il était clairvoyant, sans doute une particularité de son peuple à trois yeux. Je suis vraiment impossible. " Fit-elle écho à ses affirmations, non sans une once de fierté bien palpable. Tlalee-Aan, le seul à pouvoir comprendre son statut, l'avait décrite ainsi. Bien qu'il ait été plus qu'exaspéré ce jour-là, Latone captait qu'il le pensait vraiment. Depuis, il l'avait abandonnée.

Son sourire hébété disparut à l'instant où l'Ashkaä brisa le silence, d'une manière qui ne lui plût guère. Il était triste ? Elle ne l'avait pas remarquée, tiens. C'était bien ça le problème : Latone était Léto, qu'importait comment Miles pourrait retourner le problème. Son corps était là et la fougue de l'Esprit semblait aussi proche que celle de la Chamane. Pour autant, religieusement respectueuse, la bleue se tue. Il balançait enfin son sac, même si elle ne comprenait pas toute la portée de son affection et de ses sentiments. Ce qui comptait pour elle, c'était que l'effort était de mise.
" Ce n'est pas trop tôt. " Commenta-t-elle, guidée par son caractère de cochon. Malgré tout, elle le pensait vraiment : elle le remerciait silencieusement de lui confier son mal. Maintenant, c'était à elle de s'adapter, comme avec n'importe quel Marcheur vis-à-vis de Léto, la prodigieuse guerrière ayant remonté la cause sur les rails. Sa bouche s'entrouvrit lorsqu'il renchérit un brin plus son propos. Elle ne s'attendit pas à ça, à cette déclaration des plus singulières. Il la voyait. À cela, le sang de la Souriante ne fit qu'un tour. Ébranlée par la soudaine tournure des événements, la bleue n'écarquilla des yeux que lorsque le contact s'établie entre leurs lèvres. Encore.

Latone se redressa tout en se poussant en arrière, comme pour vouloir se libérer de son emprise qui, une fois de plus, la dérangeait. Toutefois, si sa gestuelle laissa place à une panique et un souhait de fuite, ses bras se tendirent en sa direction pour se resserrer sur son col. Ils se faisaient face, assis ainsi sur le sol ayant méchamment encaissé leur rixe. L'Esprit savait pertinemment ce qu'elle devrait faire, ce que le Bien commun accepterait de sa part. Malgré tout, le corps de Léto semblait tétanisé, ses yeux braqués dans l'écarlate du chasseur, sa lèvre supérieure tressautait comme si elle s'apprêtait à exploser. Encore. Puis, au bout de quelques secondes, son visage s'adoucit, un regard éperdu sur la bouche de l'Orisha, une poigne moins forte mais toujours aussi ferme. Latone reprit sa respiration, scella ses lèvres en un mutisme qu'il finira par assimiler : elle se pencha vers lui, ferma les yeux, l'obligea à ne pas bouger d'un pouce, et l'embrassa à son tour. La Conservatrice ne sut comment s'y prendre, alors le baiser fut court, certainement maladroit, mais elle se liait bel et bien à lui. Consciente que ce geste était plus long que celui du Köerta, elle rompit le contact, un bruit équivoque se faisant entendre dans la tranquillité du lieu. Ses paupières se rouvrirent et elle refusa de le lâcher.
" Je te le rends, voilà ce que j'en fais. Et elle espérait qu'il se contentera de le garder définitivement. Néanmoins, cette espérance, elle ne parvint pas à l'exprimer. Son faciès laissait place à une sévérité caractéristique, ce n'était pas cette "tendresse" qui allait effacer ce froncement de sourcils, cette témérité dans les iris, encore moins ces lèvres – ternies par les affres de la Vie – qui entretiendront cette moue propre à l'Hozro. Elle ne riait plus de son inconscience et se décida à briser cette intimité que l'atmosphère installait. Tu devrais m'oublier. Elle était catégorique et elle ne répondra pas à sa question. Je n'ai pas envie d'être liée à qui que ce soit. Je ne suis qu'une morte. Je suis une arme. Je sers. Je tue. Je ne vis pas. Elle énumérait tous ses arguments à la volée, même s'ils demeuraient si fades. Ça ne sert à rien de vouloir jouer un rôle qui n'est pas le mien, c'est Léto qui devrait être à ma place, auprès de vos enfants, et de toi. Tu n'es pas d'accord ? Il était perdu, elle aussi. Toute cette comédie la détournait de son principal objectif : accomplir ce pourquoi la Marche Terne la gardait. Quant à Miles, il ne pourra rien y faire : même si elle se construisait une identité propre, celle-ci sera masquée par sa lacune la plus évidente. Une étincelle de Vie. Lolaha n'était plus. Sans comprendre pourquoi, elle dicta l'enveloppe charnelle à se pencher sur lui, cette fois pour coller son front contre le torse de l'Orisha. Petit à petit, elle relâchait sa prise pour laisser les mains s'apposer sur ses propres genoux. Elle n'émit rien d'emblée : elle cherchait juste à comprendre ce qu'il lui trouvait de si spécial. Et pourquoi, de son côté, Latone pensait la même chose. Laisse-moi. Résignée, elle laissa le silence planer un instant avant de conclure : Elle reviendra. "

Aussitôt dit, l'Hozro ne lui laissa pas le loisir d'enregistrer ce qu'elle venait d'énoncer : elle le bouscula suffisamment fort pour l'envoyer valdinguer de l'autre côté de la pièce. Pendant ce temps, Latone partit tout à l'opposé et ouvrit la fenêtre. Sans se retourner, elle bondit en dehors de la demeure, la chute amortie par la neige entassée. La sentence de Faugmi effaça bien vite sa fuite. Kaine et Toesia n'auront que peu profiter de leur figure maternelle, toutefois il serait suicidaire de la présenter sous un astre aussi catastrophique.


1322 mots ~



By Jil ♪
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Les frimas dans ton cœur | Miles

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